b) La formation de la main d'oeuvre : une priorité
Singapour parie sur " l'économie de la connaissance ", (knowledge-based economy) qui nécessite un fort niveau d'éducation. Le programme gouvernemental " Industry 21 " (Industrie pour le XXIe siècle) cherche à attirer à Singapour les grandes universités , pour contribuer à fonder l'économie singapourienne sur le savoir, avec l'appui des réseaux de télécommunications et d'Internet.
A cet égard, le choix, effectué par l'INSEAD, de Singapour pour sa deuxième implantation, est particulièrement symbolique.
L'INSEAD a construit en effet un deuxième campus à Singapour. A l'instar de celui de Fontainebleau, ce campus couvrira 2,86 hectares, dont la première tranche (1,2 hectare) a été inaugurée fin 2000. La construction se fera en quatre étapes et sera échelonnée jusqu'en 2020. Elle devrait coûter 60 millions de dollars singapouriens (soit 252 millions de francs). A tous les niveaux (acquisition du terrain, financement des travaux et de la recherche, acquisition du matériel pédagogique, obtention des permis de travail, facilités fiscales), le gouvernement singapourien , très soucieux d'attirer la fine fleur des écoles internationales et donc des élèves, n'a pas ménagé son soutien. Cette aide a sans doute pesé dans le choix de cette implantation dans la ville-Etat plutôt que dans d'autres métropoles asiatiques telles que Hong Kong ou Kuala Lumpur.
L'INSEAD accueille 55 étudiants en MBA 11 ( * ) à Singapour (avec un cursus partagé entre les deux campus de Singapour et de Fontainebleau) et 1.500 cadres de haut niveau dans ses bâtiments provisoires, chiffres qui devraient ensuite passer à 4.000 et 4.500. Possédant au moins trois langues, ces étudiants appartiendront à de très nombreuses nationalités et cultures, dont aucune ne doit être réellement dominante. L'école se veut en effet résolument internationale.
La volonté de la Cité-Etat d'être un centre névralgique pour les technologies de l'information et la haute technologie transparaît dans le " rapport sur la compétitivité mondiale ", publié par le " World Economic Forum " de Davos. En 1999, Singapour y a été classée :
- au 1 er rang mondial selon l'indice synthétique de compétitivité calculé par cet organisme ;
- au 1er rang pour l'utilisation des licences technologiques étrangères ;
- au 6e rang pour les dépenses de recherche et développement des entreprises ;
- au 9e rang en termes de capacité d'innovation ;
- au 10e rang en termes de formation continue des employés.
Il est significatif de constater que Singapour présente un taux d'utilisation des nouvelles technologies parmi les plus élevés au monde , taux qui résulte d'une politique volontariste des autorités locales. Ainsi, en 1999, près de 59 % des foyers étaient équipés d'un ordinateur personnel (54 % aux Etats-Unis), 57 % disposaient d'un accès à Internet (40 % aux Etats-Unis) et 61 % étaient abonnés au téléphone mobile (34 % en France à cette date, ce taux ayant, depuis, augmenté), les trois-quarts des entreprises étant informatisés (81 % reliées à Internet et près d'un tiers ayant développé un site).
Si le taux d'utilisation des nouvelles technologies doit beaucoup aux actions de promotion et de sensibilisation menées par les autorités locales, certaines initiatives n'ont pourtant pas encore eu les effets escomptés, à l'image du projet de déploiement d'un réseau (haut débit) desservant l'ensemble de l'île, baptisé " Singapore ONE ", qui a coûté 1,2 milliard de francs. Les prévisions tablaient sur 400.000 utilisateurs à l'horizon 2001 mais ce réseau ne compterait pour l'instant que 29.000 abonnés environ.
Le Gouvernement mène une politique active d'évaluation des besoins de formation et d'adaptation du système éducatif à l'usage des NTIC . Un programme d'équipement (doté d'1,1 milliard de dollars américains dans le primaire et dans le secondaire) est en cours pour familiariser les élèves aux nouvelles technologies (dans les classes, l'objectif est d'arriver à un PC pour deux élèves).
Le Gouvernement évalue régulièrement les besoins du pays en personnels qualifiés dans le domaine des NTIC. Ces besoins augmentent actuellement à un rythme supérieur à 10 % et devraient atteindre près de 45.000 personnes en 2000, dont la moitié dans le domaine du logiciel. Les pouvoirs publics favorisent donc l'immigration de main d'oeuvre qualifiée, particulièrement dans ce secteur.
* 11 Master of Business Administration, formation supérieure de 3 ème cycle.