5. Le nucléaire constitue un enjeu électoral en Allemagne
En
Allemagne, l'avenir de la filière nucléaire fait depuis plusieurs
années l'objet de négociations pour un " consensus
énergétique " entre le SPD, dirigé par
M. Gerhard Schröder, et les partis de la coalition au pouvoir. En
1996, le SPD, le FDP et la CDU/CSU étaient très proches d'un
accord sur la question de la gestion des déchets, mais c'est finalement
l'opposition au maintien de l'option nucléaire manifestée par le
SPD qui a fait échouer les négociations.
Le SPD maintient en effet le principe d'un abandon du nucléaire, bien
qu'il n'en ait pas fixé le terme. M. Oskar Lafontaine s'est ainsi
engagé lors de la campagne pour les élections législatives
du 27 septembre prochain à "
revoir de fond en comble le budget
de la recherche
" pour affecter les fonds dégagés du
nucléaire à la recherche d'énergies "
porteuses
d'avenir
". Par ailleurs, bien que M. Schröder tienne pour
improbable une sortie du nucléaire avant 25 à 30 ans, rien ne
permet de préjuger du renouvellement des centrales actuelles.
Le Gouvernement fédéral souhaite pour sa part maintenir l'option
nucléaire ouverte, c'est-à-dire préserver les conditions
réglementaires, scientifiques et techniques de l'exploitation et de la
construction de centrales. Pour les autorités entendues par votre
rapporteur,
seul le maintien de l'option nucléaire peut justifier
l'intervention des pays d'Europe de l'ouest dans les pays de l'ex-bloc
communiste en vue de garantir la sécurité des installations
.
S'agissant du réacteur EPR développé en collaboration avec
la France, le Gouvernement fédéral s'efforce de trouver une forme
de procédure d'autorisation de ce type de réacteur qui n'exige
pas la construction d'un prototype EPR en Allemagne. Pour le SPD, accepter une
procédure spéciale sur l'EPR reviendrait
de facto
à
admettre le renouvellement des centrales existantes. Le SPD ne semble pas
prêt à franchir ce pas.
Quoi qu'il en soit, les grands électriciens exploitant des centrales
nucléaires (RWE, Preussen Elektra, Badenwerk, Bayernwerk) estiment ne
pas disposer de la sécurité juridique et politique suffisante
pour investir à nouveau dans des unités nucléaires, dans
un secteur où les investissements doivent être planifiés et
amortis à long terme. Les électriciens considèrent que la
loi n'offre pas de garanties aux exploitants de centrales et qu'elle est de
surcroît appliquée et interprétée dans l'idée
d'entraver l'exploitation des centrales.
Le cas de la centrale nucléaire de RWE à Mühleim-Karlich
(Hesse) en est une illustration : cette centrale, dont la construction a
commencé il y a 25 ans, n'a jamais fonctionné. L'autorisation
accordée à RWE au moment du lancement du projet a
été retirée à la suite des recours introduits par
les riverains et les organisations écologistes.