D. LA MICROÉLECTRONIQUE EN EUROPE : UN SECTEUR INDUSTRIEL À LA CROISÉE DES CHEMINS

1. Des atouts non négligeables

a) Des leaders industriels européens

Dans un certain nombre de segments de l'industrie des semiconducteurs, l'industrie européenne détient un leadership.

C'est par exemple le cas de l'équipement automobile où quatre compagnies européennes figurent parmi les dix premières mondiales : Infineon, STMicroelectronics, Philips et Bosch.

De même, plusieurs entreprises européennes se distinguent dans le domaine des télécommunications : STMicroelectronics, NXP et Infineon se classent parmi les dix premières compagnies mondiales pour les ventes de semiconducteurs sans fils tandis que Nokia, Alcatel-Lucent et Ericsson font partie des géants de l'industrie électronique des télécommunications.

Par ailleurs, certains fournisseurs européens en équipement et en matériaux se sont imposés comme leaders mondiaux.

En 10 ans, ASML est devenu le numéro 1 mondial dans le domaine de la lithographie avec une part de marché de plus de 50 %.

Quant à SOITEC , entre 1991 et 2007, il a imposé une situation de quasi-monopole en tant que fournisseur de l'industrie microélectronique avec le développement et l'industrialisation d'un matériau innovant : le SOI (silicium sur isolant) qui entre dans la fabrication des puces.

b) Des centres de recherche européens reconnus mondialement

Dans le domaine de la microélectronique, deux centres de recherche européens sont considérés comme des pôles d'excellence au niveau mondial : le LETI, l'IMEC. Par ailleurs, le centre de recherche d'Eindhoven aux Pays-Bas et l'alliance dans le domaine de la microélectronique des Fraunhofer constituent également des pôles d'excellence de niveau international.

- Le LETI

Laboratoire du CEA implanté à Grenoble, le LETI est l'un des principaux centres européens de recherche appliquée en électronique. Son activité est consacrée à plus de 85 % à des recherches finalisées avec des partenaires extérieurs.

Avec 200 partenaires et 350 contrats par an, le LETI est un interlocuteur privilégié du monde industriel. Il a suscité la création de près de 30 start-ups de haute technologie, dont SOITEC, leader mondial du silicium sur isolant. Il dépose quelque 180 brevets par an et gère un portefeuille de 1.000 inventions protégées par des brevets.

Les principaux domaines d'activité du LETI sont les suivants :

- micro et nanotechnologies pour la microélectronique,

- technologies, conception et intégration des microsystèmes,

- technologies d'imagerie, photonique sur silicium,

- micro et nanotechnologies pour la biologie et la santé,

- technologies de communication et objets nomades.

Doté d'un budget annuel de 174 millions d'euros, le LETI emploie 1.000 personnes auxquelles s'ajoutent plus de 500 collaborateurs extérieurs (thésards, partenaires de recherche, industriels). Il dispose de 11.000 m² de salles blanches opérées en continu, d'un parc d'équipement d'une valeur de 200 M€ et investit plus de 40 M€ par an en nouvelles machines.

- L'IMEC

Créé en 1984 par le gouvernement flamand, l'IMEC est devenu l'un des meilleurs centres de recherche au niveau mondial dans le domaine de la microélectronique.

Il est chargé de faire de la recherche 3 à 10 ans en amont des besoins industriels dans les secteurs suivants :

- la nanoélectronique basée sur le CMOS et post-CMOS (lithographie avancée, recherche sur les matériaux, les interconnexions, les mémoires, l'intégration en 3 dimensions des puces);

- l'intégration hétérogène ;

- les systèmes nomades embarqués ;

- la photovoltaïque ;

- l'électronique biomédicale ;

- l'électronique organique ;

- les transducteurs sans fil autonomes.

En 2007, l'IMEC a travaillé avec plus de 1.000 partenariats en provenance du monde entier dans le cadre de « programmes d'affiliation industrielle » (Industrial Affiliation Program) qui réunissent plusieurs industriels sur des programmes technologiques génériques. Ainsi, son programme de recherche sur les mémoires réunit depuis 2007 les 5 plus grands fabricants mondiaux, à savoir Samsung Electronics, Hynix Semiconductor Inc, Micron Technology, Qimonda et Elpida Memory Inc.

Doté d'un budget de 244,5 millions d'euros et employant près de 1.600 personnes (dont environ 250 étudiants et 350 salariés des entreprises partenaires de l'IMEC), l'IMEC dispose de locaux et d'équipements très performants. Ainsi, il accueille l'un des deux prototypes d'équipement lithographique à extrême ultra-violet.

Par ailleurs, il possède deux salles blanches fonctionnant 24h sur 24, 7 jours sur 7 : l'une, de 3.200 m 2 , est équipée d'une ligne de production en 300 mm ; l'autre, de 5.200 m 2 dispose d'une ligne de production en 200 mm.

- Le Holst Centre

En 2005, l'IMEC a créé avec le centre de recherche hollandais TNO le Holst Centre . Ce dernier, implanté sur le centre de recherche de Philips à Eindhoven, est spécialisé dans les solutions utilisant des transducteurs sans fil autonomes et l'électronique sur support souple. 120 chercheurs y travaillent actuellement, dont le nombre devrait quasiment doubler d'ici 2010.

- Le Fraunhofer-Verbund Mikroelektronik

En 1996, dix instituts Fraunhofer ont signé une alliance Fraunhofer dans le domaine de la microélectronique (Fraunhofer-Verbund Mikroelektronik). Représentant 1.600 chercheurs et disposant d'un budget de 175 millions d'euros, cette alliance est spécialisée en recherche appliquée dans les domaines suivants :

- le « More Moore » et le « Beyond CMOS »

- l'intégration des systèmes intelligents (Smart System Integration)

- la communication et le divertissement

- les systèmes d'assistance (créer un environnement intelligent permettant d'aider les personnes dans la vie quotidienne)

- les microsystèmes et la médecine

- la lumière

- La mobilité

- La sécurité

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