DÉPLACEMENT À LONDRES

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MERCREDI 19 ET JEUDI 20 FÉVRIER 2014

LISTE DES PERSONNES RENCONTRÉES À LONDRES

Son Excellence M. Bernard Emié , ambassadeur de France auprès du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord

M. François Courant , chef de cabinet de l'ambassadeur de France auprès du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord

M. Philip Brook , Chairman de The All England Lawn Tennis Club (Wimbledon)

Mlle Sarah Clarke , Championships Director

MM. Richard Knight , Stadium Director de Twickenham, et Nigel Cox, Head of Stadium Events

Mme Helen Pritchard , Stadium Event Manager - directrice de l'événementiel du stade de Twickenham

M. Michael Lloyd , Assistant Manager du stade de l'Arsenal Football Club

M. Mathieu Moreuil , directeur de l'action européenne de la première division de football au Royaume-Uni ( Premier League )

COMPTE RENDU DES ENTRETIENS EFFECTUÉS
À WIMBLEDON

Mercredi 19 février 2014

Entretien avec M. Philip Brook, Chairman of The All England Lawn Tennis Club (AELTC) et Mme Sarah Clarke, Championships Director

L'AELTC recouvre deux activités : un club de tennis privé et un comité d'organisation du championnat.

Principales étapes historiques :

1868 : création d'un club de crocket à Wimbledon (sur un autre site).

1877 : organisation d'une compétition de tennis afin de lever des fonds pour l'entretien du terrain de crocket (rouleau compresseur) - 20 participants, tous anglais de sexe masculin.

1922 : changement de site suite au succès de la compétition - premier tournoi organisé sur l'actuel court central.

1993 : nouveau plan stratégique de rénovation des infrastructures (250 millions de livres).

1997 : construction du court n°1, suivie des courts n°2 et n°3.

2009 : achèvement de la couverture du court central (15 000 places), après trois années de travaux intermittents pour permettre la tenue du championnat.

2012 : fin du premier cycle de rénovations.

2013 : création de la Fondation Wimbledon pour centraliser la gestion des activités caritatives.

2014 : nouveau cycle de rénovations à l'horizon 2025-2030, le montant devant dépasser les 250 millions de livres du plan précédent, afin de conserver la position en tête des championnats mondiaux.

La première étape du nouveau plan sera la couverture du court n° 1, actuellement en phase de conception : les travaux devraient durer trois ans et le toit sera normalement opérationnel en 2019. La forme de ce nouveau toit devrait permettre d'y installer le système de climatisation, nécessaire au maintien de bonnes conditions de température et d'humidité pour la pelouse. Cette installation avait dû être construite en sous-terrain pour le court central, ce qui est à la fois plus onéreux et plus complexe à réaliser.

La gestion de l'espace, saturé pendant le championnat, est également l'une des préoccupations de ce nouveau programme d'investissements. Deux terrains annexes (n° 14 et n° 15) ont été temporairement supprimés afin de construire des vestiaires en dessous.

Le site est ouvert toute l'année, et comprend notamment un musée qui attire environ 100 000 visiteurs par an. En dehors du championnat, il n'accueille pratiquement aucun autre événement (exceptions : Jeux olympiques, Coupe Davis). Le tournoi attire chaque année 500 000 spectateurs, et ce nombre pourrait facilement doubler, tant la demande est forte. Un système de loterie permet de gagner des places, et un quota de billets reste réservé à la vente sur place le jour-même. Le club reste très attaché à cette tradition, qui permet de conserver une certaine mixité sociale dans les tribunes. Le club emploie 150 personnes de façon permanente, tandis que 10 000 personnes travaillent sur le site pendant le tournoi.

Deux ressources contribuent au financement des infrastructures : le loyer payé par la société organisatrice du tournoi et la vente des abonnements (2 500 sièges vendus pour 5 ans au tarif de 25 000 livres, soit une recette de 60 millions de livres sur 5 ans.).

Les autres ressources (droits TV et billetterie) ne financent pas les infrastructures : les profits du tournoi sont intégralement reversés à la Long Tennis Association (LTA), qui décide librement de leur usage.

Il n'y a aucune relation financière avec les collectivités publiques : ni subventions, ni garanties d'emprunt. En revanche, le club travaille étroitement avec les collectivités sur les questions d'urbanisme (réduction des nuisances pour les riverains) et de sécurité (délivrance d'un certificat autorisant la tenue du championnat). Le club mise beaucoup sur la concertation locale pour éviter les recours juridiques qui, en pratique, ne sont pas très nombreux. Les relations avec TFL (l'équivalent du STIF) sont étroites, le site se trouvant à la confluence de deux hubs de transports publics.

Les pays émergents ne sont pas considérés comme une menace dans ce domaine, en raison de l'ancrage historique des tournois du « Grand Chelem », que tous les joueurs du monde rêvent de remporter. Il est en revanche essentiel de continuer à faire ressentir aux joueurs qu'ils participent aux quatre meilleurs tournois du monde (Wimbledon, US Open, Roland-Garros et Open d'Australie), qu'il s'agisse de la qualité des infrastructures, du montant des prix distribués ou des points attribués au classement.

De nombreux investissements sont ainsi réalisés depuis une quinzaine d'années sur ces quatre sites, afin qu'ils puissent conserver leur place dans le peloton de tête. Le sport est devenu un business à part entière : il faut investir et innover « dans la tradition ».

Les neuf autres tournois ATP (Indian Wells, Miami, Monte-Carlo, Madrid, Rome, Canada, Cincinnati, Shanghai, Paris), situés juste en dessous du peloton de tête, développent eux-mêmes d'ambitieux projets d'infrastructures (ex : couverture de six terrains à Madrid).

Il n'existe aucune estimation de l'impact économique de Wimbledon. Les revenus générés par le tournoi permettent de distribuer des primes à tous les joueurs et de financer le développement du tennis au Royaume-Uni.

COMPTE RENDU DES ENTRETIENS EFFECTUÉS
À TWICKENHAM

Entretien avec MM. Richard Knight (Stadium Director) et Nigel Cox (Head of Stadium Events). Visite avec Mme Helen Pritchard (Stadium Event Manager).

La Rugby Football Union (RFU) a acheté le terrain en 1907 et construit une première tribune en 1908. Depuis, le stade a fait l'objet de plusieurs restructurations, pour atteindre une capacité de 82 000 places. Actuellement, la partie la plus ancienne a été rénovée au début des années 1990 et la plus récente achevée à la fin des années 2000.

Les trois premières tribunes ont coûté 20 millions de livres chacune, tandis que la rénovation de l'aile sud a couté 120 millions de livres. Cette dernière a été conçue pour être utilisée 365 jours par an et intègre :

- un hôtel de 150 lits, dont 6 suites avec vue sur le terrain, transformées en loges à l'occasion des matchs ;

- des espaces pour héberger des conférences et salons professionnels, transformés en salles de réception le jour des matchs ;

- un club de sport Virgin de 1 500 membres ;

- le siège de la fédération.

Le stade accueille en moyenne 1,2 million de spectateurs par an pour des matchs nationaux et internationaux (essentiellement de rugby à XV). S'y ajoutent 300 000 visiteurs annuels au titre des autres activités (concerts, événements religieux). Le prix d'une place varie entre 45 et 95 livres, et 10 000 places sont destinées à être vendues en package VIP dont le prix oscille entre 600 et 900 livres.

La RFU est propriétaire du stade et de ses abords (parcs de stationnement). Elle bénéficie de l'intégralité des recettes du stade. Les matchs internationaux sont la principale source de revenus. Un seul d'entre eux permet de couvrir l'ensemble des charges d'exploitation. La RFU a dégagé un bénéfice de 150 millions de livres en 2013. Ces profits financent les activités sportives (rugby amateur) et les équipements.

LA RFU fonctionne comme une coopérative, dont les activités s'apparentent à celles d'une charity (association à but non lucratif). Par conséquent, il n'y a pas d'actionnaires. La RFU finance elle-même la modernisation des infrastructures, au besoin en ayant recours à l'emprunt. Elle n'est pas endettée, et la dernière opération a été totalement remboursée en 2013. Aucun financement public n'est nécessaire. En revanche, le stade verse une taxe professionnelle et une taxe sur les billets vendus. Les effectifs de la RFU s'élèvent à 550 employés permanents et jusqu'à 3 000 personnes sont mobilisées les jours de match.

Un nouveau programme d'investissements est à l'ordre du jour en prévision de la coupe du monde 2015 : 75 millions de livres vont être mobilisés pour financer le déplacement des écrans (qui seront accrochés au toit afin de libérer 600 places supplémentaires), le remplacement de la pelouse, la modernisation des installations pour les joueurs et la rénovation des espaces VIP .

Le contentieux avec les riverains est presque inexistant. Le stade existe de longue date, les opérations de construction ne concernent que des rénovations. Quant aux nuisances les jours de match, elles sont gérées par un important travail en amont.

Une étude sur les retombées économiques du stade a été conduite en 2005. Ses conclusions sont largement positives. Les opérations de rénovation du stade n'exercent plus d'effet d'entraînement sur le quartier, dans la mesure où celui-ci est déjà entièrement urbanisé. En revanche, la municipalité de Twickenham bénéficie de l'image du rugby, et la RFU s'implique dans le développement des activités locales.

Des marges de progrès existent en matière d'infrastructures de transport. Au départ, le stade a été construit en rase campagne. Il est désormais intégré à un large ensemble urbain, dont la desserte n'est pas optimale : 40% des spectateurs utilisent les transports en commun pour assister aux matchs.

En l'absence de contrainte financière, l'option de nomage du stade n'est pas envisagée, d'autant plus qu'il s'agit d'un sujet fortement émotionnel. Il n'est guère davantage projeté de couvrir le toit : cela ne correspond pas à l'esprit du rugby et ne repose sur aucune rationalité économique pour les autres activités. L'offre de stades (Wembley, Olympic Stadium) est trop développée à Londres pour que cette opération soit rentable.

Entretien avec Son Excellence M. Bernard Emié, ambassadeur de France auprès du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord

La France peut rayonner grâce au sport. Ainsi, Arsène Wenger, le manager du club d'Arsenal, est le sportif français le plus connu en Angleterre. Par ailleurs, le championnat français de rugby est considéré comme le premier au monde.

Les Anglais, pour leur part, ont conscience que la Premier League se situe au premier rang au monde et ils sont fiers de pouvoir faire rayonner des villes qui ne seraient pas connues autrement. Il n'y a pas de crainte en Angleterre d'une mainmise du privé sur le sport et tout est fait pour que les clubs britanniques gardent leur avantage comparatif. À Londres, le stade est au centre de la ville, ce qui explique les nombreux projets éducatifs et sociaux développés par un club comme Arsenal, en particulier dans les écoles. Les clubs anglais ont conscience de leur fonction sociale pour animer les quartiers les plus défavorisés. Il s'agit d'une action volontaire de leur part, qui s'explique également par le moindre rôle social des collectivités territoriales.

La France pourrait utilement s'inspirer du modèle anglais et l'on peut penser que si les collectivités territoriales cessaient de financer les clubs, les acteurs privés ne manqueraient pas de se manifester. Il y a une réflexion courageuse à mener sur le « qui fait quoi ». En Angleterre, la répartition des rôles est très claire. La nécessité pour notre pays de réaliser 50 milliards d'euros d'économies pourrait constituer une opportunité pour remettre à plat le rôle des acteurs en France vis-à-vis du sport professionnel.

Visite de l'Emirates Stadium d'Arsenal en présence de M. Michael Lloyd, Assistant Manager et M. Mathieu Moreuil, directeur de l'action européenne de la première division de football au Royaume-Uni ( Premier League )

La jauge de l'Emirates Stadium est de 60 000 places, ce qui permet d'éviter les sièges vides et de préserver l'ambiance lors des matchs. Le stade a été construit en 2004 pour un coût de 370 millions de livres sterling. Un maximum de trois concerts par an a été autorisé par les autorités locales alors que le club souhaitait pouvoir en organiser six. La pelouse quant à elle est changée chaque année.

Le prix d'une loge VIP dans l'Emirates Stadium peut s'élever jusqu'à 27 000 £ par personne et par an. Le prix des loges collectives s'élève en moyenne à 20 000 £ par an pour une loge de douze personnes, le prix variant selon la localisation et le service demandé.

Le club d'Arsenal a une équipe de six personnes uniquement dédiée au démarchage des entreprises pour vendre les loges et les places premium .

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