4. Le Japon, entre approvisionnement et coopération.
La cinquième Conférence de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad), qui s'est terminée en juin 2013 sur l'adoption de la Déclaration de Yokohama, illustre l'ambition africaine du Japon. Ce texte, qui énumère les engagements pris par le Japon d'ici à la prochaine Ticad, programmée en 2018 pour « la croissance, le développement durable et la réduction de la pauvreté », vient rappeler que l'archipel est engagé en Afrique depuis longtemps.
Le Japon prévoit d'appuyer le déploiement de sa présence en Afrique sur son aide publique au développement. Il y ajoute une priorité aux partenariats public-privé et au soutien au secteur privé, décidé à se positionner en Afrique. En janvier, la principale fédération patronale nippone a émis plusieurs propositions à l'intention du gouvernement en vue de développer des activités sur ce continent.
Selon ces nouvelles orientations, l'Etat a déjà annoncé 754 millions d'euros d'aide aux groupes désireux d'investir dans l'exploitation des matières premières. Ainsi la maison de commerce Mitsui &Co va se positionner au Mozambique pour un projet gazier. La Jogmec, compagnie japonaise du pétrole, du gaz et des métaux, va participer à l'exploitation de gisements de terres rares en Afrique du Sud.
Le Japon a également annoncé le doublement, à 10, du nombre de bureaux africains de l'Organisation japonaise du commerce extérieur (Jetro), l'investissement de 20 milliards de dollars pour garantir les opérations engagées par les entreprises nippones, et la multiplication des partenariats public-privé.
Il a promis 32 milliards de dollars d'aide pour les cinq prochaines années, dont 14 milliards de dollars d'aide publique au développement. En plus de l'enveloppe évoquée, le Japon devrait investir 6,5 milliards de dollars dans les projets d'infrastructure. Le Japon financera des formations de techniciens locaux, qui devraient être recrutés par des entreprises nippones implantées en Afrique. Ces compagnies emploient déjà 200 000 personnes. Ce chiffre devrait doubler en cinq ans. Le Japon s'est par ailleurs engagé à soutenir le secteur agricole pour qu'il atteigne 6 % de croissance et que la production de riz soit doublée d'ici à 2018.
Il va aussi octroyer 428 millions d'euros pour la stabilisation du Sahel, ainsi qu'une enveloppe qui ira à l'éducation, à la santé, à l'aide alimentaire mais également à la formation de 2 000 Africains dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme. « La prise d'otages en Algérie fut un choc pour les Japonais », a souligné, le 2 juin, Shinzo Abe, faisant référence au drame de janvier sur le site gazier d'In Amenas, au cours duquel dix techniciens nippons sont morts.
Les échanges avec l'Afrique, environ 30 milliards de dollars fin 2011, ne représentent que 2 % du commerce nippon. Ce continent n'attire que 1 % des investissements de l'Archipel, mais l'intérêt des groupes nippons ne cesse de croître, comme en témoigne le rachat, en décembre 2012, de la maison de commerce CFAO (Compagnie française d'Afrique de l'Ouest) par son homologue nippone Toyota Tsusho, soucieuse de développer sa présence en Afrique de l'Ouest. Les investissements industriels se multiplient. Honda a construit une usine de production de deux-roues au Nigeria et prévoit de faire de même au Kenya. Le Japon cherche à s'implanter en Afrique à travers des coopérations avec ses voisins sud-coréens et chinois. Ainsi, le japonais Sumitomo travaille avec le sud-coréen Kores dans le projet Ambatovy d'extraction du nickel de Madagascar et Toyota Tsusho conduit avec Hyundai Engineering un projet de production d'électricité d'origine géothermique au Kenya.