C. LES BLOCKCHAINS PAR RAPPORT À INTERNET
La technologie blockchain doit être comprise comme partie intégrante des systèmes informatiques de communication existants .
En effet, son existence repose sur le réseau internet et sur ses protocoles .
Elle présente la particularité d'utiliser un réseau pair à pair , c'est-à-dire un réseau au sein duquel chaque internaute peut être serveur ou receveur d'un autre, formant ainsi des pairs dans un modèle décentralisé.
Il est alors envisageable de la situer par rapport aux autres couches technologiques des systèmes informatiques .
1. Le modèle « OSI »
Pilier de la théorie des réseaux, le modèle « OSI » ( Open Systems Interconnection ) est le standard international ISO de communication en réseau des systèmes informatiques, il représente le modèle basique de référence pour l'interconnexion des systèmes ouverts, norme complète de référence ISO 7498 13 ( * ) .
Les blockchains s'ajoutent à l'ensemble de ces fonctionnalités nécessaires à la communication et à leur organisation , il convient donc de rapprocher les protocoles des blockchains des protocoles à la base du web comme TCP/IP ( Transmission Control Protocol et Internet Protocol ) ou HTTP, sans les mettre sur le même plan.
Les sept niveaux de couches du modèle « OSI »
Source : Wikimedia Commons
2. Une incertitude sur la place des blockchains dans ce cadre
Une incertitude demeure sur le niveau de couche sur lequel ou entre lesquels les blockchain s viennent se placer . Elles pourraient se placer entre les couches 3 et 4, ou 4 et 5, mais sans que les experts aient encore déterminé si elles s'apparentent davantage à des couches matérielles ou à des couches hautes, plus applicatives. En effet, les quatre couches inférieures sont plutôt consacrées à la communication et fournies par le matériel et un système d'exploitation tandis que les trois couches supérieures sont davantage orientées vers les applications et donc réalisées par exemple à l'aide de bibliothèques ou de programmes spécifiques.
Comme se demande Stéphane Loignon dans son livre « Big Bang Blockchain », « qui, à part les informaticiens, sait comment marchent les protocoles TCP/IP, par lesquels nous transférons les données sur le net, ou http, grâce auquel nous naviguons en ligne ? Nul ne peut pourtant en ignorer ses enjeux, car les usages de cette nouvelle technologie nous concerneront tous. Le web et le courrier électronique ont permis aux individus d'échanger de l'information directement, partout dans le monde et gratuitement (...). La blockchain nous offre la possibilité, pour la première fois, d'utiliser le net pour transférer de l'argent de façon sécurisée, en pair à pair - c'est-à-dire de commercer en ligne sans tiers de confiance » 14 ( * ) .
Selon Marc Andreessen, fondateur du premier navigateur internet Mosaic puis de Netscape, devenu investisseur de premier plan dans le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC), la blockchain fait figure de révolution informatique comparable aux deux grandes révolutions précédentes : l'ordinateur personnel à partir de 1975 et internet à partir de 1993 15 ( * ) .
* 13 Cf. le texte de la norme ISO 7498 au lien suivant :
http://standards.iso.org/ittf/PubliclyAvailableStandards/s020269_ISO_IEC_7498-1_1994(E).zip
* 14 Stéphane Loignon, « Big Bang Blockchain ».
* 15 Cf. Marc Andreessen, « Why bitcoin matters », New-York Times , 21 janvier 2014.