CHAPITRE II
PERSPECTIVES SECTORIELLES

I. LES PERSPECTIVES D'ÉVOLUTION DE LA DEMANDE (1996-2001)

A. LA DEMANDE PUBLIQUE

Il résulte des perspectives économiques de moyen terme présentées au chapitre I, que la croissance se caractériserait sur la période 1996-2001 par la diminution de la part non-marchande du PIB sous l'effet de la compression des dépenses publiques. Celle-ci pèserait sur l'activité de la plupart des secteurs directement dépendants de ressources publiques (par exemple la santé), ou tributaires de commandes ou subventions publiques (en particulier l'armement et le secteur bâtiment travaux publics).

Feraient cependant exception les services publics locaux , pour lesquels la demande demeurerait dynamique (en particulier les services de collecte et traitement des déchets, ainsi que ceux de production et de distribution d'eau).

B. LA DEMANDE DES MÉNAGES

1. La consommation

La contrainte budgétaire des ménages

La progression du revenu disponible des ménages serait ralentie sur la période 1996-2001 (1,2 % par an dans la projection de l'OFCE détaillée au chapitre I par exemple), ce qui explique qu'en dépit de la stabilisation du taux d'épargne des ménages à un niveau (de l'ordre de 12 %), inférieur à celui atteint en moyenne durant les années 1991-1995 (13,7 %), la croissance de la consommation serait moins rapide que celle du PIB (respectivement 1,8 % par an et 1,9 % par an dans la projection de l'OFCE).

Compte tenu de l'accroissement annuel du nombre des ménages (environ 0,9 % par an), sous les effets conjugués de la croissance de la population et de la diminution de la taille moyenne des ménages, la croissance du revenu disponible brut moyen par ménage serait ainsi selon l'OFCE limitée à 0,3 % par an et celle de la consommation moyenne par ménage serait inférieure à 1 % l'an.

Cette contrainte budgétaire pourrait renforcer les tendances actuelles de la consommation, caractérisées selon les enquêtes du Centre de Recherche pour l'Etude et l'Observation des Conditions de Vie (CREDOC), par une propension croissante à privilégier l'offre à bas prix (en particulier les promotions), le développement du " plaisir " à faire des affaires, une réduction de la valeur distinctive attachée aux marques et une préférence pour les biens les plus rustiques ou les plus simples d'usage.

La contrainte de solvabilité des ménages pourrait notamment limiter le renouvellement du parc automobile , les consommateurs arbitrant de plus en plus en faveur des services de location de voitures, dont le coût relatif diminue.

La contrainte budgétaire des ménages pourrait également freiner le développement de l'informatique multimédia . Votre Rapporteur rappelle qu'en 1995, moins d'un pour cent des ménages français étaient équipés d'un modem (appareil qui permet de connecter un ordinateur sur le réseau téléphonique, donc sur le réseau Internet), contre 23 % aux Etats-Unis, ce qui s'expliquerait en partie par le choix des constructeurs d'offrir des systèmes de plus en plus performants à des coûts qui demeurent élevés, plutôt que de baisser leurs prix. Ceci peut susciter des inquiétudes pour le développement de la capacité française à maîtriser les technologies du savoir.

Plus généralement, les arbitrages de consommation des ménages seraient défavorables au textile-habillement et à certains biens d'équipement du foyer comme l'ameublement et l'électroménager grand public.

En revanche, les enquêtes du CREDOC montrent qu'une majorité des ménages consacreraient prioritairement un accroissement de leurs revenus à une augmentation de leurs dépenses de loisirs et de communication . Selon les experts du Bureau d'Informations et de Prévisions Economiques (BIPE), l'activité du transport aérien, des services de télécommunications (téléphonie mobile notamment) et de services récréatifs comme les parcs de loisirs, l'édition ou les jeux de hasard, serait ainsi particulièrement dynamique.

De même, la demande de biens liés à l'information tels que les micro-ordinateurs grand public, les télécopieurs, les téléphones mobiles, les téléviseurs au format 16/9ème, puis numériques, serait soutenue. Cependant, la progression des ventes exprimées en volume devrait être en grande partie compensée par les baisses de prix .

L'ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DE LA CONSOMMATION

(en % du total)

 

1980

1998

2001

Produits alimentaires boissons tabac

21,4

18,2

16,6

Articles d'habillement y.c. chaussures

7,3

5,4

4,5

Logement chauffage et éclairage

17,5

21,8

23,2

Meubles Mat. Ménager Art. de mén. entretien

9,5

7,3

7,1

Services médicaux et de santé

7,7

10,4

10,7

Transports et communications

16,6

16,2

16,9

Loisirs spectacles enseignement culture

7,3

7,5

7,3

Autres biens et services

12,7

13,2

13,7

Consommation nationale (y.c. non marchand)

100,0

100,0

100,0

Source : BIPE.

2. Le logement

Les perspectives de moyen terme de la demande de logements demeurent controversées. Dans la projection de l'OFCE, l'investissement logement des ménages s'accroît de 3,6 % par an en raison de la détente des taux d'intérêt . La baisse des taux d'intérêt et le succès du prêt à taux zéro facilitent en effet l'emprunt logement et favorisent la réallocation d'une partie de l'épargne disponible vers l'immobilier. Une étude réalisée en janvier 1996 par M. Michel MOUILLARD, professeur à l'Université Paris X, concluait ainsi que la diminution d'un point des taux d'intérêt acquéreur augmenterait la demande annuelle de logements neufs de 11 500 unités.

Effet sur la demande de logements

(en milliers d'unités)

 

Marché du neuf

Marché de l'ancien

Ensemble

Un point de pouvoir d'achat (au bout de 3 ans)


+ 6,5


+ 11,5


+ 18,0
Un point de taux d'intérêt en moins pour l'acquéreur

+ 11,5

+ 2,0

+ 13,5
Un point de taux de chômage en moins

+ 1,5

+ 4,0

+ 5,5
Un point de prix des logements en moins

+ 3,5

+ 11,5

+ 15,0
Source : modèle DESPINA .

En revanche, selon d'autres experts, divers facteurs concourraient sinon à prolonger la diminution du taux de détention d'un logement (de 61,1 % en 1992 à 59,6 % en 1996 selon l'INSEE), du moins à contraindre la demande de logements individuels : la défiance envers la pierre (placement considéré comme à la fois peu liquide -en raison de droits de mutation élevés- et sujet à d'amples fluctuations), le ralentissement du flux de nouveaux ménages, la fragilisation des structures familiales, le niveau du chômage, et plus généralement les difficultés rencontrées par les jeunes ménages confrontés à des revenus plus incertains.

Ainsi, selon les estimations du BIPE, la croissance de l'investissement logement des ménages serait limitée à 2,2 % en moyenne sur la période 1996-2001 et favoriserait surtout les dépenses de rénovation de l'habitat au détriment de la construction .

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