B. LE DIALOGUE AVEC LE GRAND PUBLIC, UNE DÉMARCHE À AFFINER

La seconde table ronde s'est intéressée à l'écho que le PNGMDR a pu, en tant qu'effort de transparence, trouver auprès du grand public. Hendrik Davi, rapporteur, a ouvert le débat en soulignant que l'acceptabilité du nucléaire semble être le talon d'Achille de cette énergie.

1. Un traitement de l'information qui laisse actuellement à désirer

Éric Vidalenc, membre du comité Éthique et société de l'Andra et expert des sujets de prospective et d'énergie, a structuré son propos autour d'un constat clair : le traitement de la question des déchets nucléaires dans l'espace médiatique et sur les réseaux sociaux est très binaire et caricatural. Même la presse quotidienne nationale n'échappe pas, à ses yeux, à la tendance à une simplification excessive.

Conscient du caractère hautement technique des éléments en jeu, mais aussi d'un certain trop-plein d'information rendant difficile une mise en perspective, le rapporteur met en garde contre tout traitement caricatural de la question des déchets radioactifs, en appelant les producteurs de contenu à se prémunir contre le risque de la mésinformation, passive ou active. À l'inverse, il semble évident que la relance du nucléaire doit conduire à rouvrir des questions naguère considérées comme fermées, telle que celle de la capacité de stockage de Cigéo, conçue pour le parc existant mais non au-delà.

Une distinction cardinale ressortait des débats, celle qui sépare la communication de l'information. Le rapporteur estime que la neutralité nécessaire en matière de diffusion des connaissances ne peut être obtenue que si cette distinction est scrupuleusement respectée. Sur ce point, Bernard Laponche a rappelé les conditions dans lesquelles, il y a un demi-siècle, a été accueilli l'ouvrage L'Électronucléaire en France, publié par les éditions du Seuil en 1974. Élaboré par des syndicalistes de la CFDT, l'ouvrage s'était attiré les louanges d'André Giraud, alors administrateur général du CEA, malgré des réserves ponctuelles sur l'introduction. Fort de cet exemple et de quelques autres, M. Laponche a souligné l'importance de miser sur la qualité de l'information diffusée, de sorte qu'elle puisse fournir la base d'échanges contradictoires dont le fondement scientifique (ou plus généralement, factuel) serait accepté par chacune des parties en présence.

2. Pour une consultation authentique de citoyens dûment informés

Sans doute faut-il imaginer des espaces de débat plus efficaces. Éric Vidalenc a cité le Haut conseil pour le climat comme exemple d'instance rendant des avis éclairés sur une politique publique. La formule des conventions citoyennes lui semble également à même de permettre une meilleure représentativité de la population pour débattre de sujets difficiles, y compris sur un plan scientifique et technique.

L'appréhension du temps long recèle cependant une difficulté spécifique en matière de réflexion sur la gestion durable des déchets nucléaires. Cette dimension se dégageait notamment de l'intervention de Ludovic Torbey, co-fondateur avec Stéphane Lambert de la chaîne YouTube Osons causer. Il a en effet présenté la question de la gestion des déchets nucléaires comme un problème de justice intertemporelle. Saluant la qualité et la profusion des informations disponibles sur le sujet, il a cependant regretté à son tour que celles-ci ne soient que très rarement rendues disponibles sous une forme synthétique propre à faciliter la construction d'une vision globale.

Il n'appartient pas au rapporteur de prendre position, au nom de l'Office, sur le sujet des conventions citoyennes et de leur éventuelle insertion dans le paysage des institutions politiques. Il relève cependant qu'un certain consensus s'est dégagé parmi les membres de l'Office participant à l'audition, sur le fait que les délibérations des conventions citoyennes ne peuvent valoir automatiquement décision, sous peine de remettre en cause l'organisation institutionnelle du pays.

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