B. LES PERSPECTIVES D'AVENIR : RÉPONDRE À LA CRISE CONJONCTURELLE PAR DES ÉVOLUTIONS STRUCTURELLES

Mme Nelly Recrosio. - Nous avons réalisé des opérations très intéressantes dans certaines régions : la récupération de chaleur sur des usines et sa réinjection dans le réseau de chaleur de la ville voisine. Cette récupération permet de chauffer jusqu'à plusieurs centaines de logements.

M. Fabien Genet. - Merci pour l'organisation de ce point d'étape sur cette thématique, et merci aux quatre intervenants pour leur exposé. Vous avez fait remarquer que le seuil de 36 kVA correspondait à une surtransposition, argument que nous avions fait valoir lors du projet de loi de finances et à l'occasion de discussions de PPL. Nous espérons, avec votre renfort, pouvoir faire progresser cette analyse et obtenir ce déplafonnement. Comme vous l'avez indiqué, ces mesures de soutien introduisent parfois des inégalités difficilement explicables entre collectivités. Elles sont en effet décidées sur la base de seuils qui ne sont pas toujours bien lisibles sur le terrain.

Beaucoup de nos concitoyens se posent une question que je souhaiterais relayer : ces prix parfois exorbitants que nous avons connus s'éloignent souvent du prix de production. Où l'argent passe-t-il ?

Vous avez par ailleurs souligné la faible visibilité sur les perspectives d'évolution de ces coûts au-delà de 2025. Or les collectivités locales doivent aujourd'hui arbitrer sur un certain nombre d'investissements, qui sont prioritaires en matière énergétique. Sur quoi faut-il investir ? Lorsque je présidais le syndicat départemental d'énergie, entre 2014 et 2020, j'indiquais dans mes interventions que le gaz pouvait devenir vert et qu'il devait être développé. Un autre discours est aujourd'hui tenu, au profit du tout électrique. Or les concitoyens et les maires, désormais confrontés à une forte volatilité des prix de cette énergie, jugent cette solution contre-intuitive. Comment arbitrer les nécessités d'investissement ?

Enfin, si les initiatives prises par les territoires pour réaliser des économies sont à saluer, elles se font parfois au détriment de la qualité du service public. Jusqu'où peut-on dégrader ce dernier ?

Mme Muriel Jourda. - Je suis agacée par le terme de sobriété. De tout temps, les maires ont réalisé des efforts. Nous sommes tous responsables, même s'il existe encore des marges de manoeuvre, qui ne dépendent parfois pas de la mairie.

Le retour d'investissement sur les économies d'énergie qui peuvent être liées aux travaux réalisés dans les bâtiments a-t-il été calculé ?

M. Edward Jossa. - Ce marché restera un marché mondial. Le gaz est importé en France, principalement de Norvège mais aussi, de manière accessoire, de Russie, avec les difficultés que nous connaissons. Les ventes se feront au coût marginal, d'où l'importance de bien acheter dans ce contexte. Concernant les éléments structurels, la substitution des énergies électriques décarbonées aux énergies fossiles est fondamentale et difficile à évaluer. Cette pression tire à la hausse les coûts de l'énergie, mais nous connaissons également des ralentisseurs, notamment dans le domaine des véhicules. La rareté des métaux rares entrant dans la composition des batteries sera un de ces éléments structurants. Tous ces sujets méritent des analyses économiques croisées complexes.

Les fournisseurs alternatifs, quant à eux, ont permis une ouverture à la concurrence et l'émergence d'acteurs intéressants qui ont élargi le marché. Une question se pose lorsque ces fournisseurs signent des contrats considérables eu égard à leurs capacités financières. L'un, notamment, a disparu après avoir signé des contrats colossaux et pris des risques spéculatifs sur les prix. Dans un autre cas, un fournisseur dans le domaine du gaz s'était correctement couvert mais, compte tenu des variations de consommation, a dû acheter sur le marché Spot à des prix extrêmement élevés. Tous ces événements ont conduit à une recomposition du paysage et le système s'est régulé.

M. Philippe Pont-Nouras. - Sur la question de savoir si la situation est structurelle ou conjoncturelle, les salaires ne connaîtront, fort heureusement, pas de retour en arrière. Les salaires des personnes qui ont fait le choix de la restauration collective ne devraient pas être la variable d'ajustement d'une transition environnementale, agricole et alimentaire.

Nous serons de plus en plus nombreux sur terre. Du fait des conditions climatiques, nous commençons à vivre des baisses de rendement. Nous devons en outre soutenir l'agriculture française et ne pouvons pour cela impacter les agriculteurs, qui connaissent des difficultés considérables. Nous devrons donc nous habituer à payer plus cher notre alimentation.

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