IV. ALLOCUTIONS DE CLÔTURE
A. M. FRANÇOIS GOULARD, MINISTRE DÉLÉGUÉ À L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET À LA RECHERCHE
Monseigneur,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Présidents, représentants de la communauté scientifique ici rassemblée,
Permettez-moi de vous saluer, Monseigneur, pour votre présence et votre participation extrêmement active à cette journée, et de vous dire à quel point nous apprécions votre engagement et celui, ancien, de votre famille, qui a permis à la science de progresser. Nous savons à quel point Monaco s'illustre dans ses recherches océanographiques et polaires. C'est l'occasion de vous le dire, très simplement mais aussi très chaleureusement.
Je voudrais également saluer les parlementaires qui sont très engagés dans ces questions scientifiques, comme M. le Président Revol, et tout spécialement polaires, comme M. le Sénateur Gaudin, une des nombreuses personnes dans cette salle à connaître les régions polaires. Je n'ai pas cette chance, mais je sais, pour l'avoir lu à maintes reprises, que les pôles exercent une fascination auprès de ceux qui les ont découverts. Je sais également que, de ce point de vue, l'année polaire internationale présente un caractère à part, avec une force d'émotion tout à fait exceptionnelle. Les années polaires internationales sont rares et représentent un événement en soi.
Le caractère international d'un événement scientifique doit être mis en valeur : la science appartient à toute l'humanité, les femmes et les hommes de science travaillent pour toute l'humanité. Nous avons parfois l'occasion de célébrer cette réunion des forces scientifiques dans de grands projets : nous avons eu le plaisir d'accueillir sur notre sol le projet ITER, qui rassemble des moyens exceptionnels pour, peut-être, découvrir l'énergie de demain. Chaque rassemblement de la communauté internationale pour un objectif scientifique est un motif de satisfaction intense. Nous savons qu'en étant réunis, nous sommes plus efficaces. C'est également un beau symbole que tous les pays se réunissent dans un but scientifique.
Quand nous parlons des pôles, le symbole est encore plus fort, pour la raison que je venais d'indiquer : à savoir, cette force d'émotion tout à fait spécifique, mais également parce qu'il existe des statuts spécifiques, notamment en Antarctique, avec des accords internationaux particulièrement protecteurs que nous devons développer et prolonger. Quand la communauté internationale, sous l'impulsion des femmes et des hommes de science, admet que des territoires doivent être préservés, protégés, consacrés à la science, où les nationalités doivent s'effacer face à des enjeux qui nous dépassent, parce que communs à l'ensemble de l'humanité, on peut y voir des signes particulièrement importants et positifs.
L'année polaire internationale, aujourd'hui, a certainement changé de nature par rapport à celles qui l'ont précédée. Je veux dire par là que les explorateurs, les géographes, ceux qui, autrefois, essayaient tout simplement de connaître notre planète dans tous ses aspects ont aujourd'hui laissé la place à une communauté scientifique.
La recherche polaire engage non seulement les spécialistes des pôles, mais couvre aussi des champs entiers de la science. Il ne s'agit plus seulement de mieux connaître les régions polaires ; des considérations scientifiques d'une ampleur très large sont en jeu. Vous avez évoqué les questions du changement climatique et de la biodiversité : une communauté d'intérêt se fait jour, dans ce domaine, entre les recherches menées dans nos différents pays et celles qui ont pour base avancée les recherches polaires. Une dimension nouvelle et une importance toute spéciale leur sont ainsi conférées.
L'intérêt du grand public, la fascination que j'évoquais, nous permettent de faire de l'année polaire internationale une occasion d'attirer l'attention de nos contemporains sur les grandes questions scientifiques. Nous ne pouvons pas manquer cette opportunité unique d'aborder les grands sujets scientifiques d'aujourd'hui, de les évoquer sous un angle susceptible de parler au grand public, de les évoquer sous des aspects scientifiques mais aussi technologiques. L'année polaire internationale doit donc être un moment de diffusion de la culture scientifique et technique. Vous savez à quel point, en France, nous y sommes attachés, et nous mesurons à quel point il est important de sensibiliser nos compatriotes aux enjeux de la science : il y va de notre avenir.
Pour notre pays, c'est une ancienne tradition. Terre de marins, d'explorateurs, de scientifiques audacieux, la France peut se prévaloir d'une présence dans les pôles qui n'allait pas de soi : certains pays sont naturellement portés par la géographie à développer des recherches polaires. Tel n'est pas le cas de la France : l'outre-mer austral ne représente que des « confettis » et des terres inhabitées. Nous avons, par volonté scientifique, esprit d'aventure et d'initiative, manifesté depuis fort longtemps un intérêt pour les pôles. Nous devons affirmer cette tradition scientifique, qui s'exerce davantage au sud qu'au nord. C'est pourquoi il faut tout particulièrement saluer l'aventure dans l'Arctique de Jean-Louis Etienne, qui va en quelque sorte porter nos couleurs dans cette région polaire.
Nous devons nous montrer fidèles à cette tradition, en nous appuyant sur les moyens et les méthodes d'aujourd'hui. Naturellement, l'année polaire internationale a donné lieu à un effort particulier : nous avons, via l'Agence nationale de la recherche, lancé des appels à projets pour donner des moyens supplémentaires aux recherches. Nous avons alloué 13 millions de crédits en plus des sommes que nous consacrons chaque année à la recherche. Mais il s'agit avant tout d'une occasion de nous pencher sur ces sujets, ce que le rapport Gaudin nous permet de faire avec un panorama d'ensemble particulièrement précieux.
Naturellement, notre pays doit assumer totalement ses responsabilités, maintenir ses moyens, entretenir ses bases, mais pour l'avenir la direction la plus efficace est celle de la coopération internationale et particulièrement européenne. Je l'ai déjà affirmé, il s'agit d'une cause qui nous dépasse et concerne l'humanité tout entière. La dimension européenne, à tout le moins, doit donner un élan particulier grâce au rassemblement des moyens, de sorte que l'Europe, et à travers elle la France, soit présente dans les régions polaires et participe à cette aventure scientifique fascinante, grâce, Mesdames et Messieurs, à vous toutes et à vous tous.
Je voudrais vous remercier de votre contribution éminente à la science aujourd'hui, aux grandes questions d'une importance vitale pour notre planète et pour les femmes et les hommes qui la peuplent, et célébrer ce grand moment que représente l'année polaire internationale. Je vous remercie.
Bruno ROUGIER
Merci beaucoup, Monsieur le Ministre. Nous allons maintenant accueillir un homme qui a prêté une attention particulière à ces interventions, suivant en cela la tradition familiale. En effet, le Prince Albert Premier a participé à quatre expéditions au Spitzberg. Je veux parler, naturellement, de Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco.
Monseigneur, le 16 avril dernier, vous avez planté le drapeau monégasque au pôle Nord au terme d'une expédition en traîneau sur la banquise, dans un geste d'hommage à votre trisaïeul, mais aussi dans un geste fort pour attirer l'attention sur le réchauffement climatique.