C. CONTRIBUTION CFE-CGC

Axes de réflexion proposés :

Moyens humains, évaluation des expérimentations et contribution du « terrain »

Entre 2008 et 2011, 56 700 postes au total ont été supprimés dans l'Education Nationale. Pour cette année, le Ministre envisage 16 000 suppressions de postes dont 4 800 dans le second degré. En 2010 déjà, 6 589 postes n'avaient pas été renouvelés pour le secondaire. Il s'agit d'une part de personnels enseignants mais également de l'équipe d'encadrement éducatif. Le SNPDEN, syndicat des chefs d'établissements et le SI-EN, syndicat des inspecteurs pédagogiques, ont lancé en août 2001 un appel pour « sauver le système éducatif ». Ils sont d'une part très inquiets au regard des suppressions de postes envisagées mais également quant à l'absence de formation préalable à l'encadrement d'une classe pour les jeunes professeurs qui viennent d'obtenir leur concours. Même si l'éducation prioritaire n'est pas, à l'heure actuelle, concernée par ces diminutions d'effectifs cela contribue à détériorer au plan global les conditions de travail des enseignants et des élèves. Sur un plan global, c'est l'ensemble du système éducatif qui se détériore. Le chercheur Pascal Bressoux, qui dirige le laboratoire en sciences de l'Éducation de l'université Pierre-Mendès-France de Grenoble, a expliqué que « les études montrent que la réduction de la taille des classes a un impact très significatif sur les acquis des élèves, par exemple, en français et en mathématiques, mais aussi sur les facteurs comportementaux : ils travaillent plus en cours ». De plus, il s'avère impossible pour l'enseignant de s'attarder sur les difficultés particulières de certains élèves. Lorsque l'on aborde la problématique de l'éducation dans les zones urbaines sensibles, plus qu'ailleurs, il convient de disposer, en nombre plus important, de personnels enseignants mais aussi de l'encadrement éducatif nécessaire. La CFE-CGC ne soutient pas la politique de non renouvellement des enseignants et personnels éducatifs engagée depuis plusieurs années par le Ministère. L'Education Nationale doit prendre en compte les individualités et valoriser les potentiels et acquis (même s'ils ne relèvent pas du champ scolaire). L'effort doit porter sur cet accompagnement de proximité qui permettra au jeune d'acquérir une véritable autonomie mais aussi sur la qualité de l'orientation qui lui est proposé. L'orientation en fin de troisième peut-être très mal vécue lorsqu'elle n'a pas fait l'objet d'une véritable analyse des motivations et des aptitudes de l'élève qui, au regard de son jeune âge et de ses évolutions futures, a des difficultés à s'inscrire dans un choix « définitif » . Nous pensons que le système éducatif doit acquérir plus de souplesse afin de permettre aux jeunes, à tout moment du cursus, de changer de voie et de se réorienter et que des personnels qualifiés soient dédiés à cet accompagnement. Nous estimons aussi que les enseignants doivent également être accompagnés par l'encadrement et l'ensemble des acteurs du système éducatif. Cela passe par un droit à la formation (au regard des spécificités du métier mais aussi de celles de ces zones sensibles), du temps disponible pour un soutien éventuel ou pour échanger et travailler en équipe (la cohésion de l'équipe éducative est fondamentale dans les zones difficiles) et la reconnaissance de leur travail et investissement personnel qui va bien souvent au-delà de ce qui est demandé dans le cadre de leurs fonctions.

En 2006, le plan de relance de l'éducation prioritaire a permis la création de 254 RAR « Réseaux Ambition Réussite » dans les zones où la difficulté est la plus importante. Dans les autres zones d'éducation prioritaire, il s'agit des RRS « Réseaux de Réussite Scolaire ». Des moyens supplémentaires avaient été attribués notamment en termes d'enseignants. La CFE-CGC souhaite qu'une réflexion soit menée, sur la base des résultats qualitatifs des dispositifs actuels, sur la mise en place d'un nouveau plan d'éducation prioritaire pour les zones urbaines sensibles pour lequel les organisations syndicales pourraient également être sollicitées. En effet, il apparaît que le rapport de l'Éducation Nationale sur l'éducation prioritaire fait état d'un bilan mitigé qui signale des insuffisances au niveau des dispositifs.

Le programme CLAIR « Collèges et Lycées pour l'Ambition, l'Innovation et la Réussite » est expérimenté depuis la rentrée 2010 dans des établissements concentrant le plus de difficultés en matière de climat scolaire et de violence. Il concernait 105 collèges et lycées et il était question de son extension à la rentrée 2011. Pourtant, il apparait que les personnels des établissements concernés et leurs syndicats (SNES-FSU et FNEC-FP-FO) s'inscrivent contre le maintien ou l'entrée dans un dispositif dérogatoire qui n'a pas donné lieu à une consultation systématique du conseil d'administration de l'établissement concerné. Il nous semble fondamental que les collèges puissent rester autonomes et mettre en place des projets pédagogiques pérennes qui ne soient pas des expérimentations qui changent au gré des ministres. Les syndicats signalent par ailleurs leurs vives inquiétudes sur le devenir des RRS dont il n'a pas du tout était question dans les déclarations sur l'avenir de l'éducation prioritaire. Les principes du programme CLAIR portant sur la continuité pédagogique entre l'école primaire et le collège, la conduite de classe et la mise en place de modalités variées de prise en charge et de progressions pédagogiques pour les élèves, l'organisation de travaux interdisciplinaires et la conduite de projets, l'organisation du temps scolaire en encourageant la pratique régulière d'activités physiques et sportives et d'activités artistiques, et la définition du projet d'orientation de l'élève en lien avec le parcours de découverte des métiers et des formations, nous semblent a priori pertinents. Pour autant nous nous interrogeons sur la réalité de réalisation sur le terrain. Les équipes éducatives ont-elles les moyens de mise en oeuvre ? Quelles sont les difficultés qu'elles rencontrent et comment les accompagner au mieux ? Quelle est leur vision de l'efficacité du programme ? Le programme répond-il aux difficultés les plus prégnantes qu'elles rencontrent ? Nous souhaitons que l'école ne soit plus synonyme d'échec et de laissés pour comptes pour une partie de la jeunesse. Il faut la « reconstruire » afin qu'elle permette à tous de réussir. Nous sommes opposés à la discrimination par le diplôme et nous pensons que l'ensemble des filières de formation doivent être valorisées. Elles sont assez nombreuses pour permettre à n'importe quel jeune de trouver sa voie en fonction des ses aptitudes et de ses centres d'intérêts et c'est en ce sens que nous concevons la réussite. Chaque jeune a des potentialités inexploitées et aucun ne doit être considéré comme « irrécupérable ». C'est au système éducatif de se remettre en question et se donner les moyens de remporter ce challenge.

Concernant les déplacements de la Sénatrice Fabienne Keller prévus dans certains quartiers de rénovation urbaine, la note d'information transmise sur le projet précise qu'il « est également envisagé d'organiser des rencontres avec les enseignants (principaux, conseillers principaux d'éducation, coordonnateurs du réseau d'éducation prioritaire, parents d'élèves) et les acteurs de la ville et des quartiers (associations culturelles, sociales, sportives, intervenants sociaux, éducateurs...) ». Nous pensons qu'il est fondamental d'organiser des concertations avec le « terrain » afin de faire remonter les difficultés mais aussi les expérimentations concluantes qui pourraient être dupliquées ailleurs. Là encore, un diagnostic doit être fait et partagé.

La rénovation urbaine dans la prise en compte des besoins de la jeunesse

La CFE-CGC estime également que les « années collèges » sont impactés par de nombreux facteurs notamment celui de l'environnement et des conditions de vie. En ce sens, il y aurait un intérêt certain à systématiquement intégrer, dans le cadre du programme national de rénovation urbaine, une réflexion accès sur les besoins spécifiques de la jeunesse dans les quartiers classés en zones urbaines sensibles. En effet, ce programme intervient sur des opérations d'aménagement urbain, la réhabilitation, la résidentialisation, la démolition et la production de logements, la création, la réhabilitation et la démolition d'équipements publics ou collectifs, la réorganisation d'espaces d'activité économique et commerciale, ou tout autre investissement concourant à la rénovation urbaine. En 2009, dans le cadre de la deuxième phase du « Plan Espoir Banlieues », une mesure de fermeture des collèges les plus dégradés devait être engagée dans les quartiers qui relèvent du programme national de rénovation urbaine, notamment dans les 215 quartiers prioritaires. Ces projets devaient aboutir à la destruction de ces établissements ou à leur reconstruction à moyen terme avec le soutien de l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine. Dix projets devaient être lancés d'ici 2010 sous condition d'éligibilité au cahier des charges défini par la Direction Générale de l'Enseignement Scolaire et la Délégation Interministérielle à la Ville. Notre Confédération pense qu'il est important que les structures d'accueil des élèves soient adaptées et aux normes en particulier dans des zones particulièrement touchées par la précarité et que ces projets se poursuivent pour tous les établissements où cela s'avère nécessaire. En termes de représentation il est important pour ces populations socialement défavorisées de constater que l'État accorde le même soin à toutes les écoles de la République.

Dans les zones urbaines sensibles se pose de manière accrue la question de la sécurité. Il s'agit d'une part de la sécurité des enseignants, au sein de l'établissement, qui au fil des années ont vu leurs conditions de travail se dégrader et qui sont fréquemment victimes d'incivilité voire, dans certains cas, d'atteinte physique à leur personne. Cet état de fait nécessite une réflexion importante au sein de l'établissement en termes de sensibilisation, de prévention, de mise en place d'un accompagnement de proximité et d'un système de sanction efficace et porteur de valeurs (travaux d'intérêts généraux, temps consacré à la réalisation d'un travail de réflexion portant sur des thèmes associés - violence, incivilité, égalité homme femme- et présenté en classe sous la forme d'un exposé). Il y a également la sécurité des élèves qui peut être remise en cause par d'autres élèves qui, au sein de l'établissement, pratiquent l'intimidation et le racket. Là encore les dispositifs d'encadrement doivent être repensés notamment en termes de personnels disponibles afin que ce type de situations n'ait pas lieu. Lorsque l'on parle de sécurité, cela concerne également l'espace extérieur à l'enceinte de l'établissement. Ce lieu d'apprentissage ne doit permettre aucune intrusion extérieure malveillante et ses abords doivent également être sécurisés avec une surveillance assurée par un professionnel à même de gérer ce type de situation ou dans les cas les plus difficiles par le biais de rondes régulières assurées par les forces de l'ordre. A cette fin, il convient de repenser la rénovation urbaine en termes de structure d'accueil adaptée du point de vue de l'architecture.

D'autre part, la rénovation urbaine permettra d'inciter à la mixité sociale et non à la ghettoïsation. Il faut rendre ces zones défavorisées plus attractives et ainsi développer la mobilité. En ce sens, la qualité et l'efficience du réseau des transports doit faire l'objet d'une réflexion qui portera également sur la dimension coût. La CFE-CGC souhaite bannir les propagandes commerciales et la médiatisation de la ghettoïsation qui vendent clé en main un langage, un mode de vie, et qui endoctrinent ces enfants et ne permettent pas le brassage des populations et des catégories.

La question des rythmes scolaires dans les zones urbaines sensibles

Notre Confédération avait été sollicitée le 10 novembre 2010 par le comité de pilotage de la Conférence sur les rythmes scolaires pour apporter une contribution sur cette thématique. Nous pensons que nos positionnements trouvent d'autant plus d'écho dans les zones urbaines sensibles.

Nous pensons qu'il serait pertinent de se recentrer sur le « socle commun de connaissances et de compétences » existant afin d'alléger le volume horaire des cours dans les établissements concernés. Cet allégement permettrait l'intégration d'un corpus d'heures dédiées aux activités culturo-sportives et participerait en partie à la lutte contre l'échec scolaire, la violence et l'incivilité. En effet, des expérimentations prouvent que ce type d'activité peut aider les jeunes en difficultés à renouer avec le système scolaire et à s'inscrire dans une dynamique positive avec un autre regard porté sur soi. Ces heures dédiées seraient obligatoires et concerneraient tous les collèges implantés dans des zones d'éducation prioritaires ou zones urbaines sensibles (Réf texte du Ministère de l'Éducation Nationale : « Les activités sportives et culturelles sont privilégiées pour l'éducation à la citoyenneté et pour rompre l'isolement des établissements, tout comme les technologies d'information et de communication, et les « pôles d'excellence » - pôles scientifiques, sportifs, parrainage par des étudiants - en ZEP et REP »). D'une manière générale, les établissements doivent être encouragés et soutenus dans le cadre d'un développement de partenariats avec les établissements à caractère sportif ou culturel proches et les collectivités qui ont la possibilité de contribuer, à divers titres, à la mise en oeuvre de ces activités.

Nous sommes favorables à une annualisation des heures de cours pour les élèves afin de pouvoir organiser le temps de travail avec davantage de souplesse et de pertinence au regard des différentes matières et moments de la journée.

Nous nous prononçons également en faveur d'une annualisation du temps de travail des enseignants sous réserve que cela confère une certaine souplesse au niveau organisationnel mais sans toutefois modifier le nombre d'heures d'exercice habituellement demandées et les conditions de travail d'une manière générale.

L'allégement des programmes permettra aussi de dégager un corpus annuel d'heures que nous souhaitons attribuer à l'aide aux devoirs et à la préparation des contrôles. Ces heures seront obligatoires pour tous les élèves, elles feront partie intégrante du programme de formation. Il est souhaitable qu'elles soient quotidiennes et instaurées en dernière heure de l'après-midi (1h par jour). L'objectif est de développer une égalité des chances de réussite car les élèves n'ont pas tous la possibilité d'être soutenus par leurs parents dans le cadre de leur apprentissage ou encore les conditions de la vie familiale font qu'ils n'ont pas la possibilité de réaliser les devoirs demandés dans de bonnes conditions. Ces heures de soutien seraient dispensées et encadrées par les enseignants et ne viendraient pas en supplément des heures dues dans le cadre habituel de leur fonction. D'une manière générale, il faut développer le travail en groupe restreint afin d'aider au mieux les élèves les plus en difficultés. Nous sommes également favorables à ce que les nouvelles technologies trouvent leur place dans les enseignements car elles sont indispensables dans la société d'aujourd'hui mais aussi parce qu'elles confèrent un aspect ludique à la transmission des savoirs.

Il nous paraît fondamental que les enseignants puissent disposer de temps d'échanges qui leur permettraient de mutualiser les « bonnes pratiques » et de travailler en équipe pour plus d'efficacité et une meilleure gestion du temps (conseils, partage des informations et des documents, échanges concernant des élèves en difficultés...). Ce temps n'est actuellement pas prévu mais pourra l'être dans le cadre d'une annualisation du temps de travail avec un corpus annuel d'heures dédiées. Nous souhaitons également qu'à la demande les enseignants travaillant dans les zones urbaines sensibles puissent bénéficier de formations adaptées qui permettent la meilleure gestion possible des élèves difficiles. Ce principe de formation à la gestion de classe étant déjà mis en place dans le cadre du programme CLAIR.

L'établissement scolaire espace ouvert sur le quartier

Nous pensons que les établissements doivent être des lieux ouverts sur le quartier et ses habitants. D'une part nous sommes favorables à toutes les initiatives qui pourraient impliquer des parents d'élèves dans des projets d'établissements et dans le suivi de la scolarité de leurs enfants. A ce titre, l'expérimentation concernant une « mallette des parents » menée dans l'académie de Créteil pour la classe de 6 ème a donné des résultats positifs. Il s'agit d'outils d'information destinés aux parents (DVD, fiches supports) mais aussi de mise en place d'ateliers-débats au sein de l'établissement. Nous pensons que les initiatives du « terrain » doivent être soutenues et encouragées car les personnels en prise quotidienne avec les problématiques éducatives nous semblent les mieux placés pour innover et évaluer la pertinence des outils mis en place. En 2010-2011, sur décision de l'Éducation Nationale, ce dispositif a été étendu à 1 300 collèges et un référent académique « parents d'élèves » assure le suivi et en coordonne l'accompagnement. D'autre part, nous pensons que les collèges pourraient être des lieux propices à la mise en place d'activités culturelles, artistiques ou sportives durant les périodes de vacances scolaires. Cela permettrait d'abord de développer un réseau de proximité avec les associations de quartier ou fédérations sportives qui pourraient réaliser des interventions en fonction de leur domaine de compétence, de décloisonner ce lieu d'apprentissage, mais aussi d'occuper de manière constructive les jeunes qui sont souvent livrés à eux-mêmes. Nous pensons également que le lien doit se développer avec le monde économique et en particulier avec les entreprises de la zone afin que de faire découvrir certains métiers et de susciter des vocations auprès des jeunes (interventions de chef d'entreprise dans les établissements ou journées et/ou stages de découverte en entreprise). Par ailleurs, l'école doit participer à la vie du quartier, en particulier dans les zones urbaines sensibles où il est important que les habitants s'approprient leur espace, en aient une vision plus positive et en construisent le devenir. L'école pourrait être à l'initiative d'une démarche proactive de dynamisation des potentiels du quartier et de création de réseaux. En effet, les familles ne disposent bien souvent d'aucun réseau et donc d'aucune possibilité de faire sortir leurs enfants du quartier (dans le cadre d'un stage au collège ou plus tard au lycée). Nous souhaitons également, dans cette même dynamique d'ouverture, qu'une place soit réservée à la valorisation des identités culturelles des élèves, des familles et donc du quartier. L'école se doit d'être porteuse des valeurs de la République mais elle doit aussi reconnaître et valoriser les différentes cultures qui la composent. La question de l'identité étant fondamentale et en particulier chez les jeunes. De manière concrète, cela peut prendre la forme de travaux réalisés dans le cadre d'une dissertation en Français ou à partir d'un texte qui traite de cette thématique ou encore par le biais d'exposées visant à faire connaître les différentes traditions et modes de vie de chacun. Cela peut également se faire avec l'implication des parents d'élèves pour organiser une manifestation « nos cultures, richesse partagée » au sein de l'établissement. Valoriser les élèves, les familles et donner une image positive et ouverte de l'enseignement tel est l'enjeu.

Au sein de l'établissement il nous semble important, pour ces zones sensibles, d'instaurer des permanences qui pourraient faire intervenir des professionnels au bénéfice des élèves qui en ressentent le besoin. Psychologue, éducateur spécialisé, assistante sociale répondraient à des problématiques variées afin de désamorcer les comportements de violence ou de repli sur soi qui témoignent de difficultés personnelles mal gérées. Cela constituerait également un appui aux professeurs qui n'ont ni vocation ni les compétences pour gérer ce type de situation. En cas de besoin, les spécialistes pourraient proposer un rendez-vous aux parents en présence de l'élève concerné.

Nous souhaitons que dans les établissements dits difficiles soient organisés des séances, journées ou manifestations, quelles qu'en soit la forme, afin de prévenir toutes les formes de violence. En effet, la lutte contre la violence figure parmi les priorités de l'école depuis 2009 et un certain nombre de mesures et de dispositifs ont été mis en oeuvre. Nous aimerions qu'un volet de prévention directe auprès des élèves soit intégré. Une information axée sur l'éducation à la sexualité et la prévention doit également trouver sa place au sein des établissements car elle n'est pas forcément faite au niveau familial et relève du domaine de l'éducation. Il nous semble également important de travailler sur la question de l'égalité hommes femmes afin de lutter contre toute forme de discrimination ou de violence verbale ou physique à l'encontre des jeunes filles et des enseignantes de l'établissement. L'EEDD « Éducation à l'Environnement pour un Développement Durable » fait aussi partie intégrante, depuis la rentrée 2004, de la formation initiale des élèves, tout au long de leur scolarité, de la maternelle au lycée et à ce titre doit donner lieu à des réalisations concrètes.

Le CESC « Comité d'Éducation à la Santé et à la Citoyenneté » constitue l'instance d'organisation, de programmation et d'évaluation de ces actions dans le cadre du projet d'établissement. Il permet également la construction de partenariats utiles avec des ressources de proximité. Des moyens supplémentaires devraient être attribués aux établissements afin qu'ils puissent notamment solliciter l'intervention d'experts sur ces domaines. L'éducation civique doit retrouver sa place légitime au sein des établissements, de même que la lutte contre la drogue qui est une question préoccupante pour la jeunesse.

Conclusion :

La problématique de l'éducation dans les collèges en zones urbaines rejoint celle de l'éducation en règle générale et pose les mêmes questionnements. Certes dans les zones les plus sensibles les différents problèmes sont exacerbés mais il n'en demeure pas moins que l'échec scolaire est grandissant et concerne tous types d'établissements. Nous devons engager une véritable réflexion qui nécessitera de profonds changements dans la manière de concevoir et d'organiser la transmission des savoirs. En l'état, le système éducatif permet l'échec scolaire, le dérochage, l'inégalité des chances, et participe à créer des individus sans repères et sans système de valeurs sur lequel s'appuyer. La propagande commerciale qui vend du rêve facile, un mode de vie clé en main, nuit profondément à la culture de l'effort. Depuis longtemps, on n'a plus conscience de la chance de bénéficier d'un accès à l'éducation et à la formation, qui devrait rester un « ascenseur social ». Les jeunes ayant atteint leurs 16 ans ne doivent pas être livrés à eux-mêmes et devraient impérativement intégrer une voie de formation adaptée (contrat de professionnalisation, contrat d'apprentissage, BTS, CAP, BEP...). Le système éducatif a un rôle fondamental à jouer au niveau de l'orientation et du suivi des jeunes. Il ne peut se désintéresser de leur devenir une fois l'obligation d'âge réglementaire remplie. Par ailleurs, ces zones urbaines sensibles doivent s'inscrire dans une démarche plus globale de rénovation urbaine, de dynamisation du tissu économique, et de mixité sociale car le jeune a besoin d'un horizon plus positif et en particulier de perspectives d'emplois, gages d'une vie meilleure, qui rendent légitime son investissement et son ambition à l'école. Nous devons donc lutter contres les préjugés et la stigmatisation des jeunes de ces quartiers pour ce qui concerne leur accès à l'emploi.

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