B. REUSSIR NOTRE ADAPTATION AUX NOUVELLES REALITES DU COMMERCE MONDIAL
La préservation de nos emplois dans le contexte d'une économie ouverte exposée à des sources nouvelles et redoutables de concurrence exige une adaptation stratégique de notre économie et la valorisation du gisement d'exportateurs que constituent nos petites et moyennes entreprises.
1. La nécessaire spécialisation des secteurs exposés
Notre économie subit en effet, depuis quelques
années, la concurrence des pays dits "émergents". La
montée en puissance de ces pays dans le commerce international provoque
de réelles inquiétudes au sujet de l'impact de ces nouveaux
concurrents sur notre économie et sur nos emplois.
Ces craintes ne sont pas dépourvues de justification, dans la mesure
où ces pays, qui bénéficient souvent d'une parité
monétaire largement sous-évaluée, qui pratiquent des bas
niveaux de salaires et qui ne disposent que d'une protection sociale faible ou
inexistante, constituent une réelle menace pour l'emploi dans un certain
nombre de secteurs exposés, et en particulier dans les secteurs
"intensifs" en main-d'oeuvre non qualifiée.
Si l'analyse de cette situation vient en partie nuancer ces implications
négatives pour l'emploi, il n'en reste pas moins que pour surmonter
durablement les risques engendrés par ces nouveaux concurrents, notre
pays devra veiller à renforcer ses points forts.
a) La "menace" des pays émergents
Les effets négatifs pour l'emploi de la concurrence de
ces produits fabriqués à faible coût, sont en effet
partiellement compensés par ce que les économistes appellent
l'effet de richesse d'une part, et par l'effet de demande d'autre part.
Les effets positifs du premier mécanisme tiennent au fait que la
réduction du prix des biens importés "libère" une partie
du revenu qui aurait été dépensé pour l'acquisition
des mêmes biens à un prix plus élevé. On
considère que cette partie "libérée" du revenu est alors
utilisée pour l'acquisition d'autres catégories de biens au sein
de l'économie de notre pays. La principale conséquence sensible
semble cependant être
l'effet de demande qui provient de la demande
accrue en biens d'équipement et en biens de consommation adressée
aux pays industriels par ces pays émergents au fur et à mesure de
leur ascension économique.
Ce relèvement tendanciel des niveaux de développement des pays
engendre en outre une diminution progressive de leurs avantages. Ces pays
peuvent en effet difficilement maintenir la sous-évaluation de leur
monnaie d'une part et d'autre part voir s'élever le niveau de leur
salaire horaire moyen. A cet égard, il est intéressant de noter
que la Corée et Taïwan subissent déjà très
largement cette évolution et que celle-ci finira par concerner aussi les
autres pays émergents d'Asie.
Ces effets ne compensent cependant que partiellement les effets négatifs
de cet échange pour l'emploi puisqu'il est, par nature,
déséquilibré. Notre pays importe en effet des produits
à fort contenu en main-d'oeuvre non qualifiée, tandis qu'il
exporte surtout des produits à fort contenu technologique et à
faible contenu en emplois.
b) Le nécessaire renforcement de nos points forts
Cette situation doit conduire notre pays à renforcer
ses positions sur les secteurs où il dispose d'un avantage comparatif
pour continuer à tirer profit du commerce extérieur dans de tels
contextes.
On retrouve ici la mise en oeuvre du modèle de base de la théorie
du commerce international, selon lequel les facteurs de production pour
lesquels un pays dispose d'un avantage déterminent la
spécialisation de ce pays dans le commerce mondial, c'est-à-dire
l'orientation de sa production.
Or, notre économie, ainsi que celle des principaux pays
européens, dispose d'un
avantage essentiel
: l'importance
relative d'un savoir-faire et d'un niveau général de
qualification qui fondent le
travail qualifié
. En application de
cette notion de spécialisation qui caractérise le commerce
international, notre pays doit ainsi rechercher un renforcement de ses
exportations de biens à fort contenu de travail qualifié.
Pour que le bilan en termes d'emplois soit positif, il faut cependant que cette
orientation s'accompagne d'une préservation du niveau de l'emploi non
qualifié dans les secteurs non exposés à la concurrence
internationale.
2. La valorisation d'un gisement d'exportateurs : les PME
La volonté politique exprimée par M. Yves
Galland, ministre du commerce extérieur, de renforcer le rôle de
ces entreprises dans le domaine de l'exportation doit être soutenue.
C'est en effet de ce tissu diversifié et dynamique que proviendront la
plupart des exportateurs qui permettront à notre pays de garder son rang
dans les échanges internationaux et de continuer à
conquérir des marchés extérieurs.
Or, actuellement ce sont
250 entreprises qui réalisent environ
50 % des exportations françaises, le quart de nos exportations
totales étant réalisé par 10 grands groupes
industriels
. Une plus grande implication de nos PME à l'exportation
apparaît donc souhaitable. D'importants progrès ont d'ores et
déjà été accomplis dans ce domaine, puisqu'en 1995,
les ventes à l'étranger effectuées par
40.600 entreprises de moins de 500 salariés ont
représenté 29 % de la valeur exportée contre
25 % en 1994.
A cet égard, il convient de signaler l'intérêt des
procédures dites de "portage", dont l'objet est d'offrir à des
PME l'opportunité d'exporter dans le cadre d'opérations conduites
par des grandes entreprises sur des marchés extérieurs.
Ces procédures ont récemment reçu un encouragement direct
avec la mise en oeuvre du contrat "Partenariat-France" à l'occasion
duquel de nombreux groupes industriels français ont pris l'engagement de
permettre à des PME de participer à leurs opérations
d'export.
L'accès réussi des PME à l'exportation dépend
néanmoins, pour une très large part, de l'efficacité des
réseaux d'appui au commerce extérieur.