3. Un système politique fédéral en cours de profonde transformation
Le
système politique mexicain présente trois caractéristiques
majeures : c'est
une République fédérale
, les
Etats-Unis du Mexique ; c'est
un régime présidentiel
,
dont l'une des originalités réside dans le principe de
non-réélection ; et c'est enfin un système politique
fondé sur
la domination d'un parti, le PRI
(parti
révolutionnaire institutionnel), au pouvoir depuis 1929 mais qui doit
faire face aujourd'hui à une concurrence démocratique
inédite.
-
Les " Etats-Unis du Mexique "
forment une République
fédérale, composée de
31 Etats
et d'un district
fédéral, constitué de la ville de Mexico et ses environs
immédiats.
Chaque
Etat fédéré
dispose de ses propres organes
exécutifs, législatifs et judiciaires. Chacun est dirigé
par un
gouverneur
, élu au suffrage universel direct à un
tour, pour un mandat de six ans non renouvelable. Jusqu'en 1989, tous les
gouverneurs étaient membres du
PRI
; mais on assiste depuis
à une certaine érosion de ce parti, en faveur notamment du
PAN
(parti d'action nationale, libéral) dans le centre nord du pays, et
du
PRD
(parti de la révolution démocratique, gauche) dans
la capitale et dans certains Etats du sud.
Le
district fédéral de Mexico
est le siège des
pouvoirs de l'Union et la capitale des Etats-Unis du Mexique. Conçu
à l'origine, comme Washington D.C., pour affirmer l'indépendance
du gouvernement fédéral, le district fédéral est
une entité particulière, distincte des 31 autres Etats de la
fédération, mais a été progressivement
transformé en une entité très proche d'un Etat de droit
commun avec, notamment, la transformation de l'assemblée des
représentants en assemblée législative et
l'élection au suffrage universel du Chef du gouvernement du district
fédéral, auparavant nommé par le Président de la
République. Les premières élections, le 6 juillet
1997, ont donné les pouvoirs de Chef du gouvernement -tenant à la
fois de ceux d'un gouverneur et de ceux d'un maire- à
Cuauhtémoc Cardenas
, leader du PRD et fils de l'ancien
Président.
- La Constitution fédérale de 1917 a doté le Mexique
d'
un régime présidentiel
, lui aussi calqué
sur le modèle nord-américain mais limitant fortement les moyens
d'intervention du législatif sur un exécutif omniprésent.
Le
Chef de l'Etat
, élu pour six ans au suffrage universel direct,
est également chef du gouvernement ; il nomme et révoque les
membres du cabinet, le procureur général de la République
et les ambassadeurs.
Le
Congrès de l'Union
ne se réunit, sauf session
extraordinaire, que du ler septembre au 15 -ou 30- décembre et du 15
mars au 30 avril. Il est composé :
- d'une part, de la
Chambre des députés
composée de
500 membres élus pour
trois ans
(dont 300 désignés
au scrutin majoritaire à un tour et 200 à la
représentation proportionnelle) ; pour chaque titulaire est
élu un suppléant, et le cumul des mandats est strictement
réglementé ;
- d'autre part, du
Sénat
, composé de 128 membres, soit
quatre pour chaque Etat fédéré, élus pour un mandat
de six ans.
Les
dernières élections législatives, le 6 juillet
1997
, ont conservé au
PRI
la majorité au Sénat
(76 sièges sur 128) mais il n'y dispose plus de la majorité
qualifiée requise pour certaines procédures ; il
a
surtout,
pour la première fois, perdu la majorité absolue
à la Chambre
(237 sièges sur 500).
Il faut enfin souligner l'un des aspects les plus caractéristiques du
régime présidentiel à la mexicaine -qui la distingue du
système américain-, à savoir
le principe de non
réélection
. Applicable à tous les mandats importants,
qu'il s'agisse du Président de la République, des
députés, des sénateurs ou des gouverneurs, ce principe
constitue en particulier une limite essentielle à la toute-puissance du
Chef de l'exécutif et un facteur efficace de renouvellement du personnel
politique. S'ajoutant -avant que le président Zedillo n'y renonce, au
moins officiellement, cette année- à la pratique habituelle du
" dedazo "
par laquelle le Chef de l'Etat sortant, non
renouvelable, désignait lui-même son successeur, ce principe de
non-réélection a finalement contribué à favoriser
le maintien au pouvoir, pendant soixante-dix ans, du PRI grâce à
un renouvellement cyclique et, en quelque sorte, institutionnalisé des
hommes au pouvoir.
- La
domination du PRI
constitue ainsi la dernière -mais non la
moindre- des caractéristiques du système politique mexicain.
Son origine réside dans la création, en 1929, du parti national
révolutionnaire (
PNR)
par Calles, désireux de
réunir les différentes tendances de la " famille
révolutionnaire " pour parer au danger de guerre civile.
Transformé en parti de la révolution mexicaine (
PRM
) sous
l'impulsion du général Cardenas, il devient alors une
organisation de masse omnipotente réunissant toute la
société autour du Président de la République. C'est
en
janvier 1946
, avec l'accession au pouvoir de Miguel Aleman, que le
PRM devient le parti révolutionnaire institutionnel (
PRI
).
Après avoir détenu et exercé sans partage le pouvoir
pendant près de sept décennies, le PRI s'est très
profondément implanté, à tous les échelons de la
société et de l'Etat. Mais, au cours des dernières
années, le
pluralisme politique de façade
a laissé
la place à
l'émergence de véritables forces
d'opposition,
le PAN et le PRD (cf première partie ci-dessous).
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