II. DES DIFFUSEURS MOINS PUISSANTS QU'AUPARAVANT
Votre rapporteur ne souhaite pas s'étendre significativement sur cet élément bien connu du secteur que sont les difficultés des chaînes hertziennes historiques gratuites, qui sont les principales contributrices de la production audiovisuelle française.
L'effet croisé de la multiplication du nombre des chaînes de la TNT (de 6 à 25 en moins de 10 ans) et de la stagnation de long terme du marché publicitaire de la télévision gratuite (3,3 milliards d'euros en 2005 comme en 2012) entraîne à la fois :
- un transfert d'audience et de chiffre d'affaires vers les nouvelles chaînes, en partie compensé pour les grands groupes par des stratégies d'acquisition ;
- une fragmentation de l'audience qui pousse à la baisse la rentabilité de la minute de publicité.
France Télévisions, comme TF1, pâtissent de cette évolution.
Selon les chiffres fournis à votre rapporteur, le chiffre d'affaires publicitaire de la chaîne TF1 a baissé de 18,3 % entre 2007 et 2012, soit une diminution de 315 millions d'euros. Dans le contexte de crise économique, les investissements des annonceurs continuent à décroitre et « la prévision de baisse de recettes des chaînes serait de - 7 % à - 10 % en 2013 ».
Le premier trimestre 2013 s'est déjà révélé être très difficile pour les chaînes privées historiques. L'analyse est là encore bien connue mais l'explosion de la publicité sur Internet à un effet d'éviction de la publicité audiovisuelle et entraîne une difficulté grandissante pour les groupes audiovisuels de se financer selon des modalités et pour des montants équivalents.
Votre rapporteur rappelle une évidence : l'effet mécanique de la baisse des revenus publicitaires des chaînes est la diminution du financement de la production individuelle, indexé sur le chiffre d'affaires des éditeurs.
Ce sujet n'est donc pas celui des chaînes mais bien celui de l'ensemble de la création française.
S'agissant des effets de la réglementation, force est là encore de reconnaître que l'incapacité pour les chaînes d'intégrer verticalement la production (ou de manière limitée), ou plus simplement de disposer de retours financiers sur les investissements réalisés dans les programmes, les rend particulièrement sensibles aux évolutions du marché publicitaire 24 ( * ) .
À cet égard, on peut comparer leur situation à celles d'entreprises britanniques comme ITV ou la BBC, qui tirent un quart de leur chiffre d'affaires de la revente de leurs programmes, ce qui joue un rôle contra-cyclique en temps de reflux publicitaire.
* 24 C'est particulièrement sensible pour un groupe comme TF1 dont la stratégie de diversification est moins nette que celle de M6.