2. Une volonté de faire de la Russie un partenaire central sur la non-prolifération
Compte tenu de l'orientation déjà définie unilatéralement par les Etats-Unis dans le cadre de la Nuclear Posture Review , il semble que la formalisation de la réduction des armes stratégiques importait moins aux autorités américaines que l'établissement avec la Russie d'une nouvelle relation permettant de coopérer dans la lutte contre le terrorisme et surtout contre la prolifération des armes de destruction massive.
Les responsables que la délégation a pu rencontrer au Conseil national de sécurité, au Département d'Etat ou au Pentagone ont marqué une vive préoccupation à ce sujet. Elle porte sur au moins trois domaines.
Tout d'abord, la sécurisation des stocks de plutonium et d'uranium hautement enrichi en Russie comme dans tous les pays de l'ex-URSS apparaît comme un souci prioritaire, compte tenu des risques de vols ou de détournements au profit d'Etats proliférants, voire d'organisation terroristes. Une inquiétude analogue porte sur les stocks d'armes chimiques , considérés comme mal protégés. Il est à cet égard significatif qu'un engagement financier très important (20 milliards de dollars) ait été annoncé dans cette perspective au sommet du G8 qui s'est déroulé au mois de juin au Canada.
Ces fonds seront consacrés, dans le cadre d'accords avec la Russie et les pays de l'ex-URSS, à la destruction d'armes chimiques, au démantèlement des sous-marins nucléaires retirés du service actif, à l'élimination des matières fissiles et à l'aide aux anciens chercheurs du secteur de l'armement. Le programme américain « Cooperative threat reduction program », qui vise notamment à empêcher la « fuite des cerveaux » de l'ex-URSS vers des pays développant des armes de destruction massive, est à cet égard cité en exemple.
Les responsables américains manifestent une préoccupation du même ordre concernant la mise en oeuvre effective par la Russie des conventions relatives à la destruction des armes chimiques et biologiques, les analyses de renseignement faisant état de la poursuite clandestine de certains programmes de développement et d'essais.
Enfin, le principal point d'achoppement dans le nouveau partenariat stratégique, apparemment non aplani lors du dernier sommet de Moscou, concerne le transfert par la Russie de technologies sensibles vers l'Iran dans les domaines nucléaire et balistique . Washington accentue la pression sur ce point vis-à-vis de la Russie, notamment en ce qui concerne l'aide fournie à Téhéran pour la construction dans le sud du pays de la centrale nucléaire de Boucher. En réponse à ces pressions, et tout en démentant les soupçons nourris par Washington, le Président Poutine a proposé de placer la centrale, qui doit être mise en route en septembre 2003, sous un régime d'inspection internationale.