C. SORTIE DE CRISE POUR L'ÉCONOMIE MONDIALE ?
La
projection réalisée par l'OFCE pour le Sénat
décrit, pour le moyen terme, un retour de la croissance de
l'
économie mondiale
vers sa
tendance
antérieure,
soit 3 % par an environ.
Le scénario de
sortie de crise
ainsi présenté
rejoint par ailleurs celui élaboré par d'autres organismes de
prévision (cf. chapitre II, page 47).
Le sentiment que la crise financière serait derrière nous est
renforcé par la prise de conscience que traduit la position des pays
industrialisés réunis au sein du G7, ou celle du Fonds
monétaire international, en faveur d'une
" libéralisation
ordonnée des mouvements de capitaux
"
12(
*
)
. Il faut cependant observer que,
hormis l'augmentation des ressources du FMI, cette mobilisation n'a pas encore
entraîné de décisions concrètes. Or, il faut
souligner que celles-ci seront d'autant plus difficiles à mettre en
oeuvre que la crise récente, à l'inverse des crises
précédentes, n'est pas de nature exclusivement
macroéconomique
, mais aussi une crise d'insolvabilité
d'
agents privés
(intermédiaires financiers notamment).
Si la crise récente pouvait néanmoins déboucher sur une
meilleure régulation du système financier international
13(
*
)
, il faut craindre que les
problèmes à l'origine de ces turbulences ne demeurent.
Votre Rapporteur évoquera ainsi
trois inquiétudes
majeures pour le
moyen terme
14(
*
)
:
• La persistance du
déficit extérieur
américain
, conséquence d'une insuffisance structurelle
d'épargne, est à l'origine de la
volatilité du
dollar
et constitue une menace pour la stabilité de
l'économie mondiale. Celle-ci doit en effet vivre sous la menace
permanente d'un arrêt du financement de l'endettement considérable
des Etats-Unis par les investisseurs non américains. De ce point de vue,
l'avènement de l'euro introduit une incertitude supplémentaire.
• La question du
recyclage de l'épargne
dégagée par les pays de l'OCDE demeure pendante. Jusqu'à
présent, celui-ci s'est opéré sous la forme de mouvements
de capitaux à
court terme
vers les pays émergents, ou, en
cas de crise, sous la forme d'interventions du FMI. Il serait souhaitable pour
la stabilité du système financier international que ce recyclage
se réalise sous la forme de mouvements de capitaux à
long
terme
et d'
investissements directs
ou, autrement dit, que les
opérateurs de ce recyclage soient moins des intermédiaires
financiers que des
entreprises
.
Par ailleurs, la persistance d'excédents commerciaux substantiels en
Europe et au Japon ne favorise pas le redémarrage de l'activité
dans les pays émergents. Sous cet aspect, des politiques plus favorables
à l'augmentation de la demande intérieure en Europe et au Japon
seraient de nature à renforcer la croissance mondiale.
• Les exigences de
rentabilité
très
élevées des épargnants des pays développés
ont conduit à des prises de risque excessives, tant du côté
des entreprises que du côté des institutions financières,
et à la crise actuelle. Un
redressement
de l'économie
mondiale suppose donc l'acceptation, par les créanciers des pays
développés, de taux de rentabilité des capitaux investis
moins élevés
.