PREMIÈRE PARTIE -
LE MEXIQUE DE L'AN 2000, ENTRE TRANSFORMATIONS
POLITIQUES ET MUTATIONS ÉCONOMIQUES
I. LA POLITIQUE INTÉRIEURE MEXICAINE : UNE OUVERTURE POLITIQUE AUX CONSÉQUENCES INCERTAINES
A. LA " NORMALISATION " DÉMOCRATIQUE : MODERNISATION INSTITUTIONNELLE OU BOULEVERSEMENT POLITIQUE ?
1. La modernisation des institutions mexicaines
a) Consolidation ou sauvetage des institutions ?
La
modernisation des institutions mexicaines, amorcée par le
Président Salinas de Gortari
(1988-1994), a été
poursuivie et amplifiée par l'actuel chef de l'Etat,
Ernesto
Zedillo
. Présenté comme une consolidation des institutions
démocratiques caractérisées depuis sept décennies
par le maintien au pouvoir du même parti dominant , ce processus est
apparu à la fois comme une tentative de modernisation institutionnelle
et comme un moyen de pérenniser encore le pouvoir érodé du
PRI. Aboutira-t-il en fait à un véritable bouleversement
politique dont les élections présidentielles de l'an 2000
pourraient être le révélateur ? La question est
aujourd'hui posée.
Le Président Zedillo a favorisé la poursuite de ces
transformations qui ont touché les fondements traditionnels du
système politique mexicain.
Désigné comme candidat du
PRI en 1994 après l'assassinat du précédent candidat, Luis
Donaldo Colosio, le nouveau Chef de l'Etat a dû, dès son accession
au pouvoir (décembre 1994), gérer une situation intérieure
exceptionnellement difficile caractérisée tout à la
fois : par une grave
crise économique et financière
,
l'obligeant à dévaluer le peso quelques jours après son
investiture ; par la guérilla dans l'Etat du
Chiapas
menée par le mouvement zapatiste depuis le 1
er
janvier 1994
-le jour même de l'entrée en vigueur de l'
ALENA
avec les
Etats-Unis et le Canada ; et par une série de
scandales
politiques
dans lesquels ont été mis en cause des
responsables de haut niveau -y compris le frère de l'ex-président
Salinas- impliqué dans l'assassinat de Luis Donaldo Colosio et dans
celui du numéro deux du PRI, Ruiz Massieu.
Malgré les critiques des conservateurs du PRI hostiles à toute
évolution des institutions politiques, le Président Zedillo a
poursuivi le processus de modernisation des institutions qui a
été qualifié par Mme Rosario Green, ministre
mexicaine des Affaires étrangères, de
"
normalisation " démocratique
lors de son audition
devant notre commission le 22 octobre dernier. M. Zedillo a ainsi
été, aux yeux mêmes de ses adversaires politiques, un
facteur déterminant de ces changements politiques.
Ces évolutions passent d'abord par l'honnêteté du processus
électoral et le
respect du verdict des urnes
. Elles supposent
aussi la
transformation du PRI
en un parti moderne donnant un droit de
regard accru aux militants de base du parti au fur et à mesure que
s'amenuise son rôle de " courroie de transmission " du
Gouvernement. Elles passent également par l'
émergence
de véritables forces d'opposition
, susceptibles de constituer une
alternative démocratique crédible.
Ces changements se sont en particulier traduits par
un nouveau régime
électoral
, adopté en août 1996 à la suite d'une
initiative présidentielle, qui assure le respect des règles
formelles du débat démocratique. C'est sur la base de cette
vaste réforme électorale que se sont déroulées, le
6 juillet 1997, les élections les plus démocratiques de
l'histoire mexicaine.