B. LE RESSORT TERRITORIAL DES CHAMBRES RÉGIONALES DES COMPTES
1. Les inconvénients du ressort régional
La
volonté de renforcer l'harmonisation des pratiques des chambres
régionales des comptes est inséparable d'une réflexion sur
la pertinence du ressort territorial retenu depuis l'origine pour ces nouvelles
juridictions financières : la région
31(
*
)
.
De ce fait, il existe sur le
plan juridique, 28 chambres
régionales et territoriales des comptes
dont : 22 chambres
métropolitaines, 4 chambres régionales d'outre-mer
(Réunion, Guadeloupe, Guyane, Martinique) et 2 chambres
territoriales des comptes (Polynésie française et
Nouvelle-Calédonie).
Au plan administratif, ces juridictions ne sont néanmoins qu'au nombre
de 25, dans la mesure où les chambres régionales des comptes de
Guadeloupe, Guyane, Martinique, d'une part, et les chambres territoriales de
Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française, d'autre
part, sont composées des mêmes magistrats.
A cet égard, le tableau ci-après met en évidence la
très forte inégalité de moyens en personnel des
différentes chambres régionales des comptes, l'écart
maximum atteignant pratiquement de 1 à 10 pour l'effectif des magistrats
entre la chambre régionale des comptes la plus importante et celle qui
se trouve la moins bien dotée.
Cette situation, qui recouvre d'incontestables différences en termes de charges travail, induit d'importantes distorsions dans les méthodes de travail des chambres régionales des comptes d'une région à l'autre. La conséquence majeure de cette situation est de favoriser l'inégalité de traitement des collectivités locales en raison de l'absence d'homogénéité du contrôle qu'entraîne inévitablement ces distorsions.
2. Vers une harmonisation de la dimension des chambres ?
Pour
répondre à cette situation, un meilleur équilibre entre
les différentes chambres régionales des comptes apparaît
souhaitable.
A cet égard, il est intéressant de noter qu'au cours de la
discussion, à l'Assemblée nationale, du texte qui allait devenir
la loi du 2 mars 1982, M. Raymond Marcellin analysait les
inconvénients du niveau régional retenu par le projet
32(
*
)
. Ce dernier relevait, en effet, que
"la création de chambres interrégionales des comptes au
début peut également se justifier par le fait qu'il n'y a pas en
France que de grandes régions [...]. L'avantage de la création
des chambres interrégionales des comptes pendant une première
période serait de vous faire connaître le volume des affaires
traitées et relevant de chaque région".
La démarche pragmatique, qui était alors proposée, a pu
apparaître à certains comme de nature à contribuer
utilement à l'effort d'harmonisation, aujourd'hui souhaité, des
pratiques des chambres régionales des comptes. Néanmoins, la
portée exacte d'une redéfinition complète du ressort
territorial des chambres régionales des comptes mériterait une
évaluation approfondie. Une réflexion sur la définition
d'une
" taille critique "
minimale pour les chambres dont les
dimensions sont les plus restreintes doit être engagée.