B. LES HÉSITATIONS ACTUELLES DES PAYS DÉVELOPPÉS
Depuis
l'accident de Tchernobyl, deux séries d'arguments ont
ébranlé les certitudes en matière nucléaire :
- les arguments économiques : la compétitivité
de l'électricité d'origine nucléaire n'est plus
systématiquement avérée et résulte souvent de
l'absence de prise en compte des coûts dits
" échoués " ; par ailleurs, le renouvellement des
centrales nucléaires n'apparaît pas nécessaire dans un
contexte de surproduction électrique et d'abondance de ressources
énergétiques fossiles, arguments inévitablement
factuels ; enfin, la déréglementation du secteur de
l'électricité conduit de nombreux opérateurs à se
détourner du long terme pour privilégier les objectifs à
court terme : dans ce contexte, les énergies fossiles aujourd'hui
à bas prix ont le vent en poupe ;
- les arguments tenant à la sécurité et à la
préservation de l'environnement : les risques d'accident font peser
une épée de Damoclès sur l'avenir de la filière
nucléaire et le problème de la gestion des déchets
radioactifs reste non résolu.
Néanmoins, deux autres séries d'arguments interdisent de tirer un
trait sur l'énergie nucléaire :
- sur le plan économique, il a été indiqué
plus haut que la filière nucléaire était à
l'origine d'une part importante de l'électricité consommée
dans le monde, ce qui en fait une énergie difficilement substituable
à court terme ; en outre, la croissance de la consommation
d'énergie au niveau mondial fait de l'énergie nucléaire
une alternative indispensable à un horizon moyen dans un contexte
d'épuisement progressif et inéluctable des ressources
énergétiques fossiles ;
- sur le plan environnemental, les centrales nucléaires
n'émettent aucun gaz à effet de serre, ce qui confère
à l'énergie atomique un atout déterminant pour satisfaire
les objectifs fixés par le compromis de Kyoto.
Aussi, les pays hésitent-ils à démanteler leur parc de
centrales. Si certains s'interrogent sur sa rentabilité face à
des sources énergétiques plus compétitives, d'autres ont
à l'inverse décidé, soit de relancer leur effort de
recherche, soit de mettre en construction de nouvelles tranches.