2. L'impact des récentes dévaluations
Le " SME bis ", dont la communication de
la
Commission européenne décrit les grands traits, a certes pour but
de favoriser l'adoption ultérieure de l'euro par les Etats non
participants ; mais il est également destiné à
éviter, aussi longtemps que certains Etats membres conserveront leur
monnaie nationale, des dévaluations de grande ampleur comme celles qui
ont suivi la crise du système monétaire européen en 1992.
On peut observer que des analyses différentes existent quant à
l'impact de ces dévaluations.
a) L'analyse de la Commission européenne
La Commission européenne a présenté au
Conseil européen de Madrid (15-16 décembre 1995) une
communication sur "
l'impact des fluctuations monétaires sur le
marché intérieur
", qui considère que les
conséquences macroéconomiques de ces fluctuactions ont
été très limitées, leur impact étant
plutôt régional et sectoriel.
Cette communication a été analysée par notre
collègue Bernard Barbier, dans un rapport adopté par la
délégation du Sénat pour la planification (Rapport n°
65 Sénat, 1995-1996) qui en donne le résumé suivant :
L'impact des fluctuations monétaires sur le
marché intérieur
(Résumé de la Communication de la Commission au Conseil
Européen)
La communication de la Commission au Conseil Européen
sur l'impact des fluctuations monétaires en Europe depuis 1992 met en
évidence plusieurs phénomènes :
- un ralentissement de la croissance, de l'ordre de 0,25 à 0,5 % du
PIB, imputable à l'incertitude et à l'attentisme que les
turbulences monétaires ont suscités chez les agents
économiques ;
- un effet variable sur la compétitivité-coût : parmi les
pays dont la monnaie s'est dépréciée, certains ont connu
une amélioration de leur compétitivité-coût (c'est
le cas de l'Italie -l'amélioration est de l'ordre de 24 % par
rapport à la moyenne européenne entre 1987 et 1995-de l'Irlande,
de la Suède), d'autres une dégradation (l'Espagne), d'autres une
stabilité (le Royaume-Uni). Parmi les pays dont la monnaie s'est
appréciée, l'Allemagne connaît une dégradation
sensible de sa compétitivité-coût (- 20 % par
rapport à la moyenne européenne entre 1987 et I995) et la France
une relativité stabilité ;
- un effet secondaire sur les soldes commerciaux : la Commission
considère que l'évolution des soldes commerciaux semble moins
influencée par les fluctuations monétaires que par des facteurs
structurels ou par la différence du rythme de croissance entre les pays
membres ;
- un effet important sur les comportements de marge : si les
dévaluations ont eu des effets macroéconomiques limités,
ceci est imputable selon la Commission aux comportements de marge des
exportateurs : dans les pays dont la monnaie s'est
dépréciée, ceux-ci ont mis à profit la
dévaluation pour augmenter leurs marges bénéficiaires et
donc, leur prix en monnaie nationale ; un phénomène inverse s'est
produit dans les pays dont la monnaie s'est appréciée
(contraction des marges) ;
- un impact plus sensible aux niveaux sectoriel et régional : certains
secteurs semblent néanmoins touchés par l'impact des fluctuations
monétaires : dans l'automobile ou l'habillement, les pays à
monnaie stable connaissent une érosion des marges et une diminution des
exportations en volume. Certaines régions frontalières
connaissent également des difficultés.
Sur la base de ce constat, la Commission invite les Etats membres à
s'attaquer aux causes des fluctuations monétaires plutôt
qu'à leurs effets.
Elle considère ainsi que les perturbations monétaires ont
globalement un impact négatif sur l'économie européenne en
raison de l'incertitude qu'elles génèrent sur les
opérateurs économiques, laquelle freine les investissements et
ralentit la croissance. Ainsi la réponse à ces difficultés
se trouve-t-elle dans un renforcement de la convergence des économies
européennes, préalable à la mise en oeuvre de la monnaie
unique, "
complément indispensable
" du Marché unique.
Dans ces conditions, vouloir corriger les effets des fluctuations
monétaires pour les secteurs et les régions les plus
touchés "
risquerait d'aggraver les problèmes
". La
Commission recommande donc de ne pas modifier les règles et les
mécanismes communautaires en vigueur en matière d'interventions
régionales.