B. L'ÉVOLUTION DES DÉPENSES DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

La projection repose sur l'hypothèse d'un ralentissement global des dépenses des administrations publiques sur la période de projection (1998-2003) : en francs constants 42( * ) , elles progresseraient en moyenne de 2 % par an contre 2,7 % par an sur la période 1991-1997.

ÉVOLUTION DES DÉPENSES DE L'ENSEMBLE

DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

(déflatées par le prix du PIB marchand)

 

1991-1997

1998

1999

2000

2001-2003

ENSEMBLE DES DÉPENSES
en francs 1980


2,7


1,7


2,2


2,1


2,1

dont :

 
 
 
 
 

- Masse salariale

- Consommations intermédiaires

- Investissements

- Prestations sociales

2,4

1,6

0,1

2,9

2,2

0,3

- 0,3

2,3

3,7

1,3

- 0,1

2,2

3,1

1,2

0,6

2,4

2,4

2,1

0,5

2,2

1. La masse salariale

En ce qui concerne les effectifs des administrations publiques (Etat, collectivités locales et hôpitaux), la projection prolonge l'évolution moyenne constatée depuis 1985, soit une augmentation de 40 000 par an des emplois ordinaires. En outre les emplois-jeunes du début de période accroîtraient au total de 350 000 le nombre d'emplois dans les administrations 43( * ) . Dans ces conditions, les effectifs des administrations augmenteraient de 1 % par an en moyenne entre 1998 et 2003.

La projection retient l'hypothèse d'une progression moyenne de 0,7 % par an entre 1999 et 2003 du pouvoir d'achat de l' indice brut des traitements de la fonction publique. Cela suppose en 1999 et 2000 une compensation pour moitié des pertes passées du pouvoir d'achat de cet indice (- 0,7 % en 1996 et en 1997). Par la suite, le pouvoir d'achat du salaire moyen dans la fonction publique augmenterait de 0,5 % par an.

Au total, la masse salariale publique augmenterait de 2,2 % en francs constants 44( * ) en 1998 et, en moyenne, de 2,7 % par an de 1998 à 2003 (contre 2,4 % par an de 1991 à 1997).

2. Les consommations intermédiaires

Pour l'ensemble des administrations publiques, les consommations intermédiaires (qui comprennent les dépenses courantes des administrations hors dépenses de personnel, ainsi que les dépenses militaires en capital ) augmenteraient en volume de 1,5 % par an en moyenne entre 1998 et 2003, soit un taux proche de celui de la période 1991-1997 (1,6 % par an en moyenne).

Pour les collectivités locales , ceci se traduirait par un ralentissement important (de 4,5 % par an en volume de 1991 à 1997 à 2 % par an de 1998 à 2003).

TAUX DE CROISSANCE DES CONSOMMATIONS INTERMÉDIAIRES

DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

(Aux prix de 1980)

(en % par an)

 

1991-1997

1998

1999

2000

2001-2003

- Administrations centrales

- Collectivités locales

- Sécurité sociale

- Ensemble des administrations publiques

- 0,7

4,5

3,0

1,6

0,0

2,5

1,5

1,2

1,0

1,5

1,0

1,2

1,0

2,0

2,0

1,6

1,0

2,0

2,0

1,6

Pour la Sécurité sociale , la croissance en volume de cette catégorie de dépenses 45( * ) serait ramenée à 1,7 % par an en moyenne de 1998 à 2003, contre 3 % par an de 1991 à 1997.

Les consommations intermédiaires de l' Etat ne progresseraient pas en volume en 1998, puis croîtraient de 1 % par an à partir de 1999. Une réduction plus importante des dépenses militaires permettrait éventuellement des économies supplémentaires.

Le graphique ci-après permet de visualiser l'évolution relative des consommations intermédiaires des trois agents publics. On constate que la tendance au transfert des dépenses de l' Etat vers les collectivités locales se poursuivrait et qu'en 2003 le volume des consommations intermédiaires des collectivités locales rejoindrait pratiquement celui de l'Etat.

3. Les investissements publics

En matière d'investissements publics (qui, au sens de la comptabilité nationale, ne comprennent pas les dépenses militaires d'équipement), l'hypothèse retenue est celle d'une légère reprise de leur progression en volume (cf. tableau et graphique ci-dessous). Au total, celle-ci atteindrait seulement 1,4 % par an en moyenne, soit un taux de croissance inférieur quasiment de moitié à celui du PIB. Pour les collectivités locales, le taux de croissance serait plus élevé que celui observé de 1991 à 1997. Pour l'Etat, l'augmentation en volume serait limitée à 1,1 % par an. Enfin, les investissements des administrations de Sécurité sociale (qui, dans les définitions de la comptabilité nationale, incluent les investissements hospitaliers) augmenteraient de 1,3 % par an en volume, soit un freinage marqué par rapport à la période 1991-1997.

TAUX DE CROISSANCE DES CONSOMMATIONS INTERMÉDIAIRES

DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

(Aux prix de 1980)

 

1991-1997

1998

1999

2000

2001-2003

- Administrations centrales

- Collectivités locales

- Sécurité sociale (1)

- Ensemble des administrations publiques

- 0,5

- 0,5

4,8

0,0

1,6

- 0,3

0,8

0,2

1,0

1,5

0,8

1,3

1,0

2,0

1,0

1,7

1,0

2,0

1,7

1,8

(1) Ce concept inclut les hôpitaux.

Le graphique ci-dessous décrit l'évolution des investissements publics et leur répartition en fonction des trois sous-secteurs des administrations publiques.



4. Les prestations sociales

a) Les prestations-maladie

Le ralentissement de la croissance tendancielle des dépenses de santé observé depuis le début des années 1970 a été encore plus marqué au cours de la période 1991-1997. En pouvoir d'achat , les prestations-maladie n'ont progressé que de 1,9 % par an en moyenne au cours de ces années.

Cette évolution semble obéir à deux facteurs :

- la mise en oeuvre de plans de maîtrise des dépenses de santé en 1993 et 1995 qui ont produit des effets immédiats : les prestations-maladie n'ont ainsi progressé en pouvoir d'achat que de 0,8 % en 1994 et de 0,5 % en 1997 ;

- le ralentissement de la croissance et du revenu des ménages au cours de cette période qui se traduit par le ralentissement de la consommation de soins médicaux.

Les auteurs de la projection ont considéré que les réformes contenues dans le " Plan Juppé " de 1995 et dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 1999 (qui mettent en oeuvre une nouvelle politique de gestion des soins) pourraient infléchir durablement la tendance de l'augmentation des dépenses de santé. Mais, par ailleurs, l'accélération de la croissance et du revenu des ménages, observée en projection, se traduirait par une évolution plus rapide de la consommation médicale qu'au cours des années récentes. Cette analyse s'appuie notamment sur l'observation de l'évolution de la consommation médicale en 1998, année de forte reprise économique : la prolongation des résultats des premiers mois conduit en effet à retenir une hypothèse de croissance en volume de 3,4 % sur l'ensemble de l'année.

Au total, et afin de privilégier le caractère tendanciel de cet exercice, les experts de l'OFCE ont ainsi retenu une hypothèse d'évolution du pouvoir d'achat des prestations-maladie supérieure à celle de la période antérieure, soit 2,7 % par an en moyenne de 1998 à 2003, contre 1,9 % par an de 1991 à 1997.



b) Les prestations-vieillesse

La pression démographique sur les régimes de retraite serait sensible à partir de 2005, avec l'arrivée à l'âge de la retraite des classes nombreuses de l'après-guerre. Mais, au cours des cinq prochaines années, l'arrivée à l'âge de la retraite des classes creuses des années 1940 à 1943 se traduirait au contraire par un ralentissement de l'évolution du nombre de pensionnés.

Par ailleurs, la progression du montant unitaire des retraites resterait faible, en raison du maintien de l'indexation sur les prix et de la montée en charge de la réforme du régime général (allongement de la période de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein et modification du calcul du salaire de référence 46( * ) ).

Les mesures d'équilibrage décidées par les régimes complémentaires (baisse du rendement) contribueraient à la maîtrise de leurs dépenses.

L'augmentation du pouvoir d'achat de la retraite par tête serait ainsi limitée à 1 % par an d'ici 2003.

Au total, l'augmentation en volume des prestations-vieillesse serait de 2,1 % par an en moyenne de 1998 à 2003 (contre 2,5 % par an en moyenne de 1991 à 1997).

c) Les prestations-familiales et le Revenu Minimum d'Insertion

Malgré la suppression de la mise sous conditions de ressources des allocations familiales, la masse des prestations-familiales progresserait faiblement en raison du ralentissement démographique.

Pour l'allocation-logement, la croissance serait plus rapide, sans dépasser toutefois celle du PIB.

L'augmentation des dépenses au titre du Revenu Minimum d'Insertion 47( * ) se prolongerait en projection du fait, notamment, que l'assurance-chômage ne prend plus en charge les titulaires d'emplois précaires. Néanmoins, par rapport aux périodes antérieures, on observerait un ralentissement de la croissance des dépenses allouées au RMI.

L'ensemble prestations familiales et dépenses pour le RMI croîtrait ainsi en volume de 2,1 % par an en moyenne de 1998 à 2003 (après 2,9 % par an de 1991 à 1997).

d) Les prestations-chômage

L'évolution des prestations-chômage serait influencée en projection par trois facteurs :

- l'évolution en projection du nombre de chômeurs : celui-ci diminue de 1998 à 2000, avant de se stabiliser par la suite ;

- la diminution de l'indemnité moyenne de chômage en début de période , conséquence de la non prise en charge par l'assurance-chômage des titulaires d'emplois précaires ;

- l'hypothèse d'une revalorisation des prestations à partir de 2000 , en raison de l'amélioration des comptes du régime d'indemnisation.

L'évolution en volume des prestations-chômage recouvrerait ainsi un profil contrasté : elles augmenteraient de 0,5 % en 1998, diminueraient de 1,7 % en 1999 (en raison de la diminution du chômage), augmenteraient à nouveau de 3,8 % en 2000 (en raison de l'hypothèse de l'évolution du régime d'indemnisation), puis croîtraient de 1,1 % en moyenne de 2001 à 2003.

Au total, les prestations-chômage en volume augmenteraient de 1 % par an en moyenne de 1998 à 2003 (contre 4,9 % par an de 1991 à 1997).

Comme l'indique le tableau récapitulatif ci-dessous, le pouvoir d'achat de l' ensemble des prestations sociales augmente en projection de 2,3 % par an en moyenne, contre 2,6 % par an pour la période 1991-1997.

Les prestations sociales progressent ainsi moins vite que le PIB total (2,6 % par an en moyenne), contrairement à la période 1991-1997 (+ 2,6 % pour les prestations sociales et + 1,3 % pour le PIB).

ÉVOLUTION DU POUVOIR D'ACHAT DES PRESTATIONS SOCIALES

 

1991-1997

1998

1999

2000

2001-2003 *

POURCENTAGE ANNUEL D'ACCROISSEMENT

 
 
 
 
 

- Famille, logement et RMI

- Retraites

- Retraites / tête

- Chômage

- Maladie

Total des prestations

2,9

2,5

0,9

4,9

1,9


2,6

2,9

2,3

0,8

0,5

3,4


2,5

1,7

2,1

1,0

1,7

2,6


1,9

1,9

2,1

1,0

3,8

2,6


2,4

2,0

2,0

1,0

1,1

2,7


2,2

* Taux d'accroissement annuel moyen entre 2001 et 2003.

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