II. UN ENGOUEMENT CROISSANT POUR LE GAZ NATUREL
Presque
partout, le recours au gaz naturel a constitué hier un moyen pour les
Etats de diversifier leurs sources d'énergie. Au moment du premier choc
pétrolier, le gaz naturel et le nucléaire sont, en effet, apparus
comme pouvant se substituer au pétrole dans des secteurs tels que le
chauffage et la production d'électricité. Dans un contexte de
menaces multiples - ruptures éventuelles d'approvisionnement
pétroliers, hausse des prix du pétrole, raréfaction des
ressources pétrolières de la planète - le souci des
pouvoirs publics a alors été de renforcer les entités qui
s'occupaient de la production, de l'importation, du transport et de la
distribution, en leur assurant des conditions d'investissements favorables et
en renforçant leurs positions de négociation face aux
fournisseurs extérieurs. Il n'était donc pas question de casser
les monopoles nationaux ou régionaux, bien au contraire. Les contrats
fermes et à très long terme d'achat de gaz sont devenus la
règle et les sociétés nationales ont
bénéficié du soutien financier des Etats dans leur
développement.
Dans le contexte énergétique actuel marqué par l'ouverture
des marchés à la concurrence et la sensibilité croissante
aux enjeux environnementaux, le gaz naturel présente trois atouts
considérables : il est abondant, bon marché et relativement
peu polluant. Ces qualités lui permettent de concilier les objectifs
contradictoires de toute politique énergétique et il fait
à ce titre l'objet d'un engouement croissant.
La demande des pays en gaz naturel a ainsi augmenté de façon
constante depuis dix ans. Se sont accrus sa production (+ 11 % de
1990 à 1996), sa part dans le bilan énergétique des pays
(24 % en 1996), le réseau de gazoducs pour son acheminement et son
usage à des fins de production d'électricité.
C'est dans l'ex-URSS que la part du gaz dans le bilan énergétique
est la plus importante avec 51 %. Elle est de 27 % en Amérique
du Nord. Le gaz couvre seulement 22 % de la consommation d'énergie
primaire de l'Europe des quinze. On retrouve cette part moyenne en Allemagne,
alors qu'en Grande-Bretagne la part du gaz atteint 33 % et qu'elle est
d'environ 44 % aux Pays-Bas.
Le tableau ci-après fait apparaître l'importance du gaz dans les
bilans énergétiques des pays membres de l'Agence internationale
de l'énergie (AIE).
Par ailleurs, dans un contexte d'abondance,
l'existence de monopoles gaziers a commencé à perdre de sa
légitimité dans la deuxième moitié des
années 1980. C'est à ce moment que le concept d'un marché
européen du gaz a fait son apparition dans le cadre des
réflexions sur le marché unique de l'énergie. L'exemple
britannique de la libéralisation du marché du gaz, qui fait
l'objet de la deuxième partie du présent paragraphe, montrera que
les données du problème diffèrent assez largement de
celles de la libéralisation du marché de
l'électricité.