Projet de loi portant création de l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR) (ensemble quatre annexes)
BRANGER (Jean-Guy)
RAPPORT 44 (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
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-
INTRODUCTION
- I. L'OCCAR : UN PAS IMPORTANT DANS L'ÉDIFICATION D'UNE EUROPE DE L'ARMEMENT
- II. L'OCCAR : UNE NOUVELLE APPROCHE DE LA COOPÉRATION EUROPÉENNE EN MATIÈRE D'ARMEMENT
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
- PROJET DE LOI
-
ANNEXE I -
LES PROGRAMMES D'ARMEMENT INTÉGRÉS À L'OCCAR -
ANNEXE II -
PROGRAMMES D'ARMEMENT DONT L'INTÉGRATION
À L'OCCAR EST ENVISAGEABLE -
ANNEXE III -
ETUDE D'IMPACT22 Texte transmis par le Gouvernement pour l'information des parlementaires.
N° 44
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 3 novembre 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française, le Gouvernement de la République fédérale d'Allemagne , le Gouvernement de la République italienne , le Gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d' Irlande du Nord , portant création de l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR) (ensemble quatre annexes),
Par M.
Jean-Guy BRANGER,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Xavier de Villepin,
président
; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait,
Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle
Bidard-Reydet,
vice-présidents
;
MM. Michel Caldaguès,
Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès,
secrétaires
; Bertrand Auban, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc
Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy Branger, Mme
Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique
Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert
Durand-Chastel,
Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean
Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel,
Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle,
René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc
Mélenchon, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. René Monory, Aymeri de
Montesquiou, Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte,
Xavier Pintat, Bernard Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat,
Gérard Roujas, André Rouvière.
Voir le
numéro :
Sénat :
487
(1998-1999).
Traités et conventions. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Le présent projet de loi a pour objet d'autoriser l'approbation de la
convention signée le 9 septembre 1998 à Farnborough entre la
France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni et portant création de
l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement
(OCCAR).
La convention a pour objet de donner à l'OCCAR, régie par un
arrangement administratif depuis sa naissance le 12 novembre 1996, une
personnalité juridique et de véritables moyens d'accomplir la
mission que lui ont assigné les quatre pays fondateurs :
améliorer l'efficacité de la conduite des programmes d'armement
en coopération.
" Du fait de leur importance croissante, ces programmes en
coopération ne doivent pas rester en dehors de l'effort demandé
pour la réduction des coûts. Or cette coopération
tiraillée entre particularismes et égoïsmes nationaux est
aujourd'hui trop coûteuse et son efficacité insuffisante : la
répartition des investissements n'a pas toujours su éviter les
duplications et la recherche d'un accord s'est trop souvent faite au
détriment de la maîtrise des coûts et des délais
globaux. Il est donc nécessaire de disposer d'outils pour rendre la
coopération plus efficace. "
Ce constat très sévère, dressé par la
Délégation générale pour l'armement, suffit
à résumer la raison d'être et les ambitions de la
création de l'OCCAR par les quatre premiers pays européens en
matière d'armement.
Alors que la perspective, souvent évoquée, d'une agence
européenne de l'armement paraît encore lointaine, l'OCCAR
constitue la première tentative concrète d'approfondissement et
de rationalisation de la coopération européenne sur les
programmes d'armement.
Organisation internationale disposant, de par la convention du 9 septembre
1998, d'une personnalité juridique propre, elle devrait avoir la
capacité de conduire, selon des principes nouveaux, ces programmes
d'armement en coopération.
Mais au-delà de cet objectif, le lancement de l'OCCAR s'inscrit bien
entendu dans la perspective plus vaste de la construction d'une Europe de la
défense. Le volet politique et militaire consistant, dans le
prolongement du Conseil européen de Cologne du printemps 1999, à
doter l'Union européenne de capacités militaires et d'organes de
décision, doit nécessairement être complété
par une politique de l'armement comportant de multiples aspects : la
consolidation d'une base industrielle et technologique européenne par la
constitution de groupes industriels de défense de dimension
européenne, la coordination et la concertation des Etats pour adapter
leurs modes d'intervention à ce nouveau paysage industriel et enfin une
accentuation et une amélioration de la coopération sur les
programmes d'armement.
Après avoir effectué un bref historique destiné à
replacer l'OCCAR dans les débats relatifs à la construction d'une
Europe de l'armement, votre rapporteur analysera les principales
caractéristiques et les bénéfices que l'on peut attendre
de cette nouvelle organisation.
I. L'OCCAR : UN PAS IMPORTANT DANS L'ÉDIFICATION D'UNE EUROPE DE L'ARMEMENT
Si les
restructurations des industries de défense tendent à
réorganiser l'offre d'armement en Europe, pour consolider une base
technologique et industrielle compétitive, l'édification d'une
Europe de l'armement passe également par une
rationalisation de la
demande
et une
coopération entre Etats pour développer et
acquérir des équipements communs.
Cette coopération en matière d'armement constitue une
préoccupation ancienne qui a déjà donné lieu
à de nombreuses réalisations ponctuelles, bilatérales ou
plurilatérales, mais dont la généralisation à
l'échelon européen demeure encore un objectif lointain. En effet,
sur le plan institutionnel,
seules quelques
avancées
très limitées
ont été opérées
dans le cadre de l'Union de l'Europe Occidentale (UEO). Elles demeurent
aujourd'hui trop insuffisantes pour crédibiliser, à une
échéance raisonnable, la perspective de la mise en place d'une
agence européenne d'armement, évoquée par le traité
de Maastricht.
Dans ce contexte,
la création par les quatre principaux producteurs
d'armement européens de l'Organisation conjointe de coopération
en matière d'armement (OCCAR) constitue un pas très important
ouvrant la voie à de futurs progrès pour la conduite de
programmes d'armement dans un cadre européen.
A. POURQUOI UNE COOPÉRATION DES ETATS EUROPÉENS EN MATIÈRE D'ARMEMENT ?
Il ne paraît pas inutile de rappeler les principales motivations justifiant une coopération accrue des Etats européens en matière d'armement. Elles sont tout autant financières, militaires et industrielles que politiques. Elles concourent au constat dressé par le livre blanc sur la défense selon lequel " aucun programme majeur futur ne semble pouvoir échapper à la logique de la coopération ".
1. Les impératifs financiers
La
coopération en matière d'armement apparaît en tout premier
lieu comme un moyen de réduire la contradiction entre les coûts de
plus en plus élevés des matériels et la réduction
des budget militaires.
A l'heure où la recherche de la supériorité militaire
passe bien moins par le nombre que par la sophistication et l'avance
technologique des équipements, ceux-ci deviennent nécessairement
beaucoup plus coûteux et leur réalisation dépasse bien
souvent les capacités financières d'un Etat seul.
Cette considération s'impose surtout pour la
recherche et le
développement
, qui prend une
part croissante dans le poids
financier des programmes
. Elle constitue en effet un coût fixe, dont
la répercussion dans le coût unitaire des matériels est
d'autant plus forte que les séries sont limitées.
L'intérêt de la coopération réside donc dans le
partage du coût de recherche et de développement et dans son
amortissement sur un nombre plus élevé de matériels. Le
même raisonnement peut s'appliquer à d'autres charges fixes, comme
les coûts administratifs ou ceux de commercialisation.
La coopération peut donc, du moins en théorie, réduire les
coûts d'acquisition pour les rendre compatibles avec des budgets
militaires en réduction très sensible depuis la fin de la guerre
froide.
2. Les justifications militaires
Les
justifications militaires de la coopération dans les programmes
d'armement résultent de la
convergence des besoins
opérationnels
des différentes armées
européennes et de la nécessité de disposer de
matériels " interopérables " pour les opérations
menées dans un cadre multinational sous un commandement
intégré, qui tendent aujourd'hui à devenir la norme.
Une telle coordination est depuis longtemps mise en oeuvre par l'OTAN, au sein
de la conférence des directeurs nationaux d'armement, qui définit
les conditions de standardisation et d'intéropérabilité
auxquelles les équipements des pays de l'Alliance doivent satisfaire.
Elle débouche logiquement sur des coopérations en matière
de recherche ou de réalisation de matériels.
Elle s'impose a fortiori dans le cadre d'une identité européenne
de sécurité et de défense, qui passe par la constitution
de capacités européennes propres.
3. Les facteurs industriels
La mise
en oeuvre d'une coopération sur les programmes d'armement constitue un
facteur potentiel d'accroissement de la compétitivité des
industries de défense.
En effet, en demeurant confrontée au seul marché domestique, par
définition étroit et d'autre part orienté par des demandes
bien spécifiques des forces armées nationales, chaque industrie
nationale court le risque d'un affaiblissement continu et d'une perte de
compétitivité. Le recours à la coopération permet
au contraire de bénéficier des perspectives d'accès
à un marché beaucoup plus vaste, d'optimiser les investissements
pour la recherche et la fabrication, d'améliorer la
compétitivité et de renforcer la capacité d'exportation.
La coopération européenne sur les programmes d'armement concourt
donc à la
consolidation d'une base industrielle et technologique de
défense
en Europe.
4. Les raisons politiques
Au-delà des coopérations ponctuelles sur un
programme
donné, entre deux ou trois pays, rarement davantage, la
généralisation de politiques d'armement communes à
plusieurs pays paraît de nature à favoriser l'émergence
d'une
future politique européenne d'armement
. Une telle politique
est bien évidemment l'un des volets essentiels d'une politique
européenne de défense, puisqu'elle viserait à doter
l'Europe des capacités technologiques et industrielles
nécessaires à l'affirmation de son autonomie stratégique.
L'accélération des restructurations industrielles dans le secteur
de la défense en Europe, qui paraît pour l'heure obéir
à des logiques essentiellement économiques, ne rend que plus
nécessaire la constitution, en parallèle, d'instances politiques
de coopération entre Etats capables d'organiser à
l'échelon européen la demande en matériels militaires,
face à une offre désormais beaucoup plus concentrée.
Dans ce contexte, on observera que
la lettre d'intention sur la
restructuration des industries européennes de défense,
signée le
6 juillet 1998
par les ministres de la
défense de l'Allemagne, de l'Espagne, de la France, de l'Italie, du
Royaume-Uni et de la Suède, témoigne de la volonté des six
principaux pays européens producteurs d'armement de s'adapter et de
s'organiser afin de continuer à exercer, parfois conjointement, les
droits qu'ils souhaitent conserver en tant qu'autorité régalienne
dans leurs relations sur leur territoire avec des entreprises de défense.
Cette lettre d'intention devrait se traduire par un
accord
intergouvernemental
qui traitera de la sécurité des
approvisionnements, des procédures d'exportation intracommunautaires, de
la sécurité des informations et des droits de
propriété intellectuelle. Elle vise également à
mieux harmoniser les besoins opérationnels et surtout à
conduire des Etats à conjuguer leurs contributions en matière
de recherche et de développement,
afin d'en optimiser leurs effets
sur l'industrie de défense européenne.
Bien que se situant à un niveau différent,
l'
institutionnalisation de la coopération en matière de
programmes d'armement
participe du même esprit.
B. L'EUROPE DE L'ARMEMENT : DES RÉALISATIONS TRÈS MODESTES POUR UN PROJET AMBITIEUX
Objectif
souvent proclamé, la construction d'une Europe de l'armement ne peut
aujourd'hui s'appuyer que sur des
réalisations modestes
:
- l'unique forum européen spécialisé dans les questions
d'armement, le Groupe armement de l'Europe occidentale (GAEO), qui rassemble 13
pays européens de l'OTAN ,
- un organe de coopération créé en 1996, l'Organisation de
l'armement de l'Europe occidentale (OAEO), organe subsidiaire de l'UEO dont le
champ d'action se limite aux programmes de recherche mais qui, disposant de la
personnalité juridique, peut passer des contrats.
C'est à partir de ce cadre institutionnel encore peu
développé que sont engagées les réflexions sur une
future Agence européenne de l'armement.
1. Le Groupe armement de l'Europe occidentale (GAEO)
Les
premières tentatives de coordination institutionnelle de l'armement en
Europe remontent à 1953, avec l'instauration par la France, l'Italie,
les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg de FINBEL, organisation
chargée de coordonner la politique d'armement terrestre, qui deviendra
FINABEL en 1956 lors de l'arrivée de l'Allemagne. Le Royaume-Uni
rejoindra en 1972 cette organisation qui ne visait pas à promouvoir les
programmes en coopération mais à influer en amont, par le biais
de
recommandations non obligatoires
, sur la définition des
besoins opérationnels. Quelques années plus tard, en 1968,
était créé dans le cadre de l'OTAN un Eurogroupe
constitué de certains pays européens de l'Alliance, à
l'exception notable de la France. Destiné à coordonner les
politiques des pays européens en vue d'une certaine standardisation des
matériels, l'Eurogroupe a également favorisé l'acquisition
d'équipements américains par les pays européens, induisant
de ce fait un certain déséquilibre dans la relation
transatlantique.
Le souci d'élaborer un instrument plus authentiquement européen
s'est traduit en 1976 par la création du
Groupe européen
indépendant de programmes (GEIP)
, auquel cette fois-ci la France a
participé. Le GEIP comportait notamment dans ses objectifs le maintien
d'une base technologique et industrielle de défense solide en Europe. Il
a toutefois fallu attendre la fin des années 1980 pour que le GEIP
engage une coopération concrète avec le programme EUCLID,
programme commun de recherche technologique à des fins militaires.
En 1993, le GEIP était transféré à l'UEO et
devenait le
Groupe armement de l'Europe occidentale (GAEO)
. Le GAEO
comprend aujourd'hui
13 membres de plein droit
(les pays
européens de l'Alliance atlantique sauf l'Islande et les trois nouveaux
pays adhérents) et
3 observateurs
: la Suède, la
Finlande et l'Autriche.
Les pays membres du GAEO
Pays |
Situation dans le GAEO |
Situation dans l'UEO |
Situation dans l'OTAN |
Allemagne |
Plein droit |
Plein droit |
Membre |
Belgique |
Plein droit |
Plein droit |
Membre |
Espagne |
Plein droit |
Plein droit |
Membre |
France |
Plein droit |
Plein droit |
Membre |
Grèce |
Plein droit |
Plein droit |
Membre |
Italie |
Plein droit |
Plein droit |
Membre |
Luxembourg |
Plein droit |
Plein droit |
Membre |
Pays-Bas |
Plein droit |
Plein droit |
Membre |
Portugal |
Plein droit |
Plein droit |
Membre |
Royaume-Uni |
Plein droit |
Plein droit |
Membre |
Danemark |
Plein droit |
Observateur |
Membre |
Norvège |
Plein droit |
Membre associé |
Membre |
Turquie |
Plein droit |
Membre associé |
Membre |
Autriche |
Observateur |
Non membre |
Non membre |
Finlande |
Observateur |
Non membre |
Non membre |
Suède |
Observateur |
Non membre |
Non membre |
Le GAEO
a repris les principaux objectifs du GEIP : favoriser une utilisation plus
efficace des ressources grâce à une meilleure harmonisation des
besoins opérationnels, à la standardisation et à
l'interopérabilité des équipements, rechercher l'ouverture
des marchés nationaux à la concurrence européenne,
préserver et renforcer une base technologique et industrielle de
défense, élargir et animer la coopération en
matière de recherche et de développement.
Il se réunit au niveau des ministres de la défense et des
directeurs nationaux d'armement et comporte trois commissions relatives au
développement de programmes d'équipement en commun, à la
recherche et à la technologie et aux grandes orientations de politique
commune en matière d'économie de défense. En outre, depuis
1998, un groupe d'experts nationaux est chargé d'identifier les
tâches et les étapes à franchir pour mettre en place une
Agence européenne d'armement.
Fonctionnant sur la base de l'unanimité, le GAEO apparaît ainsi
essentiellement comme une enceinte où se discutent les principes
directeurs pour la construction d'une Europe de l'armement.
2. L'organisation de l'armement de l'Europe occidentale (OAEO)
La
volonté des pays du GAEO de renforcer le rôle de leur cellule
chargée des activités de recherche et de technologie les a
conduit en novembre 1996 à en demander le transfert à l'UEO.
Cette cellule est donc devenue l'
Organisation de l'armement de l'Europe
occidentale (OAEO)
, organisme subsidiaire de l'UEO doté de la
personnalité juridique
, de l'autonomie structurelle,
administrative, contractuelle, financière et comptable.
L'OAEO comprend un comité de direction, composé de
représentants de chacun des 13 pays du GAEO (en principe les
directeurs nationaux d'armement) et un
organe exécutif
, structure
transnationale intégrée, chargé en particulier de la
passation des contrats. Les décisions sont prises à
l'unanimité. Le
budget de l'OAEO
est divisé entre une
partie administrative
, qui couvre, sur la base d'une clé de
répartition entre pays membres, les coûts de fonctionnement
interne, et une
partie opérationnelle
correspondant au
financement des activités conduites par l'organe exécutif. Pour
chaque activité, un arrangement définit le partage des
coûts opérationnels entre les pays concernés par le
partenariat.
Les
activités de l'OAEO
sont pour le moment limitées
à la
passation de contrats dans le domaine de la recherche et de la
technologie
dans le cadre du
programme EUCLID.
Elles demeurent
extrêmement réduites, la
part des programmes
gérés par l'OAEO
ne représentant, pour la France, que
3 % des programmes de recherche et de développement menés en
coopération, soit
0,5 % seulement de l'ensemble de l'effort
français de recherche et de développement
.
Bien que souvent présentée comme l'élément
précurseur d'une future Agence européenne d'armement, par
extension de son champ d'activité à des secteurs autres que la
recherche, notamment l'acquisition ou la réalisation
d'équipements, l'OAEO souffre de
multiples handicaps
.
Comprenant 3 pays non membres de plein droit de l'UEO, son statut d'agence
subsidiaire de l'UEO est juridiquement contesté. Par ailleurs, certaines
difficultés surgissent en raison de divergences des pays membres sur la
clé de répartition des coûts administratifs et sur les
principes d'acquisition, le Royaume-Uni étant notamment réticent
à accepter le principe d'une préférence européenne
au détriment du jeu de la libre concurrence.
3. L'objectif de création d'une Agence européenne de l'armement
La
coopération européenne en matière d'armement constitue un
élément majeur de l'émergence d'une identité
européenne de sécurité et de défense. La
perspective de la création d'une Agence européenne d'armement a
été clairement évoquée dans le traité de
Maastricht et dans la déclaration des pays membres de l'UEO qui lui est
associée.
Des réflexions ont été engagées dans le cadre d'un
groupe ad hoc du GAEO. Elles semblent s'orienter vers une
démarche
progressive
, dans un cadre souple, par apport successif d'un certain nombre
de " briques " existantes ou à créer. La
première étape serait vraisemblablement l'intégration de
la cellule recherche de l'OAEO. Le transfert d'activités d'acquisition
serait envisagé à moyen terme, en commençant par une mise
en commun des achats " sur étagères ", la conduite de
programmes intégrés n'intervenant que lors d'une étape
ultime.
Un tel processus ne peut qu'être lent et suppose que soient
surmontées les
divergences entre pays européens
,
particulièrement entre les grands pays producteurs d'armement,
globalement favorables à un regroupement de l'offre et de la demande, et
les pays ne disposant pas d'une industrie d'armement significative,
désireux de préserver la liberté de leurs
approvisionnements.
Ces blocages ont en grande partie été à l'origine, sur une
initiative franco-allemande, de la création de l'OCCAR en 1996.
C. LA CRÉATION DE L'OCCAR : L'ÉMERGENCE D'UNE " COOPÉRATION RENFORCÉE " ENTRE LES QUATRE PRINCIPAUX PRODUCTEURS EUROPÉENS D'ARMEMENT
En créant l'OCCAR en 1996, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie ont voulu tout autant mettre en place un instrument de rationalisation de la conduite des programmes en coopération que franchir une étape significative dans la politique européenne d'armement par un élargissement de son champ d'action à la conduite de programmes, dans un cadre limité, dans un premier temps, à quatre pays.
1. La création de l'OCCAR et ses objectifs
L'initiative de la création de l'OCCAR revient à
la
France et à l'Allemagne qui ont décidé lors du sommet
bilatéral de décembre 1993 de mettre sur pied une structure
d'armement commune destinée à améliorer
l'efficacité de la conduite de leurs programmes en coopération et
d'avancer dans la construction d'une Europe de l'armement.
Lors du
sommet franco-allemand de Baden-Baden
, en décembre 1995,
ce projet était affiné et
cinq principes
étaient
arrêtés :
- conduite des programmes d'armement avec le meilleur rapport
coût-efficacité ;
- préparation commune du futur ;
- amélioration de la compétitivité de la base industrielle
et technologique de défense franco-allemande ;
- globalisation du juste retour industriel sur plusieurs programmes et
plusieurs années ;
- ouverture de cette structure à d'autres pays acceptant les principes
précédents et participant à un programme significatif.
Dans les mois qui suivirent, en vertu du dernier principe ci-dessus, le
Royaume-Uni
et l'
Italie
rejoignirent l'initiative
franco-allemande, et un
accord
(arrangement administratif)
créant l'OCCAR fut signé le 12 novembre 1996 à
Strasbourg
par les ministres de la défense des quatre pays.
Les
quatre pays membres de l'OCCAR
représentent à eux
seuls
80 % de la production européenne d'armement
.
2. Un long cheminement vers la personnalité juridique
Conscients que l'efficacité de l'OCCAR reposerait
largement
sur une
personnalité juridique
lui permettant par exemple de
passer directement des contrats
ou de
recevoir des engagements
financiers des Etats
, les quatre membres fondateurs ont entrepris
dès le début de 1997 les démarches susceptibles de doter
l'OCCAR de cette personnalité juridique.
Deux voies
ont été envisagées : l'obtention du
statut d'organe subsidiaire de l'UEO
ou un
traité
sui
generis.
La priorité avait été donnée au
rattachement de
l'OCCAR à
l'UEO,
mais après
plus d'une
année de discussions, il a fallu dresser un
constat
d'échec
lorsque, à Bruxelles le 11 novembre 1997, les
ambassadeurs des pays membres de l'UEO n'ont pas trouvé le consensus
nécessaire. Le
principal opposant
à s'être
exprimé à été l'
Espagne
qui conditionnait
son accord à une modification des principes de Baden-Baden, notamment
celui relatif au juste retour globalisé, ce que les membres de l'OCCAR
ne pouvaient accepter sauf à dénaturer radicalement le sens
profond de leur démarche.
A l'issue de cet échec, la voie du traité
sui generis
a
été suivie dès le mois de décembre 1997 et a abouti
à la signature de la convention le 9 septembre 1998 à
Farnborough. Tout au long de cette démarche les quatre membres
fondateurs de l'OCCAR ont oeuvré de façon solidaire.
Cette période d'hésitation sur le statut de l'OCCAR a
néanmoins été mise à profit pour
préparer
la mise en place définitive de l'organisation
.
L'OCCAR, dont le siège central a été établi
à Bonn, a intégré depuis sa création les programmes
franco-allemands Tigre, Hot, Roland, Milan et Brevel, le programme
franco-germano-britannique Cobra et le programme franco-italien FSAF. La
rationalisation des bureaux responsables de ces programmes a été
engagée.
Concernant les règles relatives à la gestion des programmes, les
nations de l'OCCAR constituent un référentiel de règles de
gestion inspirées des meilleures méthodes.
Dans le domaine des acquisitions notamment, les quatre pays se sont mis
d'accord sur des principes forts et structurants, totalement nouveaux par
rapport aux pratiques traditionnelles de la coopération (mise en
concurrence systématique dans tous les pays européens, extension
à la concurrence extra-européenne en cas de
réciprocité effective, abandon du juste retour industriel
programme par programme...).
L'
obtention de la personnalité juridique
, conditionnée par
la ratification par les quatre pays membres, de la convention du 9 septembre
1998, constitue cependant l'
étape décisive
qui doit
permettre à l'OCCAR de prendre en charge en toute autonomie la conduite
de programmes d'armement.
II. L'OCCAR : UNE NOUVELLE APPROCHE DE LA COOPÉRATION EUROPÉENNE EN MATIÈRE D'ARMEMENT
La
France possède une longue pratique de la coopération sur les
programmes d'armement. Cette coopération s'est jusqu'à
présent inscrite dans des cadres variés, soit qu'elle soit
conduite directement avec les pays partenaires, soit qu'elle s'appuie sur des
structures permanentes, telles que le bureau de programmes franco-allemand ou
l'Institut franco-allemand de Saint-Louis, ou sur des structures temporaires,
destinées à disparaître après achèvement du
programme, telles que la NAHEMA, agence rattachée à l'OTAN
créée pour le programme d'hélicoptères NH90.
L'OCCAR constitue pour sa part un cadre institutionnel de coopération
à vocation plus large que ces différentes structures, tant par le
nombre de pays concernés que par sa capacité à
gérer tout programme d'armement en coopération impliquant ces
pays.
Plus qu'une simple organisation de coopération, l'OCCAR constitue un
moyen de mettre en oeuvre de nouvelles méthodes susceptibles
d'améliorer considérablement la conduite des programmes
d'armement en coopération et de se révéler plus efficaces
que les procédures nationales d'acquisition.
L'accession de l'OCCAR à la personnalité juridique, objet
principal de la convention signée le 9 septembre 1998 à
Farnborough, est la condition indispensable pour concrétiser rapidement
ces nouvelles méthodes dont les bénéfices ne pourront
toutefois pleinement se ressentir qu'à moyen terme, lorsque des
programmes nouveaux seront, dès la phase de définition,
intégrés à l'organisation.
A. LES MOYENS D'UNE EFFICACITÉ ACCRUE POUR LES PROGRAMMES D'ARMEMENT EN COOPÉRATION
Les principes d'acquisition qui prévaudront au sein de l'OCCAR et la personnalité juridique de cette dernière doivent contribuer à donner à la coopération sur les programmes d'armement une efficacité dont elle était bien souvent dépourvue.
1. Les principes de fonctionnement de l'OCCAR : une volonté de remédier aux dérives de la coopération en matière d'armement
Censée procurer un avantage économique, la
coopération s'est souvent écartée en pratique de cet
objectif.
La répartition des investissements n'a pas toujours obéi à
une stricte logique industrielle et a parfois généré des
duplications, alors que les effectifs pesaient excessivement sur le coût
des programmes, chaque nation souhaitant déléguer ses propres
personnels pour chaque fonction.
Le poids des considérations nationales propres à chaque
partenaire est souvent resté très fort, au détriment de la
cohérence des programmes.
Enfin, ces programmes se caractérisaient souvent par la lourdeur de leur
gestion en raison de la juxtaposition des processus de décision, de
l'égal respect des méthodes nationales de conduite des programmes
et des répercussions immédiates des aléas
budgétaires propres à chaque partie.
Au total,
nombre de programmes en coopération n'ont pas
échappé à une dérive des coûts et des
délais.
Le préambule de la convention rappelle le souhait des pays signataires
d'accroître leur coopération en matière d'armement,
" afin d'en améliorer l'efficacité et d'en réduire
les coûts ".
Il préconise
" de nouvelles organisations de gestion des
programmes optimisées "
alors que "
les
procédures de passation des contrats doivent être rendues plus
efficaces "
et que
" la constitution de maîtrises
d'oeuvre industrielles transnationales et véritablement
intégrées doit être encouragée ".
Il estime
également nécessaire, dans les programmes en coopération,
" d'organiser la mise en concurrence dans le respect de règles
uniformes ".
Les
missions de l'OCCAR
sont énoncées à l'article 7
de la convention :
- coordonner, conduire et faire exécuter les
programmes
d'armement
qui lui sont confiés,
- consolider et promouvoir des activités communes de
préparation à l'avenir
.
Dans cette perspective, l'OCCAR assure les tâches suivantes
(article 8) :
-
gestion de programmes de coopération
en cours et à venir,
- gestion des
programmes nationaux
des Etats membres qui lui sont
confiés,
- élaboration des
spécifications
techniques conjointes
pour des équipements définis en commun,
- coordination et planification d'
activités de recherche
conjointes
,
- coordination des décisions nationales concernant la
base
industrielle et technologique commune
,
- coordination des investissements et de l'utilisation des
centres
d'essais
.
La convention reprend les grands
principes directeurs de l'OCCAR
tels
qu'ils avaient été définis lors du sommet franco-allemand
de Baden-Baden.
Les pays signataires renoncent tout d'abord "
à un calcul
analytique de juste retour industriel programme par programme, pour le
remplacer par la recherche d'un équilibre global multiprogramme et
pluriannuel "
(article 5).
A cet effet, des états d'avancement seront établis annuellement
pour chacun des programmes en cours.
Chacun des Etats-membres "
s'engage à donner la
préférence, pour satisfaire aux besoins de ses forces
armées, aux matériels au développement desquels il a
contribué dans le cadre de l'OCCAR"
(article 6)
.
Il s'agit là d'une sorte de principe de
préférence
europénne
, garantissant un engagement sur le long terme des Etats.
Les
principes d'acquisition
, applicables à tous les contrats
conclus par l'OCCAR sont les suivants :
- recours, en règle générale, à la
mise en
concurrence
, y compris, avec l'accord unanime des pays membres,
auprès d'Etats extérieurs au GAEO sous réserve de
réciprocité ; il peut toutefois être
dérogé à ce principe général pour
répondre aux exigences de défense et de sécurité ou
pour améliorer la compétitivité de la base industrielle et
technologique de défense (article 24),
-
attribution de contrats en fonction de la compétitivité des
offres
reçues plus que des contributions financières
apportées par les participants (article 25),
- recherche de
prix forfaitaires et fermes
(article 28).
L'annexe III à la convention fixe quelques
dispositions
transitoires
pour une
période de trois ans
à partir de
l'entrée en vigueur de la convention. Il s'agit de garantir des mesures
de nature à rétablir l'équilibre si les entreprises d'un
Etat membre ont reçu un volume de commandes inférieur à
66 % de sa contribution financière sur un programme ou un
sous-ensemble de programme donné, ou si un déséquilibre
global supérieur à 4 % est observé par rapport
à tous les programmes.
2. La personnalité juridique, élément essentiel du statut de l'OCCAR
L'objet
principal de la convention, et l'importance de sa ratification rapide, est bien
d'ériger l'OCCAR en
organisation internationale dotée de la
personnalité juridique
et habilitée à agir par
délégation des Etats membres
.
Cette personnalité juridique permet tout d'abord à l'OCCAR de
mener à bien ses missions en passant les contrats nécessaires
à la conduite et à l'exécution des programmes d'armement.
Elle permet également de mettre en oeuvre une politique d'acquisition
selon les principes énoncés dans la convention,
c'est-à-dire en fonction de
règles propres
et non par
application des procédures nationales.
Elle permet aussi de recourir à une
gestion financière
efficace, moins tributaire des règles des finances publiques de
chaque Etat membre, par exemple en matière de gestion de
trésorerie ou de possibilité, dans des cas bien définis,
de recourir à l'emprunt.
Enfin, elle facilitera le
recours à du personnel propre
et la
conduite des programmes par des équipes réellement
intégrées, agissant selon les principes de l'organisation et non
par délégation des administrations nationales.
En résumé,
la personnalité juridique garantit
l'autonomie de l'OCCAR
et sa capacité à atteindre les
objectifs qui lui ont été fixés.
B. ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE L'OCCAR
La convention du 9 septembre 1998 définit les différentes structures de l'OCCAR, les procédures de décision et le fonctionnement financier.
1. Les structures de l'OCCAR
L'OCCAR
comprend un conseil de surveillance et une administration d'exécution.
Le
conseil de surveillance
est l'organe suprême de décision
au sein de l'OCCAR (article 10). Il assure la direction et le contrôle de
l'administration d'exécution et de tous les comités (article 11).
Il prend toutes les décisions relatives à l'exécution de
la convention, en particulier les recommandations pour l'admission de nouveaux
membres, l'affectation d'un programme à l'OCCAR, les décisions
relatives à toute question financière concernant l'OCCAR, les
procédures et règles de passation des contrats, les dispositions
relatives aux personnels. Il veille au respect de la bonne application des
règles de l'OCCAR, notamment celles relatives à la mise en
concurrence (article 12).
Le conseil de surveillance nomme le directeur de l'OCCAR et son adjoint ainsi
que les autres personnels de direction. Le conseil peut déléguer
certaines de ses responsabilités à des
comités
spécialisés
: comités de programme, comité
de la préparation du futur.
Le conseil de surveillance comporte un représentant de chaque pays
membre, c'est-à-dire le ministre de la défense ou son
représentant. Il se réunit au moins deux fois par an et
élit un président pour une durée d'un an renouvelable une
fois.
L'
administration d'exécution
est l'organe exécutif
permanent chargé de la mise en oeuvre des décisions du conseil.
Elle comprend une
section centrale
, située au siège de
l'OCCAR et constituée d'une direction et de divisions, chargées
notamment de la préparation de l'avenir, de l'acquisition, des contrats
et des finances et de l'administration, ainsi que des
divisions de
programme
dont chacune se voit affecter un ou plusieurs programmes (article
20).
L'OCCAR dispose de son propre
personnel
, qui bénéficie des
privilèges et immunités reconnus aux personnels des organisations
internationales dans les conditions définies à l'annexe I
à la convention. Elle bénéficie en outre du concours des
personnels mis à disposition comme experts.
L'article 22 interdit aux personnels de l'OCCAR d'occuper un emploi
rémunéré par un gouvernement ou d'avoir d'autres
activités incompatibles avec la situation d'employé de l'OCCAR.
Ces personnels doivent s'engager par déclaration écrite à
ne pas recevoir d'instructions ou de sollicitations des gouvernements ou
d'autorités extérieures à l'OCCAR.
Enfin, l'article 20 impose aux divisions de programme
d'éviter toute
duplication d'effectif
. Alors que dans les bureaux de programmes en
coopération, tels qu'ils fonctionnent jusqu'à présent,
chaque nation cherchait à mettre en place des personnels pour l'ensemble
des postes stratégiques afin d'être informée et d'exercer
la plus forte influence possible, les personnels des divisions seront les
employés de l'OCCAR, dont le coût sera supporté par
l'ensemble des participants au programme. Par l'intermédiaire du budget,
chaque nation pourra contrôler le nombre et la qualité des
personnels recrutés par l'OCCAR.
2. Les procédures de décision
La
convention pose le principe de la
prise de décision à
l'unanimité
tout en apportant, dans son annexe IV, une
atténuation à ce principe.
Sachant que le nombre initial de votes de chacun des quatre pays fondateurs est
de 10 voix :
- seront prises à la
majorité des voix
les
décisions relatives à l'établissement ou à la
dissolution d'un comité ;
- seront prises à la
majorité qualifiée
renforcée des voix
, c'est-à-dire sans qu'aucun des membres
disposant de 10 voix ne s'y oppose, les décisions relatives à
l'adhésion d'un nouvel Etat membre, aux règles et
procédures de l'OCCAR, à l'organisation de l'administration
d'exécution et à la nomination du directeur.
L'OCCAR constituera ainsi la première organisation internationale
traitant des questions d'armement
ne
fonctionnant pas exclusivement
selon la règle de l'unanimité
.
Dans un premier temps, la règle retenue revient à laisser aux
membres fondateurs un droit de veto sur un certain nombre de décisions.
Mais lorsque l'OCCAR aura accueilli de nouveaux membres, ceux-ci ne pourront
à eux seuls s'opposer à ce type de décision.
3. L'organisation financière
Le
budget de l'OCCAR sera réparti entre une section administrative et une
section fonctionnelle.
Le
budget administratif
de l'OCCAR sera alimenté annuellement par
les Etats membres. La participation de chaque Etat sera
déterminée par application de
clés de
répartition
; en ce qui concerne les divisions de programmes,
sera retenu le pourcentage de participation financière au programme
alors que pour l'administration centrale de l'OCCAR est retenu le niveau de
droits de vote, soit 22,22 % pour la France dans l'hypothèse d'une
adhésion des Pays-Bas à l'OCCAR. Dans l'hypothèse
où l'OCCAR assurerait la gestion d'un programme avec un participant
non-membre de l'OCCAR, ce participant apportera une contribution
financière au coût de fonctionnement de la division de programme.
Les ressources destinées au
budget opérationnel
proviendront des Etats participants à un programme et seront
partagées conformément aux termes de l'accord de programme.
L'OCCAR peut disposer d'autres ressources qui restent cependant
accessoires : intérêts bancaires, pénalités et
intérêts financiers. Ces ressources, qui seront
propriétés des nations à l'origine de la dépense ou
du financement viendront en dégrèvement de futurs appels de fond.
Il n'est pas aujourd'hui envisagé que la collecte des redevances pour
vente à l'exportation soit réalisée par l'OCCAR.
Le
montant total du budget administratif pour l'année 2000
est
encore en discussion. Son ordre de grandeur est d'
environ 20 millions
d'Euros
dont 7 à 8 millions d'Euros à la charge de la
France. L'évolution ultérieure de ce chiffre est liée au
nombre de programmes en coopération qui seront intégrés
dans l'organisation dans le futur. La partie fixe est constituée par
l'administration centrale qui ne devrait pas dépasser à moyen
terme une cinquantaine de personnes.
Pour la partie française, le budget opérationnel sera
alimenté par le biais des articles concernant des programmes d'armement
individualisés dans la nomenclature budgétaire au titre V. Les
crédits destinés au fonctionnement de l'OCCAR seront couverts par
une subvention figurant au chapitre 36.01 (titre III), une ligne, pour le
moment non dotée, venant d'être ouverte dans le projet de budget
pour 2000.
4. Le contrôle des programmes confiés à l'OCCAR
Les
programmes que la France confiera à l'OCAR seront pris en compte au
même titre que les programmes nationaux dans les lois de programmation
militaires et les budgets annuels du ministère de la défense.
Celui-ci a proposé au ministère des finances que les programmes
que la France confiera à l'OCCAR soient identifiés au sein de
lignes budgétaires spécifiques
à chaque programme,
dans l'esprit des lignes créées dans le budget 1999 pour les
principaux programmes d'armement.
Concernant les
procédures de contrôle
, il est prévu
que les autorités nationales de contrôle, et au premier titre la
Cour des Comptes, puissent réaliser toute action d'audit et de
contrôle qu'elles jugeraient nécessaires (articles 44 et 45).
Par ailleurs, le ministère de la défense exercera pour son propre
compte un contrôle des activités sur les programmes, en fonction
des objectifs et mandats assignés formellement à l'OCCAR, par
l'intermédiaire des comités de programme qui se réuniront
périodiquement pour se faire rendre compte de l'avancement des
programmes.
S'agissant de la
conduite des programmes
, l'objectif de réduction
des coûts et des délais d'acquisition supposera de simplifier et
harmoniser les processus d'approbation nationaux au cours d'un programme et
d'obtenir un engagement ferme des Etats sur la réalisation à
l'issue d'une phase de faisabilité approfondie. Pour la France il
s'agira de généraliser aux programmes gérés par
l'OCCAR la pratique des
engagements globaux et pluriannuels
développée par le ministère de la défense depuis
plusieurs années.
Ainsi l'engagement de la France dans un programme sera organisé sur un
mode pluriannuel portant soit sur l'ensemble d'une phase de faisabilité
approfondie, soit sur l'ensemble de la réalisation couvrant phase de
développement et production d'une tranche de série significative.
Cependant les votes annuels du budget de l'OCCAR resteront nécessaires
pour que les appels de fonds périodiques concernant le programme
puissent être honorés. Comme c'est déjà le cas dans
le cadre des commandes globales passées par le ministère de la
défense, une concertation avec le ministre des finances préalable
à l'engagement de la France en conseil de surveillance sera
établie.
La mise en place de l'OCCAR ne s'accompagnera pas de transformation radicale
des procédures de conduite de programme et de contrôle pour la
France puisqu'elle s'inscrit dans l'esprit des réformes mises en oeuvre
au cours des deux dernières années : engagement à
long terme de l'Etat, délégation encadrée accrue aux
responsables de programmes, transparence de gestion.
C. LA MISE EN PLACE ET LES PERSPECTIVES DE L'OCCAR
L'OCCAR a entamé sa " montée en puissance " sans attendre la ratification de la convention officialisant sa création. Son élargissement à de nouveaux partenaires peut être raisonnablement envisagé dans un proche avenir.
1. La " montée en puissance " de l'OCCAR
L'OCCAR,
dont le siège a été installé à Bonn et dont
le directeur est un Français, a intégré dès sa
création les
programmes franco-allemands Tigre, Hot, Roland, Milan et
Brevel, le programme franco-germano-britannique de radar de contrebatterie
Cobra et le programme franco-italien FSAF
(cf. Annexe I). La
rationalisation des bureaux responsables de ces programmes a été
engagée.
Le programme de canon automoteur germano-italien PzH 2000 et le missile
antichar AC3G-MP sont actuellement en phase d'intégration.
Sont en cours d'analyse et de discussion les modalités et les
calendriers d'intégration des programmes suivants : le
véhicule blindé de combat et d'infanterie (VBCI)
franco-germano-britannique, le système d'identification franco-allemand
IFF-futur, le système d'armes franco-italo-britannique PAAMS, l'avion de
transport futur (ATF), le missile antichar AC3G-LP, le satellite d'observation
Hélios II et le système naval SLAT.
Rappelons que
les programmes conduits en coopération
auxquels la
France participe ou pourrait participer dans un avenir proche,
représentent
220 milliards de francs, dont près de 180
milliards de francs de travaux restant à réaliser
.
Sur cet ensemble,
près des quatre cinquièmes du coût
financier pourraient entrer dans le champ d'intervention de l'OCCAR
.
En effet,
les programmes déjà intégrés à
l'OCCAR représentent 35 % du coût total des programmes en
coopération
ou " en devenir de coopération ". Ceux
dont l'intégration est proposée ou envisagée
représentent 25 % alors que ceux dont l'intégration sera
envisagée si les projets de coopération se concrétisent
(frégate Horizon, satellite Hélios II, VBCI-VCI successeur
de Syracuse II) représentent 18 %.
Finalement, les programmes qui échapperaient à l'OCCAR ne
représentaient que 22 % du montant total des programmes en
coopération. Entrent dans cette catégorie les programmes NH90,
système de distribution d'information multifonctions MIDS,
lance-roquettes multiple NG, obus antichar à effet dirigé ACED,
torpille MU90, système porte-torpille MILAS et missile de
croisière SCALP-EG.
C'est essentiellement sur les programmes qui seront intégrés
à l'OCCAR dès leur phase de conception que le
bénéfice des méthodes de conduite de programmes qu'elle
mettra en oeuvre sera le plus visible.
Ce bénéfice sera moindre pour les programmes qui viennent
d'être intégrés à l'OCCAR alors que leur
réalisation était bien avancée.
Au titre des résultats déjà obtenus par l'OCCAR on peut
toutefois citer les économies obtenues sur le
contrat de production
de l'hélicoptère Tigre.
Alors que dans le cadre des règles traditionnelles de
coopération, les travaux commandés à Eurocopter pour les
phases de développement et d'industrialisation devaient
impérativement être répartis à égalité
entre la France et l'Allemagne, ce qui ne permettait pas à l'industriel
d'optimiser ses prestations, les négociations conduites par la division
du programme Tigre de l'OCCAR pour le contrat de production ont permis
d'obtenir une baisse significative du coût du programme. En effet,
l'industriel a pu procéder à une mise en concurrence pour la
fabrication des sous-ensembles, sans être tenu d'attribuer le
marché à l'un ou l'autre pays. De même, pour ses propres
travaux, il n'est plus tenu à répartir de manière
égale les fabrications entre la France et l'Allemagne.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur,
l'économie globale
procurée par l'application des
principes de l'OCCAR avoisinerait les
5 % du coût total du programme,
soit près de 1 milliard de francs au profit des deux pays.
2. Les effectifs de l'OCCAR
En ce
qui concerne les
effectifs de l'OCCAR
, ils comprennent à
l'été 1999, 174 personnes dont 27 pour la partie administration
centrale et 147 pour la conduite des programmes Hot, Milan, Brevel, Roland,
Tigre, Cobra, FSAF et le soutien administratif des divisions de programmes.
Il est envisagé, avec l'obtention de la personnalité juridique,
l'évolution des effectifs suivante :
. une augmentation pour la partie centrale de l'OCCAR pour prendre en charge
l'activité nouvelle induite par l'acquisition de la personnalité
juridique (exécution financière complète des
activités programme) et pour engager les opérations de
préparation du futur prévues par la convention et non
développées à l'heure actuelle ;
. un maintien global des effectifs des divisions de programmes comprenant d'une
part la réduction d'effectifs pour certains programmes, compensée
par une croissance d'effectifs dans d'autres programmes
nécessitée par la croissance de l'activité de management
de ces programmes ;
. une forte réduction des personnels de soutien administratif permise
par l'externalisation des tâches auprès de sociétés
privées (soutien informatique) ou des administrations nationales
(activité linguistique).
Cette évolution est actuellement discutée avec l'OCCAR et nos
partenaires. Les chiffres pour l'année 2000 devraient être voisins
de 170 personnes dont 37 pour la partie administration centrale et 133
pour la gestion des programmes précités.
En fonction de l'intégration de nouveaux programmes à l'OCCAR
(ATF, AC3G-MP et AC3G-LP, VBCI) ces chiffres pourraient évoluer.
Dans les années suivantes, il n'est pas envisagé de forte
évolution des effectifs de l'OCCAR, tout au plus la croissance des
activités de préparation du futur et de management
d'activités conjointes de recherche pourrait se traduire par une
croissance de 10 à 20 personnes de la partie administration centrale.
L'OCCAR, de par sa nature et la politique d'externalisation des
activités de soutien, comprend essentiellement des personnels de niveau
ingénieur. Les personnels de direction sont limités à
l'équipe rapprochée du directeur, forte de quelques personnes.
Les personnels administratifs représentent moins de 10 % du total des
personnels.
Il n'est pas institué de répartition a priori entre
nationalités au sein de l'OCCAR. Le directeur de l'OCCAR embauchera ses
employés sur la base d'une compétition ouverte. Cependant il est
acquis qu'il existe au sein de l'OCCAR un équilibre global entre les
ressortissants des différentes nations en fonction de l'investissement
de chacune au sein de l'OCCAR. A ce titre on peut estimer que le poids de la
France y est voisin de 40 %.
Le personnel mis à disposition de l'OCCAR par les Etats sera
limité à des tâches d'expertise technique auprès des
divisions de programmes.
3. Les perspectives d'élargissement de l'OCCAR
L'élargissement de l'OCCAR est une perspective
clairement
mentionnée dans le dernier alinéa du préambule de la
convention : les Etats-membres de l'OCCAR sont "
désireux
d'associer d'autres Etats européens, dès lors que ceux-ci
acceptent l'ensemble des dispositions de la convention
". Mais cet
élargissement, voté à la majorité qualifiée
renforcée, est laissé à l'appréciation des
Etats-membres (article 53 : "
tout Etat européen qui
désire devenir membre peut être invité par le Conseil
à adhérer à cette convention
"). L'un des
critères retenu sera la participation significative du pays
concerné à une acquisition gérée par l'OCCAR.
A ce jour,
seuls les Pays-Bas et la Belgique ont exprimé formellement
leur désir de devenir membres.
Le processus d'adhésion des
Pays-Bas est très avancé et pourrait être achevé
avant la fin de l'année 1999. Celui de la Belgique est engagé.
Compte tenu de la raison d'être de l'OCCAR -gérer efficacement les
programmes en coopération- les candidats naturels sont les pays pouvant
participer à de tels programmes, c'est-à-dire disposant d'une
industrie de défense. Entrent de façon évidente dans cette
catégorie l'Espagne et la Suède.
*
* *
A la date de la rédaction du présent rapport, le processus de ratification de la convention était engagé chez nos trois partenaires. En Allemagne, le Bundesrat a émis un avis favorable et le Bundestag examinerait la convention avant la fin de l'année. Il en irait de même au Royaume-Uni, où un " ordering council " pourrait être signé avant la fin de l'année par la Reine, après un débat parlementaire. Les textes de ratification sont également en préparation en Italie.
CONCLUSION
A
l'heure où s'amplifie, pour des considérations plus
économiques et industrielles que politiques, le mouvement de
concentration des entreprises de défense en Europe, il paraît
indispensable de concrétiser des avancées vers une politique de
défense européenne dont l'autonomie pourra d'autant mieux
s'affirmer qu'elle s'appuiera sur une base industrielle et technologique
compétitive. Les évolutions intervenues après la
déclaration franco-britannique de Saint-Malo à l'automne 1998,
puis après la crise du Kosovo, lors du Conseil européen de
Cologne, sont de ce point de vue encourageantes, même si elles restent
à prolonger par des réalisations effectives.
Parallèlement, un effort est entrepris, dans le cadre de la lettre
d'intention signée le 6 juillet 1998 par les ministres de la
défense de l'Allemagne, de l'Espagne, de la France, de l'Italie, du
Royaume-Uni et de la Suède, pour adapter les modes d'intervention des
Etats des 6 principaux pays européens producteurs d'armement au nouveau
paysage industriel. Il s'agit de faciliter le travail des entreprises
européennes de défense tout en permettant aux Etats de continuer
à exercer, parfois conjointement, les droits qu'ils souhaitent conserver
en tant qu'autorité régalienne dans leurs relations, sur leur
territoire, avec ces entreprises de défense. La sécurité
des approvisionnements, les procédures d'exportation, l'harmonisation
des besoins opérationnels ainsi que la conjugaison des efforts de
recherche et de développement sont au coeur de ces discussions qui
pourraient déboucher sur un accord intergouvernemental.
Dans un tel contexte, l'accession de l'OCCAR à la personnalité
juridique, objet essentiel de la convention du 9 septembre 1998 entre la
France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni, constitue un pas important qui
ouvre la perspective d'une rationalisation de la demande européenne
d'armements en vue de doter les armées européennes de
matériels conçus et réalisés en commun.
D'ores et déjà, l'application des principes de l'OCCAR à
des programmes déjà transférés a permis de
constater des effets positifs sur les coûts financiers. Les
bénéfices de l'OCCAR ne se feront cependant pleinement sentir que
lorsque lui seront confiés des programmes en coopération
dès leur conception.
Le passé récent illustre les difficultés de la
coopération européenne en matière d'armement avec la
défection allemande sur les programmes satellitaires ou le retrait
britannique des programmes Horizon et Trimilsatcom. Il importera donc de voir
si la création de l'OCCAR sera suivie d'un engagement plus
affirmé des pays membres dans la coopération européenne.
La décision qui sera prise sur l'avion de transport futur est à
cet égard très attendue.
Le succès de l'OCCAR reposera sur la volonté de chacun des
participants de promouvoir une sorte de préférence
européenne tout en améliorant une coopération sur les
programmes jusqu'alors source de certaines désillusions. L'enjeu est
majeur puisqu'il consiste à permettre aux Etats membres de
s'équiper à moindre coût tout en consolidant et en
élargissant le marché des industries européennes de
défense.
Pour cet ensemble de raisons, et souhaitant que la convention portant
création de l'OCCAR entre en vigueur dans les meilleurs délais,
votre commission vous demande d'adopter le présent projet de loi
autorisant son approbation.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées a examiné le présent projet de loi au cours
de sa réunion du 3 novembre 1999.
A l'issue de l'exposé du rapporteur,
M. Christian de La Malène
a souhaité obtenir des précisions sur le statut des
personnels affectés à l'OCCAR et sur la position des Etats-Unis
face à cette institution européenne.
M. Xavier de Villepin, président,
a demandé si
l'affectation de personnels à l'OCCAR entraînerait une diminution
des effectifs de la Délégation générale pour
l'armement (DGA). Il s'est interrogé sur la possibilité de
transférer à l'OCCAR le programme d'avion de transport futur
(ATF).
En réponse à ces interventions,
M. Jean-Guy Branger,
rapporteur,
a apporté les précisions suivantes :
- l'OCCAR disposera de son propre personnel et le transfert de programmes
d'armement à l'OCCAR devrait s'accompagner d'une diminution des
effectifs chargés de la conduite des programmes au sein de la DGA ;
- l'OCCAR vise à renforcer les coopérations européennes
sur les programmes d'armement et à promouvoir une sorte de
préférence européenne ;
- dans l'hypothèse où une coopération européenne se
réaliserait sur l'ATF, ce programme pourrait en effet être
confié à l'OCCAR.
La commission a alors émis un avis favorable au projet de loi qui lui
était soumis.
PROJET DE LOI
Article unique
Est autorisée l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française, le Gouvernement de la République fédérale d'Allemagne, le Gouvernement de la République italienne, le Gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, portant création de l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR) (ensemble quatre annexes), signée à Farnborough le 9 septembre 1998, et dont le texte est annexé à la présente loi 1( * ) .
ANNEXE I -
LES PROGRAMMES D'ARMEMENT
INTÉGRÉS À L'OCCAR
1 -
Programme Tigre
-
pays concernés
: France, Allemagne
-
participation
:
développement France 50 % ; Allemagne 50 %
-
équipements principaux couverts par le programme
:
France : 215 hélicoptères en version appui-protection (HAP)
Allemagne : 212 hélicoptères en version multiroles (UHT)
le contrat pluriannuel de production de la première tranche de
série de 160 appareils (80 France et 80 Allemagne) a été
signé en juin 1999
-
coût du programme à la charge de la France
:
développement : 9 542 millions de francs
production : 36 584 millions de francs
-
commentaire
:
L'intégration du programme dans l'OCCAR est effective depuis
février 1998. L'obtention par l'OCCAR de la personnalité
juridique devrait permettre de clarifier la position de la division Tigre
(héritière du bureau exécutif franco-allemand)
vis-à-vis du ministère de la défense allemand, contractant
actuellement des contrats bilatéraux.
De plus, certaines activités exécutées par les divisions
de programme telles que traductions, secrétariats, soutien pourront
être mutualisées au sein de l'OCCAR, permettant ainsi de faire des
économies d'échelle et de réduire la facture de la
participation des Etats à l'OCCAR.
2 - Programme de radar de contrebatterie Cobra
-
pays concernés
: France, Allemagne, Royaume-Uni
-
participation
:
développement : France, Royaume-Uni, Allemagne 33 %
production : France 35 %, Royaume-Uni 24 %, Allemagne 41 %
-
équipements principaux couverts par le programme
:
29 systèmes Cobra, dont 10 pour la France, commandés en mars
1998.
-
coût du programme à la charge de la France
:
développement : 824 millions de francs
production : 1 540 millions de francs
-
commentaire
:
Ce programme a été intégré au sein de l'OCCAR le
21 février 1999. Les bénéfices attendus de cette
intégration concernent l'amélioration de la gestion du
programme : réduction de son coût et meilleure
réactivité par une plus grande délégation.
3 - Programme famille de systèmes sol-air futurs FSAF
-
pays concernés
: France, Italie
-
participation :
développement : France 50 %, Italie 50 %
production : France 58 %, Italie 42 %
-
équipements principaux couverts par le programme
:
système surface-air antimissile (SAAM) : France 9, Italie 7
système sol-air moyenne portée terrestre (SAMP/T) : France
15, Italie 12
munitions Aster 15 : France 200, Italie 280
munitions Aster 30 : France 850, Italie 576
Quatre systèmes SAAM ont été commandés pour
équiper le porte-avions Charles de Gaulle.
-
coût du programme à la charge de le France
:
développement : 6 962 millions de francs
production : 20 445 millions de francs
-
commentaire
:
Dans le cadre du FSAF, il est attendu un effet d'entraînement dans le
programme des autres pays membres de l'OCCAR ne participant pas au programme
pour une convergence sur les besoins de défense sol-air européens.
4 - Programme valorisation du système d'armes Roland
-
pays concernés
: France, Allemagne
-
participation
:
développement : France 75 %, Allemagne 25 %
production : France 90 %, Allemagne 10 %
-
équipements principaux couverts par le programme
:
France : 72 postes de tir, 1 500 munitions
Allemagne : 84 calculateurs GKS (25 % du poste de tir)
-
coût du programme à la charge de la France
:
développement : 1 095 millions de francs
production : 5 163 millions de francs
-
commentaire
:
Dans l'immédiat, l'intégration du Roland dans l'OCCAR permet
d'assurer une interface efficace avec les Allemands et de réaliser un
gain de temps sur le programme.
5 - Programme Brevel
-
pays concernés
: France, Allemagne
-
participation
:
développement : France 50 %, Allemagne 50 %
production : Allemagne 100 % (la France a décidé de ne pas
participer à la phase de production de ce système)
-
équipements principaux couverts par le programme
:
Allemagne : 8 batteries doubles, soit 16 systèmes sol et 80
véhicules aériens ;
-
coût du programme à la charge de la France
:
développement : 589 millions de francs
ANNEXE II -
PROGRAMMES D'ARMEMENT DONT
L'INTÉGRATION
À L'OCCAR EST ENVISAGEABLE
1 -
Programme avion de transport futur ATF
-
pays concernés
: France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie,
Espagne, Turquie, Belgique
-
participation
: en cours de définition
-
équipements principaux couverts par le programme
:
avion de transport gros porteur selon les quantités suivantes (qui
devront être confirmées au moment de la négociation
effective du contrat de production) : France 50, Allemagne 75, Royaume-Uni
45, Italie 44, Espagne 36, Turquie 20, Belgique 12
-
coût du programme à la charge de la France
:
développement et production : 32 000 millions de francs
-
commentaire :
Les trois solutions à l'étude concernent l'acquisition sur
étagères des avions américains C130J et C17, la
coopération avec la Russie et l'Ukraine sur la base de l'avion
russo-ukrainien Antonov 70 et le lancement d'un programme strictement
européen sous l'égide d'Airbus Military Compagny. L'option d'un
contrat unique passé par l'OCCAR est en cours d'examen par les nations
partenaires.
2 - Programme missile antichar de troisième génération
à moyenne portée AC3G MP
-
pays concernés
: France, Allemagne, Royaume-Uni,
Belgique, Pays-Bas
-
participation
:
développement : France, Royaume-Uni, Allemagne 30 %,
Belgique et Pays-Bas 5 %
production : France 26,6 %, Royaume-Uni 46,4 %, Allemagne 10,8 %,
Belgique 8,2 %, Pays-Bas 8 %
-
équipements principaux couverts par le programme
:
munitions : 35 345 dont 11 000 pour la France
postes de tir : 1 572 dont 454 pour la France
lunettes thermiques : 1 572 dont 454 pour la France
- coût du programme à la charge de la France :
développement 1 686 millions de francs
production 4 186 millions de francs
-
commentaire
:
L'assouplissement des règles de retour industriel d'une part et
l'adoption du principe d'un soutien commun d'autre part permettront des
économies.
3 - Programme missile antichar de troisième génération
à longue portée AC3G LP
-
pays concernés
: France, Allemagne
-
participation
:
développement : France 50 %, Allemagne 50 %
production : Allemagne 100 % (la France a décidé de ne pas
participer à la production de ce missile)
- équipements principaux couverts par le programme :
missile : 2 544 pour l'Allemagne
-
coût du programme à la charge de la France
:
développement : 4 368 millions de francs
production : néant
4 - Programme véhicule blindé de combat d'infanterie, version
poste de commandement VBCI/VPC
-
pays concernés
: France, Allemagne, Royaume-Uni
-
participation
:
développement : France 10 %, Royaume-Uni 45 %, Allemagne
45 % (évolutifs en fonction de la participation au programme des
Pays-Bas)
- équipements principaux couverts par le programme :
développement de trois versions pour les besoins des
différentes armées
-
coût du programme à la charge de la France :
développement 364 millions de francs
5 - Programme système de défense antiaérienne PAAMS
-
pays concernés
: France, Italie, Royaume-Uni
- participation :
développement : France 33 %, Italie, 33 %, Royaume-Uni 33 %
production : à définir en fonction des commandes
effectives. La première commande passée en juin 1998 comprend une
part identique pour chaque partenaire
- équipements principaux couverts par le programme (intentions de
commandes exprimées) :
systèmes PAAMS : France 4, Italie 6, Royaume-Uni 12
munitions : France 750, Italie 380, Royaume-Uni 2 725
- coût du programme à la charge de la France :
développement : 1 893 millions de francs
production : 2 150 millions de francs
6 - Programme système d'identification futur IFF futur
-
pays concernés
: France, Allemagne, Italie
-
participation
:
développement : France 33 %, Italie 33 %, Allemagne 33 %
production : à définir à la suite du
développement
-
équipements principaux couverts par le programme (l'Italie a
décidé de ne pas participer à la production) :
France 1 436 équipements
Allemagne 1 397 équipements
-
coût du programme à la charge de la France
:
développement 167 millions de francs
production 880 millions de francs
ANNEXE III -
ETUDE D'IMPACT2(
*
)
-
Etat de droit et situation de fait existants et leurs insuffisances
Les situations de droit et de fait préexistantes à
l'entrée en vigueur de la Convention de Farnborough se
caractérisent par la mise en eouvre de coopérations directes
entre Etats et entre Sociétés pour ce qui concerne la conduite de
programmes d'armement en coopération. Avec la nouvelle OCCAR, voit le
jour, pour la première fois en Europe, une Organisation internationale
chargée de conduire et de réaliser des programmes d'armement en
coopération. Elle permettra la mise en oeuvre de programmes d'armement
selon des principes nouveaux, de nature à les rendre plus efficaces et
moins coûteux.
- Bénéfices escomptés en matière
* d'emploi :
L'entrée en vigueur de la Convention OCCAR aura
à terme pour effet la création d'emplois grâce au
renforcement de la base industrielle et technologique européenne de
Défense et à la réalisation de programmes d'armement
compétitifs en matière de coût. Les principes fondateurs de
l'OCCAR (concurrence, assouplissement des règles du retour industriel,
compétitivité de la base industrielle), ont pour objet d'obtenir
le meilleur rapport coût/efficacité et l'optimisation
économique de la gestion des programmes.
* d'intérêt général :
L'OCCAR est
une organisation de nature à contribuer à la constitution d'une
base industrielle et technologique de défense s'appuyant sur un
marché de l'armement à l'échelle européenne,
lui-même condition de la mise en place d'une véritable industrie
européenne de défense dans un contexte marqué, tant par la
restructuration des industries de défense au niveau européen, que
par une concurrence accrue avec les Etats-Unis. L'OCCAR a également
vocation à être l'une des pierres angulaires de la constitution
d'une Agence européenne de l'armement.
* Incidences financières :
L'implication
financière française dans les programmes actuellement en
coopération, qui représentait environ 19,5 % des programmes
d'armement hors dissuasion en 1997, devrait s'élever à environ
34 % en 2002. Parmi les programmes gérés par OCCAR ou
susceptibles de l'être, les investissements qui pourraient être
engagés en fonction des négociations en cours sont les
suivants :
- 44,7 milliards de francs dans le cadre des programmes franco-allemands issus
du bureau franco-allemand : 6 milliards de francs pour le programme
Valorisation Roland et 38,7 milliards de francs pour
l'hélicoptère Tigre ;
- 23,7 milliards de francs pour la famille de missiles de surface-air
futurs FSAF (SAMP-T, SAAS), 1,8 milliard de francs pour le radar de
contrebatterie Cobra ; et pour le programme AC3GMP (missile anti-char de
troisième génération à moyenne portée), les
premières estimations du coût de la production sont à
hauteur de 4 milliards de francs.
L'intégration d'autres programmes est aujourd'hui à
l'étude comme le système d'armes PAAMS, le système
d'identification IFF-futur, le système Polyphem, le système naval
SLAT, le véhicule blindé VBCI, les systèmes satellitaires
Hélios 2.
Il est à préciser que la faisabilité de certains
programmes, leur réalisation en coopération ou la décision
d'intégration dans l'OCCAR n'est pas encore décidée.
* Simplification des formalités administratives :
Sans objet.
* de complexité de l'ordonnancement juridique :
Le
fonctionnement de l'OCCAR n'aura pas d'incidence sur l'ordonnancement juridique
national des Etats membres. Il s'agira d'une Organisation pourvue de la
personnalité juridique dont le fonctionnement n'interférera pas
avec les législations nationales.
1
Voir le texte annexé au document
Sénat n° 487 (1998-1999).
2
Texte transmis par le Gouvernement pour l'information des
parlementaires.