2. La violence idéalisée
Dans les émissions de fiction, la violence est de plus en plus idéalisée ; elle n'est pas insérée dans la réalité et participe d'une certaine forme d'imaginaire avec ses héros invincibles sortant victorieux de combats souvent, surtout lorsqu'il s'agit de Kung Fu, mis en scène comme de véritables ballets.
a) Un modèle social et esthétique
On note
qu'avec la surenchère commerciale dont elle fait l'objet - car elle
fait vendre - la violence s'exhibe de plus en plus : dans les
années quarante, en général on mourait d'une seule balle,
la chemise à peine tachée de sang ; dans les années
cinquante et soixante le filet de sang se fait de plus en plus voyant ; il
a fallu attendre les années 70 pour voir arriver ces films presque
hyperréalistes - dont le tout premier,
La horde sauvage
, fait
date dans l'histoire du cinéma - où l'hémoglobine envahit
véritablement l'écran.
Mais, plus grave, la violence est idéalisée car elle est
perçue sinon comme récompensée - heureusement, les
méchants sont généralement punis - du moins comme un mode
normal de règlement des conflits, la véritable loi fondamentale
de nos sociétés modernes.
Comment les enfants noyés dans un bain d'images violentes ne
seraient-ils pas conduits à croire, comme leurs aînés, que
la violence est naturelle et digne d'admiration ? Les séries
américaines mettent en scène un monde où la règle
du jeu est la loi du plus fort. Dans la vie quotidienne, cela n'encourage pas
les enfants à résoudre autrement leurs problèmes. Mais ne
trouve-t-on pas dans cette analyse l'écho d'un propos tenu en mai 1998
par Madame Ségolène Royal, ministre délégué,
chargée de l'enseignement scolaire ?
b) L'enquête de l'UNESCO
Une
enquête menée en 1996 et 1997 sous l'égide de l'Unesco,
portant sur une population de plus 5 000 jeunes âgés de douze
ans issus de 23 pays a démontré la fascination
exercée sur les jeunes garçons par les héros
violents ; on trouvait parmi eux "
le personnage de Terminator
joué par l'acteur Arnold Schwartzenegger ; il est devenu une
véritable icône mondiale ; 88 % des enfants du monde le
connaissent ; 51 % des enfants des environnements de forte agression
(où la criminalité est importante) voudraient être ce
personnage, contre 37 % dans des environnements de faible agression. Les
enfants ont manifestement besoin des héros des médias et se
servent d'eux comme modèles pour faire face à des situations
difficiles.
"
Les productions hollywoodiennes à succès accumulent les
cadavres : 106 dans
Rambo III
, 264 dans
Die Hard
, films qui
tôt ou tard passent sur le petit écran.
En définitive, comment s'étonner que les enfants ne fassent plus
la distinction entre le monde réel et celui que montre la
télévision.
Notre société qui virtualise nos vies, s'efforce
d'évacuer mort, vieillesse ou souffrance ; finit par affaiblir la
frontière entre réalité et fiction : même les
documentaires et l'actualité sont ravalés au rang de films de
fiction ou de jeux vidéo...
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