B. PRIORITÉS DE LA DOUBLE PRÉSIDENCE FRANÇAISE : DISCOURS DE M. FRANÇOIS FILLON, PREMIER MINISTRE, LU PAR S.E MME CHRISTINE ROGER, REPRÉSENTANTE PERMANENTE FRANÇAISE AU CONSEIL DE L'UEO ET AU COPS DE L'UNION EUROPÉENNE
La France exercera à compter du 1 er janvier 2008 la présidence de l'Union de l'Europe occidentale et six mois plus tard celle de l'Union européenne. À la demande de l'Assemblée, le gouvernement a été invité à présenter ses priorités en matière de défense et de sécurité. On regrettera qu'aucun ministre n'ait pu être présent dans l'hémicycle, situé pourtant au coeur de Paris, et que l'intervention du chef du Gouvernement se résume à une lecture par un haut fonctionnaire (1 ( * )) , coupant court à tout échange avec les parlementaires. Le règlement de l'Assemblée de l'UEO réserve en effet les questions des parlementaires aux seuls membres des gouvernements.
Saluant les progrès considérables de la politique européenne de défense enregistrés ces dernières années au travers des missions effectuées dans les Balkans, en Afrique, au Proche-Orient ou en Afghanistan, le Premier ministre a tenu à souligner la spécificité de l'action européenne en matière d'opération de gestion de crise, combinant contribution militaire, capacité civile de reconstruction et aide au développement. Cette action est par ailleurs toujours menée en étroite coopération avec les organisations internationales, les opérations en cours illustrant cette collaboration avec l'ONU ou l'Union africaine. Cette politique est, aux yeux du gouvernement français, complémentaire de celle de l'OTAN. M. Fillon a ainsi souhaité réfuter toute opposition entre les deux instances, 21 des 26 États membres de l'OTAN étant également membres de l'Union européenne.
L'Europe de la défense est considérée par le Premier ministre comme une des priorités de la présidence française de l'Union européenne à compter du 1 er juillet 2008. La France entend accompagner le renforcement de la défense européenne, attendu par l'opinion publique européenne. Le gouvernement français s'appuiera, en conséquence, sur les apports du traité modificatif sur le sujet pour la rendre encore plus concrète aux yeux des citoyens européens.
Au-delà du nouveau cadre juridique, les progrès de la défense européenne passent de surcroît par le développement des capacités militaires, mais également civiles, mises à sa disposition. Le gouvernement français appelle à cet effet une rationalisation des efforts des États membres de l'Union européenne mais également un renforcement des capacités de planification. Par delà, M. Fillon envisage une relance de la politique européenne d'armement.
M. Fillon souhaite parallèlement une relecture de la stratégie européenne de sécurité adoptée en 2003 en vue de tenir compte de nouvelles menaces ou de nouveaux défis. Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationales, qui devrait être rendu public au printemps prochain, constituera, aux yeux du gouvernement, une contribution à la réflexion européenne en la matière.
Enfin, sur le terrain, l'année 2008 coïncidera avec le règlement de la question kosovare, où l'Europe devra, selon M. Fillon, prendre toutes ses responsabilités, au travers notamment de missions de renforcement des structures policières ou de l'État de droit. La mission civile devrait ainsi comprendre 1 800 personnes, policiers ou magistrats, et constituera un défi pour l'Union quant à sa capacité de mobilisation et de coordination des moyens. L'intervention européenne au Darfour pour aider les populations déplacées ou réfugiées dans l'est du Tchad et le nord-est de la République Centrafricaine constituera également une nouveauté pour l'Union tant la projection de 4 000 hommes à 5 000 kilomètres du continent européen peut s'avérer délicate.
L'UEO, comme l'Assemblée, n'ont été salués qu'au début de l'intervention du Premier ministre, pour mettre en avant la « culture de sécurité et de défense européenne » véhiculée par ses membres. Les ambitions de la présidence française de l'UEO restent en conséquence difficiles à évaluer.
* (1) Mme Christine Roger, représentante permanente française au conseil de l'UEO et au COPS.