PROGRAMME DU DÉPLACEMENT DE LA MISSION D'INFORMATION SUR
SAINT-BARTHELEMY ET SAINT-MARTIN
DU 2 AU 8 MARS 1997
~~~
Dimanche 2 mars |
|
9 heures |
Départ du Sénat |
10 heures 30 |
Départ de Roissy-Charles de Gaulle |
16 heures |
Arrivée à
Pointe-à-Pitre
|
Lundi 3 mars |
|
9 heures |
Réunion de travail à
la Préfecture
|
13 heures |
Déjeuner chez Mme Lucette Michaux-Chevry, présidente du Conseil régional |
15 heures |
Rendez-vous avec M. Dominique
Larifla, président du
Conseil général
|
Mardi 4 mars |
|
10 heures 30 |
Transfert à l'aéroport de Pointe-à-Pitre |
12 heures 30 |
Départ pour Saint-Martin |
13 heures 15 |
Arrivée à Saint-Martin
|
16 heures |
Réunion de travail avec le conseil municipal et les élus départementaux et régionaux de Saint-Martin |
18 heures |
Rencontre avec les représentants des associations socio-professionnelles de Saint-Martin |
Mercredi 5 mars |
|
9 heures |
Visite de l'île |
11 heures 30 |
Rencontre avec la presse locale |
12 heures 30 |
Déjeuner chez M. Jean-Loup Petit, sous-préfet des Iles du Nord |
16 heures |
Départ pour Saint-Barthélémy |
16 heures 15 |
Arrivée à
Saint-Barthélémy
|
Jeudi 6 mars |
|
10 heures |
Réunion de travail à
la mairie avec M. Bruno
Magras, maire de Saint-Barthélémy ; M. Daniel Blanchard, ancien
maire ; M. Charles Querrard, ancien maire, M. Norleing Magras, conseiller
régional et général ; M. Christian Ledée,
ancien conseiller général ; M. Michel Magras, adjoint au
maire et
|
|
Déjeuner libre |
15 heures |
Visite de l'île |
Vendredi 7 mars |
|
10 heures |
Réunion avec les représentants des associations socio-professionnelles |
11 heures 30 |
Rencontre avec la presse locale |
13 heures |
Déjeuner avec M. Bruno Magras, maire de Saint-Barthélémy et M. Jean-Loup Petit, sous-préfet des Iles du Nord |
15 heures |
Départ pour Pointe-à-Pitre |
16 heures |
Arrivée à Pointe-à-Pitre |
17 heures 20 |
Départ pour Paris |
Samedi 8 mars |
|
6 heures 15 |
Arrivée à Orly-Sud |
REMERCIEMENTS
La délégation de la commission des Lois tient
à remercier tous ceux qui ont contribué au bon déroulement
de la mission et tout particulièrement :
- M. Jean Fédini, préfet de Guadeloupe, ainsi que M.
Frédéric Veau, secrétaire général pour les
affaires économiques et régionales et MM. Richard Duffet,
directeur régional des douanes, Jean-Paul Dutrieux, directeur des
services fiscaux, Jean-François Jolys, directeur des interventions
économiques et du développement, Jean-Pierre Maloisel,
trésorier payeur général ;
- M. Claude Valleix, sous-préfet de Pointe-à-Pitre ;
- M. Jean-Loup Petit, sous-préfet des Iles du Nord ;
- Mme Lucette Michaux-Chevry, président du conseil régional de
Guadeloupe ;
- M. Dominique Larifla, président du conseil général de
Guadeloupe ;
- M. Albert Fleming, maire de Saint-Martin, et son directeur de cabinet,
M. Fabien Giraud, ainsi que M. Louis-Constant Fleming, conseiller
général de Saint-Martin ;
- M. Bruno Magras, maire de Saint-Barthélémy, et son
directeur de cabinet, M. Frédéric Lacave.
I. LA SITUATION DE SAINT-BARTHÉLÉMY ET SAINT-MARTIN
Ainsi que les membres de la mission ont pu le constater sur
place, les Iles du Nord, souvent présentées comme une
entité unique en raison de leur grande proximité (15 minutes
d'avion ou une heure de bateau suffisent aujourd'hui pour se rendre d'une
île à l'autre, distantes de 18 kilomètres seulement),
recouvrent en fait des réalités fort différentes de par
leur histoire, leur peuplement, leur situation économique et sociale.
A cet égard, il n'est pas inutile de rappeler quelques points de
repère qui facilitent la compréhension des
spécificités de chaque île.
SAINT-BARTHÉLÉMY
·
quelques points de repère historiques
1493 :
l'île est découverte par Christophe Colomb au cours de
son second voyage
1674 :
elle est rattachée à la souveraineté
française
1784 :
Louis XVI cède l'île de
Saint-Barthélémy au roi de Suède Gustave III, contre des
droits d'accès des navires français au port suédois de
Göteborg et à ses entrepôts
1785 :
le port de Gustavia (capitale de l'île) devient un port
franc
1877 :
l'île redevient française : la Suède
cède Saint-Barthélémy à la France par le
traité de rétrocession du 10 août 1877, après accord
de ses habitants obtenu par référendum (351 oui sur 352 suffrages
exprimés)
1946 :
en conséquence de la départementalisation de la
Guadeloupe, l'île de Saint-Barthélémy devient une commune
d'un département français d'outre-mer
1963 :
la sous-préfecture des Iles du Nord est mise en place pour
la gestion administrative des îles de Saint-Barthélémy et
de Saint-Martin
·
Saint-Barthélémy aujourd'hui : quelques chiffres
un territoire de 26 km
2
situé à 240 km au nord de la
Guadeloupe
population : 6 000 habitants environ (contre 3 000 en 1982 et 5 000 en 1812)
principale activité économique : le tourisme (la population
totale peut atteindre 10 000 habitants avec les touristes en haute saison)
budget de la commune : 66 MF de recettes (fonctionnement 58 MF, investissement
8 MF) (exercice 96)
1 000 enfants scolarisés
pas de chômage
SAINT-MARTIN
·
quelques points de repère historiques
1493 :
l'île est découverte par Christophe Colomb
1626 :
des Français s'y installent
1629 :
des Hollandais s'implantent sur la côte orientale
1648 :
les Français et les Hollandais concluent (à la
suite d'une course à pied à travers l'île ?) une convention
de partage de l'île (convention du Mont des Accords)
1815 :
la souveraineté de la France sur la partie occidentale est
confirmée par le Traité de Paris après des occupations
espagnole, hollandaise, anglaise et française au cours des 17e et 18e
siècles
1839 :
le partage de l'île est confirmé par un
traité entre la France et les Pays-Bas
1946 :
en conséquence de la départementalisation de la
Guadeloupe, la partie française de Saint-Martin devient une commune d'un
département français d'outre-mer
1963 :
la sous-préfecture des Iles du Nord est
créée avec pour siège Marigot, capitale de la partie
française de Saint-Martin
·
Saint-Martin aujourd'hui : quelques chiffres
un territoire de 90 km
2
situé à 260 km au nord de la
Guadeloupe partagé entre deux Etats, sans frontière
matérialisée
une partie hollandaise de 34 km
2
au sud et une partie
française de 56 km
2
au nord
pour ce qui concerne la partie française :
population : 35 000 habitants (contre 6 000 dans les années 70 et
8 000 en 1982) dont 60 % d'étrangers, seulement 20 % d'originaires
de l'île
principale activité économique : le tourisme
budget de la commune : 315 MF (fonctionnement 197 MF, investissement 118 MF)
(exercice 96)
5 000 enfants scolarisés
2 300 inscrits à l'ANPE
Les îles de Saint-Barthélémy et de Saint-Martin, dont la
situation géographique au sein de la République française
se caractérise par un double éloignement, d'une part,
vis-à-vis de la métropole située à 7 000 km et,
d'autre part, vis-à-vis de leur département de rattachement
situé à 250 km, ont toutes les deux connu, après des
siècles de grande pauvreté, un développement rapide au
cours des vingt dernières années, grâce à l'essor du
tourisme.
Elles ont cependant conservé leurs spécificités
héritées de l'histoire.
Saint-Barthélémy, qui reste marquée par un siècle
d'occupation suédoise, est peuplée de descendants de bretons et
de normands auxquels sont venus s'ajouter un certain nombre de
métropolitains installés au cours de la période
récente. Fait original dans la Caraïbe, cette population de quelque
6 000 habitants est donc à 90 % d'origine européenne.
En revanche, la population de Saint-Martin est depuis longtemps cosmopolite et
d'origine très diverse. Le peuplement initial de l'île s'est
effectué à partir de populations européennes et africaines
venues des îles voisines anglophones (Anguilla, St-Eustache, St-Kitts et
les îles Vierges en particulier). La population de la partie
française de l'île, passée de 8 000 habitants au
début des années 80 à 35 000 aujourd'hui, s'accroît
à un rythme extrêmement rapide, sous l'influence d'une immigration
incontrôlée ; elle compterait aujourd'hui 60 % d'étrangers.
La situation économique et sociale des deux îles diffère
également par bien des aspects.
Saint-Barthélémy donne l'image d'une île prospère
dont le développement a été maîtrisé et
l'urbanisation limitée. Les habitants sont en effet restés
très attachés à leurs terres, ainsi qu'à un habitat
traditionnel de bonne qualité. L'économie de l'île,
fondée sur un tourisme " haut de gamme ", apparaît
florissante et le chômage y semble inexistant.
Saint-Martin a pour sa part connu un développement très rapide au
cours des dernières années qui s'est caractérisé
par une urbanisation quelque peu anarchique. De nombreux hôtels ont
été construits à la faveur de la " loi Pons " de
défiscalisation de 1986
1(
*
)
, ce
qui aboutit apparemment aujourd'hui
à une certaine surcapacité des infrastructures
d'hébergement.
L'île est fortement soumise à l'influence des Etats-Unis et les
échanges commerciaux s'y effectuent fréquemment en dollars.
La partie française connaît en outre des problèmes
spécifiques liés au partage de l'île avec les Antilles
néerlandaises, en particulier :
- l'impossibilité matérielle, en l'état actuel des choses
et à défaut de frontière matérialisée, de
contrôler la circulation des personnes et donc l'immigration en
provenance de la partie hollandaise ;
- la distorsion des coûts salariaux et des charges sociales (le SMIC est
de moitié inférieur et les charges sociales seraient moins
élevées en partie hollandaise
2(
*
)
)
;
- la dépendance à l'égard des infrastructures de base qui
sont toutes situées en partie hollandaise, à savoir
l'aéroport international, le port en eau profonde et l'unique
dépôt de carburants
3(
*
)
.
Ces problèmes sont renforcés par les difficultés
rencontrées dans les négociations avec les représentants
de la partie hollandaise de l'île dont ont fait état les
interlocuteurs rencontrés par la mission et qui s'expliquent notamment
par le statut d'autonomie très poussée dont
bénéficient les autorités de Curaçao (capitale des
Antilles néerlandaises) vis à vis des autorités de La Haye.
L'économie de Saint-Martin est aujourd'hui fragilisée par le
ralentissement de l'activité touristique consécutif au cyclone
" Luis " de septembre 1995. Le chômage se développe,
avec 2 300 inscrits à l'ANPE début 1996. Le travail au noir et
l'immigration clandestine seraient par ailleurs assez répandus,
d'après les représentants des services de l'Etat.
*
C'est à la lumière de ce contexte
spécifique à chaque île que doivent être
examinées les particularités du régime fiscal et
administratif existant en fait dans les Iles du Nord, qui relèvent du
statut de communes d'un département d'outre-mer.
D'une part, ces îles bénéficient en pratique d'un
régime fiscal et douanier particulier qui, en dépit de
différences marquées dans chacune d'entre elles, se traduit dans
les deux cas par une exonération de fait ou une absence de recouvrement
de nombreux impôts.
D'autre part, les élus locaux rencontrés par la mission, faisant
valoir que les communes de Saint-Barthélémy et Saint-Martin sont
aujourd'hui confrontées à d'importants besoins
d'équipements collectifs, disent souhaiter voir évoluer leurs
compétences dans le sens d'une autonomie accrue et disposer de
ressources financières plus importantes. Selon les déclarations
d'élus locaux, une telle évolution de leur statut administratif
permettrait à ces communes d'assumer dans de meilleures conditions leur
développement. Craignant que les contraintes constitutionnelles
applicables aux départements d'outre-mer ne soient un obstacle à
l'autonomie qu'ils ambitionnent, de nombreux élus souhaitent voir les
deux îles devenir territoires à statut particulier.