N°
281
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 mars 2000
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi autorisant l'approbation de l' instrument d' amendement à la Constitution de l' Organisation internationale du travail ,
Par M.
Hubert DURAND-CHASTEL,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait, Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle Bidard-Reydet, vice-présidents ; MM. Michel Caldaguès, Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès, secrétaires ; Bertrand Auban, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Jean Bernard, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Xavier Dugoin, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel, Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle, René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc Mélenchon, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano, Michel Pelchat, Xavier Pintat, Bernard Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas, André Rouvière.
Voir le
numéro
:
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Traités et conventions. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Le présent projet de loi a pour objet d'autoriser l'approbation de
l'instrument d'amendement à la Constitution de l'Organisation
internationale du Travail (OIT) adopté le 19 juin 1997 à
Genève par la Conférence internationale du travail, lors de sa
85
ème
session.
Cet amendement vise à compléter la Constitution de l'OIT en y
insérant une disposition nouvelle prévoyant une procédure
d'abrogation des conventions devenues sans objet ou n'apportant plus de
contribution utile à l'Organisation.
Une telle procédure, non prévue à ce jour, est apparue
indispensable pour actualiser l'important dispositif juridique constitué
par les normes internationales du travail élaborées par l'OIT,
dont certaines n'ont aujourd'hui plus de raison d'être compte tenu de
l'évolution technique ou de l'adoption d'instruments nouveaux.
Cette modification s'inscrit en outre dans les orientations définies par
l'Organisation, sous l'impulsion de son nouveau directeur
général, en vue de renforcer l'efficacité des normes
internationales du travail.
Votre rapporteur effectuera un bref rappel des missions et de l'organisation de
l'OIT avant de présenter l'amendement dont l'approbation est soumise aux
Etats membres.
I. MISSIONS, ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE L'ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL
L'Organisation internationale du travail a été
créée en 1919
dans le cadre de la Conférence de la
paix et du traité de Versailles. Sa Constitution, rédigée
de janvier à avril 1919 par la commission de législation
internationale du travail instituée par la Conférence de la paix,
forme la partie XIII du traité de Versailles.
La première conférence internationale du travail, réunie
à Washington en octobre 1919, a adopté les six premières
conventions internationales du travail portant respectivement sur la
durée du travail dans l'industrie, le chômage, la protection de la
maternité, le travail de nuit des femmes, l'âge minimal et le
travail de nuit des enfants dans l'industrie.
Le Bureau international du travail (BIT), qui constitue le secrétariat
permanent de l'OIT, s'est installé à Genève en 1920.
Ayant survécu à la disparition de la Société des
Nations, l'OIT est devenue en 1946 la première des institutions
spécialisées du système des Nations unies.
A. LES MISSIONS DE L'OIT
La
création de l'OIT au lendemain de la première guerre mondiale
trouve son origine dans la volonté d'améliorer les conditions de
travail et de vie des salariés, en privilégiant une
démarche concertée des différentes nations afin
d'éviter que les industries des pays disposant des normes les plus
avancées ne soient désavantagées dans la concurrence
commerciale.
La promotion de la justice sociale et le respect des droits de l'homme dans le
monde du travail figurent donc au premier rang des objectifs de l'OIT qui
élabore des
conventions et recommandations internationales du
travail.
Celles-ci définissent les
normes minimales à
respecter
dans les domaines de la liberté syndicale, du droit
d'organisation et de négociation collective, de l'abolition du travail
forcé ou de l'égalité des chances.
L'OIT fournit également une
assistance technique
en
matière de formation et de réadaptation professionnelle, de
politique de l'emploi, d'administration du travail, de droit du travail et de
relations professionnelles, de conditions de travail, de sécurité
et santé au travail, de formation à la gestion.
L'OIT compte aujourd'hui
158 Etats membres.
B. LES STRUCTURES DE L'OIT
L'originalité principale de l'OIT repose sur le
tripartisme
qui est à la base de tout son fonctionnement, les
représentants des employeurs et des travailleurs
siégeant
dans les organes directeurs au même titre que les
gouvernements.
L'organe de base de l'OIT est la
Conférence internationale du travail
qui se réunit chaque année, au mois de juin à
Genève, et qui est composée des représentants de tous les
Etats membres.
Chaque Etat membre dispose à la Conférence de deux
délégués gouvernementaux, d'un
délégué employeur et d'un délégué
travailleur, chaque délégué disposant de la liberté
de vote.
Véritable parlement de l'OIT, la Conférence internationale du
travail élabore au sein de ses commissions puis adopte en séance
plénière les
normes internationales du travail,
sous forme
de
conventions et recommandations.
La Conférence adopte également des résolutions sur
l'orientation de la politique générale de l'OIT et ses
activités futures. Tous les deux ans, elle adopte le programme et le
budget biennaux des Etats membres.
La Conférence procède également à des débats
généraux sur les problèmes sociaux, en particulier
à l'occasion de la présentation du rapport annuel du directeur
général. Au cours des dernières années, ces
rapports portaient sur les thèmes suivants : assurances sociales et
protection sociale (1993), la justice sociale dans une économie qui se
mondialise (1994), promouvoir l'emploi (1995), et l'action normative de l'OIT
à l'heure de la mondialisation (1997).
Le
Conseil d'administration
est l'organe exécutif de l'OIT. Il
tient normalement deux sessions par année à Genève. Il
prend les décisions relatives à la politique de l'OIT. Il
élabore le programme et le budget qu'il soumet à la
Conférence pour adoption. Il élit le directeur
général.
Il se compose de 28 membres gouvernementaux, 14 membres employeurs et 14
membres travailleurs. Les dix premiers Etats par leur importance industrielle
sont
membres gouvernementaux permanents
du conseil, les
représentants des autres Etats étant élus tous les trois
ans par la Conférence en tenant compte de la répartition
géographique. Les employeurs choisissent leurs propres
représentants et les travailleurs les leurs.
Le
Bureau international du Travail
est le secrétariat de
l'Organisation internationale du Travail. Le BIT met en oeuvre l'ensemble des
activités sous le contrôle du Conseil d'administration et sous la
direction d'un directeur général, élu pour un mandat de
cinq ans renouvelable. Il emploie près de 2 000 fonctionnaires de plus
de 110 nationalités. Ceux-ci se répartissent entre le
siège à Genève et 40 bureaux de l'OIT dans le monde. En
outre, près de 600 experts effectuent des missions dans toutes les
régions du monde au titre des programmes de coopération technique.
Votre rapporteur rappellera que le premier directeur général du
BIT fut un parlementaire français, Albert Thomas, ancien ministre de
l'armement au cours de la première guerre mondiale.
Plus récemment, de 1974 à 1989, c'est un autre Français,
M. Francis Blanchard, qui a assuré la direction générale
du BIT.
L'
actuel directeur général, M. Juan Somavia,
d'origine
chilienne, est entré en fonction en juin 1999. Il s'emploie à
concentrer l'action de l'OIT sur
quatre " objectifs
stratégiques "
-la promotion des droits de l'homme au travail,
l'emploi, la protection sociale et le dialogue social- afin de mieux valoriser
la mission fondamentale de l'Organisation.
L'amélioration de la visibilité, de l'efficacité et de la
pertinence du
système normatif de l'OIT
constitue dans cet esprit
une priorité politique de l'Organisation. Elle implique une
révision des instruments périmés pour mieux promouvoir les
normes prioritaires.