3. Le transport fluvial est inégalement présent sur le territoire
Une appréciation trop globale qui ne considère que sa faible part de marché, ne permet pas de mesurer les points forts du transport fluvial tant dans certains bassins que sur des marchés spécifiques.
a) Situation des divers bassins fluviaux
Comme le
fait observer Voies Navigables de France dans une étude relative
à la part de marché de la voie d'eau, l'interprétation des
statistiques globales relatives au partage modal du transport de marchandise
est un exercice délicat.
En effet, seuls 34 départements sont desservis par la voie d'eau.
La part modale du transport fluvial dans l'ensemble des départements
" mouillés " est très supérieure à la
moyenne nationale. Or les statistiques de VNF ne prennent pas en compte les
marchandises qui ne font que transiter par les ports étrangers
après ou avant d'avoir cheminé par une voie d'eau
française. La part de marché du transport fluvial dans les
transports avec l'étranger est donc nettement plus élevée
que celle considérée par rapport aux transports domestiques.
L'analyse du trafic fluvial par bassins conduit également à
majorer sa part de marché.
Rappelons que 93 % du trafic fluvial domestique s'effectue sur les
5 segments à grand gabarit (Seine, Rhin, Moselle,
Rhône-Saône, Nord-Pas-de-Calais). Or, la part du transport fluvial
s'élève à environ 15 % du transport de marchandises
dans le bassin de la Seine et elle varie entre 15 % et 25 % dans
celui de la Moselle et le Rhin. En revanche, elle est très faible dans
les régions dotées d'un réseau au gabarit Freycinet. C'est
ainsi qu'elle ne s'élève qu'à environ 1,5 % en
Champagne-Ardenne et à 4 % en Bourgogne.
Cependant, comme le souligne VNF, si l'existence d'une voie d'eau à
grand gabarit est une condition nécessaire à l'existence d'un
transport fluvial actif, elle n'est pas suffisante. La voie d'eau ne
représente que 6 % du transport de marchandises en
Nord-Pas-de-Calais et 4 % sur le segment Saône-Rhône.
La situation du transport fluvial de marchandises est donc contrastée.
Absent à l'ouest de la ligne Le Havre-Sète (où la voie
d'eau est principalement utilisée pour le tourisme) il est faible sur
des liaisons qui disposent de capacités inemployées (telles que
la Saône et le Rhône). En revanche, la Moselle est saturée
avec un trafic de 15 millions de tonnes à cause de l'accroissement
du trafic provoqué par la canalisation de la Sarre (1987).
Comme le souligne VNF, la situation des bassins fluviaux ouverts (Rhin et
Moselle) tranche tant par rapport à celle des bassins fermés
" longs " (Rhône, Seine) que vis-à-vis de celle des
bassins fermés " courts " (Loire et Gironde).
Le réseau Rhénan (qui mesure au total 7.200 km) a connu une
croissance moyenne de 2,3 % depuis 1987. Le Rhône et la Seine dont
les bassins accessibles sont d'environ 500 kilomètres ont perdu en
moyenne 2,1 % de trafic par an, la Loire et la Gironde subissent pour leur
part, une perte de trafic moyenne annuelle de 12 % sur la même
période.
b) Evolution des trafics
Le trafic de la navigation intérieure était de 5,6 milliards de tonnes-kilomètres en 1997 contre 5,7 milliards de tonnes-kilomètre en 1996, soit une réduction de -1,09 %. Cette évolution globale masque les taux de croissance très variables qui affectent chacun des marchés du transport fluvial, comme le montre le tableau ci-après :
STATISTIQUES DE LA NAVIGATION INTÉRIEURE 1997
(Cumul douze premiers mois)
Chapitres NST de marchandises |
TONNES |
TONNES-KILOMÈTRES |
|||||
|
1997 |
Variation/1996 |
1997 |
% |
variation/1996 |
||
Produits agricoles |
6.162.905 |
- 3,16 % |
1.042.023.771 |
18,34 |
10,80 % |
||
Denrées alimentaires, fourrages |
2.894.204 |
15,97 % |
377.118.003 |
6,63 |
14,10 % |
||
Combustibles minéraux |
3.473.466 |
- 12,05 % |
405.442.227 |
7,13 |
- 15,92 % |
||
Produits pétroliers |
5.506.316 |
- 5,38 % |
718.924.532 |
12,64 |
- 3,22 % |
||
Minerais, déchets pour la métallurgie |
3.320.312 |
5,40 % |
238.572.752 |
4,19 |
11,45 % |
||
Produits métallurgiques |
1.651.397 |
5,53 % |
272.583.353 |
4,78 |
5,93 % |
||
Minéraux bruts, matériaux de construction |
22.804.430 |
- 3,57 % |
2.095.653.257 |
36,88 |
- 5,34 % |
||
Engrais |
1.036.826 |
- 1,32 % |
147.012.529 |
2,58 |
- 3,17 % |
||
Produits chimiques |
1.747.126 |
- 0,49 % |
245.916.701 |
4,31 |
- 8,75 % |
||
Machines, véhicules, transactions |
886.232 |
1,55 % |
138.690.522 |
2,42 |
- 2,41 % |
||
TOTAL |
49.483.214 |
- 2,35 % |
5.681.937.647 |
100 |
- 1,09 % |
Source : VNF
La réduction en volume du trafic fluvial est plus importante
exprimée en tonnes (-2,35 %) qu'en tonnes-kilomètres
(-1,09 %). Il s'ensuit que la diminution du poids des marchandises
transportées est compensée par un accroissement de la longueur
des trajets. Mais cette évolution est mal prise en compte, du fait d'un
biais statistique observé dans le décompte des relations avec
l'étranger.
Comme le relève VNF dans une étude rétrospective sur
l'évolution des trafics de marchandises par voie fluviale depuis 1970 :
" La progression de l'activité se faisant sur la variable
" distance " et non pas sur celle des tonnages, la mesure statistique
du transport par voie navigable implique un biais, conséquence directe
de la géographie du réseau. Les seuls bassins autorisant une
progression substantielle du parcours moyen sont ceux qui s'ouvrent vers
l'extérieur. Dès lors, le caractère frontalier des points
de génération du trafic ne permet pas de constater un
développement de l'activité mesurée en tkm, puisque
l'évolution du parcours ne peut se mesurer que sur la partie
internationale du voyage ".
L'analyse du trafic par type de marchandises transportées
met en
évidence quatre évolutions majeures :
- une
faible régression
sur certains petits marchés
tels que les
engrais, les machines, véhicules et transactions
;
- une
baisse sensible sur des marchés traditionnels
:
produits pétroliers
(-3,2 %) ;
combustibles
minéraux
(-16 %) ;
minéraux bruts
et
matériaux de construction
(- 5 %) qui
représentent, à eux seuls, plus du tiers du trafic fluvial
exprimé en tkm ;
- une
forte hausse
(+ 11 %) du transport des
produits
agricoles
(20 % du trafic) et du transport de
denrées
alimentaires et fourrages
(+ 14 %) ;
- un
développement
dans le domaine des
produits
métallurgiques
élaborés qui, s'ils ne
représentent que 5 % de l'activité totale, voient leur part
s'accroître de près de 6 %.
Les données globales sont largement tributaires de deux facteurs majeurs
:
la réduction de la part des matériaux de construction
et
le gel survenu en 1997
. Abstraction faite de l'effet
négatif de la diminution du transport de matériaux de
constructions, le trafic fluvial augmente de 1,6 %. Hors effet de gel (qui
a touché les canaux du nord et de l'est en 1997), le trafic
fluvialisé enregistre une progression de 2,02 %.
Le développement du transport par conteneurs sur la ligne LOGISEINE
au départ du Havre, mérite d'être souligné.
5.000 Equivalents vingt pieds (EVP) ont été acheminés
en 1995, 12.000 EVP en 1996 et 18.000 EVP en 1997, soit une
progression de 50 % la dernière année.