De nombreux facteurs d'explication aux interactions complexes
Les déterminants de l'obésité sont multiples et leur interaction complexe. Au-delà de facteurs biologiques ou génétiques individuels que l'on ne peut négliger, l'obésité résulte avant tout d'un déséquilibre entre l'apport alimentaire et la dépense énergétique . Mais ce déséquilibre est fortement conditionné par l'environnement des individus, aussi bien à un stade précoce que tout au long de la vie.
L'étude menée par l'Inserm comprend une analyse particulièrement complète des déterminants économiques du développement de l'obésité.
Elle identifie, en premier lieu, un aspect « baisse des prix » , constatant que le coût de la calorie s'est considérablement réduit au cours des années. Mais les prix sont également devenus inversement proportionnels à la densité calorique, ce qui signifie que les fruits et légumes, par exemple, sont aujourd'hui incomparablement plus chers que la plupart des produits gras et sucrés. De fait, en cinquante ans, le prix des corps gras a diminué de près de moitié, tandis que le prix des légumes a augmenté d'un tiers.
Un deuxième aspect important est la plus grande disponibilité des aliments , évolution aux conséquences très significatives dans l'augmentation de la prévalence de l'obésité. En effet, l'omniprésence des aliments à laquelle s'ajoute un grand choix d'aliments déjà préparés a permis non seulement une plus grande facilité d'accès à la nourriture, voire même l'immédiateté de l'accès à celle-ci avec les distributeurs automatiques, mais également une forte baisse du « prix complet » de l'aliment et donc une plus grande attractivité de celui-ci.
Les inégalités sociales de revenu et d'éducation amplifient ces deux aspects. Les études sur les achats alimentaires en fonction du revenu montrent par exemple de façon très claire que la principale différence dans le contenu du « panier d'achat » des ménages se retrouve dans les fruits et légumes frais, en raison de leur prix, mais aussi de leur moindre attrait, lié sans aucun doute à une insuffisante éducation sur leur utilité diététique, à une moindre habitude de consommation, et à la faible présence de ces produits dans les campagnes de promotion alimentaire.
Parallèlement, le coût de l'activité physique s'est accru, tant en termes directs que de coût d'opportunité, ce qui a encore contribué à déséquilibrer la relation entre apport et dépense d'énergie.
D'autres facteurs environnementaux, et non plus seulement économiques, peuvent être identifiés. Ils concernent en particulier les modes de vie . Ceux-ci sont en effet devenus plus sédentaires, aussi bien dans le travail que dans les loisirs (télévision, jeux vidéo, etc.). En outre, les moyens de transport, notamment automobiles, se sont considérablement développés.
En résumé et de façon schématique, on peut identifier quatre séries de facteurs dont l'analyse permet d'expliquer l'existence ou la progression de l'obésité :
- des facteurs individuels ;
- des facteurs liés à la famille et au domicile, c'est-à-dire à l'environnement le plus proche ;
- des facteurs liés aux amis, aux collègues, au lieu de travail, à l'école - le « micro-environnement » de l'individu ;
- des facteurs de type culturel, sociétal, politique ou législatif, se retrouvant dans le système alimentaire, les valeurs culturelles, les normes sociales, l'aménagement du territoire, l'urbanisme, etc.
L'ensemble de ces facteurs a un impact sur la prise de poids des individus et peut donc conduire au développement d'une obésité.