CHAPITRE
I
L'ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL :
UNE EUROPE
DÉPENDANTE
L'environnement international, à partir duquel est construite l'exploration des perspectives de l'économie française au cours de la période 2001-2006, se « normalise ». Par convention, les partenaires de la France rejoignent courant 2002 une trajectoire en ligne avec leur croissance potentielle.
Il s'agit là d'une hypothèse dont les incertitudes sont grandes, compte tenu de la situation économique du moment.
Celle-ci conduit surtout à souligner un phénomène qu'un discours assez convenu a eu tendance à oublier, malgré des données sans ambiguïtés : la forte dépendance de l'Europe à l'égard de l'économie américaine.
I. UNE HYPOTHÈSE À VÉRIFIER : LA REPRISE DÈS 2002 ?
Sans être aussi favorable que celui du gouvernement 1 ( * ) , le présent scénario est bâti à partir d'un processus de reprise économique intervenant en 2002, décrit par l'OFCE dans ses dernières prévisions de court terme.
Il s'agit d'un rythme de croissance qui, pour être sensiblement inférieur à ce qu'il était dans les prévisions antérieures, n'en est pas moins soutenu au regard de multiples indicateurs. Il est, d'ailleurs, supérieur à d'autres prévisions.
En effet, même avant le déclenchement de la crise géopolitique en cours, le rythme de croissance de l'économie française s'est nettement ralenti (le PIB n'augmentait plus au deuxième trimestre 2001 qu'à un rythme annualisé de 1,5 %) : une croissance en 2002 de 2,2 % suppose donc une franche accélération.
Après avoir fait un bref retour sur la situation économique actuelle, l'on présentera les principales conditions que suppose une telle perspective.
A. RETOUR SUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE DU MOMENT
Dès la fin 2000, s'est enclenchée une série d'événements défavorables pour la croissance mondiale : aux Etats-Unis, un retournement du cycle économique ; en Europe, le serrement de freins, tandis que les économies émergentes et le Japon étaient aux prises avec des difficultés structurelles.
A ces développements problématiques, se sont ajoutées les incertitudes liées à la crise géopolitique en cours depuis septembre.
1. Un ralentissement de toutes les zones de l'économie mondiale
Alors que, depuis 1998, l'Europe semblait enfin prête à embrayer sur un rythme de croissance durablement dynamique que connaissaient depuis 1992, avec une ampleur incomparable, les Etats-Unis, un retournement des perspectives s'est produit. Dès 2000, la croissance américaine s'est modérée et l'Europe a connu en 2001 une tendance analogue. Au Japon, la reprise esquissée en 1999 et poursuivie en 2000 (+ 1,5 % de croissance) s'est arrêtée et a cédé la place à un recul de l'activité au deuxième trimestre 2001 (- 0,8 %). Le monde émergent est, lui, en phase de décélération et se trouve confronté à des risques financiers qui s'accroissent.
On assiste à une accumulation des interdépendances négatives, sans précédent depuis le début des années 90, période de la dernière récession mondiale.
Pourtant, les analyses conjoncturelles ne retenaient pas une telle issue. L'accent était plutôt mis sur le caractère transitoire du ralentissement, au moins pour les Etats-Unis et l'Europe ce qui était plutôt une bonne nouvelle pour ces zones, mais aussi pour le reste du monde.
Pour les Etats-Unis, leur ralentissement était expliqué par la fatalité d'une suspension de la phase haussière d'un cycle d'expansion, particulièrement vif et long. Un rebond était attendu, une fois les surcapacités éliminées.
Pour l'Europe, deux facteurs essentiellement passagers étaient avancés : l'effet du ralentissement américain et la flambée des cours des matières premières.
* 1 Celui-ci table sur une croissance de 2,5 % en 2002, soit le point médian d'une fourchette allant de 2,25 à 2,75 % de croissance.