2. Le processus de désarmement, démobilisation, réinsertion des anciennes forces militaires afghanes
Restaurer un environnement sécurisé en Afghanistan reste un défi à tous égards : après 23 ans de guerres et de conflits, le pays a généré de multiples groupes armés, voire de véritables armées locales, équipées d'innombrables armes légères et souvent d'armements lourds. Ces différentes forces constituaient les forces militaires afghanes (afghan military forces : AMF). Les accords de Bonn ont décidé un processus visant à désarmer ces groupes, à démobiliser leurs membres et à les réintégrer dans la vie civile ou dans les rangs, soit de la nouvelle armée afghane (ANA, Afghan National Army), destinée à devenir la seule force armée du pays, multiethnique et loyale au gouvernement central, soit dans ceux de la nouvelle police afghane (ANP, Afghan National Police).
Ce processus de DDR, financé essentiellement par le Japon mais aussi le Canada et le Royaume Uni, via un fonds du PNUD, est mis en oeuvre par le gouvernement afghan à travers l' « Afghan new Beginning Program». Ce processus, engagé en juillet 2003, a été achevé le 7 juillet 2005, sauf pour le volet réintégration qui se poursuivra en 2006. Il aura permis de désarmer 62 000 membres des AMF, d'en démobiliser 56 700 et d'en réintégrer 55 000. Par ailleurs, quelques 36 000 armes ont été collectées, auxquelles s'ajoutent 9 000 armes lourdes, soit la quasi-totalité du parc.
Le volet « réintégration » du programme DDR est le plus problématique. L'état déplorable de l'économie afghane ne permet évidemment pas de réinsérer rapidement ces combattants dans la vie active civile, ce qui les rend disponibles à toutes autres activités potentiellement illégales -trafics divers dont celui de la drogue- et toujours plus rémunératrices.
En juin 2005, a été engagé le processus, tout aussi nécessaire, de démantèlement et de désarmement des groupes armés illégaux (D.I.A.G.) . Ces milices locales, distinctes des AMF, constituent les « armées privées » des commandants locaux souvent liés au trafic de drogue et qui ont pris le relais des « Seigneurs de la guerre ». Ce processus est d'ailleurs lié aux élections législatives et régionales de septembre 2005 : la loi électorale interdit en effet la candidature de toute personne qui aurait des liens avec ces milices non officielles.