Conclusion
En termes maritimes, les DOM-TOM constituent pour la France un potentiel le plus souvent mal mis en valeur. Les atouts que représentent l'existence de points d'appui portuaires éloignés et insérés dans des environnements extra-européens, le caractère insulaire et tropical des principaux territoires, la possibilité d'exercer sa souveraineté sur des espaces marins étendus et parfois riches ne sont que modestement exploités.
En outre, la France n'a plus de stratégie visible pour son outre-mer, sinon une forme de désengagement qui, néanmoins, ne se traduit pas en termes financiers. Les dépenses en faveur des infrastructures portuaires, du développement du tourisme, des métiers de la pêche n'ont cessé d'augmenter et ne se traduisent pas toujours par des progrès à la mesure des sommes engagées. On assiste, en d'autres termes, à une stratégie du désengagement. Elle consiste à prôner et à soutenir l'intégration des DOM-TOM dans leurs régions respectives, sans en avoir mesuré pleinement les conséquences. Les DOM-TOM sont profondément attachés à la France. On peut donc s'interroger sur la pertinence de la politique consistant à les inscrire, notamment par les politiques maritimes, dans leurs environnements régionaux.
De la même manière, si l'avenir des DOM-TOM passe par des liens avec la France, la question de l'intégration des ces territoires et de ces populations dans le territoire de la République doit être posée, la complémentarité et l'échange avec la métropole doivent être organisés.
Les contraintes et les richesses maritimes et insulaires sont à l'origine de la mise en oeuvre de politiques publiques nombreuses, à la mesure de l'héritage historique et de la superficie maritime dont la France dispose grâce à son Outre-mer. Aux enjeux essentiellement économiques, sur lesquels s'est appuyée jusqu'à présent l'évaluation des politiques publiques maritimes, il faut ajouter les enjeux stratégiques, géopolitiques, qui contrairement aux précédents, ressortent du qualitatif et non du quantitatif. Ces enjeux géopolitiques ne peuvent se définir qu'en fonction d'un projet politique, et n'ont de sens qu'en fonction de la politique promue dans les zones géographiques concernées.
D'un strict point de vue de déploiement de moyens militaires, il ne faut pas négliger le fait que, même s'il n'existe pas de menace pesant sur telle ou telle zone, les missions de la Marine Nationale, dans le Pacifique par exemple, servent à asseoir la souveraineté française, à assurer la défense maritime des territoires et la police dans les Zones Économiques Exclusives, à affirmer une présence et à effectuer les traditionnelles missions de service public (information nautique, secours maritime).
L'appartenance de la France à ces organisations de coopération régionale lui assure un rayonnement culturel et politique que l'échelle européenne ne lui fournit pas. S'en exclure risquerait de la marginaliser dans les environnements régionaux concernés, alors qu'elle n'y est déjà pas souvent en position dominante dans le domaine maritime.