IV. LA LIBÉRALISATION DES ÉCHANGES COMMERCIAUX : QUEL IMPACT SUR LE DÉVELOPPEMENT ?
La Déclaration ministérielle de DOHA, en 2001, comporte quatre-vingt-dix fois le mot « développement ». Elle fixe comme objectif au cycle en cours le « développement grâce au commerce ».
La Conférence de DOHA reprenait ainsi le thème du développement des pays du Sud, très présent lors de la préparation de la Conférence de Seattle (soldée par un échec) et dans la contestation de la mondialisation qui s'était exprimée à cette occasion.
La Déclaration de DOHA a ainsi suscité de grandes espérances dans les pays en développement, et en particulier chez les plus pauvres d'entre eux.
Peut-on espérer, à la lumière des travaux réalisés par le CEPII, que le cycle en cours sera effectivement le « cycle du développement » ?
Une réponse positive à cette question ne pourra naître que d'un infléchissement des négociations en cours.
A. LIBÉRALISATION ET DÉVELOPPEMENT : UNE RELATION COMPLEXE
1. Libéralisation et creusement des inégalités mondiales
Les progrès de l'ouverture et des échanges au cours des quarante dernières années ne se sont pas traduits par une réduction des inégalités mondiales :
- sur cette période, les pays n'ont pas enregistré une croissance de leur PIB par tête d'autant plus élevée qu'ils étaient pauvres ;
- les écarts entre les deux groupes de pays situés aux extrémités de l'échelle des revenus, pays les moins avancés (PMA) d'une part, pays riches, d'autre part, se sont creusés. Alors qu'en 1970, le revenu par tête des PMA représentait (en parité de pouvoir d'achat) 10 % de celui des pays riches, il n'en représentait plus que 6 % en 2000. Sur cette période, la croissance par tête, en moyenne annuelle a été de 2,1 % pour les pays riches contre 0,2 % pour les PMA ;
- le diagnostic sur l'évolution des inégalités à partir d'un indicateur qui confronte la répartition du revenu mondial à celle de la population (« coefficient de Gini ») pourrait paraître plus optimiste. A partir de 1980, on observe, en effet, une réduction des inégalités de revenu par tête au niveau mondial. Cependant, si l'on exclut la Chine qui compte pour 20 % de la population mondiale et qui connaît un rattrapage économique rapide sur la période, on constate cependant que les inégalités ont, au contraire, tendance à s'accroître à partir du début des années 80 29 ( * ) .
* 29 Ces chiffres sont tirés de la Lettre du CEPII n° 205, octobre 2001 : « Repenser l'ouverture du Sud ».