B. LES RELATIONS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES FRANCO-NÉO-ZÉLANDAISES
1. Des échanges bilatéraux en progression mais encore modestes
a) Un déficit structurel qui a cédé la place en 1995 à un excédent commercial
Les liens économiques entre la France et la Nouvelle-Zélande, encore modestes, ont été toutefois renforcés à la faveur de la forte croissance néo-zélandaise -servie, on l'a vu, par une politique économique ultra-libérale. Les échanges commerciaux bilatéraux, structurellement déficitaires , ont fait apparaître en 1995 , pour la première fois, un excédent commercial en faveur de la France, ainsi que l'illustre le tableau ci-dessous.
Evolution historique des échanges commerciaux France-Nouvelle-Zélande
Année |
Exportations françaises vers la Nouvelle-Zélande |
Exportations néo-zélandaises vers la France |
Taux de couverture % |
Solde
|
1975 |
99,0 |
395,4 |
25,0 |
-296,4 |
1976 |
95,9 |
639,0 |
15,0 |
-543,1 |
1977 |
136,1 |
604,2 |
22,5 |
-468,1 |
1978 |
158,9 |
557,3 |
28,5 |
-398,4 |
1979 |
187,5 |
700,4 |
26,8 |
-512,9 |
1980 |
163,4 |
714,8 |
22,9 |
-551,4 |
1981 |
226,3 |
801,5 |
28,2 |
-575,2 |
1982 |
363,6 |
892,5 |
40,7 |
-528,9 |
1983 |
431,5 |
1004,5 |
43,0 |
-573,0 |
1984 |
582,5 |
1306,6 |
44,6 |
-724,1 |
1985 |
634,7 |
1348,1 |
47,1 |
-713,4 |
1986 |
593,1 |
1145,6 |
51,8 |
-552,5 |
1987 |
553,0 |
1170,2 |
47,3 |
-617,2 |
1988 |
519,2 |
1167,0 |
44,5 |
-647,8 |
1989 |
663,4 |
1429,0 |
46,4 |
-765,6 |
1990 |
756,8 |
1093,8 |
69,2 |
-337,0 |
1991 |
733,0 |
1115,2 |
65,7 |
-382,2 |
1992 |
605,1 |
1041,5 |
58,1 |
-436,4 |
1993 |
623,4 |
898,4 |
69,4 |
-275,0 |
1994 |
792,5 |
1051,3 |
75,4 |
-258,8 |
1995 |
1244,9 |
1051,9 |
118,3 |
+192,9 |
1996* |
901 |
995 |
91 |
-94 |
* onze premiers mois 1996 (En millions de francs)
Ainsi, en dépit de la crise liée aux derniers essais
nucléaires français et des
boycotts sporadiques
de
certains produits français, les exportations françaises en
Nouvelle-Zélande ont atteint en 1995 un niveau record. Cette progression
exceptionnelle appelle trois observations :
- elle est partiellement imputable à la livraison, fin 1995, de 5 des
7 appareils ATR 72
commandés par la compagnie Air New Zealand ;
- mais, même si l'on met à part l'impact de ce contrat important,
les exportations françaises de 1995 marquent encore une progression de
8,6 % par rapport à celles de 1994 ;
- ce résultat très positif ne saurait toutefois conduire à
occulter
l'effet des boycotts
sur nos exportations : ainsi, nos ventes
d'automobiles, de vins et de cognac ont-elles respectivement diminué de
34 %, 34 % et 33 %.
Si l'année 1995 marque ainsi un tournant, paradoxalement positif, dans
nos relations économiques bilatérales, les
échanges
commerciaux franco-néo-zélandais demeurent
limités
,
à l'échelle en tout cas des échanges extérieurs de
la France :
- la Nouvelle-Zélande ne se situe qu'au
61e rang de nos fournisseurs
(moins de 0,1 % de nos importations totales...) et au
69e rang de nos
clients
(0,08 % de nos exportations) ;
- la France, pour sa part, est le
8ème fournisseur
et le
17ème client
de la Nouvelle-Zélande ; parmi les
fournisseurs européens de la Nouvelle-Zélande, la France ne se
situe encore qu'au quatrième rang, loin derrière le Royaume-Uni
(5,42 % de part de marché) et l'Allemagne (4,85 %) et encore
après l'Italie (2,57 %) ; notre pays détient pour sa part en
Nouvelle-Zélande une
part de marché de 2,48 %.
Ce bilan mitigé appelle toutefois deux observations
complémentaires :
- les
échanges bilatéraux
ont d'abord connu une
évolution très positive : ils ont, sur une trentaine
d'années, été
multipliés par plus de 5
; si
les importations en provenance de Nouvelle-Zélande ont été
multipliées par 3, les exportations françaises ont dans le
même temps été multipliées par 26 ;
- on relèvera par ailleurs que
les échanges entre nos
territoires du Pacifique et la Nouvelle-Zélande
s'effectuent
à sens unique : si les ventes de nos territoires sont symboliques, la
Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie sont
respectivement le 3e et le 5e client de la Nouvelle-Zélande dans le
Pacifique.
b) La progression des exportations françaises
De manière plus précise, les exportations
françaises en Nouvelle-Zélande, qui avaient déjà
fortement progressé en 1994 (+ 28,3 %), ont fait un
bond
spectaculaire (+ 56,8 %) en 1995
grâce au contrat ATR, pour
s'établir à
1 245 millions de francs
.
Traditionnellement diversifiées, ces exportations se concentrent de plus
en plus sur les
biens d'équipement professionnels
(687 millions
en 1995, soit 55,2 %), qu'il s'agisse des équipements
aéronautiques (du fait notamment du contrat ATR) mais aussi des
matériels agricoles, des machines pour l'industrie alimentaire, de
celles pour l'industrie du papier, ou des équipements électriques.
Les
produits chimiques et demi-produits
(197 millions en 1995) et les
biens de consommation courants
(178 millions) représentent, pour
leur part, respectivement 15,8 % et 14,3 % de nos exportations.
Enfin,
deux postes de moindre importance
ont été les plus
touchés en 1995 par les conséquences commerciales de la reprise
des essais : il s'agit des
produits agroalimentaires
(vins, eaux,
champagnes, Cognac...) et des
voitures automobiles
.
c) Des exportations néo-zélandaises très concentrées sur les produits agroalimentaires
Nos importations en provenance de Nouvelle-Zélande se
sont élevées en 1995 à
1 052 millions de
francs
, soit une augmentation de 3,8 % d'un an sur l'autre. Malgré
des sensibles évolutions, leur montant tourne depuis une quinzaine
d'années autour du milliard de francs (cf. tableau ci-dessus).
Ces importations restent très concentrées sur les
produits
agricoles et agroalimentaires
qui représentent, à eux seuls,
87,2 %
de l'ensemble (917 millions en 1995). Les principaux postes
d'importations sont, dans ce domaine, les viandes fraîches
(essentiellement ovines), les volailles et le gibier, et les cuirs et peaux.
Pour le reste, les autres importations néo-zélandaises portent
essentiellement sur :
- les fruits non tropicaux,
- les conserves de poisson,
- la laine en suint,
- et, pour des montants modestes, les biens de consommation et les biens
d'équipement professionnel.
2. L'accroissement des investissements français en Nouvelle-Zélande
a) Une présence économique française significative mais encore modeste
La présence économique française en
Nouvelle-Zélande est principalement constituée d'
une
cinquantaine de sociétés
implantées dans ce pays,
principalement dans la région d'Auckland.
Ces 50 sociétés emploient environ 3 700 personnes et on
estime en outre à 1 300 les emplois supplémentaires
directement liés à l'importation de produits français.
Ces données sont à rapprocher de celles de la
communauté française en Nouvelle-Zélande
qui
rassemble 1 400 immatriculés et environ 700 non
immatriculés. 45 % de ces Français sont établis à
Auckland, 18 % à Wellington et les autres répartis dans les
principales villes comme Christchurch, Dunedin ou Palmerston North.
En termes d'effectifs, les quatre
principaux investisseurs
français en Nouvelle-Zélande sont Danone, GEC Alsthom, Axa et
Alcatel.
De manière générale, les secteurs où l'implantation
française est la plus forte sont :
les produits alimentaires, les
produits chimiques, la laine, les vins, le tourisme et les parfums et
cosmétiques
. Si le secteur bancaire est
sous-représenté (seule Indosuez est présente), les
filiales des banques françaises installées en Australie sont
également actives en Nouvelle-Zélande.
Par ailleurs, l'essentiel de nos courants d'exportation est
réalisé avec des importateurs-distributeurs (plus de 700). C'est
notamment le cas dans l'automobile, la verrerie ou le machinisme agricole. Au
total,
le nombre d'entreprises françaises qui exportent en
Nouvelle-Zélande est estimé à environ 1 500.
b) La Nouvelle-Zélande, une base d'opération attractive en direction de l'Asie ?
La récente mission du patronat français en
Nouvelle-Zélande a été, une nouvelle fois, l'occasion pour
de nombreux dirigeants néo-zélandais de souligner
l'intérêt de leur pays -comme de l'Australie- comme
tremplin
vers l'Asie.
Tout ce qui a été dit ci-dessus (Cf. A, 2.) au sujet de
l'Australie reste valable, mutatis mutandis, pour la Nouvelle-Zélande.
Certes, la Nouvelle-Zélande ne constitue, à elle seule, qu'un
marché très modeste, et de surcroît encore plus
éloigné. Ce handicap, bien sûr important, est toutefois
compensé par le fait que la Nouvelle-Zélande constitue,
avec
l'Australie, un marché unique
déjà significatif. De
surcroît, les
coûts de production
en Nouvelle-Zélande
sont inférieurs, de l'ordre de 20 à 25 %, à ceux existant
en Australie. Par ailleurs, les Néo-Zélandais
bénéficient le plus souvent d'un
préjugé
favorable dans les milieux d'affaires asiatiques
dont des
sociétés françaises peuvent tirer profit pour
accéder à certains marchés d'Asie en liaison avec des
opérateurs néo-zélandais. Enfin, l'ouverture de la
Nouvelle-Zélande aux
technologies avancées
et aux produits
nouveaux en fait un marché très adapté pour tester de
nouveaux produits et de nouvelles idées.
Pour toutes ces raisons, la Nouvelle-Zélande, qui
bénéficie d'une économie dynamique et libérale
-plus encore que l'Australie- doit, selon votre délégation,
malgré son éloignement et sa taille modeste, être
mieux
prise en considération dans la stratégie d'insertion des
entreprises françaises dans la zone Asie-Pacifique.
Au même
titre que l'Australie, elle peut constituer un trait d'union utile, au plan
économique, entre l'Europe et l'Asie et est accessible à
l'idée d'une telle approche de l'Asie par le biais du Pacifique.
Pour l'heure, la plupart des filiales néo-zélandaises
d'entreprises françaises ne disposent que d'une compétence
nationale et certaines sont directement liées aux filiales
australiennes. On relèvera toutefois l'exemple de la
société PEC NZ, filiale d'EMC, dont le bureau
néo-zélandais a compétence sur l'ensemble de la zone
Asie-Pacifique ; les succès qu'elle remporte méritent
d'être médités.
Une meilleure
utilisation du levier néo-zélandais -comme du
levier australien- pour renforcer notre présence en Asie
devrait,
selon votre délégation, être favorisée par trois
orientations :
- orienter les sociétés françaises
intéressées vers les entreprises néo-zélandaises
disposant déjà d'accès aux marchés asiatiques
-à l'exemple de ce qui a déjà été fait par
la société Danone ;
- favoriser en particulier les entreprises de haute technologie ainsi que
l'implantation de certaines PME/PMI françaises qui manquent souvent des
moyens financiers nécessaires ;
- enfin, naturellement, faciliter l'expatriation de Français en
Nouvelle-Zélande, encore peu nombreux.
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