B. UNE CRISE QUI EXACERBE LES DIFFICULTÉS BIEN CONNUES DU SYSTÈME DE PRISE EN CHARGE EN SANTÉ MENTALE
1. Des enjeux tardivement pris en considération par les pouvoirs publics
L'action du délégué ministériel à la santé mentale a été très tôt intégrée aux cellules de crise et des contacts réguliers ont été entretenus avec les référents territoriaux.
Cependant, les campagnes de prévention en la matière ont été tardives . Alors que les mesures de confinement, leur durée et leur ampleur étaient inédites, on peut regretter que les conseils sur la préservation d'un bon état psychologique aient été très insuffisants dans un contexte de fortes incertitudes et de préoccupations majeures pour soi et ses proches. La campagne nationale lancée au printemps 2021 par l'Assurance maladie, Santé publique France et le Gouvernement a sans doute été la mieux relayée à ce sujet... un an après le début de la pandémie.
2. Des besoins nouveaux qui font peser une pression sur un système déjà en forte tension
Dans des conditions particulièrement difficiles, les services de psychiatrie ont su montrer une adaptation rapide avec des moyens limités et contraints. Des unités covid ont été montées dans différents services et les médecins ont tenté de garder le lien, souvent par téléphone, avec les patients qu'ils ne pouvaient plus suivre normalement du fait des confinements.
Des points préoccupants ont été néanmoins relevés concernant des atteintes aux droits des patients au cours de la première vague, notamment quant aux conditions d'accès au juge dans les cas d'isolement contraint. Ces éléments mériteront d'être suivis.
Globalement, cette situation des services et les études épidémiologiques doivent conduire à une vigilance renforcée sur les moyens apportés à la psychiatrie. En effet, alors que les services sont déjà saturés, notamment les établissements du service public hospitalier, cette « nouvelle vague » psychologique va encore accroître la pression.
Nous ne pouvons qu'être inquiets sur la capacité de notre système de soins, aujourd'hui, à apporter une réponse adéquate à ces enjeux, particulièrement en pédopsychiatrie.
À cet égard, les préconisations formulées en 2017 par la mission d'information du Sénat sur la situation de la pédopsychiatrie conservent leur pertinence et leur actualité.