B. D'IMPORTANTS INVESTISSEMENTS QUE LA CRISE NE DOIT PAS CONDUIRE À NÉGLIGER
Ces différents axes de recherche-développement nécessitent des investissements d'un montant considérable.
Alors que la Commission, dans sa Deuxième analyse stratégique, n'aborde pas la question du financement ni ne mentionne guère de chiffres, elle a récemment publié une communication 3 ( * ) , dans laquelle elle évalue de la manière suivante le montant des investissements publics et privés supplémentaires nécessaires pour le développement des technologies à faible intensité carbonique (SET Plan) :
- 6 milliards d'euros pour l'énergie éolienne afin que celle-ci contribue jusqu'à 20 % de la production d'électricité de l'Union européenne à l'horizon 2020 et près de 33 % en 2030 ;
- 16 milliards d'euros pour l'énergie solaire pour que l'Union européenne produise près de 15 % de son électricité de cette façon en 2020 ;
- 2 milliards d'euros pour le réseau électrique, l'objectif étant qu'en 2020, 50 % des réseaux favorisent l'intégration sans rupture des énergies renouvelables et fonctionnent de manière à équilibrer l'offre et la demande ;
- 9 milliards d'euros pour les bioénergies durables, avec l'objectif d'une contribution au bouquet énergétique européen provenant des bioénergies à coût compétitif utilisées conformément aux critères de durabilité prévus par la directive 2009/28/CE sur les sources d'énergie renouvelables de 14 % au minimum ;
- 13 milliards d'euros pour le piégeage, le transport et le stockage du CO2, l'objectif étant de faire baisser le coût du piégeage et du stockage de carbone ;
- 7 milliards d'euros pour la fission nucléaire durable, afin que les premiers prototypes de réacteurs de 4 e génération puissent commencer à fonctionner d'ici 2020 ;
- 5 milliards d'euros pour les piles à combustible et hydrogène, sur les années 2013-2020.
Par ailleurs, la Commission chiffre à 11 milliards d'euros au cours des dix prochaines années les investissements nécessaires pour l'initiative « villes intelligentes », qui « vise à mettre en place des conditions permettant de déclencher la commercialisation à grande échelle de technologies d'amélioration de l'efficacité énergétique », en particulier dans le domaine des bâtiments, des réseaux d'énergie et des transports.
Selon la Commission, ces chiffres correspondent à des investissements supplémentaires de 50 milliards d'euros d'ici 2020, soit 8 milliards d'euros par an au lieu de 3 milliards actuellement.
La communication de la Commission a suscité certaines critiques, en raison de la place prépondérante qu'elle accorderait aux investissements en faveur de l'énergie nucléaire et du captage et stockage de carbone, au détriment des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Certaines sources d'énergie apparaissent en effet négligées, telles que les énergies marines ou le solaire thermique. De même le potentiel de la cogénération est-il encore sous-estimé.
Il n'en demeure pas moins que les chiffres ainsi avancés par la Commission ne revêtent aucun caractère exhaustif. Ils ne prennent pas en compte les investissements dans les réseaux et les capacités de production d'électricité et de gaz, estimés, respectivement, à 1 000 et 150 milliards d'euros d'ici à 2030.
Cet aspect sera naturellement à prendre en compte dans la vaste négociation qui va débuter sur la révision des perspectives financières .
Il convient de rester vigilant pour qu'une part sensible des investissements nécessaires au développement des divers projets énergétiques ne soit reportée du fait de la crise économique, alors qu'il s'agit d'enjeux de moyen et long terme conditionnant non seulement la sécurité énergétique de l'Europe, mais plus largement la promotion d'une économie durable.
* 3 COM (2009) 519 final.