MIEUX GÉRER, MIEUX ÉDUQUER, MIEUX RÉUSSIR
GOUTEYRON (Adrien), Président ; GRIGNON (Francis), Rapporteur ; CARLE (Jean-Claude) ; VALLET (André), Rapporteur adjoints
RAPPORT 328 (98-99), Tome 1 - commission d'enquête
Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER :
DES MOYENS CONSIDÉRABLES GÉRÉS
SANS RIGUEUR APPARENTE-
I. LA " PREMIÈRE PRIORITÉ
NATIONALE " : DES MOYENS TRÈS IMPORTANTS
- A. LE PREMIER BUDGET DE L'ÉTAT
- B. UNE DÉRIVE BUDGÉTAIRE CONTINUE
-
II. UNE DÉRIVE BUDGÉTAIRE APPELÉE
À SE POURSUIVRE
- A. UNE DÉCROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE SANS INCIDENCES BUDGÉTAIRES
- B. UNE SURESTIMATION TRADITIONNELLE DES BESOINS
- C. DES BESOINS NOUVEAUX
- III. UNE DÉPENSE PUBLIQUE D'ÉDUCATION NON OPTIMISÉE
-
I. LA " PREMIÈRE PRIORITÉ
NATIONALE " : DES MOYENS TRÈS IMPORTANTS
-
CHAPITRE II :
DES DYSFONCTIONNEMENTS GÉNÉRÉS PAR L'ÉDUCATION NATIONALE ELLE-MÊME-
I. LES RIGIDITÉS DU SYSTÈME SCOLAIRE
- A. UNE GESTION IMPARFAITE : UNE CENTRALISATION, FRUIT DE L'HISTOIRE ET UNE DÉCONCENTRATION MAL CONTRÔLÉE
- B. LES CONTRAINTES STATUTAIRES DU SYSTÈME SCOLAIRE
- C. UNE SPÉCIALISATION DISCIPLINAIRE EXCESSIVE
- D. UN SYSTÈME DE REMPLACEMENT BAROQUE, PEU EFFICACE ET SOURCE DE GASPILLAGE
-
II. LES DYSFONCTIONNEMENTS DU SYSTÈME
- A. LES ABSENCES
-
B. DES " PERTES EN LIGNE "
- 1. Des décharges de service justifiées : les directeurs d'école
- 2. Les conséquences d'une gestion paritaire du système scolaire : les décharges syndicales et les autorisations d'absence
- 3. Les détachements : plus de 15.000 enseignants
- 4. Les mises à disposition : 1.150 enseignants ?
- 5. L'estimation globale des " pertes en ligne " par la commission
- C. UN ENCADREMENT " ADMINISTRATIF " INSUFFISANT ET PEU EFFICACE
-
I. LES RIGIDITÉS DU SYSTÈME SCOLAIRE
-
CHAPITRE III :
LES RIGIDITÉS DU SYSTÈME NÉCESSITENT UN RECOURS EXCESSIF À DES VARIABLES D'AJUSTEMENT QUI RENDENT ENCORE PLUS COMPLEXE LA GESTION DU SYSTÈME ÉDUCATIF-
I. LES MAÎTRES AUXILIAIRES : UNE FORMULE
D'AJUSTEMENT COMMODE MAIS UNE SOURCE DE DYSFONCTIONNEMENTS
DIFFÉRÉS
- A. LE RÉEMPLOI MASSIF DES MAÎTRES AUXILIAIRES À LA RENTRÉE DE 1997
-
B. LA FIN DES MAÎTRES AUXILIAIRES : UNE
FICTION ?
- 1. Les perspectives de titularisation par voie de concours spécifiques
- 2. Les conséquences pour les concours de droit commun : une rupture du principe d'égalité
- 3. Les obstacles à la titularisation des maîtres auxiliaires : le refus d'une mobilité dans le cadre du mouvement
- 4. Les maîtres auxiliaires " structurels "
- C. UNE UTILISATION TRÈS DIVERSE QUI DOIT ÊTRE CONTRÔLÉE
- II. LE RECOURS À D'AUTRES CATÉGORIES DE NON TITULAIRES
- III. UNE VARIABLE TRADITIONNELLE : LES HEURES SUPPLÉMENTAIRES
- IV. LES AIDES ÉDUCATEURS : QUEL AVENIR ?
-
I. LES MAÎTRES AUXILIAIRES : UNE FORMULE
D'AJUSTEMENT COMMODE MAIS UNE SOURCE DE DYSFONCTIONNEMENTS
DIFFÉRÉS
- LES PROPOSITIONS DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE
- CONTRIBUTION DU GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN
- CONTRIBUTION DU GROUPE SOCIALISTE
-
COMPTE RENDU DES DÉPLACEMENTS
DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE DANS LES ACADÉMIES DE MÉTROPOLE ET D'OUTRE-MER
N°
328
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Rapport remis à Monsieur le Président du Sénat le 28 avril
1999
Dépôt publié au Journal officiel du 29 avril 1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 29 avril 1999
RAPPORT
de la commission d'enquête (1) sur la situation et la gestion des personnels des écoles et des établissements d'enseignement du second degré ainsi que de ceux des services centraux et extérieurs des ministères de l' éducation nationale et de l 'agriculture , pour l'enseignement agricole, créée en vertu d'une résolution adoptée par le Sénat le 5 novembre 1998,
TOME
I : rapport et annexes
Président
M. Adrien GOUTEYRON
Rapporteur
M Francis GRIGNON
Rapporteurs adjoints
MM. Jean-Claude CARLE et André VALLET,
Sénateurs.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean Arthuis, Jean Bernadaux,
Gérard Braun, Jean-Claude Carle, Jean-Louis Carrère, Xavier
Darcos, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Mme Dinah Derycke, MM. Claude
Domeizel, Jean-Léonce Dupont, Adrien Gouteyron, Francis Grignon,
Jean-Philippe Lachenaud, Serge Lagauche, Jacques Legendre, Mme
Hélène Luc, MM. Jacques Mahéas, Pierre Martin, Jacques
Valade, André Vallet.
Voir les numéros :
Sénat :
30
,
46
,
52
et T.A.
12
(1998-1999).
Enseignement.
GLOSSAIRE DES SIGLES
ATOS |
Personnel administratif, technicien, ouvrier et de service |
BEP |
Brevet d'études professionnelles |
BTS |
Brevet de technicien supérieur |
CAP |
Certificat d'aptitude professionnel |
CAPES |
Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré |
CAPN |
Commission administrative paritaire nationale |
CNED |
Centre national d'enseignement à distance |
CPGE |
Classe préparatoire aux grandes écoles |
DATAR |
Délégation à l'aménagement du territoire |
DIE |
Dépense intérieure d'éducation |
DOM |
Département d'outre-mer |
DUT |
Diplôme universitaire de technologie |
EMI |
Enquête masse indiciaire |
EPS |
Education physique et sportive |
ETP |
Equivalent temps plein |
FEN |
Fédération de l'éducation nationale |
FPMA |
Formation paritaire mixte |
FPMN |
Formation paritaire mixte nationale |
FSU |
Fédération syndicale universitaire de l'enseignement |
HSA |
Heure supplémentaire année |
HSE |
Heure supplémentaire effective |
HSS |
Heure supplémentaire spécifique |
IA-DSDEN |
Inspecteur d'académie, directeur des services départementaux de l'éducation nationale |
IEN |
Inspecteur de l'éducation nationale |
IGAEN |
Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale |
IGEN |
Inspection générale de l'éducation nationale |
IPR-IA |
Inspecteur pédagogique régional, inspecteur d'académie |
ISSR |
Indemnité de sujétions spéciales de remplacement |
IUFM |
Institut universitaire de formation des maîtres |
MA |
Maître auxiliaire |
MAD |
Mise à disposition |
MAFPEN |
Mission académique à la formation des personnels de l'éducation nationale |
MGEN |
Mutuelle générale de l'éducation nationale |
OCDE |
Organisation de coopération et de développement économique |
PEGC |
Professeur d'enseignement général des collèges |
PIB |
Produit intérieur brut |
PLP |
Professeur de lycée professionnel |
PLP 2 |
Professeur de lycée professionnel de deuxième grade |
REP |
Réseau d'éducation prioritaire |
RPI |
Regroupement pédagogique intercommunal |
SNALC |
Syndicat national des lycées et collèges |
SNES |
Syndicat national de l'enseignement secondaire |
SNUIPP |
Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs d'école et PEGC |
STAPS |
Sciences et techniques des activités physiques et sportives |
STS |
Section de technicien supérieur |
TA |
Titulaire académique |
TR |
Titulaire remplaçant |
ZEP |
Zone d'éducation prioritaire |
ZIL |
Zone d'intervention localisée |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
A l'initiative des présidents des quatre groupes de sa majorité
et du président de sa commission des affaires culturelles, le
Sénat a constitué le 5 novembre 1998 une commission
d'enquête sur la situation et la gestion des personnels des écoles
et des établissements du second degré ainsi que de ceux des
services centraux et extérieurs des ministères de
l'éducation nationale et de l'agriculture, pour l'enseignement agricole.
Cette commission a été créée dans un contexte de
forte mobilisation des lycéens qui manifestaient contre les conditions
dans lesquelles s'était effectuée la rentrée de 1998, et
alors que se déroulait dans le même temps la discussion
budgétaire du projet de loi de finances pour 1999 qui prévoyait,
encore une fois, une augmentation substantielle des crédits de
l'éducation nationale.
Compte tenu de ce contexte, et des dysfonctionnements qui se
répétaient lors de chaque rentrée scolaire, il
était légitime que le Sénat se penche sur la gestion des
personnels de l'éducation nationale qui représentent, il convient
de le rappeler, la moitié des effectifs de la fonction publique, et qui
sont chargés d'encadrer une population scolaire en forte
décroissance, appelée à se poursuivre du fait de
l'évolution démographique.
Dans le même temps, étaient évoqués, notamment par
le ministre, le problème des classes sans enseignants, des enseignants
sans classe, la gestion trop centralisée des affectations dans le second
degré, les pertes en lignes qui résulteraient de mises à
disposition, de détachements, de décharges au profit d'organismes
divers, lesquelles hypothéqueraient de manière non
négligeable les moyens mis à la disposition de
l'éducation nationale.
Bref, il fallait y voir clair et la création de la commission
d'enquête par le Sénat apparaissait légitime et opportune.
Son président tient à rappeler à titre liminaire que cette
commission n'a aucunement été inspirée par une quelconque
suspicion à l'égard des personnels de l'éducation
nationale qui, dans leur immense majorité, effectuent leur tâche
avec compétence, enthousiasme et dévouement, qu'il s'agisse des
enseignants ou des chefs d'établissement, dans des conditions
malheureusement de plus en plus difficiles, ou à l'égard du
ministre actuel qui a largement hérité d'une situation
antérieure où prévalait la " peur de manquer "
en terme de moyens, alors que se poursuivait inexorablement le mouvement de
massification de l'enseignement secondaire et qu'était constatée
une certaine désaffection des étudiants à l'égard
des concours.
Il convient également de rappeler que le Sénat, en examinant la
proposition de résolution tendant à créer cette commission
d'enquête, a substantiellement élargi son champ
d'investigation : aux personnels enseignants et non enseignants de
l'éducation nationale ont été ajoutés, comme
l'indique un intitulé quelque peu indigeste, ceux des " services
centraux et extérieurs des ministères de l'éducation
nationale et de l'agriculture, pour l'enseignement agricole ",
l'enseignement privé " sous contrat " entrant également
dans le champ de l'enquête.
Parvenue au terme de ses six mois d'existence légale, la commission
d'enquête n'a pas la prétention d'avoir exploré toutes les
dimensions de la commande qui lui a été passée.
En dépit de quelque quarante auditions qui ont représenté
autant d'heures d'investigation, de douze déplacements dans diverses
académies, dont quatre d'outre-mer, la commission d'enquête n'a
pas été en mesure de réserver la part qui leur revenait
à certaines composantes essentielles de notre système
éducatif.
Elle regrette ainsi de ne pas avoir eu la possibilité d'entendre les
associations de parents d'élèves, l'ensemble des organisations
syndicales et notamment celles représentant les personnels non
enseignants ainsi que la totalité des composantes de l'enseignement
privé et de l'enseignement agricole.
Il reste que ses déplacements dans les rectorats, les écoles et
les établissements scolaires, ainsi qu'à la
" centrale " de la rue de Grenelle lui ont permis de rencontrer les
principaux acteurs du système éducatif et de se faire communiquer
les documents indispensables à son information.
La commission d'enquête tient naturellement à remercier l'ensemble
de ses interlocuteurs pour leur disponibilité et pour les conditions
dans lesquelles se sont déroulées ses investigations. Elle a
même noté l'intérêt que suscitaient ses
déplacements au sein d'académies ou d'établissements qui
n'ont pas pour habitude de recevoir une délégation de la
représentation nationale : nul doute que cette enquête a
permis de resserrer des liens qui sont parfois trop distendus entre le
Parlement et l'école et de réduire peut-être des
incompréhensions réciproques.
A l'issue de ce voyage au sein du système scolaire, et sans
déflorer le contenu des développements ci-après, quelles
sont les
observations générales
qui ont pu être
retirées par la commission d'enquête sur la gestion de
l'éducation nationale ?
Elle tient d'abord à faire litière de certaines idées
reçues : s'agissant d'une administration qui a été
présentée par le ministre comme un gigantesque
éléphant fossile de l'ère quaternaire, la commission a pu
constater que les effectifs de la " centrale " avaient
été considérablement
" dégraissés " depuis quelques années, que les
échelons déconcentrés étaient loin d'être
pléthoriques et pêchaient plutôt par certaines
insuffisances, sur le plan statistique et informatique notamment, et que ce
relatif sous-encadrement au niveau quantitatif et aussi qualitatif, risquait de
ne pas faciliter la mise en oeuvre de certaines réformes pourtant
indispensables, comme la déconcentration du " mouvement " et
la mise en place du contrôle local des emplois.
Par ailleurs, si elle a effectivement constaté une centralisation
excessive de l'éducation nationale, la commission a aussi observé
que cette réalité, contrairement aux idées reçues,
s'accompagnait d'une forte déconcentration au niveau des rectorats,
voire des établissements, où se prennent des décisions
individuelles concernant les personnels qui ont des incidences
budgétaires immédiates, ou à terme, fort coûteuses.
A cette occasion, elle a pu noter, en le regrettant, que l'autorisation
budgétaire donnée par le Parlement était en partie
vidée de son sens et qu'une " alchimie mystérieuse ",
comme l'a qualifiée un de ses interlocuteurs, permettait de
dépasser assez largement sur le terrain le nombre d'emplois
budgétaires votés en loi de finances.
La commission d'enquête a ainsi observé dans les académies,
au-delà de l'utilisation des enseignants titulaires, un recours trop
important à des variables d'ajustement qui s'explique certes, par une
excessive spécialisation disciplinaire dans le second degré, le
foisonnement des options dans les lycées, le calibrage approximatif des
concours, les rigidités statutaires diverses, les imperfections d'un
système de remplacement, mais aussi il faut bien le dire, par des
raisons de commodité de gestion.
Si certaines de ces variables apparaissent indispensables pour assurer le
" bouclage final " des rentrées scolaires -heures
supplémentaires, maîtres auxiliaires, vacataires, voire aides
éducateurs...- il conviendrait dans l'avenir que leur usage soit
limité strictement à ce qui est nécessaire et qu'un
aménagement réaliste du service des enseignants titulaires
permette de les réduire.
Outre leurs incidences budgétaires immédiates déjà
relevées, l'usage excessif de certaines de ces variables risque de se
traduire à terme par une consolidation coûteuse de ces personnels
non titulaires et conduit, en outre, l'éducation nationale à
" surcalibrer " les concours de recrutement traditionnels afin de ne
pas pénaliser les étudiants qui se destinent, par la voie
normale, à l'enseignement.
Par ailleurs, la commission d'enquête a pu constater lors de ses
déplacements que la gestion de la diversité des
élèves et des violences scolaires, absorbait une part
considérable du temps et de l'énergie des gestionnaires, tant au
niveau des rectorats qu'à celui des équipes de direction des
établissements, sans parler des enseignants, et que ce
phénomène n'était pas sans incidences sur la gestion des
personnels.
Au total, la commission d'enquête n'a pas souhaité mettre l'accent
sur telle ou telle situation anormale qui aurait été
constatée au cours de ses travaux et elle tient à souligner la
qualité, l'intégrité, le sens du service public des
interlocuteurs gestionnaires qu'elle a été conduite à
rencontrer.
Elle se doit cependant de relever un certain nombre de comportements et de
pratiques, dus pour une large part à la dimension du système
éducatif, à ses rigidités et à son histoire, qui se
traduisent par des gaspillages et des pertes en ligne non négligeables
pour un budget de quelque 300 milliards de francs affectés chaque
année au fonctionnement de l'enseignement scolaire :
-
des surnombres évalués à 10 000
enseignants
: leur coût annuel peut être estimé
à 3 milliards de francs ; cette masse ne représente,
certes que 1 % du budget de l'enseignement scolaire, mais peut aussi
être comparée au budget d'un département important comme
celui, par exemple, de la Haute-Savoie ;
-
un volant d'heures supplémentaires
disproportionné
: les heures supplémentaires
représentent actuellement l'équivalent de près de
39 000 postes, soit environ 10 % des effectifs enseignants du
second degré, cette dotation étant manifestement très
supérieure aux besoins.
Si les heures supplémentaires restent indispensables pour
procéder aux derniers ajustements disciplinaires frictionnels lors de
chaque rentrée, elles ne sauraient constituer un outil habituel de
gestion au niveau des rectorats et des établissements, d'autant que
l'utilisation de cette variable est insuffisamment contrôlée ;
-
un système d'options au lycée, coûteux et
détourné de sa vocation :
un recteur a fait observer
à la commission qu'un élève entrant en classe de seconde
bénéficiait aujourd'hui de quelque 130 combinaisons par le jeu
des options, que ce système était détourné de sa
fonction par les familles averties, et avec la complicité des
proviseurs, pour tourner la sectorisation, qu'il se traduisait par des classes
de quelques élèves dans certaines disciplines rares et qu'il
était à l'origine d'une véritable
ségrégation entre les établissements, donc entre les
élèves ;
-
un volant de décharges syndicales totales ou partielles non
négligeable
: ces décharges
" réglementaires " représentent ainsi quelque
1 518 postes en équivalent temps plein qui concernent au total,
environ 7 000 agents.
Sans remettre en cause le principe du paritarisme dans l'éducation
nationale, la commission ne peut que s'inquiéter à cet
égard des incidences éventuelles de la déconcentration du
mouvement qui risque de renforcer encore davantage cette cogestion et de
retirer, en conséquence, encore plus d'enseignants de leur classe au
titre de nouvelles décharges syndicales.
D'après les informations qu'elle a pu recueillir, la cogestion paritaire
des personnels au niveau central monopoliserait actuellement, à elle
seule, 220 enseignants pendant une période de deux mois ;
- une académie " virtuelle ", celle des
détachés :
si la France métropolitaine et
d'outre-mer est constituée de trente académies, la commission
d'enquête a pu en recenser une trente et unième, en fait
la
division de la gestion des personnels non affectés en
académie
, relevant de la direction des personnels enseignants, qui
est chargée de gérer quelque 15 000 enseignants
détachés ;
- des mises à disposition décidées, maintenues ou
retirées avec un certain arbitraire :
officiellement, 1.150
enseignants sont mis à la disposition d'organismes les plus divers
n'ayant parfois qu'un lointain rapport avec l'éducation nationale, ou
ayant perdu de leur vocation initiale ; la commission a par ailleurs
constaté que certaines de ces mises à disposition étaient
parfois retirées de manière arbitraire à des organismes
ayant un lien évident avec le système éducatif : elle
s'est ainsi étonnée que la société des
agrégés qui bénéficiait depuis trente ans d'une
unique mise à disposition se la voit retirée alors que d'autres
organismes conservent plusieurs centaines d'enseignants mis à
disposition pour une longue durée.
On lui a également signalé que certains enseignants cumulaient
des décharges de service complètes et des heures
supplémentaires qu'ils n'étaient évidemment pas en mesure
d'assurer. Sur un plan général la commission d'enquête
observe que l'éducation nationale continue d'être en raison de ses
effectifs, la " vache à lait " des autres administrations et
d'organismes les plus divers ;
-
une rente démographique négligée
: la
commission a pu constater que depuis vingt ans, le nombre des enseignants avait
augmenté de 40 % alors que les effectifs d'élèves
n'avaient progressé que de 17 % et que les recrutements par
concours effectués au cours des trois dernières années ont
été encore supérieurs de 30 % aux besoins, sans que
cette évolution ait été assortie d'une politique plus
qualitative ;
- des recrutements illicites de maîtres auxiliaires :
en
dépit de l'interdiction posée par le ministre de recruter de
nouveaux maîtres auxiliaires, à la suite du réemploi massif
de ces personnels non titulaires à la rentrée 1997, les rectorats
ont procédé à environ 1 400 embauches nouvelles en
deux ans ; sur un volant subsistant de 21 000 maîtres
auxiliaires à la dernière rentrée, qui doit être
rapporté aux 3 000 supports budgétaires vacants, 7 à
8 000 ont plus de dix ans d'ancienneté, ce qui a conduit la
commission à s'interroger sur leur volonté ou leur
capacité à passer les concours qui leur sont
réservés ; par ailleurs, l'enseignement professionnel
fonctionne avec un pourcentage anormalement élevé de
maîtres auxiliaires puisqu'il utilise 10 % d'enseignants non
titulaires ;
- des titulaires en état d'apesanteur
: l'éducation
nationale dispose d'un stock de 41 000 titulaires académiques sans
affectation stable, qui sont affectés provisoirement sur des postes non
pourvus par le " mouvement " et à des remplacements.
Dans la pratique, de nombreux enseignants sont ainsi affectés sans
support budgétaire, rétribués sur des regroupements
d'heures supplémentaires, et certains sont affectés à des
tâches autres que d'enseignement ou sont même parfois
rémunérés à plein temps pour un service
partiel ;
- une méconnaissance préoccupante des effectifs
enseignants :
la commission a noté que l'éducation
nationale appréhendait de manière très imparfaite le
nombre de ses personnels à un instant donné ; la non
compatibilité du système informatique de paye des
trésoreries générales de région, avec celui des
rectorats, établi lui sur des critères pédagogiques et
fonctionnels par poste, ne permet actuellement d'effectuer un contrôle
national des emplois qu'a posteriori.
D'après les indications qui ont été communiquées
à la commission, il existerait par exemple un écart de 15 %
entre les emplois budgétaires d'agrégés et leur effectif
réel sur le terrain.
Enfin, s'agissant de l'objet principal de la commande qui lui a
été passée, c'est-à-dire
le nombre précis
de personnels de l'éducation nationale en
situation de
détachement, de mise à disposition ou bénéficiant
de décharges de service,
les chiffres cités par la commission
d'enquête ont été obtenus par le recoupement des
informations fournies tant par les personnes qu'elle a entendues que par les
réponses apportées par les académies à ses
questions écrites. Ces chiffres sont donc à considérer
avec prudence et ne revêtent qu'une valeur indicative.
Plus profondément, cette incertitude résulte du décalage
important existant entre, d'une part, les données issues de
l'application du statut de la fonction publique ou des textes
réglementaires, et, d'autre part, les chiffres tels qu'ils rendent
compte de pratiques parfois éloignées de ces textes. Le cas des
décharges syndicales est une bonne illustration de ce
phénomène. Les personnes bénéficiant d'une
décharge syndicale sont comptabilisées par le ministère,
mais ces chiffres ne prennent en considération ni les autorisations
spéciales d'absence, ni les absences suscitées par les multiples
réunions paritaires.
La commission d'enquête estime indispensable de gérer
l'ensemble des personnels de l'éducation nationale dans la transparence
la plus grande
. Il s'agit moins pour elle de porter un jugement sur
l'opportunité de l'existence d'enseignants ne se trouvant pas devant les
élèves, que de dénoncer l'obscurité de la gestion
de ce type de personnels.
Des règles dérogatoires peuvent
être nécessaires au fonctionnement du système
éducatif, mais des règles arbitraires ne peuvent que lui
être préjudiciables.
*
* *
LES TRAVAUX DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE
•
Les étapes de la constitution de la commission d'enquête
- La présente commission d'enquête a été
créée par le Sénat à la suite du dépôt
le 21 octobre 1998, d'une proposition de résolution n° 30
(1998-1999), présentée par MM. Jean Arthuis, Guy Cabanel, Henri
de Raincourt, Josselin de Rohan et Adrien Gouteyron,
" visant à
créer une commission d'enquête sur la situation et la gestion des
personnels enseignants et non enseignants de l'éducation
nationale ".
- Au cours de sa réunion du 3 novembre 1998, la commission des
affaires culturelles, sur la proposition de son rapporteur, M. Jean Bernadaux,
remplacé par M. André Bohl, a accepté de mettre en place
cette commission d'enquête en modifiant toutefois son intitulé
afin de limiter ses investigations aux seuls personnels de l'enseignement
scolaire, enseignants et non enseignants et en excluant les personnels relevant
de l'enseignement supérieur. Elle a modifié en conséquence
son intitulé qui était ainsi rédigé :
proposition de résolution
visant à créer une commission
d'enquête sur la situation et la gestion des personnels des écoles
et des établissements d'enseignement du second degré.
- Dans le même temps, la commission des lois, sur proposition de son
rapporteur, M. Pierre Fauchon, dans un avis n° 52 (1998-1999) a
estimé que la proposition de résolution soumise à l'examen
du Sénat n'était pas contraire aux dispositions de l'article 6 de
l'ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958.
- Dans sa séance publique du 5 novembre 1998, le Sénat a
adopté, sur le rapport de M. Jean Bernadaux (n° 46,
1998-1999), la proposition de résolution en élargissant le champ
d'investigation de la commission d'enquête
aux services centraux et
extérieurs des ministères de l'éducation nationale et de
l'agriculture pour l'enseignement agricole
, l'intitulé englobant
donc l'enseignement privé mais excluant l'enseignement supérieur.
- Lors de sa réunion constitutive du 19 novembre 1998, la
commission d'enquête a procédé à la nomination de
son bureau et a adopté le principe d'une désignation
ultérieure de deux rapporteurs adjoints.
- Son bureau s'est réuni le 25 novembre 1998 pour arrêter le
programme de ses travaux.
- La commission a ratifié les grandes lignes de ce programme, et
désigné ses deux rapporteurs adjoints au cours de sa
réunion du 9 décembre 1998 avant de procéder à
ses premières auditions.
Elle a également décidé le principe de la publicité
de ses travaux qui a été mise en oeuvre dès sa
réunion du 16 décembre 1998, conformément à
l'article 6, paragraphe IV de l'ordonnance n° 58-1100 du
17 novembre 1958 modifié, sur le fonctionnement des
assemblées parlementaires.
•
Les auditions de la commission d'enquête
Du 9 décembre 1998 au 24 mars 1999, la commission d'enquête a
organisé douze séries d'auditions et convoqué une
quarantaine de personnalités spécialisées à un
titre ou à un autre dans la gestion des personnels de l'éducation
nationale : directeurs actuels ou anciens de l'administration centrale de
l'éducation nationale, du budget, de la fonction publique, de
l'enseignement agricole, doyen et chef du service des inspections
générales, recteurs, responsables d'organisations syndicales,
personnalités qualifiées, responsables d'organisations diverses
utilisant des personnels de l'éducation nationale,
délégué de la DATAR, présidents de la Cour des
comptes, directeur du cabinet du Premier ministre... ce programme
s'étant achevé par l'audition des trois ministres
concernés.
Le bureau de la commission a également entendu la présidente de
la société des agrégés.
Il convient de noter que parmi les personnalités convoquées,
seules quatre ont demandé à s'exprimer à huis clos ;
en conséquence, la presse a été invitée lors de ces
auditions à quitter la salle de réunion et leur compte rendu n'a
pas été repris dans le bulletin des commissions, ni en annexe du
présent rapport.
La commission tient à souligner le parfait déroulement de ces
auditions et la disponibilité dont ont su faire preuve ses
interlocuteurs.
Elle doit cependant faire observer que la jeune présidente de la
fédération indépendante et démocratique
lycéenne n'a pas déféré à la convocation qui
lui a été envoyée, au mépris des dispositions
prévues par le paragraphe III de l'article 6 de l'ordonnance de 1958
précitée. La commission, qui était particulièrement
soucieuse de recueillir le témoignage de l'organisation la plus
représentative des lycéens s'en est étonnée et lui
a fait parvenir un questionnaire détaillé auquel il a
été répondu par une note manuscrite en date du
31 mars 1999.
Elle doit également indiquer qu'un seul de ses interlocuteurs a
refusé de prêter serment comme le lui enjoignait le dernier
alinéa du paragraphe II de l'article 6 de l'ordonnance de 1958 qui
ne dispense de serment que les mineurs de seize ans ; il s'agit de M.
Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la
recherche et de la technologie qui s'est fondé notamment, de
manière quelque peu singulière, sur le principe de la
séparation des pouvoirs.
Enfin, les membres du bureau de la commission d'enquête se sont
déplacés dans les locaux de la " centrale ", rue de
Grenelle, afin de compléter les informations recueillies lors des
auditions et en demandant notamment communication d'un certain nombre de
documents supplémentaires.
•
Les déplacements dans les académies
Outre ces auditions en réunion plénière, la commission
d'enquête a effectué, entre le 21 janvier et le 18 mars
1999, douze déplacements dans diverses académies de
métropole et d'outre-mer, chaque délégation comportant au
moins l'un de ses trois rapporteurs dotés de pouvoirs d'investigation.
Ces déplacements ont concerné les académies de Strasbourg,
d'Aix-Marseille, de Lyon, de Grenoble, de Corse, de Paris, de Rennes et de
Créteil en métropole, et des académies de Guadeloupe, de
Martinique, de Guyane et de La Réunion pour l'outre-mer.
Ils ont permis à la commission de développer des échanges
fructueux avec les responsables des rectorats, les inspecteurs
d'académie, les services concernés par la gestion de
l'enseignement scolaire et de visiter un grand nombre d'écoles et
d'établissements d'enseignement général, technique,
professionnel et agricole : à cette occasion, les
délégations de la commission ont eu la possibilité de
s'entretenir avec les équipes de direction et enseignantes, ainsi
qu'avec des élèves et de mesurer la motivation de ces personnels
-en particulier les chefs d'établissement- qui affrontent chaque jour
avec efficacité des difficultés de plus en plus importantes.
Le compte rendu sommaire de ces déplacements, indispensables à
l'information de la commission, figure dans le rapport.
•
L'initiative parallèle prise par l'Assemblée
nationale : de la commission d'enquête à la mission
d'information
Parallèlement à la démarche engagée au
Sénat, l'Assemblée nationale a été saisie, le
19 octobre 1998, d'une proposition de résolution n° 1140,
déposée par MM. Claude Goasguen, Alain Madelin et José
Rossi
visant à créer une commission d'enquête sur les
modalités de gestion des personnels enseignants de l'enseignement
secondaire.
Examinée le 25 novembre 1998 par la commission des affaires
culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale, celle-ci a
estimé que la création d'une telle commission d'enquête
n'était pas opportune, l'un de ses membres,
Mme Marie-Thérèse Boisseau proposant par défaut de
créer une mission d'information à caractère pluraliste sur
le même thème.
Les conclusions de cette mission d'information, confiée à
MM. Jacques Guyard, rapporteur spécial et Yves Durand, rapporteur
pour avis sur les crédits de l'enseignement scolaire, ont
été présentées le 31 mars 1999 à la
commission des finances, de l'économie générale et du
plan, et le 7 avril 1999 à la commission des affaires culturelles,
familiales et sociales, soit environ un mois avant les conclusions du
Sénat.
La commission d'enquête du Sénat ne verra pas malice dans ce
calendrier, même si elle est quelque peu égratignée dans
l'introduction du rapport de l'Assemblée nationale.
Jamais la commission d'enquête n'a voulu
" jeter la suspicion sur
les personnels enseignants "
comme l'affirme, dans un esprit quelque
peu polémique, le rapport de la mission commune d'information de
l'Assemblée nationale sur la gestion des enseignants du second
degré. Considérant au contraire que la suspicion trouve sa source
dans l'ignorance, la commission d'enquête du Sénat souhaite
conforter les enseignants dans la difficile mission qui est la leur, et entend
lever le voile sur les dysfonctionnements qui, depuis trop longtemps,
entretiennent le malaise de la profession enseignante.
Elle observera aussi que le champ de la mission d'information de nos
collègues députés est beaucoup plus étroit que
celui retenu par le Sénat -en l'espèce les modalités de
gestion des seuls personnels enseignants du second degré- et que les
pouvoirs d'investigation des rapporteurs budgétaires, même s'ils
sont importants, ne peuvent être comparés à ceux d'une
commission d'enquête, qui est certes une structure lourde, mais qui
paraît mieux adaptée à l'ampleur d'un tel sujet.
Après avoir pris connaissance de ce court rapport d'information qui
reprend de nombreux tableaux et annexes puisés aux sources les plus
officielles, la commission d'enquête constate que nombre d'observations
de l'Assemblée nationale rejoignent ses préoccupations et que
certaines mesures générales préconisées par les
députés viennent conforter ses propositions, notamment sur les
points suivants :
- l'utilisation de professeurs associés dans les lycées
professionnels ;
- le développement d'une bivalence disciplinaire dans les
premières années de collège ;
- la réduction du nombre des statuts d'enseignants ;
- l'amélioration des conditions de remplacement ;
- la reconversion des personnels de l'éducation nationale ;
- la gestion prévisionnelle des effectifs.
*
* *
Dans les
développements ci-après, la commission d'enquête
s'attachera à démontrer que les moyens considérables
affectés à l'éducation nationale sont gérés
sans toute la rigueur nécessaire.
Elle tentera ensuite de recenser les dysfonctionnements qui sont en fait
souvent générés par l'éducation nationale
elle-même.
Elle soulignera également les rigidités du système
scolaire, qui nécessitent un recours excessif à des variables
d'ajustement rendant encore plus complexe la gestion de l'éducation
nationale.
La commission proposera enfin une série de propositions ordonnées
autour de quelques priorités et destinées à
améliorer la gestion des personnels qui concourent au fonctionnement du
système scolaire.
*
* *
CHAPITRE PREMIER :
DES MOYENS
CONSIDÉRABLES GÉRÉS
SANS RIGUEUR
APPARENTE
L'éducation constitue une première
priorité
nationale qui se révèle évidemment coûteuse en
termes budgétaires.
Cette priorité nationale se traduit en outre, depuis plusieurs
décennies, par une dérive budgétaire qui ne semble pas sur
le point de s'inverser.
Enfin, cette évolution est d'autant plus préoccupante que la
dépense d'éducation est loin d'être
optimisée.
I. LA " PREMIÈRE PRIORITÉ NATIONALE " : DES MOYENS TRÈS IMPORTANTS
L'article 1
er
de la loi du 10 juillet 1989
d'orientation
sur l'éducation dispose que
" l'éducation est la
première priorité nationale ".
Si certaines dispositions de cette loi d'orientation témoignent de la
dégradation de la portée normative des textes législatifs,
dénoncée notamment par le Conseil d'Etat dans sa critique du
" droit gazeux ", il convient en revanche de remarquer que son
article 1
er
s'est traduit très concrètement sur le
plan budgétaire.
L'éducation nationale dispose en effet de moyens considérables
qui la placent au premier rang des budgets de l'Etat.
A. LE PREMIER BUDGET DE L'ÉTAT
Si l'éducation nationale est aujourd'hui le premier budget de l'Etat, il faut y voir le résultat d'une volonté politique unanime. On doit cependant dénoncer une dérive budgétaire continue due à la rigidité de sa structure, à la forte progression des recrutements et à l'impact des plans de revalorisation et d'intégration des personnels.
1. Le poids de l'enseignement scolaire dans le budget de l'Etat
a) Les masses budgétaires : près de 300 milliards de francs
Avec
297,74 milliards de francs dans la loi de finances pour 1999, le budget de
l'enseignement scolaire (hors enseignement supérieur, non compris dans
le champ d'investigation de la commission) représente, à lui
seul, 18,4 % du budget de l'Etat, et plus d'un cinquième du total des
crédits civils de l'Etat. Seul le budget des charges communes le
devance. Avec 243,5 milliards de francs, le budget de la défense ne
vient qu'en troisième position.
L'éducation nationale coûte chaque jour presque un milliard de
francs aux contribuables. Le budget de l'enseignement scolaire est d'ailleurs
assez proche du produit de l'impôt sur le revenu qui devrait
représenter 311,8 milliards de francs en 1999. Les recettes
engendrées par cet impôt sont insuffisantes pour financer
l'ensemble de l'éducation nationale (y compris l'enseignement
supérieur), dont le coût a représenté
348,8 milliards de francs en 1999.
b) L'évolution des masses budgétaires : une augmentation de 113 milliards de francs en dix ans
Le tableau ci-après retrace les grandes évolutions du budget de l'enseignement scolaire :
Depuis
1989, le budget de l'enseignement scolaire a augmenté, en francs
courants, de 113 milliards de francs. Sa part dans le budget de l'Etat n'a
cessé de croître, passant de 15,8 % en 1989 à 18,4 % en
1999, soit une progression de 2,6 points en 10 ans. Cette part augmente parfois
faiblement mais toujours avec régularité. Elle semble se
stabiliser certaines années, comme de 1995 à 1997, puis
connaît une nouvelle progression, parfois inattendue : 0,3 point de
1997 à 1998 puis 0,4 point de 1998 à 1999.
Il convient à ce propos de constater que la loi de finances pour 1999
constitue une étape importante dans la progression ininterrompue des
crédits alloués à l'enseignement scolaire, qui augmentent
de 4,13 % après une hausse de 3,15 % en 1998, soit 11,8 milliards de
francs supplémentaires en un an et 20,5 milliards en deux ans.
Depuis 1989, et à l'exception de 1996, la croissance du budget de
l'enseignement scolaire a été plus rapide, voire beaucoup plus
rapide, que celle du budget de l'Etat. En revanche, la part de l'enseignement
scolaire dans le produit intérieur brut (PIB) s'est stabilisée
autour de 3,4 % (cf. tableaux ci-dessous).
Le
graphique ci-après présente l'évolution comparée
des effectifs des élèves et du budget de l'enseignement scolaire
de 1992 à 1999.
Il apparaît très clairement que l'effort budgétaire a
été poursuivi de manière tout à fait
considérable alors même que les effectifs des élèves
diminuaient régulièrement. Si cette évolution
révèle la volonté d'améliorer le taux d'encadrement
des élèves, elle n'est guère compatible avec les principes
d'une bonne gestion des deniers publics.
c) La part de l'enseignement privé sous contrat
La loi
de finances initiale pour 1999 consacre 38,9 milliards de francs à
l'enseignement privé sous contrat, contre 37,6 milliards de francs en
1998, soit une progression de 3,41 %.
Le tableau ci-après retrace l'évolution de l'aide de l'Etat
à l'enseignement privé :
Depuis
1994, l'aide accordée par l'Etat à l'enseignement privé
sous contrat a progressé de 16,9 % ; sur la même
période, l'enseignement public a bénéficié d'une
croissance de ses crédits de 18,7 %.
Cette progression résulte, pour l'essentiel, de l'application de
l'accord salarial conclu dans la fonction publique, de mesures d'ajustement de
crédits de personnel et de différentes mesures intéressant
la situation des personnels.
Les mesures inscrites à l'occasion de chaque loi de finances initiale au
titre de l'enseignement privé traduisent en effet, selon les
règles de parité avec les établissements d'enseignement
publics, l'incidence du dispositif législatif et réglementaire
régissant les rapports entre l'Etat et les établissements
d'enseignement privés sous contrat, complété par les
accords de juin 1992 et janvier 1993.
2. La dépense intérieure d'éducation (DIE) : une progression très supérieure à celle de la richesse nationale
La
dépense intérieure d'éducation
(DIE) constitue un
agrégat beaucoup plus large que le seul budget de l'éducation
nationale regroupant l'enseignement scolaire et l'enseignement
supérieur.
La DIE représente toutes les dépenses effectuées par
l'ensemble des agents économiques, administrations centrales ou locales,
entreprises et ménages, pour les activités d'éducation en
métropole :
- les activités d'enseignement scolaire et extra-scolaire de tous
niveaux ;
- les activités visant à organiser le système
d'enseignement : administration générale, orientation,
recherche sur l'éducation, documentation pédagogique,
rémunérations des personnels d'éducation en
formation ;
- les activités destinées à favoriser la
fréquentation des établissements scolaires : transports
scolaires, cantines et internats, médecine scolaire ;
- les dépenses demandées par les institutions : livres,
fournitures, habillement spécifique...
La dépense globale d'éducation est un agrégat encore plus
large mais peu utilisé dans les statistiques ou les comparaisons
internationales. Elle représente les dépenses effectuées
en métropole, dans les DOM-TOM et à l'étranger par
l'ensemble des agents économiques, administrations publiques centrales
et locales, entreprises et ménages, pour les activités
d'éducation.
a) L'évolution de la DIE
La
dépense intérieure d'éducation a atteint en 1997
591,9 milliards de francs, soit 7,3 % du PIB. Cet effort financier
représente, en moyenne, 9.900 francs par habitant, et 34.900 francs par
élève ou étudiant.
Depuis 1974, la DIE a augmenté de 87 % (évolution à francs
constants), ce qui représente une évolution annuelle d'environ
2,8 % par an. Sur la même période, le PIB a augmenté de
61,2 %, soit 2,1 % par an. La progression de la DIE est donc supérieure
à celle de la richesse nationale.
Il est possible de distinguer
trois périodes dans cette
évolution :
- de 1975 à 1985, la part de la DIE dans le PIB croît et passe de
6,5 % en 1975 à 6,8 % en 1982, niveau auquel elle se maintient en
1985 ;
- de 1986 à 1989, cette tendance se retourne : la politique
générale de maîtrise des finances publiques et
particulièrement la politique de rigueur salariale ont pour
conséquence une augmentation de la DIE inférieure à celle
du PIB ; ce n'est qu'en 1989 que la dépense d'éducation
retrouve son niveau de 1979 dans la richesse nationale ;
- depuis 1989, sous l'effet conjugué d'une politique volontariste et de
la décélération de la croissance du PIB, la part de la
dépense d'éducation s'élève jusqu'à 7,3 % en
1994 et garde ce niveau jusqu'en 1997.
Évolution de la part (en %) de la dépense intérieure
d'éducation (DIE)
par rapport au PIB
(France métropolitaine)
Le
tableau suivant indique l'évolution de la répartition de la
charge financière selon les agents économiques qui la supportent.
Il convient de préciser que les dépenses de l'Etat comprennent la
totalité des charges sociales employeur, y compris celles
intégrées au budget des charges communes. La dépense
d'éducation, au sens du compte de l'éducation, ne comprend pas la
rémunération des élèves ou des stagiaires de la
formation continue, sauf pour le personnel d'éducation en formation.
En outre, l'Etat a dépensé 21,2 milliards de francs pour des
activités d'éducation dans les départements et territoires
d'outremer, et 5,5 milliards de francs pour des activités
d'éducation dans des pays étrangers.
•
L'Etat
participe ainsi de manière
prépondérante au financement initial de la dépense
d'éducation, c'est-à-dire au financement intervenant avant la
prise en compte des transferts existants entre les différents agents
économiques : il s'agit de la charge effective de chacun des
agents. L'Etat assure 64,6 % de ce financement, dont 56,4 % pour le seul
ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la
technologie. Depuis 1975, la part de l'Etat n'a que faiblement diminué
puisqu'elle était, à l'époque, de 70 %. Ce poids de
l'Etat s'explique par sa part dans le financement des
rémunérations des personnels (voir plus bas).
•
Les collectivités territoriales
assurent 20,4 % du
financement total. Leur part s'est accrue suite aux lois de
décentralisation, puisqu'elles assuraient déjà 14,1 % de
ce financement en 1975. Parmi les collectivités territoriales, les
communes sont le plus gros financeur, avec 12,4 % du total. Elles ont notamment
la charge des rémunérations des personnels non enseignants du
premier degré, du fonctionnement et de l'investissement des
écoles.
• Les ménages
, avant transfert des bourses de l'Etat, des
allocations de rentrée scolaire et de l'aide à la
scolarité, sont le troisième financeur de la dépense
d'éducation, avec 6,9 % du total. Leur part a diminué de
manière sensible - elle était de 10,7 % en 1975.
• Les entreprises
, par le biais du financement de la formation
continue (hors les salaires des stagiaires) et de la taxe d'apprentissage -
respectivement 1,2 % et 0,5 % de leur masse salariale - contribuent, à
hauteur de 6,9 %, à la dépense d'éducation.
Il est possible de préciser la dépense d'éducation par
niveau d'enseignement.
En 1997, la dépense d'éducation pour le premier degré
(enseignement élémentaire et maternel, enseignement
spécial du premier degré et activités liées)
représentait 158,3 milliards de francs, soit une augmentation de 2,1 %
par rapport à l'année précédente.
Le tableau ci-après retrace
l'évolution de la
dépense d'éducation pour le premier degré.
De 1975
à 1997, la part de la dépense consacrée au premier
degré dans la DIE a constamment régressé, passant de 31,7
% à 26,7 %. Alors que la DIE, en francs constants, augmentait
globalement de 80 %, la hausse se limitait à 52 % pour le premier
degré.
Toutefois, sur la même période, la dépense moyenne par
élève a fortement cru, cette dépense unitaire passant de
14.000 francs à 23.900 francs, soit une augmentation de 70 % en francs
constants. Ce point sera détaillé plus loin mais il est d'ores et
déjà possible d'expliquer cette évolution par la baisse
des effectifs d'élèves dans le premier degré et par la
revalorisation des carrières des enseignants, la création du
corps des professeurs des écoles en particulier.
Le tableau ci-après présente le coût d'une scolarité
primaire calculé en tenant compte, pour 1987 et 1997, du nombre moyen
d'années passées en préélémentaire et en
élémentaire.
Ce
coût s'est accru de près de 25 %. La part de l'enseignement
élémentaire a sensiblement diminué, passant de 66 %
à 60,9 %, en raison de la baisse des redoublements au niveau
élémentaire, mais aussi de la hausse relativement plus forte de
la dépense moyenne par élève de maternelle.
S'agissant du second degré, la nation lui a consacré en 1997
258,2 milliards de francs, soit 43,6 % de la DIE.
Comme le montre
le tableau ci-dessous, cette proportion est restée relativement stable
depuis 1975.
La
dépense, exprimée en francs constants, destinée au second
degré a augmenté de 81,7 % sur la même période, soit
2,8 % par an.
Le ministère de l'éducation nationale a vu sa part dans la
dépense d'éducation consacrée au second degré se
réduire : elle était de 73 % en 1980 mais de 67,7 % en 1997.
Il convient en effet de préciser que les lois de décentralisation
ont transféré aux collectivités territoriales les
crédits d'apprentissage, de transports scolaires (à partir de
1984), de fonctionnement des collèges et lycées (en 1986) et
d'équipement de ces établissements (à partir de 1986). La
part des collectivités territoriales dans le financement a ainsi plus
que doublé depuis 1980, pour atteindre 17,4 % en 1997.
En 1997, un collégien " coûte " 40.300 francs, un
lycéen 46.900 francs en enseignement général, 53.300
francs en enseignement professionnel et 59.900 francs pour l'enseignement
technologique.
Une scolarité commencée à l'âge de trois ans et
menant à un baccalauréat général ou technologique
sans redoublement est évaluée à 499.600 francs. En 1986,
ce même cursus était estimé à 383.200 francs, soit
une augmentation de 30 % en onze ans.
b) Les comparaisons internationales : la France dans une position moyenne
Les
comparaisons internationales sont nécessairement fragiles en raison de
procédés méthodologiques différents. En outre, les
statistiques les plus récentes actuellement disponibles portent sur
l'année 1994. L'OCDE avait alors étudié la dépense
d'éducation en pourcentage du PIB dans les principaux pays de la zone.
Sous ces réserves, et en tenant compte des sources de financement
publiques et privées, il apparaît que les pays de l'OCDE
consacrent en moyenne 5,9 % de leur PIB aux établissements
d'enseignement, tous niveaux confondus. Ce pourcentage varie de 4,8 % pour
l'Italie à 8,4 % pour le Danemark. Il est également
élevé en Suède et en Finlande, avec respectivement 7,8 %
et 7,3 %.
La France se situe dans la moyenne : avec un taux de 6,4 %, elle vient
juste derrière les Etats-Unis (6,6 %) mais précède
l'Allemagne (6%), l'Espagne (5,8 %) et le Japon (4,9 %).
Les dépenses en faveur des établissements primaires et
secondaires (y compris les dépenses privées et les subventions
publiques en faveur des établissements d'enseignement privés)
s'élèvent à 7,3 % du PIB pour l'ensemble des pays de
l'OCDE, avec une variation de 2,1 % à 4,5 % entre les pays. La France,
avec 4,3 %, vient après la Suède (4,5 %), le Canada, le Danemark
et la Finlande (4,4 %). Elle devance notamment les Etats-Unis (3,9 %),
l'Allemagne (3,8 %), l'Italie (3,4 %) et le Japon (3,1 %).
Les dépenses publiques d'éducation, y compris les crédits
au secteur privé, en pourcentage du PIB, ont varié entre la
Grèce (2,4 %) et le Danemark (8 %). La Suède (7,7 %) et le Canada
(6,7 %) précèdent la France (5,9 %), le Royaume-Uni (5,2 %),
l'Italie (4,8 %) et le Japon (3,8 %).
Ainsi, d'une manière générale - et le secrétaire
d'Etat au budget l'a rappelé devant votre commission d'enquête -,
la France consacre en moyenne autant de moyens que les principaux pays
industrialisés pour l'enseignement primaire, mais 35 % de crédits
supplémentaires pour l'enseignement secondaire. En revanche, elle
attribue des moyens moindres à l'enseignement supérieur.
B. UNE DÉRIVE BUDGÉTAIRE CONTINUE
Les
crédits alloués à l'enseignement scolaire, et à
l'éducation nationale dans son ensemble, sont ainsi
considérables. La nation lui consacre un effort sans
précédent et en augmentation constante. Aucun autre
département ministériel n'a fait l'objet, depuis 10 ans, d'une
telle sollicitude budgétaire.
Pourtant, cet effort n'est pas stabilisé et, en raison de la nature
même de ce budget, ne peut l'être. La croissance ininterrompue des
crédits de l'enseignement scolaire peut être qualifiée de
dérive parce qu'elle est insuffisamment contrôlée et que
les marges de manoeuvre n'ont pas été utilisées.
L'équilibre des finances publiques risque, à terme, d'en
pâtir.
Votre commission d'enquête juge dès lors indispensable
d'instituer un débat parlementaire portant sur la politique
d'éducation qui aurait lieu chaque année avant la discussion du
projet de loi de finances.
1. La rigidité du budget de l'éducation nationale
L'inquiétude suscitée par l'évolution budgétaire de notre système éducatif tient en grande partie à la très forte rigidité de ce budget, qui ne laisse que peu de marges de manoeuvre en cas de conjoncture économique favorable. Du reste, la croissance a été relativement soutenue en 1998 mais les crédits alloués à l'école ont fortement progressé. Il convient de souligner que cette progression est en grande partie automatique en raison du poids, et de l'évolution par nature haussière, des dépenses de rémunérations des personnels.
a) Le poids des dépenses de personnels
Le
budget de l'enseignement scolaire est avant tout un budget de
rémunérations.
Environ 96 % des crédits alloués
à l'enseignement scolaire sont destinés à
rémunérer les différentes catégories de personnels,
ce qui représente dans la loi de finances pour 1999 environ 280
milliards de francs.
Les dépenses d'intervention sont réduites à la portion
congrue, sans parler des dépenses en capital qui, pourtant, engagent
l'avenir. Ces dernières représentent 754,16 millions de francs
sur un budget de près de 300 milliards de francs, soit 0,25 %.
Avec le temps, ces spécificités se sont encore accentuées.
Il est ainsi intéressant de comparer la structure du budget de
l'enseignement scolaire en 1985, soit la dernière année avant la
décentralisation, et celle de la loi de finances pour 1998.
La part
des rémunérations, déjà considérablement
élevée en 1985, s'est accrue et est passée de 91,3 %
à cette époque à 96,09 % en 1998. Le fonctionnement
proprement-dit a vu ses dotations passer de 4,6 % à 2,01 % de
l'ensemble, tandis que la part consacrée aux interventions est
ramenée de 4,2 % à 1,65 %. Enfin, et surtout, les
dépenses en capital se sont réduites de 2,9 % à 0,25 % du
total.
Le budget de l'enseignement scolaire apparaît ainsi atypique par rapport
à ceux des autres départements ministériels.
Les crédits alloués aux rémunérations, au
ministère de l'emploi et de la solidarité, ne représentent
par exemple que 3,3 % du budget de ce département ministériel.
Jamais ces crédits de rémunérations n'atteignent, dans les
autres ministères, la proportion de ceux de l'éducation
nationale.
Les rémunérations représentent 16,3 % des crédits
de l'équipement, 56 % de ceux de la défense, et même 85,9 %
de ceux des finances, soit 10 points de moins que l'enseignement scolaire.
b) L'importance des services votés
L'article 33 de l'ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959
portant
loi organique relative aux lois de finances dispose que
" les services
votés représentent le minimum de dotations que le gouvernement
juge indispensable pour poursuivre l'exécution des services publics dans
les conditions qui ont été approuvées l'année
précédente par le Parlement ".
Traditionnellement, les services votés représentent toujours une
part considérable, supérieure à 90 %, des crédits
d'un département ministériel. Mais la rigidité de la
dépense publique est plus grande encore à l'éducation
nationale, en raison, précisément, du poids des dépenses
de personnels.
Ainsi, dans la loi de finances initiale pour 1999, les services votés
s'élèvent à 292,20 milliards de francs, soit plus de 98 %
de l'ensemble des crédits.
c) La faiblesse des mesures nouvelles
De
manière corrélative, les dépenses nouvelles sont
extrêmement réduites. La première prérogative du
Parlement, héritée de l'histoire, est le vote du budget.
En fait, ce pouvoir fondamental est fortement contraint par le poids des
services votés. La marge de manoeuvre d'un budget comme celui de
l'éducation nationale ne porte que sur quelques milliards de francs.
Dans la loi de finances initiale pour 1999, les mesures nouvelles
s'établissent à 5,54 milliards de francs, soit 1,86 % de
l'ensemble des crédits.
Il convient de noter que, alors que le budget de l'enseignement scolaire
augmente de 11,8 milliards de francs de 1998 à 1999, les mesures
nouvelles ne représentent qu'à peine la moitié de cette
progression. Le reste, soit la hausse complémentaire de 6,3 milliards de
francs, résulte de la progression automatique des crédits de
rémunérations.
D'ailleurs, 3,6 milliards de francs de
mesures nouvelles représentent également des crédits de
personnels, les moyens véritablement nouveaux s'élevant à
1,9 milliard de francs.
Votre commission d'enquête se demande, dès lors, si la
véritable priorité du gouvernement n'est pas, plutôt, la
rémunération des fonctionnaires.
d) Les spécificités de la préparation du budget de l'éducation nationale
La
préparation du budget de l'éducation nationale obéit aux
mêmes règles que pour celle du budget des autres
ministères. Elle présente toutefois un certain nombre de
caractéristiques particulières.
En premier lieu, les conférences techniques du début de
l'année, qui ont notamment pour objet de déterminer le montant
des services votés, revêtent une importance particulière
pour deux raisons.
D'une part, le coût des mesures nouvelles concernant les enseignants est
prévu dans la loi de finances en tiers d'année, parce qu'elles
prennent effet à la rentrée de l'année en cours, soit au
1
er
septembre. Il convient donc de prendre en compte dans le projet
de loi de finances en préparation les extensions en année pleine
de ces mesures. Par exemple, le montant des extensions en année pleine
s'établit à 816 millions de francs dans la loi de finances pour
1999. Ce point est essentiel dans le cas du budget de l'éducation
nationale : une mesure nouvelle concernant les enseignants pèse
pour un tiers dans le budget de l'année où cette mesure prend
effet, et pour les deux tiers dans le budget de l'année suivante.
D'autre part, la mesure du paramètre
glissement-vieillesse-technicité (GVT) et les moyens de financement
envisageables sont également examinés lors de ces
conférences. Il convient alors de prévoir un abondement des
crédits initiaux s'ils se révèlent insuffisants.
En deuxième lieu, de nombreux sujets " remontent " à
l'arbitrage du secrétaire d'Etat au budget, du ministre de
l'économie et des finances, puis du Premier ministre. Les
conférences budgétaires de première phase, et même
de seconde phase, se traduisent ainsi, la plupart du temps, par un dossier
d'arbitrages assez lourd, sur le schéma d'emplois en particulier.
Enfin, la direction du budget cherche à assurer la cohérence de
la répartition des moyens sur le territoire, du calibrage des concours
et des créations et suppressions d'emplois prévues dans le projet
de loi de finances.
Traditionnellement, la séquence des arbitrages est la suivante. Les
créations et suppressions d'emplois sont arbitrées aux mois de
juin et juillet. La répartition des moyens sur le territoire pour la
prochaine rentrée est effectuée aux mois de novembre et
décembre. Le calibrage des concours de l'année suivante est
arbitré au printemps de cette année-là. Or, il existe
normalement un lien mathématique entre ces trois décisions :
les emplois budgétaires inscrits dans le projet de loi de finances
contraignent normalement le calibrage des concours, duquel dépendent
directement les moyens disponibles pour être répartis sur le
territoire.
Il est donc essentiel pour la direction du budget que le calibrage des concours
soit arbitré en même temps que les créations et
suppressions d'emplois du projet de loi de finances, et en cohérence
avec lui. Les moyens disponibles pour la détermination de la carte
scolaire s'en déduisent.
2. La progression des recrutements : 43.500 emplois supplémentaires en dix ans
a) L'augmentation du nombre des emplois
Le poids
des dépenses de rémunérations est bien entendu lié
à l'importance des effectifs de l'éducation nationale.
En 1998, le ministère de l'éducation nationale, de la recherche
et de la technologie employait, pour la seule section enseignement scolaire,
environ un million de fonctionnaires, enseignants et non enseignants. Il
convient d'être prudent dans l'estimation des effectifs de ce
ministère, des développements plus approfondis étant
consacrés ultérieurement à la question de savoir si la rue
de Grenelle connaît, et dans quelle mesure, les effectifs qu'elle
emploie.
Il est toutefois possible de préciser, dès à
présent, que les emplois affectés à l'enseignement
scolaire représentent plus de la moitié des emplois civils et 45
% de l'ensemble des emplois budgétaires de l'Etat.
Le tableau ci-après récapitule les emplois inscrits au budget de
l'enseignement scolaire depuis 1990. Il est extrait d'un document de la
direction des affaires financières du ministère, intitulé
Financement et effectifs de l'enseignement scolaire.
En 1998,
l'éducation nationale disposait de 1.068.945 emplois, soit 941.249
emplois budgétaires (88,05 % du total) et 127.696 emplois dans
l'enseignement privé (11,95 %), auxquels il faut ajouter 12.080 emplois
non budgétaires rémunérés par les
établissements publics dans lesquels ils sont affectés.
Depuis 1990, la section enseignement scolaire comporte 13.032 emplois
budgétaires supplémentaires, soit une progression de 1,4 % en 8
ans. Le nombre de non-titulaires a diminué de 6,7 %, passant de 41.371
à 38.597 emplois. Leur proportion a également baissé,
s'établissant à 4,6 % en 1990 mais à 4,1 % en 1998.
Les emplois d'enseignants représentent 82,8 % du total des emplois
budgétaires en 1998, soit une proportion identique à celle de
1990. Leur nombre est passé, sur cette période, de 769.909
à 778.926, soit une progression de 1,17 %.
Les emplois de non enseignants ont cru plus rapidement, de 2,54 % sur la
période, et sont passés de 158.308 à 162.323.
Il convient toutefois de préciser qu'il s'agit d'emplois
budgétaires, inscrits par conséquent au " bleu "
présentant les crédits de l'enseignement scolaire. Ces chiffres
ne correspondent pas nécessairement au nombre de personnes physiques
employées et rémunérées par le ministère de
l'éducation nationale.
Le tableau ci-après récapitule les créations d'emplois
intervenues depuis 1988 :
Sur
cette période de 10 ans, 43.507 emplois supplémentaires ont
été inscrits au budget de l'enseignement scolaire. Les
établissements du second degré ont
bénéficié de 28.727 créations d'emplois
d'enseignants, soit 66 % du total. En revanche, les enseignants du premier
degré ont été moins bien lotis, avec seulement 4 % des
créations de postes, tandis que le nombre des stagiaires, qui sont de
futurs enseignants, a été diminué de plus de 2.500 postes.
6.107 emplois budgétaires ont été créés
en matière de personnels d'administration, soit 14 % du nombre des
créations totales.
Ainsi, les moyens en personnels de l'enseignement scolaire ont
été constamment accrus sur cette période, les
années 1989 à 1991 ayant constitué des années de
forts recrutements : près des trois quarts des emplois
créés sur cette période l'ayant été au cours
de ces trois années. En revanche, seule l'année 1997 a
été l'occasion de réduire le nombre d'emplois inscrits au
budget de l'enseignement scolaire, et, ce faisant, de tirer les
conséquences de la réduction des effectifs des
élèves qui sera analysée plus loin.
L'enseignement scolaire a ainsi été l'objet d'une politique de
l'emploi volontariste et, quelle que soit l'orientation politique du
gouvernement, le souci de recruter des personnels supplémentaires a
toujours prévalu.
b) La ventilation des effectifs
Le graphique ci-dessous précise la répartition, au cours de la présente année scolaire, des emplois inscrits au budget de l'enseignement scolaire :
Le tableau ci-après retrace l'évolution des types d'emplois budgétaires lors de la rentrée scolaire, de 1990 à 1998.
•
Les enseignants du premier degré : une quasi stabilisation
Les enseignants du premier degré ont vu leurs effectifs se
réduire légèrement, passant de 312.280 en 1990 à
310.258 en 1998, soit une baisse de 0,65 % en 9 ans.
Toutefois, sur une plus longue période, il est possible de constater une
forte croissance des effectifs d'enseignants du premier degré. Comme le
montre le graphique ci-dessous, du début des années 1960 au
début des années 1980, les effectifs ont cru de près de 40
%, puis ont légèrement diminué en 1987 et 1988 avant de
connaître une légère reprise au cours des dernières
années.
Le graphique ci-après donne la répartition des différents types d'emplois au sein de l'ensemble des personnels enseignants du premier degré. Il apparaît que les instituteurs, corps en extinction depuis la création du corps des professeurs des écoles en 1990, constituent encore 56 % des effectifs, les professeurs des écoles n'en représentant que 30,3 %.
•
Les enseignants du second degré : une augmentation de
près de 13 % en dix ans
L'évolution du nombre des enseignants du second degré de
l'enseignement public est retracée dans le tableau ci-après :
Le
fonctionnement des collèges et des lycées publics de
métropole est assuré par environ 360.000 enseignants, soit 12,7 %
de plus que dix ans auparavant.
Les effectifs de non titulaires, les maîtres auxiliaires, ont fortement
augmenté jusqu'en 1991, passant de 13.162 en 1986-87 à 31.206 en
1991-92, soit une progression de 137 % en cinq ans. Depuis, la mise en oeuvre
de plans de titularisation de maîtres auxiliaires a fait régresser
leurs effectifs.
Le nombre de professeurs agrégés et certifiés a connu une
croissance régulière qui s'accélère depuis la fin
des années 1980 : elle est respectivement de 82 % et 76 % de 1986
à 1996.
Les effectifs de PEGC (professeurs d'enseignement général des
collèges) diminuent régulièrement en raison de
l'arrêt du recrutement en 1986 et de l'intégration d'une partie
d'entre eux dans le corps des professeurs certifiés.
Enfin, les PLP (professeurs de lycée professionnel) du premier grade
voient leur effectif diminuer au profit de celui des PLP du deuxième
grade créé à la fin des années 1980.
Le tableau ci-après détaille la répartition des
enseignants par corps ou grade et par type d'établissement en 1996-97.
Enfin, le graphique ci-dessous précise la répartition des
différentes catégories d'enseignants du second degré :
Il
montre que les certifiés représentent plus de la moitié de
l'ensemble de ces enseignants contre 10 % pour les agrégés.
Les PEGC n'en constituent plus que 8 % et les professeurs de lycée
professionnel 16 %.
•
Les personnels non enseignants
S'agissant des personnels non enseignants, le tableau ci-après
précise l'évolution de leurs effectifs depuis 1994 et leur
répartition par services.
La
commission soulignera les efforts entrepris pour réformer
l'administration centrale
, la nouvelle organisation du ministère
ayant été arrêtée par le décret n°
97-1149 du 15 décembre 1997. Cette réorganisation s'est traduite
par la suppression de cinq directions, un service, quatre sous-directions,
vingt-six bureaux ou structures équivalentes...
Surtout, l'évolution des emplois budgétaires de l'administration
centrale fait apparaître une réduction continue des effectifs
résultant des efforts de déconcentration d'un certain nombre
d'opérations de gestion. La loi de finances initiale pour 1998 a
supprimé 100 emplois tandis que des effectifs ont été
transférés dans le cadre du recentrage de l'administration
centrale sur ses fonctions de conception et de pilotage.
Le rattachement de la recherche au ministère de l'éducation
nationale s'est traduit par le transfert d'environ 300 emplois d'administration
centrale. Les effectifs de " la Centrale " devraient continuer de
diminuer.
Au total, l'administration centrale de l'éducation nationale a perdu
environ 800 emplois depuis plusieurs années.
Il convient de se féliciter de cette évolution et de souligner la
possibilité pour l'éducation nationale de conduire des
réformes de gestion, les principes d'efficacité étant
souvent source d'économies.
3. L'impact des plans de revalorisation et d'intégration
Le poids
des dépenses destinées à rémunérer les
personnels de l'enseignement scolaire a été souligné plus
haut.
Mais l'importance de ces crédits budgétaires résulte non
seulement du nombre des effectifs mais aussi du coût considérable
des différents plans de revalorisation de la situation des personnels
enseignants, voire, dans une moindre mesure, non enseignants.
Il convient de préciser que l'augmentation de 1 % du point
" fonction publique " équivaut à une progression
automatique de 2,75 milliards de francs. Les mesures catégorielles
éventuelles sont donc extrêmement lourdes en terme
budgétaire.
Or, les personnels de l'éducation nationale ont fait l'objet de
différentes mesures de revalorisation de leur situation - et de leurs
rémunérations - intervenues à la fin des années
1980 et au début des années 1990, lorsque M. Lionel Jospin
était ministre de l'éducation nationale.
Les mesures de revalorisation prises en faveur des personnels enseignants,
d'orientation et d'éducation s'inscrivent, d'une part, dans les
différents plans de revalorisation de la fonction enseignante
signés depuis 1989 - plans Jospin, Lang, Bayrou - et, d'autre part, dans
le protocole d'accord sur la refonte de la grille indiciaire de la fonction
publique signé le 9 février 1989, sauf en ce qui concerne
les corps des professeurs agrégés et des professeurs de chaire
supérieure, dit protocole Durafour.
Le tableau ci-après récapitule les effectifs budgétaires
concernés par ces différents plans de revalorisation, sur la
période 1990 à 1998.
a) Les principales mesures prises au titre des plans de revalorisation
Il
serait fastidieux de dresser la liste de toutes les mesures
catégorielles contenues dans ces différents plans de
revalorisation, et votre commission n'en exposera que les principales.
•
Les mesures catégorielles, statutaires et indiciaires ont
bénéficié, au cours de la période 1990 à
1998, à 121.065 enseignants du premier degré.
La principale mesure a consisté en la création, par le
décret n° 90-680 du 1
er
août 1990, du corps des
professeurs des écoles classé dans la catégorie A de la
fonction publique. De 1990 à 1994, l'intégration des instituteurs
- fonctionnaires de catégorie B - dans le corps des professeurs des
écoles a été réalisée en application du plan
Jospin pour 7.000 transformations annuelles, et en application du protocole
Durafour pour 5.000 transformations annuelles, soit un total de 12.000
transformations par an. Le nombre de ces intégrations a
été porté à 14.619 en 1995, à 14.641 en
1996, à 14.851 en 1997 et à 14.850 en 1998.
En septembre 1994, une hors-classe a été créée dans
le corps des professeurs des écoles, dotée du même
échelonnement indiciaire que la hors-classe des professeurs
certifiés. Cette hors-classe a bénéficié, à
compter du 1
er
septembre 1996, d'un échelon
supplémentaire.
Le coût de ces différentes mesures pour la période
considérée s'est élevé à un peu plus de 6
milliards de francs. Le " coût " d'un instituteur sera
supérieur de 48 % en 2007 par rapport au niveau de 1988.
•
Les personnels enseignants du second degré ont
bénéficié de plusieurs types de mesures
catégorielles prévues par les plans précédents mais
aussi par des mesures complémentaires décidées en 1993 au
titre du protocole Lang.
Certaines mesures sont relatives à la création ou l'extension de
grades de débouché, élargissement de l'accès
à la hors-classe par exemple. D'autres mesures bénéficient
aux corps d'enseignants en voie d'extinction, comme les adjoints
d'enseignement.
Ces différentes mesures ont concerné, de 1990 à 1998,
129.511 personnels du second degré, et leur coût s'est
élevé à environ 8,43 milliards de francs.
•
Les personnels de direction et d'inspection
ont, eux aussi,
bénéficié de mesures de nature statutaire, indiciaire et
indemnitaire dont le coût s'élève à
475,73 millions de francs pour les premiers et à 37,3 millions
pour les seconds
.
• Enfin,
les personnels administratifs, techniques, ouvriers et de
service
(ATOS) ont également bénéficié de ce
type de mesures : 33.033 fonctionnaires des catégories A
et B ont été concernés, pour un coût de
252,6 millions de francs. Pour les catégories C et D, ces mesures
ont concerné 161.217 personnes, pour un coût de 838,7 millions de
francs.
b) Un impact budgétaire lourd
Les
différents plans de revalorisation ont un impact budgétaire lourd
et étalé dans le temps. De 1990 à 1999, les personnels de
l'éducation nationale ont bénéficié de plus de 30
milliards de francs en mesures catégorielles, soit 11 % de la masse
salariale. Leurs répercussions financières expliquent l'essentiel
de l'augmentation du budget de l'enseignement scolaire d'une année sur
l'autre et constituent la principale source de sa rigidité, en raison du
caractère automatique de leur progression. Il s'agit d'une bonne
illustration de l'effet de cliquet.
L'analyse de la progression du budget de l'enseignement scolaire de 1998
à 1999 est, à cet égard, riche d'enseignements.
L'essentiel de cette progression est dû à la montée en
charge progressive mais inexorable des dépenses de personnels
consécutives à différentes mesures de nature statutaire,
indiciaire ou indemnitaire :
- 4,59 milliards de francs au titre de l'accord salarial de la fonction
publique (mesures 1998 et 1999) ;
- 682 millions de francs pour l'actualisation des rémunérations,
dont 490 millions pour le congé de fin d'activité ;
- 776 millions de francs au titre des extensions en année pleine de 1998
sur 1999, dont 670 millions de francs pour les extensions de mesures
catégorielles ;
- 133 millions de francs au titre de diverses mesures d'ajustements et
d'indexations ;
- 670 millions de francs au titre des mesures catégorielles, dont
296 millions (en tiers d'année) pour l'intégration des
instituteurs dans le corps des professeurs des écoles du public et la
mesure de parité pour les maîtres de l'enseignement privé,
ainsi que 75 millions de francs de mesures indemnitaires et de bonifications en
faveur des ZEP.
Le budget de l'enseignement scolaire a cru de près de 12 milliards de
francs en 1999 par rapport à 1998 : environ 6,8 milliards sont
imputables aux seules dépenses de personnels.
4. Le poids des pensions
a) Les perspectives de départs en retraite des enseignants
L'éducation nationale va voir une grande partie de
ses
personnels se renouveler au cours des dix prochaines années, en raison
de nombreux départs à la retraite.
En effet, l'âge moyen des fonctionnaires rémunérés
par le ministère de l'éducation nationale est de 42 ans, dont 63
% sont des femmes.
L'âge moyen des enseignants du
premier degré
est de 41
ans ; plus de 75 % d'entre eux sont des femmes. Elles ont en moyenne un an
et demi de moins que leurs collègues masculins. 54 % des enseignants du
premier degré ont de 37 à 50 ans. Les classes d'âge de 45
à 49 ans sont les plus riches en effectifs : elles rassemblent 22 %
des enseignants. Or, les instituteurs ainsi que les enseignants
récemment intégrés dans le corps des professeurs des
écoles partent en retraite à 55 ans.
Dans l'enseignement du
second degré
, les personnels enseignants
sont plus âgés, deux ans de plus en moyenne. 52 % de ces
enseignants ont de 41 à 54 ans.
Enfin, 40 % des non enseignants se situent dans les tranches d'âge de 41
à 53 ans.
Les départs en retraite des fonctionnaires de l'éducation
nationale vont donc être très importants.
Le graphique ci-après montre que 53,6 % des agents publics qui sont
partis à la retraite en 1996 sont issus du ministère de
l'éducation nationale, les agents de La Poste et de France
Télécom, qui arrivent en seconde position, ne représentent
que 20 % de ces départs à la retraite.
Or, ces départs à la retraite, déjà importants, connaissent une évolution fortement ascendante, comme le montre le tableau ci-dessous :
Ces
départs à la retraite sont passés de 23.513 en 1992
à 26.304 en 1996, soit une progression de près de 12 % en 4 ans.
Les projections effectuées montrent que 40 % des personnels enseignants
partiront en retraite d'ici 2005.
b) L'explosion du coût des pensions
L'évolution démographique a des
répercussions
inévitables - et inquiétantes - sur le coût des pensions.
Les pensions versées aux retraités de l'éducation
nationale représentent déjà près de 42 % des
pensions civiles de retraite qui étaient en paiement au 31
décembre 1996. Le nombre des ayants droit s'élevait alors
à 467.173 sur un total de 1.114.064 pensionnés de l'Etat. Le
graphique ci-après illustre la part majeure prise par les
pensionnés de l'éducation nationale parmi les anciens
fonctionnaires de l'Etat ou assimilés.
L'inflation budgétaire résultant de cette
évolution va prendre des proportions considérables.
Sur ce sujet également, la loi de finances initiale pour 1999 est riche
d'enseignements, puisque le seul ajustement des pensions entraîne un
accroissement - ici encore purement automatique - du budget, de
3,85 milliards de francs. Le chapitre 32-97 (Participation aux charges de
pensions) comporte des crédits à hauteur de 58,18 milliards
de francs, contre 54,33 milliards l'année précédente, soit
une progression de plus de 7 % en un an.
Le coût des pensions était de 29 milliards de francs en
1990 : il a donc doublé en dix ans. En 2010, il devrait
s'élever, en francs constants, à près de 100 milliards de
francs.
II. UNE DÉRIVE BUDGÉTAIRE APPELÉE À SE POURSUIVRE
A. UNE DÉCROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE SANS INCIDENCES BUDGÉTAIRES
1. La baisse des effectifs des élèves : moins 317.000 depuis six ans
Le
tableau ci-après retrace l'évolution constatée des
effectifs d'élèves de 1992 à 1997, ainsi que les
prévisions pour la rentrée 1998 et des projections pour 1999.
Depuis la rentrée 1993, qui a permis d'accueillir
12.915.100 élèves, soit le point culminant des effectifs
scolarisés, on constate une baisse régulière de ces
effectifs : en six ans, le nombre d'élèves dans
l'enseignement scolaire s'est réduit de 317.400, soit - 2,46%.
D'une manière générale, sur la France
métropolitaine et les départements d'outre-mer, pour les secteurs
d'enseignement public et privé, une hausse continue des effectifs
d'élèves dans
les collèges peut être
constatée, de 1992 à 1994. Depuis 1995, les effectifs connaissent
une baisse sensible, et les projections montrent que cette tendance devrait se
poursuivre toutefois en s'atténuant lors des rentrées 1998
et 1999 (successivement de l'ordre de - 15.700 et - 1.400
élèves).
En ce qui concerne les lycées professionnels, après une baisse
continue des effectifs ces dernières années, on a assisté,
à la rentrée 1996, à un retournement de tendance (+ 3.500
élèves). Cette progression modérée, qui s'est
poursuivie à la rentrée 1997 (+ 4.900 élèves), ne
devrait pas se poursuivre aux rentrées 1998 et 1999. En effet, un
arrêt de la hausse et une baisse des effectifs sont attendus (+ 100 en
1998 et - 15.400 élèves en 1999).
La tendance à la baisse des effectifs du second cycle
général et technologique, qui se poursuivait depuis la
rentrée 1992, s'est inversée à la rentrée 1996. La
hausse des effectifs à la rentrée 1997 a ainsi été
de 7.000 élèves. Mais une nouvelle diminution devrait avoir lieu
aux rentrées 1998 et 1999, respectivement de - 10.000 et - 18.000
élèves.
2. Les projections démographiques pour les dix prochaines années
a) Dans le premier degré : moins 220.000 élèves
Deux
facteurs contribuent à l'évolution des effectifs du premier
degré. Le premier, exogène, est de nature démographique,
les hypothèses retenues étant la constance du solde migratoire et
la stabilité de la fécondité. Le second facteur est
l'évolution de la scolarisation à chaque âge,
particulièrement à 2 ans et au-delà de 10 ans.
Compte tenu de ces facteurs, il apparaît que la baisse
démographique reste sensible, d'autant plus que les naissances ont
diminué à
nouveau en 1997. La population en âge
d'être scolarisée dans le premier degré pourrait donc
encore subir, dans les 10 ans à venir, une diminution sensible de
210.000 élèves pour l'ensemble des enfants de 2 à 10 ans,
et toucherait davantage les enfants de 6 à 10 ans, scolarisables au
niveau élémentaire (- 196.000) que ceux de 2 à 5 ans,
scolarisables au niveau préélémentaire (- 14.000).
Globalement, les hypothèses retenues conduisent à une diminution
des effectifs de l'ensemble du premier degré, public et privé, de
l'ordre de 220.000 élèves, soit - 3,4 % par rapport à 1997.
La quasi totalité de cette baisse porte sur la période 1998-2003
et une stabilité apparaît sur la fin de la période. Une
approche par niveau d'enseignement montre que la baisse est principalement
attendue dans l'enseignement élémentaire, où elle
atteindrait 222.000 élèves (- 5,7 %), et dans les classes
d'enseignement spécial (- 9.000 élèves, soit - 14,5 %). En
revanche, le nombre d'élèves de l'enseignement
préélémentaire pourrait connaître une hausse proche
de 11.000 élèves (+ 0,5%), en raison d'une scolarisation plus
précoce.
b) Dans le second degré : moins 393.000 élèves pour les huit ans à venir
Sur
l'ensemble des établissements du second degré, hors classes
supérieures, les effectifs devraient diminuer de 176.000
élèves d'ici la rentrée 2002, pour s'établir
à 5.333.000, soit une baisse de 3,2 %. A l'horizon 2007, les effectifs
devraient continuer à diminuer
,
la baisse entre
les
rentrées 2002 et 2007 serait de 217.000 élèves, soit - 4,1
%. Ces évolutions tiennent compte de la démographie qui n'est
guère favorable pour les années à venir, des taux de
passage et de redoublement, ainsi que des passages vers l'apprentissage et vers
les lycées agricoles.
Les effectifs du premier cycle continuent de diminuer : - 61.000 entre
1997 et 2002, - 171.000 entre les rentrées 2002 et 2007. Les effectifs
sur l'ensemble de cette période devraient diminuer puisque, à
partir de 1986, la taille des générations diminue pour descendre
en-dessous de 700.000 pour celle née en 1994. Cependant, malgré
l'effet démographique défavorable, les effectifs de
4
ème
et de 3
ème
générales
augmenteraient globalement sur la période 1997-2002 du fait de
l'intégration des anciens effectifs des classes technologiques de
collège.
Les effectifs du second cycle professionnel devraient être en très
légère augmentation lors de la prochaine rentrée, puis
diminuer à partir de 1999, sous l'effet des générations
creuses qui commencent à quitter le collège. En termes
d'effectifs, on obtient une baisse de 32.000 élèves (soit - 4,5
%) entre 1997 et 2002, puis de 12.000 (soit - 1,8 %) pour l'ensemble des cinq
années suivantes.
Du fait de la baisse des effectifs de 3
ème
générale et technologique, les formations au BEP et au CAP
devraient accueillir de moins en moins d'élèves.
L'hypothèse d'une poursuite de l'essor des baccalauréats
professionnels contribuera à maintenir la progression des effectifs de
ces formations jusqu'en 2000 ; mais, à partir de la rentrée
2001, l'ensemble des formations du second cycle professionnel seraient en perte
de vitesse.
Après deux années de légère augmentation des
effectifs du second cycle général et technologique, on devrait
assister en 1998 à un retournement avec une baisse continue des
effectifs.
Entre 1997 et 2002, on aurait, au total, 84.000 lycéens en moins. La
deuxième période, 2002-2007, devrait voir les effectifs diminuer
plus faiblement : - 29.000 élèves, soit - 2 %.
3. Le nombre moyen d'élèves par classe
Le
maintien, ou l'augmentation des moyens humains d'enseignement, conjugué
à une évolution démographique à la baisse se
traduit mécaniquement par une réduction du nombre
d'élèves par classe.
Si la commission d'enquête ne saurait être favorable, par principe,
à une réduction purement arithmétique des moyens ; en
utilisant cette rente démographique, elle considère que
l'éducation nationale a une occasion privilégiée de
développer une nouvelle politique axée sur des objectifs plus
qualitatifs, le renforcement systématique de l'encadrement des
élèves ne pouvant être envisagé comme une fin en
soi.
a) Dans le premier degré
Dans
l'enseignement préélémentaire public, l'effectif moyen des
classes suit une tendance régulière à la baisse :
27,4 élèves par classe en 1991, 26,8 en 1994, 25,5 en 1997. Ce
mouvement devrait se poursuivre, avec un effort particulier d'accueil dans les
zones d'éducation prioritaires (ZEP).
Dans le secteur privé, l'effectif moyen des classes suit cette
même tendance régulière à la baisse : 27,5
élèves par classe en 1991 et 26,1 en 1997.
En ce qui concerne l'enseignement élémentaire public, la taille
des classes, en baisse au début des années 1980, s'était
accrue en raison de hausses importantes d'effectifs.
Ces dernières années, la taille moyenne des classes tend à
se stabiliser à un peu moins de 23 élèves, malgré
la diminution des effectifs scolaires : ceci résulte de transferts
de moyens opérés de l'enseignement élémentaire vers
le préélémentaire pour y améliorer l'accueil des
enfants et notamment généraliser la scolarisation à 3 ans.
La taille moyenne des classes, dans l'enseignement élémentaire
privé, plus élevée que dans le public, a subi peu de
variations : de 23,6 élèves par classe en 1991 à 23,4
dès la rentrée 1992. Depuis cette date, la taille des classes s'y
est stabilisée.
b) Dans le second degré
Dans le
second degré public, on note, à la rentrée 1997, une
légère diminution de la taille des divisions en
collège : les effectifs moyens par division sont stables en
6
ème
et en 3
ème
technologiques, en baisse
en 5
ème
, en 4
ème
, en
3
ème
, en 4
ème
technologique et en
3
ème
d'insertion. Cependant, les classes de premier cycle
comptent aujourd'hui, en moyenne, légèrement plus
d'élèves qu'en 1991.
Dans le second degré privé, la taille des divisions en
collège a augmenté entre 1991 (24,6) et 1993 (24,9) ; elle
diminue depuis pour s'établir à 24,6 à la rentrée
1996 ainsi qu'à la rentrée 1997. Elle est
légèrement supérieure à celle constatée dans
le public. Entre les rentrées 1996 et 1997, la taille moyenne des
divisions a diminué en 5
ème
, en 4
ème
générale et technologique, en 3
ème
générale et technologique ; elle a augmenté en
6
ème
( de 25 à 25,5).
En second cycle général et technologique public, le nombre moyen
d'élèves par classe avait été ramené de 30,3
à 29,7 de 1991 à 1992. Cette amélioration a
été rendue possible par l'affectation d'importants moyens
nouveaux. Ces effectifs poursuivent légèrement leur baisse depuis
trois ans. Les classes de seconde sont les plus chargées avec une
moyenne de 32,1 élèves à la rentrée 1997 (32,3 lors
de la rentrée précédente).
Dans le second degré privé, comme dans le public, le nombre moyen
d'élèves par classe, bien que moins élevé, a
été diminué entre les mêmes rentrées
scolaires, passant de 25,6 en 1991 à 25,1 en 1992. Il augmente à
nouveau jusqu'en 1994, pour s'établir à 25,6 aux rentrées
1996 et 1997. Les classes de seconde restent également les plus
chargées avec une moyenne de 28,3 élèves à la
rentrée 1997 (24,3 en 1
ère
et 24,5 en
terminale).
4. Les incidences en terme de taux d'encadrement
Le
tableau ci-après rappelle les taux d'encadrement en personnels
enseignants, de la rentrée 1992 à la rentrée 1998.
*Prévisions
Dans le premier degré de l'enseignement scolaire public
,
le solde
des créations et des suppressions d'emplois, entre la rentrée
1992 et la rentrée 1997, a été de + 100 emplois
d'instituteurs et de professeurs des écoles. Au cours de cette
période, les effectifs scolarisés ont diminué de 227.900
élèves. Le nombre d'élèves par enseignant est donc
passé de 24 en 1992 à 23,5 à la rentrée 1997. A la
rentrée 1998, le taux d'encadrement devrait encore s'améliorer et
s'établir à 23,3 élèves par enseignant.
Dans le second degré public, les établissements d'enseignement
ont accueilli, de la rentrée 1992 à la rentrée 1997,
20.500 élèves supplémentaires. Face à cette
progression, 12.050 emplois ont été créés. Le taux
d'encadrement dans les lycées s'est lentement amélioré, et
s'élève, à la rentrée 1998, à 13,2
élèves pour un professeur.
Le tableau ci-après compare l'évolution des effectifs des
élèves et des créations d'emplois :
5. La nécessité de ne pas se contenter d'une logique purement quantitative
Les
différents indicateurs qui viennent d'être rappelés mettent
l'accent sur deux faits :
- d'une part,
le contexte dans lequel évolue le système
éducatif français est profondément modifié en
raison de la décrue qui affecte les effectifs des
élèves
: alors que l'augmentation continue des effectifs
scolarisés imposait une politique de l'emploi volontariste,
l'évolution démographique nouvelle impose un changement
d'attitude ;
- d'autre part,
le gouvernement a procédé à un choix
politique contestable dans son principe puisqu'il consiste à ne tirer
aucune leçon, sur le plan budgétaire, de la rente
démographique : au contraire, il a décidé de maintenir
inchangé le nombre d'enseignants et, ce faisant, de conforter la logique
purement quantitative qui, depuis trop longtemps, préside au
fonctionnement du système éducatif.
Or, cette logique quantitative conduit à l'impasse. Non seulement elle
alimente la surenchère budgétaire qui grève les finances
publiques en contribuant à perpétuer un déficit
budgétaire trop important, et à accroître notre dette
publique, mais elle représente aussi une facilité qui dispense de
mettre en oeuvre des réformes de gestion d'ordre qualitatif.
Pourtant - et votre commission d'enquête, à l'issue de ses
investigations, en est convaincue - l'éducation nationale souffre, non
pas d'un manque de moyens, mais d'un phénomène de
" mal-administration " qui trouve sa
source, d'une part, dans
une gestion insuffisamment rigoureuse de ses moyens, et, d'autre part, dans
l'illusion qu'elle entretient selon laquelle ses problèmes ne peuvent
trouver qu'une réponse financière.
Le malaise lycéen de l'automne 1998 constitue une caricature de cette
illusion budgétaire. Alors que les effectifs lycéens diminuent,
et continueront de diminuer, et que les taux d'encadrement des
élèves se sont constamment améliorés depuis
plusieurs années, la réponse du gouvernement à ce qui,
visiblement, n'était qu'un problème d'inadéquation des
moyens aux besoins, a consisté à accorder une rallonge
budgétaire prenant la forme d'un " amendement lycées "
de 431 millions de francs dans le budget de l'enseignement scolaire, portant
son augmentation, par rapport à 1998, de 11,8 à 12,25 milliards
de francs.
Votre commission d'enquête estime qu'il n'est que temps de mettre un
terme à cette dérive budgétaire permanente qui, trop
souvent, tient lieu de politique de l'éducation.
Les projections démographiques devraient inciter les gouvernements,
quels qu'ils soient, à utiliser la rente démographique actuelle.
Votre commission d'enquête n'est pas favorable à une logique
purement comptable qui consisterait à appliquer une règle
mathématique simple de réduction des effectifs des enseignants
proportionnelle à celle des effectifs des élèves.
B. UNE SURESTIMATION TRADITIONNELLE DES BESOINS
1. Un surcalibrage des concours résultant d'abord de la " peur de manquer " du ministère de l'éducation nationale
Le
ministère de l'éducation nationale a vécu, pendant de
longues années, dans la crainte de voir se prolonger la crise de
recrutement à laquelle il a été confronté.
Au cours des années 1980 et au début des années 1990,
le nombre des candidats aux concours de recrutement d'enseignants a fortement
diminué.
La profession était dévalorisée et
cette image négative avait des répercussions objectives sur les
concours.
Par exemple, 60 % seulement des postes mis au CAPES externe étaient
pourvus ; beaucoup de candidats inscrits ne prenaient même pas la
peine de se présenter, et les jurys de concours étaient
très critiques sur la qualité des candidats qui, selon eux, ne
permettait pas de pourvoir tous les postes. Des situations caricaturales se
sont même produites, comme celle de ce CAPES de génie informatique
organisé en 1988 qui proposait 100 postes mais qui n'a suscité
que 80 candidatures...
Le plan de revalorisation de la profession enseignante décidé par
M. Lionel Jospin lorsqu'il était ministre de l'éducation
nationale visait à corriger cette image dépréciée.
Cependant, les gestionnaires du système éducatif, se souvenant
de cette période douloureuse, sont aujourd'hui encore marqués par
cette " peur de manquer " qui se traduit par un surcalibrage des
concours.
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution, de 1988 à 1997, du
nombre de postes et d'admis aux concours de recrutement d'enseignants.
Il fait apparaître que le nombre de postes mis aux différents
concours de recrutement a considérablement augmenté au cours de
la première moitié des années 1990. Les postes mis au
concours de l'agrégation ont plus que doublé de 1988 à
1990, passant de 2.100 à 4.300, pour s'élever à 5.000 de
1991 à 1996. L'année 1997 amorce une décrue de 18 %, 900
postes de moins - 4.100 au lieu de 5.000 - étant mis au concours.
Le taux de rendement du concours de l'agrégation est par ailleurs
très satisfaisant puisque 87 % des postes mis au concours en 1997 ont
été pourvus.
Le nombre de postes mis au concours du CAPES a lui aussi
considérablement augmenté, passant de 8.600 en 1988 à
19.520 en 1993, soit une progression de 127 %. Depuis lors, ce nombre diminue
régulièrement. Surtout, son taux de rendement s'est
amélioré, passant de 64 % en 1989 à plus de 81 % en 1997.
Les données qui précèdent traduisent également un
recours important aux candidats figurant sur liste complémentaire de
concours
, même si ce nombre a tendance à diminuer depuis 1996.
En 1991 par exemple, 6.006 candidats présents sur une liste
complémentaire de concours ont été retenus, soit 95 % des
candidats inscrits. Cette proportion n'est pas toujours aussi importante mais
le procédé lui-même traduit des dysfonctionnements dans
l'organisation des concours de recrutement des personnels enseignants, de telle
sorte que le ministère de l'éducation nationale ne recrute pas le
nombre exact de personnes équivalent au nombre de postes offerts aux
divers concours.
Il n'est cependant pas certain que cette évolution ait été
entièrement voulue, eu égard aux conditions dans lesquelles ont
eu lieu les recrutements au cours des dernières années. Ils ont
en effet été réalisés à partir
d'évaluations globales et quantitatives ne reposant pas sur les
éléments qualitatifs précis indispensables à une
véritable politique de recrutement à l'éducation nationale
tels que la détermination de taux d'encadrement, les obligations de
service imposées aux agents ou le contenu des programmes. Le recours
à des marges de sécurité est alors nécessaire pour
faire face aux aléas pouvant apparaître lors de la rentrée
scolaire.
L'absence de gestion prévisionnelle des besoins en personnels est
donc bien réelle même si elle peut se manifester de manière
différente, voire contradictoire : crise de recrutement hier,
surcalibrage des concours aujourd'hui.
Les concours de recrutement sont en effet calibrés très
au-delà des besoins stricts de l'éducation nationale.
La " peur de manquer " n'avait que peu d'impact lorsque la mise au
concours d'un nombre croissant de postes était déconnectée
du nombre de postes effectivement pourvus. Il y avait même une certaine
stratégie à afficher un accroissement du nombre de postes au
concours, qui était présenté comme une décision
finalement généreuse et bienveillante à l'égard
d'une discipline et d'une catégorie de professeurs. Cette
" tactique " s'est révélée beaucoup plus
risquée quand les candidats aux concours se sont présentés
beaucoup plus nombreux.
Il s'est également agi de répondre à la demande, voire
à la pression, des étudiants de certaines filières
universitaires. Il est vrai qu'il n'est guère satisfaisant de conduire
des politiques de recrutement alternant ouverture puis restriction des postes
offerts aux concours. Une telle politique nuit à la qualité des
personnels recrutés et à la crédibilité du
système.
La déconvenue peut être grande pour un
étudiant, en histoire par exemple, de débuter un premier cycle
une année au cours de laquelle 400 postes sont mis au concours du CAPES
d'histoire, puis d'achever un deuxième cycle alors que le nombre de
postes a été divisé par dix.
Toutefois, votre commission d'enquête s'interroge sur la pertinence de
continuer à recruter, au-delà des besoins évidents, des
enseignants de disciplines peu choisies par les élèves, comme des
langues rares ou régionales, ou encore comme certaines disciplines
technologiques très pointues.
Surtout, il convient de se demander ce que deviendront certains
étudiants engagés dans des filières universitaires dont la
faiblesse des débouchés leur avait pourtant été
notifiée. C'est le cas bien connu des sciences et techniques
d'activités physiques et sportives (STAPS) qui suscitent un grand
engouement depuis quelques années : allons-nous assister à une
forte augmentation du nombre de postes de professeurs d'éducation
physique et sportive mis au concours ?
Des décisions ont pu être prises de manière
précipitée sans véritable analyse de leurs
conséquences au regard de l'effet amplificateur qu'elles peuvent
avoir.
Ainsi, il convient de garder à l'esprit qu'une heure d'une
discipline au collège représente 100.000 heures d'enseignement,
le collège comportant 100.000 divisions. De même, si le programme
de français au collège est augmenté d'une heure, un besoin
à hauteur d'environ 5.000 postes est créé. A l'inverse,
quand un ministre décide de supprimer l'enseignement de la physique au
collège, cela engendre un excédent de 5.000 postes.
Enfin, le surcalibrage des concours de recrutement à l'éducation
nationale est à l'origine de relations difficiles entre la rue de
Grenelle et le ministère du budget au regard des règles - ou de
l'absence de règles - relatives au recrutement des personnels
enseignants. L'éducation nationale est d'ailleurs la seule
administration à fonctionner de cette manière. Les autres
ministères ne sauraient recruter un nombre de fonctionnaires très
éloigné de celui prévu.
2. Les conséquences : 10.000 surnombres
Le
surcalibrage des concours de recrutement a pour conséquence tangible
l'apparition de surnombres que votre commission d'enquête estime pouvoir
chiffrer, à la suite de ses investigations, à environ 10.000.
Il est possible de distinguer
deux catégories de surnombres :
les surnombres budgétaires et les surnombres fonctionnels.
On parle de surnombres budgétaires quand le nombre d'emplois qui
figurent dans la loi de finances n'est pas conforme au nombre d'emplois
effectifs, le gouvernement pouvant décider de l'augmenter.
Les surnombres fonctionnels sont de nature disciplinaire : ils
correspondent à la différence entre le nombre théorique
d'enseignants de telle ou telle discipline, déterminé en principe
pour couvrir les besoins d'enseignement, et le nombre réel
d'enseignants, cette différence résultant du surcalibrage des
concours. Il s'agit d'un mauvais ajustement entre les disciplines.
Il convient de préciser que les surnombres budgétaires ne
concernent que les postes d'enseignants.
Les personnels non enseignants ne
sont pas en situation de surnombres. En effet, 126.000 emplois
budgétaires d'ATOS sur le chapitre 31-90 et un peu plus de 33.000
emplois le sont sur le chapitre 36-60. Or, les emplois d'ATOS présents
sur le terrain ont toujours été inférieurs aux emplois
inscrits en loi de finances, sauf en 1993-94 quand le chapitre 31-90
présenta un surnombre de 22 emplois, largement compensé du reste
par une sous-consommation de 200 emplois sur le chapitre 36-60.
Les enseignants du premier degré, dont les 321.000 emplois sont inscrits
sur le chapitre 31-92, ont enregistré un surnombre de 353 emplois en
1997-98. Mais, en règle générale, les dotations
budgétaires initiales sont assez bien respectées.
Tel n'est pas le cas pour les personnels du second degré. Le chapitre
31-93 rassemble l'ensemble des 458.000 emplois du second degré :
les enseignants, mais également les personnels de direction,
d'éducation, d'orientation, ainsi que 34.000 maîtres d'internat et
surveillants d'externat (MI-SE). Or, le chapitre 31-93 est l'objet de
surnombres importants et réguliers : 2.738 en 1994-95, 4754 en
1995-96, 9.000 en 1996-97.
Ces surnombres budgétaires résultent, en partie, d'un recrutement
excessif et incontrôlé de maîtres auxiliaires. En effet, par
définition, un emploi budgétaire de maître auxiliaire ne
peut exister : les seuls emplois d'enseignants inscrits en loi de finances
sont ceux de titulaires. Cependant, lorsqu'un maître auxiliaire est
recruté, il est rémunéré sur un emploi
budgétaire - un emploi de titulaire, donc - vacant. Dans ce cas, le
recours excessif à des maîtres auxiliaires explique l'apparition
de surnombres.
D'autres explications aux surnombres rejoignent des considérations
déjà évoquées, notamment le surcalibrage des
concours ainsi que l'amélioration du taux de rendement de ces concours
de recrutement, mal anticipée par l'administration.
Les surnombres budgétaires et les surnombres disciplinaires peuvent
également se rejoindre. Il faut en effet insister sur le fait que les
postes mis aux concours ont fait l'objet d'une répartition disciplinaire
souvent inappropriée. Les recrutements d'enseignants de disciplines
devenant excédentaires ont été poursuivis, par exemple en
histoire - géographie, en sciences physiques ou en sciences
économiques et sociales. En revanche, il existe des disciplines qui
manquent d'enseignants, comme l'anglais, les sciences de la vie et de la terre,
l'espagnol ainsi qu'un certain nombre de disciplines professionnelles.
Enfin, les surnombres résultent aussi de dysfonctionnements dans la
gestion des emplois et, en particulier, d'un champ de responsabilités
mal défini à l'égard du chapitre 31-93 entre
l'administration centrale d'une part, et les rectorats d'autre part. La
première détermine les recrutements et la répartition
disciplinaire des enseignants, tandis que les seconds, estimant
inadéquate cette répartition par rapport aux besoins
disciplinaires exprimés au niveau des établissements, recrutent
des maîtres auxiliaires, parfois en nombre très important. La
" coloration " des postes intervient en effet au niveau des
académies.
Il faut espérer que le changement apporté dans la nomenclature
budgétaire au cours de l'année scolaire 1997-98 permettra de
mieux identifier les masses budgétaires en jeu, de clarifier les
responsabilités de chacun des niveaux d'administration afin de mettre un
terme à ces graves dysfonctionnements.
C. DES BESOINS NOUVEAUX
1. La prise en compte de la gestion de l'hétérogénéité
a) La discrimination positive : les zones d'éducation prioritaires (ZEP)
En 1981
et 1982, le gouvernement a décidé de mettre en oeuvre une
politique scolaire comportant un volet reposant sur le principe de
discrimination positive, en vertu duquel il faut
" donner plus
à ceux qui ont moins ".
Cette politique d'éducation prioritaire a pour objet, selon la
circulaire n° 90-028 du 1
er
février 1990, de
" renforcer l'action éducative dans les zones où les
conditions sociales sont telles qu'elles constituent un facteur de risque,
voire un obstacle pour la réussite scolaire des enfants et adolescents
qui y vivent et donc, à terme, pour leur intégration
sociale ".
Elle vise donc à lutter contre l'échec scolaire au sein de zones
d'éducation prioritaires (ZEP), prenant acte de
l'hétérogénéité croissante des publics
scolaires, elle-même reflet des évolutions de la
société française.
En 1982, il y avait 355 ZEP. En 1990, année au cours de laquelle la
carte des ZEP a été redéfinie par les rectorats et
arrêtée pour trois ans puis prorogée d'un an, elles
étaient au nombre de 559. A la rentrée 1997, elles étaient
563, dont 26 dans les départements d'outre-mer et 5 dans les territoires
d'outre-mer.
Le nombre des ZEP a donc augmenté de près de 60 % en 15
ans.
6.185 établissements sont classés en ZEP : 5.318
écoles, 724 collèges, 106 lycées professionnels et 37
lycées d'enseignement général et technique.
Près de 1,2 million de jeunes y sont scolarisés, soit 11,1 % des
effectifs de l'enseignement scolaire, ce qui représente respectivement
12 % et 9,9 % des élèves des écoles publiques et des
établissements publics du second degré.
Les académies métropolitaines présentent des situations
contrastées : de 5,6 % des écoliers dans l'académie
de Rennes à 26,5 % à Paris et 28 % en Corse. Pour les
collégiens, les parts vont de 5,4 % dans l'académie de
Clermont-Ferrand à 26,2 % dans celle de Rouen. Onze académies ont
des écoles ou des collèges en ZEP, mais aucun lycée. Trois
départements, le Cantal, la Haute-Loire et la Lozère n'ont aucun
établissement classé en ZEP. Quant aux DOM, ils scolarisent en
ZEP 20 % des élèves, soit une proportion double de celle de la
France métropolitaine. En Guyane, 50 % des élèves et plus
de 50% des collégiens sont concernés.
La part des écoliers et des collégiens en ZEP augmente avec
l'urbanisation : 2,8 % des élèves des écoles
publiques rurales mais 21,5 % de celles des unités urbaines de 100.000
à 200.000 habitants. Pour les collégiens, ces parts sont
respectivement de 4,9 % et 23,8 %. La population des ZEP est donc
concentrée en majorité dans les grands centres urbains :
seulement 10 % des élèves de ZEP (contre 30 % des
élèves hors ZEP) sont dans des petites villes, de moins de 10.000
habitants.
La population scolaire fréquentant les ZEP est
caractérisée par son appartenance à des catégories
socialement défavorisées. Dans les collèges situés
en ZEP, la proportion d'enfants d'ouvriers et d'inactifs dépasse en
moyenne 60 % ; il est rare que cette proportion descende en-dessous de 40
%, qui est la situation moyenne des collèges situés hors ZEP.
Dans près de 25 % des collèges de ZEP, cette proportion est
supérieure à 75 %. La proportion d'élèves
fréquentant la cantine est deux fois moins élevée en ZEP
(30,5 %) que hors ZEP.
Par ailleurs, le nombre d'élèves par classe est plus faible pour
les écoles en ZEP que pour l'ensemble des écoles. Si la baisse de
la taille moyenne des classes est générale, elle a
été plus rapide en ZEP. Cette évolution est donc
favorable.
En effet, les établissements scolaires classés en ZEP
bénéficient de moyens en personnels renforcés afin de
limiter le nombre d'élèves par classe. C'est l'application
même du principe de discrimination positive.
Le gouvernement a récemment décidé de mettre en place un
plan de relance de la politique d'éducation prioritaire, dont les grands
axes ont été présentés au conseil des ministres du
14 janvier 1998, et débattus lors des forums académiques puis des
assises nationales de Rouen des 4 et 5 juin 1998.
L'objectif est de redessiner une carte établie en 1983 et
révisée globalement en 1989 et qui ne correspond plus aux
réalités sociales mais aussi, par la création de
réseaux d'éducation prioritaires (REP) et la signature de
contrats de réussite, d'apporter une réponse en termes de moyens
pour améliorer les résultats scolaires des élèves.
La carte des ZEP sera revue par chaque recteur à partir de
critères socio-économiques. Les critères de
réussite scolaire ne devraient pas être pris en compte dans la
réforme afin de ne pas pénaliser les établissements :
l'amélioration des résultats des élèves sera donc
sans incidence sur le classement en ZEP de l'établissement.
Ce dernier point suscite l'interrogation de votre commission
d'enquête. En effet, ne pas tenir compte des critères de
réussite scolaire, n'est-ce pas se priver des moyens d'une analyse
qualitative du dispositif mis en place en 1982 ?
La discrimination
positive vise à satisfaire des objectifs reposant sur
l'équité, mais peut aussi constituer un facteur de
rigidité en ce sens où elle engendre un
effet de
cliquet : il est possible pour un établissement d'être
classé en ZEP, il lui est en revanche beaucoup plus difficile de sortir
du dispositif.
Des pressions de toutes sortes s'exercent pour que
l'établissement considéré continue de
bénéficier des conditions de travail plus favorables en vigueur
dans les ZEP. Pourtant, la réussite du dispositif ne devrait-elle pas se
mesurer au taux de sortie - au " déclassement " - des
établissements ? Classer un nombre croissant
d'établissements en ZEP n'est-ce pas faire reposer la politique scolaire
sur le postulat de l'échec ?
Une ZEP qui réussit devrait
être une ZEP qui disparaît.
En effet, la circulaire du 1
er
février 1990
précitée dispose que l'objectif premier de cette politique est
" d'obtenir une amélioration significative des résultats
scolaires des élèves, notamment des plus
défavorisés ".
Dès lors qu'on tend à en
accroître le nombre, n'est-ce pas reconnaître l'extension de
l'échec scolaire ?
Votre commission d'enquête est attachée à la politique
scolaire prioritaire. C'est pourquoi elle estime indispensable de la conforter
dans sa mission originelle, qui est de sortir les élèves de
l'échec scolaire.
Dans ces conditions, quel bilan peut-on dresser de plus de
quinze années de politique d'éducation prioritaire ?
Assurément, il est mitigé.
Le tableau ci-dessous rappelle le pourcentage de réussite en
français et en mathématiques à l'évaluation en CE2
et en 6
ème
depuis 1991, en établissant une comparaison
entre les établissements classés en ZEP et ceux qui ne le sont
pas.
Le constat est clair : les élèves en ZEP ont, en moyenne,
de moins bons résultats aux évaluations nationales, tant en
français qu'en mathématiques
, environ 11 points
d'écart en CE2 et 5 points en 6
ème
dans chacune de ces
deux disciplines. Surtout, il ne semble pas que cet écart se
réduise avec le temps.
Une analyse plus fine montre que la réussite scolaire diffère
selon la durée de fréquentation de l'école
maternelle : plus l'entrée en maternelle est précoce,
meilleurs sont les résultats. Les efforts entrepris en ZEP pour
scolariser les enfants dès l'âge de 2 ans sont donc
bénéfiques. Il faut toutefois constater que les
élèves de ZEP parviennent en 6
ème
plus souvent
avec retard : 10 % d'entre eux ont plus de 12 ans, contre 6 % hors ZEP,
mais cette proportion a suivi la tendance générale et a fortement
baissé, en liaison avec la chute des redoublements en primaire.
A l'issue du collège, les trajectoires des élèves en ZEP
et hors ZEP sont assez différenciées : les
élèves de 3
ème
générale de ZEP
entrent plus souvent en 2
nde
professionnelle. En revanche, les
élèves des classes technologiques ont des trajectoires semblables
en ZEP et hors ZEP ; 88 % parviennent après une
3
ème
technologique en 2
nde
professionnelle.
Les moyens attribués aux ZEP ne parviennent qu'imparfaitement à
rétablir l'égalité des chances à l'école et
à rehausser le niveau scolaire des élèves à celui
constaté hors ZEP. Les enseignants en ZEP travaillent toutefois dans des
conditions souvent très difficiles, et la qualité de leur travail
doit être soulignée.
Votre commission d'enquête regrette vivement que le coût induit
par la nécessaire prise en considération de
l'hétérogénéité sociale ne soit que
partiellement connu.
Le coût du système indemnitaire dont bénéficient les
personnels affectés en ZEP est relativement bien identifié. Ce
dispositif indemnitaire comprend trois volets :
- l'indemnité de sujétions spéciales ZEP :
prévue par le plan de revalorisation de la fonction enseignante de 1989,
elle a été instituée à partir du 1
er
septembre 1990 en faveur des enseignants exerçant dans les ZEP, et
à partir du 1
er
janvier 1991 en faveur des personnels de
direction ; le taux de cette indemnité est indexé sur la
valeur du point de la fonction publique et est fixé depuis le
1
er
avril 1998 à 6.828 francs ; les dotations concernent
près de 81.000 personnes, 40.500 dans le premier degré et 40.400
dans le second degré ;
- l'indemnité de suivi et d'orientation des élèves :
elle comprend une part fixe de 7.083 francs pour les enseignants du second
degré et une part modulable, dont le montant varie entre 5.289 francs et
8.325 francs allouée aux professeurs principaux ;
- une bonification indiciaire variant entre 10 et 30 points selon les fonctions
exercées : 30 points pour les personnels enseignants,
d'éducation et de documentation titulaires exerçant
l'intégralité de leurs obligations de service dans un
établissement sensible ou classé en ZEP ; 10 points pour les
personnels ATOS et de santé affectés dans un établissement
classé en ZEP et 20 points lorsqu'ils sont en établissement
sensible ; 8 points pour les assistantes sociales dont le secteur
d'intervention comprend au moins un établissement sensible ou
classé en ZEP.
M. Jacques Guyard, rapporteur spécial des crédits de
l'enseignement scolaire à l'Assemblée nationale, estime que
" le " surcoût " annuel du dispositif ZEP
s'élève à 2 milliards de francs ".
Votre commission d'enquête souhaiterait que le coût global des
ZEP soit mieux appréhendé et fasse l'objet d'une
présentation détaillée lors de l'examen annuel du projet
de budget de l'enseignement scolaire par le Parlement.
Le gouvernement pourrait ainsi déposer chaque année, en annexe du
projet de loi de finances, un document budgétaire retraçant le
coût global du dispositif des ZEP, c'est-à-dire non seulement les
crédits alloués au régime indemnitaire des personnels
travaillant en ZEP, mais aussi les conséquences budgétaires de la
politique scolaire prioritaire en termes d'aménagement des conditions de
travail et de gestion des personnels.
Il convient en effet de constater que les coûts des zones
d'éducation prioritaires ne sont pas au centre des préoccupations
des gestionnaires du système, les actes des assises nationales des ZEP
à Rouen, en juin 1998, n'abordant jamais ce sujet, sauf à
réclamer des moyens supplémentaires sans qu'une véritable
évaluation de l'efficience du dispositif ait été
entreprise.
Un " jaune " portant sur le budget de l'enseignement scolaire
obligerait le ministère à présenter l'ensemble des
crédits affectés aux ZEP et permettrait de mieux informer la
représentation nationale des conséquences pratiques de son vote
du budget
, comme c'est déjà le cas pour la recherche, et,
depuis la loi de finances pour 1999, pour l'enseignement supérieur.
b) Le souci de l'aménagement du territoire : l'école en milieu rural
L'école est aujourd'hui confrontée à
des
situations extrêmes
: d'une part, l'existence de 246 quartiers
urbains qui présentent une forte concentration de population mais
également de problèmes sociaux, et qui font l'objet de la
politique scolaire prioritaire qui vient d'être analysée, et,
d'autre part, le dépeuplement et le vieillissement de 425 cantons sur
environ 3800.
Or, l'école joue un rôle essentiel en milieu rural : elle
constitue souvent le dernier service public présent dans une commune ou
un canton isolé. Elle est donc essentielle à l'aménagement
du territoire. Cependant, la gestion des personnels sera nécessairement
différente, s'il s'agit d'un établissement en milieu rural ou
d'un établissement en milieu urbain.
M. Jean-Claude Lebossé, inspecteur général de
l'éducation nationale, a remis un rapport à Mme
Ségolène Royal, ministre déléguée à
l'enseignement scolaire, sur la présence des établissements
scolaires dans les zones rurales isolées. En effet, les pouvoirs publics
paraissaient hésitants sur la politique à mener à
l'égard des établissements en milieu rural. Il y a d'abord eu un
mouvement important de regroupement des écoles et des classes
consécutif à l'idée alors avancée selon laquelle
les écoles à classe unique étaient source d'échec
scolaire ultérieur pour leurs élèves : un
impératif de qualité pédagogique poussait donc à
fermer des classes et des écoles, au risque de précipiter le
dépérissement d'un village. Puis, un mouvement inverse a
été enclenché.
En avril 1993, le gouvernement de M. Balladur a instauré un moratoire
suspendant la fermeture ou la réduction des services publics en milieu
rural : un processus permettant de maintenir dans une commune la
dernière classe qui aurait dû être fermée au seul
regard de ses effectifs a dès lors été engagé,
étant précisé qu'
il existe 7.780 écoles à
classe unique
et que
75 établissements du second degré ont
des effectifs inférieurs à 100 élèves.
Aucune dernière classe d'une commune n'a été fermée
contre la volonté du maire, au seul regard de ses effectifs.
Le
moratoire a été
appliqué strictement, y compris
lorsque le nombre d'élèves de la dernière école
à classe unique ouverte dans une commune était très
faible. C'est ainsi qu'ont pu être maintenues à chaque
rentrée scolaire :
- 1993-1994 :180 écoles à classe unique,
- 1994-1995 : 320 écoles à classe unique,
- 1995-1996 : 352 écoles à classe unique,
- 1996-1997 : 401 écoles à classe unique,
- 1997-1998 : 389 écoles à classe unique.
Pour la préparation de la rentrée scolaire 1998-1999, le
moratoire a été reconduit pour la sixième année
consécutive : fin juin 1998, près de 400 écoles
à classe unique, qui auraient dû être fermées compte
tenu de leurs faibles effectifs, ont pu être maintenues à ce titre
par les inspecteurs
d'académie, directeurs des services
départementaux de l'éducation nationale.
C'est désormais dans le cadre des comités locaux
d'éducation qu'est posé le problème du maintien du
moratoire des classes rurales. Il appartient aux élus de décider
si, au vu des données scolaires, cette solution est la plus judicieuse
pour la communauté éducative, ou s'il n'est pas
préférable, dans l'intérêt des élèves,
de fermer une classe unique pour ouvrir une classe dans une commune de
proximité. Une politique de regroupement peut alors être
engagée.
Les regroupements concentrés permettent de scolariser, dans une
école importante, à tous les niveaux, et d'offrir aux enfants des
activités plus nombreuses et diversifiées.
Les
regroupements dispersés permettent de maintenir dans chacune des
communes qui le composent, une ou deux classes. Il n'y a pas de formule
exclusive, tant les situations locales sont diverses ; toutes présentent
l'intérêt de maintenir l'école en milieu rural.
En 1997-1998, ont été recensés 4.591 regroupements
pédagogiques intercommunaux (RPI) d'écoles, dont à peine
20 % de type concentré.
Des enquêtes réalisées par l'éducation nationale ont
montré, au moins pour l'école primaire et pour les
premières classes du collège, que, dans les matières
fondamentales, les élèves ne présentaient pas de
différence de niveau selon qu'ils sont issus d'écoles à
classe unique ou à classes multiples. La pérennisation des
établissements en milieu rural constituait alors l'objectif premier.
Votre commission d'enquête estime qu'il faut aborder ce sujet avec
sérénité et bon sens. Si le maintien des services publics
en zone rurale est un objectif à atteindre dans le cadre d'un
aménagement harmonieux du territoire, il ne saurait être poursuivi
s'il est préjudiciable à l'intérêt des
élèves et des enseignants ou si une réforme
concertée de la carte scolaire en milieu rural s'avérait
bénéfique à la gestion d'ensemble du système
éducatif.
Une politique de rénovation de la présence des
établissements scolaires en milieu rural peut par exemple reposer sur la
mise en oeuvre de projets pédagogiques passant par la constitution de
réseaux d'écoles recourant aux nouveaux moyens de communication,
même si les ordinateurs et Internet ne remplaceront jamais les
pédagogues. Pour éviter la fermeture d'établissements
scolaires ruraux, il est également souhaitable d'élargir
l'utilisation des moyens humains et des équipements. La
" multifonctionnalité " des établissements pourrait
être promue par une politique contractuelle établie entre
l'éducation nationale et les collectivités territoriales. La
gestion du système pourrait ainsi s'en trouver rationalisée.
La mesure de l'efficience du système nécessite que soit
établi un bilan en termes de coût et d'avantages.
La fermeture
d'un établissement peut engendrer une économie pour l'Etat mais
aussi, de façon corrélative, une dépense
supplémentaire pour une collectivité territoriale, en
matière de transport scolaire par exemple. Inversement, ces nouvelles
dépenses peuvent se révéler bien moindres que les
dépenses nécessitées par le maintien d'une école
à classe unique.
Or, le problème se pose pour les zones rurales comme il se posait pour
les ZEP, avec plus d'acuité peut-être : le coût de la
contribution de l'éducation nationale à l'aménagement du
territoire n'est pas évalué.
Votre commission d'enquête
propose que ce coût global soit établi et présenté
chaque année dans l'annexe au projet de loi de finances relative
à l'enseignement scolaire.
2. Des mesures nouvelles financées par des redéploiements
a) Les aides-éducateurs
Le
ministre de l'éducation nationale a décidé, dès
l'automne 1997, de faire du système éducatif le principal acteur
et bénéficiaire du dispositif prévu par la loi n°
97-940 du 16 octobre 1997 relative au développement d'activités
pour l'emploi des jeunes, dans le cadre du programme " Nouveaux services -
nouveaux emplois ".
Ces " emplois-jeunes " ont été recrutés de
manière massive dans l'éducation nationale, sous le nom
d'aides-éducateurs, sur un contrat de travail de droit privé de
cinq ans.
Après avoir atteint les 20.000 dès la fin de l'année 1997,
le nombre d'aides-éducateurs a poursuivi sa croissance et a
approché 30.000 à la fin du premier trimestre 1998. Au total,
environ 33.000 jeunes ont été recrutés pour l'année
scolaire 1997-1998. A terme, l'objectif du ministère est de disposer de
près de 60.000 emplois-jeunes.
Ainsi, en l'espace de deux années scolaires seulement,
l'éducation nationale a vu ses effectifs croître de manière
considérable, sans véritable réflexion sur le devenir des
aides-éducateurs : non seulement la formation qui leur avait
été promise semble revêtir un contenu incertain et est
longue à se mettre en place, mais leur finalité même ne
manque pas de susciter des interrogations.
Il est en effet légitime de se demander si le recrutement d'autant de
personnels nouveaux poursuivait un véritable objectif pédagogique
ou bien plutôt un autre objectif, qui ne s'afficherait pas, mais qui
serait, pour le gouvernement, de pouvoir présenter un bilan flatteur en
matière de lutte contre le chômage. Ainsi, les emplois-jeunes ne
viseraient pas à satisfaire des besoins nouveaux mais la tentation
ancienne de promouvoir une politique de l'emploi factice par la création
d'emplois publics ou, plutôt, d'un succédané d'emplois
publics.
Le coût de cette politique est peut-être à l'origine de la
décision du ministre de mettre un terme au recrutement de nouveaux aides
éducateurs.
Pour financer les emplois-jeunes en 1997, le budget de l'enseignement scolaire
a été abondé, par arrêté de
répartition, de 600 millions de francs en provenance du budget du
ministère de l'emploi et de la solidarité.
Les dépenses relatives au dispositif des emplois-jeunes sont
imputées :
- sur le chapitre 36-71 " Établissements scolaires et de formation.
Dépenses pédagogiques et subventions de fonctionnement ", en
ce qui concerne les rémunérations et la formation des
aides-éducateurs affectés dans des établissements
publics ;
- sur le chapitre 43-02 " Établissements d'enseignement
privés : contribution de l'Etat au fonctionnement et
subventions " en ce qui concerne les aides-éducateurs
affectés dans les établissements privés sous contrat.
Au titre de l'année 1998, le coût des emplois-jeunes
recrutés par l'éducation nationale s'est élevé
à 4,4 milliards de francs, dont 80 % de la rémunération,
soit 3,6 milliards, ont été apportés par
arrêté de répartition du budget du ministère de
l'emploi et de la solidarité.
Les 20 % des salaires et de la formation des aides-éducateurs restant
à la charge du ministère de l'éducation nationale, soit
731 millions de francs, ont été financés de la
façon suivante :
- 250 millions de francs de crédits restés disponibles en 1997
dans les établissements publics locaux d'enseignement au titre du
dispositif emplois-jeunes et reportés à la gestion 1998 ;
- 258 millions de francs d'économies réalisées sur les
heures supplémentaires ;
- 223 millions de francs de crédits redéployés à
partir d'autres chapitres du budget de l'enseignement scolaire.
La loi de finances pour 1999, dans sa version initiale, prévoyait
1,07 milliard de francs de mesures nouvelles afin de couvrir les 20 % des
salaires et charges des 60.000 emplois-jeunes qui seront, au total,
recrutés, dont 1,063 milliard de francs sont inscrits sur les
chapitres du budget de l'enseignement scolaire : 984,49 millions de francs
destinés au financement de 56.600 aides-éducateurs dans les
établissements publics, et 78,6 millions pour financer 3.000
aides-éducateurs dans l'enseignement privé.
Le financement des emplois-jeunes dans l'enseignement scolaire en 1999 a
été gagé, en partie, par une économie
réalisée sur les crédits alloués à la
rémunération des heures supplémentaires-année
(HSA), à hauteur de 774 millions de francs.
Il convient toutefois de préciser que, dans le cadre du " plan
Allègre " pour les lycées, il a été
décidé de recruter 5.000 aides-éducateurs
supplémentaires, ce qui porte leur nombre total à 65.000. Il faut
encore voir dans cette décision le recours, irréfléchi en
termes financiers, à la logique quantitative.
Le coût total des seuls emplois-jeunes de l'éducation nationale
s'élève donc à 5,5 milliards de francs par an, dont 1,1
milliard pour le budget de l'enseignement scolaire. Le ministère de
l'éducation nationale s'est ainsi créé une charge
budgétaire nouvelle considérable qui, sur une période de
cinq ans, peut être estimée à plus de 5,5 milliards de
francs.
b) L'intégration accélérée des instituteurs dans le corps des professeurs des écoles
Le corps
des professeurs des écoles a été créé en
1990 dans le cadre plus général du plan Jospin de revalorisation
de la fonction enseignante. Dès lors, les perspectives de
carrière des instituteurs ont été profondément
modifiées, leur corps étant désormais en voie
d'extinction. Les instituteurs ont accès au nouveau corps des
professeurs des écoles par la voie de listes d'aptitude ou de premiers
concours internes qui leur sont réservés : ils sont alors
rémunérés sur l'échelle indiciaire des professeurs
certifiés.
Le rythme annuel de cette intégration avait été
initialement fixé à 12.000 : 7.000 au titre du plan Jospin
et 5.000 au titre du protocole Durafour, l'achèvement du processus
étant prévu pour 2015. Le rythme a ensuite
régulièrement augmenté : 14.619 en 1995, 14.641 en
1996, 14.850 en 1997 et 1998. L'intégration devait alors être
terminée en 2011.
Le coût budgétaire de cette
intégration, dont les modalités sont de plus en plus
avantageuses, s'est élevé à un peu plus de 3 milliards de
francs.
Cependant, face aux difficultés posées par la coexistence de deux
corps pour exercer le même métier, le ministre, soumis à de
fortes pressions syndicales, a décidé d'accélérer
le rythme de l'intégration des instituteurs dans le corps des
professeurs des écoles et, ce faisant, de solliciter une fois encore le
budget.
A partir de 1999, 20.735 emplois d'instituteurs seront transformés
chaque année. L'intégration devrait alors s'achever en 2007 et
non plus en 2011. La loi de finances initiale pour 1999 prévoit des
crédits à hauteur de 170,8 millions de francs au titre de la
poursuite du plan d'intégration des instituteurs. Mais
l'accélération du plan d'intégration décidée
en 1998 conduit à inscrire 67 millions de francs supplémentaires.
En outre, à partir de 1998, aucun instituteur ayant un minimum de 37,5
années d'ancienneté ne partira à la retraite sans
être intégré, et il sera procédé à
l'assimilation des retraités actuels quand l'intégration sera
terminée.
Comme d'habitude à l'éducation nationale, les finances
publiques ont été mises à contribution pour apaiser des
tensions sociales même si l'équité peut être
invoquée sur cette question : la logique quantitative est
préférée à la conduite de réformes
pédagogiques qualitatives.
Le plus grave est sans doute que le ministère se
décrédibilise en remettant en cause des décisions qu'il
avait lui-même initiées.
Tel est le cas pour le plan
d'intégration qui, moyennant des crédits supplémentaires,
s'achèvera en 2007 au lieu de la date initialement prévue,
c'est-à-dire 2015.
Il serait possible de citer d'autres cas analogues, comme celui de
l'indemnité de sujétions spéciales de remplacement (ISSR)
du personnel enseignant, versée aux remplaçants amenés
à utiliser leur véhicule pour se rendre sur leur lieu de
travail.
Le budget de l'enseignement scolaire pour 1999
prévoyait, au titre de la révision des services votés, une
réduction des crédits du chapitre 31-94 de 53,91 millions de
francs. Cette mesure, dont l'entrée en vigueur devait intervenir au
1
er
septembre 1999, visait à réaliser une
économie au titre de l'ISSR. Les modalités de calcul du montant
de cette indemnité prenaient en effet en compte les sept jours de la
semaine. L'économie envisagée consistait à exclure le
dimanche de ces modalités de calcul, afin de ne rémunérer
que les heures de remplacement effectivement réalisées. Le
ministère, face à l'hostilité des syndicats, a finalement
décidé de revenir sur cette économie, pourtant
inspirée par le bon sens.
III. UNE DÉPENSE PUBLIQUE D'ÉDUCATION NON OPTIMISÉE
A. DES RÉSULTATS PARFOIS INQUIÉTANTS PAR RAPPORT AUX EFFORTS BUDGÉTAIRES DE LA NATION
L'effort
budgétaire considérable consenti par la nation en faveur de
l'enseignement scolaire était certes en partie imposé par le
mouvement de démocratisation de l'enseignement du second degré.
On peut constater un consensus général sur un tel objectif,
d'autant plus qu'un haut niveau de qualification est indispensable à la
compétitivité de l'économie à une époque
où la " matière grise " elle-même est
mondialisée.
Le second degré a même dû faire face à un
phénomène de massification que la loi a repris à son
compte : la loi de 1989 d'orientation sur l'éducation s'est
fixée comme objectif de porter 80 % d'une classe d'âge au niveau
du baccalauréat.
Des réserves peuvent cependant être exprimées quant
à l'efficacité de la dépense d'éducation, en ce
sens où les résultats obtenus dans certains domaines sont
décevants par rapport aux crédits engagés.
Du reste, cette critique n'est pas propre à la France. Dans son
édition 1998 de
Regards sur l'éducation : les indicateurs
de l'OCDE
, l'organisation internationale note :
" compte tenu
du poids des dépenses d'éducation,
[...]
il est important
que les systèmes éducatifs délivrent de bons
résultats à un coût raisonnable
"
, ce qui
n'est pas toujours le cas. Des " zones d'ombre " subsistent à
cet égard dans le système éducatif français.
1. La non maîtrise des savoirs fondamentaux
Depuis
1989, il est procédé à une évaluation des
connaissances en français et en mathématiques des
élèves à l'entrée au CE2, et à
l'entrée en 6
ème
.
De telles évaluations aident les enseignants à mieux identifier,
en début d'année scolaire, les acquis et les lacunes de leurs
élèves, les chiffres cités plus loin étant ceux de
l'évaluation menée en septembre 1997.
Les résultats font apparaître qu'un nombre non
négligeable d'élèves ne maîtrisent pas encore les
connaissances de base.
Le tableau ci-après, extrait d'une note d'information de la direction de
la programmation et du développement du ministère de
l'éducation nationale, est relatif à l'évaluation des
élèves à l'entrée en classe de CE2 :
De manière générale, les tests de reconnaissance de mots
courants et de déchiffrage de mots inconnus sont bien réussis,
mieux que les épreuves concernant la compréhension de textes. En
revanche, les activités demandant une réflexion sur la langue
sont source de réels problèmes.
En mathématiques, certains types d'épreuves sont bien, voire
très bien maîtrisés, la géométrie et
l'addition notamment, mais la soustraction et la multiplication beaucoup moins
bien. La recherche ou l'interprétation de l'information sont des
activités bien maîtrisées. Mais les élèves
sont confrontés à d'importantes difficultés lorsqu'il
s'agit d'analyser une situation, d'organiser une démarche, de mettre en
oeuvre une technique opératoire et de formuler une réponse.
Le tableau ci-après présente la répartition des
élèves à l'entrée en CE2 selon les niveaux de
compétence en lecture et en calcul en 1997 :
Il apparaît que près d'un élève sur quatre ne
maîtrise pas les compétences de base en lecture, et que la
moitié n'a pas un niveau supérieur aux compétences de
base. Les résultats sont légèrement meilleurs en calcul,
22,6 % des élèves ne maîtrisant pas les compétences
de base.
A l'entrée en 6
ème
, le score moyen global de
réussite des tests de français est de 61,9 %.
La réussite moyenne dans les trois champs dans lesquels a
été classé l'ensemble des tests est assez homogène,
de 58,5 % à 63,4 %.
Le tableau ci-dessous montre que le score moyen global des élèves
en mathématiques est de 54,7 %.
Des disparités importantes apparaissent selon les domaines
évalués : le score moyen de réussite dans le domaine
des techniques opératoires est de 74,5 %, mais de 45 % dans celui du
traitement de l'information.
Le tableau ci-après précise la répartition des
élèves de 6
ème
selon les niveaux de
compétences en lecture, en calcul et en géométrie en 1997.
Les résultats sont globalement meilleurs en français qu'en
mathématiques. Environ 15 % des élèves ne maîtrisent
pas les compétences de base de la lecture, ce qui peut paraître
tout de même important à 11 ou 12 ans et eu égard au fait
que la lecture est la clé de la réussite dans n'importe quelle
discipline, ainsi qu'un facteur d'intégration sociale évident. La
moitié des élèves ne maîtrisent que les
compétences de base, seuls 8 % à peine des élèves
ne maîtrisant que l'ensemble des compétences en lecture.
Ces indications confirment les inquiétudes régulièrement
exprimées sur la persistance, dans notre pays, d'un niveau
élevé d'illettrisme.
Les résultats en mathématiques sont moins bons. Près d'un
quart des élèves ne maîtrisent pas les compétences
de base en géométrie et un tiers d'entre eux en calcul.
En calcul, moins d'un élève sur cinq maîtrise plus que les
compétences de base et seulement 3,4 % des élèves
détiennent l'ensemble des compétences. En
géométrie, 60 % des élèves ne maîtrisent que
les compétences de base, et seulement 2,7 % l'ensemble des
compétences.
2. Des formations inadaptées
Le
niveau élevé du chômage constaté aujourd'hui dans
notre pays - 11,5 % de la population active - représente un échec
pour l'ensemble de la société française, dans lequel
l'éducation nationale a aussi sa part de responsabilité au regard
de l'importance du chômage des jeunes.
Le paradoxe réside dans la coexistence d'un nombre important de jeunes
au chômage et d'une pénurie d'emplois affectant certains secteurs
économiques. De nombreux chefs d'entreprise insistent d'ailleurs sur les
difficultés qu'ils rencontrent à trouver des jeunes dont le
profil de formation correspond aux emplois qu'ils pourraient pourtant leur
offrir. L'inadéquation des formations à la réalité
de l'économie contemporaine constitue l'un des enjeux les plus
importants à relever pour l'éducation nationale.
Cette inadéquation résulte en partie de choix éducatifs
arrêtés par les gouvernements. Tel est le cas de la place et du
rôle du baccalauréat dans notre système d'enseignement. Le
" bac " a aussi subi une forte dévalorisation, notamment dans
sa version générale et technologique.
Alors que, par le
passé, il représentait le couronnement des études
secondaires, il a perdu ce statut aujourd'hui. La loi de 1989 d'orientation sur
l'éducation a donné valeur législative à un
objectif affiché quelques années auparavant, celui de porter au
niveau du baccalauréat 80 % d'une classe d'âge.
Cet objectif n'est pas encore atteint - moins de 65 % d'une classe d'âge
atteint aujourd'hui ce niveau - mais le diplôme du baccalauréat
est depuis longtemps dévalorisé. Il ne représente plus
aujourd'hui qu'un passeport pour continuer des études
supérieures, que l'on appelle d'ailleurs aussi " post-bac ",
mais sa valeur sur le marché du travail est quasiment nulle.
Il faut également rappeler que l'organisation du baccalauréat est
coûteuse. Elle mobilise de nombreux établissements et enseignants
chargés de préparer les épreuves, de les surveiller, de
corriger les copies et de siéger au sein des jurys. Elle est
également source d'absentéisme des enseignants et de fermeture
d'établissements comme il sera analysé dans le chapitre suivant.
En outre, il est possible de déterminer, dans la plupart des cas, les
élèves qui obtiendront le diplôme et ceux qui ne
l'obtiendront pas, les épreuves ne scellant le sort que d'une
minorité d'entre eux.
Dès lors, la question de l'instauration du contrôle continu pour
l'obtention du baccalauréat n'est pas illégitime, même si
votre commission d'enquête est consciente des pressions qui pourraient
alors s'exercer sur les enseignants : pressions du système
éducatif lui-même, tenté de " faire du chiffre ",
des parents, et, dans certains établissements, des élèves
eux-mêmes sur leurs professeurs.
Votre commission d'enquête tient à rappeler que l'insertion
dans le monde du travail est d'autant plus rapide que le niveau du
diplôme est élevé.
Depuis plus de vingt ans, en France, chômage, instabilité et
précarité affectent fortement les jeunes durant les
premières années qui suivent leur sortie du système
éducatif. De très fortes proportions de jeunes sont au
chômage immédiatement après la fin de leur formation
initiale, notamment durant les phases de tension économique.
En mars 1997, cinq ans environ après la fin de leurs études
initiales, 85 % des diplômés du supérieur ont un
emploi, 8 % sont chômeurs, et 7 % n'exercent pas
d'activité d'ordre professionnel. Dans le même temps, 73 % des
jeunes détenant un diplôme terminal de l'enseignement secondaire
(CAP, BEP et baccalauréat) ont un emploi, 16 % sont au
chômage et 11 % n'ont pas d'activité professionnelle. En revanche,
parmi les jeunes faiblement diplômés (possédant au mieux un
brevet) 1 sur 2 occupe alors un emploi, 3 sur 10 sont chômeurs, et 2 sur
10 se sont écartés du monde du travail ou effectuent leur service
national.
La nature de la profession exercée dépend, plus fortement encore,
du niveau du diplôme. Les professions supérieures (cadres,
enseignants, chefs d'entreprise) sont surtout accessibles aux
diplômés des formations les plus longues (53 % des
diplômés des cycles supérieurs longs), les professions
dites intermédiaires (responsables, techniciens, infirmières...)
aux diplômés des cycles courts du supérieur (1 sur 2), et
plus rarement aux bacheliers. Sans changement perceptible entre mars 1997 et
mars 1996, deux tiers des titulaires des CAP et BEP sont ouvriers et
employés, une faible fraction d'entre eux exerçant, alors, une
profession intermédiaire ou indépendante.
A ce stade de leur vie professionnelle, les diplômés du
supérieur occupent, en moyenne, cinq fois plus souvent un emploi de
cadre, technicien ou un emploi indépendant que les diplômés
du second degré. Sont alors cadres ou techniciens près de neuf
dixièmes des diplômés des grandes écoles, du
troisième cycle universitaire et des formations paramédicales et
sociales, et sept dixièmes environ des diplômés des
licences ou maîtrises. Les titulaires de BTS et DUT sont issus en
majorité de spécialités tertiaires qui conduisent
actuellement, en forte proportion, à des postes d'employés.
Les bacheliers technologiques sont un peu moins souvent cadres ou techniciens
que les bacheliers généraux. Les bacheliers professionnels
connaissent moins souvent le chômage, mais sont aussi davantage ouvriers
et employés que les autres bacheliers.
Plus d'un tiers des jeunes qui ne possèdent aucun diplôme est au
chômage cinq ans environ après la fin de sa formation initiale
ainsi que près d'un tiers des jeunes possédant le brevet pour
tout diplôme.
A cet égard, votre commission d'enquête estime que les sorties
sans formation ou sans diplôme constituent un échec de notre
système éducatif, même si ces sorties ont nettement
diminué depuis plusieurs années.
Depuis le début des années 1990, le nombre de sortants de
formation initiale augmente d'année en année, bien que l'effectif
des générations en âge de quitter le système
éducatif (extrapolation des âges des sortants une année
donnée à l'ensemble des populations des mêmes âges)
soit, pour des raisons démographiques, de plus en plus restreint
(870.000 en 1990, 800.000 en 1996).
Cependant, les sortants sans diplôme représentent encore 13 %
des sortants en 1996, même s'ils étaient 28 % en 1977. Leur
effectif a donc diminué de plus de moitié depuis la fin des
années 1970, mais il s'élève encore à environ
60.000 par an.
Quatre sortants sur dix sont titulaires d'un diplôme d'enseignement
supérieur (niveaux I, II et III). En terme de "niveaux de formation",
c'est au niveau du baccalauréat (niveau IV) que les jeunes terminent,
actuellement, leur formation initiale en plus grand nombre - 213.000 - (cf. les
tableaux ci-après). Le niveau du CAP (V), prépondérant
durant les années 90, totalise 166.000 sortants en 1996. Les non
qualifiés sont 58.000, un peu plus nombreux qu'en 1995.
L'importance des crédits alloués à l'enseignement
scolaire nécessite le strict respect du vote du Parlement.
B. UNE AUTORISATION BUDGÉTAIRE VIDÉE DE SON SENS
Votre
commission d'enquête a déjà insisté sur le fait que
la gestion des enseignants, du second degré en particulier, ne
garantissait pas l'adéquation entre, d'une part, les besoins
réels d'enseignants, et, d'autre part, les effectifs d'enseignants tels
qu'ils sont recrutés.
Elle souhaiterait également démontrer que cette gestion n'assure
pas non plus une rigoureuse adéquation entre les emplois tels qu'ils
sont inscrits en loi de finances et ceux qui sont réellement
rémunérés. Le vote du budget par le Parlement est donc en
grande partie vidé de son sens, la gestion quotidienne des emplois de
l'éducation nationale détournant la lettre et l'esprit du budget
de l'enseignement scolaire.
1. Une présentation budgétaire obscure
Les
parlementaires sont amenés à se prononcer sur les crédits
de l'enseignement scolaire sans disposer de toute l'information requise pour
pouvoir appréhender les conditions dans lesquelles sont utilisés
les crédits.
La façon dont est traitée la question des emplois dans le
" bleu " de l'enseignement scolaire est à cet égard
exemplaire.
Le titre III regroupe les crédits affectés aux moyens des
services. Les trois premières parties de ce titre concernent les
crédits de rémunérations, de pensions et de charges
sociales des différentes catégories de personnels, les
crédits rémunérant les personnels enseignants des
établissements privés sous contrat étant inscrits au
chapitre 43-01 à hauteur d'environ 33 milliards de francs. Soit un total
d'environ 278 milliards de francs.
Un chapitre de ce document budgétaire est consacré à la
présentation des emplois. Est d'abord récapitulée
l'évolution du nombre des emplois de personnels titulaires et
contractuels. Le " bleu " 1999 précise ainsi que
l'enseignement scolaire représente 941.567 emplois, dont 35.271
contractuels. Par rapport à 1998, cela représente 318 emplois
supplémentaires, 3.644 titulaires de plus et 3.326 contractuels de
moins.
Votre commission d'enquête s'interroge cependant sur la
réalité et sur la valeur de ces chiffres.
Il s'agit en effet
du nombre d'emplois équivalents temps plein, ce qui ne donne pas
d'indication sur le nombre de personnes physiques employées par
l'éducation nationale, certaines d'entre elles travaillant à
temps partiel.
La présentation par agrégat n'est guère plus
éclairante. Ainsi, l'agrégat 01 regroupe l'ensemble des moyens de
fonctionnement et d'investissement au titre de l'administration centrale et des
services académiques. Parmi les indicateurs de moyens ensuite
présentés figure le nombre total d'emplois inscrits au budget
voté 1998 au titre de cet agrégat. Puis, est indiqué le
nombre total de personnels gérés au 1
er
janvier 1997,
soit 1.048.401. Il convient de noter que le document budgétaire
mentionne cette fois-ci des personnels et non plus des postes, le nombre
indiqué datant toutefois de près de deux ans.
Cependant, dans la présentation des autres agrégats, ne figure
plus que le nombre d'emplois inscrits au budget précédent - par
exemple 321.548 emplois pour l'agrégat 02 relatif à
l'enseignement primaire - sans que jamais plus n'apparaisse le nombre de
personnes physiques.
En reprenant la présentation des emplois faite par le
" bleu ", il est également possible de s'interroger sur son
caractère opératoire. Les emplois - et non les personnes
physiques bien-sûr - sont regroupés par chapitre et par article,
en précisant les titulaires et les contractuels. Ils sont
présentés par corps et par grade, la fourchette correspondante
des indices majorés étant indiquée ainsi que l'effectif
total.
Or, pour prendre un exemple, quelle est la signification de l'article 50 du
chapitre 31-92 qui supporte la rémunération de 121.104
instituteurs dont les indices majorés sont compris entre 288 et 514,
quand aucune pondération indiciaire n'est présentée ?
Si le coût moyen est retenu, ce calcul rencontre vite ses limites, pour
les instituteurs en particulier, dont on peut penser que, en raison de
l'extinction du corps, la majeure partie de l'effectif est regroupée sur
les indices les plus élevés.
En outre, il apparaît que la gestion des personnels à
l'éducation nationale repose sur une approche fonctionnelle
étrangère à la nomenclature budgétaire retenue par
le " bleu ". Par exemple, la notion d'enseignant du second
degré n'existe pas sur le plan budgétaire : seules existent
les notions d'agrégé ou de certifié. Les services
gestionnaires utilisent cette nomenclature fonctionnelle, et, de ce fait,
" s'éloignent " du nombre d'emplois retenus par la
nomenclature budgétaire.
Un écart se creuse alors progressivement entre les emplois inscrits en
loi de finances et les personnels affectés sur le terrain. Au total, les
délégations d'emplois reçues par les rectorats n'ont qu'un
caractère indicatif, la référence budgétaire ne
contraignant pas l'implantation des postes dans les établissements. Ce
phénomène, source de surnombres, sera développé
dans le point qui suit.
Certes, les dotations budgétaires en emplois et les effectifs font
l'objet d'un rapprochement annuel dans le cadre de l'" enquête masse
indiciaire " (EMI), mais les résultats de cette enquête ne
sont disponibles que tardivement et semblent n'avoir que des
conséquences opérationnelles limitées pour la
préparation du projet de loi de finances, dans le cadre des
conférences budgétaires.
Votre commission d'enquête souhaiterait une amélioration de la
présentation des documents budgétaires, du " bleu " en
particulier, annexés au projet de loi de finances en vue de son examen
par le Parlement.
Il semble indispensable que soient précisés non seulement le
nombre d'emplois relevant de l'enseignement scolaire, mais également le
nombre de personnels travaillant dans les services académiques et dans
les établissements scolaires, et cela pour chaque degré
d'enseignement. Il n'est pas acceptable en effet que la représentation
nationale soit conduite à voter un budget sans connaître le nombre
de personnes rémunérées par les crédits qui y sont
inscrits. Malheureusement, tel est bien le cas.
2. Une " alchimie mystérieuse " qui vide l'autorisation budgétaire de son sens
Un
interlocuteur de votre commission d'enquête a qualifié la gestion
des personnels de l'éducation nationale d'
" alchimie
mystérieuse "
, voulant souligner par cette expression le
fait qu'elle est l'objet d'une
suite complexe de réactions et de
transformations dont la nature relève davantage de l'occulte que de la
raison.
Le caractère " alchimique " de la gestion des personnels
intervient au cours du processus de transformation des emplois inscrits en loi
de finances en emplois attribués aux établissements scolaires.
Lors du vote par le Parlement de la loi de finances, les emplois sont
détaillés par corps et par grade dans le budget de l'enseignement
scolaire. Puis le ministère délègue des emplois aux
rectorats, non pas par corps et par grade, mais de façon
indifférenciée. Cette délégation intervient donc
sans prise en compte de la présentation des emplois retenue par le
" bleu ". En outre, elle n'est pas soumise au visa du
contrôleur financier central. A ce stade, on ne connaît
déjà plus vraiment la réalité des emplois
délégués aux rectorats par rapport aux effectifs
budgétaires.
Au niveau déconcentré, les emplois vont subir une nouvelle
transformation. En effet, la dotation d'emplois reçue par les recteurs
va être transformée en une dotation globale horaire
affectée à chaque chef d'établissement.
C'est à
ce stade du processus, lorsque l'on passe d'emplois
indifférenciés à une dotation globale horaire, que
l'" alchimie " devient mystérieuse : en effet, les
recteurs créent alors des emplois et, ce faisant, vont au-delà du
nombre d'emplois qui leur a été délégué.
La transformation des emplois indifférenciés qu'ils ont
reçus de l'administration centrale en dotation horaire globale
nécessite de calculer le rendement de chaque emploi, c'est-à-dire
le nombre d'heures d'enseignement assuré par un emploi donné. Ce
calcul est déterminé sur des données de l'année
précédente. Or, à moyen terme, le taux de rendement des
emplois augmente, c'est-à-dire qu'un même nombre
d'élèves nécessite un nombre d'enseignants croissant, un
enseignant étant chaque année présent moins de temps
devant les élèves. Les recteurs vont donc pondérer les
emplois qu'ils ont reçus en délégation par un nombre
d'heures d'enseignement plus grand que celui que les enseignants peuvent
effectivement assumer : par ce procédé, ils créent
des emplois.
Enfin, les établissements transforment leur dotation globale horaire en
postes pédagogiques sur la base desquels sera réalisé le
mouvement national des enseignants.
A chaque stade de la transformation des emplois, le nombre d'emplois
autorisés par la loi de finances est accru en raison de marges de
sécurité que se donne chaque échelon administratif :
un recrutement excessif au niveau de l'administration centrale, des heures
d'enseignement supplémentaires au niveau des rectorats.
Au bout du compte, apparaissent des enseignants qui ne peuvent être
immédiatement affectés sur un poste : il s'agit des
titulaires académiques. Ces derniers constituent le nouveau volant de
flexibilité du système éducatif dont l'apparition est
liée à la décision de ne plus recourir à des
maîtres auxiliaires. Il semble donc que l'éducation nationale ne
puisse se passer de variables d'ajustement engendrées par le
fonctionnement du système lui-même. Ce point sera
développé avec plus de détails dans le chapitre suivant.
Votre commission d'enquête ne peut que vivement déplorer les
anomalies et les irrégularités portées à sa
connaissance : les enseignants affectés dans un
établissement sans support budgétaire, les enseignants
affectés sans poste sur des regroupements d'heures
supplémentaires, des enseignants affectés à des
tâches autres que l'enseignement, des enseignants
rémunérés à plein temps pour des services partiels.
L'" alchimie ", si elle est mystérieuse, devient surtout
coûteuse.
C. UN CONTRÔLE EMBRYONNAIRE
L'autorisation budgétaire est d'autant plus vidée de son sens que le contrôle qui s'exerce sur l'exécution du budget de l'enseignement scolaire apparaît à votre commission d'enquête tout à fait insuffisant. En effet, d'une part, le contrôle financier central ne peut, à lui seul, s'assurer du bon emploi des dépenses d'éducation en raison de l'extrême déconcentration du système éducatif, et, d'autre part, le contrôle exercé au niveau local est paradoxalement quasi-inexistant. En conséquence, les crédits de rémunération, c'est-à-dire la presque totalité des crédits de l'enseignement scolaire, sont gérés sans la rigueur nécessaire à un véritable contrôle des emplois.
1. Le contrôle financier
a) Une situation non satisfaisante
Compte-tenu de la nature du budget de l'enseignement scolaire,
le
contrôle financier central porte avant tout sur des crédits de
rémunération et, par conséquent, devrait s'attacher
à la connaissance des effectifs. Le manque de rigueur dans la gestion
des personnels est la source de dérives budgétaires qui, compte
tenu des sommes en jeu, peuvent être graves et qui de fait - les
développements antérieurs le confirment - recouvrent une ampleur
certaine.
Or, le contrôle financier au ministère de l'éducation
nationale éprouve de grandes difficultés à
appréhender la réalité des effectifs. Il convient de
souligner que le ministère ne tient pas de comptabilité
contradictoire des personnels qu'il emploie : le nombre précis des
effectifs n'est donc pas connu.
Le contrôle financier central poursuit deux objectifs : d'une part,
assurer la régularité de la mise en oeuvre de la dépense
publique, et, d'autre part, veiller au respect de l'autorisation
budgétaire accordée par le Parlement concernant les dotations en
crédits et en emplois.
Dans cette perspective, le contrôleur financier délivre des visas
a priori sur l'ensemble des actes de gestion ayant une incidence sur la
dépense publique : il exerce donc son contrôle sur les
crédits budgétaires et sur les actes individuels et collectifs
relatifs à la gestion des personnels. Ce contrôle est
extrêmement lourd en raison de l'importance des effectifs. Environ 20.000
visas par an sont en effet délivrés sur les crédits :
5.000 sur les ordonnances de délégation et 15.000 sur les
ordonnances de paiement. Ce contrôle a été récemment
allégé. Le visa a priori sur les actes de gestion
systématiques, comme les départs à la retraite, a
été supprimé, ainsi que le visa sur les actes de gestion
courante comme les demandes de temps partiel.
Le contrôle financier présente un certain nombre de
spécificités au ministère de l'éducation nationale,
du fait de l'importance des personnels et de sa complexité.
Par exemple, entre 20.000 et 25.000 visas sont délivrés chaque
année sur les actes visant les personnels suite aux concours, promotions
ou changements de situations administratives divers. Il convient cependant de
préciser que le contrôleur financier vise toutes les ouvertures de
concours, à l'exception de celles des concours réservés
qui sont décidées par le ministre du budget à la suite
d'un arbitrage du Premier ministre. Un tel arbitrage intervient en particulier
en cas de surcalibrage de concours, comme c'est d'ailleurs le cas presque
chaque année pour le recrutement d'enseignants du second degré.
Pour 1999, un surnombre d'environ 3.000 personnes est autorisé ; il
viendra s'ajouter aux surnombres des années précédentes.
En outre, le budget de l'enseignement scolaire présente des
difficultés de lecture, les lignes de dotations pour déterminer
les effectifs étant au nombre de 1.300 en 1998 réparties dans 28
chapitres ou articles budgétaires. Les crédits afférents
à la rémunération d'une même catégorie de
personnels se trouvent éparpillés entre les chapitres :
c'est le cas notamment des crédits des personnels ATOS ou des
enseignants du second degré. Quant aux maîtres auxiliaires, ils
sont en principe rémunérés, depuis 1997-98, sur le
chapitre 31-97 mais certains se retrouvent encore sur des emplois vacants
d'enseignants titulaires.
La forte déconcentration du ministère de l'éducation
nationale rend plus ardu encore le contrôle financier central.
Les
effectifs de l'administration centrale sont connus de manière
satisfaisante grâce, notamment, à leur comptabilisation mensuelle
et à la mise en place d'outils informatiques adéquats.
En revanche, la situation est différente pour les services
déconcentrés du ministère, soit pour environ 950.000
personnes, le contrôle financier ne disposant que d'une information
parcellaire pour délivrer les visas et disposant d'un champ de
compétences trop restreint pour maîtriser la situation des
effectifs. En effet, les recrutements de contractuels enseignants et non
enseignants effectués au niveau local échappent au visa du
contrôleur financier central. Un autre phénomène est plus
inquiétant encore car il concerne des personnels titulaires. Le nombre
de postes mis aux concours de recrutement est visé par le
contrôleur central, puis décliné à l'échelon
académique. Or, les recteurs peuvent faire appel à des candidats
inscrits sur la liste complémentaire existant pour tout concours de la
fonction publique, mais sans respect du rôle traditionnellement
dévolu à la liste complémentaire, c'est-à-dire
pourvoir les postes laissés vacants par des candidats inscrits sur la
liste principale et qui ont renoncé à bénéficier de
leur réussite au concours concerné.
Concrètement, du fait d'un recours à des candidats inscrits
sur la liste complémentaire, le nombre total de personnes
recrutées est supérieur au nombre de postes initialement
arrêté : c'est de cette façon qu'apparaît une
partie des surnombres.
Bien-sûr, ces personnes en surnombre sont
rémunérées, car elles sont imputées sur un chapitre
de rémunération, le chapitre 31-97, par exemple, pour les
maîtres auxiliaires. Cette situation fait apparaître
l'inadéquation, mentionnée plus haut, des outils et des
règles de gestion utilisés par le ministère de
l'éducation nationale avec la nomenclature budgétaire.
Le principal intérêt de ce contrôle des emplois
réside dans le fait qu'il existe. Mais il présente un certain
nombre de caractéristiques qui ne le rendent pas satisfaisant.
Il n'est effectué qu'une seule fois dans l'année et s'assimile,
par conséquent, à la " photographie " d'une situation
à un moment donnée. Ses résultats ne permettent d'aboutir
qu'à des conclusions déconnectées de la
réalité puisqu'il faut attendre le mois de mai pour
connaître les résultats, en termes d'emplois, de la rentrée
de septembre. De plus, il ne donne pas d'informations sur le nombre de
personnels rémunérés sur crédits, comme les
maîtres auxiliaires. Surtout, il permet d'établir des constats
mais ne constitue pas, en lui-même, un instrument d'incitation à
la bonne gestion. Il permet par exemple de constater les surnombres mais, en
aucun cas, de les empêcher.
b) L'ébauche du contrôle des emplois au niveau déconcentré
Les
nombreuses lacunes du contrôle financier central au ministère de
l'éducation nationale ont conduit le ministre à étudier
les conditions d'une réforme tendant à parvenir à un
véritable contrôle des emplois, tout en tenant compte des
spécificités de ce ministère, notamment du fait qu'il
utilise une nomenclature fonctionnelle, différente de la nomenclature
budgétaire.
La réforme repose sur la mise en oeuvre d'une application informatique
élaborée par la direction des affaires financières du
ministère, dénommée précisément
" contrôle national des emplois ". Il s'agit d'établir
une coïncidence entre la nomenclature fonctionnelle et la nomenclature
budgétaire à partir des applications informatiques de gestion des
personnels ATOS (Agora) et des enseignants du second degré (EPP -
emploi, poste, personnel).
La quasi-totalité des effectifs des services déconcentrés
devrait être concernée par l'application du " contrôle
national des emplois ", dont la mise en oeuvre devrait incomber
principalement aux services déconcentrés.
2. Un contrôle local des emplois balbutiant
a) Les principes
Le
trésorier-payeur général est responsable du contrôle
local des emplois. Sa mission est définie par l'article 3 du
décret n° 96-629 du 6 juillet 1996 relatif au contrôle
financier déconcentré, ainsi que par l'article 2 de
l'arrêté du 29 juillet 1996 pris en application de ce
décret. C'est dans ce cadre réglementaire que s'inscrit le
dispositif de contrôle des emplois au ministère de
l'éducation nationale. Une instruction du directeur du budget du 30 mai
1997 a indiqué aux contrôleurs financiers régionaux les
modalités de mise en oeuvre de ce contrôle.
Le dispositif du contrôle national des emplois de l'éducation
nationale est conçu en deux volets :
- la comptabilisation des effectifs des services
déconcentrés ;
- la mise en place d'un contrôle juridique des emplois.
Il convient toutefois de préciser que l'ensemble de ce dispositif ne
concerne que les emplois d'enseignants du premier degré et les
personnels ATOS, les enseignants du second degré ne se voyant appliquer
que le premier volet.
La comptabilisation des effectifs des services
déconcentrés
comporte trois phases :
l'attribution d'une enveloppe de gestion, l'élaboration de situations
mensuelles d'emplois dans les services académiques, et
l'agrégation, au niveau national, des données obtenues au niveau
déconcentré.
L'enveloppe de gestion doit correspondre aux dotations autorisées par la
loi de finances. Elle ne pourra être obtenue qu'après les
ajustements rendus nécessaires par les besoins de la gestion, tels que
la prise en compte des surnombres autorisés ou encore la
réalisation de compensations internes. Il s'agit de présenter
cette enveloppe de gestion sous la forme d'agrégats qui correspondent
à un regroupement thématique de dotations
budgétaires : par exemple, les corps de personnels ATOS, ou les
enseignants du premier degré, ou encore les enseignants du second
degré, les personnels de direction...
Le contrôleur financier central vise ces enveloppes qui sont ensuite
" traduites " par les directions gestionnaires du ministère en
délégations d'emplois, par département et par
académie. Ces délégations sont transmises mensuellement
par les directions gestionnaires aux services déconcentrés ainsi
qu'aux contrôleurs financiers en région. Le nouveau dispositif
devrait permettre de respecter les dotations inscrites en loi de finances, dans
la mesure où le visa central bloquera une délégation qui
dépasserait le plafond de l'enveloppe de gestion.
Les délégations d'emplois prennent les formes suivantes :
- pour les emplois du premier degré, elles sont réalisées
par groupes d'emplois fonctionnels, par département et par
académie ;
- pour les personnels ATOS, les délégations sont
réalisées par corps et par académie.
Sur la base de ces délégations doit être
opéré un double contrôle :
- tous les actes conduisant à l'occupation d'un emploi, dont la liste
est fixée par l'arrêté du 29 juillet 1996 (ouvertures de
concours, listes d'aptitude sur commissions administratives paritaires
locales...), doivent être soumis par les recteurs d'académie au
visa préalable du contrôleur financier en région ;
- tous les autres actes font l'objet d'un examen global mensuel de
cohérence sur compte-rendu ; en cas d'irrégularités
répétées tant au stade de l'engagement qu'au stade du
paiement, cet examen a posteriori est transformé en visa
préalable.
Dans un second temps, les services du rectorat doivent faire parvenir chaque
mois une situation par corps et par grade des emplois consommés dans les
départements de l'académie pour le premier degré, et pour
l'académie en ce qui concerne les personnels ATOS. Les flux
constatés entre deux mois successifs d'observation doivent
également être mentionnés.
Cette situation doit permettre d'effectuer une analyse comparative avec les
données issues du fichier de paie et d'identifier, notamment à
partir de l'examen de l'évolution des écarts, les
éventuels déséquilibres. Elle sera communiquée
à la fin de chaque trimestre au contrôleur financier central afin
de lui permettre de vérifier le respect global de l'autorisation
parlementaire.
Enfin, la dernière étape consiste à agréger au
niveau national les données établies par les rectorats. Les
effectifs employés par le ministère devraient ainsi être
connus et régulièrement actualisés. Une comparaison pourra
être faite avec les enveloppes de gestion, qui permettra de mettre en
apparence les postes vacants ou les surnombres.
Toutefois, un des enjeux essentiels du dispositif de contrôle des emplois
à l'éducation nationale est de suivre non seulement l'effectif
réel des personnels titulaires par rapport aux effectifs
autorisés, mais également celui des personnels non titulaires sur
emplois ou sur crédits. A cette fin, une attention particulière
est portée, dans un premier temps, sur l'adéquation entre le
recrutement d'agents non titulaires et le volume d'emplois vacants, d'une part,
et la cohérence des imputations budgétaires, d'autre part. En
pratique, le contrôle ne consiste pour l'instant qu'à s'assurer,
pour un grade déterminé, que les effectifs réellement en
place convertis en équivalents temps plein complet, n'excèdent
pas les délégations d'emplois visées par le
contrôleur financier central.
Après la comptabilisation des effectifs des services
déconcentrés,
le contrôle juridique des emplois devra
être mis en place au niveau local.
Il s'agit pour le contrôleur
financier local de délivrer un visa a priori sur les actes de
recrutement effectués à l'échelon
déconcentré, c'est-à-dire les enseignants du premier
degré, les personnels ATOS des catégories B et C, et les
contractuels, dont les maîtres auxiliaires.
L'intérêt de ce contrôle juridique est d'abord de
connaître la situation des emplois afin d'adapter les moyens aux besoins
exprimés, à l'occasion des recrutements par exemple. Ce
contrôle est donc tout à fait traditionnel dans les
administrations, mais pas à l'éducation nationale. Le mauvais
calibrage des concours trouve là aussi son origine.
Un tel contrôle permettrait également de veiller au respect des
règles de la fonction publique, afin, notamment, de ne pas entretenir ou
créer de l'emploi précaire. Or, l'éducation nationale,
même si elle n'est pas la seule administration dans ce cas, est à
l'origine d'un niveau considérable d'emploi précaire en raison du
recours excessif qu'elle a pu faire aux contractuels, enseignants et non
enseignants. Il est en effet regrettable de constater que des maîtres
auxiliaires par exemple sont affectés sur des emplois d'enseignants
titulaires. En outre, le recrutement de contractuels par les recteurs,
au-delà des dotations inscrites dans la loi de finances, a
été rendu possible par l'absence de contrôle juridique des
emplois : les contrôleurs financiers locaux sont tenus dans
l'ignorance - juridique - de telles pratiques.
Votre commission d'enquête ne peut que se réjouir de la
décision prise par le ministre de l'éducation nationale d'exiger
de ses services davantage de rigueur dans la gestion des personnels, qui ne
pourra que contribuer à améliorer le bon emploi des deniers
publics.
Elle s'interroge toutefois sur le
caractère relativement
technocratique de l'application " contrôle national des
emplois "
et se demande si elle ne compliquera pas davantage la
gestion des personnels tout en poursuivant l'intention louable de vouloir en
saisir tous les aspects. Le respect des dotations budgétaires est un
impératif incontournable qui ne peut cependant ignorer les
spécificités de la gestion de l'éducation nationale. Il
convient en effet de ne pas bloquer le fonctionnement d'un service public qui
emploie 1,2 million de personnes.
Votre commission d'enquête estime ainsi, en matière de gestion
de personnels et de crédits, que la rigueur ne saurait être
confondue avec la rigidité.
b) Une mise en place très inégale
Si les
principes du contrôle national des emplois ont été
arrêtés, leur mise en oeuvre concrète est loin d'être
achevée. La commission d'enquête a pu constater qu'elle
n'était que très partielle et, surtout, très
inégale selon les académies.
Un rapide bilan de sa mise en oeuvre peut être dressé.
Le premier volet du dispositif -
la comptabilisation des effectifs des
services déconcentrés
- commence d'être
appliqué. Les outils de gestion ont été
élaborés au niveau central : définition des notions
d'enveloppe et d'agrégat, détermination des conditions de
délivrance du visa a priori par le contrôleur financier central,
conception des outils informatiques...
Ce travail a permis à l'administration centrale, à partir de la
rentrée 1998-99, de déléguer les emplois en respectant les
dotations prévues par la loi de finances. Les recteurs et les
trésoriers-payeurs généraux reçoivent ainsi, au
début de chaque mois, les dotations d'emplois.
Il est prévu, à partir de la rentrée scolaire prochaine,
que les services déconcentrés établissent
systématiquement la situation mensuelle de leurs emplois, et la
transmettent au contrôle financier local. L'agrégation de ces
données devrait permettre de connaître avec précision, les
effectifs de l'éducation nationale. Cette étape est
délicate à mettre en oeuvre car elle suppose un temps de
réaction relativement court de la part des rectorats. Or, il a
semblé à votre commission d'enquête, lors de ses
déplacements dans différentes académies, que les rectorats
n'étaient pas encore capables de fournir des informations
présentant ce degré de précision. Pourtant, ce travail
sera indispensable à l'efficacité d'un dispositif qui repose en
grande partie sur l'établissement de relations partenariales entre les
rectorats et les trésoreries générales.
La seconde étape du dispositif -
le contrôle juridique des
emplois
- est moins avancée encore : elle n'en est même
qu'à l'état d'ébauche, des groupes de travail animant la
réflexion sur ce sujet.
Ainsi, le contrôle national des emplois ne sera pas pleinement
opérationnel avant plusieurs années, notamment en ce qui concerne
la délivrance, par les contrôleurs financiers locaux, de visas a
priori sur les actes de gestion des personnels déconcentrés.
Il convient également de souligner le paradoxe de l'éducation
nationale en matière informatique. Elle mène une campagne
très active pour sensibiliser les élèves et les
enseignants aux nouvelles technologies, et consacre des crédits
croissants à la connexion des établissements scolaire sur
Internet et à l'achat de matériels pédagogiques
multimédia alors que, dans le même temps, son organisation
informatique paraît quelque peu obsolète et ne semble pas en
mesure de contribuer à la réussite du contrôle national des
emplois.
En effet, la méconnaissance du nombre d'enseignants résulte
également de la coexistence de deux systèmes informatiques
incompatibles. Le premier est celui des trésoreries
générales : c'est le système de la paye ; le
second est celui des rectorats. Or, ce dernier est établi sur des
critères pédagogiques et fonctionnels, et non sur des
critères financiers.
Il conviendrait donc que le système informatique des rectorats soit
rendu compatible avec celui des trésoreries générales,
afin que le contrôleur financier déconcentré puisse
disposer de l'ensemble des informations indispensables pour opérer un
véritable contrôle national des emplois.
CHAPITRE II :
DES DYSFONCTIONNEMENTS
GÉNÉRÉS PAR L'ÉDUCATION NATIONALE
ELLE-MÊME
Du fait de ses rigidités, résultant notamment de la centralisation et de la multiplicité des statuts, l'éducation nationale est affectée de dysfonctionnements graves qui trouvent leur origine, pour la plupart, dans l'institution elle-même.
I. LES RIGIDITÉS DU SYSTÈME SCOLAIRE
A. UNE GESTION IMPARFAITE : UNE CENTRALISATION, FRUIT DE L'HISTOIRE ET UNE DÉCONCENTRATION MAL CONTRÔLÉE
Dans le
droit fil des acquis révolutionnaires et de l'Empire, ainsi que des
grandes lois sur l'école votées à la fin du siècle
dernier, l'éducation nationale a toujours privilégié une
approche centralisatrice, qui était d'ailleurs logique dans une
conception élitiste de l'enseignement secondaire qui s'est
perpétuée jusqu'à des décennies récentes.
Cette tradition centralisatrice se traduisait notamment dans les règles
d'affectation et de mutation des enseignants, de ce qu'on appelle le mouvement
des enseignants du second degré, qui vient de faire l'objet d'une
réforme ainsi que dans l'organisation des concours et dans la
définition nationale des programmes.
1. L'ancien mouvement centralisé
a) Le principe
Les
affectations et les mutations des enseignants du second degré se
réalisaient à l'occasion d'un mouvement général qui
traitait l'ensemble des demandes et des postes, en fonction d'un barème,
de mouvements particuliers et spécifiques permettant de réaliser
l'adéquation entre le profil des postes et le choix des personnels.
A l'origine de tout mouvement, on trouve des candidats ayant formulé des
voeux de mutation et des postes vacants. Le mouvement national des personnels
enseignants du second degré était organisé par discipline
d'enseignement et pour les enseignants de lycée, il se faisait tous
corps confondus (professeurs agrégés, certifiés,
chargés d'enseignement, adjoints d'enseignement). Le mouvement
organisé au titre de la rentrée 1998 a porté sur
110.247 demandes : sur ce total, 50.030 agents ont
été mutés ou affectés dont 43.370 sur leurs voeux.
Le mouvement général s'effectuait au moyen d'un barème
indicatif prenant en compte des points donnés en fonction de
l'échelon atteint et des points donnés en fonction du nombre
d'années passées dans le poste actuel.
A ces paramètres, s'ajoutaient des éléments liés
à la situation administrative et des éléments relatifs aux
voeux formulés par l'enseignant. Ils étaient
complétés par des éléments à
caractère familial dont les plus importants sont les bonifications qui
visent à rapprocher l'enseignant de son conjoint.
Les mouvements particuliers et spécifiques représentaient un peu
moins de 10 % de l'ensemble des candidatures présentées au
titre de tous les mouvements et avaient pour objet de prendre en compte la
spécificité des postes (niveau de l'enseignement dispensé,
compétences particulières recherchées, contraintes
géographiques, publics difficiles, ...).
Les mouvements particuliers les plus importants concernaient les affectations
dans les classes préparatoires aux grandes écoles, les classes de
techniciens supérieurs et les postes dans les établissements
sensibles.
Le système actuel, appliqué jusqu'à la dernière
rentrée permettait de réaliser en une seule opération les
mutations, les premières affectations des nouveaux recrutés et
les réintégrations, en prenant en compte tous les postes vacants
et ceux libérés par une mutation.
Il mettait en concurrence, pour un même poste, tous les candidats, qu'ils
soient extérieurs ou déjà présents dans
l'académie. Avec les larges possibilités offertes dans la
formulation des voeux, les candidats pouvaient demander sans risque leur
mutation, puisqu'ils conservaient le poste dont ils étaient titulaires
s'ils n'obtenaient pas satisfaction.
b) Les inconvénients d'un mouvement centralisé
Dans son
fonctionnement même, ce dispositif était d'une très grande
complexité, pour un rendement faible. D'une part, la majorité des
voeux formulés (plus de 67 %) et des mutations obtenues (plus de
55 %) se faisaient au sein de la même académie. Seuls
33 % des enseignants concernés demandaient en premier voeu un
changement d'académie.
Le système imposait donc de faire transiter par la direction des
personnels du ministère plus de 110.000 dossiers de demande de
mutation, alors que la majorité des affectations se faisait à
l'intérieur de la même académie.
D'autre part, les règles permettant d'organiser le mouvement
étaient devenues très complexes, peu transparentes et la gestion
centralisée et anonyme des affectations ne pouvait qu'entraîner
des dysfonctionnements. S'agissant notamment des jeunes titulaires, le
mouvement national leur était particulièrement
défavorable : la majorité d'entre eux étaient le plus
souvent affectés comme titulaires académiques sur des postes
difficiles, laissés vacants à l'issue du mouvement.
De plus, ce système centralisé constituait un lieu de
confrontation entre les organisations syndicales et les responsables
administratifs, où les enjeux de pouvoirs dominaient. Ainsi, force
est-il de reconnaître que certains syndicats disposaient plus rapidement
des informations relatives au déroulement du mouvement que les
responsables de l'éducation nationale.
Enfin, le calendrier imposé par le déroulement du mouvement
national était loin d'être satisfaisant. La remontée des
postes offerts au mouvement se faisait très tôt dans
l'année, obligeant par la suite les académies à
créer de nombreux postes provisoires qui ne pouvaient être pourvus
de façon définitive que l'année suivante. Les affectations
sur ces postes ne pouvaient se faire qu'à l'issue du mouvement national
et donc très tardivement (juillet ou août) par rapport à la
rentrée scolaire.
En réalité, outre les mouvements particuliers et
spécifiques, la déconcentration du mouvement était
déjà largement engagée.
Depuis 1985, les recteurs prononçaient les affectations provisoires sur
postes vacants des " titulaires académiques " (39.490
à la rentrée 1997-1998) ; depuis 1986, ils géraient
les affectations des enseignants en réadaptation et, depuis 1987, ils
prononçaient la réaffectation des enseignants dont le poste avait
été supprimé ou transformé par suite d'une mesure
de carte scolaire.
A cela s'ajoutait l'affectation des stagiaires IUFM qui effectuent un service
d'enseignement de six heures hebdomadaires, ainsi que la procédure de
" délégation rectorale " qui permettait d'affecter sur
des postes provisoirement vacants des personnels titulaires d'un poste
définitif mais qui souhaitaient en changer. A ce titre, les recteurs
modifiaient plus de 15 % des affectations ministérielles.
c) Les avantages attendus de la déconcentration
Le
mouvement national à gestion déconcentrée, qui se met en
place cette année, constitue techniquement un " mouvement en deux
temps ".
Au cours d'une phase préparatoire interacadémique, qui se
déroule en février-mars, les enseignants sont invités
à formuler des voeux pour les académies de leur choix, sans
limitation de nombre. La définition pour chaque académie de ses
besoins prévisionnels -incluant les remplacements- permet de
définir les flux d'entrée pour chaque discipline.
Pour sélectionner les candidats, les critères de classement
s'appuieront sur un barème très proche de celui actuellement
utilisé par le mouvement centralisé.
A l'issue de cette première phase, les enseignants nommés dans
une nouvelle académie, participeront, avec les enseignants
présents dans cette académie mais souhaitant " muter ",
au mouvement intra-académique.
Cette opération se déroulera en mai-juin et, à cette date,
l'offre en postes devrait être optimisée puisque l'académie
sera en mesure d'inclure la quasi-totalité des informations sur la
rentrée.
Elle se déroulera par discipline et sur la base d'un barème
identique au barème national, auquel s'ajouteront des critères
communs à toutes les académies, liés aux postes
sollicités, aux grades et à la prise en compte de
priorités ouvrant droit à la réintégration.
Une partie du barème pourra tenir compte du contexte spécifique
de l'académie, mais elle devra être négociée avec
les représentants syndicaux.
La mise en place de ce mouvement est assortie d'un dispositif d'information et
d'accueil à l'intention des enseignants, notamment des jeunes
titulaires. Un outil informatique d'aide à la décision
individuelle sera consultable dans les rectorats et surtout dans chaque
établissement.
Les principaux avantages pouvant être attendus de ce nouveau dispositif
tiennent à la méthode et au calendrier.
Le nouveau système impose de mettre en place à tous les niveaux
une véritable gestion prévisionnelle. Les académies
devront établir, par discipline, des balances entre l'ensemble de leurs
besoins d'enseignement et de remplacements estimés et l'ensemble de leur
potentiel de personnels titulaires et auxiliaires.
Le nouveau calendrier permettra de connaître plus tôt les
prévisions et le potentiel dont chaque académie disposera et leur
donnera plus de temps -de mars à fin juin- pour faire les affectations
et procéder aux ajustements de rentrée.
Les recteurs auront la possibilité, dans cet intervalle, d'engager un
dialogue avec les établissements et pourront assurer le suivi d'un
certain nombre de situations individuelles difficiles.
d) Les inconnues et les risques de la réforme
Les
détracteurs de la réforme du mouvement avancent plusieurs
éléments qui constituent autant d'écueils susceptibles de
la faire échouer.
Il faut tout d'abord éviter que les rectorats ne rétablissent
à leur profit et à leur niveau, des structures administratives
qui auraient tous les défauts de l'administration centrale. Un tel
risque n'est pas exclu, d'autant que les organisations syndicales pourraient
avoir la tentation de reconstituer dans chaque académie le même
type de fonctionnement qu'au niveau central.
Par ailleurs, le principe du paritarisme du mouvement sera intégralement
maintenu au niveau déconcentré. Dans le cadre de l'ancien
mouvement, les commissions administratives paritaires nationales (CAPN) se
réunissaient, au niveau central, pour examiner le projet de mouvement
des corps de professeurs de lycée professionnel, de personnels
d'éducation, de personnels d'orientation et de personnels
d'éducation physique et sportive.
S'agissant des professeurs agrégés, certifiés et des
adjoints d'enseignement, les projets de mouvement étaient
examinés, au niveau ministériel, par des formations paritaires
mixtes nationales (FPMN), émanant des CAPN des corps
précédents, pour chaque discipline.
Ces structures subsistent pour le mouvement interacadémique, mais des
formations paritaires mixtes (FPMA) dotées de compétences de
même nature que les FPMN sont également créées au
niveau académique, pour suivre la deuxième phase
intra-académique du mouvement.
Comme le résumait de façon lapidaire la secrétaire
générale du SNES devant la commission d'enquête,
"
ce que nous faisions avec cent personnes au plan national, nous
allons le faire avec vingt-cinq fois 58 personnes. En matière de
dégraissage du mammouth, cela pose un petit problème !
".
On peut craindre, à ce sujet, que la démultiplication des
réunions paritaires au niveau académique accroisse le nombre des
enseignants, représentants du personnel, qui devront abandonner leurs
classes pour siéger dans ces commissions.
Par ailleurs, il faut aussi se demander si tous les syndicats auront les moyens
de participer aux commissions et aux formations paritaires de chaque
académie. Ne risque-t-on pas, en définitive, de renforcer
considérablement le poids du syndicat majoritaire qui aura les moyens
d'être partout présent et donc de porter atteinte au pluralisme
syndical ?
Enfin, il faut s'interroger sur la réalité des marges de
manoeuvre qui seront données aux recteurs pour mieux tenir compte des
réalités locales dans les choix des affectations, dès lors
que le barème utilisé est a priori identique au barème
national.
Ce barème académique commun a été imposé
à toutes les académies pour une durée de trois ans, et les
organisations syndicales sont très attachées à ce principe
d'équité.
Pour l'avenir, la part académique du barème devrait être
négociée avec les organisations syndicales au niveau de chaque
académie, afin de prendre réellement en compte ses
spécificités et les réalités de la demande
d'enseignement.
e) Les interrogations de la commission d'enquête
Sans
être en mesure actuellement de porter une appréciation
autorisée sur un dossier aussi technique, la commission d'enquête
ne peut qu'être favorable au principe d'un dispositif qui tend à
déconcentrer le mouvement national et à assurer une gestion des
personnels au plus près du terrain.
Elle n'est cependant pas convaincue que la réforme apporte plus de
souplesse de fonctionnement, une adéquation plus fine des moyens aux
besoins et permette de réduire les dysfonctionnements observés
à chaque rentrée scolaire dans plusieurs disciplines, souvent les
mêmes, de trop nombreux établissements du second degré.
L'expérimentation du nouveau dispositif sur plusieurs années
devrait, seule, permettre d'apprécier son efficacité ou en
révéler les inconvénients.
La commission d'enquête proposera ainsi qu'un rapport soit
déposé à la rentrée 2000 sur le bureau des
assemblées, établissant un premier bilan de la
déconcentration du mouvement des enseignants du second
degré.
2. Les conséquences du caractère national des programmes
Au terme
de la seconde phrase de l'article 5 de la loi d'orientation sur
l'éducation du 10 juillet 1989, les programmes
"
constituent le cadre national au sein duquel les enseignants
organisent leurs enseignements en prenant en compte les rythmes d'apprentissage
de chaque élève
".
Il en résulte que le choix des programmes est exercé au niveau
central et fait intervenir deux autorités distinctes.
D'abord le Conseil national des programmes, créé par
l'article 6 de la même loi d'orientation, dont les membres sont
nommés par le ministre, et qui est chargé de faire à ce
dernier des propositions sur
" la conception générale des
enseignements, les grands objectifs à atteindre, l'adéquation des
programmes et des champs disciplinaires à ces objectifs et leur
adaptation au développement des connaissances "
.
En second lieu, la direction des enseignements scolaires élabore les
grilles horaires de chaque discipline et assure leur adaptation aux changements
de programmes.
Les décisions ministérielles prises, tant sur le contenu que sur
la durée des enseignements ont, en toute logique, des
répercussions très importantes en ce qui concerne les besoins en
personnel enseignant. Mais, force est de constater que les ministres successifs
n'ont pas toujours eu conscience des effets amplificateurs des décisions
qu'ils prenaient, relatives au contenu des programmes.
Comme il a été dit, au niveau des collèges, lorsqu'on
modifie d'une heure la durée d'enseignement dans telle ou telle
discipline, on joue en réalité sur 100.000 heures, car les
collèges représentent 100.000 divisions.
Si on décide d'augmenter l'horaire de français d'une heure au
collège, on crée mécaniquement un besoin d'enseignants
évalué à 5.000 postes.
De tels aménagements sont nécessairement d'application
différée puisqu'ils impliquent des recrutements d'enseignants qui
ne peuvent être opérationnels avant deux ou trois ans.
Ainsi, les décisions successives et contradictoires prises à
partir de 1998 s'agissant de l'enseignement de la physique au collège
ont fortement perturbé l'estimation des besoins réels en
professeurs dans cette discipline.
Selon que la physique était enseignée dès la
sixième (en 1988), ou seulement à partir de la quatrième
puis à nouveau à partir de la cinquième, à compter
de la rentrée 1998-1999, 3.000 postes de professeurs de physique se
trouvaient en excédent ou ont manqué brutalement dans les
collèges.
3. Le caractère national des concours
L'organisation des concours de recrutement au niveau national
constitue un autre élément fondateur de l'école
républicaine et a pour objet de garantir l'égalité entre
les candidats.
L'Etat se réserve la nomination des jurys ainsi que la définition
du contenu des concours et les règles d'évaluation des candidats.
Chaque année, le ministère de l'éducation nationale publie
au Journal officiel les arrêtés fixant le nombre de postes ouverts
aux différents concours de recrutement de personnels enseignants du
second degré.
En 1999, le nombre total de postes est de 22.534, soit une baisse de 12 %,
et un calibrage des postes qui correspondent aux besoins disciplinaires de
manière plus satisfaisante que par le passé.
S'agissant du recrutement des personnels enseignants du second degré,
pour des raisons pratiques, il est le plus souvent nécessaire de
prévoir la constitution de plusieurs jurys, compte tenu du nombre de
candidats.
L'organisation de ces concours est coûteuse : le ministre de
l'éducation nationale a reconnu devant la commission que
" la
cotisation versée à la tradition française "
était élevée et a rappelé que
" l'éducation nationale, pour les examens et concours,
dépensait à peu près 1,5 milliard de francs en
coûts directs "
.
Sur un plan plus particulier, la commission estime qu'il conviendrait sans
doute de réglementer l'entrée en première année
dans les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM).
Ceux-ci déterminent actuellement librement le nombre de leurs
étudiants en première année en fonction de leurs seules
capacités d'accueil.
Cette liberté peut avoir plusieurs effets négatifs : elle
renforce la pression des étudiants inscrits en IUFM pour obtenir un
accroissement du nombre de places aux concours et elle induit un gaspillage des
deniers publics puisque l'IUFM accepte en première année beaucoup
trop d'étudiants, compte tenu du nombre de places ouvert au concours.
La commission note par ailleurs que l'IUFM de Paris, dont la capacité de
formation est très importante, forme un nombre de professeurs
très supérieur aux besoins de l'académie de Paris.
Jusqu'à l'année dernière, ceci était
particulièrement préjudiciable à la bonne
répartition des moyens en enseignants, puisqu'un professeur pouvait
accomplir sa première année dans l'académie dont relevait
son IUFM. Cette possibilité a été supprimée pour
donner plus de souplesse à l'affectation des nouveaux enseignants et
ceci devrait contribuer à dégonfler l'importance des surnombres
disciplinaires dans l'académie de Paris.
En dépit des inconvénients pratiques et du coût de ces
concours nationaux, personne n'envisage sérieusement d'organiser des
recrutements par concours au niveau académique, même si certains
ont pu craindre que la réforme du mouvement était porteuse d'une
telle perspective.
4. Une gestion centralisée du système scolaire remise en cause par les autorités déconcentrées
En
dépit d'une gestion fortement centralisée des crédits
budgétaires, force est de constater qu'au niveau
déconcentré des rectorats et des établissements se
prennent de multiples décisions individuelles qui ont une incidence
déterminante sur l'engagement de la dépense, et dont
l'administration centrale n'a pas connaissance.
Comme il a été vu précédemment, les
autorités déconcentrées ont la possibilité de
recruter elles-mêmes diverses catégories de personnels non
titulaires (maîtres auxiliaires, contractuels, aides éducateurs).
La commission d'enquête s'est également laissée dire que
les recteurs pouvaient accorder des décharges " clandestines "
ou des mises à disposition hors des décharges
réglementaires et des mises à disposition contrôlées
par l'administration centrale.
Le ministre lui a également indiqué que des mises à
disposition clandestines et des décharges pouvaient être
décidées au niveau des établissements par l'utilisation de
leur volant d'heures supplémentaires.
La commission a également constaté que les chefs
d'établissement font largement usage de leurs prérogatives pour
créer des options, se demandant si celles-ci sont
systématiquement validées par les rectorats.
Elle considère que si une certaine déconcentration est
souhaitable au niveau des rectorats et des établissements, celle-ci ne
doit pas avoir pour conséquence de s'écarter de l'autorisation
budgétaire, de se soustraire aux règles des décharges et
des mises à disposition et de proposer des options à la carte qui
n'entreraient pas dans une offre d'enseignements qui doit nécessairement
être contrôlée au niveau académique.
B. LES CONTRAINTES STATUTAIRES DU SYSTÈME SCOLAIRE
La
rigidité des règles statutaires, résultant notamment de
l'existence de quelque vingt-deux statuts d'enseignants soumis à des
obligations de service spécifiques n'est évidemment pas de nature
à faciliter la gestion des personnels de l'éducation nationale.
Il est également difficile d'appréhender le temps de travail
global des enseignants selon leur discipline, comme en témoigne le
récent rapport de la mission interministérielle sur le temps de
travail dans l'ensemble de la fonction publique.
Enfin, un aménagement du service des enseignants titulaires s'imposerait
à l'évidence pour réduire le recours coûteux et
excessif aux variables d'ajustement et aux personnels non titulaires.
1. L'imbroglio des obligations de service selon les statuts d'enseignants
a) Le temps de service hebdomadaire des enseignants du premier degré
Le
décret n° 91-41 du 14 janvier 1991 fixe le service
d'enseignement des enseignants du premier degré à 26 heures.
S'y ajoute une heure hebdomadaire en moyenne annuelle, soit 36 heures
supplémentaires par an hors du temps de présence devant les
élèves, consacrée à des travaux au sein des
équipes pédagogiques, à des conférences
pédagogiques et à la tenue des conseils d'écoles.
Les instituteurs spécialisés et professeurs des écoles
exerçant dans les établissements régionaux d'enseignement
adapté et dans les sections d'éducation spécialisée
des collèges sont soumis à une obligation hebdomadaire de
service, en présence d'élèves, de vingt-trois heures. A ce
service s'ajoutent une à deux heures de coordination et de
synthèse.
b)
c) Le temps de service hebdomadaire des enseignants du second
degré : des obligations très
diverses
S'agissant des enseignants du second degré, les
obligations
de service varient selon les corps auxquels ils appartiennent et les
dispositions statutaires ne définissent que leurs obligations relatives
au service hebdomadaire d'enseignement en présence
d'élèves.
Comme le montre le tableau ci-après, si un grand nombre d'enseignants
sont soumis à un maximum hebdomadaire de 18 heures, il subsiste de
notables différences de situation, qui tiennent à plusieurs
causes. Les obligations de service devant les élèves sont ainsi
plus élevées pour les disciplines où la charge de travail
est considérée moindre voire comme inexistante en
préparation de cours ou en correction de copies (éducation
physique, enseignements pratiques en lycée professionnel...).
Les obligations de service des professeurs agrégés, des
professeurs certifiés, des adjoints d'enseignement et des chargés
d'enseignement sont définies par les dispositions des décrets
n°s 50-581, 50-582 et 50-583 du 25 mai 1950. Pour tenir
compte de leurs obligations de recherche, les professeurs agrégés
ont une obligation de service hebdomadaire ramenée à
15 heures.
Depuis 1990, certaines catégories d'enseignants ont, par ailleurs,
bénéficié de réductions d'horaires dans la
définition de leur service d'enseignement.
Les obligations des PEGC, définies par le décret
n° 86-492 du 14 mars 1986 ont ainsi été
ramenées, à compter du 1
er
septembre 1990 de
21 heures à 18, 19 ou 20 heures selon les disciplines
enseignées.
Les professeurs de lycée professionnel ont
bénéficié d'une réduction progressive de trois
heures hebdomadaires, sur trois ans, à partir de la rentrée
scolaire de 1990 (soit de 21 heures à 18 heures pour les
professeurs chargés des enseignements généraux et de
26 heures à 23 heures pour les enseignements professionnels
pratiques).
Enfin, pour certaines activités au sein de l'établissement
scolaire, les personnels peuvent être fonctionnellement
déchargés de service d'enseignement. L'horaire de travail est
alors proche ou identique à la norme générale,
c'est-à-dire 36 heures pour les professeurs attachés de
laboratoire chargés de la préparation des expériences, des
travaux pratiques et de la participation à la gestion du laboratoire,
39 heures pour les chefs de travaux de lycée technique ou de
lycée professionnel et 36 heures pour les personnels enseignants
exerçant des fonctions de documentation et d'information.
SERVICE D'ENSEIGNEMENT HEBDOMADAIRE
Corps Disciplines |
Littéraires Scientifiques |
Artistiques |
EPS |
Agrégés |
15 heures |
17 heures |
17 heures 1( * ) |
Certifiés |
18 heures |
20 heures |
20 heures 1 |
Adjoints d'enseignement |
18 heures |
|
|
Service de surveillance et enseignement |
36 heures (1 heure d'enseignement décomptée pour 2 heures de service) |
20 heures |
20 heures 1 |
Chargés d'enseignement |
18 heures |
20 heures |
20 heures 1 |
Professeurs d'enseignement général des
collèges
|
18 heures |
|
20 heures |
Service bivalent avec au moins 9 heures en arts plastiques, musique, EPS |
|
19 heures |
|
Service bivalent, avec moins de 9 heures en arts plastiques, musique, EPS |
|
18 heures |
|
SERVICE D'ENSEIGNEMENT HEBDOMADAIRE
EN LYCÉE
PROFESSIONNEL
|
Littéraires, scientifiques, enseignement professionnel théorique |
|
|
PLP1/PLP2 |
18 heures |
23 heures |
39 heures |
A ces
obligations hebdomadaires d'enseignement, viennent s'ajouter ou se retrancher
des majorations ou des réductions de service ainsi que des calculs de
pondération pour tenir compte de situations spécifiques.
Ainsi, pour les corps d'agrégés, de certifiés, d'adjoints
ou de chargés d'enseignement, dans toutes les disciplines, sauf
l'éducation physique, un module de huit heures d'enseignement devant
moins de 20 élèves majore l'obligation de service hebdomadaire
d'une heure. En EPS, la majoration est décomptée pour plus de dix
heures d'enseignement.
A l'inverse, des réductions de service sont accordées, en raison
des effectifs d'élèves et du fait qu'un professeur est
affecté à plusieurs établissements :
-
l'enseignement sur plusieurs établissements
: dans
toutes les disciplines, sauf l'EPS, des enseignements dispensés dans
trois établissements différents donnent lieu à une
réduction d'une heure hebdomadaire ; en EPS, si l'enseignement est
partagé entre trois établissements d'une même
localité ou deux établissements de localité
différente, la réduction est d'une heure ; elle est de deux
heures si l'enseignement est partagé entre trois établissements
situés chacun dans une localité différente ;
-
la prise en compte des effectifs
: en EPS, la réduction
porte sur une heure hebdomadaire, pour plus de dix heures d'enseignement devant
plus de 35 élèves ; dans les autres disciplines, la
réduction porte sur une heure pour au moins 8 heures d'enseignement dans
une classe dont l'effectif est compris entre 36 et 40 élèves et
elle porte sur deux heures si l'effectif est supérieur à 40
élèves ; enfin, pour les professeurs enseignant les
matières principales des classes préparatoires aux grandes
écoles, la réduction prend en compte les mêmes effectifs,
dès que la durée d'enseignement dépasse six heures ;
-
les activités de laboratoires
: des réductions
de service d'une heure sont également accordées pour le service
d'un laboratoire, lorsqu'il n'existe pas de professeur attaché au
laboratoire ni d'agent de service affecté, et que le professeur assure
au moins huit heures d'enseignement en sciences physiques ou naturelles, ou que
le laboratoire de technologie est utilisé par au moins six divisions, ou
si le laboratoire de langue comporte six cabines ;
-
les classes supérieures
: le calcul de l'obligation
de service est pondéré dans certains cas pour les enseignements
dispensés dans les sections de techniciens supérieurs (STS) ou en
classe préparatoire aux grandes écoles (CGPE). En STS, hormis en
éducation physique ou disciplines artistiques, chaque heure
dispensée vaut 1 heure 15 sous réserve que le service
d'enseignement hebdomadaire accompli ne soit pas inférieur à
13 heures 30 pour les agrégés et 15 heures pour les non
agrégés.
Pour les professeurs qui assurent une partie de leur service en CGPE, chaque
heure dispensée en CGPE est décomptée pour
1 heure 30, sous réserve que le service d'enseignement
accompli ne devienne pas inférieur au maximum de service prévu
pour un enseignant donnant tous ses cours en CPGE.
d) Le développement du temps partiel chez les personnels enseignants
Les
instituteurs et professeurs des écoles qui enseignent dans les
écoles du
premier degré
ne peuvent
bénéficier que d'un mi-temps, à l'exclusion de toute autre
quotité de temps partiel.
Au 1
er
janvier 1996, 5,4 % des instituteurs et
professeurs des écoles exerçaient à temps partiel.
Parmi les enseignants du
second degré
, 13 % ont recours au
travail à temps partiel. Les femmes y recourent deux fois plus que les
hommes (17% contre 8 %).
Il convient en outre de rappeler que le dispositif de cessation progressive
d'activité bénéficie à plus du tiers des
enseignants âgés de plus de 55 ans, qui travaillent alors
à mi-temps. Peuvent en bénéficier des personnels
âgés de 55 ans au moins, totalisant 25 ans de service
effectif et qui ne peuvent obtenir une pension de retraite à jouissance
immédiate (à l'exception des femmes fonctionnaires mères
de trois enfants ou plus ayant accompli quinze ans de service). Les
bénéficiaires perçoivent le traitement correspondant au
mi-temps augmenté d'une indemnité égale à 30 %
du traitement indiciaire brut correspondant à un temps plein.
e) Le temps de service des non-enseignants
Les
personnels administratifs, techniciens, ouvriers et de service sont soumis
à un régime dérogatoire du statut de la fonction publique
puisque depuis 1994, leur temps de travail est annualisé.
Cet horaire est de 1.677 heures calculé sur 43 semaines, ce
qui donne 39 heures en moyenne, l'horaire hebdomadaire pouvant varier de
30 à 35 heures voire 43 heures sans calcul d'heures
supplémentaires.
Une estimation de leur temps de travail effectif, selon les catégories,
sera détaillée ci-après.
2. Une évaluation difficile du temps de travail des enseignants
a) Du service d'enseignement devant les élèves au temps de travail réel
L'évaluation du temps de travail global des
enseignants, pour
être pertinente, doit tenir compte des tâches consacrées
à la préparation des cours, à la correction des copies et
au suivi des élèves qui sont des tâches inhérentes
à la fonction. Pour des raisons évidentes, elles ne peuvent
donner lieu à une réglementation précise, qui permettrait
un contrôle direct par l'administration.
En outre, les personnels enseignants du second degré sont tenus
d'établir et de communiquer les notes et appréciations concernant
le travail des élèves. A ce titre, ils sont membres du conseil de
classe, chargé d'examiner les questions pédagogiques
intéressant la vie de la classe, notamment les modalités
d'organisation du travail personnel des élèves. Ils sont
également tenus de participer aux jurys des examens et concours pour
lesquels ils sont qualifiés par leurs titres ou emplois.
Enfin, en ce qui concerne les congés annuels, ceux-ci ne sont pas en
principe distincts de ceux prévus par le décret
n° 84-972 du 26 octobre 1984 pour les autres fonctionnaires de
l'Etat. Toutefois, les personnels enseignants bénéficient de
facto de congés annuels plus longs en raison du calendrier des vacances
scolaires.
L'année scolaire comporte au moins trente-six semaines réparties
en cinq périodes de travail, de durée comparable,
séparées par quatre périodes de vacances.
b) Les conclusions prudentes du rapport Roché
Le
rapport de la mission interministérielle sur le temps de travail dans
l'ensemble de la fonction publique (d'Etat, territoriale et
hospitalière), rendu public en février 1999, dresse un
état des lieux pour les personnels de l'éducation nationale.
Pour le premier degré
, la mission interministérielle
s'appuie sur une étude de la direction de l'évaluation et de la
prospective du ministère de l'éducation nationale de
janvier 1995, qui évalue la moyenne hebdomadaire des heures
d'enseignement du 1
er
degré à 24 heures, des
heures de préparation à 6 heures et des corrections à
3 heures, temps auquel il faut ajouter des activités annexes dont
le travail avec les collègues, les surveillances de
récréation, de repas, d'études, les activités de
soutien et les activités périscolaires.
Le temps de travail hors école est plus difficile à chiffrer avec
précision. La mission estime toutefois que
" la durée
annuelle du travail est évaluée à 1.368 heures avec
une moyenne hebdomadaire de 38 heures sur les semaines
travaillées ".
Pour le second degré
, le rapport de la mission se fonde sur une
étude publiée en 1996.
En base annuelle, les temps de travail s'inscrivent, pour 1994, dans une
fourchette autour de 1.300 heures (1.241 à 1.324 heures). Pour
les agrégés, la répartition du temps de travail
hebdomadaire est passée, de 1988 à 1994, de
38 heures 53 à 38 heures 38, pour les
certifiés des collèges de 37 heures 20 à
36 heures 47, pour les certifiés de lycées de 42 heures
15 à 39 heures 30, pour les PEGC de 41 heures 11 à
36 heures 52, pour les PLP de 41 heures 48 à 38 heures 18.
En moyenne, les enseignants du second degré seraient passés de
40 heures 34 à 38 heures 11. Le rapport estime donc la
durée annuelle de travail de ces enseignants à 1.375 heures.
Les comparaisons européennes
Selon une étude comparative élaborée par le
ministère de l'éducation nationale en mars 1998, le nombre
d'heures dues par les enseignants français se situerait dans la moyenne
européenne.
Les enseignants du primaire assureraient ainsi 910 heures par an en
France, et se situeraient entre leurs homologues grecs (656 heures),
italiens (748 heures), danois (748 heures) et leurs collègues
néerlandais (1.520 heures), espagnols (1.537 heures) ou
britanniques (1.680 heures).
Pour le second degré, les comparaisons sont plus difficiles à
établir, car dans certains pays comme la France ou encore la Belgique,
l'Allemagne, ou l'Irlande, seul le temps d'enseignement est fixé, alors
qu'en Grèce, en Espagne, en Italie ou aux Pays-Bas, le temps de travail
inclut toutes les activités périphériques
(préparation, correction, réunion de concertation...). Ainsi, au
Danemark, l'horaire obligatoire est fixé à 1.680 heures,
mais comporte 750 heures seulement d'enseignement.
Compte tenu de ces éléments, la France se situe plutôt dans
une moyenne basse avec 630 heures d'enseignement dans le second degré.
Pour les personnels non enseignants
, les durées de travail sont
très diverses. La moyenne du temps de travail serait de 35 heures
35 à 36 heures 30, mais avec un nombre de jours de
congé allant de 40 à 70 jours par an. Le rapport
Roché relève à ce sujet
" une tendance à
l'alignement des pratiques sur les vacances des enseignants "
y
compris pour les personnels qui ne travaillent pas dans les
établissements scolaires.
Les conseillers d'orientation-psychologues et directeurs de centre
d'information et d'orientation sont autorisés à ne faire figurer
sur leur emploi du temps prévisionnel que
" les trois quarts de
l'horaire hebdomadaire en vigueur dans la fonction publique en raison du
caractère spécifique de leur fonction "
. L'autre quart
est consacré à la documentation personnelle, à la
préparation personnelle, à la préparation des
séances d'information et au perfectionnement individuel.
Les personnels d'accueil et de gardiennage font 50 heures hebdomadaires
pour un poste simple, 57 heures pour un poste double et 39 heures
hors présence des élèves. Ils disposent d'un logement par
nécessité de service et d'un régime dérogatoire non
annualisé. Les veilleurs de nuit font 45 heures par semaine. Ces
personnels bénéficient au moins de 9 semaines de
congés par an.
Pour les personnels ouvriers et de laboratoire, selon le ministère
" les heures réellement effectuées s'établissent
dans une fourchette allant de 1.600 à 1.642 heures effectives,
après déduction des jours fériés et congés
supplémentaires ".
L'IGAEN note toutefois que les durées " officielles ",
résultant des textes et de l'usage
" doivent être
considérés comme des maximums oscillant entre 37 heures
(...) et 31 heures 50 dans certains établissements ".
Concernant les personnels infirmiers, le rapport constate que les
infirmières travaillant en établissement sont redevables de
41 heures par semaine, et qu'elles bénéficient des
congés scolaires, soit 17 semaines. La durée de travail
hebdomadaire moyenne serait en conséquence de 31,8 heures. Par
comparaison, les infirmières de secteurs travaillent 39 heures par
semaine sur 45 semaines par an.
3. Des aménagements indispensables à négocier avec les enseignants
Compte tenu de l'imbroglio statutaire et des rigidités qui en résultent, la commission d'enquête estime que l'aménagement de l'obligation de service des enseignants constituerait une nécessité, et qu'une réflexion devrait être engagée sur une globalisation annuelle de ce service et une nouvelle organisation au niveau hebdomadaire.
a) Les aberrations nées d'une définition hebdomadaire du temps de service
Comme il
a été vu, il est très difficile, s'agissant des
enseignants -et notamment des enseignants du second degré-
d'évaluer avec précision leur durée globale de travail.
Selon les disciplines et le niveau des classes, le temps de préparation
et de correction peut être très variable.
La durée hebdomadaire de travail des professeurs de lycées peut
aller de 41 heures jusqu'à 47 heures pour les disciplines
littéraires. Il est difficile, en revanche, de prétendre que les
professeurs d'éducation physique ont autant de temps de
préparation et de correction qu'un professeur de français en
seconde ou en première ! Or, leurs obligations de service ne
varient que de deux heures.
Sans vouloir remettre en cause la durée de travail des personnels
enseignants, il paraît indispensable d'introduire un peu de souplesse
dans la mise en oeuvre de l'obligation de service d'enseignement. En
dépit des déclarations du directeur général de
l'administration et de la fonction publique devant la commission
d'enquête sur ce point particulier, il apparaît que l'application
qui est faite des statuts bloque, en fait, toute évolution.
La définition hebdomadaire du service d'enseignement aboutit, en effet,
à des aberrations.
L'exemple du professeur en BTS est à ce titre éclairant : il
est payé une heure un quart pour une heure de cours. S'il a vingt heures
de cours à dispenser, il n'en devra en réalité que quinze
et les cinq heures effectuées en plus lui seront payées en heures
supplémentaires sur l'ensemble de l'année.
Or, les élèves de BTS partent en stage, dans le cadre de
l'alternance, au bout de trois mois ; pendant ce temps, le professeur
touchera le traitement correspondant à son service d'enseignement y
compris les cinq heures supplémentaires. Lorsque les examens se passent
en février, les professeurs conservent pendant toute l'année les
heures supplémentaires de leur service prévues lors de la
rentrée.
b) Une annualisation du service vouée pour l'instant à l'échec
Jusqu'à présent, toutes les tentatives
engagées
pour introduire une annualisation des obligations de service sont
restées vaines.
S'agissant des
professeurs de lycée professionnel
,
l'article 31 du décret n° 92-1189 du 6 novembre 1992
prévoit la possibilité de déterminer le service des PLP du
deuxième grade sur une base annuelle en multipliant le nombre de
semaines de l'année scolaire par leur service hebdomadaire. Le service
se répartit sur cette base et sur la durée de l'année
scolaire. Cette disposition, déjà prévue dans le statut
initial du corps en 1985, tire la conséquence du développement
des formations par alternance comportant des périodes de stage en milieu
professionnel.
Le même article 31 prévoit également le décompte
dans l'emploi du temps des PLP 2, sous forme d'équivalent d'heures
d'enseignement, des heures consacrées à des activités
autres que d'enseignement (suivi des élèves en entreprise...), le
coefficient étant égal au rapport entre le maximum du service
hebdomadaire d'enseignement et la durée du service hebdomadaire des
fonctionnaires.
Votre commission constate avec regret que ces dispositions n'ont jamais
été mises en application.
S'agissant des
titulaires remplaçants
qui peuvent être
affectés à des remplacements de courte ou de moyenne durée
d'enseignants qui, tout en demeurant titulaires de leur poste, en sont
momentanément absents, un régime d'obligations de service unique
et traduit en un volume de 560 heures annuelles en présence des
élèves a été introduit par la note de service du
22 juin 1982 relative à la préparation de la
rentré scolaire de 1983.
Les intéressés pouvaient être appelés à
effectuer des services d'enseignement hebdomadaire d'une durée
supérieure à celle de leurs obligations statutaires et
correspondant au service effectué par le ou les enseignants
remplacés. Les heures effectuées au-delà de la limite de
560 heures ouvraient droit au versement d'heures supplémentaires.
Ces dispositions ont été annulées par l'arrêt du
22 mai 1991 du Conseil d'Etat.
Toutes les tentatives menées au niveau des rectorats pour introduire, en
concertation avec les organisations syndicales, une certaine souplesse dans le
décompte du service horaire ont pour l'instant été vaines.
De l'avis de certains recteurs pourtant, on obtiendrait une souplesse
considérable si le service d'enseignement était globalisé
dans une fourchette de 15 à 21 heures, avec une modulation possible sur
trois ou cinq heures.
c) Vers un indispensable aménagement de l'obligation de service des enseignants
La
réforme annoncée par le ministre, dite " Un lycée
pour le XXIe siècle " propose notamment une aide
individualisée aux élèves de seconde et un encadrement des
travaux personnels en classe de première et de terminale ; dans
cette perspective, l'obligation de service des enseignants serait
augmentée d'une heure, comporterait moins d'heures de cours
magistraux et permettrait de dégager des heures qui seraient
consacrées à l'aide aux élèves par modules ou
petits groupes.
Dans le droit fil des observations de la commission des affaires culturelles,
qui, à plusieurs reprises, a attiré l'attention du ministre sur
la nécessité d'assouplir l'obligation de service des enseignants,
la commission d'enquête considère que la redéfinition de ce
service, c'est-à-dire le partage entre un enseignement traditionnel et
une aide individualisée aux élèves, notamment ceux en
difficultés, et qui se trouvent ou non dans des zones prioritaires,
constitue à n'en pas douter la mesure prioritaire et la plus urgente de
la réforme du lycée.
Une telle mesure, qui s'inscrit d'ailleurs dans le cadre du principe de
discrimination positive, permettrait, en outre, à coût
budgétaire constant, c'est-à-dire sans recourir à des
variables d'ajustement et à des personnels non titulaires, de
réduire l'échec scolaire.
La commission sait l'opposition des syndicats à un tel
aménagement, qui devrait aller au-delà des propositions trop
timides du ministre, mais elle considère que cette réforme
s'inscrit, outre ses objectifs pédagogiques, dans une politique
d'optimisation de la dépense publique, d'une meilleure gestion des
personnels titulaires de l'éducation nationale et serait surtout
bénéfique aux élèves.
C. UNE SPÉCIALISATION DISCIPLINAIRE EXCESSIVE
L'enseignement du second degré, s'agissant de la spécialisation des enseignants, s'inscrit en totale rupture avec le premier degré. Outre sa dimension pédagogique, cette spécialisation disciplinaire emporte des conséquences déterminantes en termes de gestion.
1. De l'école au collège : de la polyvalence à la spécialisation disciplinaire
Force
est de reconnaître que la réforme de 1975, instituant le
collège unique, et qui avait pour objet de donner les mêmes
chances aux élèves, a été un échec dû
notamment au fait que cette réforme n'a pas été assortie
des moyens pourtant prévus à l'origine.
Du fait notamment d'une hétérogénéité
croissante des classes, le collège est devenu le maillon faible du
système éducatif et entretient l'échec scolaire.
A n'en pas douter, une partie de cet échec provient d'une
spécialisation disciplinaire qui n'est pas de mise dans les
premières classes du collège.
La commission d'enquête constate que plusieurs rapports publiés
sur le collège depuis quinze ans préconisent un retour à
la polyvalence des enseignants de type PEGC, afin d'assurer une meilleure
transition avec le primaire, ainsi qu'un accompagnement pédagogique
inclus dans leur service.
Le rapport Legrand, publié en 1982, préconisait ainsi un
enseignement de 22 heures hebdomadaires incluant trois heures de
concertation et trois heures de tutorat, ainsi qu'une certaine
pluridisciplinarité des enseignants et la constitution d'équipes
pédagogiques, des dernières années du primaire
jusqu'à la classe de cinquième.
Pour sa part, le rapport Bouchez, publié en 1994, proposait
également une harmonisation des formations du premier et du second
degré, notamment pour la liaison CM2-classe de sixième.
a) Les conséquences pédagogiques de l'extinction du corps des PEGC
La
suppression du corps des professeurs d'enseignement général de
collège décidée en 1986 par le ministre de
l'éducation nationale de l'époque était d'abord
inspirée par le fait que la formation de ce corps était
insuffisante pour répondre aux demandes nouvelles d'enseignement et aux
objectifs fixés au collège unique.
On peut, à cet égard, regretter que ce corps, le plus souvent
issu de l'enseignement primaire, n'ait pas été remplacé
par des professeurs de collège susceptibles d'enseigner sur des champs
disciplinaires élargis.
D'un point de vue pédagogique, la spécialisation disciplinaire au
collège est à l'origine d'une rupture avec l'école
préjudiciable pour les élèves. Ceux-ci se retrouvent
brutalement confrontés à une dizaine d'intervenants, dont
certains pour une ou deux heures seulement par semaine. Pour des
élèves parfois en difficultés, l'effort d'adaptation
demandé est le plus souvent trop important.
Par ailleurs, cette spécialisation disciplinaire a sans doute
contribué à renforcer le contenu universitaire des formations des
futurs enseignants -ce qui était sans doute nécessaire- mais
celle-ci s'est effectuée au détriment de la dimension
pédagogique de l'enseignement, d'autant plus indispensable que le
collège accueille des publics de plus en plus diversifiés.
S'agissant des langues vivantes, comme le soulignait le professeur Antoine
Prost devant la commission d'enquête, "
à vouloir des
certifiés étroitement spécialisés en langues, on
assure l'hégémonie de l'anglais
".
Le maintien de l'offre de langues telles que l'italien et l'espagnol dans les
petits collèges, notamment en milieu rural, serait sans doute
facilité par une bivalence des professeurs qui pourraient
également enseigner le français.
La commission a, par ailleurs, observé que la plupart des pays
européens ignoraient cette spécialisation disciplinaire au niveau
du collège.
Une telle spécialisation en collège n'est pas non plus sans
conséquence sur la gestion des enseignants : les remplacements ne
peuvent pas se faire aussi aisément que dans le premier degré et
l'organisation des emplois du temps dans les petits collèges est rendue
très difficile par la disparition progressive des PEGC.
Si ces anciens instituteurs enseignent dans plusieurs disciplines, il est en
revanche beaucoup plus difficile de faire accepter à un enseignant
capésien en français, d'enseigner en plus l'histoire et la
géographie.
Faute de pouvoir proposer un service complet dans un même collège,
ces professeurs doivent donc se partager entre plusieurs établissements
qui sont parfois très éloignés géographiquement les
uns des autres, notamment dans des zones de montagne ou dans l'académie
de Corse qui comporte de nombreux collèges de faible
dimension.
b) Vers un élargissement de la définition des champs disciplinaires au collège ?
Votre
commission n'a pas manqué d'interroger chacune des personnes
auditionnées sur la question de la bivalence au collège, et un
très large consensus s'est dégagé pour reconnaître
l'intérêt de ce débat d'un point de vue pédagogique.
Seules deux organisations syndicales -le syndicat national des enseignants du
second degré (SNES) et le syndicat national des lycées et
collèges (SNALC)- se sont déclarées opposées
à la réintroduction de la polyvalence au collège, le SNALC
se déclarant toutefois prêt à certaines concessions, non
pas sur les principes, mais pour des adaptations pratiques qu'il n'a pas
précisées.
Pour tous les autres interlocuteurs entendus, il conviendrait d'introduire plus
de souplesse en mettant en avant la notion de " champ
disciplinaire ", comme le préconisait dès 1988, M. Claude
Allègre alors conseiller de M. Lionel Jospin, ministre de
l'éducation nationale.
Le développement du travail en équipes des enseignants
constituerait également une étape intermédiaire et un
élément complémentaire vers une redéfinition plus
large des champs disciplinaires au collège, la spécialisation au
lycée pouvant rester plus fine.
Cette volonté d'introduire plus de souplesse dans l'organisation de
l'enseignement au collège permettrait d'atténuer la rupture pour
les élèves existant entre l'école et le collège.
Pour la commission, il est très important de restaurer une
continuité éducative entre l'école et le collège.
L'encouragement au travail en équipe et à
l'interdisciplinarité permet de réduire le nombre des
intervenants et d'éviter ainsi de basculer trop brutalement de la
logique du maître unique à celle de la multiplicité des
enseignants.
S'agissant de l'articulation entre le primaire et le secondaire, la commission
est en revanche plus réservée sur les solutions proposées
par le ministre délégué chargé de l'enseignement
scolaire. Il lui apparaît en effet que la généralisation du
principe de l'échange de professeurs entre le CM2 et la sixième,
pour que le suivi des élèves soit mieux assuré, serait
source de difficultés supplémentaires pour la gestion des
enseignants.
Il lui semble préférable d'encourager effectivement les
enseignants, surtout dans les premières années de collège,
à enseigner dans plusieurs disciplines proches. Il ne serait pas absurde
d'envisager un système incitatif pour encourager de telles pratiques.
Il conviendrait également, pour assurer le succès d'une telle
réforme, que la formation dispensée en IUFM soit renforcée
pour compléter la formation universitaire le plus souvent monovalente
des étudiants.
Les IUFM ont déjà l'expérience de telles formations
complémentaires pour les enseignants de disciplines
générales (histoire, géographie, mathématiques et
français) qui exerceront dans des établissements d'enseignement
professionnel.
En conséquence, la commission proposera de redéfinir les
périmètres disciplinaires afin de développer une certaine
polyvalence dans les premières années de collège, laquelle
devrait se traduire dans la formation initiale et continue des enseignants et
l'établissement des programmes.
2. Le supermarché des options au lycée : une caricature de la spécialisation disciplinaire
a) Une sélection déguisée à travers la multiplication des options
Le
simple examen des options offertes aux élèves des lycées
illustre l'excessive spécialisation des disciplines enseignées.
Cette spécialisation résulte sans doute des avancées
réalisées dans les sciences elles-mêmes, mais en
procédant par scissiparité dans les disciplines, celles-ci sont
devenues de plus en plus pointues, et le découpage disciplinaire dans
certains secteurs, notamment technologique et professionnel, est d'une finesse
excessive et conduit à certains excès. Pas moins de
350 disciplines sont enseignées dans le second degré.
Au niveau du baccalauréat, le bac général comporte trois
séries et 27 spécialités, le bac technologique,
quatre séries et 15 spécialités et le bac
professionnel, 70 spécialités.
D'après les indications fournies à la commission par un recteur,
pour le seul enseignement général, un élève de
seconde, compte tenu du choix d'options qui s'offre à lui, a à sa
disposition 130 combinaisons d'enseignement possibles. En ce qui concerne
l'enseignement des langues par exemple, le système français ne
propose pas moins de 14 langues vivantes, alors qu'en Angleterre ou en
Allemagne, seules deux ou trois langues sont enseignées. Si cette
diversification linguistique est la contrepartie de la politique du maintien de
l'enseignement de la langue française dans les pays concernés,
force est de constater que l'organisation de ces options induit certains effets
pervers.
Il faut souligner également que les lycées s'efforcent d'offrir
un très grand nombre d'options sans nécessairement qu'une
politique de complémentarité soit mise en oeuvre au niveau d'une
académie.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène : il faut
d'abord y voir l'une des conséquences de la sectorisation qui renforce
la demande sociale en matière d'options. Compte tenu de
l'éventail des choix offerts au niveau des baccalauréats, il est
légitime que les familles trouvent, dans le lycée où elles
sont obligées d'inscrire leurs enfants, le plus grand nombre d'options
possibles.
Par ailleurs, force est de reconnaître que la politique des options
constitue pour les lycées un moyen de sélection pour attirer les
meilleurs élèves ou en tout cas les plus motivés. Dans le
cadre de la carte scolaire, l'affichage de telle ou telle option rare sert de
produit d'appel justifiant alors des demandes d'inscriptions
dérogatoires.
Cette évolution n'est pas neutre en terme d'aménagement du
territoire et de politique de la ville puisqu'on assiste ainsi à une
concentration en centre-ville de lycées proposant des options rares, qui
attirent les meilleurs éléments pendant que les lycées
périphériques se vident et s'homogénéisent par le
bas de façon préoccupante.
Du point de vue de la gestion des moyens de l'éducation nationale, cette
dérive apparaît coûteuse, car la multiplication des options
mobilise des professeurs devant de petits groupes d'élèves. La
déperdition est particulièrement forte dans les lycées
professionnels, où l'on recense beaucoup d'options -dont certaines
obsolètes ou très pointues- qui ne sont suivies que par un
très faible nombre d'élèves.
Dans les collèges publics, si la taille moyenne d'une division est de
23,4 élèves, le nombre d'élèves par enseignant
compté en équivalents temps plein est de
14,4 élèves. Dans les collèges privés, le taux
d'encadrement pédagogique est moins élevé,
reflétant un choix d'options moins large :
16,1 élèves par enseignant. Dans les lycées
professionnels, le taux d'encadrement, est de 9,5 (à comparer au 11,1 du
privé) à comparer à des tailles moyennes de divisions de
21,7 et 21,3 respectivement. Dans les lycées généraux, ce
taux d'encadrement est de 11,8 (12,3 dans le privé), à comparer
aux tailles moyennes de divisions de 29,3 et 25,6 respectivement.
Cette multiplicité d'options renchérit considérablement le
coût de l'enseignement du second degré en France, qui est l'un des
plus élevé en Europe, complique sensiblement les systèmes
de remplacement, et ne permet pas de concentrer les moyens existants sur les
savoirs fondamentaux.
On peut, en effet, s'interroger sur l'intérêt pédagogique
d'un certain nombre de ces options, lorsque l'on sait, de plus, que beaucoup
d'élèves les abandonnent en cours d'études.
Comme le soulignait le professeur Antoine Prost, le niveau de l'enseignement
dispensé ne se calcule pas à l'aune du nombre de disciplines
enseignées. Rappelant une formule d'Alain, il a jugé qu'il n'y
avait rien de pire dans l'enseignement que des élèves
"
qui ne savent rien, qui se rappellent simplement avoir entendu
quelqu'un qui savait
".
b) Une nécessaire mutualisation des options
Afin de
permettre une meilleure gestion des moyens tout en maintenant une offre
raisonnablement diversifiée d'options, il faut mettre fin à la
logique de compétition qui prévaut entre les
établissements situés sur un même site, logique
fondée sur une culture de différenciation poussée à
l'extrême.
Votre commission ne peut qu'être favorable à une mutualisation des
options entre lycées situés dans une même aire
géographique. Cette mise en commun, en regroupant des
élèves venant d'établissements différents pour
l'enseignement de telle ou telle discipline permettrait de réaliser des
économies d'échelles importantes, sans pour autant aller
jusqu'à l'uniformisation des options proposées par les
différents établissements, et d'aboutir ainsi à une sorte
de " lycée unique " sur le modèle si
décrié du collège.
Dans l'enseignement professionnel particulièrement, il conviendrait de
procéder à un toilettage des disciplines enseignées, et
pour les plus spécialisées d'entre elles, qui sont peu
enseignées, mais qui concourent à l'excellence d'une formation,
il conviendrait sans doute de développer un partenariat avec les
entreprises pour y recruter des formateurs
" professionnels ".
D. UN SYSTÈME DE REMPLACEMENT BAROQUE, PEU EFFICACE ET SOURCE DE GASPILLAGE
Faisant
suite à la table ronde " Pas de classe sans enseignant ",
installée en septembre 1997 par le ministre de l'éducation
nationale, le rapport du recteur Bloch, remis en février 1998, fait le
point sur les causes de l'absentéisme des enseignants et l'organisation
des remplacements.
Sur ce dernier point, le rapport relève " la mauvaise organisation
des remplacements " surtout dans le second degré. Au-delà
des moyens quantitatifs affectés au remplacement, aucune
réflexion d'ensemble n'avait été menée pour
envisager le remplacement comme un service ayant ses besoins propres.
Trop souvent, les postes de remplacement constituent une variable d'ajustement
dans la gestion des enseignants, et permettent d'affecter par défaut
ceux qui n'ont pu être nommés sur un poste mis dans le
mouvement.
1. Le système de remplacement dans le premier degré : un fonctionnement convenable mais coûteux
a) Une organisation convenable
Dans le
premier degré, il existe des titulaires remplaçants qui sont
organisés sous deux systèmes distincts : d'une part, des
brigades " départementales " constituées d'enseignants
pour assurer les remplacements longs sur l'ensemble du département et,
d'autre part, des enseignants chargés des remplacements courts,
implantés sur des zones d'intervention localisée (ZIL).
A ces titulaires remplaçants, il faut ajouter les enseignants de
deuxième année d'IUFM qui doivent un quart de leur temps à
l'enseignement.
Compte tenu de la polyvalence naturelle des enseignants du premier
degré, ce système fonctionne de manière satisfaisante,
même si la répartition de ce potentiel de remplacement entre les
départements pourrait être revue, certains départements
ayant un peu trop de titulaires remplaçants eu égard à
leurs besoins réels.
Le potentiel de remplacement dans le premier degré est ainsi
évalué à 8,5 % du total des personnels en poste
devant les élèves, pour faire face à un absentéisme
évalué à 8 %, soit 5,5 % pour les congés
maladie, maternité et 2,5 % pour les absences au titre de la
formation continue.
b) Un système coûteux et encore perfectible
Les
moyens consommés pour assurer les remplacements en 1997
s'élevaient à 25.016 ETP, soit environ 10 % des enseignants
du premier degré titulaires d'un poste devant les élèves
(259.434).
Malgré son importance, on évalue à 1 % les absences
non remplacées, le coefficient d'utilisation des remplaçants
étant évalué à 75 ou 80 % sur toute
l'année.
Il convient de remarquer qu'aucun système -si complet soit-il- ne peut
assurer 100 % des remplacements dans une situation extrême, comme
une épidémie de grippe, qui touchera non seulement les titulaires
mais également les titulaires remplaçants.
Il faut ensuite constater, en le déplorant, que faute de disposer de
postes de reclassement ou de réadaptation, on affecte parfois sur les
postes de titulaires remplaçants, des enseignants qui ne sont plus
capables de faire classe.
Dans les statistiques, ces enseignants sont comptabilisés dans les
moyens de remplacement, mais en réalité ils ne sont pas
utilisés. Le représentant du SNUIPP, a estimé devant la
commission que dans chaque département, environ cinq ou dix enseignants
du premier degré se trouvaient dans ce cas, ce qui représente
entre 500 et 1.000 postes au niveau national.
Il convient de préciser que les absences non remplacées ne se
traduisent pas forcément par des élèves sans professeur,
puisque la plupart du temps les élèves sont répartis entre
les classes. Le problème est plus grave lorsqu'il s'agit de classe
unique et il arrive que l'inspecteur d'académie soit obligé de
fermer l'école.
2. Dans le second degré : un dispositif complexe, rigide et mal adapté aux besoins
a) Un dispositif de remplacement complexe
Par
nature, il est beaucoup plus complexe de faire fonctionner correctement un
dispositif de remplacement dans le second degré, en raison de la
spécialisation disciplinaire et de la monovalence des enseignants.
En avril 1998, l'IGAEN a rédigé, à partir d'une
étude réalisée dans six académies, un rapport
sur les moyens du remplacement des enseignants du second degré,
d'où il ressort que le dispositif fait appel à plusieurs
catégories de personnel selon diverses modalités, ce qui rend
très difficile l'évaluation du potentiel de remplacement.
Les composantes de ce dispositif de remplacement sont les suivantes :
-
les titulaires remplaçants
(TR), au nombre de 6.611 en
1997-1998 qui sont affectés sur des supports définitifs ou
provisoires. Ces emplois de titulaires remplaçants sont aussi bien des
professeurs certifiés ou agrégés que des PLP et des PEGC.
Les TR sont affectés à une zone de remplacement.
Il faut noter qu'un faible pourcentage de TR est utilisé à
d'autres fins que le remplacement (actions spécifiques rectorales,
nominations à l'année, enseignants en difficulté), ce qui
amoindrit le potentiel existant.
-
les titulaires académiques
(TA). Il est très
difficile d'identifier parmi les 41.000 TA recensés, dont 36.000
certifiés et agrégés, ceux qui participent aux
remplacements. En réalité, les TA affectés au remplacement
le sont par défaut. Il s'agit des TA en surnombre fonctionnel, qui n'ont
pu être affectés dans un établissement sur un poste de leur
discipline ou d'une discipline voisine, voire dans une autre fonction. Le SNES
estime que sur les 36.000 TA certifiés et agrégés,
7.200 sont affectés à l'année sur zone de remplacement ou
rattachés à des collèges ou des lycées dans
l'attente d'une suppléance. Ils peuvent participer à des
tâches ponctuelles (soutien pédagogique, activité du projet
d'établissement) mais qui devront être abandonnées, si un
remplacement est à effectuer.
Au total, selon les chiffres fournis par la direction des affaires
financières du ministère de l'éducation nationale,
les
titulaires remplaçants et la partie des titulaires académiques
exerçant des fonctions de remplacement représentent
13.400 ETP.
-
les maîtres auxiliaires
(MA). Parmi eux, deux
catégories font partie des moyens de remplacement : ce sont les MA
ayant droit au réemploi et affectés au remplacement (9.000
rémunérés sur le chapitre 31-97) et les contractuels sans
droit au réemploi, engagés ponctuellement depuis
septembre 1997 pour effectuer des suppléances.
Les MA ayant droit au réemploi sont affectés sur zone
académique ce qui est entendu d'une manière très large sur
le plan géographique et se traduit de leur part parfois, par des refus
d'effectuer un remplacement éloigné. La menace d'un licenciement
est faiblement dissuasive car l'administration est peu encline à
réduire son potentiel de remplacement.
Les MA représentent en moyenne la moitié du stock global des
remplaçants et les TR, environ 25 % du total.
-
les emplois précaires
: l'administration peut
également recruter des contractuels sur poste vacant ou
libéré en cours d'année, des professeurs associés
dans des disciplines professionnelles, des vacataires recrutés par les
chefs d'établissement dans la limite de 200 heures par an.
Elle peut également utiliser pour des suppléances des MI-SE
(maîtres d'internat - surveillants d'externat) s'ils ont les titres
requis ; ils peuvent percevoir un différentiel de
rémunération payé en heures supplémentaires.
- à ces emplois affectés plus spécifiquement au
remplacement, il convient d'ajouter
les HSE
de suppléance qui
sont estimées à 1.180.024, soit l'équivalent de
1.650 emplois. Il s'agit d'heures effectives pouvant être
payées à des enseignants remplaçant un collègue.
Elles représentent en moyenne 10 % des moyens " lourds "
de remplacement.
On peut estimer que l'ensemble de ces moyens représente 5 à 6 %
du volume horaire global de l'enseignement scolaire.
b) Un dispositif de remplacement imparfait parce que trop rigide
Selon
les conclusions du rapport Bloch, 6 % des cours ne sont pas assurés
au collège et 9 % au lycée. Au total
, " de la
sixième à la terminale, un élève perd une demi
année scolaire "
au titre de l'absentéisme des
enseignants.
On peut tout d'abord relever qu'un volume de remplacement évalué
à 5 ou 6 % du volume horaire global est sans doute insuffisant pour
assurer correctement l'ensemble des remplacements dans le second degré.
Mais le simple raisonnement arithmétique ne suffit pas car le
remplacement peut également être assuré par un
redéploiement pédagogique (emploi du temps, réorganisation
des cours, voire des services).
Sans se prononcer sur le volume de remplacement idéal, il faut d'abord
vérifier que le volant disponible est correctement utilisé. Or,
divers facteurs de rigidité viennent amoindrir les capacités
potentielles des moyens de remplacement :
- plusieurs dizaines de postes occupés par des MA ou des TA,
à l'échelle d'une académie comme celle de Lille, sont
comptés dans le potentiel de remplacement mais ne peuvent être
utilisés. Ce sont des surnombres dans des disciplines rares ou
pléthoriques affectés par défaut sur des postes de
remplacement, et qui ne peuvent être utilisés sur des disciplines
voisines ;
- le réemploi des MA décidé en septembre 1997 a
figé les effectifs des MA dans une situation correspondant aux besoins
disciplinaires du système à un moment donné ;
- la diminution du nombre des PEGC et leur remplacement par des
professeurs monovalents rend plus difficile le remplacement nombre pour
nombre ;
- les heures supplémentaires ont été réduites
pour financer les dépenses liées au réemploi des
maîtres auxiliaires ;
- les emplois de personnels chargés des remplacements sont parfois
utilisés pour affecter des enseignants en difficulté qui ne sont
plus capables d'enseigner.
- le découpage par zone de remplacement ou le rattachement
systématique à un établissement nuit à la souplesse
du dispositif, certains titulaires remplaçants refusant d'aller exercer
une suppléance en-dehors de leur zone de rattachement.
Ces divers facteurs de rigidité expliquent pour une large part le
rendement insuffisant du potentiel de remplacement tel qu'il a pu être
décrit.
Le nombre d'heures effectivement réalisées par les
remplaçants varie en fonction de leur discipline, de la catégorie
du remplaçant, de l'organisation des zones, et des règles de
gestion (remplacement dans la zone d'affectation ou élargissement
possible, droit au refus, ...).
Globalement, on peut constater une sous-utilisation des TA, du fait
principalement d'une inadaptation disciplinaire.
La plupart des académies ont, en conséquence, un taux
d'occupation moyen de leurs remplaçants qui varie entre 60 et 70 %.
Il arrive parfois que certains enseignants remplaçants -notamment des TA
en surnombre- n'effectuent aucune suppléance dans la zone où ils
ont été affectés.
3. Des exemples à méditer et des solutions à envisager
a) L'exemple de l'enseignement privé et de l'enseignement agricole
Il faut
rappeler que les enseignants exerçant dans
l'enseignement
privé
sous contrat
sont rémunérés sur
les crédits d'intervention (Titre IV) du budget du ministère de
l'éducation nationale.
S'agissant des moyens de remplacement, le système est relativement
souple et économique.
Jusqu'à présent, l'enveloppe gérée par les recteurs
pour financer les remplaçants n'avait pas de montant
préétabli, mais elle n'a pas à financer un système
de titulaires remplaçants.
Les directions diocésaines de l'enseignement catholique déposent
dans les rectorats des listes de suppléants en attente et pour combler
un besoin de remplacement, l'établissement propose au recteur de nommer
telle ou telle personne figurant sur la liste. Cette personne n'est
payée que pour le temps de remplacement effectué et non pas pour
l'année, comme les enseignants affectés au remplacement dans
l'enseignement public. Ces personnes ont les mêmes diplômes que les
titulaires enseignants, mais elles n'ont pas réussi les concours.
Enfin, dans le second degré, un grand nombre de suppléants sont
bivalents et ont déjà une expérience de l'enseignement,
car beaucoup sont d'anciens délégués auxiliaires.
L'enseignement agricole
, pour sa part, dépense 21 millions
de francs par an pour couvrir ses besoins en remplacement.
Il n'existe aucun accord entre les deux
ministères -éducation nationale et agriculture- pour
mettre en place un système de remplacements croisés, même
s'il existe parfois des accords entre chefs d'établissement, cette
pratique restant cependant exceptionnelle.
b) La nécessaire réforme du système de remplacement
Votre
commission estime que, pour être efficace, le remplacement ne doit plus
être considéré comme une variable d'ajustement dans la
gestion des enseignants, permettant d'affecter " par défaut "
les enseignants en surnombre ou ceux qui, pour des raisons temporaires ou
définitives, ne sont pas aptes à enseigner sur un poste
" normal ". Il doit être analysé comme une composante
à part entière des besoins d'enseignement au niveau de
l'académie.
Il convient d'abord de traiter différemment la gestion d'un remplacement
selon qu'il est de courte ou de longue durée.
Les absences courtes
de moins de quinze jours ou de moins d'un mois
devraient pouvoir être gérées par les
établissements. Ceux-ci devraient alors disposer de moyens en
conséquence (heures supplémentaires, vacations), mais
également utiliser des solutions économiques en moyens
supplémentaires, à travers notamment des modifications
ponctuelles dans les emplois du temps des enseignants de
l'établissement, ou encore le recrutement de MI-SE ayant une formation
universitaire mieux adaptée au profil de l'établissement.
Pour le remplacement des
congés de longue durée
, il faut
favoriser les solutions permettant la mutualisation des moyens et les
échanges entre lycées et collèges, comme cela se pratique
dans l'académie de Bordeaux. L'affectation des remplaçants par
zone ou leur rattachement à un établissement devrait se faire
selon des règles de gestion souples, afin d'éviter tout
cloisonnement et favoriser leur meilleure utilisation.
Dans la perspective d'une réforme, la commission proposera de
développer les remplacements " en interne " dans les
établissements et une incitation financière pour les enseignants
acceptant d'effectuer des heures supplémentaires à ce titre
au-delà des deux heures obligatoires.
Elle proposera également la création d'un corps de
remplaçants polyvalents autour de disciplines proches, une information
systématique des familles en cas d'absence d'un professeur, une
augmentation de la durée des stages en IUFM pour accroître la
capacité de remplacement des enseignants stagiaires.
II. LES DYSFONCTIONNEMENTS DU SYSTÈME
La
rigidité des statuts, la complexité et la centralisation des
procédures précédemment décrites ne permettent pas
d'éviter certains dysfonctionnements, qui, pour partie, résultent
du système scolaire lui-même ou de l'application de dispositions
réglementaires.
De plus, les moyens de contrôle de l'éducation nationale ne sont
pas correctement utilisés et ils ne sont pas assortis de
procédures permettant d'améliorer la gestion du système
éducatif.
A. LES ABSENCES
Sur la
base d'enquêtes menées par l'IGEN et l'IGAEN sur un
échantillon de 913 établissements (lycées,
collèges et lycées professionnels), il a été
constaté qu'en moyenne 13 % des heures dues aux
élèves n'étaient pas assurées par l'enseignant de
la classe.
L'analyse des différentes causes des absences des enseignants montre que
la plupart de ces absences sont légitimes et que l'institution est en
grande partie responsable de ce phénomène.
1. Les absences liées aux enseignants eux-mêmes
a) Les congés maladie-maternité
Le taux d'absence des enseignants pour maladie et maternité n'est pas plus élevé que dans les entreprises privées ou publiques comparables, compte tenu d'un taux de féminisation de la profession important. Ces absences représentent 5,5 % des heures d'enseignement.
b) Les congés pour formation continue
Depuis
1972, le plan de formation continue des enseignants du
premier degré est fondé sur l'octroi, à tout
enseignant titulaire en position d'activité, d'un crédit de
formation à temps plein équivalent à une année
scolaire sur l'ensemble de la carrière.
Ce plan est établi, chaque année, au niveau départemental
sous l'autorité de l'inspecteur d'académie assisté du
conseil départemental de formation.
Deux instructions du 5 juin et du 25 octobre 1991,
prévoient que les IUFM doivent réserver à la formation
continue des instituteurs et des professeurs des écoles un potentiel au
moins équivalent à celui que les ex-écoles normales leur
offraient.
La formation continue des enseignants du second degré s'inscrivait,
jusqu'en 1988, dans le cadre déconcentré des MAFPEN. Depuis 1982,
la responsabilité de la conception, de l'organisation et de la mise en
oeuvre des actions de formation continue leur était confiée, sous
l'autorité directe du recteur.
Concernant le second degré, les académies organisent environ
1.200.000 journées-stagiaires de formation par année
scolaire, soit 45.000 actions au total et 1.600 actions en moyenne
par académie au cours des trois dernières années.
Dans la réalité, la formation continue des enseignants ne
représente que quatre jours et demi par an, et le ministère de
l'éducation nationale consacre un peu moins de 5 % de la masse
salariale à la formation continue de ses agents, alors que certaines
grandes entreprises y consacrent jusqu'à 10 %.
Comme pour l'ensemble de la fonction publique, la formation continue repose sur
le volontariat et s'effectue pendant le temps de travail. S'agissant des
enseignants, la difficulté vient du fait qu'ils ont une part
définie de leur temps de travail devant les élèves et une
part non définie hors la présence des élèves.
Compte tenu de la difficulté à organiser les remplacements,
surtout dans le second degré, les recteurs et les chefs
d'établissement sont de plus en plus enclins à refuser les
demandes de stage. Ainsi, les congés de formation, créés
en 1989, donnant droit à un an de formation avec un salaire maintenu
à 85 %, ne sont presque plus utilisés.
Votre commission considère cependant que la formation continue des
enseignants constitue un élément essentiel pour renforcer la
qualité du service public de l'enseignement et qu'il n'est pas
concevable que la carrière d'un enseignant puisse se dérouler
sans aucune remise à niveau. En conséquence, elle
préconise que la formation continue soit rendue obligatoire selon
certaines modalités.
Dans cette perspective, elle ne peut qu'approuver le contenu de
la
circulaire interministérielle du 22 janvier 1999
qui
modifie l'organisation de la formation des enseignants du premier degré.
A partir de la rentrée 1999, il sera fait une distinction entre les
formations directement liées au métier d'enseignant, qui visent
" à l'actualisation des connaissances, des compétences et
des savoir-faire des maîtres ", et les formations non directement
liées à l'évolution du métier, qui contribuent
à l'épanouissement personnel ou permettent l'acquisition d'une
qualification nouvelle en vue d'une éventuelle évolution
professionnelle.
Dans le premier cas, la formation s'effectuera pendant le temps d'enseignement
devant les élèves, et donnera lieu au remplacement de
l'enseignant en formation. Dans le deuxième cas, la formation,
fondée sur le volontariat, se déroulera en dehors du temps
d'enseignement devant les élèves.
Il convient de rappeler que les recteurs d'académie, les inspecteurs
d'académie et les directeurs des services départementaux de
l'éducation nationale sont invités à mettre en oeuvre
" les mesures concrètes qui devront rendre progressivement ce
nouveau mode d'organisation effectif à compter de la rentrée
1999 ".
Concernant les formations non directement liées au métier
d'enseignant,
" un groupe de travail national devra étudier les
modes de reconnaissance professionnelle que pourraient offrir de tels parcours
de formation. Pour l'année 1999-2000, ces formations devront
représenter environ 1/8
e
du volume des programmes
départementaux de formation ".
Par ailleurs, la circulaire affirme que les formations liées à la
maîtrise du métier
ont vocation à concerner l'ensemble
des enseignants des écoles
et qu'elles doivent se recentrer sur des
actions essentielles.
S'agissant de l'intégration des MAFPEN dans les IUFM, votre commission
note que ce processus se déroule dans des conditions pédagogiques
satisfaisantes. S'agissant de la formation continue des enseignants du second
degré, cette intégration devrait contribuer à lier plus
étroitement formation initiale et formation continue de manière
à assurer la continuité entre cursus universitaire et
professionnalisation. Mais on peut s'inquiéter de ce que les moyens
correspondants n'aient pas tous été transférés avec
les missions et que les moyens tant humains que budgétaires soient
restés affectés aux rectorats.
2. Les absences liées au fonctionnement du système scolaire
a) Le constat
Le
fonctionnement même de l'institution scolaire est en lui-même
très coûteux en termes de présence devant les
élèves.
L'organisation des examens de fin d'année fait " perdre "
plusieurs semaines. Très souvent, les lycées sont fermés
à partir du 15 juin -voire plus tôt- pour l'organisation du
baccalauréat ou, pour les lycées professionnels, en raison
d'examens qui mobilisent les salles de travaux pratiques.
Certains collèges étaient même parfois fermés parce
qu'ils étaient réquisitionnés comme centres d'examens. Un
établissement pourra également être fermé parce
qu'on y fait passer un concours de recrutement de professeurs des écoles.
Ces fermetures d'établissement coûtent très cher en heures
d'enseignement dues aux élèves : 5 % dans les
lycées, 4 % dans les lycées professionnels et entre 1 et
2 % dans les collèges, compte tenu de l'organisation du brevet des
collèges.
Dans les lycées qui sont des centres d'examens importants, les
élèves, sur les trois années de scolarité du second
cycle, perdent l'équivalent de deux à trois mois d'enseignement,
en raison de l'organisation de ces examens.
Par ailleurs, les enseignants eux-mêmes sont mobilisés pour la
préparation des sujets d'examens et les réunions de jurys. Une
fois les sujets préparés, il faut, en effet, les tester pour
" minimiser les risques " et procéder aux vérifications.
On constate également que des heures d'enseignement sont perdues du fait
du fonctionnement interne des établissements, lorsque les
réunions et les conseils de classe sont organisés sur les temps
de présence des enseignants devant les élèves.
b) Les premières solutions mises en oeuvre selon les orientations du rapport Bloch
Ce
rapport avait d'abord pour objet de développer les outils d'une
meilleure connaissance des absences et de leurs causes.
Au niveau du rectorat, les absences des enseignants ne sont pas toujours
connues avec précision car peu d'informations remontent s'agissant des
absences de courte durée tandis que celles relatives aux congés
statutaires ne sont pas toujours traitées avec rapidité du fait
du cloisonnement des structures du rectorat. La généralisation
à l'ensemble des rectorats de l'obligation d'utiliser les modules
" congés " et " remplacement " du système
d'information " emplois postes-personnels " (EPP) permettrait d'avoir
un tableau de bord mensuel détaillé sur les absences des
enseignants.
Cet outil de pilotage apparaît indispensable pour prévoir les
besoins de remplacement qui devront être inclus dans la situation de
l'académie, en particulier lors du calibrage du mouvement.
Au niveau des établissements, il est apparu que les absences courtes
étaient mal recensées et que les informations étaient peu
fiables. Par ailleurs, la communication en direction des parents
d'élèves sur ce sujet est quasiment inexistante.
Lors de l'enquête réalisée par l'IGEN et l'IGAEN en
février 1998, il a été relevé dans certains
établissements le manque manifeste d'attention porté par
l'équipe de direction au problème des absences des professeurs.
Il a donc été recommandé d'améliorer le
système de relevés des absences, sinon le dispositif de
remplacement -notamment celui des absences de courte durée- ne saurait
fonctionner de manière peu satisfaisante.
Une réflexion est également en cours sur l'organisation des
examens, pour que la période de fermeture des lycées soit plus
courte. Ainsi, dès 1999, les épreuves de français du
brevet vont-elles être reportées d'une semaine et les
épreuves du bac professionnel seront-elles reculées de quelques
jours. A moyen terme, il est envisagé, notamment dans l'enseignement
professionnel, de développer le contrôle continu.
Il est enfin recommandé aux chefs d'établissement d'organiser les
réunions internes et les conseils de classe en dehors du temps de
présence des enseignants devant les élèves.
La commission d'enquête recommande le report des examens au terme de
l'année scolaire et leur organisation, dans la mesure du possible, en
dehors de l'établissement.
B. DES " PERTES EN LIGNE "
Ces pertes en ligne résultent de décharges diverses et des formules de détachement et de mises à disposition.
1. Des décharges de service justifiées : les directeurs d'école
Dans
l'enseignement primaire, les enseignants nommés directeur d'école
peuvent, en application du décret n° 89-122 du
24 février 1989 modifié par le décret du
14 janvier 1991, être totalement ou partiellement
déchargés d'enseignement pour remplir leurs fonctions de
directeur d'école.
A compter de la rentrée scolaire de 1980, le régime de
référence a été calculé en fonction du
nombre de classes :
- décharge totale : plus de treize classes primaires ou plus
de douze classes maternelles ;
- demi-décharge : de dix à treize classes primaires ou
neuf à douze classes maternelles.
La circulaire du 7 décembre 1992 a amélioré le
régime des décharges de service de directeurs d'école pour
tenir compte de leurs nouvelles responsabilités, découlant de la
mise en place des projets d'école et des cycles pédagogiques
pluriannuels, en abaissant le seuil d'attribution d'une décharge de
quatre jours par mois à six classes pour l'ensemble des écoles.
La généralisation de ces dispositions se fait par étapes,
compte tenu des moyens disponibles, sous la responsabilité des
inspecteurs d'académie.
Au total, ces décharges de service représentaient en 1997-1998
8.775 postes
répartis ainsi :
-directeurs d'écoles primaires : 6.197
- directeurs d'établissements spécialisés : 110
- maîtres de classes d'application : 1.868.
On peut rappeler que les directeurs d'école de la ville de Paris sont
totalement déchargés de service, quels que soient les effectifs
d'élèves. Le coût supplémentaire qui en
résulte fait l'objet d'un remboursement au ministère par la ville
de Paris.
Enfin, le régime des décharges de directeurs d'école est
moins favorable dans l'enseignement privé sous contrat puisque les
écoles doivent comporter au moins huit classes pour que le directeur
puisse prétendre à des jours de décharge.
2. Les conséquences d'une gestion paritaire du système scolaire : les décharges syndicales et les autorisations d'absence
a) Le dispositif réglementaire existant : un régime de droit commun amplifié par l'effet de masse
L'exercice du droit syndical dans la fonction publique est
régi par les dispositions du décret n° 82-447 du 28 mai
1982, notamment pour les règles relatives aux représentants
syndicaux.
Pour permettre à ces représentants d'exercer leur activité
au sein de leur organisation ou en tant que délégué
syndical pour participer aux réunions paritaires, conseils
d'administration et autres organismes où ils ont été
désignés, le décret prévoit deux séries de
dispositions : les décharges syndicales et les autorisations
d'absence.
Les décharges syndicales
Les décharges syndicales sont calculées, selon l'article 16
du décret précité, en fonction des effectifs des
ministères. Sont pris en compte les agents titulaires et non titulaires
des services centraux et extérieurs des ministères et
établissements publics placés sous la tutelle de ces
ministères. Ces décharges sont attribuées par
ministère selon un barème dégressif :
-
une décharge totale de service pour 350 agents pour
les effectifs ne dépassant pas le chiffre de 25.000 agents ;
- une décharge totale de service pour 500 agents pour les
effectifs compris entre 200.001 et 300.000 agents ;
- une décharge totale de service pour 2.000 agents pour les
effectifs dépassant 600.000 agents.
Ainsi, compte tenu des effectifs du ministère de l'éducation
nationale, les syndicats ont-ils droit à des décharges
calculées sur la base d'une décharge pour 2.000 agents,
alors qu'au ministère de la culture, la proportion est d'une
décharge pour 350 agents.
En fonction de ce barème, les décharges de service sont
attribuées par le ministère qui les répartit entre les
organisations syndicales, en tenant compte de leur
représentativité.
Les organisations syndicales désignent librement parmi leurs
représentants, les bénéficiaires de décharges de
service. Elles attribuent le plus souvent des décharges partielles. Les
listes de noms doivent être communiquées au ministre lorsque les
décharges sont attribuées au niveau national ou au recteur, si
elles sont accordées localement.
Selon les chiffres transmis par la direction des affaires financières du
ministère,
en 1998, les décharges syndicales, y compris celles
provenant des autorisations d'absences transformées,
représentaient 583 postes ETP dans le premier degré et 935
postes ETP dans le second degré. Dans la réalité, le
nombre de bénéficiaires d'une décharge syndicale partielle
ou totale est d'environ 7.000 agents
.
A titre d'exemple, le SNES a indiqué à la commission qu'il ne
disposait d'aucun " déchargé complet ", à trois
exceptions près, et que tous les responsables au niveau
déconcentré ou national souhaitaient conserver une
activité d'enseignement.
La compensation des décharges d'activité des services ne
présente pas un caractère systématique ; elle peut,
par ailleurs, varier d'un corps à l'autre et suivant les
académies.
Pour les personnels administratifs, les décharges sont, a priori,
compensées à taux égal dès lors qu'elles sont
comprises entre 50 % et 100 % du temps de service complet ;
toutefois, compte tenu des contraintes budgétaires, cette compensation
n'est satisfaite que dans 80 % des cas.
Pour les personnels enseignants du premier degré, le remplacement des
personnels déchargés est assuré au niveau du
département en fonction des moyens disponibles dont dispose l'inspecteur
d'académie, directeur des services départementaux de
l'éducation nationale.
Pour les personnels enseignants du second degré, les décharges
d'activité de service sont le plus souvent compensées sous forme
d'heures supplémentaires assurées par d'autres enseignants de
l'établissement ; les décharges accordées aux chefs
d'établissement font en revanche l'objet d'une compensation
systématique sous forme de poste ou de demi-poste provisoire
occupé par un conseiller principal d'éducation.
En ce qui concerne l'enseignement privé, les maîtres des
établissements d'enseignement privés sous contrat et les chefs de
ces établissements bénéficient de décharges
d'activité de service pour l'exercice d'un mandat syndical, suivant les
mêmes règles que celles qui sont définies pour les
personnels correspondant de l'enseignement public (par référence
aux dispositions de l'article 16 du décret du
28 mai 1982). Aucune compensation en emploi par le ministère
n'est prévue.
Pour l'année 1998-1999, les décharges syndicales pour les chefs
d'établissements s'élevaient à 8,823 postes ETP et
à 127,582 postes ETP pour les maîtres.
Les autorisations d'absence
Le décret du 28 mai 1982 aménage trois régimes
distincts pour les autorisations d'absence.
- les articles 12 et 13 accordent, sous réserve des
nécessités du service, des autorisations d'absences pour assister
à des congrès syndicaux ou des réunions d'organismes
directeurs dans la limite, pour un même agent, de dix jours par an, pour
des réunions des syndicats nationaux, des fédérations et
des confédérations. Cette limite est portée à
20 jours s'il s'agit de congrès syndicaux internationaux, ou
d'unions régionales ou départementales de syndicats ;
- pour les congrès, réunions statutaires, comités
directeurs non visés à l'article12, il est prévu par
l'article 14 du décret des journées d'autorisation
spéciales d'absence dans la limite d'un contingent global
déterminé, pour chaque ministère, à raison d'une
journée d'autorisation d'absence pour 1.000 journées de
travail effectuées par les agents du ministère.
A la différence des décharges syndicales, ce barème n'est
pas dégressif, ce qui avantage les syndicats de l'éducation
nationale compte tenu des effectifs du ministère, mais ce droit à
absence n'est accordé que sur justificatif.
Ce contingent de journées est réparti entre les organisations
syndicales compte tenu de leur représentativité ;
- Enfin, l'article15 prévoit que les représentants syndicaux
siégeant au Conseil supérieur de la fonction publique, au sein
des comités techniques et des commissions administratives paritaires,
des comités d'hygiène et de sécurité, des groupes
de travail convoqués par l'administration, des conseils
d'administration, se voient accorder une autorisation d'absence sur
présentation de la convocation.
La durée de cette autorisation inclut, outre le temps de réunion,
les délais de route ainsi qu'un temps égal à la
durée de la réunion pour permettre aux intéressés
d'assurer la préparation et le compte rendu des travaux.
b) Un dispositif difficile à contrôler et aux conséquences lourdes pour l'organisation scolaire
Malgré un encadrement juridique strict fixé par le décret
du 28 mai 1982, il semble que la pratique en matière de
décharges syndicales, se développe au-delà de ce qui est
autorisé.
Ces " arrangements " se négocient la plupart du temps au
niveau académique, voire même à celui de
l'établissement. Ils résultent de la difficulté
d'organiser l'emploi du temps de certains délégués
syndicaux bénéficiant d'une décharge syndicale partielle.
Ceux qui atteignent un certain niveau de responsabilités dans leur
syndicat, se trouvent en réalité dans l'impossibilité
matérielle d'assurer les quelques heures d'enseignement qu'ils doivent
effectuer.
Dans l'intérêt des élèves, et souvent sous la
pression des parents, l'inspecteur d'académie ou le chef
d'établissement décide parfois de transformer la décharge
partielle en décharge totale. Il s'agit donc d'une décharge
" clandestine " qui a des incidences financières puisque le
représentant syndical doit être remplacé pour le temps de
service qu'il n'effectue plus.
Le mécanisme des journées d'autorisation spéciales
d'absence est également source de perturbations importantes pour
l'organisation scolaire, car elles entraînent des absences courtes, pour
lesquelles le remplacement est très difficile à mettre en place.
En 1982, Alain Savary, alors ministre de l'éducation nationale, a
tenté, avec les syndicats, de réduire le nombre de ces
autorisations. L'accord conclu a porté sur la transformation de
50 % des autorisations spéciales d'absence en décharges de
service.
En 1995, de nouvelles négociations engagées par
M. François Bayrou, ministre de l'éducation nationale,
ont abouti à la transformation de 25 % supplémentaires
d'autorisations d'absence en décharges syndicales pour les personnels
enseignants. Le solde -soit 25 %- des autorisations spéciales
d'absence représente 103.688 journées.
Le représentant de la FEN a ainsi indiqué à la commission,
qu'à la rentrée 1998, la Fédération et ses
syndicats nationaux, au titre des deux moyens (décharges et
transformations en autorisations d'absence) bénéficiaient de
440 décharges de services, dont 88 au titre de la
Fédération. S'y ajoutent 12.230 journées
d'autorisations d'absence au titre du millième, réparties en
2.447 journées fédérales et 9.783 au niveau des
syndicats nationaux.
Devant la commission, les représentants des organisations syndicales ont
exprimé la crainte que cette pratique des 75 % ne soit remise en
cause par le ministère et ont exprimé le souhait que celle-ci
soit officialisée, étant entendu que dans certains
ministères, comme celui de la culture ou de la jeunesse et des sports,
la totalité des journées d'autorisations spéciales ont
été transformées en décharges syndicales.
Sur le principe de la transformation des autorisations d'absence en
décharges de service, la commission reconnaît bien volontiers que
ceci présente des avantages d'un point de vue de l'organisation des
emplois du temps des enseignants puisque la répartition de ces
décharges est notifiée pour la rentrée scolaire.
Néanmoins, il faut souligner qu'à travers cette opération
les organisations syndicales obtiennent un volant supplémentaire de
personnes disponibles pour faire fonctionner la structure syndicale, alors
qu'initialement le système des autorisations spéciales d'absence
était prévu pour permettre aux enseignants, représentants
syndicaux, d'assister à des congrès ou des réunions, dans
la limite d'un plafond annuel de journées qui n'était sans doute
pas toujours atteint.
Le volant supplémentaire ainsi accordé est d'autant plus
généreux à l'éducation nationale, que les
autorisations d'absence transformées sont calculées, sans
barème dégressif, au prorata du nombre de journées
travaillées dans chaque ministère.
Le tableau ci-après donne, pour les organisations syndicales, la
répartition des décharges de service selon qu'elles proviennent
des décharges syndicales proprement dites, ou de la transformation des
autorisations d'absence.
DOTATIONS EN POSTE ETP AU TITRE DES DÉCHARGES
SYNDICALES
ET DES AUTORISATIONS D'ABSENCES TRANSFORMÉES
(ANNÉE 1998-1999)
Fédérations syndicales |
Décharges
|
Autorisations absences (75 %) Art. 14 |
TOTAL
|
Fédération des syndicats autonomes |
42,273 |
28,700 |
70,973 |
Confédération syndicale de l'éducation nationale |
50,104 |
25,700 |
75,804 |
Confédération française démocratique du travail |
141,163 |
89,283 |
230,446 |
Fédération de l'éducation nationale |
260,566 |
179,819 |
440,385 |
Fédération autonome de l'éducation nationale |
28,272 |
19,850 |
48,122 |
Fédération syndicale unitaire |
486,515 |
325,649 |
812,164 |
Confédération générale du travail - Force ouvrière |
91,636 |
58,313 |
149,949 |
Confédération générale des cadres |
19,196 |
12,674 |
31,870 |
Confédération générale du travail |
78,316 |
46,972 |
125,288 |
Confédération française des travailleurs chrétiens |
8,998 |
5,615 |
14,613 |
NB : Les décharges sont calculées en fonction des critères de représentativité de chacune des organisations syndicales qui composent ces fédérations. Elles intègrent également les organisations syndicales spécifiques à l'enseignement supérieur.
c) Les conséquences négatives de la gestion paritaire sur l'organisation scolaire
Outre
les décharges syndicales et les autorisations d'absence au titre du
millième, les enseignants participant aux organismes paritaires de
gestion ont droit automatiquement, au titre de l'article 15 du
décret du 28 mai 1982, à une autorisation d'absence
pour assister aux réunions. Celle-ci vaut également pour la
participation au conseil supérieur de la fonction publique, aux
comités d'hygiène et de sécurité, aux groupes de
travail convoqués par l'administration... L'autorisation d'absence est
de droit, puisque l'enseignant concerné est tenu d'y assister. Aucune
limitation n'est fixée et le calcul du temps est, on l'a vu, très
généreux puisqu'il inclut le temps de trajet, de
préparation et de compte rendu des travaux !
La multiplicité des instances paritaires au sein de l'éducation
nationale mobilise un nombre considérable d'enseignants, avec des
incidences lourdes en matière de gestion scolaire, compte tenu de la
difficulté qu'il y a à remplacer ces journées ou ces
demi-journées d'absence.
D'après les indications fournies à la commission, la tenue des
commissions paritaires (une par corps) et des formations paritaires, à
la direction des personnels enseignants, chargées de la gestion des
personnels, représenterait un mois et demi à deux mois de
présence et mobiliserait 222 professeurs.
La commission ne peut que s'inquiéter des incidences de la
déconcentration du mouvement et de la participation
nécessairement accrue des représentants syndicaux à cette
gestion déconcentrée.
Dans chacune des trente académies, les commissions paritaires de chacun
des corps et les formations paritaires devront se réunir comme celles
qui siégeaient à l'échelon national, étant entendu
que ces dernières continueront à se réunir à
l'occasion du mouvement intra académique.
Aucun calcul n'a été fait pour évaluer le nombre d'heures
passées par les représentants des personnels enseignants dans ces
réunions paritaires et pour chiffrer l'augmentation qui résultera
de la gestion déconcentrée du mouvement.
3. Les détachements : plus de 15.000 enseignants
Réglementé par le décret du
16 septembre 1985 modifié, le détachement constitue
l'instrument privilégié de la mobilité des enseignants
hors du corps ou du cadre d'origine.
Exerçant ses fonctions dans une administration autre que son
administration d'origine, le fonctionnaire détaché est alors
rémunéré par l'administration dans laquelle il est
affecté.
En 1998, parmi les enseignants du premier degré, 4.591 étaient en
position de détachement et 10.874 parmi les enseignants du second
degré, soit au total 15.465 enseignants.
Comme le montrent les deux tableaux ci-après, une grande partie d'entre
eux sont détachés pour enseigner à l'étranger, via
le ministère des affaires étrangères et celui de la
coopération (3.090 pour le premier degré et 4.592 dans le second
degré).
Ces détachements peuvent également bénéficier aux
collectivités territoriales, et permettent aux enseignants d'exercer une
fonction ministérielle ou une fonction élective.
INSTITUTEURS ET PROFESSEURS DES ÉCOLES
DÉTACHÉS OU HORS CADRES
EN APPLICATION DU DÉCRET 85-986
DU 16 SEPTEMBRE 1985 MODIFIÉ
ARTICLES 14 ET 40
30 JUIN
1998
|
Professeurs des écoles |
Instituteurs |
|
||
|
Hommes |
Femmes |
Hommes |
Femmes |
TOTAL |
1- Détachements auprès d'une administration ou d'un établissement public de l'Etat dans un emploi conduisant à pension du code des pensions civiles et militaires de retraite et ne relevant pas du MEN |
65
|
25 |
138 |
110 |
338 |
2- Détachements auprès d'une collectivité territoriale ou d'un établissement public en relevant |
28 |
26 |
64 |
44 |
162 |
3-6-7
-Détachements pour dispenser un enseignement à l'étranger
ou pour participer à une mission de coopération auprès
d'Etats étrangers ou pour remplir une mission auprès d'organismes
internationaux :
|
275 |
272 |
998 |
1 546 |
3 091 |
4- Détachements auprès d'une administration de l'Etat, d'un établissement public de l'Etat, d'une entreprise publique, dans un emploi de l'administration ne conduisant pas à pension du code des pensions civiles et militaires de retraite |
102 |
48 |
192 |
69 |
411 |
- dont détachements auprès d'une entreprise publique |
néant |
néant |
néant |
néant |
néant |
5- Détachements auprès d'une entreprise ou d'un organisme privé d'intérêt général ou de caractère associatif assurant des missions d'intérêt général |
71 |
22 |
308 |
98 |
499 |
- dont détachements auprès d'une entreprise privée |
néant |
néant |
néant |
néant |
néant |
8- Détachements pour exercer les fonctions de membres du gouvernement ou une fonction publique élective |
6 |
1 |
19 |
4 |
30 |
9- Détachements auprès d'une entreprise privée, d'un organisme privé ou d'un groupement d'intérêt public pour y effectuer des travaux de recherche d'intérêt national |
/ |
/ |
/ |
/ |
/ |
10- Détachements pour l'accomplissement d'un stage ou d'une période de scolarité préalable à la titularisation ou pour suivre un cycle de préparation à un concours (emplois ne relevant pas du MEN) |
2 |
néant |
21 |
13 |
36 |
11- Détachements pour exercer un mandat syndical |
néant |
néant |
2 |
néant |
2 |
12- Détachements auprès d'un député à l'Assemblée nationale ou d'un sénateur ou d'un représentant de la France auprès du Parlement européen |
néant |
1 |
4 |
2 |
7 |
13- Détachements pour contracter un engagement dans une formation militaire de l'armée française : |
1 |
néant |
néant |
néant |
1 |
C.E.A.P.F. (corps des instituteurs de l'Etat de la Polynésie française) |
néant |
néant |
3 |
4 |
7 |
Hors cadres |
|
|
7 |
1 |
8 |
TOTAL |
|
|
|
|
4 592 |
EFFECTIFS DES PERSONNELS ENSEIGNANTS DU SECOND
DEGRÉ
DÉTACHÉS AUPRÈS D'AUTRES ADMINISTRATIONS ET SERVICES
ANNÉE 1998
MINISTÈRES |
|
|
GRANDS ÉTABLISSEMENTS |
|
||
AFFAIRES ÉTRANGÈRES DIVERS |
694 |
|
CIEP |
47 |
||
AFFAIRES ÉTRANGÈRES ENSEIGNEMENT |
1 189 |
|
CNDP |
242 |
||
AFFAIRES SOCIALES SANTÉ VILLE |
19 |
|
CNED |
120 |
||
AGENCE POUR L'ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L'ÉTRANGER |
2 623 |
|
CNRS |
97 |
||
AGRICULTURE |
710 |
|
INRP |
48 |
||
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ENVIRONNEMENT |
8 |
|
TOTAL |
554 |
||
COOPÉRATION DIVERS |
74 |
|
|
|
||
COOPÉRATION ENSEIGNEMENT |
780 |
|
|
|
||
CULTURE COMMUNICATION |
134 |
|
COLLECTIVITÉS TERRITORIALES |
|
||
DÉFENSE DIVERS |
114 |
|
RÉGION |
33 |
||
DÉFENSE : ETS D'ENSEIGNEMENT |
476 |
|
DÉPARTEMENT |
44 |
||
ÉCONOMIE FINANCE |
31 |
|
COMMUNE |
213 |
||
ÉDUCATION NATIONALE (EMPLOIS ADMINISTRATIFS, 1 ER DEGÉ) |
145 |
|
TOTAL |
290 |
||
EMPLOI SOLIDARITÉ |
15 |
|
|
|
||
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR RECHERCHE |
1 237 |
|
ASSOCIATIONS DIVERSES |
|
||
ÉQUIPEMENT TRANSPORTS LOGEMENT |
25 |
|
TOTAL |
57 |
||
FONCTION PUBLIQUE |
1 |
|
|
|
||
INDUSTRIE POSTE TÉLÉCOM COMMERCE EXTÉRIEUR |
23 |
|
DIVERS |
|
||
INTÉRIEUR |
20 |
|
ASSEMBLÉE NATIONALE |
38 |
||
JEUNESSE ET SPORTS* |
1 405 |
|
ENA |
64 |
||
JUSTICE** |
123 |
|
PARLEMENT EUROPÉEN |
3 |
||
SANTÉ PUBLIQUE |
5 |
|
SÉNAT |
17 |
||
TOTAL |
9 851 |
|
TOTAL |
122 |
||
|
|
|
|
|
||
|
TOTAL GÉNÉRAL |
10 874 |
|
*
dont 1 026 pour le réseau sportif
La
sous-direction des personnels non affectés, qualifiée parfois de
" 31
e
académie " gère les personnels
détachés au sein de la direction des personnels enseignants.
La durée de ces détachements est très variable.
Le secrétaire général adjoint de la Ligue de
l'enseignement a indiqué, lors de son audition devant la commission, que
son association disposait de 628 postes financés par
l'éducation nationale, 200 postes d'enseignants mis à
disposition, que la Ligue ne rembourse pas et 428 postes de salariés,
dont 151 fonctionnaires détachés, ces 428 postes
étant financés par une subvention annuelle de 99,85 millions
de francs.
Depuis 1986, à l'initiative du ministre de l'éducation nationale
de l'époque, une grande partie des mises à disposition au profit
d'organismes évoluant dans la mouvance de l'éducation nationale
ont été supprimées et remplacées par une subvention
permettant d'employer soit des fonctionnaires détachés, soit des
salariés de droit privé.
Sur le plan budgétaire, les emplois d'enseignants détachés
auprès de ces organismes ne coûtent rien et libèrent un
poste mais ils représentent néanmoins un coût indirect pour
le ministère de l'éducation nationale, compte tenu de la
subvention versée.
En 1998, le montant des subventions accordées par le ministère
aux organismes bénéficiant d'enseignants détachés
s'élevait à 187,63 millions de francs, répartis comme
indiqué ci-dessous.
SUBVENTIONS ACCORDÉES PAR LE MINISTÈRE AUX
ORGANISMES BÉNÉFICIANT D'ENSEIGNANTS
DÉTACHÉS
(1998)
ORGANISMES |
SUBVENTIONS
|
Alliance française |
1 350 000 |
Association pour les adultes et jeunes handicapés (APAJH) |
1 860 000 |
Association nationale des communautés éducatives |
1 125 000 |
Association de sauvegarde des enfants invalides |
400 000 |
Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active |
17 540 000 |
Cercle de Recherche et d'action pédagogique |
340 000 |
Eclaireuses et Eclaireurs de France |
3 600 000 |
Fédération des jeunes pour la nature |
240 000 |
Fédération nationale des centres musicaux ruraux |
500 000 |
Fédération française des clubs UNESCO |
690 000 |
Fédération nationale Léo Lagrange |
4 000 000 |
Fédération Oeuvres éducatives et de vacances de l'éducation nationale |
10 130 000 |
Fédération nationale des Francas |
15 770 000 |
Fédération nationale des foyers ruraux |
300 000 |
Fédération générale pupilles de l'enseignement public |
15 946 000 |
Institut coopératif de l'école moderne |
940 000 |
Jeunesses au plein air (JPA) |
3 150 000 |
Ligue française de l'enseignant et de l'éducation permanente |
99 850 000 |
Office central de la coopération à l'école |
8 500 000 |
Peuple et culture |
1 400 000 |
TOTAL |
187 631 000 |
4. Les mises à disposition : 1.150 enseignants ?
L'un des
objectifs assignés à la commission d'enquête concernait
l'évaluation des mises à disposition, à propos desquelles
les chiffres les plus divers circulaient : 1.000 enseignants selon le
ministère, 15.000 " enseignants fantômes " selon la
presse.
Sans aucun esprit de polémique, la commission s'est efforcée de
distinguer les divers types de mises à disposition dont peuvent
bénéficier les enseignants, ainsi que les procédures
appliquées.
Au-delà des chiffres avancés, il lui est apparu que le
ministère ne maîtrisait pas complètement la mise en oeuvre
des dispositions statutaires et que la représentation nationale n'avait
pas une connaissance précise exacte du nombre de personnels
bénéficiant de cette position.
a) Les mises à disposition statutaires
Il faut
rappeler que, jusqu'en 1984, la mise à disposition n'était pas
prévue par le statut général de la fonction publique et
que la situation des fonctionnaires concernés au ministère de
l'éducation nationale était pour le moins confuse.
Un recensement des mises à disposition existantes et
l'élaboration d'un règlement intérieur ont permis,
à partir de 1982, de procéder à une certaine remise en
ordre.
L'article 41 de la loi du 11 janvier 1984 modifiée,
complétée par le décret n° 85-986 du
16 septembre 1985 a introduit cette position dans le statut
général de la fonction publique en la définissant
ainsi : le fonctionnaire mis à disposition d'un service d'accueil
demeure dans son corps (ou son cadre d'emploi) d'origine où il est
réputé conserver son emploi ; il perçoit la
rémunération correspondante qui est versée par son
administration d'origine, mais il accomplit ses fonctions dans une autre
administration ou dans des organismes aux caractéristiques strictement
limitées.
Dans la réalité, la mise à disposition peut être
interprétée comme un prêt de fonctionnaire, et cette
mesure, censée être exceptionnelle, ne libère pas un poste
sur le plan budgétaire.
S'agissant de l'éducation nationale, les fonctionnaires sont mis
à disposition auprès :
- d'une administration de l'Etat, notamment dans les cabinets
ministériels ou d'un établissement public de l'Etat à
caractère administratif ;
- d'organismes d'intérêt général publics et
privés ;
- d'organismes à caractère associatif qui assurent une
mission d'intérêt général, comme les associations
complémentaires de l'enseignement et les mutuelles liées au
ministère de l'éducation nationale. Les organismes accueillent
dans la pratique le plus grand nombre de mises à disposition (MAD).
Il est regrettable que ces mises à disposition ne soient pas
gérées par une seule direction au ministère de
l'éducation nationale. Si la majeure partie d'entre elles relève
de la direction des affaires juridiques, en revanche les personnels mis
à disposition de l'Union nationale du sport scolaire sont
gérés par la direction des personnels enseignants et les
personnels mis à disposition de structures chargées de l'action
sociale sont gérés par la direction des personnels
administratifs, techniques et d'encadrement.
Le tableau ci-après indique la répartition de ces MAD par
catégories.
Au total, 1.150 enseignants tant du premier que du
second degré étaient mis à disposition au
31 décembre 1996
.
S'agissant des MAD gérés par la direction des affaires
juridiques, leur coût net budgétaire pour le ministère de
l'éducation nationale, après déduction des remboursements
effectués par certains organismes (30 % des postes) peut être
évalué pour 1998 à 98,16 millions de francs pour
622 postes ETP chez les enseignants du premier degré et à
54,32 millions de francs pour 282 postes ETP chez les enseignants du
second degré.
MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE, DE LA
RECHERCHE
ET
DE LA TECHNOLOGIE
NOMBRE DE MISES À DISPOSITION AU PROFIT
D'AUTRES MINISTÈRES OU ORGANISMES AU 31 DÉCEMBRE
1996
|
Catégorie A |
Catégorie B |
Catégorie C |
Total titulaires civils |
|||||
|
Hommes |
Femmes |
Hommes |
Femmes |
Hommes |
Femmes |
Hommes |
Femmes |
Total |
Au profit de : |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
une administration de l'Etat |
33 |
36 |
2 |
5 |
|
|
35 |
41 |
76 |
Un organisme d'intérêt général public |
87 |
102 |
16 |
36 |
|
1 |
103 |
139 |
242 |
Un organisme d'intérêt général privé |
122 |
20 |
86 |
16 |
1 |
|
209 |
36 |
245 |
Un organisme associatif qui assure une mission d'intérêt général |
253 |
93 |
191 |
46 |
|
4 |
444 |
143 |
587 |
Total |
495 |
251 |
295 |
103 |
1 |
5 |
791 |
359 |
1 150 |
Ce
chiffre officiel a diminué depuis 1982, notamment du fait de la
décision prise en 1988 par M. René Monory, ministre de
l'éducation nationale, qui avait alors supprimé la plupart des
2.200 mises à dispositions estimées à
l'époque. Pour répondre aux protestations de nombreuses
associations, comme il a été indiqué ci-dessus, ces mises
à disposition ont été remplacées par des
détachements payés par les organismes destinataires, qui ont
bénéficié en contrepartie d'une subvention de
l'éducation nationale.
Si la durée de ces mises à disposition est relativement
brève -trois ans- elle est renouvelable.
S'agissant des enseignants, notamment mis à disposition des mutuelles ou
associations proches de l'éducation nationale, il n'est pas rare que
cette durée soit d'une dizaine d'années. Le représentant
de la Mutuelle générale de l'éducation nationale (MGEN) a
plaidé, devant la commission d'enquête, pour une durée
suffisamment longue, indiquant que les fonctions confiées à ces
enseignants pouvaient être considérées comme un nouveau
métier à part entière comportant un temps d'apprentissage
relativement long.
Dans le cas où la mise à disposition est prononcée au
profit d'un organisme d'intérêt général -public ou
privé- celle-ci implique la signature préalable d'une convention
avec l'organisme d'accueil.
La plupart du temps, la convention stipule le remboursement, par l'organisme
d'accueil, de la rémunération du fonctionnaire. Ce remboursement
intervient dans le cadre de la procédure des fonds de concours, par
émission de titres de perception sur la base du coût réel
de la rémunération versée, augmenté des charges
patronales. Ce remboursement donne lieu à un versement d'acompte avec
régularisation sur l'année N + 1.
Le tableau ci-dessous détaille les remboursements effectués en
1998 par les organismes bénéficiant de mises à disposition
d'enseignants.
Le total remboursé s'élève à 70,5 millions de
francs, correspondant à 302,4 ETP mis à disposition.
REMBOURSEMENTS EFFECTUÉS PAR LES
ORGANISMES
BÉNÉFICIANT DE MISE À DISPOSITION
D'ENSEIGNANTS
(1998)
ORGANISMES |
EFFECTIFS
|
MONTANT
|
Cité des Sciences et de l'industrie
|
49,0
|
11,2
|
TOTAL |
302,4 |
70,5 |
(*) Les
charges patronales sont comprises dans ce coût. Pour 1998, il s'agit de
l'estimation des reversements qui seront demandés aux organismes
dès que les conventions seront renouvelées.
Parmi ces organismes ou associations évoluant dans la mouvance de
l'éducation nationale, le cas de la
MGEN
mérite
d'être rappelé.
Les lois du 19 mars et du 9 avril 1947, dites " lois
Morice " confient aux sections des sociétés mutualistes de
fonctionnaires la gestion de la sécurité sociale des
fonctionnaires. Pour assurer cette gestion, les circulaires du
26 septembre 1947, du 20 novembre 1948, du 4 juin et
du 30 mars 1949, fixent les règles relatives aux mises
à disposition dont la MGEN peut bénéficier en
précisant que "
les mutuelles de fonctionnaires rembourseront
à l'Etat, par la procédure des fonds de concours, le montant brut
de la rémunération majoré de la cotisation patronale de
sécurité sociale d'autant d'instituteurs remplaçants que
ces sections ont de fonctionnaires titulaires mis à leur
disposition
" (circulaire du 30 mars 1949).
Ainsi, lorsqu'en 1986, le ministère de l'éducation nationale a
décidé de substituer un système de subventionnement et de
détachement au système des mises à disposition pour
l'ensemble de l'éducation nationale, la MGEN revendiquant l'application
des " lois Morice ", a obtenu, à travers une convention
signée le 15 juin 1987, le maintien de 35 MAD
correspondant aux administrateurs élus. Mais, cette convention
transformait néanmoins les autres mises à disposition en
détachements de fonctionnaires dans la limite de 500 postes.
Il convient de noter que ces 500 postes de détachement
n'étaient pas assortis d'une subvention puisque, depuis l'origine, la
MGEN remboursait l'intégralité du coût des professeurs
embauchés par l'éducation nationale pour remplacer ses MAD.
Progressivement, la MGEN, revendiquant la pleine application des lois de 1947,
a obtenu le rétablissement complet des MAD : 100 en 1990, 70 en
1992 et 150 en 1993, soit 320 postes remplaçant ainsi la
totalité des fonctionnaires détachés.
Cependant, le ministère du budget, en 1994, a remis en cause les
150 derniers postes autorisés et la situation n'est pas
réglée à ce jour.
En plus de ces postes, la MGEN bénéficie de décharges
partielles équivalent à 6,92 ETP, concernant en
réalité 16 personnes qui sont des responsables de sections
départementales, ces décharges étant également
remboursées par la MGEN. De plus, il faut également tenir compte
de 40 autres postes d'enseignants détachés qui assurent la
direction d'établissements sanitaires et sociaux appartenant à la
MGEN.
Le tableau ci-dessous récapitule le nombre d'enseignants travaillant
à la MGEN, comme détachés, mis à disposition ou
bénéficiant d'une décharge de service, qui sont dans une
très forte proportion des enseignants du premier degré : 310
sur un total de 392.
RÉCAPITULATIF DES ENSEIGNANTS TRAVAILLANT À LA
MGEN
AU 31 DÉCEMBRE 1998
MAD et
décharges de services partielles
|
Détachés |
TOTAL |
||||
Elus |
Non élus |
Militants des sections |
Sections départementales |
Etablissements |
Enseignants
|
Enseignants second degré + administratifs divers |
33 |
170 |
16 (6,92 ETP) |
133 |
40 |
310 |
82 |
b) Les mises à disposition " clandestines "
Au-delà de ces mises à disposition
réglementaires, la commission estime que d'autres mises à
disposition sont organisées d'une manière plus ou moins
clandestine.
On lui a indiqué que la procédure de mise à disposition
est également utilisée par les recteurs, voire par les
inspecteurs d'académie s'agissant des enseignants du premier
degré, sans que ces mises à disposition locales soient
nécessairement reprises au niveau national dans les statistiques
officielles.
Ainsi, il arrive que les recteurs mettent à disposition de tel ou tel
organisme local de recherche ou d'animation pédagogique, de mouvements
de jeunesse des enseignants, les retirant en conséquence de leur classe.
Cette pratique accentue l'écart constaté entre le nombre
d'enseignants réellement en position d'enseignement, et recrutés
pour cette tâche, et les postes budgétaires votés par la
représentation nationale.
Il est vrai que les recteurs ou les inspecteurs d'académie sont l'objet
de demandes diverses, assorties souvent de fortes pressions, qui aboutissent
à des mises à disposition ou des décharges de service
allant au-delà des textes réglementaires. Un état d'esprit
couramment répandu veut que l'on considère que le
ministère de l'éducation nationale dispose de beaucoup de moyens
et qu'il peut donc bien en prêter.
L'anecdote, rapportée devant la commission par
M. Bernard Toulemonde, directeur de l'enseignement scolaire est,
à ce titre, révélatrice.
"
Il y a quelques jours, le cabinet du ministre de l'environnement m'a
appelé en m'expliquant qu'un enseignant d'un lycée parisien,
spécialiste des sciences de la vie et de la terre, apportait
actuellement son concours à la société Cofiroute. Or,
l'éducation nationale refusant de mettre cette personne à
disposition, les travaux sont arrêtés. Ayant fait remarquer
à mon interlocutrice que nous pouvions le placer en disponibilité
afin que la société Cofiroute puisse le rémunérer,
celle-ci m'a rétorqué que l'éducation nationale
était riche d'un million de fonctionnaires et que nous pouvions faire un
effort ! "
Il semble également que les affectations d'enseignants au sein du
ministère de l'éducation nationale dans des services centraux,
des services académiques ou dans des structures de cabinet ne soient pas
comptabilisées dans les MAD réglementaires. On parle alors de
prêts de personnel entre services relevant d'une même
administration, d'activité à responsabilité
académique ou encore d'emplois particuliers ministériels.
En tout état de cause, la terminologie employée est loin
d'être " stabilisée " et force est de constater que,
selon les interlocuteurs de la commission, les concepts utilisés ont des
contenus variables. Ainsi en est-il des " activités à
responsabilités académiques " (ARA) dont le moins que l'on
puisse dire est qu'elles recouvrent les situations les plus diverses. A la
différence de nos collègues de l'Assemblée nationale,
votre commission ne saurait se satisfaire de cette présentation aussi
peu rigoureuse qui autorise toutes les " dissimulations ".
En effet, selon une note de la direction des affaires financières du
ministère de l'éducation nationale : "
Certaines
activités complémentaires, généralement d'une
durée de quelques heures hebdomadaires, sans lien direct avec
l'établissement dans lequel ils sont affectés, sont
confiées aux enseignants.
Les enseignants restent cependant, en
affichage, affectés pour la totalité de leur obligation de
service dans le même établissement, sur le même type de
support, dans la même fonction et la même discipline, même
s'ils travaillent dans un autre lieu.
On parle alors d'activités
à responsabilités académiques (ARA) par exemple :
décharges syndicales, reconversions, activités
culturelles...".
*
Le cas de l'académie de Paris
permet " d'illustrer "
l'usage de ces pratiques illégales, la commission d'enquête, au
cours de son déplacement au rectorat de Paris, ayant
procédé à une étude détaillée de
l'utilisation des postes budgétaires attribués à
l'académie.
Cette étude lui a permis de constater que certaines affectations
d'enseignants étaient illégales car elles détournaient des
moyens d'enseignement de leur objectif initial.
Ainsi, un certain nombre de mises à disposition académiques
permettent de placer des enseignants dans les services administratifs de
l'académie, tout en maintenant une affectation fictive dans un
établissement d'enseignement. Ces enseignants bénéficient
d'une décharge de service partielle ou totale.
L'académie " perd " également un nombre important de
postes d'enseignants au titre des emplois particuliers ministériels dont
certains semblent bien dépourvus de toute base réglementaire.
Ainsi, 36 postes d'enseignants sont-ils affectés au
ministère dont quatre au cabinet du ministre. Trois postes sont
affectés au Collège de Philosophie et un au cabinet du
vice-chancelier des universités. Ces postes ne sont pas
répertoriés dans les MAD réglementaires.
Enfin, les moyens employés pour payer ces personnels semblent
dépourvus de base légale puisque certains enseignants
perçoivent des HSA. On peut rappeler qu'un enseignant ne touche des HSA
qu'à la condition d'effectuer un service complet devant les
élèves. Or, ces enseignants, relevant d'une mise à
disposition académique ou d'un emploi particulier ministériel,
bénéficient d'une décharge totale ou partielle de service
et touchent néanmoins des HSA.
Pour la seule académie de Paris, 67 enseignants totalement
déchargés perçoivent des HSA (253 HSA au total), dont
deux personnes affectées au cabinet du ministre, qui perçoivent
chacune 10 HSA ; 53 enseignants partiellement
déchargés, dont certains à titre syndical,
perçoivent également des HSA (345 HSA au total).
En réalité, les HSA sont devenues un moyen clandestin de
rémunération complémentaire permettant de faire
rétribuer des emplois de cabinet ou des emplois administratifs au
ministère et au rectorat.
La commission d'enquête a par ailleurs pris connaissance d'un
échange de courriers
2(
*
)
entre janvier 1998 et janvier 1999, par lesquels le rectorat alerte
le ministère sur ces pratiques ; mais la solution proposée
était pire que le mal car il s'agissait de transformer ces HSA en HSE
(heures supplémentaires effectives).Le dispositif est donc resté
en l'état et il a été convenu que le paiement des HSA se
ferait désormais selon une procédure " manuelle " !
Compte tenu des caractéristiques particulières de
l'académie de Paris, et de sa proximité avec le ministère
de l'éducation nationale, il n'est pas possible d'affirmer que de tels
procédés sont utilisés à une telle échelle
dans les autres académies. On peut néanmoins penser que ces
pratiques existent ailleurs de façon officieuse et à des
degrés divers.
La commission considère en conséquence qu'une remise en ordre
doit intervenir dans la gestion des mises à disposition et que celles-ci
ne doivent plus faire l'objet de rémunérations illégales.
Elle souhaiterait que le bien fondé de ces mises à disposition
soit réexaminé au regard de l'intérêt
général, étant rappelé que les enseignants ont
été formés pour enseigner.
Leur utilisation dans les structures administratives ministérielles
constituent un détournement de moyens publics, et il serait plus
judicieux de faire appel, pour faire fonctionner les services du
ministère à des personnels formés à ce
métier.
Cette remise en ordre suppose également que de véritables
solutions alternatives d'emplois soient recherchées pour des
enseignants, qui très légitimement souhaitent exercer d'autres
fonctions, après avoir enseigné pendant quinze ou vingt ans.
S'agissant des rémunérations des personnels dont la mise à
disposition se justifie au regard de l'intérêt
général, la solution serait à rechercher dans un
régime indemnitaire transparent et réglementairement
défini, pour mettre fin à l'attribution illégale d'heures
supplémentaires versées dans des conditions peu acceptables sur
le plan réglementaire.
5. L'estimation globale des " pertes en ligne " par la commission
Dans le
cadre de ses investigations, la commission d'enquête a envoyé
à l'ensemble des recteurs un questionnaire détaillé afin
de mesurer notamment les " pertes en lignes " enregistrées
dans leur académie.
Compte tenu des réponses fournies par les rectorats, elle peut formuler
les remarques générales suivantes :
a) Une exploitation difficile des documents transmis
L'hétérogénéité des
documents
communiqués n'a pas facilité leur exploitation par la
commission : certaines académies n'établissent pas, en
effet, de distinction entre les mises à disposition et les
détachés ou ne transposent pas en ETP les décharges
partielles.
Elles tendent aussi à présenter sous une même rubrique des
décharges de tous types (syndicales, pédagogiques, organismes non
précisés, ...) et n'indiquent pas le degré d'enseignement
dont relèvent les bénéficiaires.
b) Des réponses peu fiables
La
commission a ainsi constaté des contradictions dans certaines
réponses : une académie lui a signalé qu'aucun
personnel n'était mis à la disposition de la MGEN, les personnels
y travaillant étant détachés, alors que les documents
transmis font apparaître au moins une mise à disposition au profit
de cet organisme.
Une autre académie lui a signalé un professeur du second
degré détaché auprès d'un inspecteur
d'académie, ce qui constitue une aberration sur le plan
administratif.
c) Des justifications surprenantes
Dans une
académie, la commission a constaté que 85 décharges
à temps complet et 67 à temps partiel n'entraient dans aucune
rubrique répertoriée et que 38 enseignants
bénéficiaient de décharges complètes ou partielles
sous la rubrique " actions à justifier " !
Elle a également observé une certaine absence de pluralisme des
organismes auprès desquels des enseignants sont mis à disposition
ou détachés : cela se traduit par exemple, dans une
académie, par la mise à disposition d'un enseignant à
temps complet dans une seule des fédérations de parents
d'élèves.
d) Une certaine désinvolture à l'égard de la représentation nationale
La
commission d'enquête a pu constater que les réponses de certaines
académies
présentaient un caractère quelque peu
désinvolte à l'égard du Parlement,
et consistaient
souvent en une transmission de simples documents de gestion qui ne semblent pas
avoir été validés par les recteurs.
La commission tient à souligner en revanche la qualité des
documents transmis par d'autres académies, comme celles de Paris, de la
Martinique et de la Guyane, par exemple.
e) L'estimation générale des " pertes en ligne "
Compte
tenu des réserves formulées sur la lisibilité des
documents fournis, la commission a tenté d'évaluer à
partir d'un échantillon représentatif ces pertes en ligne pour le
tiers des académies de métropole et d'outre-mer : dans les
dix académies examinées, elle estime qu'au moins 1.200
enseignants sont distraits de leurs tâches d'enseignement proprement
dites pour être mis, à titre irrégulier, à
disposition, que plus de 200 sont en outre complètement
déchargés à titre syndical et que près d'un millier
bénéficie de décharges partielles au même titre.
Elle se doit de faire observer que, compte tenu des zones d'ombre
signalées, ces chiffres sont probablement très en-dessous de la
réalité.
C. UN ENCADREMENT " ADMINISTRATIF " INSUFFISANT ET PEU EFFICACE
Contrairement à certaines idées reçues, la commission d'enquête a pu constater que l'éducation nationale ne bénéficiait pas d'un encadrement " administratif " satisfaisant : elle a relevé à cet égard de graves insuffisances au niveau de l'évaluation des enseignants, de l'encadrement des établissements et des capacités de gestion des administrations déconcentrées.
1. Une évaluation insuffisante des enseignants
a) La notation et une évaluation sans incidences véritables sur la gestion des personnels
La
commission a pu constater que le système de notation n'était pas
correctement utilisé pour gérer de manière satisfaisante
la carrière des enseignants et n'exploitait pas réellement les
possibilités offertes par le statut de la fonction publique.
Alors que la mission d'inspection et d'évaluation des personnels et des
établissements constitue une des tâches essentielles de
l'éducation nationale, les mécanismes actuels de notation des
enseignants font l'objet de critiques justifiées.
La notation des personnels enseignants résulte en principe d'une double
démarche, puisqu'elle consiste à porter une appréciation
pédagogique, par les corps d'inspection, et administrative par les chefs
d'établissement.
Dans la pratique, ce système de notation ne fonctionne pas correctement
et ne répond pas à sa finalité.
Tout d'abord, la note administrative n'est pas suffisamment prise en compte,
alors qu'elle est censée permettre au chef d'établissement de se
prononcer sur l'autorité et le " rayonnement " de
l'enseignant, sans empiéter sur le terrain pédagogique.
Par ailleurs, compte tenu de moyens insuffisants, les inspections sont rares ou
trop espacées. Afin de remédier à cette carence, un
système de péréquation des notes a été mis
en place pour les professeurs qui n'étaient pas inspectés, de
telle sorte qu'ils ne soient pas pénalisés dans le
déroulement de leur carrière.
La commission a constaté, à la différence d'autres
administrations, que l'éducation nationale n'utilisait pas toutes les
ressources du statut de la fonction publique qui permet de sanctionner, ou tout
au moins, de retarder le déroulement de carrière d'un
fonctionnaire, lorsque des insuffisances ont été
constatées.
L'éducation nationale donne le sentiment d'être impuissante ou
dépourvue face à des enseignants médiocres ou même
inaptes, ce qui a des effets très négatifs tant dans le monde
enseignant lui-même que dans l'opinion publique.
Votre commission ne peut que souhaiter que la réflexion en cours sur le
mode d'évaluation des professeurs permette de moderniser ce dispositif
et de l'adapter aux nouvelles contraintes qui s'imposent aujourd'hui au
système scolaire.
Elle estime qu'il conviendrait de mieux prendre en compte l'évaluation
faite par le chef d'établissement, ce qui implique sans doute une
collaboration plus étroite entre les chefs d'établissement et les
inspections.
Votre commission considère enfin qu'il conviendrait d'établir une
relation entre le résultat d'une évaluation et l'obligation de
suivre une formation continue.
b) Des chefs d'établissement dépourvus de moyens adéquats pour remplir leurs missions
Tout au
long des auditions de la commission, le rôle essentiel des chefs
d'établissement a été mis en avant par les personnes
entendues qui ont souligné qu'un établissement valait d'abord par
la qualité de son chef d'établissement. La fonction est
aujourd'hui en crise : au-delà des problèmes de recrutement,
de la qualité des personnels, la fonction a considérablement
évolué, sans que les prérogatives du chef
d'établissement aient été renforcées.
Les emplois de direction des établissements d'enseignement ou de
formation relevant de l'éducation nationale sont occupés par des
personnels de direction de première catégorie et de
deuxième catégorie.
Jusqu'en 1988, le recrutement se faisait au choix sur des listes d'aptitude et
s'effectuait de manière peu satisfaisante.
Depuis le décret n° 88-343 du 11 avril 1988, le
recrutement de ces personnels est désormais ouvert par voie de concours
aux candidats âgés au minimum de 30 ans et justifiant de
cinq années de services effectifs en qualité de titulaire
dans un ou plusieurs corps de personnels enseignant, d'éducation ou
d'orientation.
Le recrutement s'effectue par la voie de deux concours :
- le concours de première catégorie
2
e
classe ou C1 auquel peuvent se présenter les
professeurs agrégés et assimilés et les professeurs de
chaire supérieure ;
- le concours de deuxième catégorie
2
e
classe ou C2 auquel peuvent se présenter les
fonctionnaires de catégorie A appartenant à un corps de
personnels enseignants de l'enseignement du premier ou du second degré,
à un corps de personnels d'éducation ou à un corps de
personnels d'orientation.
La commission d'enquête ne considère pas que la règle du
concours constitue le moyen de sélection adéquat pour recruter
des personnes ayant les qualités requises pour animer une équipe
pédagogique et piloter le fonctionnement de l'établissement.
En 1996, l'épreuve écrite d'admissibilité a
été remplacée par un examen, par le jury, du dossier
présenté par chaque candidat (décret n° 95-1189
du 6 novembre 1995) et l'arrêté interministériel
du 4 mars 1996 fixe l'organisation et la nature des épreuves
des concours des personnels de direction d'établissement d'enseignement
ou de formation.
A l'issue du concours, les personnels déclarés admis suivent une
formation initiale de six mois qui s'effectue pour partie dans les
académies, sous la responsabilité des équipes
académiques d'animation de la vie scolaire et pour partie à
l'Ecole supérieure des personnels d'encadrement du ministère de
l'éducation nationale. Les personnels sont ensuite nommés
stagiaires et affectés dans des établissements scolaires pendant
deux ans puis titularisés à l'issue du stage si celui-ci
s'est déroulé de façon satisfaisante.
La crise du recrutement des chefs d'établissement se traduit en termes
quantitatif et qualitatif.
Sur le plan quantitatif, le nombre de postes ouverts aux concours ces
dernières années n'était pas suffisant pour compenser les
départs à la retraite et n'a pas pris en compte l'impact
réel de la mise en oeuvre du congé de fin d'activité
à partir de 1997.
Le rendement des concours est lui-même insuffisant. On observe une baisse
régulière du nombre des candidats et le nombre des affectations
est inférieur au nombre de postes mis aux concours.
Sur l'ensemble du corps qui compte environ 13.000 personnes, on compte
1.000 postes vacants, selon les estimations données à la
commission par le secrétaire général du syndicat national
des personnels de direction de l'éducation nationale, ces vacances
concernant pour l'essentiel des postes d'adjoints dans des collèges
difficiles.
Sur le plan qualitatif, le risque d'une déqualification des chefs
d'établissement est réel en dépit d'un équilibre
maintenu au sein du concours de 2
e
catégorie (31 %
de certifiés, 20 % de PEGC et 17 % de PLP), étant
rappelé qu'une qualification satisfaisante est essentielle pour exercer
les responsabilités qui sont les leurs.
Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer cette
désaffection, illustrée par un pourcentage non négligeable
de lauréats qui refusent l'affectation qui leur est offerte :
392 abandons ont ainsi été constatés entre 1989 et
1994.
Malgré des revalorisations successives, la rémunération de
début de carrière n'est pas incitatrice pour les professeurs
agrégés, voire les professeurs certifiés, compte tenu
notamment des horaires et des contraintes de travail.
Dans le cadre du statut, le mouvement des personnels stagiaires se faisant
après celui des titulaires, ceux-ci ne peuvent obtenir que des postes
d'adjoints : les enseignants " chevronnés " rechignent
donc à accepter des postes à responsabilité
réduite, avec de faibles chances d'obtenir rapidement un poste
intéressant.
L'autonomie croissante des établissements devrait pourtant
entraîner un renforcement des responsabilités du chef
d'établissement. Cette autonomie repose en fait sur sa capacité
à mobiliser la communauté éducative et à prendre
des initiatives.
La dimension pédagogique prend d'ailleurs aujourd'hui de plus en plus
d'importance dans les fonctions de chef d'établissement : ce
dernier constitue les classes, détermine les emplois du temps, choisit
le professeur principal, organise le travail scolaire et les enseignements,
anime et développe la vie scolaire et supervise l'évaluation et
l'orientation des élèves.
Mais l'évolution de son rôle est limitée dans le domaine
pédagogique et le chef d'établissement ne dispose que de pouvoirs
très limités sur les personnels. S'il note les personnels ATOS,
leur gestion relève des autorités académiques.
De plus, le chef d'établissement est démuni à
l'égard des enseignants qui composent son équipe
pédagogique. Il n'intervient pas dans le processus d'affectation des
enseignants, l'appréciation qu'il porte sur eux à travers la note
administrative est très peu prise en compte, et il lui est interdit de
participer à leur évaluation pédagogique. Tel n'est pas le
cas dans les établissements d'enseignement privé sous contrat
puisque le recteur ne peut nommer un enseignant qu'avec l'accord du chef
d'établissement concerné.
L'absence d'autorité pédagogique des chefs d'établissement
public sur les professeurs est d'autant plus paradoxale qu'ils sont
eux-mêmes issus du corps enseignant et que l'évolution de leurs
compétences les conduit à mettre en oeuvre de véritables
actions pédagogiques, notamment à travers l'élaboration du
projet d'établissement.
La commission d'enquête, convaincue que les chefs d'établissement
constituent un maillon essentiel pour le bon fonctionnement du système
scolaire, est aussi favorable à un renforcement de leurs pouvoirs en
matière pédagogique. Elle recommandera ainsi une réforme
du système de notation et d'inspection des enseignants et une
harmonisation de la notation administrative et pédagogique.
Si elle juge irréaliste de proposer que les chefs d'établissement
interviennent au moment des affectations des enseignants -ce qui induirait des
changements trop importants dans la gestion des personnels- elle souhaiterait
néanmoins, dans le cadre du mouvement intra académique, qu'ils
soient davantage associés à la définition des postes
spécifiques, et des compétences exigées de l'enseignant
pour occuper ces postes.
c) Une évolution souhaitable du rôle des inspections territoriales
Les
statuts des corps d'inspection territoriale ont été
définis par le décret n° 90-675 du
18 juillet 1990.
Dans la logique de mise en oeuvre de la loi d'orientation pour
l'éducation du 10 juillet 1989, le décret
définit également leurs compétences respectives en
précisant l'autorité du recteur et la participation à la
politique académique des inspecteurs, par l'élaboration d'un
programme de travail, arrêté conjointement par le recteur et
l'inspecteur général de l'éducation nationale,
correspondant académique.
Leur recrutement s'opère après concours et la sélection
des candidats se réalise en deux étapes, d'abord sur dossier puis
par des entretiens avec un jury qui prend en compte l'expérience et la
formation des candidats.
Le recrutement s'effectue parallèlement sur une liste d'aptitude pour
des IEN " hors classe ".
La durée du stage précédant la titularisation est de
deux ans, dont une année de formation, effectuée à
l'Ecole supérieure des personnels d'encadrement de l'éducation
nationale.
Les inspecteurs de l'éducation nationale (IEN)
Pour accéder au corps des IEN, il faut être fonctionnaire
titulaire de l'éducation nationale ou de la jeunesse et des sports,
appartenir à un corps d'enseignement de premier ou de second
degré, d'éducation ou d'orientation, ou à un corps de
personnels de direction. Les candidats doivent avoir accompli cinq ans de
services effectifs à temps complet ou leur équivalent, dans des
fonctions d'enseignement, d'éducation, d'orientation ou de direction et
justifier de la possession d'une licence ou d'un titre ou diplôme
jugé équivalent.
L'IEN a pour mission de conseiller, d'inspecter et de noter les personnels des
écoles maternelles et élémentaires de sa circonscription,
tout en veillant au respect des programmes nationaux. Il donne un avis sur le
projet d'école adopté par le conseil d'école avant de le
transmettre à l'inspection académique. Il a également un
avis à donner sur tout projet de modification des rythmes scolaires dans
une ou plusieurs écoles de sa circonscription.
Assisté par un ou plusieurs conseillers pédagogiques, et par un
conseiller pédagogique de circonscription chargé de
l'éducation physique et sportive, il organise et anime la formation
continue des enseignants placés sous sa responsabilité et apporte
une aide aux enseignants nouvellement nommés.
Les inspecteurs pédagogiques régionaux-inspecteurs
d'académie
Pour accéder au corps des IPR-IA, peuvent se porter candidats les
enseignants du supérieur sous certaines conditions de grade, les
professeurs agrégés de l'enseignement secondaire, les chefs
d'établissement remplissant certaines conditions de grade et les
inspecteurs de l'éducation nationale ayant au moins cinq ans de
service effectif à temps complet.
Les IPR peuvent être affectés dans les IUFM, notamment pour
intervenir auprès des professeurs-stagiaires en deuxième
année de formation. Les IPR, comme les IGEN, sont membres du jury des
concours de recrutement des personnels des lycées et collèges.
Les IPR-IA, en dehors de l'évaluation des personnels et des
établissements sont chargés de contrôler le respect des
objectifs, des instructions et des programmes ainsi que les examens. Ils
doivent également animer, impulser, suivre les projets et les actions
innovantes des personnels et des établissements.
Parmi les IPR-IA, on distingue :
- les IPR-IA disciplinaires, exerçant leur mission d'inspecteur
dans une discipline enseignée en collège ou en lycée ;
- les IPR-IA établissements et vie scolaire qui suivent notamment
les conseillers principaux d'éducation, les professeurs documentalistes,
les chefs d'établissement et la vie des établissements du second
degré.
Les inspecteurs d'académie, directeur des services
départementaux de l'éducation nationale
Créée par le décret du 10 septembre 1979, la
fonction d'IA-DSDE, est accessible aux seuls membres du corps des inspecteurs
d'académie et ce statut a été modifiée en 1990.
L'accès à cette fonction est réservé aux IPR-IA
titulaires et dans la limite de 5 % de l'effectif du corps, à des
administrateurs civils ayant une ancienneté de fonction dans
l'éducation nationale.
Les IA-DSDEN sont chargés de piloter le système éducatif
dans leur département, de la maternelle au lycée pour favoriser
les conditions d'accès à la qualification et à l'insertion
professionnelle des élèves. Ils coordonnent les actions des
inspecteurs de l'éducation nationale, des chefs d'établissement
et des responsables des services de l'inspection académique pour la
définition et la mise en oeuvre d'une politique départementale,
en adaptant les objectifs nationaux et les orientations académiques aux
particularités du contexte local.
Devant la commission, le ministre de l'éducation nationale a
souhaité renforcer la coordination entre les différents niveaux
d'enseignement en organisant les rectorats en bassins d'éducation. Selon
le ministre, il s'agit de mettre fin à la politique du
" mille-feuilles " pratiquée par certains inspecteurs adjoints
d'académie, où chacun s'occupe d'un niveau d'enseignement sans se
préoccuper de développer une cohérence entre les
formations dispensées à l'école, au collège et au
lycée.
L'organisation du rectorat en bassins d'éducation est actuellement
expérimentée dans quatre académies, chaque bassin
étant placé sous l'autorité d'un inspecteur
d'académie adjoint qui coordonne tous les niveaux d'enseignement du
bassin ; il est également le correspondant du sous-préfet
pour entretenir un lien avec le tissu économique local.
Cette évolution du rôle de l'inspection académique dans le
sens d'une meilleure coordination de l'ensemble des moyens d'enseignement
devrait favoriser à terme une meilleure gestion des enseignants. C'est
dans le périmètre des bassins d'éducation que pourrait par
exemple s'organiser le système de remplacement, ou encore se
développer la mutualisation des options entre les établissements.
Devant la commission, le secrétaire général du SNALC a
dénoncé ces expériences qui risquent selon lui de se
traduire par "
un embrigadement de l'éducation, de la maternelle
à la terminale incluse
".
La commission d'enquête, tout en partageant ce souci d'une meilleure
coordination, estime que celle-ci ne devrait pas porter atteinte au
caractère départemental de l'organisation
académique.
d) Le rôle des inspections générales.
Les deux
inspections générales se partagent le contrôle du
système éducatif.
L'inspection générale de l'éducation nationale
Les compétences de l'IGEN s'exercent en premier lieu à travers
les évaluations des personnels, des enseignements, des
établissements et de l'ensemble du système de l'éducation.
A ce titre, l'inspection générale participe à
l'organisation des concours de recrutement, intervient dans les
procédures de titularisation, le déroulement des carrières
-définition des postes à profil, coordination de la notation au
niveau national, promotion interne- et enfin, elle participe aux conseils
d'administration des grands organismes du système d'éducation.
Elle intervient également dans la gestion des personnels enseignants
à travers la rédaction de nombreux rapports remis au ministre.
Mme Geneviève Becquelin, doyen de l'IGEN, a cependant
estimé, devant la commission, que le suivi de ces rapports et la mise en
oeuvre de leurs propositions étaient souvent lents, ou en tout cas
différés dans le temps, ce qui témoigne de la
difficulté à faire évoluer tant les personnes que les
procédures au sein de l'éducation nationale. Elle a ainsi
évoqué les difficultés rencontrées pour mobiliser
les acteurs de terrain, dont les enseignants, en fonction des chantiers ouverts
par le ministre et pilotés par l'inspection générale.
Au sein de l'inspection générale, le groupe
" établissement et vie scolaire " composé de
trente inspecteurs généraux, relayés par les IPR-vie
scolaire, assure un suivi de la carrière des chefs
d'établissement mais ne semble pas disposer de suffisamment de moyens
pour encadrer et suivre l'ensemble des établissements.
L'IGEN compte 156 postes d'inspecteurs généraux qui
étaient tous pourvus en 1999.
L'inspection générale de l'administration de
l'éducation nationale
est un corps de contrôle qui a la charge
de vérifier pour le compte du ministre, le respect de la norme
administrative, financière et fonctionnelle par les différents
services de l'éducation nationale. Elle n'a pas vocation à porter
un jugement sur l'acte pédagogique, mais elle contrôle tout ce qui
concourt au fonctionnement général du système
éducatif.
L'IGAEN est composée de 80 inspecteurs, assistés d'une
quinzaine de chargés de mission, répartis en sept groupes
territoriaux, chaque groupe couvrant quatre ou cinq académies.
Chaque année, elle établit un rapport de suivi pour les
trois niveaux concernés -établissements scolaires,
établissements d'enseignement supérieur et services
académiques- à partir d'échantillons visités.
Elle effectue également des missions ponctuelles en cas de
dysfonctionnement, pour analyser les problèmes et pour proposer des
solutions.
Enfin, l'IGAEN examine chaque année un certain nombre de thèmes
précis que le ministre lui demande de traiter, et elle est
également sollicitée pour examiner le bien fondé et la
faisabilité d'une politique que le ministre souhaite voir mettre en
oeuvre sur un sujet particulier.
2. Un sous-encadrement des établissements
a) Le manque de moyens des chefs d'établissement
Comme il
a déjà été indiqué plus haut, les chefs
d'établissement constituent l'élément essentiel du
système éducatif. Si leurs responsabilités se sont
considérablement accrues, ils restent très isolés et ne
disposent pas d'équipes administratives suffisamment
développées.
En principe, le chef d'établissement est secondé directement par
deux personnes, qu'il ne choisit pas : un adjoint (sauf dans les
petits établissements), qui appartient au corps des personnels de
direction, et en charge de l'ensemble des tâches pédagogiques,
éducatives et administratives ; un gestionnaire, également
connu sous le nom " d'intendant " lorsqu'il possède en
même temps la qualité d'agent comptable, qui assure les
tâches de gestion matérielle et financière.
Cette structure de direction de l'établissement se réduit donc
à trois personnes et se révèle souvent insuffisante
pour assumer des tâches administratives (gestion des élèves
et des personnels, examens, actes administratifs) et financières
(budget, services annexes de demi-pension et de pension, gestion des fonds
sociaux, de la vie lycéenne et d'animation) devenues très
complexes et que la mise en place de systèmes informatiques uniformes
n'a guère allégées.
L'équipe de direction doit également pouvoir consacrer le temps
nécessaire aux relations avec les autorités académiques et
la collectivité territoriale dont relève l'école ou
l'établissement.
Afin de renforcer la cohésion de l'équipe de direction, la
commission souhaiterait notamment que le chef d'établissement puisse au
moins formuler un avis lors du recrutement de ses proches
collaborateurs.
b) Des personnels ATOS en nombre insuffisant
La
commission tient d'abord à souligner le rôle essentiel de ces
personnels pour le bon fonctionnement des établissements et l'importance
d'une telle présence adulte pour les élèves.
Sur les 164.000 personnels administratifs présents dans les
services académiques, 140.000 sont implantés dans les
établissements scolaires du second degré, parmi lesquels 94.850
sont des personnels ouvriers et de service, chargés de l'entretien de
l'établissement.
Compte tenu d'une politique très restrictive de création de
postes, il a fallu procéder à des redéploiements entre
académies. Depuis le vote de la loi de finances pour 1998, des emplois
ATOS ont été créés dans les
établissements : 620 emplois ont ainsi été
créés par les deux dernières lois de finances.
Devant la commission, M. Claude Allègre, ministre de
l'éducation nationale, a souligné le nombre insuffisant des ATOS
dans les établissements scolaires.
Cette insuffisance de moyens appelle peut-être, selon la commission,
d'autres solutions que strictement budgétaires, même si celles-ci
sont nécessaires.
La gestion des personnels ATOS est, en effet, rendue difficile en raison du
transfert de compétences aux collectivités locales en
matière de constructions scolaires. Ces collectivités ayant
consenti des efforts financiers considérables en ce domaine, protestent
contre l'insuffisance des moyens de l'Etat pour assurer l'entretien des
bâtiments scolaires. Toute évolution sur le statut ou le mode de
recrutement des ATOS constitue par ailleurs des points très sensibles
dans les discussions avec les organisations syndicales.
La commission estime qu'il conviendrait sans doute de rationaliser la gestion
de ces personnels au niveau académique en favorisant la mutualisation
des moyens entre plusieurs établissements. L'expérimentation des
équipes mutualisées d'ouvriers professionnels constitue à
cet égard une expérience intéressante qui mérite
d'être développée.
Elle considère qu'il faudrait encourager le recours à la
sous-traitance pour certaines missions, comme la restauration ou
l'hébergement. Une mission est en cours pour étudier le
développement des formules d'externalisation.
Enfin, le ministre a indiqué à la commission qu'il
étudiait des formules de contractualisation avec les
collectivités territoriales, afin que ces dernières participent
au recrutement de personnels ATOS supplémentaires.
La commission estime qu'une telle réflexion ne devrait s'engager qu'avec
toutes les précautions souhaitables et dans la plus large concertation
avec les parties concernées.
c) Une insuffisance préoccupante des personnels médico-sociaux
Compte
tenu des difficultés nées de la précarité
auxquelles sont confrontés de nombreux établissements, on
constate une insuffisance des postes médico-sociaux. On ne
dénombre en effet qu'un médecin scolaire pour
10.000 élèves, qu'une assistante sociale pour quatre ou cinq
établissements, et on peut constater que de nombreux
établissements du second degré ne disposent pas d'une
infirmière.
Devant la commission, le ministre de l'éducation nationale a
estimé qu'un renforcement de l'encadrement médical et social des
établissements était indispensable, même si celui-ci a
été amorcé par la création de 1000 emplois
d'infirmières et d'assistantes sociales et de 30 emplois de
médecins scolaires en 1999.
3. Un sous-encadrement des administrations déconcentrées
a) Des interrogations sur la mise en oeuvre du mouvement déconcentré
La
commission a pu constater que l'administration déconcentrée avait
perdu 1.500 postes administratifs au cours des quinze dernières
années.
Dans le même temps, les tâches de gestion ont été
fortement déconcentrées, ce qui a nécessité des
redéploiements de postes et surtout une informatisation des
procédures de gestion.
Lors de ses déplacements dans les académies, la commission s'est
inquiétée de la capacité des rectorats à
gérer les nouvelles tâches qui vont résulter de la
déconcentration du mouvement : cette opération suppose en
effet l'implantation dans les services académiques, mais aussi dans les
établissements, de nouveaux matériels informatiques et surtout la
présence de techniciens, d'informaticiens et de gestionnaires de
réseaux.
Ainsi, une dotation supplémentaire de 30 millions de francs au
titre des crédits informatiques a été affectée aux
recteurs, à charge pour eux de l'utiliser en fonction de leurs besoins,
notamment pour équiper en priorité les établissements
d'équipements informatiques avec accès au réseau
Internet.
b) Une mise en place incertaine du contrôle financier local des emplois
Actuellement, l'une des raisons majeures qui explique que l'on
ne
puisse pas mettre en place un contrôle national des emplois tient
à l'incompatibilité constatée entre les systèmes
informatiques des ministère des finances et de l'éducation
nationale.
Comme il a été dit précédemment, les services
académiques et les rectorats ne peuvent pas donner au contrôleur
financier déconcentré les informations permettant d'opérer
un véritable contrôle national des emplois, ce dernier ne pouvant
être effectué qu'a posteriori.
La mise en place du contrôle financier des emplois est un projet
ambitieux et complexe qui suppose un investissement en moyens informatiques et
en formation considérable de la part des services extérieurs du
ministère de l'éducation nationale.
En 1999, l'objectif est en effet d'obtenir que tous les services
déconcentrés établissent systématiquement leur
situation mensuelle pour la transmettre en temps utile aux contrôleurs
financiers régionaux.
Plus généralement, les données transmises par les services
des rectorats ne le sont pas dans des conditions exploitables, alors que les
académies sont théoriquement dans l'obligation de produire une
situation mensuelle depuis le 1
er
janvier 1999.
S'agissant du contrôle juridique, la procédure n'est pas encore
totalement finalisée, malgré plusieurs réunions de groupes
de travail depuis 1997, notamment sur la sélection des actes devant
faire l'objet d'un contrôle a priori et la délivrance des visas.
La réflexion doit se poursuivre en 1999 pour examiner la
faisabilité d'un visa informatisé intervenant directement dans
les bases de gestion. Cette procédure ferait, certes, gagner du temps,
mais elle est source de difficultés sur le plan juridique.
En raison de ces échéances et de ces enjeux, on peut s'interroger
sur les capacités des services déconcentrés de
l'éducation nationale à assumer ces nouvelles tâches,
compte tenu notamment de la qualification de leurs personnels. Cette
étape essentielle, pour avoir une vision en temps réel des
effectifs de l'éducation nationale, suppose qu'un effort important soit
consenti pour la formation des personnels au niveau des rectorats.
CHAPITRE III :
LES RIGIDITÉS DU
SYSTÈME NÉCESSITENT UN RECOURS EXCESSIF À DES VARIABLES
D'AJUSTEMENT QUI RENDENT ENCORE PLUS COMPLEXE LA GESTION DU SYSTÈME
ÉDUCATIF
En
raison notamment d'une mauvaise appréhension des besoins, d'une
programmation peu rigoureuse des recrutements de personnels titulaires, des
rigidités statutaires résultant des obligations de service des
enseignants et d'une excessive spécialisation disciplinaire dans le
second degré, l'éducation nationale est contrainte de recourir
à des éléments de souplesse qui apparaissent comme autant
de variables d'ajustement.
Il s'agit essentiellement des maîtres auxiliaires, des vacataires, des
heures supplémentaires et aussi, depuis deux ans, des emplois jeunes
occupant les fonctions d'aides éducateurs.
Le recours excessif à certaines de ces variables, et le poids qu'elles
représentent en terme d'effectifs - avec des perspectives de
consolidation que la commission d'enquête ne peut ignorer - risquent
d'être à l'origine de dysfonctionnements différés et
d'alimenter encore davantage la dérive traditionnelle du budget de
l'éducation nationale.
I. LES MAÎTRES AUXILIAIRES : UNE FORMULE D'AJUSTEMENT COMMODE MAIS UNE SOURCE DE DYSFONCTIONNEMENTS DIFFÉRÉS
Les
maîtres auxiliaires sont, selon le décret n°62-379 du 3 avril
1962, des personnels non titulaires de l'éducation nationale,
recrutés afin de satisfaire les besoins non couverts du système
éducatif.
En raison de la nature de leurs fonctions, les maîtres auxiliaires
peuvent, à tout moment, faire l'objet d'une mesure de licenciement, par
arrêté du recteur
3(
*
)
.
Ils sont utilisés comme un élément de souplesse permettant
aux établissements d'assurer toutes les heures d'enseignement
prévues, dans quelque discipline que ce soit et ainsi de remédier
à une programmation défaillante des concours de recrutement et
à l'insuffisance du système de remplacement.
Le recours massif aux maîtres auxiliaires résulte essentiellement
de la crise de recrutement des titulaires au cours des années 1985
à 1992. Cependant, depuis cinq ans, leur nombre a largement
diminué. Cette diminution s'explique par un double mouvement :
20.000 maîtres auxiliaires ont disparu en étant
intégrés dans la fonction publique, et près de 10.000
nouveaux maîtres auxiliaires ont été recrutés.
Il convient également de rappeler que la loi dite " Le Pors "
du 11 juin 1983 a prévu la titularisation de nombreux contractuels.
Ces personnels devaient avoir déjà travaillé pendant deux
ans à temps complet dans l'administration et être affectés
à un emploi permanent. Sous la pression du nombre, l'éducation
nationale a ainsi consolidé la situation de quelque 50.000 maîtres
auxiliaires entre 1983 et 1986. Pour être titularisés, les
maîtres auxiliaires devaient soit réussir les épreuves d'un
examen professionnel, soit être inscrits sur une liste
d'aptitude.
A. LE RÉEMPLOI MASSIF DES MAÎTRES AUXILIAIRES À LA RENTRÉE DE 1997
1. Des raisons sociales
Pour des
raisons d'abord sociales, l'actuel gouvernement a procédé
à un réemploi massif des maîtres auxiliaires à la
rentrée 1997, c'est-à-dire tous ceux qui avaient exercé
durant l'année scolaire 1996-1997, ou qui avaient obtenu une affectation
l'année précédente mais n'avaient pu être
réemployés, ou n'avaient pas pu être titularisés par
la voie des concours.
Parallèlement, le ministre de l'éducation nationale a
décidé de ne plus recourir à de nouveaux maîtres
auxiliaires, et de poursuivre son effort de titularisation.
Ce réemploi massif s'inscrit également dans la perspective de la
lutte contre le chômage, définie comme une priorité du
gouvernement. L'éducation nationale, à laquelle revient la
mission d'assurer la formation des élèves et de préparer
les étudiants au monde du travail se devait de participer activement
à l'effort national de réduction du chômage.
Au début de l'année 1997, 33.000 maîtres auxiliaires
étaient employés, 18.000 étant
rémunérés sur support budgétaire et 15.000 sur des
crédits d'heure. Durant l'année 1997, 6.300 d'entre eux ont
été titularisés.
A la rentrée 1997, 26.700 maîtres auxiliaires, désormais
tous rémunérés sur crédits d'heures, ont
été réemployés selon les indications fournies par
la direction des affaires financières de la rue de Grenelle.
Il convient toutefois de remarquer qu'une certaine incertitude subsiste sur les
effectifs réemployés. Le SNES les évalue à 25.000,
et les services du ministère du budget à 27.219.
Cette incertitude témoigne de la connaissance approximative qu'a
l'éducation nationale des effectifs de certaines catégories de
personnels, qui n'est pas de nature à en faciliter la gestion.
2. Un réemploi massif aux effets perturbateurs
Le
réemploi massif des maîtres auxiliaires a contribué
à rendre encore plus rigide la gestion du système éducatif
et s'est en fait traduit par de nouveaux dysfonctionnements.
Cette décision de réemploi a en effet figé la situation
existante, à la manière d'une photographie, selon l'expression du
directeur des personnels enseignants au ministère de l'éducation
nationale. Le nombre de maîtres auxiliaires par académie et leur
répartition par discipline correspondaient en effet aux besoins de
chaque académie à un moment donné.
Le réemploi systématique des maîtres auxiliaires qui a
été décidé sans tenir compte de l'évolution
des besoins disciplinaires a ainsi perpétué ou aggravé les
déséquilibres constatés dans certaines disciplines et
s'est traduit par une augmentation des surnombres des personnels contractuels
dans certaines matières, notamment l'histoire-géographie, la
physique et les sciences économiques et sociales, alors que d'autres
disciplines restaient déficitaires en enseignants (sciences de la vie et
de la terre, espagnol, éducation musicale, ...).
Le réemploi systématique des maîtres auxiliaires, bien
loin de répondre aux besoins actualisés des académies, a
eu ainsi des effets perturbateurs non négligeables et a conduit la
plupart des recteurs à recruter de nouveaux contractuels, en
dépit de l'interdiction posée par le ministre, pour assurer les
rentrées scolaires de 1997 et 1998.
3. Une interdiction contournée par la plupart des académies
Le
ministère de l'éducation nationale ne contrôle pas
l'utilisation de la dotation d'emplois faite à chaque académie,
et n'est donc actuellement pas en mesure de s'assurer que l'interdiction
d'employer de nouveaux maîtres auxiliaires est respectée. En
effet, le recrutement des maîtres auxiliaires se réalise au niveau
déconcentré, et constitue une prérogative des recteurs.
Au cours de l'année scolaire 1997-1998, les académies ont
diversement apprécié cette interdiction : 9 maîtres
auxiliaires ont été par exemple recrutés dans
l'académie d'Amiens, contre 114 dans l'académie de Montpellier.
S'agissant de l'année scolaire en cours, les recrutements
" clandestins " de maîtres auxiliaires ont concerné
inégalement les académies comme en témoignent les exemples
suivants :
- Lille : 81
- Amiens et Grenoble : 45
- Clermont-Ferrand : 21
- Martinique : 12
- Lyon : 2
La direction des affaires financières du ministère de
l'éducation nationale évalue ainsi qu'il suit le nombre de
maîtres auxiliaires recrutés pendant le premier trimestre de
chaque année scolaire depuis la rentrée de 1996 :
Rentrées scolaires |
Nombre de recrutements |
1996 |
1321 |
1997 |
766 |
1998 |
633 |
Si ces chiffres indiquent que le recrutement de nouveaux maîtres auxiliaires dans l'enseignement du second degré a été considérablement réduit, ils font cependant apparaître qu'environ 1.400 embauches ont été effectuées de façon illicite lors des deux dernières années, ce qui témoigne à la fois de la grande autonomie des recteurs par rapport à la " centrale " et de la nécessité de conserver une telle variable d'ajustement jusqu'à ce que plus de souplesse soit apportée dans l'utilisation des enseignants titulaires.
B. LA FIN DES MAÎTRES AUXILIAIRES : UNE FICTION ?
1. Les perspectives de titularisation par voie de concours spécifiques
Depuis
1995 ont été créés des concours spécifiques,
en plus des concours internes et externes existants, afin de faciliter la
titularisation des maîtres auxiliaires. Ces concours simplifiés ne
comportent que deux épreuves orales d'admission et ont permis à
4.295 maîtres auxiliaires d'être titularisés.
Par ailleurs, la loi du 16 décembre 1996 relative à l'emploi dans
la fonction publique et à diverses mesures d'ordre statutaire, dite
" loi Perben ", a prévu la mise en place de concours
réservés aux agents non titulaires. Son article premier dispose
que les concours réservés ne peuvent être ouverts aux
maîtres auxiliaires candidats à la titularisation que
" pour une durée maximum de quatre ans à compter de la
publication de la présente loi ".
Afin de tenir compte de leur profil, les épreuves (une épreuve
orale d'admissibilité, suivie d'une épreuve orale d'admission)
s'appuient essentiellement sur l'expérience professionnelle des
candidats.
Pour la session 1998, 3.300 postes ont été ouverts aux concours
réservés, soit 600 de plus qu'à la session
précédente. En deux ans, 5.000 maîtres auxiliaires ont
intégré la fonction publique par la voie de ces concours
réservés.
Le tableau ci-après récapitule le nombre de maîtres
auxiliaires qui ont pu être intégrés dans la fonction
publique par la voie des concours spécifiques et
réservés :
Année des concours |
Nombre de maîtres auxiliaires lauréats |
Évolution |
1993 |
3 672 |
nd |
1994 |
3 945 |
7,4 % |
1995* |
4 388 |
11,2 % |
1996 |
4 286 |
-2,3 % |
1997** |
6 323 |
47 % |
1998 |
5 524 |
-12 % |
1999 (au 1 er mars) |
5 159 |
- 6,6 % |
*
(année de création des concours spécifiques)
**
(année du premier concours réservé)
La direction des affaires financières du ministère de
l'éducation nationale estime qu'à la rentrée 2000 il ne
restera que 16.000 maîtres auxiliaires non titularisés. Les
concours spécifiques et réservés auront donc permis une
nette accélération des titularisations qui concerneront en 2000
40 % des maîtres auxiliaires réemployés en 1997.
Une telle politique de titularisation n'est cependant pas sans
conséquence pour les concours de recrutement externes et pour leurs
candidats.
2. Les conséquences pour les concours de droit commun : une rupture du principe d'égalité
Votre
commission considère qu'une titularisation par trop systématique
des maîtres auxiliaires, par la voie de concours spéciaux, est de
nature à porter atteinte, à la fois au principe
d'égalité entre les candidats et même au principe du
concours comme voie de recrutement dans la fonction publique.
En effet, chaque candidat est également admissible
" à toutes dignités, places et emplois publics,
selon sa capacité, et sans autre distinction que celle de ses vertus et
de ses talents ".
Ce principe est affirmé par la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, repris à
l'article 19 de la loi n°84-16 du 11 juin 1984 portant dispositions
statutaires relatives à la fonction publique de l'Etat.
Il est légitime de se demander si la multiplication de concours plus ou
moins exigeants au bénéfice des maîtres auxiliaires, ne
donne pas à ces derniers un avantage injustifié sur les candidats
aux concours " externes ".
Les concours, spécifiques ou réservés ne comportent en
effet que deux épreuves sous la forme d'oraux. Ces épreuves
portent sur des programmes nettement moins lourds que ceux des concours
externes et s'appuient essentiellement sur l'expérience professionnelle
des maîtres auxiliaires qui bénéficient par ailleurs d'une
préparation spécifique.
La circulaire n°91-035 du 18 février 1991 a ainsi pour objet
d'aider les maîtres auxiliaires à préparer les concours de
recrutement. Elle prévoit notamment que : "
dans chaque
académie, une aide efficace doit être apportée à la
préparation aux concours. (...) Il est possible d'imaginer des
dispositifs très variés : enseignement à distance,
télé-enseignement universitaire et formations universitaires,
supervision de travaux par un collègue, regroupement de candidats,
etc... "
.
Les maîtres auxiliaires disposent donc de certaines facilités et
de l'expérience de personnels enseignants pour préparer dans les
meilleures conditions des concours très simplifiés.
En outre, comme il a été vu, le réemploi
systématique des maîtres auxiliaires à la rentrée
1997 s'est traduit par un accroissement des surnombres fonctionnels.
Comme l'indiquait le directeur des personnels enseignants au ministère
de l'éducation nationale devant la commission, ces surnombres
contribuent à restreindre le nombre de postes ouverts aux concours
externes dans les disciplines excédentaires, et donc tendent à
pénaliser les étudiants qui se préparent à ces
concours.
La commission considère donc qu'une politique sans doute trop
bienveillante, et quelque peu systématique de titularisation des
maîtres auxiliaires est de nature à porter atteinte au principe de
l'égalité des candidats aux concours, et qu'elle a pour
conséquence un surcalibrage des concours externes qui tend à
entretenir le volant de surnombres titulaires dans certaines disciplines.
Elle souhaiterait donc que les modalités des concours
réservés aux maîtres auxiliaires ne privilégient pas
seulement l'expérience de l'ancienneté, mais permettent aussi de
s'assurer de la qualité des candidats et ne portent pas atteinte au
principe d'égalité d'accès à la fonction
publique.
3. Les obstacles à la titularisation des maîtres auxiliaires : le refus d'une mobilité dans le cadre du mouvement
Au cours
de ses déplacements dans certaines académies
particulièrement " attractives ", la commission
d'enquête a pu constater que les anciens maîtres auxiliaires
tendaient à être maintenus dans leur académie d'origine
alors que leur titularisation devrait normalement avoir pour conséquence
de les intégrer dans le mouvement des enseignants du second degré.
C'est ainsi que le rectorat de la Corse invite ses maîtres auxiliaires
à passer les divers types de concours et qu'il tente de les maintenir
dans l'académie afin de pallier la faiblesse du volant de titulaires
remplaçants ; dans le cadre du mouvement déconcentré,
le souci du rectorat est d'affecter le maximum de titulaires sur des postes
à l'année et de réserver les maîtres auxiliaires au
remplacement.
Dans l'académie de la Guadeloupe, le réemploi systématique
des 400 maîtres auxiliaires a privé le rectorat de tout
élément de souplesse et l'a contraint à recourir à
des vacataires.
La commission a pu constater que les effets de la titularisation au regard du
mouvement avaient un effet dissuasif pour les maîtres auxiliaires qui
seraient tentés de passer le concours mais qui souhaitent rester dans
leur académie : dans la réalité, les 72
lauréats admis aux derniers concours sont restés en Guadeloupe.
Ce souci de rester dans l'académie s'est traduit également par
une forte demande de congé formation destiné à permettre
une réorientation disciplinaire sur 400 maîtres auxiliaires,
25 % d'entre eux ont demandé le bénéfice de ce
congé formation.
Dans l'académie de la Martinique, les maîtres auxiliaires qui
réussissent les concours restent affectés dans l'académie
pour la première année qui suit leur titularisation.
Afin d'assurer une égalité entre les lauréats des
concours, la commission souhaiterait que les maîtres auxiliaires soient
intégrés dans le mouvement dès leur titularisation.
4. Les maîtres auxiliaires " structurels "
Selon
les estimations du SNES, 7.000 à 8.000 maîtres auxiliaires ont
plus de dix ans d'ancienneté, ce syndicat réclamant pour ces
personnels une équivalence CAPES et une formation complémentaire
en IUFM.
Votre commission considère que cette revendication est
irréaliste. En effet, l'ancienneté même de ces
maîtres auxiliaires ne saurait justifier à elle seule une
intégration dans la fonction publique enseignante même si elle
peut témoigner d'une certaine expérience pédagogique.
Par ailleurs, ce volant de maîtres auxiliaires " structurels "
recouvre aussi bien les personnels non titulaires qui échouent aux
concours de titularisation, que ceux qui ne s'y présentent jamais afin
notamment de conserver leur affectation.
Certains des interlocuteurs de la commission se sont interrogés sur
l'opportunité de maintenir dans l'éducation nationale des
contractuels qui avaient plusieurs fois échoué aux concours, en
dépit de l'aide à la préparation qui leur est
accordée, et qui ne manifesteraient pas des capacités suffisantes
pour assurer une fonction d'enseignant.
Reconnaissant la difficulté de certains maîtres auxiliaires
à se présenter avec succès aux divers concours de
recrutement, le ministre de l'éducation nationale a indiqué
à la commission que ces personnels pourraient se voir offrir la
possibilité de suivre une formation complémentaire en
IUFM.
C. UNE UTILISATION TRÈS DIVERSE QUI DOIT ÊTRE CONTRÔLÉE
La décision de réemployer tous les maîtres auxiliaires à partir de la rentrée 1997 a contribué à créer des surnombres disciplinaires qui ont été affectés à des activités non prévues par les textes réglementaires.
1. Des affectations pourtant définies avec précision
Aux
termes de l'article 1er du décret du 3 avril 1962, les maîtres
auxiliaires sont "
chargés par les recteurs, à titre
essentiellement précaire, soit :
- d'assurer l'intérim d'un emploi vacant de professeur titulaire ;
- d'assurer la suppléance d'un professeur en congé de maladie ou
de maternité ;
- de donner pendant tout ou partie de l'année scolaire un enseignement
constituant un service incomplet ;
- ou d'assurer un service complet d'enseignement constitué par un
groupement d'heures supplémentaires. "
Dans la réalité, une grande majorité des maîtres
auxiliaires sont affectés aux tâches prévues par ce
décret.
Ainsi, dans l'académie de Strasbourg qui compte 463 maîtres
auxiliaires, 304 sont nommés sur des postes vacants et 140 sont
affectés à des remplacements.
D'après les indications nationales fournies par le SNES, 40 % des
maîtres auxiliaires seraient affectés sur des postes vacants,
essentiellement dans les disciplines professionnelles, et 60 % seraient
rattachés à des établissements dans l'attente de
suppléance.
2. Des affectations plus contestables
Lors de
son déplacement dans l'académie de Strasbourg, la commission a
constaté que 26 % des maîtres auxiliaires n'étaient
affectés ni sur des postes vacants, ni à des tâches de
remplacement mais bénéficiaient de diverses formations.
Dans plusieurs académies, elle a pu également observer des
situations non visées par le décret de 1962.
De nombreux maîtres auxiliaires ne sont pas employés dans des
activités d'enseignement mais participent à des tâches
d'animation, de surveillance, d'encadrement ou de formation de l'équipe
pédagogique dans le domaine des nouvelles technologies notamment.
On lui a par ailleurs indiqué que certaines de ces fonctions ne
correspondaient pas à une occupation effective ou n'occupaient ces
personnels que quelques heures par semaine.
D'autres maîtres auxiliaires sont nommés dans des
établissements où ils sont en surnombre fonctionnel et n'ont donc
pas la possibilité d'enseigner. D'après les informations qui ont
été communiquées à la commission, certains
personnels non titulaires resteraient sans affectation ou sans mission
réelle. Dans certaines académies, ces maîtres auxiliaires
sont priés de rester chez eux, dans l'attente d'une vacance de poste.
Votre commission tient à dénoncer cette situation qui est
inacceptable, à la fois pour les personnels qui finissent par se
démotiver et douter de leur utilité, quand ce n'est pas de leur
compétence, et pour le système éducatif lui-même
dans la mesure où de tels phénomènes
génèrent d'importants gaspillages et renforcent le malaise des
autres enseignants, et notamment des titulaires.
3. Un nécessaire contrôle
Deux
autorités seraient à même de contrôler plus
efficacement l'utilisation qui est faite des maîtres auxiliaires. Il
s'agit des recteurs et des chefs d'établissement.
Les recteurs sont compétents pour recruter les maîtres auxiliaires
et décider de leur affectation sur des postes vacants ou de leur
rattachement à un établissement pour effectuer des remplacements.
Les recteurs doivent mettre en oeuvre une gestion prévisionnelle des
besoins des établissements afin d'utiliser au mieux les maîtres
auxiliaires réemployés depuis 1997. Il leur revient notamment de
veiller à ne pas recruter de contractuels qui ne disposent pas d'un
niveau de qualification leur permettant de s'inscrire aux concours. Ces
pratiques, observées encore récemment dans l'académie de
Reims, selon ce que le SNES a indiqué à la commission, seraient
en effet de nature à renforcer le volant de maîtres auxiliaires
" structurels ".
Certains recteurs ont au contraire tenté d'améliorer
l'utilisation des maîtres auxiliaires. Ils ont ainsi
développé des initiatives, qui tendent à la fois à
optimiser le système de remplacement et à donner une
activité aux maîtres auxiliaires inoccupés.
Dans l'académie de Versailles, les maîtres auxiliaires sont ainsi
encouragés à satisfaire les besoins de remplacement dans des
matières qui ne sont pas les leurs, mais qui appartiennent au même
champ disciplinaire, tel qu'il est défini par les inspecteurs
pédagogiques régionaux. C'est le cas notamment de personnels qui
ont été recrutés pour enseigner en technologie et qui sont
susceptibles d'assurer des remplacements en physique.
Les chefs d'établissement ont également un rôle essentiel
à jouer pour améliorer l'utilisation qui est faite des
maîtres auxiliaires.
La commission d'enquête a pu cependant remarquer, notamment lors de son
déplacement dans l'académie de la Guadeloupe, que certains chefs
d'établissement qui disposent de personnels non titulaires en surnombre
disciplinaire ne sont pas disposés à les céder à
d'autres établissements qui ont pourtant des besoins de remplacement.
Elle considère que les chefs d'établissement ont ainsi une
vocation à définir des tâches pour ces maîtres
auxiliaires en fonction des besoins de leur établissement : l'aide
individualisée aux élèves en difficulté ou la
prévention du développement de la violence en milieu scolaire
entrent à l'évidence dans ces tâches nouvelles.
II. LE RECOURS À D'AUTRES CATÉGORIES DE NON TITULAIRES
Depuis
1997, les recteurs ont largement recours aux vacations pour satisfaire les
besoins de remplacement de leur académie ou pour assurer certaines
heures d'enseignement.
Cette variable d'ajustement souple et souvent efficace n'induit pas de
nouvelles rigidités dans la gestion des personnels.
Cette formule n'est cependant pas exempte de défauts qui doivent inciter
les académies à encadrer l'utilisation des vacataires.
Enfin, pour tourner l'interdiction de recruter de nouveaux maîtres
auxiliaires, les rectorats utilisent largement, en la détournant de sa
vocation, la formule des professeurs contractuels prévue à
l'origine pour certaines disciplines technologiques ou
professionnelles.
A. DU FAIT DE L'INTERDICTION DE RECRUTER DE NOUVEAUX MAÎTRES AUXILIAIRES
Depuis l'interdiction de procéder à de nouveaux recrutements de maîtres auxiliaires, l'éducation nationale a tenté de retrouver une certaine souplesse de gestion en ayant recours à d'autres variables d'ajustement, tels que les professeurs contractuels et les vacataires.
1. Les professeurs contractuels : un détournement de la formule
L'article 1er du décret n° 81-535 du
12 mai
1981 prévoit que :
" lorsque dans les
établissements publics locaux d'enseignement et les
établissements de formation relevant du ministère chargé
de l'éducation nationale, des emplois de professeur n'ont pu être
pourvus par des maîtres titulaires de l'enseignement du second
degré, les recteurs d'académie peuvent recruter des professeurs
contractuels ".
Les professeurs contractuels ne peuvent être affectés que sur des
postes vacants de professeurs du second degré. Ils sont recrutés
par contrat pour la durée de l'année scolaire, ou pour une
durée maximale de trois ans, renouvelable par reconduction expresse,
s'ils doivent assurer un service d'enseignement dans les disciplines
technologiques et professionnelles.
Ces personnels peuvent dans un premier temps bénéficier d'un
contrat spécial d'un mois en vue d'effectuer un stage d'initiation
préalable à la signature d'un contrat de recrutement.
Enfin, les deux premiers mois pendant lesquels ils exercent leurs fonctions
sont considérés comme une période d'essai pendant laquelle
tout licenciement prononcé ne peut donner lieu à un
préavis ni au versement d'une indemnité.
La direction des affaires financières du ministère de
l'éducation nationale évalue le nombre des professeurs
contractuels à 1 674 pour l'année scolaire 1997-1998. La
répartition de ces personnels est présentée dans le
tableau suivant :
RÉPARTITION DES PROFESSEURS CONTRACTUELS
POUR
L'ANNÉE SCOLAIRE 1997-1998
AFFECTATION |
NOMBRE DE PROFESSEURS CONTRACTUELS |
PROFESSEUR DU SECOND DEGRÉ
|
1 662 |
FORMATION PROFESSIONNELLE
|
12 |
TOTAL |
1 674 |
Source : « le contrôle national des
emplois
1997-1998 »,
Direction des affaires financières.
L'utilisation qui est faite de ces personnels est relativement comparable
à celle des maîtres auxiliaires. Leurs statuts sont d'ailleurs
très proches.
De plus, le décret du 12 mai 1981 prévoit une condition
restrictive : les professeurs contractuels doivent être
âgés d'au moins 35 ans afin de pouvoir justifier d'une certaine
expérience professionnelle.
En effet, la catégorie des professeurs contractuels a été
créée afin de pourvoir les disciplines technologiques et
professionnelles pointues qui accueillent un faible nombre
d'élèves et qui ne donnent pas lieu à l'organisation de
concours de recrutement.
Depuis 1997, cet objectif a été largement détourné
et ces personnels sont plus fréquemment recrutés dans des
disciplines générales.
Le nombre de professeurs contractuels
est ainsi passé de 1.210 à la rentrée 1996 à 1.674
à la rentrée 1997 et à 4.657 à la rentrée
1998, soit un quasi triplement des effectifs entre 1996 et 1998.
Les besoins d'enseignement des disciplines professionnelles ne suffisent pas
à justifier une telle augmentation qui ne s'explique que par
l'interdiction faite aux rectorats de recruter de nouveaux maîtres
auxiliaires.
2. Les vacataires
Créés par le décret n° 89-497 du
12 juillet 1989, les vacataires constituent un autre élément
de souplesse dans la gestion des personnels du second degré et ont pour
fonction, selon la circulaire n° 89-320 du 18 octobre 1989,
" d'assurer, dans les meilleures conditions, la couverture des besoins
d'enseignement ".
La gestion des vacataires est déconcentrée au niveau des recteurs
et des chefs d'établissement, ce qui doit garantir la meilleure
adéquation entre les besoins pédagogiques et les moyens
financiers du système éducatif.
Ces personnels sont recrutés par les chefs des établissements
publics locaux d'enseignement et des établissements de formation
relevant du ministère de l'éducation nationale pour satisfaire
" des besoins occasionnels ou temporaires d'enseignement ".
Il leur incombe
" dans la limite des moyens financiers dont ils
disposeront à cet effet, de recourir aux moyens très souples que
leur donne la nouvelle réglementation, non seulement pour pallier les
inconvénients résultant du sous-remplacement des professeurs
absents pour une courte durée, mais également pour assurer, dans
certains cas, un ou des groupements d'heures d'enseignement qui n'auraient pu
être dispensées tout au long de l'année scolaire, dans le
cadre de la réglementation existante ".
Ces personnels sont rémunérés à la vacation selon
un taux fixé par arrêté conjoint des ministres
chargés de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports,
du budget et de la fonction publique. Les crédits nécessaires au
financement des vacations sont imputés sur le chapitre budgétaire
31-95.
La circulaire du 18 octobre 1989 précise qu'il appartient aux recteurs
de dégager, sur les moyens qui leur ont été
délégués, les crédits nécessaires aux chefs
d'établissement pour faire appel à des agents vacataires, en
raison notamment de la structure pédagogique ou de l'implantation
géographique de leur établissement.
Cette gestion déconcentrée laisse une large marge de manoeuvre
aux recteurs et plus particulièrement aux chefs d'établissement
dans l'utilisation des vacataires. Cette souplesse explique le
développement et le succès de cette variable d'ajustement.
De nombreuses académies ont désormais fréquemment recours
aux vacataires. Ainsi, pour l'année scolaire en cours, l'académie
d'Amiens a recruté 660 vacataires, celle de Versailles 331, celle de
Nantes 299 et celle d'Orléans-Tours 250.
B. LES CONDITIONS D'UNE EXPÉRIENCE RÉUSSIE : L'EXEMPLE DE L'ACADÉMIE DE LYON
1. Une sélection des vacataires
D'après les indications fournies à la commission
par
le recteur Bancel, les vacataires recrutés dans l'académie de
Lyon sont sélectionnés en vertu de critères plus stricts
que ceux définis par la réglementation.
L'article 2 du décret du 12 juillet 1989 prévoit que
" les agents vacataires doivent justifier d'un titre ou diplôme
sanctionnant au moins trois années d'études après le
baccalauréat. Toutefois, en l'absence de candidats justifiant des
compétences requises, les agents vacataires doivent justifier, à
titre exceptionnel, d'un titre ou diplôme sanctionnant au moins deux
années d'études après le baccalauréat ou, pour les
disciplines technologiques et professionnelles, attester d'une
expérience professionnelle antérieure. "
Afin que les vacataires puissent constituer une réponse parfaitement
adaptée aux difficultés auxquelles sont confrontés les
chefs d'établissement, l'académie de Lyon privilégie le
recrutement d'étudiants avancés dans leurs études, qui
préparent une maîtrise ou suivent déjà un
troisième cycle.
Ces étudiants sont souvent recommandés par les présidents
d'université ou le directeur de l'école normale supérieure.
Le recteur de l'académie de Lyon a ajouté que ces
étudiants pouvaient voir leur contrat interrompu sans préavis
s'ils ne paraissaient pas aptes à enseigner.
2. Des candidats se destinant à l'enseignement
La
motivation des candidats à la fonction de vacataire apparaît en
fait aussi importante que leur niveau de qualification.
L'académie de Lyon recrute en priorité des étudiants qui
se destinent à l'enseignement. Le recteur a indiqué que la
principale différence entre un maître auxiliaire et un vacataire,
étudiant de troisième cycle ou en maîtrise, était
que ce dernier
" a encore l'ambition de réussir un concours
d'enseignement. "
Cette motivation explique le succès des vacataires dans cette
académie. Les étudiants acquièrent ainsi une
première expérience professionnelle, et l'éducation
nationale dispose de personnels qualifiés et motivés, et qui sont
particulièrement appréciés des élèves et des
familles.
Dans l'académie de Lyon, les vacataires constituent donc une variable
d'ajustement très souple et efficace et sont utilisés
indifféremment pour assurer un bref remplacement ou pour pourvoir un
poste vacant -trois vacataires étant alors nécessaires pour une
obligation de service de 18 heures.
C. LES RÉSERVES FORMULÉES À L'ÉGARD DES VACATAIRES
1. L'absence de formation pédagogique
Contrairement aux dispositions applicables aux professeurs
contractuels, le décret du 12 juillet 1989 ne prévoit aucune
formation pour les vacataires.
L'absence de formation des vacataires peut, selon certaines organisations
syndicales, poser de réelles difficultés au regard de la mission
pédagogique qui leur est confiée.
Le secrétaire général du syndicat des enseignants estime
ainsi que les vacataires
" quelles que soient leurs qualités
n'ont pas les compétences et ne sont pas formés pour venir en
aide aux élèves ou les prendre en charge, particulièrement
dans les endroits les plus difficiles ".
2. Un service limité à 200 heures
La
durée de service des agents vacataires ne peut excéder un maximum
de 200 heures de vacation pour une année scolaire dans un ou plusieurs
établissements.
La circulaire du 18 octobre 1989 impose ainsi aux chefs d'établissement
" un décompte rigoureux de l'ensemble des heures assurées
dans le cadre de l'année scolaire, notamment dans l'hypothèse
où plusieurs établissements recourent à un même
agent vacataire ".
La limitation de la durée de vacation, strictement définie, n'est
assouplie que dans la mesure où le maximum annuel de 200 heures de
vacation
" peut être utilisé sous diverses formes, selon
les besoins propres à chaque établissement ".
La variable d'ajustement que constituent les vacataires trouve ici sa limite.
Le nombre d'heures de vacation autorisé par année scolaire ne
permet pas d'assurer les obligations de service annuelles d'un enseignant,
à moins d'affecter plusieurs vacataires sur un poste vacant.
Les vacataires ne peuvent donc être que des personnels d'appoint,
utilisés pour répondre à des besoins ponctuels,
c'est-à-dire à des remplacements de moyenne durée.
La commission d'enquête envisagerait avec faveur un développement
de cette formule qui permet aux recteurs de retrouver une certaine marge de
manoeuvre sans alimenter la traditionnelle dérive du budget de
l'éducation nationale.
Elle souhaiterait cependant un recrutement plus sélectif
privilégiant les vacataires se destinant à l'enseignement,
assorti d'une courte formation pédagogique dispensée hors de leur
horaire d'enseignement.
III. UNE VARIABLE TRADITIONNELLE : LES HEURES SUPPLÉMENTAIRES
Les heures supplémentaires constituent un élément de souplesse essentiel au bon fonctionnement du système scolaire. Si leur réduction paraît souhaitable, la présence d'un volant minimum reste indispensable afin d'assurer l'adéquation entre les moyens d'enseignement et les besoins.
A. LES DIVERSES CATÉGORIES D'HEURES SUPPLÉMENTAIRES
Selon la
circulaire du 17 novembre 1950,
" un fonctionnaire effectue un service
supplémentaire lorsque, au cours d'une semaine, le nombre d'heures
effectuées est supérieur à celui dont sont redevables les
fonctionnaires de son grade ".
Ce service supplémentaire est
recensé sous forme d'heures supplémentaires. Il en existe trois
grandes catégories.
Les crédits d'heures supplémentaires sont inscrits au chapitre
budgétaire 31-95 du budget de l'enseignement scolaire et sont
alloués sous forme d'heures supplémentaires années (HSA),
d'heures supplémentaires effectives (HSE) et d'heures
supplémentaires spécifiques.
La dotation initiale du chapitre budgétaire 31-95 permettant de
rémunérer les heures supplémentaires d'enseignement
s'élevait en 1997 à 6,2 milliards de francs. Elle a
été ramenée à 5,6 milliards de francs en 1998
et s'établit à 5,1 milliards de francs en 1999.
1. Les heures supplémentaires années
Les HSA
permettent de rémunérer les personnels dont le nombre d'heures
d'enseignement effectuées durant toute l'année scolaire est
supérieur à celui dont ils sont redevables au titre de leurs
obligations de service. Elles représentent près de 90 % des
heures supplémentaires effectuées par les enseignants et leur
moyenne hebdomadaire est de 1,4 heure.
Les HSA sont calculées en divisant le traitement moyen par le maximum de
service réglementaire (généralement 15 ou 18 heures), le
résultat de cette opération est affecté depuis le
1
er
septembre 1998 d'un coefficient tenant compte de la durée
des vacances d'été.
2. Les heures supplémentaires effectives
Les HSE correspondent aux heures supplémentaires effectuées temporairement, lors de suppléances d'enseignants provisoirement absents, et permettent également de rémunérer les enseignants chargés des travaux dirigés.
3. Les heures supplémentaires spécifiques
Ces heures supplémentaires consistent en actions particulières effectuées par les enseignants en dehors de leurs obligations de service. Il s'agit notamment des heures d'interrogation dans les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), des heures consacrées à l'élaboration et à la mise en oeuvre du projet d'établissement, des cours et vacations supplémentaires.
4. La répartition et l'utilisation des heures supplémentaires
Les
heures supplémentaires représentent plus de
710 000 heures en équivalences HSA.
La direction des affaires financières du ministère de
l'éducation nationale évalue le nombre d'heures
supplémentaires, réalisées pendant l'année
1997-1998, à 714.749.
Pour sa part, le SNES a fourni à la commission les indications
suivantes :
Utilisation des heures supplémentaires |
Nombre d'heures supplémentaires |
Premier degré |
6 675 |
Second degré
|
710 517 |
• HSA |
532 548 |
• HSE* |
113 052 |
•
Heures supplémentaires spécifiques*
|
64 918 |
- heures d'interrogation |
36 735 |
- heures à taux spécifiques |
9 370 |
- Cours, conférences et vacations |
18 813 |
TOTAL |
717 192 |
* Ces
heures supplémentaires sont données en équivalence HSA.
Dans le second degré, les HSA constituent 74 % des heures
supplémentaires.
Ces estimations nationales ne permettent cependant pas d'apprécier la
diversité d'utilisation des heures supplémentaires selon les
académies qui y recourent en fonction de leurs besoins
spécifiques.
Le volume d'heures supplémentaires consommées varie aussi de
4 102 heures dans l'académie de Limoges, à 44 000 dans
l'académie de Rouen, et 53 745 dans l'académie de
Versailles, en équivalences HSA pour l'année 1998-1999.
De même, la répartition entre les diverses catégories
d'heures supplémentaires est très inégale selon les
académies.
Ainsi pour l'année 1998-1999, selon des sources académiques
exprimées en heures effectuées (et non en équivalence
HSA), l'académie de Montpellier a eu recours à 21,6 % d'HSA.
L'académie de Lille répartit les heures supplémentaires
qu'elle utilise de la façon suivante : 14 % d'HSA, 68 %
d'HSE et 18 % d'heures supplémentaires spécifiques.
Dans l'académie de Créteil, les heures supplémentaires
sont constituées de 11 % d'HSA, 32 % d'HSE et 57 %
d'heures supplémentaires spécifiques.
Le nombre d'heures supplémentaires déléguées dans
chaque académie est récapitulé dans le tableau
suivant :
Académies |
Heures
supplémentaires d'enseignement déléguées au
|
Aix-Marseille |
712 782 |
Amiens |
650 880 |
Besançon |
292 032 |
Bordeaux |
765 198 |
Caen |
359 694 |
Clermont-Ferrand |
217 710 |
Corse |
62 442 |
Créteil |
1 377 936 |
Dijon |
361 674 |
Grenoble |
862 |
Guadeloupe |
194 004 |
Guyane |
78 912 |
La Réunion |
405 864 |
Lille |
1 210 284 |
Limoges |
147 942 |
Lyon |
796 482 |
Martinique |
169 164 |
Mayotte |
39 996 |
Montpellier |
617 202 |
Nancy-Metz |
578 160 |
Nantes |
596 286 |
Nice |
520 506 |
Nouvelle Calédonie |
110 736 |
Orléans-Tours |
790 992 |
Paris |
437 580 |
Poitiers |
361 242 |
Polynésie française |
185 292 |
Reims |
408 456 |
Rennes |
470 556 |
Rouen |
696 402 |
Saint-Pierre et Miquelon |
5 328 |
Strasbourg |
543 510 |
Toulouse |
562 284 |
Versailles |
1 795 374 |
Wallis-et-Futuna |
5 616 |
Total |
17 391 114 |
Source : direction de l'enseignement scolaire
Ces heures supplémentaires ne sont pas décomptées en
équivalence HSA.
B. LA GESTION ET LA RÉMUNÉRATION DES HEURES SUPPLÉMENTAIRES
1. Une gestion centralisée ou déconcentrée selon leur nature
Les
heures supplémentaires spécifiques sont directement
gérées par l'administration centrale du ministère de
l'éducation nationale.
La gestion des heures supplémentaires année est de la
compétence des rectorats ainsi que celles des heures
supplémentaires effectives depuis la rentrée 1998. La
délégation qu'ils reçoivent comprend désormais les
crédits alloués aux heures supplémentaires sans
distinction entre les HSA et les HSE.
Cette délégation prend en compte à la fois les besoins de
l'académie et les qualifications des professeurs affectés dans
l'académie afin de prévoir des crédits suffisants.
Le recteur répartit ensuite, au sein des dotations horaires globales
allouées aux établissements, les crédits destinés
à financer les heures supplémentaires. Les chefs
d'établissement, pour leur part, établissent les emplois du temps
et attribuent ces heures aux enseignants en fonction du nombre de professeurs,
de leurs obligations de service et des horaires prévus dans chaque
discipline par les programmes nationaux.
La déconcentration des HSE, effective depuis le 1
er
septembre
1998, autorise une utilisation plus fine des moyens d'enseignements.
Devant la commission, le directeur des affaires financières du
ministère de l'éducation nationale, a indiqué que les
recteurs ne dépassaient pas leur délégation en
matière d'heures supplémentaires.
2. La réduction de la rémunération des heures supplémentaires
Le
décret n° 50-1253 du 6 octobre 1950 permettait de
rémunérer les HSA des enseignants du second degré sur la
base annuelle de 43 semaines.
Le décret n° 98-681 du 30 juillet 1998, qui a pris effet
à compter du 1
er
septembre 1998, réduit cette base
à 36 semaines par an, c'est-à-dire la durée de
l'année scolaire et tend ainsi à réduire la
rémunération des HSA.
Le SNES a évalué les incidences financières de cette
réforme pour les différentes catégories de personnels
enseignants du second degré, et a communiqué les chiffres
ci-après à la commission :
EFFETS DU DÉCRET DU 30 JUILLET 1998 EN ANNÉE PLEINE (en francs)
|
Maîtres auxiliaires |
Professeurs certifiés |
Professeurs agrégés |
Rémunération annuelle par heure de service |
6 903 |
9 101 |
13 044 |
Taux annuel HSA avant le décret du 30 juillet 1998 |
5 753 |
7 584 |
10 870 |
Taux annuel de l'HSA après le décret du 30 juillet |
4 779 |
6 300 |
9 030 |
Selon
ces estimations, la rémunération d'une HSA diminuerait ainsi de
17 % pour les maîtres auxiliaires, les professeurs certifiés
et les professeurs agrégés et la perte annuelle de
rémunération des enseignants serait comprise entre 10 000 et
20 000 francs selon les catégories de personnels.
Le décret du 30 juillet 1998 prévoyait par ailleurs de majorer de
6 % la rémunération des HSE : selon le SNES, cette
revalorisation est insuffisante puisqu'un enseignant devrait faire plus de 36
HSE par an pour retrouver un niveau de revenu équivalent à celui
correspondant au taux antérieur de l'heure supplémentaire
année.
Le SNES a exprimé devant la commission d'enquête son opposition
à la baisse de rémunération des HSA qui sont pour partie
imposées aux enseignants, dans le cadre de leur obligations de service,
à raison de deux heures par semaine.
Il a en particulier déploré que cette réforme revienne sur
un principe de rémunération forfaitaire des HSA fixé par
la circulaire précitée du 17 novembre 1950.
Cette circulaire indique en effet :
" il est facile dans le cas
d'un dépassement exceptionnel de déterminer exactement la partie
du service constituant un service supplémentaire (...). Il n'est est pas
de même dans le cas d'un dépassement régulier : c'est
pourquoi les heures supplémentaires annuelles sont
rétribuées au moyen d'une indemnité forfaitaire
annuelle ".
La commission tient toutefois à rappeler qu'un rapport de la Cour des
comptes, encore soumis à la contradiction, et qui a fait l'objet de
fuites dans un quotidien du soir, approuve la réforme prévue par
le décret du 30 juillet 1998, considérant que ce texte permet de
réajuster le paiement des HSA sur la réalité de
l'année scolaire fixée depuis la loi d'orientation de 1989
à 36 semaines, et stigmatise ainsi une certaine dérive dans la
gestion des heures supplémentaires.
La mise en oeuvre du décret du 30 juillet 1998 a aussi permis de
réaliser en année pleine une économie de 621 millions
de francs et a touché tout particulièrement les enseignants des
classes préparatoires pour lesquels les heures supplémentaires
constituent une partie importante de leur rémunération.
3. Les dérives constatées par la commission dans la gestion des heures supplémentaires
Au cours
de ses déplacements et de ses auditions, la commission d'enquête a
pris connaissance d'un certain nombre d'irrégularités, et plus
généralement, d'un manque de rigueur dans la gestion des heures
supplémentaires.
Outre le problème des heures supplémentaires des professeurs de
BTS précédemment évoqué, d'autres pratiques
résultent de textes obsolètes et de droits acquis. Les
documentalistes bénéficient ainsi d'heures supplémentaires
attribuées au titre " du cabinet d'histoire ".
De même, la réduction d'une heure de l'obligation de service des
enseignants, dite de " première chaire ", ouvre droit à
des heures supplémentaires. Ce dispositif était fondé sur
les sujétions spéciales résultant de l'organisation en
deux parties des épreuves du baccalauréat.
Ces dispositions ne sont pas anodines puisque l'avantage attribué au
titre de la première chaire représente, selon des informations
publiées par la presse, 200 postes équivalent temps plein dans
une académie comme celle de Rennes.
Par ailleurs, les heures supplémentaires seraient
détournées de leur vocation pour conserver, au sein de
l'éducation nationale, des personnels aux qualifications pointues qui
pourraient prétendre à une rémunération, dans le
secteur privé, supérieure à leur traitement de base.
La rente de situation dont bénéficient certains professeurs de
classes préparatoires a également été
stigmatisée. Certains enseignants doublent ainsi leur traitement de base
avec des HSA pour préparer leurs élèves aux concours. Un
professeur de l'académie de Rennes ajouterait ainsi 387 000 francs
à son traitement initial de 231 000 francs.
Votre commission estime donc nécessaire de mieux contrôler la
gestion des heures supplémentaires, aussi bien par les chefs
d'établissement, et les rectorats, que par l'administration centrale.
Le ministre de l'éducation nationale lui a par ailleurs indiqué
lors de son audition du 24 mars1999 qu'il entendait compenser la perte de
revenu liée à la réforme des modalités de
rémunération des heures supplémentaires ; il n'a
cependant pas été en mesure de préciser les
modalités de financement.
D'après les indications fournies par la presse le 15 avril 1999, le
ministre a confirmé qu'il n'abrogerait pas le décret du 30
juillet 1998 et qu'il se proposait de compenser partiellement les pertes
salariales des intéressés, d'une part, en ramenant de deux
à une heure le contingent de HSA imposées dans
l'intérêt du service et en augmentant leur
rémunération de 20 % par rapport à une heure normale
(soit un coût de 350 millions de francs), et, d'autre part, en affectant
40 millions de francs au versement d'une indemnité forfaitaire aux
enseignants des classes préparatoires.
C. UN VOLUME QUI RESTE IMPORTANT
1. Une amorce de réduction depuis 1994
Le volume des heures supplémentaires a évolué depuis 1989 ainsi qu'il suit :
Rentrées scolaires |
Premier degré |
Second degré |
Total |
Evolution en HSA |
Evolution en % |
1989 |
15 568 |
548 233 |
563 801 |
|
|
1990 |
15 368 |
650 099 |
665 467 |
101 666 |
18,03 % |
1991 |
9 223 |
712 956 |
722 179 |
56 712 |
8,52 % |
1992 |
29 244 |
770 562 |
799 806 |
77 627 |
10,75 % |
1993 |
32 814 |
768 192 |
801 006 |
1 200 |
0,15 % |
1994 |
32 814 |
760 495 |
793 309 |
- 7 697 |
- 0,96 % |
1995 |
32 814 |
782 761 |
815 575 |
22 266 |
2,81 % |
1996 |
32 810 |
781 971 |
814 781 |
- 794 |
- 0,10 % |
1997 |
32 810 |
681 939 |
714 749 |
- 100 032 |
12,27 % |
1998 |
32 877 |
681 916 |
714 793 |
+ 44 |
NS |
Source : direction des affaires financières du
ministère de l'éducation nationale
Si le volume d'heures supplémentaires, dans le premier degré
reste relativement stable depuis la rentrée 1993, celui alloué au
second degré a nettement diminué de 1996 à 1997 et se
stabilise à la rentrée 1998.
Cette forte diminution est due au gel à la rentrée 1997 de
90.000 HSA destiné à dégager des supports
d'affectation dans les établissements scolaires, notamment en faveur du
réemploi des maîtres auxiliaires. Cette mesure a été
consolidée en loi de finances pour 1998. La loi de finances pour 1999
prévoit quant à elle une réduction des moyens à
hauteur de 24.100 heures.
2. Les limites d'une transformation en emplois
D'après des estimations convergentes, les quelque
715.000 heures supplémentaires existantes correspondraient à
38.744 emplois.
Les syndicats réclament la transformation d'un certain nombre de ces
heures, notamment le SNES qui demande la création immédiate de
15.000 emplois.
Le secrétaire général de la FSU a déclaré
devant la commission d'enquête qu'il est
" totalement
incompréhensible que notre revendication syndicale de transformation des
heures supplémentaires en emplois se heurte à un refus quasi
total. Il est tout aussi incompréhensible -voire trop
compréhensible- à nos yeux, alors que des mesures dissuasives
sont imposées aux entreprises privées par la majoration du taux
des heures supplémentaires, que le ministre de l'éducation
nationale, premier employeur de France, ait décidé de baisser la
rémunération des heures supplémentaires, se donnant ainsi
la possibilité d'en augmenter le nombre global, au détriment
notamment du recrutement des jeunes diplômés ".
Le secrétaire général de la FEN a développé
un argumentaire analogue devant la commission.
L'éducation nationale a déjà engagé un processus de
transformation des heures supplémentaires. Dans cette perspective, les
budgets de 1998 et 1999 devraient permettre de transformer environ
100.000 heures supplémentaires en emplois.
Au cours de l'exercice budgétaire 1998, 700 millions de francs ont
été transférés du chapitre des heures
supplémentaires à celui permettant d'assurer la
rémunération des maîtres auxiliaires.
Echaudé par l'expérience avortée du financement d'une
partie des emplois jeunes par la réduction de la
rémunération des HSA, le ministre a estimé qu'une
transformation des heures supplémentaires en emplois était
irréaliste. Une telle transformation représenterait par ailleurs
un coût budgétaire beaucoup plus élevé et engagerait
le budget de l'éducation nationale pour toute la durée de
carrière des enseignants ainsi recrutés.
3. Une variable d'ajustement nécessaire
La
plupart des interlocuteurs de la commission ont souligné la
nécessité de maintenir un certain volant d'heures
supplémentaires dont la souplesse est indispensable au fonctionnement
des établissements.
Le recteur de l'académie de Lyon a ainsi déclaré devant la
commission :
" Les HSA sont une variable d'ajustement
indispensable. Avec des services d'enseignement à 15 ou 18 heures, on ne
peut pas réaliser toutes les obligations d'enseignement. Il y a des
nombres d'heures à assurer qui ne sont pas des multiples de 15 ou 18
heures (...).
Je suivrai certaines personnes pour dire que le nombre d'heures
supplémentaires est peut-être excessif aujourd'hui. Il faut les
réduire, mais on aura toujours besoin d'un volant d'heures
supplémentaires. S'il y a 19 heures à assurer, je ne vois pas
comment faire autrement que de les confier à un certifié qui fait
18 heures en lui demandant de faire une heure supplémentaire. On ne peut
pas priver les élèves d'une heure, ou faire venir un enseignant
juste pour une heure. "
Cette position correspond aux observations qu'a pu faire la commission
d'enquête. Sous réserve d'assainir et de rationaliser la gestion
des heures supplémentaires, elle souhaiterait que leur volant soit
réduit au strict nécessaire pour assurer le fonctionnement des
établissements.
D. UNE ATTITUDE AMBIVALENTE DES ENSEIGNANTS
1. Des réticences dans le second degré au-delà des deux heures obligatoires : des difficultés pour les remplacements en interne.
La
commission a pu constater une attitude ambivalente des enseignants à
l'égard des heures supplémentaires.
Certains personnels sont attachés aux heures supplémentaires qui
constituent une partie importante de leur rémunération comme en
ont témoigné les mouvements de protestation consécutifs
à la publication du décret du 30 juillet 1998.
Cependant, au cours de ses déplacements et lors de ses auditions, la
commission d'enquête a constaté que, dans bon nombre
d'établissements, les heures supplémentaires, au-delà des
deux heures obligatoires n'étaient acceptées qu'avec
réticence par les personnels enseignants.
Les établissements sont ainsi confrontés à des
difficultés de remplacement interne du fait d'un refus de principe de
certains enseignants d'assurer des heures supplémentaires.
De nombreux recteurs ont indiqué à la commission d'enquête
que le système de remplacement pourrait être optimisé si
les absences de courte durée pouvaient être gérées
dans le cadre des établissements, sans faire appel aux moyens
extérieurs de remplacement.
Dans cette perspective, la commission d'enquête ne serait pas hostile
à la mise en place d'une rémunération plus incitative pour
les enseignants acceptant d'effectuer des heures supplémentaires au
titre d'un remplacement au-delà des deux heures obligatoires.
2. Un usage plébiscité dans les classes préparatoires
L'attitude des professeurs de CPGE tranche
singulièrement
avec celle des autres enseignants, en effet, par le jeu des maxima de service
spécifiques -9 à 12 heures pour un service normal-, ces
personnels sont amenés à assurer un nombre important d'heures
supplémentaires, qui constituent d'ailleurs une part importante de leur
rémunération.
Certains syndicats ont exprimé des réserves sur l'usage qui est
fait des heures supplémentaires dans ces classes et estiment que
l'éducation nationale a recours à cette formule pour
éviter de prendre en compte une part importante de la
rémunération des professeurs de classes préparatoires dans
le calcul des retraites.
Le SNES demande ainsi que la part de rémunération des professeurs
de CPGE actuellement rétribuée en HSA soit intégrée
dans le traitement de base de ces personnels dans la mesure où ces
heures font partie de leur service.
IV. LES AIDES ÉDUCATEURS : QUEL AVENIR ?
Après une première vague d'embauche sous un
dispositif
provisoire de droit public, les emplois jeunes sont désormais
recrutés dans le cadre de la loi n° 97-940 du 16 octobre 1997
relative au développement d'activités pour l'emploi des jeunes.
Aux termes de la circulaire n° 97-263 du 16 décembre 1997 le
ministère de l'éducation nationale
" entend
participer activement "
au double dispositif conventionnel et
contractuel institué par la loi du 16 octobre 1997.
A. UNE UTILITÉ SOCIALE ET PÉDAGOGIQUE
1. Un remède au chômage des jeunes diplômés
La
circulaire du 16 décembre 1997 rappelle que "
le programme de
développement d'activités pour l'emploi des jeunes est un acte de
solidarité nationale
".
Le dispositif prévu par la loi répond à une forte attente
des jeunes diplômés dont le taux de chômage dépasse
largement celui de la plupart des pays membres de l'Union européenne.
La formule semble désormais mieux acceptée par les organisations
syndicales, comme en témoigne la déclaration du secrétaire
général de la FEN devant la commission d'enquête :
" l'une des formes les plus insupportables du chômage est celle
du chômage des jeunes, (...) entrer dans la vie par le chômage est
la pire de choses. "
En application du programme " Nouveaux services, nouveaux
emplois " mis en oeuvre au titre de la loi de 1997, l'éducation
nationale a ouvert 36.275 emplois d'aides éducateurs pour la
rentrée 1998 qui se sont traduits par 33.399 embauches.
Les postes d'aides éducateurs sont ouverts aux jeunes âgés
de 18 à 26 ans qui sont recrutés par contrat de droit
privé pour une durée de cinq ans.
Pour l'année scolaire 1997-1998, la répartition des aides
éducateurs par âge à l'embauche était la suivante
:
Age des aides éducateurs |
Pourcentage d'aides éducateurs |
21 ans
et moins
|
13 %
|
Pour
cette même année, les aides éducateurs recrutés
justifiaient d'un baccalauréat pour 51 % d'entre eux, d'un
bac +2 pour 34 %, d'un niveau de diplôme égal ou
supérieur à la licence pour 14 %, 1 % ayant un niveau
inférieur au bac.
Lors de ses déplacements dans les académies d'outre-mer, la
commission a pu observer que les recteurs avaient largement fait usage de la
possibilité de recruter des aides éducateurs, le rectorat
apparaissant en fait comme le premier employeur des jeunes
diplômés de l'université, dans ces départements qui
sont particulièrement touchés par le chômage des
jeunes.
2. Un partage des tâches avec les enseignants désormais accepté
Le
rôle des aides éducateurs diffère dans le premier et le
second degré, mais d'une manière générale, les
emplois jeunes se sont vus reconnaître une mission éducative.
La circulaire du 16 décembre 1997 précise ainsi que les aides
éducateurs dans le premier degré exercent leur mission
éducative, sous l'autorité du directeur d'école et en
coordination avec l'équipe des maîtres. Elle ajoute que
" cette mission (...) est distincte de la mission d'enseignement et ne
peut s'y substituer ".
Pour le second degré, la circulaire dispose que
" les
équipes d'aides éducateurs en collège participent au
renforcement de l'encadrement et du suivi éducatif des
élèves (...). Cette mission générale, doit
permettre une amélioration de la vie interne des établissements
et une prise en charge, de nature éducative, plus continue et plus
individualisée des élèves hors des heures de classe. Ils
ne sauraient être employés pour remplacer les personnels
enseignants ".
Les interlocuteurs de la commission, notamment les recteurs et les chefs
d'établissement ont indiqué qu'après avoir
manifesté une certaine réticence, les enseignants accueillaient
désormais volontiers les aides éducateurs et reconnaissaient
l'utilité de leur fonction propre.
La commission a cependant noté une certaine dérive de leur
utilisation dans certains établissements, vers des tâches qui ne
sont pas dépourvues de tout lien avec l'enseignement, y compris de
remplacement dans certaines académies d'outre-mer.
3. Vers une assistance aux enseignants dans les classes difficiles ?
Les
aides éducateurs, utilisés dans les collèges en
particulier, sont essentiellement affectés à la prévention
de la violence et chargés de l'encadrement des élèves.
Ils participent aussi aux tâches de médiation dans le cadre d'une
action plus générale de prévention et de gestion des
situations de crise entre les élèves, ou entre les
élèves et le collège, sous la responsabilité des
personnels du chef d'établissement et des conseillers principaux
d'éducation.
Certains interlocuteurs de la commission ont souligné le rôle
essentiel que pouvait jouer les aides éducateurs dans la lutte contre le
développement de la violence scolaire, et ont rappelé les
expériences menées dans ce domaine dans des établissements
en zone sensible.
Au cours de ses déplacements dans les académies, la commission
d'enquête a pu mesurer les conditions difficiles dans lesquelles les
enseignants doivent pratiquer leur métier ; elle estime ainsi,
qu'outre le développement du travail en équipe des enseignants,
l'utilisation des aides éducateurs serait de nature à apporter
une aide à l'enseignant dans les classes difficiles.
4. Une utilisation très diverse
D'après la loi de 1997 précitée, les
activités relevant des emplois jeunes doivent permettre de
répondre à des besoins émergents ou non satisfaits.
Afin d'éviter tout effet de substitution ou de concurrence, les recteurs
et les chefs d'établissement sont invités à ne pas confier
aux aides éducateurs des tâches correspondant à des emplois
existants du secteur public ou du secteur privé.
Les projets d'implantation des emplois jeunes sont définis par les
équipes pédagogiques et sont approuvés par les conseils
d'administration. Les rectorats procèdent ensuite à des
arbitrages en fonction de la qualité des projets présentés.
Implantés pour 67 % d'entre-eux dans les écoles primaires
et pour 31 % dans les collèges, les emplois jeunes sont encore peu
répandus dans les lycées et notamment dans les lycées
professionnels. Ces derniers devraient cependant bénéficier
prochainement de 5.000 aides éducateurs supplémentaires au titre
du plan d'action annoncé le 21 octobre 1998 pour l'avenir du
lycée.
L'utilisation des aides éducateurs diffère selon le type
d'établissement dans lequel ils exercent leur mission. La circulaire du
16 décembre 1997 distingue ainsi les fonctions des aides
éducateurs d'école et de collège.
Les aides éducateurs peuvent se voir charger de
" fonctions
spécialisées "
qui consistent, dans l'enseignement
primaire et dans le secondaire, à faciliter l'utilisation des nouvelles
technologies, aider les documentalistes et favoriser l'accueil et
l'intégration des élèves handicapés.
Les
" fonctions générales "
des aides
éducateurs dans le premier degré consistent à encadrer les
activités culturelles, artistiques et sportives, et à apporter
une aide à la surveillance, à l'étude et à
l'encadrement des sorties scolaires.
Les collèges utilisent plutôt les emplois jeunes pour faciliter le
travail personnel des élèves, encadrer des activités
socio-éducatives, participer à la médiation, au
renforcement du lien entre le collège et son environnement, et à
l'animation de toute autre action de nature éducative conçue dans
le cadre du projet d'établissement et répondant aux besoins des
élèves.
La répartition des emplois jeunes dans les différentes
académies selon les degrés d'enseignement et les types
d'écoles et d'établissements, pour leur première
année d'existence, est présentée dans le tableau suivant.
Les académies qui ont engagé le plus grand nombre d'aides
éducateurs sont celles de Lille (3.098 recrutements), Créteil
(2.654) et Versailles (2.515). L'académie de Créteil, dont il
n'est pas nécessaire de rappeler les difficultés, n'a pu recruter
autant d'aides éducateurs qu'elle l'aurait souhaité au cours de
l'année 1997-1998.
LES
EMPLOIS JEUNES À L'EDUCATION NATIONALE
PAR ACADÉMIE EN 1997-1998
|
|
Nombre d'établissements concernés |
|||||||||||
Académies |
Effec-
|
1 er degé |
2 nd degré |
Hom-
|
Femmes |
Ecoles
mater-
|
Ecoles
élémen-
|
Collè-
|
Lycées |
Autres
(dont ens.
|
|||
Aix-Marseille
|
1 807
|
74 %
|
26 %
|
30 %
|
70 %
|
151
|
387
|
109
|
26
|
17
|
|||
Total
France
|
33 195 |
73 % |
27 % |
26 % |
74 % |
1 447 |
9 750 |
3 302 |
229 |
345 |
* Source : direction de la programmation et du développement du ministère de l'éducation nationale.
B. LE POIDS DES EFFECTIFS
1. Le nombre actuel des aides éducateurs
Durant l'année 1997-1998, l'éducation nationale a recruté 33.195 aides éducateurs. A la rentrée 1998, le nombre de postes ouverts aux aides éducateurs s'élevait à 36.275. La répartition par académie est présentée dans le tableau suivant :
LES
EMPLOIS JEUNES SOUS CONTRAT À L'ÉDUCATION NATIONALE
PAR ACADÉMIE AU 30 SEPTEMBRE 1998
Académies |
Dotation |
Emplois
|
Embauches |
||||
|
Total |
Privé |
Public |
|
Total |
Privé |
Public |
Aix-Marseille
|
2 242
|
35
|
2 207
|
2 267
|
1 946
|
23
|
1 923
|
*Source : note d'information de mars 1999 du
ministère de l'éducation nationale.
D'après les indications fournies à la commission, le stock actuel
des aides éducateurs serait de l'ordre de 60.000.
Au cours de la présente année scolaire, les académies ont
en effet procédé à de nombreux recrutements.
L'académie de Versailles a ainsi recruté 906 nouveaux emplois
jeunes depuis la rentrée 1998 et dispose ainsi de 3.837 aides
éducateurs, l'académie de Limoges a augmenté de 60 %
le nombre de ses aides éducateurs qui s'élève
désormais à 686.
2. Un recrutement suspendu
Le
ministre de l'éducation nationale a indiqué à la
commission qu'il avait décidé de suspendre le recrutement des
aides éducateurs tant que leur avenir ne sera pas précisé.
Il a annoncé qu'une table ronde allait être organisée afin
d'envisager les débouchés offerts aux emplois jeunes, qui passent
nécessairement par une amélioration d'un dispositif de formations
complémentaires. Le ministre souhaite que ce dispositif puisse offrir
aux emplois jeunes une formation professionnelle : dans cette perspective,
l'éducation nationale doit passer des accords avec des entreprises et
des organisations professionnelles.
La commission d'enquête ne peut que regretter que cette réflexion
sur l'avenir des emplois jeunes recrutés par l'éducation
nationale n'ait pas été engagée avant la décision
de leur création.
3. Des revendications déjà pressantes
Outre
l'importance de leurs effectifs, on assiste également à un
début de syndicalisation des emplois jeunes de l'éducation
nationale.
Un collectif national des aides éducateurs a ainsi été
créé à l'initiative du SNU-IPP (syndicat des instituteurs
et professeurs des écoles, affilié à la FSU).
En octobre 1998, les aides éducateurs de l'académie de Paris ont
organisé des manifestations afin d'obtenir la mise en place des
formations complémentaires prévues et une meilleure
définition de leur rôle. Au même moment, les aides
éducateurs d'un département de Bretagne ont également
créé un collectif pour protester contre la faiblesse des moyens
alloués pour ces formations complémentaires. Les aides
éducateurs protestent notamment contre le type de formation
proposée,
" utile à leurs fonctions au sein de
l'éducation nationale "
mais qui ne
" leur
permettrait pas de trouver un emploi stable sur le long terme ".
Ils
souhaitent également que leur contrat prévoie une
cotisation soit aux ASSEDIC, soit à une caisse particulière, afin
qu'ils puissent bénéficier d'une indemnité de
chômage.
Enfin, en mars 1999, à l'appel du collectif national, les aides
éducateurs ont à nouveau manifesté dans dix
académies.
C. UN AVENIR INCERTAIN ET QUI RISQUE D'ÊTRE COÛTEUX EN TERMES BUDGÉTAIRES
1. Le problème de leur formation complémentaire
La
formation des aides éducateurs constitue l'un des volets du dispositif
prévu par la loi de 1997 et doit permettre à ces jeunes
d'accéder à un emploi durable dans le secteur public ou
privé.
Les aides éducateurs doivent bénéficier d'un entretien de
bilan dans les six mois suivant leur recrutement et qui permet d'évaluer
leur situation au regard du niveau universitaire, des expériences
professionnelles et des projets personnels de professionnalisation. Cet
entretien doit permettre d'orienter l'aide éducateur vers des formations
diplômantes qui tiennent compte notamment des perspectives d'emplois au
niveau régional.
La circulaire du 30 mars 1998 a précisé les
procédures de mise en oeuvre du dispositif de formation des aides
éducateurs.
Ceux-ci bénéficient ainsi d'un crédit de 200 heures
de formation par an, pendant toute la durée de leur contrat. Les
formations proposées et mises en place doivent tenir compte des
contraintes liées à l'exercice d'une fonction à plein
temps, les moyens pédagogiques mis en oeuvre devant être
adaptés en conséquence.
Les partenaires de formation sont les universités, le CNED, les IUFM, et
des organismes privés de formation. En outre, les aides
éducateurs bénéficient du même régime
d'inscription en université que les étudiants boursiers.
Si les crédits prévus à la formation des aides
éducateurs s'élèvent à 50 millions de francs dans
la loi de finances pour 1999, la mise en place du système de formation
complémentaire révèle encore des lacunes.
Le secrétaire général de la FSU a indiqué à
la commission d'enquête que le ministère était toujours
dans une logique de recrutement des aides éducateurs et ne
s'intéressait pas à la sortie du système, et donc à
leur formation :
" Nous avons pesé beaucoup pour que le
ministère prenne en compte, y compris en adaptant les obligations de
service des aides éducateurs, les questions de formation
continue, mais nous n'avons pas réussi encore à avoir un vrai
débat et à pouvoir faire entendre nos propositions pour
gérer la sortie du système ".
2. Des débouchés incertains
Les
premiers éléments d'information sur le devenir des emplois
jeunes, collectés par les inspections générales, sont
préoccupants.
Un an après la mise en place du dispositif, le nombre de sorties du
système éducatif ne représente que 5 % de l'ensemble
des aides éducateurs, selon les estimations du chef de service de
l'IGAEN, qui a précisé à la commission que leurs projets
personnels s'orientaient massivement vers les carrières de
l'éducation nationale.
Alors que les effectifs des élèves subissent les effets de la
baisse démographique, les perspectives d'intégration des aides
éducateurs dans l'éducation nationale apparaissent
irréalistes.
3. Une source de financement compromise
Les
20 % des salaires et charges des aides éducateurs supportés
par le budget de l'éducation nationale s'élevaient en 1998
à 731 millions de francs et les 258 millions de francs
d'économies réalisées sur le chapitre budgétaire
destiné à financer les heures supplémentaires ont permis
d'assurer plus du tiers de cette dépense nouvelle.
Le coût des charges et salaires des aides éducateurs est
estimé pour 1999 à 1,07 milliard de francs. La loi de finances
pour 1999 a prévu l'inscription de 984,49 millions de francs de mesures
nouvelles, destinées au financement des aides éducateurs dans les
établissements publics, et de 78,6 millions de francs de mesures
nouvelles, pour les aides éducateurs dans l'enseignement privé.
Ces mesures nouvelles ont été en partie gagées par
l'économie de 774 millions de francs réalisée sur
les crédits alloués au financement de HSA.
Les économies réalisées ainsi sur les heures
supplémentaires ont donc permis de financer à hauteur de
72 % la dépense pesant sur le budget de l'éducation
nationale au titre des aides éducateurs.
Pour une période de cinq ans, qui est la durée du contrat des
emplois jeunes, la charge budgétaire au titre des aides
éducateurs est estimée à 5,5 milliards de francs.
Compte tenu de la décision récente du ministre de rétablir
le pouvoir d'achat des heures supplémentaires, la commission ne peut que
s'inquiéter des modalités de financement des emplois jeunes que
proposera la prochaine loi de finances.
4. Vers une consolidation dans l'éducation nationale via des concours spécifiques ?
En
raison de la faiblesse et du caractère incertain des
débouchés offerts aux aides éducateurs, mais aussi de la
pression du nombre, la commission ne saurait exclure une pérennisation
du dispositif au sein de l'éducation nationale et une titularisation par
la création de concours spécifiques, tels qu'il en existe pour
les maîtres auxiliaires.
Le ministre de l'éducation nationale a cependant déclaré
devant la commission d'enquête qu'il estimait que
" la fonction
publique ne pourra pas absorber plus de 4 000
" aides
éducateurs par an.
A l'inverse, le secrétaire général de la FEN estime que ce
dispositif peut être un outil nouveau de lutte contre le chômage et
pour l'insertion des jeunes. Selon lui, le dispositif
" pourrait voir
se succéder en permanence des jeunes, dont le rôle serait
essentiel à l'éducation nationale. Ils apporteraient, par leur
âge, leur fraîcheur d'appréhension des problèmes un
air nouveau. Ce plus leur permettrait ensuite d'accéder aux concours de
la fonction publique, tout comme d'aller dans le privé ".
Votre commission ne peut qu'exprimer la crainte que la sortie du dispositif
privilégie dans les années à venir le premier terme de
cette alternative...
*
* *
LES PROPOSITIONS DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE
Avant de
formuler ses propositions qui découlent directement du constat
établi par les développements précédents, la
commission d'enquête tient à insister sur le fait que celles-ci
supposent que le service public de l'éducation soit maintenu dans ses
grandes lignes actuelles.
La commission estime que les systèmes éducatifs étrangers
ne sauraient constituer une source d'inspiration ou des modèles, et que
le service public de l'éducation à la française fonctionne
plutôt moins mal que celui des principaux pays de développement
comparable.
Notre école républicaine doit continuer d'accueillir tous les
élèves, quelle que soit leur diversité, ce qui implique
notamment une nouvelle définition du service des enseignants.
Les quarante-quatre propositions
de la commission d'enquête
s'ordonnent ainsi autour de
huit priorités
ayant une incidence,
directe ou non, sur la gestion et la situation des personnels de
l'éducation :
I. UN RENFORCEMENT DU CONTRÔLE DU PARLEMENT SUR LA GESTION DE
L'ÉDUCATION NATIONALE
1) L'institution d'un débat d'orientation sur l'éducation
précédant chaque année l'examen du projet de loi de
finances ;
2) un document budgétaire plus clair (le " bleu ") permettant
de distinguer les divers moyens en personnels alloués à
l'éducation nationale ;
3) la création d'un document budgétaire (un " jaune ")
faisant notamment apparaître les effectifs d'enseignants qui n'enseignent
pas et, en particulier, ceux qui bénéficient de décharges
réglementaires, de mises à disposition ou d'un
détachement ;
4) un strict respect de l'autorisation budgétaire et des emplois
votés en lois de finances ;
5) la transmission d'un rapport au Parlement à la rentrée 2000
établissant le bilan de la déconcentration du mouvement des
enseignants du second degré et de la mise en place progressive du
contrôle déconcentré des emplois.
II. DES VARIABLES D'AJUSTEMENT LIMITÉES AU STRICT NÉCESSAIRE
6) Une réduction du volant des heures supplémentaires et un
véritable contrôle de leur utilisation ;
7) le respect de l'interdiction faite aux recteurs de recruter de nouveaux
maîtres auxiliaires ;
8) le renforcement des exigences des concours permettant de titulariser les
maîtres auxiliaires ;
9) la reconversion disciplinaire des maîtres auxiliaires en surnombre par
une formation complémentaire en IUFM ;
10) l'intégration des maîtres auxiliaires dans le mouvement
dès leur titularisation ;
11) un recrutement plus sélectif des vacataires, privilégiant
ceux se destinant à l'enseignement, assorti d'une courte formation
pédagogique ;
12) un calibrage plus fin des concours dans le cadre d'une véritable
programmation pluriannuelle des recrutements prenant en compte les
départs massifs en retraite des enseignants attendus dans les
années à venir ;
13) un " cadrage disciplinaire " annuel des IUFM et un contrôle
sur le nombre de leurs étudiants acceptés en première
année.
III. UNE RÉFORME DU SYSTÈME DE REMPLACEMENT
14) Le
développement des remplacements " en interne " dans les
établissements et une incitation financière pour les enseignants
acceptant d'effectuer des heures supplémentaires, à ce titre,
au-delà des deux heures obligatoires ;
15) la création d'un corps de remplaçants polyvalents autour de
disciplines proches ;
16) une information systématique des parents d'élèves en
cas d'absence d'un professeur ;
17) une augmentation de la durée des stages en IUFM pour accroître
la capacité de remplacement des enseignants stagiaires ;
18) un report des examens au terme de l'année scolaire ;
19) une formation continue pour tous les enseignants dans leur champ
disciplinaire, ainsi que l'organisation de stages facultatifs en entreprise.
IV. UNE UTILISATION PLUS SOUPLE DES MOYENS
20) Une
amélioration de l'information entre la centrale, les rectorats, les
écoles et les établissements ; un développement de la
fonction " ressources humaines " au sein des rectorats ; la
définition de " contrats d'objectifs " entre les rectorats et
les établissements ;
21) une redéfinition des périmètres disciplinaires
permettant de développer une certaine polyvalence dans les
premières années de collège, se traduisant dans la
formation initiale et continue des enseignants et l'établissement des
programmes ;
22) une reconversion des enseignants en surnombre structurel ;
23) une mutualisation des options entre lycées proches afin de favoriser
des regroupements pédagogiques ;
24) une reconversion disciplinaire des PLP exerçant dans des sections
obsolètes délaissées par les élèves et un
recours à des professeurs associés, issus du monde de
l'entreprise dans les formations " pointues " à faibles
effectifs, en lycée professionnel ;
25) un aménagement et une annualisation du service des enseignants
titulaires faisant une part plus importante à l'aide
individualisée aux élèves en difficulté ;
26) un développement, en cas de nécessité, de
l'" externalisation " de certaines fonctions, comme celles de la
restauration scolaire, de l'hébergement, de l'entretien....
V. UNE MEILLEURE ÉVALUATION DES ENSEIGNANTS
27) Une
redéfinition des modalités de recrutement des chefs
d'établissement, une revalorisation de leur fonction, un
développement de leurs prérogatives à l'égard de
leur équipe éducative et un élargissement de leur
recrutement en dehors du monde enseignant, dans une perspective de
professionnalisation ;
28) une réforme du système de notation et d'inspection des
enseignants et une prise en compte plus équilibrée de la note
administrative et de la note pédagogique ;
29) une mise en oeuvre effective des règles de l'avancement telles que
celles-ci sont fixées par le statut de la fonction publique ;
30) des possibilités de réorientation des enseignants
confrontés à des difficultés pédagogiques pour
permettre leur reconversion dans d'autres administrations.
VI. UN CONTRÔLE VÉRITABLE ET TRANSPARENT DES ENSEIGNANTS QUI
" N'ENSEIGNENT PAS "
31) Un contrôle régulier et un réexamen périodique
de la situation des enseignants mis à disposition,
détachés ou déchargés dans divers organismes.
VII. UNE GESTION PLUS EFFICACE DE LA DIVERSITÉ DES
ÉLÈVES
32) Un bilan complet des ZEP faisant apparaître les résultats des
élèves, l'évolution de leur scolarité et le
coût réel du dispositif ;
33) un usage approprié des redoublements et un développement des
formules d'aide et de remédiation permettant de s'assurer de
l'acquisition des disciplines fondamentales des élèves pour
chaque cycle pédagogique de l'école et du collège ;
34) le renforcement du travail en équipe des enseignants et
l'utilisation des aides éducateurs pour apporter une aide à
l'enseignant dans les classes difficiles ;
35) une réflexion à engager d'urgence sur le traitement
pédagogique de la diversité des élèves ;
36) une formation pédagogique modulée dans les IUFM
répondant à la diversité des besoins des
élèves dans les établissements ;
37) un suivi des élèves tout au long de leur scolarité
assuré dans le cadre des bassins de formation ;
38) la mise en oeuvre effective, à partir de la classe de
5
ème
de séquences consacrées à
l'orientation ; une diversification des personnels chargés de cette
éducation
dans la perspective d'une orientation
" positive ", notamment vers une voie professionnelle
revalorisée.
VIII. UNE GESTION PRENANT MIEUX EN COMPTE LES BESOINS DE
L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
39) Un développement concerté des regroupements intercommunaux
d'écoles à classe unique en milieu rural ou isolé ;
40) la mise en réseaux des écoles en milieu rural et des petits
collèges en utilisant les nouvelles technologies ;
41) l'ouverture des écoles et des établissements sur la
cité, notamment dans les zones dépourvues de structures
" culturelles " (bibliothèques, équipements
informatiques et sportifs...) et sur les entreprises, notamment pour les
établissements d'enseignement technologique et professionnel ;
42) une utilisation optimisée des structures scolaires tendant,
notamment, à en faire des centres de ressources ouverts sur
l'extérieur ;
43) un renforcement des moyens administratifs, statistiques et informatiques
des académies sous dotées pour faciliter la mise en place du
contrôle local des emplois et du mouvement
déconcentré ;
44) une redistribution des moyens administratifs entre les académies
d'outre-mer, la mise en place d'une politique de discrimination positive en
faveur de l'académie de la Guyane visant à stabiliser les
enseignants qui y sont affectés et la recherche de solutions
négociées avec les pays voisins de ce département en
matière d'immigration.
CONTRIBUTION DU GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN
Les
investigations et la réflexion sur la situation des personnels et des
établissements de l'éducation nationale que la commission
d'enquête a décidé de conduire relèvent a priori
d'une préoccupation légitime, celle de la recherche de
l'optimisation dans l'utilisation des engagements financiers de la Nation
envers son service public. Dresser des constats, identifier les atouts et les
faiblesses d'une organisation, proposer des améliorations font partie
d'évidence des missions de la représentation nationale.
Pour autant, le fait d'aborder ces questions importantes en les traitant de
façon autonome, pour elles-mêmes en quelque sorte, se heurte selon
nous à des écueils de méthode et à des incertitudes
qui en limitent d'autant la pertinence et la portée.
Cette question de la gestion n'est pas secondaire, loin de là, mais elle
est seconde au regard de la fonction qu'elle assume. Secondaire, elle l'est
davantage encore s'il s'agit de faire valoir au sein du système
éducatif les seules méthodes de gestion de la règle
à calcul préjudiciables dès lors qu'il s'agit
d'investissements pour le futur.
Comment en effet, déterminer des grilles d'analyse, des critères
d'évaluation, des axes de proposition sans avoir, au préalable
défini et présenté les objectifs et la politique que la
Nation entend se donner pour son système éducatif et à
partir desquels s'élaborent les supports de gestion nécessaires
à leur réalisation ?
Ce déterminant que la commission n'a pas pris en compte est d'autant
plus prégnant que l'école et la formation sont confrontées
aujourd'hui à des défis nouveaux d'une considérable
ampleur.
Ces défis sont tels qu'il devrait en résulter des changements
à la fois quantitatifs et qualitatifs portant nécessairement sur
toutes les dimensions de l'organisation du service public de
l'éducation. Ces défis, pour une qualité nouvelle, pour
une meilleure démocratisation, sont la résultante d'exigences et
de mutation, au premier rang desquelles :
- l'égalité républicaine avec une démocratisation
qui stagne et qui devrait franchir une nouvelle étape ;
- l'avenir économique, humain et culturel dont la clé est
l'investissement éducatif, le plus pertinent et le plus vital pour la
place de notre pays dans les prochaines décennies, ainsi qu'en
témoigne le Congrès international de l'UNESCO ;
- les mutations des connaissances et des technologies qui posent le
problème des nouveaux contenus et des méthodes
d'enseignement ;
- l'individualisation incontournable de l'acte éducatif le plus apte
à préparer l'insertion de chacune et chacun dans la
société du XXIe siècle.
C'est dire si l'urgence de ce débat national pour l'éducation,
que notre groupe a demandé à plusieurs reprises à M. le
ministre de l'éducation nationale s'impose aujourd'hui à notre
pays, en association avec l'ensemble des acteurs du monde éducatif.
A cet égard, le Parlement pourrait jouer un rôle original et
constructif dans l'impulsion d'un tel chantier.
Une telle consultation déboucherait sur une charte d'orientation et de
programmation des futurs engagements de la Nation en terme de moyens, de
procédures, de gestions, ceux-ci venant en support des postes, des
emplois, des compétences, des recrutements nécessaires en volume
et en qualité ainsi que des structures à créer.
Au plan de la gestion, il y a pour le système éducatif et ses
centaines de milliers de postes des difficultés spécifiques comme
l'ont mis en évidence les responsables qui ont été
auditionnés par la commission et qui ont apporté des informations
et des éclairages techniques utiles et intéressants.
Il s'agit en effet de croiser plusieurs exigences, qui se déclinent sur
l'ensemble de notre territoire de l'échelon central au plus petit
village : respect de l'unité de service public tout en mettant en
oeuvre une discrimination positive (ZEP), proximité nécessaire
pour répondre aux besoins des établissements et du terrain en
permanente évolution, transparence, équité et respect des
statuts des personnels, souplesse et adaptation qui peuvent être
entravées par certaines rigidités de gestion, etc...
En raison de l'importance du volume des effectifs, les dysfonctionnements,
même mineurs avec des pourcentages très faibles et comparables
à tout autre système, comme l'ont démontré les
différentes auditions connaissent un retentissement particulier
dès lors qu'ils interviennent dans l'éducation nationale.
Ce faisant, en dépit de la complexité des
phénomènes, toute anomalie, toute discordance constatée
doit faire l'objet d'une recherche de solutions rapides, car leur survenue ou
leur persistance est à chaque fois préjudiciable à la
réussite des élèves.
A cet égard, la question du remplacement des personnels, pour tous les
ordres d'enseignement apparaît bien comme l'une de celles qui doit
être résolue prioritairement et en urgence en terme d'emplois
spécifiques nouveaux à créer, comme en terme de
déploiement et de réactivité à obtenir sur le
terrain.
Une meilleure gestion des ressources humaines plus respectueuse de chacun des
membres de la communauté éducative est à mettre en oeuvre
et appelle des moyens en personnel administratif.
L'ensemble des éléments d'information et de discussion recueillis
par la Commission peuvent déboucher sur des réflexions et
suggestions dont la mise en débat dans toute la communauté
éducative est indispensable.
A ce titre, il convient de noter que la commission sous la présidence de
M. Gouteyron a procédé par un travail approfondi à
de très nombreuses auditions et les déplacements dans les
académies et les établissements ont été très
appréciés par l'ensemble de la communauté éducative.
Pour autant, tant sur le fond, que sur la procédure de la commission
d'enquête que nous avions refusée la jugeant dès sa
création, assise sur une très grande suspicion, nous ne
partageons pas l'avis de la majorité de la commission.
Ainsi, certaines propositions qui nous sont faites au rang desquelles on
peut citer : l'annualisation du temps de travail des enseignants, leur
polyvalence, la reconversion disciplinaire des maîtres auxiliaires en
surnombre, la réforme du système de notation, la création
d'un corps de remplaçants polyvalents, le recours aux emplois-jeunes
pour une aide à l'enseignement dans les classes en difficulté,
l'externalisation de la restauration scolaire et de certains services
scolaires, la mise en réseau des établissements ruraux, sont
autant d'éléments qui pourraient constituer une remise en cause
des droits essentiels des personnels de l'éducation nationale.
Le Groupe Communiste Républicain et Citoyen continue de demander pour
sa part l'ouverture d'un très large débat national pour
l'école dans notre pays.
Ce débat n'ayant pas eu lieu, cette commission ne peut s'y substituer
pas davantage qu'à une véritable concertation.
Dès lors, les compétences de la commission d'enquête sont
selon nous largement débordées. Au lieu de partir de ce qui est
nécessaire pour assurer l'égalité des chances, les
propositions qui nous sont faites tendent à la mise en place d'une
école à moindre coût.
De ce fait et malgré la qualité des auditions auxquelles nous
avons procédé, je ne me sens pas autorisée à
formuler des propositions dont certaines sont susceptibles de modifier
substantiellement notre système éducatif sans connaître
l'avis des principaux acteurs de l'école à savoir les enseignants
et les personnels.
Dans le même temps, nous pensons ces propositions inadaptées
à l'école de la réussite que le Groupe Communiste
Républicain et Citoyen préconise.
Notre vote, contre les conclusions de la Commission signifie plus que jamais
notre détermination de voir s'ouvrir sans tarder dans notre pays un
débat national sur la politique éducative que nous souhaitons
voir mise en oeuvre.
Hélène LUC,
Sénatrice du Val-de-Marne
Présidente du Groupe Communiste Républicain et Citoyen du
Sénat
CONTRIBUTION DU GROUPE SOCIALISTE
Les
sénateurs socialistes ont pris connaissance avec le plus grand
intérêt, dans un délai trop bref, des conclusions et des 44
propositions présentées par les auteurs du présent rapport.
Il est pour le moins étonnant de constater que le rapport effectue de
nombreux constats déjà connus de tous et dont le gouvernement
actuel a déjà commencé à tirer les conclusions en
élaborant de nombreuses réformes nécessaires et
ambitieuses.
Une lecture rapide du rapport permet de constater que celui-ci prend la forme
d'une compilation des auditions effectuées et des entretiens
réalisés lors des missions par la commission. Force est de
constater que les conclusions tirées de ces rencontres rejoignent
fréquemment les préoccupations des ministres en charge de
l'enseignement et que les données fournies par ceux-ci ont nourri le
rapport.
La politique menée par le gouvernement actuel , depuis deux ans, a pris
en compte l'ensemble des paramètres relevés par les rapporteurs.
Ainsi de nombreuses réformes ont vu le jour ou sont en cours
d'élaboration :
• La déconcentration du mouvement des enseignants du second
degré et l'amélioration de la gestion déjà
déconcentrée du mouvement des enseignants du premier
degré : cette réforme comportant une phase
inter-académique puis une phase intra-académique permettra une
accélération du traitement des demandes et une meilleure
adéquation de la gestion des emplois au sein de chaque académie.
Cette réforme sera opérationnelle dès la rentrée
1999 et pourra, au vu des éventuelles difficultés
constatées, bénéficier d'améliorations
ultérieures.
• Le contrôle financier déconcentré de
l'éducation nationale, mis en place dès 1997 et qui, fin 1999,
concernera les emplois ; ce système permettra aux
trésoriers-payeurs généraux de suivre, localement,
l'évolution des effectifs.
• La réforme du taux de rémunération des heures
supplémentaires des enseignants qui reposait sur des bases aujourd'hui
caduques a permis de dégager 740 millions de francs.
• La solution apportée au problème des maîtres
auxiliaires avec la titularisation, chaque année, depuis trois exercices
budgétaires, de 5.000 à 6.000 d'entre eux, ce qui permettra de
résorber d'ici peu le flux des 21.000 maîtres auxiliaires
laissés pour compte par les gouvernements précédents. Leur
affectation est effectuée selon les besoins pédagogiques.
• Les 65.000 aides éducateurs recrutés dans le cadre
du plan emploi-jeunes décidé par le gouvernement Jospin :
ces embauches ont été financées, aux deux tiers,
grâce aux crédits dégagés par la réforme du
taux de rémunération des heures supplémentaires. Ces
créations d'emplois répondent au souci unanimement exprimé
du renforcement de la présence d'adultes dans les établissements
scolaires et s'inscrivent dans le souci de la commission d'enquête
sénatoriale de réformer l'éducation à moyens
constants.
• Le renforcement des emplois ATOS voulu par le gouvernement actuel
(3.916 emplois créés aux termes de la loi de finances pour 1999)
s'est aussi effectué à moyens constants par transferts de
crédits et permet d'améliorer substantiellement l'encadrement des
élèves et la carence constatée en personnel
médico-social , carence due aux coupes sombres opérées
dans ces emplois entre 1993 et 1997 (393 emplois supprimés).
On constate donc que, si les conclusions présentées sont
partagées par tous les acteurs du système éducatif et si
le rapport a le mérite d'effectuer un tour d'horizon des
problèmes actuels de gestion des personnels d'enseignement, il n'apporte
aucun élément nouveau au débat puisque la plupart des
préoccupations dont il se fait l'écho a déjà
trouvé une réponse par le biais de l'action gouvernementale.
On peut, en revanche, s'interroger sur la valeur effective des nombreuses
propositions de la majorité sénatoriale (dont celle de
réformer l'éducation à moyens constants) quand on se
souvient du contexte d'élaboration et d'application du " Nouveau
contrat pour l'école ", voulu par le précédent
gouvernement et porté par cette même majorité. Les quelques
155 propositions contenues dans le nouveau contrat et dont le financement
était prévu par la loi de programmation n° 95-836 du 13
juillet 1995 nécessitaient plus de 14 milliards de francs. Les mesures
effectivement financées se sont réduites à une peau de
chagrin et nombre d'entre elles n'ont jamais pu être appliquées,
faute de crédits ; il en va ainsi, du passage à
25 élèves par classe de maternelle en ZEP, de la
scolarisation renforcée des enfants à 2 ans, de
l'augmentation du nombre de conseillers principaux d'éducation, de la
poursuite des études dirigées au collège, de l'extension
progressive des centres de documentation et d'information dans tous les
collèges, de la formation continue des enseignants : toutes ces
propositions n'ont été que poudre aux yeux !
On peut donc être sceptique quant au sort que subiraient les propositions
de la commission d'enquête si les auteurs du rapport avaient la charge de
les appliquer et, a fortiori, à moyens constants. Il est
préférable de laisser le gouvernement actuel travailler dans la
direction qu'il a prise et qui semble répondre aux attentes de nombreux
partenaires du système éducatif.
Il est flagrant que l'intention sous-jacente de la commission d'enquête,
lors de sa constitution, de prendre en défaut le gouvernement actuel sur
sa politique de gestion des personnels participant à la mission de
service public de l'enseignement ne trouve aucune justification aux termes du
rapport. L'intitulé même de la commission d'enquête
sénatoriale démontre bien à quel point la majorité
de la Haute assemblée nourrissait, a priori, une vision
réductrice du service public de l'éducation nationale ;
alors que le système scolaire est confronté à de multiples
problèmes, seul un souci de bonne gestion du personnel semble avoir
animé les auteurs de la proposition de résolution visant à
créer la commission d'enquête.
Souhaitant dépasser le cadre (certes important) de la bonne gestion du
personnel, les sénateurs socialistes affirment leur attachement à
un service public de l'éducation favorisant l'égalité des
chances de tous et permettant de former les jeunes à la
citoyenneté en combattant les inégalités sociales. Ils se
félicitent, à la lecture des conclusions
présentées, que les auteurs du rapport aient pris conscience de
l'ampleur du débat et en aient élargi les termes.
COMPTE RENDU DES DÉPLACEMENTS
DE LA COMMISSION
D'ENQUÊTE DANS LES ACADÉMIES DE MÉTROPOLE ET
D'OUTRE-MER
Pages
•
Strasbourg
21 janvier 1999 224
•
Aix-Marseille
: 28 janvier 1999 236
•
Lyon et Grenoble
: 4 février 1999 243
•
Corse
: 11 février 1999 254
•
Paris
: 16 février 1999 262
•
Guadeloupe
: 1
er
au 2 mars 1999 266
•
Martinique
: 2 au 4 mars 1999 287
•
Guyane
: 5 au 7 mars 1999 302
•
La
Réunion
: 10 au 11 mars 1999 315
•
Rennes
: 9 mars 1999 325
•
Créteil
: 18 mars 1999 330
Compte
rendu du déplacement
dans l'académiede Strasbourg,
21
janvier 1999
Participants
MM. Adrien Gouteyron, président, Jean-Léonce Dupont,
vice-président, et M. Francis Grignon, rapporteur.
Programme
9 heures : rencontre avec la presse au rectorat
9 h 40 : réunion de travail au rectorat avec le recteur, le
secrétaire général de l'académie, les inspecteurs
d'académie, le chef du service organisation scolaire et statistiques, le
directeur des ressources et relations humaines du rectorat et le chef du
service formation et développement à la direction
régionale de l'agriculture.
12 h 30 : rencontre avec le proviseur du lycée technique hôtelier
d'Illkirch
13 heures : déjeuner au lycée hôtelier, élargi aux
élus locaux
14 h 30 : rencontre à l'école élémentaire Fischart
à Strasbourg, dans le quartier de la Menau.
15 h 45 : rencontre avec l'équipe de direction du collègue Vauban
à Strasbourg
17 h 15 : rencontre avec le trésorier-payeur-général et le
contrôleur financier
Réunion de travail au rectorat
L'académie de Strasbourg accueille 2,9 % des
élèves de l'enseignement public et privé et
présente certaines spécificités concernant notamment
l'organisation d'un enseignement religieux dans les établissements
publics.
On note également un développement de l'apprentissage dans les
CFA publics et privés très supérieur à la norme
nationale.
Du fait d'un taux de chômage, qui est le plus bas de France, l'insertion
des jeunes diplômés est rapide et aisée. L'enseignement
professionnel n'est pas moins important que dans les autres académies
mais le passage en seconde est inférieur de 6 % par rapport
à la moyenne nationale compte tenu du développement des
formations professionnelles. Un contrat d'académie est à
l'étude et porte en particulier sur le problème de la gestion des
ressources humaines.
Les effectifs des élèves du 1er degré
ont
enregistré une baisse récente mais l'Alsace se caractérise
par un faible taux de préscolarisation à deux ans (16 % dans
le Bas-Rhin contre 33 % pour la moyenne nationale, et 0 % à
Mulhouse dans le Haut-Rhin).
Les chiffres de l'enseignement préélementaire doivent être
pris avec précautions, compte tenu de la fréquentation
irrégulière en maternelle, notamment pour les enfants de deux ans.
Dans le second degré
, on a constaté une réduction
de 150 élèves dans les collèges et de 200
élèves dans les lycées d'enseignement
général et technologique.
S'agissant du
1er degré
, l'académie effectue des
prévisions par poste et non par heure d'enseignement et dispose de
postes en réserve : l'ajustement se réalise à
l'occasion de deux comités techniques paritaires, l'un en février
et l'autre en juin pour les cas litigieux, les décisions finales
étant prises en novembre.
Les moyens sont ventilés dans le souci d'éviter des fermetures de
classes dans le 1er degré.
Pour les lycées,
la dotation horaire globale est
déléguée aux établissements et celle-ci,
après vérification, est calculée pour apporter un certain
" confort " aux établissements.
L'académie s'efforce par ailleurs, dans un souci de contractualisation
d'attribuer un " portefeuille " de dix lycées à chaque
inspecteur afin de vérifier l'utilisation des moyens par chaque
établissement ainsi que l'adéquation entre les prévisions
et la réalité des besoins.
L'une des difficultés principales de gestion résulte de
l'ajustement final des besoins avec les règles de la gestion des
personnels telle qu'elle résultera du
mouvement
déconcentré
, les personnels concernés devant
connaître leur affectation en juin, ce qui aura pour conséquence
d'accroître la marge d'incertitude.
Les maîtres auxiliaires et les titulaires académiques apportent un
certain confort de gestion même si des affectations plus précoces
rendront la gestion des moyens plus aléatoire ; la période
de vacances pourra être mise à profit pour procéder aux
ajustements nécessaires.
S'agissant du maintien du barème pour les affectations
intra-académiques, ce barème comportera une part nationale et une
part académique à l'exception de quelques postes à
exigences particulières. Ces postes seront attribués selon des
critères nationaux puis une part sera laissée à la
négociation pour les postes à exigences particulières,
qu'il s'agisse des ZEP qui sont déjà prises en compte dans le
barème, des établissements en zone rurale ou des sections
européennes qui sont concentrées à hauteur de 12 %
dans l'académie de Strasbourg. S'agissant de la part académique
du barème, celle-ci est détaillée dans un BO
spécial.
Les prévisions
sont établies par l'académie en
fonction de l'évolution attendue des effectifs, aujourd'hui à
deux ans pour le second degré, contre quatre ans auparavant. Quant aux
moyens d'enseignement, ils étaient envisagés dans une perspective
de cinq ans pour les collèges et les lycées d'enseignement
général, c'est-à-dire jusqu'en 2001.
Dans cette perspective, l'académie prend en compte les
" éléments sociaux " permettant d'obtenir un rattrapage
dans les ZEP : à cet effet, 600 indemnités
spécifiques ont été prévues ainsi qu'une dotation
supplémentaire de 46 équivalents-temps plein ; le 1er
degré devrait bénéficier de 38 remplaçants
supplémentaires, de sept conseillers principaux d'éducation et de
douze assistantes sociales et infirmières.
Le directeur de l'enseignement scolaire du ministère a récemment
visité toutes les académies pour apprécier les besoins.
Les résultats de ces efforts peuvent être évalués
selon plusieurs indicateurs, notamment en termes de réussite aux
examens, de taux de sortie sans qualification, d'insertion professionnelle, de
taux de redoublement, d'évaluation en classe de CE2, de 6e et de
seconde, ce qui constitue autant d'instruments pour organiser le travail en
classe et répondre aux besoins des chefs d'établissement.
Ces indicateurs peuvent être croisés avec des
éléments sociaux dans le cadre de la contractualisation selon que
l'on privilégie l'obligation de résultats ou de moyens : les
moyens attribués aux ZEP s'ajoutent ainsi aux dotations horaires
globales.
S'agissant des
activités d'inspection et d'évaluation
,
l'académie intervient dans le programme d'inspection en
privilégiant les thèmes nationaux ou locaux.
Les inspecteurs généraux et les inspecteurs pédagogiques
régionaux " établissements et vie scolaire "
contrôlent les établissements et évaluent les personnels de
direction, ce qui permet de mieux répartir les moyens ; il serait
souhaitable que les inspecteurs sortent de leur champ disciplinaire, ce qui
constituerait une sorte de révolution culturelle.
L'IGAEN joue un rôle d'alerte pour les dysfonctionnements
spécifiques mais ne procède pas à une analyse globale du
fonctionnement des établissements dans le second degré. Si un IPR
de lettres constate dans un établissement une maîtrise
insuffisante de la langue française par les élèves,
celui-ci en rend compte au recteur ; cependant l'académie ne
dispose que de vingt inspecteurs et de deux inspecteurs pédagogiques
pour 6.000 enseignants auxquels il convient d'ajouter des conseillers
pédagogiques dans chaque département, ces moyens permettant de
repérer des dysfonctionnements dans les classes. Un plus grand nombre
d'inspecteurs exerçant des fonctions administrative et
pédagogique est donc nécessaire.
S'il conviendrait de renforcer les prérogatives des chefs
d'établissement, cet objectif ne devrait pas porter sur le recrutement
des enseignants mais plutôt sur le renforcement de leur rôle
pédagogique afin de réduire le taux de sortie sans qualification,
d'orienter davantage les élèves en seconde et d'entreprendre des
actions de rattrapage et de soutien dans la maîtrise du français.
Le renforcement de ce volet pédagogique des personnels de direction
permettrait de réduire le déphasage entre la notation
administrative et pédagogique des enseignants.
Il convient par ailleurs de rappeler que les chefs d'établissement
assistaient autrefois aux cours et que la création des IPR a
été une novation importante.
D'une manière générale, la personnalité des chefs
d'établissement apparaît plus importante que leur diplôme.
Quant à leur rôle éventuel dans le choix de leurs
enseignants, force est de reconnaître que le modèle de
l'enseignement privé ne serait pas transposable du fait des grandes
masses de l'enseignement public où se pose un problème de
régulation.
S'agissant des
enseignants en surnombre
, ce phénomène
concerne d'abord les maîtres auxiliaires et les professeurs de
4ème technologique en collège.
Il existe par ailleurs des surnombres qui résultent des ajustements
intervenant dans les établissements compte tenu des modifications de la
carte scolaire ; s'ils peuvent être constatés, par exemple en
philosophie, ces professeurs peuvent être utilisés pour les
remplacements, car on ne peut dédoubler ces classes, dans les CDI...
mais ils ne restent pas inutilisés.
Quant à la définition même des surnombres, on peut
considérer que les emplois budgétaires correspondent à des
chaises disponibles, les surnombres ne disposant que de strapontins : on
peut ainsi dénombrer 200 surnombres dans l'académie en
dépassement de la dotation budgétaire du chapitre 31-93, leur
paie étant versée par le Trésorier payeur
général ; ils représentent 1,8 % des emplois et
ils sont rattachés à un établissement.
Leur utilisation par le chef d'établissement fait l'objet d'un contrat
passé avec les inspecteurs selon les disciplines.
Du fait de leur réemploi massif, 500
maîtres auxiliaires
sont aujourd'hui utilisés, notamment comme personnels de surveillance,
dans l'académie, soit 10 % des effectifs enseignants.
Par ailleurs, le développement des blocs d'enseignement permet de
réduire le recours aux heures supplémentaires, de même que
le partage de service entre des établissements peu
éloignés.
L'académie se caractérise par ailleurs par des collèges de
dimension importante puisque la moitié d'entre eux comporte plus de 1000
élèves ; le développement d'une
bivalence
disciplinaire
dans les petits collèges serait de nature à en
faciliter la gestion mais, à l'exception des professeurs de langue
vivante, cette bivalence subsiste malgré la disparition des PEGC. Quant
à l'attitude des enseignants à l'égard des heures
supplémentaires, celle-ci peut être considérée comme
ambivalente.
Il convient par ailleurs de distinguer les surnombres de l'utilisation des
maîtres auxiliaires et des titulaires académiques, ces derniers
pouvant soit être affectés sur un poste, soit rester effectivement
en surnombre dans l'attente d'un remplacement. L'académie a
réemployé à la rentrée 1997 tous les maîtres
auxiliaires et tous les enseignants " en surnombre sont affectés
à des remplacements ou rattachés à des
établissements et utilisés par ces établissements. "
Des surnombres " disciplinaires " sont notamment constatés en
sciences physiques mais les jeunes titulaires académiques sont de plus
en plus affectés sur des postes permanents et le " lissage "
décidé par le ministère sur les concours devrait permettre
de résorber les surnombres subsistants dans quelques années.
L'académie par ailleurs ne s'interdit pas de recourir à des
contractuels " professionnels " pour certaines
spécialités très pointues et n'a recruté à
la dernière rentrée qu'une dizaine de maîtres auxiliaires
sur des postes fixes.
S'agissant des
modalités de remplacement
, il ne serait pas
inconcevable de recourir davantage à des stagiaires d'IUFM ; dans le
1er degré, le problème du remplacement est résolu
sans maîtres auxiliaires avec le recours aux listes
complémentaires ; 40 à 50 emplois de remplacement sont
affectés sur des postes de titulaires.
La durée des congés de maternité est un peu plus long dans
l'académie du fait d'une féminisation du corps enseignant de
80 % et du fait que le nombre d'enfants de ces enseignantes est un peu
supérieur à la moyenne nationale.
S'agissant du second degré, 6,96 journées en moyenne ne sont pas
assurées par année scolaire du fait de l'absentéisme ;
l'académie recourt aussi à des personnels vacataires pour les
remplacements.
Les mises à disposition portent sur dix postes affectés notamment
à des associations organisant des voyages scolaires ; certaines de ces
activités périscolaires sont utiles mais sont coûteuses en
termes d'emplois.
L'apprentissage des langues vivantes
est très
développé dans l'académie, notamment dans le 1er
degré où il se développe avec l'appui des
collectivités locales, lesquelles consacrent 4 milliards de francs
à cette action : 96 % des classes le pratiquent en CE2-CM2 ainsi
que de nombreuses classes préélémentaires.
L'
enseignement
bilingue
est assuré sur la base de 13
heures en français et de 13 heures en allemand ; cet enseignement est
coûteux et l'académie ne dispose pas de titulaires en nombre
suffisant. Il est financé par des fonds de concours des
collectivités locales et est assuré par des contractuels : 5.000
élèves en bénéficient dans le primaire et les
premiers bénéficiaires arrivent aujourd'hui en collège.
Les sections européennes représentent en Alsace 12 % de
l'ensemble des sections existantes.
Les sections trilingues en classe de 6e constituent un surcoût important
pour l'éducation nationale.
Ce dispositif est complété par un programme d'aide aux langues et
à la culture régionale qui bénéficie d'une aide des
collectivités locales portant notamment sur les manuels.
Ces programmes ambitieux soulèvent des problèmes de formation des
maîtres dans le 1er degré et le secondaire : le centre de
Gebwiller s'est spécialisé dans ces formations mais les
étudiants répugnent à s'investir dans ces disciplines, de
même que les professeurs des écoles. Au total, ces filières
présentent un caractère quelque peu élitiste,
l'enseignement professionnel étant également concerné par
cette politique du bilinguisme.
Dans le primaire, 25 postes sont affectés à cet enseignement
selon le principe " un maître, une langue ".
Cet enseignement a fait l'objet d'une évaluation nationale : le bilan
apparaît positif pour les élèves qui présentent des
résultats au moins aussi bons que ceux qui reçoivent un
enseignement traditionnel ; il faut cependant souligner la qualité de
leurs enseignants, le recrutement sélectif de ces élèves
mais aussi des résultats qui ne sont pas toujours à la hauteur
des espérances des familles.
L'enseignement agricole
ne représente que 10 % des effectifs
des élèves et l'académie ne comporte qu'un seul
établissement à temps plein, l'enseignement agricole privé
étant peu développé et ne recueillant que de faibles
effectifs.
Les Maisons familiales sont inconnues dans l'académie.
Du fait de la croissance des effectifs, il n'existe pas de surnombres tandis
que le recours aux heures supplémentaires devient de plus en plus
important.
Les maîtres auxiliaires y sont inconnus mais l'enseignement agricole
utilise de nombreux agents contractuels, les non titulaires représentant
25 % des enseignants.
L'objectif de croissance raisonné des effectifs a plutôt
concerné l'enseignement agricole privé et s'est traduit, dans le
public, par une augmentation des élèves par classes sans
création de classes nouvelles.
La progression des effectifs est de 1,6 % par an, et entre 2,5 à
3 % pour le public, ce qui se traduit par une impossibilité
d'accueillir tous les élèves, étant rappelé que
l'enseignement agricole n'a pas la même obligation de scolarisation que
l'enseignement général et que les objectifs d'insertion des
élèves restent prioritaires.
Afin de réduire un recours excessif aux heures supplémentaires,
six agents ont été recrutés au niveau de la région
à la rentrée 1998, selon des critères identiques à
ceux de l'éducation nationale, c'est-à-dire la licence.
Les enfants d'agriculteurs représentent encore 20 % des effectifs
et les services 10 % ; les formations agro-alimentaires sont
réduites mais deux CFA accueillent 540 apprentis. Il existe des contacts
et des relations exemplaires entre les services du rectorat et
l'éducation nationale.
Entretiens au lycée technique hôtelier d'Illkirch
Cet
établissement propose des filières très spécifiques
et des spécialités professionnelles très pointues
(restauration, hôtellerie, tourisme) se déclinant en BEP,
baccalauréats, BTS et même une maîtrise à bac + 2.
C'est le lycée hôtelier le plus important de France (1 250
élèves) dispensant toutes les formations dans le domaine de la
cuisine et de l'hébergement. Celles-ci comportent des stages en
entreprise validés par les tuteurs et auxquels sont associés les
professeurs d'enseignement général du lycée.
Le recrutement des enseignants est problématique du fait de la
difficulté des concours, notamment dans la filière cuisine. Les
élèves sont triés sur le volet et leur motivation est
d'abord prise en compte.
Le lycée accueille de nombreux intervenants extérieurs.
Il comporte un internat et reste épargné par les
difficultés que rencontrent la plupart des établissements.
A partir de la dotation horaire globale donnée par le rectorat, le
proviseur dispose d'un volant d'heures permettant d'assurer les derniers
ajustements lors de la rentrée, soit une vingtaine d'heures pour 1.000
heures de DHG.
Les établissements, dans le cadre de leur autonomie, disposent d'une
carte d'options qui n'est pas suffisamment maîtrisée au niveau
académique : alors que l'ouverture de ces structures relève
normalement de l'académie, en fait des ateliers sauvages sont
transformés en options.
La " coloration " d'un poste par l'établissement ne fait
souvent qu'anticiper l'ouverture d'une section.
Dans la réalité, les ouvertures ou les modifications de sections
restent marginales et les négociations interviennent en octobre pour la
rentrée suivante, l'académie se prononçant ensuite sur la
suppression ou la création de ces structures en fonction des moyens
disponibles.
Les personnels ATOS effectuent 171 heures par mois. Le lycée est ouvert
le soir et le samedi dans le cadre de la formation continue. Tous les postes ne
sont pas pourvus par des titulaires, et la gestion des auxiliaires est
très déconcentrée, les concours étant
organisés par le rectorat sous le contrôle du ministère
à l'issue d'une négociation portant sur le nombre de postes mis
aux concours.
Visite de l'école élémentaire Fischart
Cette
école comporte 17 classes accueillant 334 élèves dont deux
classes d'adaptation pour les élèves en grande difficulté.
Elle est située à Strasbourg dans le quartier très
défavorisé de la Menau dont la situation se dégrade
progressivement du fait de l'arrivée de communautés d'origine
étrangère (ressortissants turcs, des pays du Maghreb, de
l'Afrique, de l'Europe de l'Est, des pays du sud-est asiatique) dont les
enfants représentent souvent 70 % des effectifs par classe et
à qui il faut d'abord apprendre à cohabiter.
Les équipes enseignantes sont peu stables puisque la moitié
d'entre elles quittent l'école après une année scolaire ;
sur 17 enseignants, l'école ne comporte que cinq enseignants masculins.
L'ancienne équipe enseignante a disparu, sa pédagogie
n'étant plus adaptée à la nouvelle population de
l'école.
L'école vient d'être classée en ZEP dans une
académie qui était " sous zépée " ; afin
d'y remédier, 600 indemnités spécifiques pour les
enseignants viennent d'être créées.
Les nouveaux réseaux d'éducation prioritaires constituent un sas
précédant le classement en ZEP et devraient permettre
d'éviter une stigmatisation de ces zones.
Le travail en équipes apparaît déterminant et le directeur
se doit d'être pédagogue ; l'aménagement des rythmes
scolaires est de nature à introduire des éléments
déstabilisants. Les effectifs moyens sont de 25 élèves par
classe et l'école dispose de classes particulières, de
conseillers d'orientation et de rééducateurs.
Les effectifs de l'école tendent à se réduire dès
le CP du fait de la concurrence des établissements privés, du
départ des familles moins défavorisées, d'une violence qui
se développe dans le quartier depuis deux ans, surtout dans la rue.
La violence est maîtrisée au sein de l'école grâce
à quatre emplois jeunes dont l'un est affecté à
l'" action citoyenne " (brigade verte, jeux de cour, gestion d'un
jardin familial, respect de l'environnement, prévention des
dégradations dans l'école, des intrusions et des violences entre
élèves).
Les enfants doivent réparer les dégradations commises, les
parents y étant associés à l'occasion de réunions
trimestrielles qui s'ajoutent au conseil d'école.
L'école bénéficie par ailleurs du dispositif RASED.
D'une manière générale, ce type d'école n'est pas
demandé par les jeunes enseignants sortant de formation mais la
directrice, déchargée totalement de cours, s'efforce de conserver
ceux qui y sont affectés.
Afin d'assurer un remplacement des enseignants en congé de
maladie-maternité, les stages de formation continue sont réduits.
La réforme de la formation continue qui serait dispensée en
dehors du temps d'enseignement permettrait de réduire les besoins
nécessaires au remplacement.
Le potentiel de remplacement dans l'académie est inférieur
à la moyenne nationale et la réduction des effectifs par classe
en ZEP conduit à fermer des classes.
Compte tenu de la dégradation continue de ces quartiers, les
élèves sont souvent orientés en SEGPA au collège.
Le suivi des élèves est assuré avec le collège du
secteur dans le cadre des contrats de réussite en ZEP.
Les problèmes psychologiques des enfants ne peuvent être pris en
compte en classe, qu'il s'agisse de la maîtrise du langage et de la
motricité. Les maîtres de soutien sont des enseignants non
affectés à une classe mais chargés des
élèves en grande difficulté pédagogique ; ils
dispensent des cours individualisés d'une heure par jour pendant six
semaines au terme desquelles l'élève réintègre sa
classe. Le maître de soutien qui est affecté à
l'école s'occupe d'abord des classes de CE2.
Les enfants très violents font l'objet d'un dossier psychologique.
L'évaluation de cette école traduit la dégradation
progressive du quartier, même si la violence est maîtrisée
au sein de l'école et dans les classes.
Les réactions des syndicats et des parents d'élèves
semblent aujourd'hui traduire un sentiment selon lequel l'effort
effectué en faveur des ZEP a atteint ses limites et que des efforts
doivent également être engagés en zone rurale.
Visite du Collège Vauban
Cet
établissement de taille moyenne accueille 432 élèves et se
caractérise par une stabilité de son équipe enseignante :
trois remplaçants y sont actuellement affectés.
Sa dotation horaire globale vient d'être réduite et sept heures
ont été " rendues " à l'inspection
académique en 1998 pour être utilisées dans un autre
établissement, alors que les effectifs d'élèves du
collège sont restés constants.
Ce collège accueille une forte proportion d'enfants de l'immigration, ce
qui conduit l'équipe de direction à entretenir des contacts
fréquents avec les familles et notamment les mères
d'élèves.
Les effectifs moyens sont de 26 élèves par classe ;
12 heures de la DHG sont affectées à des sections de latin
et de grec et 18 heures à la section européenne
" anglais ".
Le conseil d'administration doit à cet égard définir la
politique de l'établissement qui peut consister à créer
des options attractives de langues rares et des sections européennes ou
privilégier le soutien aux élèves en difficulté.
L'offre de l'italien en langue vivante a été récemment
abandonnée.
S'agissant des prérogatives et de l'autonomie de l'équipe de
direction, celles-ci s'exercent au travers du projet d'établissement qui
permet d'introduire une certaine souplesse pédagogique ; les sections
trilingues sont très coûteuses en emplois et la moitié des
moyens de l'établissement sont consommés pour les langues
vivantes.
En cas de surplus d'heures, une demi-heure supplémentaire peut
être consacrée à l'enseignement du français chaque
semaine ou ces surplus peuvent être annualisés et être
utilisés en actions de soutien destinées à
récupérer un petit groupe d'élèves ; ces formules
doivent être négociées avec le rectorat, réclament
une organisation complexe et se heurtent parfois à une résistance
des enseignants.
S'agissant du recrutement de certains personnels non enseignants, les
collèges recrutent et gèrent les emplois-jeunes, y compris pour
ceux qui sont affectés dans les écoles primaires du secteur, sous
le contrôle de l'académie.
Réunion avec le trésorier-payeur
général
et le contrôleur financier
Depuis
un an, un contrôle financier déconcentré des emplois s'est
substitué au contrôle national qui avait certes ses défauts
mais aussi ses qualités.
Ce contrôle permet d'appréhender les mouvements
intra-académiques des personnels, de vérifier que les
gestionnaires ne dépassent pas l'enveloppe qui leur est attribuée
et fait apparaître les modifications de situation des personnels.
Cette vérification ne porte que sur les volumes physiques et financiers
et ne permet pas d'identifier les personnels concernés.
Ce contrôle s'effectue en rapprochant le décompte des emplois du
fichier de paie mais il ne permet pas de contrôler l'usage fait des
heures supplémentaires, le contrôle ne portant que sur l'ensemble
de ces heures.
Il n'appartient pas à la trésorerie générale
d'effectuer un contrôle individuel sur les enseignants ; la seule
vérification intervient au moment de la paie.
S'agissant de l'appréciation des surnombres, il convient de rappeler que
les délégations d'emplois accordées aux académies
correspondent à un certain nombre de postes.
Le contrôle permet de s'assurer que la somme des
délégations dans les académies correspond à
l'autorisation budgétaire ; il convient d'y ajouter les surnombres
légalement autorisés.
Ces délégations couvrent en fait tous les
" arrangements ", ce qui conduit à s'interroger sur
l'existence éventuelle de " surnombres locaux ".
Il existe à cet égard deux types de surnombres : les vrais
surnombres constatés par rapport aux postes prévus, que l'on
s'efforce de résorber et les surnombres " frictionnels " qui
résultent de nécessaires ajustements : ces derniers cas visent
par exemple les enseignants recrutés pour une courte période (du
1er au 15 septembre) pour assurer la rentrée, ces postes
étant gagés par des départs en retraite programmés.
S'il convient d'éliminer les surnombres structurels, il n'en est pas de
même pour les surnombres frictionnels, sauf à entraver le
fonctionnement du service public de l'éducation pour quelques semaines.
La décision prise au milieu de l'année 1997 de
déconcentrer le contrôle financier permettra d'abord de
" compter " les enseignants du second degré qui
relèvent de différents corps : ce contrôle a
déjà été engagé pour les personnels
administratifs et le 1er degré ; au rectorat, un logiciel est devenu
opératoire depuis la fin 1998 pour les personnels du second degré.
Il convient de rappeler que le contrôle de la mise en oeuvre du budget de
l'éducation nationale n'était pas assuré auparavant dans
les académies.
Les premiers résultats feraient apparaître des surnombres locaux
importants qui dépassent les simples surnombres frictionnels.
Le contrôle ne permet pas de détecter les enseignants qui
n'enseignent pas, ni les mises à disposition payées par le
rectorat. La trésorerie générale n'a pas pour vocation de
contrôler les mises à disposition dans des organismes
périscolaires. Des documents sur les modalités du contrôle
exercé par la trésorerie générale seront fournis
à la commission d'enquête.
Compte
rendu du déplacement
dans l'académie d'Aix-Marseille,
28
janvier 1999
Participants
MM. Jean-Léonce Dupont, vice-président, André Vallet et
Jean-Claude Carle, rapporteurs-adjoints et Claude Domeizel.
Programme
9 heures 30 : réunion avec le recteur, le secrétaire
général, les inspecteurs d'académie, le directeur des
services départementaux, la directrice de l'IUFM, le chef de la DAMECO,
le doyen des IA-IPR, le directeur des ressources humaines, les chefs de service
de l'organisation scolaire, des personnels enseignants, des personnels ATOSS,
de l'enseignement privé, le chef du service formation et
développement à la direction régionale de l'agriculture.
13 heures : point de presse au lycée professionnel de La Viste.
13 heures 30 : rencontre avec M. Antonetti, proviseur du lycée
professionnel de La Viste, à Marseille.
14 heures : déjeuner au lycée professionnel de la Viste,
élargi aux élus locaux.
16 heures : visite de l'école élémentaire Ambrosini
à Marseille.
17 heures : rencontre avec le proviseur et les enseignants du collège
Arenc Bachas à Marseille.
Réunion de travail au rectorat
La
population de l'académie d'Aix-Marseille représente 4,4 % de
la population nationale et la population scolaire s'élève
à 638 102 élèves, étudiants et apprentis, dont
44,7 % pour le premier degré et 38,2 % pour le second
degré.
L'académie d'Aix-Marseille se caractérise par une relative
dégradation de ses résultats par rapport aux autres
académies. En 1975, ses résultats la plaçaient dans le
peloton de tête et nettement au dessus de la moyenne nationale, alors
qu'aujourd'hui -s'agissant du pourcentage de jeunes d'une classe d'âge
lauréats au baccalauréat- les performances d'Aix-Marseille sont
inférieures à la moyenne nationale (60,6 % contre
61,5 %) la classant au 19
e
rang de l'ensemble des
académies. Au-delà de ce chiffre, l'académie est
caractérisée par de fortes disparités
départementales puisque le département des
Bouches-du-Rhône, qui représente 70 % de la population, a des
résultats très en-dessous de la moyenne nationale.
La dégradation des taux de réussite des élèves doit
être mise en corrélation étroite avec la dégradation
relative de la situation économique de la région PACA en
général et du département des Bouches-du-Rhône plus
particulièrement.
Pour répondre à cette situation globalement " plus
défavorable ", il faut souligner que la " structure
scolaire " est plus tendue dans l'académie que pour l'ensemble de
la France et qu'elle s'est détériorée. Ceci est
particulièrement vrai en maternelle, en primaire et dans le premier
cycle du secondaire, alors que la situation est plus favorable pour les
enseignements généraux et technologiques. De plus, la dispersion
de la taille des classes amplifie encore plus les différences, puisqu'on
constate à tous les niveaux une proportion élevée de
classes chargées dans l'académie, en dépit de l'existence
des deux départements ruraux et montagnards.
Face à cette situation, la volonté affichée au niveau du
rectorat est de se recentrer sur des objectifs essentiels, tels que la
diminution de moitié du nombre d'élèves sortant sans
qualification et l'augmentation du nombre de bacheliers dans les
filières technologiques, professionnelles et scientifiques. La
dégradation de l'environnement socio-économique de la
région plaide en faveur du développement de la formation
continue, comme instrument de politique volontariste favorisant
l'émergence de nouveaux métiers.
S'agissant des moyens à mettre en oeuvre, il s'agit de ne pas
céder au consumérisme tous azimuts qui fait perdre de sa
cohérence et de sa continuité à l'action éducative.
Il faut s'attacher à revaloriser la qualité du travail personnel
de l'élève pour apprécier le niveau pédagogique de
l'enseignant. La mise en place des bassins de formation doit permettre la
mutualisation des ressources et des compétences académiques.
Enfin, les efforts doivent porter sur le renforcement de la formation continue
en réorganisant les GRETA.
A court terme, et pour la prochaine rentrée, les moyens
supplémentaires seront consacrés, pour l'essentiel, aux
lycées professionnels et à la réduction des classes
surchargées.
*
* *
S'agissant de
l'organisation du premier
degré, le
rectorat dispose d'une relativement grande autonomie car les postes sont
globalisés et c'est l'inspecteur d'académie qui décide des
affectations. Lorsque les dotations sont importantes, les consignes
ministérielles ont pour effet de " flécher " un certain
nombre de postes. Ceci entraîne parfois des dysfonctionnements au niveau
local, entre les " annonces ministérielles ", la politique du
rectorat et les attentes des parents. Ainsi, dans les Bouches-du-Rhône,
les effectifs d'élèves scolarisés dans le premier
degré ont diminué de 3 350 unités, mais une
dotation supplémentaire de 75 postes a été
accordée pour améliorer le taux d'encadrement dans les ZEP
(postes " fléchés ") et abaisser à 25 le nombre
d'élèves par classe en maternelle. Or il aurait sans doute
été préférable de renforcer les moyens en primaire,
car le taux de préscolarisation à deux ans a diminué dans
le département et les taux de fréquentation en maternelle sont
très irréguliers.
Les départements des Alpes de Haute-Provence et des Hautes-Alpes sont
des départements montagnards, avec plusieurs communes sans école,
et plusieurs écoles à classe unique ou seulement deux classes. Le
taux d'absentéisme est évalué à 5 % environ et
le taux de professeurs remplaçants s'élève à
environ 7,6 %. Pour faire face aux besoins accrus de remplacement à
certaines périodes de l'année, on renforce les moyens de
remplacement en jouant sur les périodes où peuvent se faire les
stages de formation continue. En dehors des périodes de remplacement,
les enseignants sont rattachés aux écoles sur des tâches
identifiées.
A certains moments, notamment dans le Vaucluse, il a fallu fermer des
écoles, faute de remplaçants.
Le problème du remplacement, c'est de trouver les personnels pour
occuper les postes accordés puisque, depuis 1998, l'utilisation des
listes complémentaires est strictement encadrée.
*
* *
Dans
l'enseignement privé, il n'y a pas de contingentement des
remplaçants, qui sont soit des vacataires, soit des enseignants
remplaçants à titre permanent.
Dans le second degré
, le recensement des enseignants montre que
tous ne sont pas en poste devant les élèves. Ainsi dans les
Hautes-Alpes, sur 727 enseignants, 700 sont devant les
élèves, 16 sont conseillers pédagogiques et
11 équivalents temps plein bénéficient de
décharges syndicales, d'emplois de réadaptation, d'emplois dans
des équipes d'animation pédagogique ou une mutuelle.
Ces postes ne sont pas très importants et ils donnent une certaine
souplesse dans la gestion des personnels enseignants en offrant aux
enseignants, dans leur carrière, des temps " de pause ".
S'agissant du taux d'encadrement dans les lycées, les classes sont en
moyenne de 28,9 élèves dans l'académie, mais 216
divisions comportent encore plus de 35 élèves.
La situation entre les établissements reste très
hétérogène, du fait du manque de locaux à certains
endroits, des choix des élèves privilégiant telle ou telle
formation et d'un nombre insuffisant d'enseignants dans l'enseignement
technologique par rapport à l'enseignement général.
Globalement, sur les dix dernières années, les effectifs
scolarisés en lycées et lycées professionnels publics sont
restés stables.
La gestion des remplaçants
dans le secondaire relève du
rectorat et elle est rendue complexe par la monovalence des enseignants et le
nombre de disciplines enseignées.
Pour les congés d'une durée inférieure à quinze
jours, c'est au chef d'établissement d'organiser le remplacement, en
utilisant un quota d'heures supplémentaires effectives, soit pour payer
les enseignants de son établissement qui effectuent le remplacement,
soit pour payer des vacations d'étudiants, dans la limite de 200 heures
par an par étudiant. Ils peuvent également utiliser le volant
d'enseignants remplaçants rattachés à
l'établissement.
Pour les congés supérieurs à quinze jours, le rectorat
fait appel aux enseignants remplaçants affectés sur zone,
payés à l'année et qui en dehors des périodes de
remplacement, doivent effectuer des tâches pédagogiques. Cette
solution est difficile à mettre en oeuvre car, par définition,
ces tâches pédagogiques doivent pouvoir être interrompues
à tout moment pour rester compatibles avec les tâches de
remplacement.
Les moyens de remplacement sur zones ne correspondent pas exactement aux
besoins exprimés par discipline. Le rectorat répartit le volet de
remplacement ainsi que les enseignants en surnombre sur les zones de
remplacement. Pour les disciplines en surnombre (philosophie,
histoire-géographie et sciences économiques), le rectorat peut
théoriquement imposer aux enseignants concernés d'effectuer des
remplacements dans d'autres disciplines, mais en pratique cela s'avère
très difficile surtout si les disciplines sont éloignées.
Du point de vue des remplacements, et plus généralement d'un
point de vue pédagogique, la bivalence notamment pour le premier cycle
du collège présente un intérêt certain. Elle
facilite la transition avec l'école primaire et permet un rapprochement
entre champs disciplinaires voisins, en favorisant un travail d'équipe.
*
* *
S'agissant de
l'enseignement agricole
, il faut noter la
forte
prédominance de l'enseignement public. Sur les dix dernières
années, les effectifs d'élèves ont fortement
augmenté et certaines sections sont très attractives, ce qui
entraîne des classes très chargées avec plus de 35
élèves.
L'engagement de modération des effectifs s'est trouvé en
concordance avec le fléchissement démographique constaté
depuis 1995 et à la rentrée 1998-1999, l'objectif de croissance
de 2,5 % n'a même pas été atteint.
L'enseignement agricole est caractérisé par l'importance des
enseignants non titulaires, embauchés pour répondre à la
forte croissance des effectifs scolarisés sur les dix dernières
années car la création de postes de titulaires avait
été insuffisante.
Les remplacements sont financés sur une enveloppe globale qui sert
également à rémunérer les enseignants non
titulaires.
S'agissant des
emplois-jeunes
, 3 200 ont été
créés dans l'académie sur des postes bien définis,
tels que le soutien éducatif ou l'aide aux nouvelles technologies.
Néanmoins, la difficulté réside dans le type de formation
à définir pour les titulaires de ces emplois-jeunes afin qu'ils
puissent accéder à un emploi définitif.
En ce qui concerne la
déconcentration du mouvement
, il faut noter
que le principe en est accepté par les enseignants. A partir de la
dotation horaire globalisée qui leur est attribuée, les
établissements vont, en fonction de leurs besoins, identifier leurs
postes, notamment ceux à exigence particulière. Les personnels
enseignants vont établir leurs voeux sur les postes ainsi
déterminés. Le barème comporte une part nationale et une
part académique, qui pour l'instant reste composée
d'éléments déterminés au niveau national. Mais
à l'avenir, il faudrait introduire, en concertation avec les syndicats
d'enseignants, une certaine flexibilité sur la part académique du
barème afin de permettre une meilleure prise en compte des
spécificités locales.
Visite de l'école élémentaire Canet-Ambrosini
Cet
établissement situé dans les quartiers nord de Marseille est
classé en ZEP. Il accueille 143 élèves répartis sur
6 classes, dont une -le CM2- est délocalisée, faute de place,
dans l'école élémentaire voisine. Les effectifs moyens
sont de 23,83 élèves par classe.
Les enseignants, dans un établissement classé en ZEP doivent
obligatoirement apprendre à travailler en équipe.
A priori, le classement en ZEP n'induit pas un profil particulier d'enseignant
mais suppose une adhésion forte au projet d'établissement.
L'académie de Marseille a créé des postes
d'enseignant-référent qui accompagnent les jeunes enseignants
nommés en ZEP et l'IUFM a développé un module
d'enseignement spécifique.
Le projet pédagogique de l'établissement doit veiller à
donner un sens aux apprentissages enseignés à l'école
d'autant plus que l'apport familial est quasi inexistant.
A priori, un noyau d'enfants effectue tout son premier cycle dans cette
école, mais il faut intégrer -souvent en cours d'année-
quelques enfants primo arrivants, dépourvus de tout acquis fondamental.
L'origine nationale des élèves est en outre très
variée.
Le bâtiment, dans une situation relativement dégradée, a
fait l'objet de seize cambriolages en deux ans jusqu'à ce qu'il soit
équipé d'une alarme et qu'un concierge soit recruté. Mais
il souffre de plus d'un manque de moyens, faute de place pour installer une
bibliothèque et un site informatique.
Visite du collège Arenc Bachas
Le
collège Arenc Bachas est un établissement sensible, situé
en ZEP, qui accueille 470 élèves en provenance à plus de
90 % de catégories socio-économiques
défavorisées. 55 % des familles dont ils sont issus vivent de
revenus de transfert.
Le projet d'établissement prend en compte ces réalités et
privilégie les actions de solidarité et la mutualisation des
ressources. Les enseignants sont intégrés dans une équipe
pédagogique très soudée.
Les actions-pilotes portent sur l'éducation à la
citoyenneté, l'ouverture sur les disciplines artistiques et la
réflexion sur la violence. Sur ce dernier point, la structure familiale
de l'établissement et la présence de deux personnes
nommées dans le cadre du plan anti-violence ont permis
d'améliorer la situation, sans la rendre totalement satisfaisante.
Les effectifs d'élèves par division sont en moyenne de 20
à 24. Il est apparu que pour suivre correctement les
élèves, il fallait développer des relations plus suivies
entre le CM2 et la 6
e
et entre la 3
e
et la seconde.
Notamment, le collège s'est attaché à réduire la
fréquence des décisions d'orientation quasi systématiques
vers des BEP où les élèves sont condamnés à
l'échec.
Pour résoudre les difficultés particulières de cet
établissement, l'équipe d'encadrement est notamment
renforcée par une assistante sociale à temps plein et une
infirmière à mi-temps qui effectue l'autre partie de son service
dans le secteur géographique du recrutement du collège.
S'agissant des qualités spécifiques attendues pour enseigner dans
ce type de collège sensible, il a été reconnu qu'une
formation complémentaire adaptée, sous forme de stage, serait
nécessaire. Par ailleurs, il conviendrait de développer
l'information des jeunes enseignants en IUFM sur les caractéristiques du
travail en ZEP.
Onze aides éducateurs ont été recrutés dans
l'établissement sur des postes bien définis et certains se
préparent à enseigner.
Compte
rendu du déplacement dans l'académie
de Lyon et de Grenoble
le 4 février 1999
Participants
MM. Adrien Gouteyron, président, Francis Grignon, rapporteur,
Jean-Claude Carle et André Vallet, rapporteurs adjoints, Claude Domeizel
et Pierre Martin.
Programme
9 heures 30 : réunion de travail au rectorat de Lyon avec
MM. Jean-Marc Goursolas, secrétaire général de
l'académie, Laurent Gérin, secrétaire
général adjoint, Francis Poux, inspecteur d'académie du
Rhône, Jean Laval, inspecteur d'académie de la Loire, Jean-Luc
Poumaredes, responsable de la division des personnels enseignants ; M.
Javaux, chef du service régional de la formation et du
développement Rhône-Alpes, Mme Pacaut, adjointe au chef de service
et M. Balaud, chef de la division des affaires financières pour le
ministère de l'agriculture ;
11 heures : réunion de travail avec M. Louis Arbelot, trésorier
payeur général et M. Vincent Carpentier, contrôleur
financier.
13 heures 15 : déjeuner de travail au lycée de l'Albanais
à Rumilly en Haute-Savoie.
14 heures 45 : réunion de travail au lycée de Rumilly avec
M. Bernard Dubreuil, recteur de l'académie de Grenoble, Michel
Villemin, secrétaire général, Jean-Christophe Affre,
directeur des ressources humaines, Jean Fasquel, inspecteur d'académie
et M. Bouchet, proviseur du lycée de Rumilly.
16 heures 20 : conférence de presse au lycée de Rumilly.
Réunion de travail au rectorat de Lyon
L'académie de Lyon accueille 5 % des
élèves de l'enseignement scolaire et 6 % des étudiants.
Les établissements sont très concentrés puisque 60 % de
ceux-ci sont situés dans l'agglomération lyonnaise alors que les
établissements isolés se situent plutôt à l'est du
département de l'Ain et sont davantage confrontés au
problème des remplacements.
L'académie se caractérise par des performances scolaires
satisfaisantes qui peuvent se constater dans les résultats du
baccalauréat et de l'évaluation des classes de CE2, de
6
e
et de seconde, qui apparaissent supérieurs à la
moyenne nationale.
Des résultats moins positifs cependant peuvent être
constatés en matière de retards scolaires, de taux
d'entrée en classe de 6
e
et de sorties du système
scolaire sans qualification.
Le rectorat doit assurer la gestion de 300.000 élèves
répartis dans 1.750 écoles et 550 collèges et
lycées publics et privés sous contrat, ainsi que de
20.000 enseignants du second degré.
L'académie dispose d'un nombre suffisant d'enseignants et ne dispose pas
de surnombres budgétaires. En revanche, certaines disciplines, comme la
philosophie, sont excédentaires en enseignants tandis que les SVT, les
sciences physiques et l'espagnol sont déficitaires.
Les emplois budgétaires de titulaires rémunérés au
titre du chapitre 31.93 sont stables alors que les effectifs
d'élèves enregistrent une légère diminution.
S'agissant des
maîtres auxiliaires
rémunérés
sur le chapitre 31.97, l'académie s'est vue contrainte de les
réemployer à la rentrée 1997 mais n'a
procédé à aucune embauche depuis deux ans, à
l'exception de 18 contractuels ou maîtres auxiliaires à la
rentrée 1998 en SVT ; le volant des maîtres auxiliaires est
de 800 agents contre 1 100 en 1997.
Les enseignants rétribués au titre du chapitre 31.93 sont au
nombre de 5.000 et 230 sont en surnombre non budgétaire dans
l'académie, c'est-à-dire ne sont pas affectés sur un poste.
Par ailleurs, 300 maîtres auxiliaires ont réussi les concours au
cours des dernières années et ont été
titularisés.
Conformément à la politique engagée par le recteur Bancel,
des
vacataires
sont utilisés pour assurer les remplacements et
l'académie ne recrute plus de maîtres auxiliaires. Il reste que
des variables d'ajustement sont nécessaires pour effectuer ces
remplacements : le rectorat recourt ainsi largement à des
étudiants de bon niveau (à bac + 3) qui peuvent aisément
se trouver dans le tissu universitaire local, ce qui correspond aux souhaits de
ces étudiants.
Le recrutement de ces vacataires est de la compétence des chefs
d'établissement ; ils ne peuvent effectuer plus de 200 heures
d'enseignement dans l'année. 500 vacataires, en termes de personnes
physiques, sont ainsi utilisés et ceux-ci effectuent de 6 à 9
heures de service hebdomadaire réparties sur deux classes.
Ce recours aux vacataires étudiants se traduit par des résultats
pédagogiques satisfaisants qui s'expliquent par le fait que ces
étudiants sont le plus souvent des lauréats aux concours,
admissibles au CAPES, se destinant à l'enseignement et qui
bénéficient ainsi d'une sorte de prérecrutement.
Par ailleurs, l'académie a réduit l'utilisation des
heures
supplémentaires
et a " rendu " un volant de 5.500 heures.
Il reste que la transformation des heures supplémentaires en postes
à l'année se traduit par une certaine déperdition d'heures
d'enseignement effectives, étant rappelé que le recours aux
heures supplémentaires est moins coûteux pour l'académie.
Il convient également de noter que les organisations syndicales au
niveau local paraissent se satisfaire de l'utilisation de ces vacataires
étudiants.
Le plan de
relance des ZEP
va se traduire dans l'académie par une
modification de la carte de ces zones ; ce dispositif se traduit notamment
pour les écoles primaires par un aménagement des seuils
d'élèves pour l'ouverture ou la fermeture des classes, et par un
développement de l'accueil des enfants de deux ans.
L'évaluation des ZEP fait apparaître un retard sensible pour
l'accès des élèves en classe de 6
e
et des
résultats inférieurs à la moyenne nationale en classe de
CM2 et de 6
e
.
Le recrutement de 18 maîtres auxiliaires en SVT est justifié par
un déficit structurel de l'académie dans cette discipline alors
que la philosophie et les sciences économiques et sociales sont toujours
excédentaires.
D'après les autorités académiques, le développement
d'une
bivalence disciplinaire
de " type PEGC " ne serait pas
une solution satisfaisante, à l'exception de certaines disciplines comme
les langues vivantes rares qui pourraient être associées à
l'enseignement du français.
Il semble cependant que les syndicats pourraient admettre une certaine
bivalence afin de contenir le développement du service partagé
entre plusieurs établissements mais ils considèrent de
manière générale que la monovalence permet de respecter le
statut des personnels et de maintenir la qualité d'un enseignement
disciplinaire.
Par ailleurs, le
système des options
au lycée est
jugé comme gros consommateur de moyens ; ces options permettent en
outre aux " initiés " de contourner la carte scolaire mais
elles sont rapidement abandonnées par les élèves au cours
de la scolarité.
A cet égard, la réforme des lycées devrait permettre de
réduire l'éventail de la carte des options, notamment dans la
filière informatique et électronique appliquée qui est
encadrée en fait par des professeurs bivalents d'autres disciplines qui
feront l'objet d'une reconversion, par exemple en physique.
Dans cette perspective, on peut considérer que l'informatique ne doit
pas constituer un champ disciplinaire spécifique mais qu'elle doit
irriguer plusieurs disciplines comme on le constate dans les filières
technologiques.
Parmi les enseignants qui ne sont pas devant des élèves,
l'académie recense 35
mises à disposition
mais certains
des enseignants concernés sont affectés à des tâches
pédagogiques de " remise en selle " des enseignants en
difficulté, les mutuelles bénéficiant pour leur part de
mises à disposition " nationales ".
Il est difficile de considérer que ces enseignants mis à
disposition dans des mutuelles ou des oeuvres y effectuent une
" carrière " ; ces derniers travaillent par ailleurs en
osmose avec l'académie dans le cadre d'une activité
administrative et répondent souvent à de véritables
besoins, par exemple en informatique.
Par ailleurs, les enseignants des LP et des lycées techniques effectuent
des stages en entreprise. C'est également le cas dans l'enseignement
agricole, notamment pour les jeunes stagiaires d'IUFM.
S'agissant des personnels ATOS, l'académie apparaît
sous-dotée puisqu'elle aurait besoin de 100 postes
supplémentaires qui seraient justifiés par l'augmentation des
superficies des établissements.
La réforme du mouvement
devrait constituer un
élément positif pour améliorer la gestion du
système éducatif ; elle conduira l'académie à
développer sa programmation, à permettre aux chefs
d'établissement de préparer les emplois du temps bien avant la
rentrée et de procéder aux ajustements des besoins compte tenu
des résultats du baccalauréat ; elle sera par ailleurs
assortie d'un logiciel d'aide à la décision pour les enseignants
dans chaque académie.
S'agissant de la mise en oeuvre du
contrôle financier local
, ce
dernier devrait faire apparaître le décalage existant entre les
actes de gestion et de paie des personnels qui est de l'ordre de deux
mois ; ce contrôle de gestion devrait être global, sauf
à se transformer en " machine infernale " s'il devait se
traduire par un visa préalable sur tout acte de gestion.
L'enseignement agricole
de la région accueille 20.000
élèves répartis dans 95 établissements et se situe
ainsi en troisième position après la Bretagne et les Pays de
Loire.
Dans ces mêmes établissements, 1.820 apprentis sont accueillis
dans cinq CFA.
Cet enseignement se partage à parts égales entre le public, le
privé et les maisons familiales ; il est dispensé dans des
établissements à taille humaine et le taux d'insertion des
diplômés reste très satisfaisant.
Après une forte augmentation au cours des années récentes,
les effectifs ont connu une certaine diminution liée au plan de
maîtrise prôné par le ministère de l'agriculture et
à la réforme pédagogique des collèges.
L'enseignement public agricole bénéficie de 600 postes
budgétaires et de 200 agents, soit 32 % des effectifs pour combler les
vacances de postes ; ces agents contractuels sont soit recrutés sur
postes budgétaires, soit directement par la région (131 agents)
pour la durée de l'année scolaire afin de répondre aux
déficits structurels de titulaires, ou pour une durée plus courte.
Les besoins en personnels d'encadrement et de surveillance sont importants du
fait qu'un élève sur deux est interne et les heures
supplémentaires représentent 30 postes ETP.
Les décharges syndicales représentent environ 30 postes et les
personnels ATOS sont en nombre insuffisant.
Les remplacements ne sont assurés qu'à partir de trois semaines
d'absence, l'établissement devant recourir à ses moyens internes
en-deçà de cette période et les classes d'examen faisant
l'objet d'un examen prioritaire.
Les directeurs sont extérieurs à l'établissement et les
formations liées à la production agricole regroupent encore 30 %
des élèves.
Rencontre avec M. Louis Arbelot,
trésorier payeur
général,
et M. Vincent Carpentier, contrôleur
financier
Le
contrôle financier local se met en place progressivement mais il n'a pas
vocation à vérifier l'adéquation entre les moyens en
personnels de l'académie et les besoins des établissements.
La trésorerie générale régionale est
compétente pour les deux rectorats et elle s'efforce de sensibiliser ces
derniers à la nécessité d'un contrôle.
Ce contrôle a déjà été mis en place pour les
services de l'équipement et a été étendu à
l'éducation nationale, d'abord pour les personnels du 1
er
degré et les ATOS.
La trésorerie générale travaille en concertation avec le
recteur pour rapprocher les états du rectorat avec le fichier de paie de
la trésorerie : un premier examen a montré que les
écarts entre ces deux nomenclatures étaient peu importants par
rapport aux masses globales et que les enveloppes budgétaires
étaient respectées ; les écarts constatés
concernent les personnels contractuels mais les écarts restent marginaux
par rapport aux masses en cause.
La difficulté principale consiste à établir des
comparaisons entre deux nomenclatures -budgétaire et de paie- et
à les rapprocher : l'éducation nationale appréhende
en effet ses contractuels de manière plus large que la trésorerie
générale pour son fichier de paie.
Par ailleurs, toute modification intervenant à un mois " m "
dans la situation administrative d'un fonctionnaire a des répercussions
à m+1 ou m+2, ce qui soulève des difficultés pour la
gestion d'une masse importante d'agents.
Les premiers contrôles n'ont fait apparaître aucun surnombre
budgétaire et n'ont permis de constater que de faibles écarts.
Il conviendra d'affiner ce contrôle sur les personnels contractuels
d'ajustement qui sont plus difficiles à cerner, ce qui conduira à
élaborer d'autres méthodes d'investigation.
L'identification de chaque enseignant supposerait une connexion des
systèmes informatiques et l'établissement d'une
comptabilité contradictoire à partir d'un contrôle des
masses budgétaires et des règles de gestion ; l'importance
de ces masses et l'extrême mobilité des personnels rendent les
modalités de ce contrôle nécessairement complexes.
Actuellement, le contrôle mis en place sur les 6.000 fonctionnaires de
l'équipement permet de mesurer efficacement les dépassements par
rapport à l'enveloppe budgétaire, et donc les surnombres, et
même d'anticiper les mouvements : 1.500 actes sont visés
à ce titre. Ce type de contrôle sous la forme de visas
paraît difficilement applicable aux personnels de l'éducation
nationale.
Pour l'instant, les méthodes de travail n'ont pas été
arrêtées avec le rectorat ; elles devraient s'effectuer
à moyens constants pour le Trésor et porter en priorité
sur le respect des enveloppes budgétaires.
Dans la pratique, les paiements sont assurés depuis Paris sans
ordonnancement pendant onze mois, un bilan étant effectué en fin
d'année.
Ce contrôle de gestion devrait porter en priorité sur le
problème des contractuels, le respect des statuts, la
rémunération des personnels sur les chapitres budgétaires
adéquats.
Dans le premier degré, on ne dénombre que 300 contractuels sur
25.000 enseignants.
Le contrôle financier doit enfin tenir compte du fait que le recteur a
une obligation de résultats et de moyens pour assurer le fonctionnement
des établissements et le fichier de paie constitue un outil essentiel de
contrôle.
Réunion de travail au lycée de Rumilly
avec les
responsables du rectorat de l'académie de Grenoble
L'académie de Grenoble reste déficitaire de 500
postes
de
personnels ATOS
.
Compte tenu d'une fluidité réduite de ces personnels, un
rééquilibrage entre établissements est malaisé
même s'il est possible de confier certains services au secteur
privé et de transférer certaines compétences aux
collectivités concernées.
S'agissant des enseignants, une certaine polyvalence pourrait être
développée en collège pour des raisons pédagogiques
et de gestion.
Il pourrait être envisagé de prolonger la carrière des
enseignants vers des fonctions d'orientation.
Enfin, compte tenu de l'organisation des classes de seconde,
156 combinaisons sont offertes aux lycéens, ce qui revient à
soulever le problème du coût du système d'options et les
économies qui pourraient résulter de sa simplification.
L'académie utilise 900
maîtres auxiliaires
contre 1.800 il
y a trois ans : cette forte réduction résulte des consignes
données par le précédent ministre et de l'organisation de
multiples concours (internes, réservés, spécifiques) pour
résorber le nombre de maîtres auxiliaires.
Ces 900 maîtres auxiliaires doivent être rapprochés des
16.000 enseignants du second degré ; ils ont vocation à
effectuer des remplacements mais ils sont en nombre insuffisant, notamment dans
certaines disciplines eu égard aux qualifications requises.
S'agissant de la qualité des concours, les concours
réservés et les concours internes n'offrent pas les mêmes
garanties de recrutement mais les jurys se sont efforcés depuis trois
ans d'éviter l'intégration ou la reconduction de maîtres
auxiliaires qui n'ont manifestement pas vocation à enseigner.
En cas de licenciement, le maître auxiliaire peut déposer un
recours devant le tribunal administratif mais aucun de ces recours n'a
aujourd'hui abouti.
Dans la pratique, après avoir reçu une lettre d'avertissement, le
maître auxiliaire se voit proposer une formation spécifique ;
si aucune amélioration n'est constatée, une décision
finale est prise sur un rapport de l'inspection générale.
Quelques dizaines de nouveaux maîtres auxiliaires ont été
recrutés au cours des dernières rentrées, notamment pour
occuper des postes à l'année.
L'académie recourt également à des
vacataires pour les
remplacements
; les remplacements sont assurés par des
titulaires remplaçants qui sont au nombre de 250 dans l'académie,
par des maîtres auxiliaires et par des vacataires rétribués
par les établissements en heures supplémentaires
effectives ; chaque établissement dispose en moyenne d'un volant
annuel inférieur à 200 heures supplémentaires.
Les vacataires utilisés sont le plus souvent des étudiants ou des
professionnels pour les postes vacants dans les établissements
techniques et professionnels.
Dix maîtres auxiliaires et quelques contractuels ont été
recrutés lors de la dernière rentrée.
Par ailleurs, les textes existants, les contraintes statutaires, l'opposition
des syndicats et une rémunération peu attractive constituent
autant de freins au recours aux professeurs associés enseignant à
mi-temps.
On a assisté à la rentrée de 1997, pour des raisons
sociales
, à un réemploi massif des maîtres
auxiliaires
. Ce réemploi massif et trop important par rapport aux
besoins de remplacement s'est traduit par des excédents et des
déficits selon les disciplines. Cela a conduit à recruter des
vacataires dans les disciplines déficitaires ; les maîtres
auxiliaires en excédent ont été affectés en
établissement et participent à la vie scolaire et notamment au
fonctionnement des CDI.
Les chefs d'établissement s'emploient à les persuader qu'un
minimum d'activité, même dépourvue de tout lien avec leur
discipline d'origine est la contrepartie de leur
rémunération ; en fait, tous les maîtres auxiliaires
ne sont pas effectivement utilisés et le rectorat s'efforce de les
identifier.
Sur un volant de 900 maîtres auxiliaires, une centaine n'effectuerait pas
de remplacement et serait en surnombre par rapport aux besoins des
établissements ; ils sont sollicités pour des
activités annexes mais " n'obtempèrent " que dans la
moitié des cas.
On peut considérer que 50 maîtres auxiliaires n'ont aucune
activité. Ces cas peuvent difficilement être identifiés par
les inspecteurs pédagogiques régionaux " vie scolaire "
qui ne peuvent effectuer que 100 inspections par an ; les informations
proviennent des chefs d'établissement et des relances sont
adressées aux maîtres auxiliaires qui refusent un remplacement.
En moyenne, un remplaçant effectue 80 % de son service en
remplacement et 20 % au titre d'activités
indifférenciées ; on constate depuis deux ans une
régulation naturelle de ce problème du fait d'une pression locale
qui s'exerce sur les chefs d'établissement pour assurer un soutien aux
élèves.
Le recours à des professionnels vacataires serait sans doute souhaitable
mais il est difficile à mettre en oeuvre pour des classes d'examen dans
les disciplines générales.
Quant au recours aux étudiants vacataires, ceux-ci doivent justifier
d'une formation disciplinaire minimale pour les matières fondamentales
dans les classes à forts effectifs, par exemple en
mathématiques : l'utilisation des vacataires est
nécessairement limitée dans ces disciplines.
Les remplacements ne sont assurés qu'au-delà d'une absence de
trois ou de quatre semaines ; en deçà, ils sont
assurés par l'équipe enseignante de l'établissement, cette
solution interne étant plus difficile à mettre en oeuvre dans les
petits collèges.
L'académie de Grenoble comporte entre 100 et 200 enseignants titulaires
en surnombre budgétaire. Les maîtres auxiliaires qui sont
rattachés à un établissement interviennent dans une des 16
zones de remplacement de l'académie.
Le
contrôle local des emplois
se met actuellement en place et les
services financiers définissent ses modalités à partir des
éléments fournis par le rectorat.
Ce dernier essaie de resserrer sa gestion quotidienne dans le premier
degré en fonction de la diversité des situations : un
léger surnombre est nécessaire pour assurer le fonctionnement des
écoles du fait des restrictions qui ont été
apportées aux listes complémentaires.
Le département de la Haute Savoie enregistre une croissance
démographique mais il reste caractérisé par une moindre
scolarisation des enfants de moins de trois ans.
Un redéploiement des moyens entre départements, par exemple pour
les personnels ATOS apparaît difficile sur le plan pratique dans le cadre
de l'académie.
La multiplication des options en classe de seconde au lycée est
aujourd'hui démesurée et celles-ci n'apportent aucune plus-value
pour l'obtention du baccalauréat ; ces options
" consomment " beaucoup de moyens et tendant à complexifier la
gestion des personnels.
Les parents d'élèves manifestent un comportement de consommateurs
à l'égard des établissements. Dans la pratique, certaines
options comme la 3
e
langue vivante dans la filière S
sont rapidement abandonnées par les élèves ; cette
3
e
langue devrait en fait être réservée à
la filière littéraire.
Rencontre avec les responsables des " Maisons familiales "
Quinze
maisons familiales accueillent dans le département 3.000
élèves, pour moitié dans des formations agricoles
traditionnelles en alternance et pour l'autre moitié dans des CFA.
Les personnels sont gérés par la direction régionale
compétente : les deux tiers des 11.000 élèves
relèvent du système traditionnel et un tiers de l'apprentissage.
Le système utilise 800 enseignants, sans surnombre et cet enseignement
en alternance peut désormais s'appuyer sur une expérience de
40 ans.
Les personnels sont recrutés par les associations, l'enseignement
privé catholique ayant par ailleurs fonctionnarisé son personnel.
Les maisons familiales sont gérées par un conseil
d'administration ; elles ont un statut d'association de la loi de 1901 et
gèrent leurs personnels qui sont recrutés sous contrat de droit
privé.
La loi Rocard de 1984 a préservé leur autonomie : les
enseignants ne sont pas des professeurs mais des moniteurs appelés
" formateurs ".
Ces formateurs sont ingénieurs, titulaires de DUT ou de BTS et sont
chargés de missions d'enseignement, d'animation, d'éducation et
répondent aux mêmes exigences de diplômes que leurs
collègues de l'enseignement public.
Ils effectuent 43 heures de service hebdomadaire et bénéficient
de six semaines de congés. Les dotations des maisons familiales sont
calculées à partir d'un forfait par élève.
Sur 43 heures de service, 18 sont consacrées aux cours, le reste
étant consacré aux relations avec l'entreprise et au suivi de
l'alternance.
La direction régionale de l'agriculture joue le rôle d'un rectorat
et chaque maison familiale peut organiser ses missions avec une grande
autonomie.
Les maisons familiales implantées dans les régions de l'Ouest
sont encore proches de la tradition catholique et revendiquent des locaux et
des équipements supplémentaires.
La grille nationale de salaire des enseignants comporte plusieurs
échelons selon les diplômes : un ingénieur
débute à 10.000 F mensuels bruts et termine sa carrière
à 15.000 F.
Les maisons familiales sont financées par une subvention de l'Etat qui
couvre 50 % du coût de la scolarité, la famille acquittant
25 % de ce coût, dont 15 % pour le seul enseignement, ce qui
représente une contribution annuelle moyenne de 4.000 F.
Enfin, le taux d'insertion professionnelle de leurs élèves est de
l'ordre de 93 %.
*
* *
Compte rendu du déplacement
dans l'académie de Corse du 11
février 1999
Participants
MM. Jean-Claude Carle et André Vallet, rapporteurs adjoints,
Claude Domeizel et Mme Hélène Luc
Programme
11 h 10 : accueil de la délégation à
l'aéroport d'Ajaccio ;
11 h 45 : réunion de travail au rectorat sous la présidence
de M. Jacques Pantaloni, recteur de l'académie de Corse, avec le
secrétaire général, les inspecteurs d'académie et
les représentants des services ;
14 h 00 : déjeuner de travail à la résidence du
recteur ;
15 h 30 : remise d'une gerbe à la préfecture d'Ajaccio en
hommage au préfet Erignac ;
16 h 00 : réunion de travail au collège du Finosello ;
18 h 00 : réunion de travail au lycée professionnel du
Finosello ;
20 h 00 : départ pour l'aéroport.
Réunion de travail au rectorat
D'une
manière générale, le rectorat " sait où se
trouvent les enseignants de l'académie et ce qu'ils font ".
Certaines sections ont été regroupées, telles le latin et
le grec, afin de permettre une véritable émulation dans les
classes.
S'agissant de la répartition des moyens, le ratio heures
affectées/nombre d'élèves n'est pas homogène dans
toute l'académie et est plus faible à Ajaccio que dans les zones
rurales isolées : l'académie dispose du plus petit
collège de France qui regroupe 74 élèves et qui doit
être maintenu.
Tous les postes d'enseignants sont répartis avec l'aval de la
collectivité territoriale.
L'académie comporte cinq zones de
remplacement
aux moyens
inégaux selon qu'elles concernent Ajaccio, Bastia ou des zones
rurales : 125 postes ETP sont affectés sur ces zones, dont 106
maîtres auxiliaires, les autres étant des titulaires
académiques ou remplaçants.
Le taux heures/élèves varie entre 1,2 en zones urbaines, 1,34 en
collège urbain et 1,63 en zones rurales.
Les moyens de remplacement privilégient les maîtres auxiliaires
par rapport aux titulaires, ce qui la distingue d'autres académies.
Les besoins de remplacement sont supérieurs à la moyenne
nationale : les moyens de remplacement devraient être réduits
en Corse du Sud pour les harmoniser avec ceux de la Haute-Corse, notamment dans
le 1
er
degré où l'académie a perdu
1 % de ses effectifs d'élèves.
L'absentéisme est plus important que celui observé en moyenne
nationale ; afin de le réduire, un courrier a été
envoyé à tous les médecins pour souligner les
conséquences d'un absentéisme des enseignants.
La carte des options proposées obéit à des conditions
d'effectifs et aucune option n'est ouverte en dessous de douze
élèves, ce qui tend à prévenir tout excès.
Les dotations horaires globales sont calculées en fonction de ces
critères et le rectorat a demandé aux chefs
d'établissement de veiller à leur respect pour éviter des
emplois du temps ingérables pour les élèves.
Les élèves sont regroupés dans deux lycées à
Ajaccio qui sont spécialisés après
" coloration " : le lycée Laetitia Bonaparte propose des
CPGE et des BTS tandis que le lycée Fesch est plutôt
littéraire ; les sections européennes ont été
transférées du premier au second établissement dans un
souci de cohérence thématique.
S'agissant des
écoles en milieu rural,
dix postes y ont
été affectés pour maintenir des classes, ces postes ayant
été pris sur les moyens de remplacement.
L'évaluation menée en classe de CM2 a montré que les
résultats obtenus en classe unique étaient satisfaisants mais
52 % des communes de la Corse du Sud n'ont plus d'écoles contre
58 % en Haute-Corse.
Le regroupement se heurte aux problèmes de distance et aux temps de
transport, 20 km représentant souvent une heure de trajet pour les
élèves et les enseignants. L'académie privilégie
ainsi la mise en réseau et les échanges entre écoles et
établissements.
Les écoles en milieu rural sont encadrées surtout par de jeunes
sortants d'IUFM ; l'académie essaie d'y maintenir les jeunes
enseignants et joue un rôle pilote dans le développement des
nouvelles technologies qui permettront à toutes les écoles de
communiquer entre elles.
Ce projet consiste à câbler ou à relier par satellites des
établissements répartis sur plusieurs sites appliquant une
pédagogie commune et un enseignement par vidéo-conférence,
ce qui permet d'assurer une émulation entre les élèves.
Les
collèges
périurbains
accueillent des
élèves habitant dans des communes isolées et permettent
ainsi des regroupements.
Les collèges ruraux utilisent largement des maîtres auxiliaires
qui peuvent être appelés, comme les PEGC, à dispenser des
enseignements dans des disciplines voisines.
La taille moyenne de ces collèges est de 200 élèves.
S'agissant des
lycées
, des consignes ont été
données pour que les classes de terminale ne dépassent pas 35
élèves, tandis que des regroupements sont opérés
pour les classes de langues vivantes.
Le fonctionnement des petits collèges est assuré par la
constitution de blocs de services et la stabilisation des enseignants
titulaires est recherchée par les chefs d'établissement ; on
peut noter que certains enseignants acceptent d'effectuer des trajets plus
longs afin de participer à un vrai projet d'établissement.
La déconcentration du mouvement est susceptible de faire évoluer
la situation actuelle ainsi qu'une certaine décroissance des effectifs
qui conduit l'académie à rendre des postes.
L'académie étudie par ailleurs actuellement les véritables
raisons de l'absentéisme des enseignants qui tient également
à un certain mal être des personnels.
Les effectifs d'élèves du 1
er
degré se
réduisent de 1 % par an dans l'académie, cette baisse
démographique devant être légèrement plus
accentuée à la rentrée 1999.
Par ailleurs, le taux de sortie des
élèves sans
qualification
reste préoccupant : le rectorat devrait conserver
20 postes en excédent pour développer les CAP et les BEP et la
formation professionnelle.
L'académie engagera aussi une campagne de promotion des lycées
professionnels en distribuant des plaquettes dans les collèges afin de
réduire le phénomène de l'orientation par
l'échec ; cet effort s'inscrit dans la politique menée par
le ministère.
Il reste que l'île propose peu de débouchés technologiques
pour les titulaires de bac pro et de BTS mais les lycées professionnels
devraient être porteurs d'initiatives pour l'économie, et les
sections de techniciens supérieurs devront désormais être
ouvertes dans le cadre du plan U3M et privilégier des
spécialités comme le génie thermique.
S'agissant des options, notamment de langues anciennes et rares, celles-ci ne
sont pas supprimées, mais des conditions d'enseignement sont
désormais prises en compte.
La réforme du mouvement ne changera rien à la situation des
maîtres auxiliaires
mais il conviendra d'essayer de les maintenir
dans l'académie en raison du faible volant de titulaires
remplaçants ; dans le cadre du nouveau mouvement, il sera opportun
d'affecter le maximum de titulaires sur des postes à l'année et
de réserver les maîtres auxiliaires au remplacement.
L'enseignement privé n'occupe qu'une part réduite et est
dispensé dans deux établissements.
Par ailleurs, il est nécessaire que le service public de
l'éducation dispose de moyens suffisants en zone rurale, en particulier
s'agissant des personnels ATOS et des moyens technologiques qui seront
nécessaires pour assurer une pédagogie commune entre des
collèges relevant de plusieurs sites.
Les quatre principaux lycées professionnels implantés à
Ajaccio et à Bastia devront s'ouvrir à l'économie ;
les entreprises devraient avoir la possibilité d'utiliser leur parc
machines.
Dans le même sens, et en dépit de la rigidité des textes,
les écoles en milieu rural doivent s'ouvrir sur leur
environnement ; la réforme du mouvement devra permettre aussi bien
de recruter que de stabiliser des enseignants de qualité.
Les syndicats ne sont pas opposés à une telle ouverture mais il
convient d'éviter des effets pervers comme la concurrence de produits
fabriqués dans les établissements avec ceux fabriqués dans
les entreprises.
La Corse accueille 622 emplois jeunes qui devront être
gérés dans l'avenir par l'académie.
Les IUFM accueillent 480 élèves encadrés par 90
professeurs ; 200 stagiaires préparent le CAPES dans une
dizaine de disciplines. Ces instituts sont répartis sur trois sites qui
pourraient être rapprochés, au terme d'une réflexion
actuellement en cours.
La carte des ZEP qui a été constituée en 1981 doit
être actualisée pour l'an 2000 à partir de critères
socio-économiques.
La carte des ZEP dans le 1
er
degré ne soulève pas de
difficulté au contraire de celle des collèges qui concentrent les
problèmes, même si la Corse est encore épargnée par
les formes extrêmes de violence du continent.
L'illettrisme n'est pas plus développé en Corse
qu'ailleurs ; son importance générale est d'ailleurs
surévaluée et celui-ci devrait plutôt s'entendre comme
l'impossibilité de mener une vie normale.
L'académie doit cependant accueillir des enfants de l'immigration et
apporter une réponse pédagogique, aujourd'hui insuffisante, en
matière d'acquisition de la langue française.
S'agissant de l'
enseignement de la langue corse
, celui-ci s'inscrit dans
une politique des langues vivantes engagée en 1991 par M. Jospin et
poursuivie en 1994 avec M. Bayrou : il se traduit par trois heures
hebdomadaires dans le primaire et la mise en place de sites bilingues et de
sections méditerranéennes.
L'académie propose ainsi l'étude d'une langue régionale
dans l'enseignement public : 84 postes ETP y sont consacrés et
devraient être complétés par cinq postes
supplémentaires pour satisfaire les demandes à court terme.
La demande existante est difficile à évaluer même si elle
se manifeste dans des spécialités comme l'hôtellerie.
Cet enseignement est dispensé par des enseignants titulaires qui sont
parfois bivalents ; afin de respecter les engagements de l'Etat, six
divisions devraient être créées en classe de 6
e
,
soit un poste complet en plus. Un bilan de cet enseignement devrait être
établi à la rentrée prochaine.
La demande d'enseignement du corse est également forte dans les
lycées professionnels et répond à l'engagement pris par
l'Etat et la collectivité territoriale.
Si 50 % des élèves inscrits en 6
ème
suivent cet enseignement, la langue corse est ensuite concurrencée par
d'autres langues vivantes.
La collectivité territoriale doit présenter un plan de
développement de la langue corse et cette langue doit être offerte
partout, cette obligation étant plus difficile à respecter dans
le 1
er
degré.
S'agissant des
décharges syndicales
, celles-ci
représentent 48 ETP soit 17,5 emplois budgétaires et ces
décharges bénéficient notamment aux associations
péri-éducatives.
Pour les
emplois jeunes
, 50 % d'entre eux bénéficient
d'une formation diplomante et 40 % se sont insérés dans la
vie active.
Pour les autres, leur formation devra être assurée à
l'université, dans les GRETA, les IUFM et au CNED ; ce taux de
formation apparaît satisfaisant même s'il est inférieur
à celui observé en région parisienne.
Le recrutement des emplois jeunes s'est effectué sans difficulté
et 2.000 demandes émanant de diplômés à bac + 2
ou 3 ont été enregistrées ; ils sont répartis
à hauteur de 80 % dans le primaire, le reste en collège, et
sont surtout chargés d'apporter une aide aux écoles en
réseaux pour les nouvelles technologies.
Les emplois jeunes connaissent un taux de rotation non
négligeable : il faut conserver cette fonction qui joue un
rôle d'interface dans les collèges et apporte quelque chose de
nouveau. Une suppression de ces nouveaux emplois apparaît difficile dans
l'avenir.
Entretiens au collège du FINOSELLO
Cet
établissement accueille une classe méditerranéenne et 220
élèves, dont la moitié est constituée de
demi-pensionnaires. Quatorze emplois jeunes y sont affectés et un
nouveau collège devrait prochainement se substituer à des
constructions aujourd'hui vétustes.
Une section judo a été créée pour remotiver des
élèves connaissant de graves difficultés.
S'agissant des
emplois jeunes
, ceux-ci ont été
recrutés selon des profils divers et ont été
affectés à des tâches variées. Certains sont
d'anciens élèves du collège. Les emplois jeunes sont
affectés à l'encadrement de trois classes de tutorat, aux
études dirigées en 6
ème
, aux cours de soutien
dans des petits groupes de cinq à six élèves, à
l'initiation à la vidéo et à l'animation des ateliers
consacrés à des activités sportives et culturelles. Leur
arrivée a quelque peu dérouté les enseignants mais ils
constituent désormais des interlocuteurs pour chaque classe.
Les remplacements en cas d'absence longue sont assurés de manière
satisfaisante ; lorsque les enseignants sont convoqués par les IPR
pour un stage de courte durée, les heures de cours correspondantes sont
consacrées à des devoirs sous la surveillance des emplois jeunes.
Le conseil d'administration du collège définit la politique
autonome de l'établissement. La déconcentration du mouvement est
perçue en termes de lourdeurs, d'échéancier et d'attentes.
Enfin, l'assistante sociale qui se partage entre plusieurs
établissements n'assure pas un suivi avec les écoles primaires.
Entretien au lycée professionnel du Finosello
L'académie comporte quatre lycées
professionnels, deux
à Ajaccio et deux à Bastia.
Le rectorat va prochainement engager une campagne de promotion en faveur de
l'enseignement professionnel, notamment au collège, afin de modifier la
perception culturelle de cet enseignement et de faire disparaître un
système d'orientation par défaut vers ce type d'enseignement.
Le lycée accueille 460 filles et 250 garçons, dont 80 internes.
Il comporte une section hôtelière qui ne dispose que
d'équipements insuffisants : ceux-ci étaient destinés
en 1977 aux élèves préparant le BEP.
La section s'est étendue depuis aux CAP et aux baccalauréats
professionnels alors que les moyens d'enseignement sont restés en
l'état.
Le lycée a donc des besoins urgents de locaux et de matériels
afin de répondre notamment aux besoins de formations dans un secteur qui
correspond à la vocation touristique de la Corse.
Outre des moyens permettant d'assurer l'hygiène et la
sécurité, cet établissement a aussi des ambitions
pédagogiques et aspirerait à devenir un lycée
hôtelier.
La création des " bac pro " a déjà permis de
valoriser cet établissement et il serait souhaitable d'y
développer une année d'adaptation permettant aux
élèves d'accéder ultérieurement en BTS.
L'enseignement de la langue corse a été développé
dans les sections hôtellerie, sociales et de santé, ainsi que de
la vente sans que les parents des élèves aient exprimé des
réticences ; cet enseignement est facultatif pour les
élèves des autres sections et porte plutôt sur
l'étude de la Corse que sur la littérature. Il fait l'objet de
deux heures hebdomadaires mais il convient de remarquer que l'usage de la
langue corse se réduit dans les familles.
Le lycée abrite une crèche parentale ouverte au public depuis
onze ans et qui s'inscrit dans le cursus menant au BEP pour les formations
médico-sociales ; cette crèche accueille seize enfants et
leurs parents participent à son fonctionnement quatre heures par
semaine, le conseil général apportant une subvention annuelle.
Le lycée ne dispose pas d'une infirmière à temps plein et
les élèves ne peuvent ainsi recevoir des soins dans
l'établissement.
L'avenir du lycée devrait se développer autour des sections
d'hôtellerie et médico-sociales. Les élèves
souhaitent l'implantation d'une classe de première d'adaptation dans le
lycée pour ne pas avoir à changer d'établissement et d'une
terminale ; ceux qui sont en difficulté redoutent l'anonymat des
grands lycées. Certains enseignants regrettent la disparition des CAP en
trois ans.
Le rectorat ne semble pas hostile à un prolongement des formations
actuellement offertes, celui-ci s'inscrivant par ailleurs dans les vocations
respectives des établissements de la ville ; la réflexion
à engager devra cependant porter sur les débouchés
potentiels des formations offertes et sur l'insertion professionnelle des
élèves.
L'équipement du lycée en matière sportive est satisfaisant
et un projet de reconstruction a été élaboré.
Si les conditions de travail sont convenables pour les sections tertiaires, il
n'en est pas de même pour l'hôtellerie qui est pourtant
appelée à se développer dans le secteur de la petite
restauration, de la restauration collective et de l'hygiène alimentaire.
Compte
rendu du déplacement dans l'académie de Paris,
16
février 1999
Participants
MM. Adrien Gouteyron, président, Francis Grignon, rapporteur,
Jean-Claude Carle et André Vallet, rapporteurs-adjoints,
Jean-Léonce Dupont, vice-président, et Pierre Martin.
Programme
9 heures 30 : réunion avec le recteur, M. René Blanchet, le
directeur de l'académie, M. Pascal Jardin, le secrétaire
général, Mme Ramond, l'inspecteur d'académie chargé
du premier degré, M. Delaubier, l'inspecteur d'académie
chargé du second degré, M. Aubry, et les chefs de service du
rectorat.
16 heures : nouvelle réunion avec les mêmes participants.
•
Les spécificités administratives de l'académie
de Paris
L'académie de Paris a longtemps fait l'objet d'un fonctionnement
particulier. M. Claude Allègre a souhaité qu'elle adopte une
organisation " normale " ne serait-ce que dans la perspective d'une
comparaison plus pertinente de la répartition des moyens. Les
responsables de l'académie ont été renouvelés et
les décrets de 1971 et 1993 régissant son organisation devraient
être modifiés.
Le recteur a reçu du ministre une lettre de mission lui précisant
qu'il bénéficierait désormais de
l'intégralité des prérogatives d'un recteur
d'académie, alors que, jusqu'à présent, le directeur de
l'académie de Paris était chargé de l'enseignement
scolaire et le vice-chancelier des universités de l'enseignement
supérieur.
Désormais, le recteur de Paris a un champ de compétences
unifié. Le directeur de l'académie et le vice-chancelier sont ses
adjoints, compte tenu du poids de l'académie. Leurs fonctions sont
limitées dans le temps, à une durée de six ans. Il y a
également deux secrétaires généraux, l'un
chargé de l'enseignement scolaire, l'autre de l'enseignement
supérieur et de la recherche et qui travaillent toutefois en
étroite collaboration sur les problèmes de gestion des
personnels. Enfin, des services transversaux ont été mis en place
afin de décloisonner les services traditionnels.
L'académie de Paris présente un certain nombre de
spécificités dans son organisation : il n'y a pas
d'inspection académique au chef lieu de département et
l'unité de gestion prévaut pour le premier degré, le
second degré et les personnels ATOS.
Le recteur a estimé que cette organisation avait des
répercussions en termes administratifs : il a notamment
souligné le sous-encadrement administratif de haut niveau dont souffre
l'académie de Paris. Venant de l'académie d'Aix-Marseille, il a
été surpris par l'ampleur de ce sous-encadrement.
En revanche, le recteur s'est dit partisan de transposer l'organisation
administrative du rectorat de Paris en province. Un niveau intermédiaire
unique entre le ministère et les établissements donnerait aux
services académiques une unité de fonctionnement et permettrait
de développer la collaboration entre le recteur et les inspecteurs
d'académie. Une telle organisation éviterait ainsi de
reconcentrer les moyens au niveau des chefs-lieux de l'académie et
supprimerait les éventuels doublons administratifs.
•
Les caractéristiques de l'académie
Présentant l'académie de Paris, le recteur a tenu à
préciser que l'académie était considérée
comme préservée des difficultés scolaires ou sociales
alors que la mise en place d'un système de remontée de
l'information sur la
violence scolaire
dément cette opinion
très répandue.
Les actes de violence dans les établissements scolaires sont
relativement importants, parfois de même niveau que dans les quartiers
nord de Marseille. En outre, la violence ne touche pas seulement les trois
arrondissements du nord-est de la capitale. D'ailleurs, l'académie de
Paris est beaucoup moins demandée par les enseignants et les chefs
d'établissement que dans le passé.
Elle compte, dans le
premier degré
, environ 135.600
élèves, et dispose de 7.788 emplois d'enseignants, 137 ne se
trouvant pas devant les élèves. Globalement, l'académie de
Paris affecte plus d'empois que le reste de la France à la direction
d'école (7,78 % contre 2,27 %).
Les directeurs parisiens sont en effet soumis à un régime
particulier puisqu'ils bénéficient d'un complément de
décharge financière par la Ville de Paris mais, en pratique,
assuré sur la dotation de l'académie.
Cette charge représente un surcoût de 357 emplois.
L'académie affecte également une part importante de sa dotation
à l'encadrement des classes maternelles, mais moins d'emplois que le
reste de la France à l'encadrement des classes
élémentaires. Le statut des instituteurs et des professeurs des
écoles connaît également quelques
spécificités tenant notamment à un départ plus
tardif à la retraite et à un régime indemnitaire quelque
peu différent.
241 enseignants du premier degré sont en position de
détachement
, dont 182 pour dispenser un enseignement à
l'étranger. Les
mises à disposition
concernent 43
personnes, les
décharges syndicales
32 enseignants, soit
14,801 emplois équivalents temps plein. On privilégie aujourd'hui
le détachement par rapport à la mise à disposition, afin
de rendre la gestion des personnels plus transparente. En effet, les personnels
mis à disposition bénéficient parfois, sur la demande du
ministère, d'heures supplémentaires année (HSA) alors que,
en principe, les HSA ne peuvent être versées aux personnels qui
n'effectuent pas un service complet devant les élèves.
Dans le
second degré
, l'académie dispose de 13.881
enseignants en activité. Les
mises à disposition
représentent environ 180 emplois équivalents temps plein. Les
décharges
de service correspondent à 3.410 heures
d'enseignement et, parmi elles, les décharges syndicales
équivalent à 45 postes.
Le nombre des personnels mis à disposition, détachés ou
bénéficiant de décharges de service fait l'objet d'une
étude fine et régulièrement mise à jour de la part
des services du rectorat. Une telle étude devrait être
réalisée dans chaque académie car elle constitue un
précieux outil d'aide à la prise de décision.
L'académie de Paris comptait, au 31 décembre 1998, 352
emplois
en surnombre
, en raison d'un nombre d'enseignants excédentaire dans
certaines disciplines comme l'histoire et la géographie, la philosophie
et les arts plastiques.
Elle souffre d'un manque de
remplaçants
, en particulier dans le
premier degré où 144 classes n'ont pas
bénéficié d'un remplacement :
60 remplaçants supplémentaires seraient ainsi
nécessaires.
L'académie emploie 799
maîtres auxiliaires
. Toutefois, elle
a dû procéder, après autorisation ministérielle,
à des recrutements supplémentaires afin de pourvoir les postes
vacants ou faire face aux besoins exprimés, notamment en sciences de la
vie et de la terre. Au total, l'académie emploie donc 888 maîtres
auxiliaires, dont 89 n'ont pas droit au réemploi.
L'affectation des élèves dans les collèges parisiens fait
l'objet d'une attention particulière, afin, notamment, d'assurer la
mixité sociale. Il faut en outre garder à l'esprit que
l'académie de Paris est celle qui compte le plus d'enfants d'origine
étrangère, 13 % contre 6 % pour la moyenne nationale. Dans cette
perspective, la
sectorisation
est revue chaque année afin de
tenir compte des mouvements de population et de garantir la proximité.
Cela n'empêche cependant pas l'apparition de fortes tensions au moment de
la rentrée scolaire. Les
dérogations à la carte
scolaire
peuvent être accordées pour donner de la
liberté aux familles mais aussi pour donner à l'administration
des marges de manoeuvre en matière de gestion : elles doivent
dès lors être comprises comme un moyen d'ajustement. Il est
cependant exact que certaines dérogations sont délivrées
trop facilement.
Il existe cinq catégories de dérogations, accordées en
fonction de critères spécifiques : critères
liés à la fratrie, au domicile, aux langues
étrangères étudiées, à des
considérations médicales, ou à des raisons autres. Ces
" dérogations dérogatoires " sont les plus
nombreuses : elles font l'objet d'environ 1.000 interventions par an.
La volonté d'échapper à la sectorisation provoque souvent,
à l'entrée en 6
ème
, une " fuite "
vers l'
enseignement privé
. Ainsi, sur 15.000 élèves
inscrits initialement en 6
ème
dans un collège public,
184 ont finalement rejoint l'enseignement privé. Un retour de ces
élèves dans l'enseignement public peut toutefois être
observé en 5
ème
.
L'académie de Paris compte 109
collèges
mais aucun gros
établissement. Au maximum, ils accueillent 700 élèves et
20 divisions. De nombreux petits collèges sont en fait d'anciennes
écoles primaires, ce qui limite considérablement les
possibilités d'adaptation à la sectorisation.
Certains
lycées
parisiens bien connus font l'objet d'une forte
demande et, par conséquent, pratiquent une sélection ne
respectant pas la sectorisation et qui repose parfois sur des passe-droits tant
dans le choix des élèves que dans l'affectation des enseignants.
Cette sélection est également pratiquée en vue
d'intégrer l'une des classes préparatoires aux grandes
écoles (CPGE) que comporte l'établissement. Il convient en effet
de rappeler que l'académie de Paris concentre 20 % des CPGE de France.
Certaines règles ont été établies afin que la
sélection reste limitée. Par exemple, les changements de
lycée ne sont pas autorisés si les options et les filières
demandées existent dans le lycée d'origine. Il existe du reste de
grandes disparités d'effectifs entre les mêmes divisions de
lycées différents, de 27 à 63 élèves par
exemple, selon que l'établissement est plus ou moins
réputé.
D'une manière générale, les
lycées parisiens
sont très consommateurs d'options
et la gestion de ces
dernières est souvent peu transparente. Il arrive que les proviseurs
eux-mêmes éprouvent des difficultés à
connaître avec exactitude le nombre d'élèves suivant telle
ou telle option, ce qui est source de difficultés au moment du calcul de
la dotation globale horaire. Une réflexion est actuellement
engagée sur la possibilité de mutualiser les options au sein de
certains établissements. Il convient de préciser que les
matières à option dans le second degré font l'objet d'un
nombre dérisoire de poursuites d'études dans l'enseignement
supérieur, à l'exemple du grec ancien
*
* *
COMPTE RENDU DES DÉPLACEMENTS DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE DANS
LES ACADÉMIES D'OUTRE-MER
Outre
ses déplacements dans huit académies de métropole, la
commission d'enquête a jugé indispensable de se rendre dans quatre
académies d'outre-mer
(Guadeloupe, Martinique, Guyane et La
Réunion) afin d'appréhender les situations spécifiques de
ces départements au regard de l'enseignement scolaire.
Ces déplacements étaient d'autant plus justifiés que ces
départements ont connu récemment des mouvements divers, notamment
lycéens, ayant pour origine un fonctionnement peu satisfaisant de leur
système scolaire et sont confrontés à un dynamisme
démographique que ne connaît plus la métropole, lequel
comporte des conséquences directes en termes de scolarisation des
élèves.
Par ailleurs, il importait de faire le bilan du redécoupage
récent de l'ancienne académie des Antilles-Guyane en trois
académies, d'examiner dans quelles conditions celui-ci s'était
réalisé et comment les moyens avaient été
répartis entre les trois rectorats.
Sur un plan général, ces académies d'outre-mer sont
confrontées à l'obligation d'accueillir au titre de la
scolarité obligatoire un nombre d'élèves toujours
croissant, c'est plus particulièrement le cas pour la Guyane qui
supporte l'arrivée quotidienne d'une immigration importante provenant
notamment du Surinam voisin, nécessitant toujours plus de constructions
scolaires souvent occupées et remplies avant leur achèvement.
La délégation de la commission d'enquête a pu ainsi
constater les difficultés qui en résultent pour des
collectivités locales, en particulier les communes, qui sont souvent
exsangues sur le plan financier, confrontées à un problème
foncier endémique et qui ne peuvent bénéficier des aides
européennes qu'en recourant à des financements complexes.
S'agissant des situations spécifiques de ces départements au
regard de l'enseignement scolaire, ceux des Antilles et de La Réunion ne
présentent pas de différences substantielles avec la
métropole.
S'agissant de la Guyane, la commission a pu constater que les problèmes
scolaires s'y posaient en d'autres termes : une population de
50.000 élèves qui augmente de 10 % chaque année,
une nécessaire alphabétisation d'enfants étrangers ou
francophones, des conditions de vie et de travail des enseignants
extrêmement difficiles en forêt et sur le fleuve, un personnel
enseignant jeune et inexpérimenté qui enregistre un taux de
rotation très rapide.
Si le plan de rattrapage scolaire engagé en Guyane à la suite des
manifestations lycéennes de novembre 1996, et la création d'un
rectorat et d'une académie de plein exercice ont permis
d'améliorer la situation, notamment pour les constructions scolaires,
les indemnités et les postes supplémentaires d'enseignants et de
non enseignants, il faut constater que tous les problèmes de
l'enseignement scolaire sont loin d'être résolus.
*
* *
COMPTE
RENDU DU DÉPLACEMENT
DANS LES DÉPARTEMENTS DES ANTILLES ET DE
LA GUYANE
(28 FÉVRIER - 7 MARS 1999)
Composition de la délégation : MM. Adrien Gouteyron, président, Jean-Léonce Dupont, vice-président, Jean-Claude Carle, rapporteur adjoint, Xavier Darcos, secrétaire, et Pierre Martin.
Programme
de travail
GUADELOUPE
Lundi
1
er
mars 1999
8 h 00 : accueil par le recteur, M. Chardon et réunion de travail au
rectorat
12 h 00 : déjeuner de travail à la cité universitaire
avec le recteur et ses collaborateurs
14 h 00 : visite de l'école primaire de Boissard à Abymes,
visite du collège et du lycée professionnel à Moule
19 h 00 : dîner de travail offert par le président du conseil
général
Mardi 2 mars
8 h 00 : visite du collège Germain Saint Ruff de
Capesterre-Belle-Eau
- visite du lycée professionnel de Capesterre
12 h 00 : visite du lycée Gerville-Réache à
Basse-Terre
13 h 00 : déjeuner offert par M. Jean Fedini, préfet de la
Région Guadeloupe
15 h 00 : entretien avec le président de l'association des maires
19 h 45 : départ pour la Martinique
MARTINIQUE
Mercredi 3 mars
8 h 00 : accueil par M. Le Mire, recteur de l'académie de la
Martinique et réunion de travail au rectorat de Terreville
11 h 00 : inauguration du salon du lycéen et rencontre avec
M. Alfred Marie-Jeanne, président du conseil régional
15 h 30 : rencontre avec des élus au conseil général
17 h 00 : entretien avec M. Dominique Bellion, préfet de la
Région Martinique
20 h 00 : dîner offert par M. Claude Lise, président du
conseil général
Jeudi 4 mars
8 h 30 : rencontre avec M. Aimé Césaire, maire de
Fort-de-France
9 h 30 : visite du lycée agricole de Croix Rivail
11 h 30 : visite du lycée de Bellevue à Fort-de-France
12 h 30 : rencontre avec M. Almont, maire de Schoelcher
15 h 00 : entretien avec M. Lubin, président de la chambre de
commerce
16 h 00 : réunion avec M. Christian Cayol, président de la
chambre des métiers
17 h 30 : rencontre avec M. Michel Stecker, trésorier-payeur
général
18 h 30 : entretien avec M. Anicet Turinay, président de
l'association des maires
20 h 30 : dîner organisé par M. Dominique Bellion,
préfet de la Région Martinique
GUYANE
Vendredi 5 mars
12 h 00 : arrivée à Cayenne
13 h 00 : déjeuner de travail avec M. Christian Duverger, recteur
de l'académie de la Guyane
15 h 00 : réunion de travail au rectorat
16 h 30 : entretien avec M. Dominique Vian, préfet de la
Guyane
17 h 30 : entretien avec M. Dédé, vice-président
du Conseil régional
18 h 00 : réunion de travail avec M. Leconte, président
du Conseil général
19 h 00 : réunion avec l'association des maires à la mairie
de Cayenne
19 h 30 : réunion de travail avec des chefs d'établissement
au rectorat
20 h 30 : dîner offert par M. Christian Duverger, recteur de
l'académie de la Guyane
Samedi 6 mars
8 h 00 : départ en hélicoptère Puma de
l'Armée de l'air pour Saint-Laurent du Maroni
9 h 00 : accueil par le député-maire de Saint-Laurent, le
sous-préfet et l'inspecteur de l'éducation nationale
9 h 15 : visite d'une école de Saint-Laurent et d'un
collège
11h 00 : départ par la pirogue de l'éducation nationale pour
Apatou
13 h 00 : déjeuner avec le maire d'Apatou et le conseiller
général du Maroni
15 h 00 : visite du village d'Apatou et de l'école
16 h 30 : retour en hélicoptère Puma vers Cayenne
20 h 00 : dîner offert par M. Dominique Vian, préfet de la
Guyane
Dimanche 7 mars
8 h 30 : petit-déjeuner de travail avec le trésorier-payeur
général
10 h 30 : visite du Centre spatial guyanais à Kourou sous la
conduite de M. Michel Mignot, directeur du C.S.G.
12 h 00 : départ en hélicoptère pour les Iles du Salut
- visite des vestiges du bagne sur l'Ile Royale
17 h 00 : retour à Cayenne
19 h 30 : départ pour Paris, de l'aéroport de Rochambeau
*
* *
GUADELOUPE
L'académie de la Guadeloupe qui a été créée il y a deux ans comprend la Guadeloupe " continentale " (Grande-Terre et Basse-Terre), les deux îles des Saintes (Terre-de-Haut et Terre-de-Bas), la Désirade, Marie-Galante, Saint-Barthélémy et Saint-Martin. Ses caractéristiques scolaires peuvent être ainsi résumées :
ETABLISSEMENTS, DIVISIONS ET EFFECTIFS 1998-1999
|
PUBLIC |
PRIVÉ |
||||||||
1 er degré |
Etablissements |
Divisions |
Effectifs |
Etablissements |
Divisions |
Effectifs |
||||
Pré-élémentaire |
124 |
|
20568 |
|
56 |
1 670 |
||||
Elémentaire |
196 |
|
36 305 |
|
137 |
3 558 |
||||
Spécial |
|
|
754 |
|
12 |
131 |
||||
Total 1 er degré |
320 |
|
57 627 |
|
205 |
5 359 |
||||
|
PUBLIC |
PRIVÉ |
||||||||
2 er degré |
Etablissements |
Divisions |
Effectifs |
Etablissements |
Divisions |
Effectifs |
||||
Collèges |
42 |
1 117 |
26 829 |
6 |
84 |
2 357 |
||||
SES |
14 |
|
1 311 |
|
4 |
126 |
||||
Lycées y compris LPO |
12 |
438,5 |
12 498 (1) |
|
38 |
1 031 (2) |
||||
Lycées professionnels |
9 |
257,5 |
6 917 |
|
63 |
1 599 |
||||
Total 2 nd degré |
63+14 SES qui sont dans les collèges |
|
47 555 |
14 |
189 |
5 114 |
||||
Total général |
383 |
|
105 182 |
34 |
394 |
10 473 |
(1)
dont 1108 post-bac ; (2) 126 post-bac.
TOTAL GÉNÉRAL PUBLIC + PRIVÉ : 62 986 (1
er
degré) + 52 669 (2
ème
degré) :
115655.
LES
PERSONNELS :
ENSEIGNANTS - ENCADREMENT -ORIENTATION -
ATOSS
|
1 ER DEGRÉ |
2E DEGRÉ |
TOTAL |
PUBLIC |
3 057 |
5 831 |
8 888 |
PRIVÉ |
215 |
340 |
555 |
TOTAL |
3 268 |
6 171 |
9 443 |
PUBLIC 2e DEGRÉ
Personnel d'encadrement |
141 |
Orientation |
51 |
Enseignants |
3 962 |
Vie scolaire |
396 (dont CE/CPE) |
TOTAL |
4 550 |
ATOSS |
1 281 |
Lundi 1
er
mars 1999
Réunion de travail au rectorat
La
création récente de l'académie et son
" émancipation " par rapport à la Martinique s'est
réalisée avec difficulté du fait notamment que cette
décision ne s'est pas accompagnée d'un transfert de personnels
correspondants : en outre, l'absence d'un véritable service
statistique dans la nouvelle académie rend tout pilotage difficile
même si la réalité du terrain est " connue " du
rectorat.
Les personnels du rectorat devront ainsi être formés aux logiciels
de gestion et des secrétaires généraux adjoints seraient
nécessaires pour renforcer les équipes existantes.
D'une manière générale, les chefs d'établissement
ne sont pas entourés d'équipes suffisamment efficaces, notamment
au niveau des gestionnaires, et en dépit de la
surrémunération dont bénéficient les
fonctionnaires, l'académie éprouve des difficultés
à recruter des personnels répondant aux besoins de gestion.
Les inspecteurs de l'éducation nationale sont répartis dans
treize circonscriptions et ont chacun la responsabilité d'environ 300
professeurs des écoles et instituteurs.
La dispersion de l'académie sur un archipel de plusieurs îles se
révèle particulièrement coûteuse en termes de postes
et la fréquence des cyclones et les risques de séisme conduisent
aujourd'hui à réexaminer les normes de sécurité des
établissements.
•
Un large recours aux emplois jeunes
L'académie a recruté 970 emplois jeunes choisis parmi 5.500
candidats : 400 sont affectés dans les collèges, 150 dans
les lycées et le reste dans les écoles et les lycées
professionnels. Ils sont chargés pour l'essentiel du contrôle et
de l'accueil des élèves, de l'aide aux nouvelles technologie,
à la documentation et aux études ; ils encadrent
également les activités péri-scolaires et sportives.
Le coût des transports dans l'archipel constitue un obstacle à
leur mobilité. Les aides éducateurs effectuent de 36 à 37
heures hebdomadaires dont 30 heures en établissement.
Cette fonction est très féminisée :
l'université n'a pas encore pris en charge leur formation et la plupart
de ces aides éducateurs ont l'intention de devenir fonctionnaires.
•
Un syndicalisme actif
Ce syndicalisme a emprunté des formes violentes il y a quelques
années en réclamant l'indépendance. L'UGTG constitue un
reliquat des indépendantistes qui ont rompu avec le parti communiste. Le
syndicat des professeurs de l'enseignement guadeloupéen a un projet
très différent de ceux de ses homologues
métropolitains ; il reprend aussi les mots d'ordre de la FEN
et du SNUIPP pour le 1
er
degré et a été
à l'origine de manifestations lorsque l'île de Marie-Galante a
été " sortie " de ZEP.
Dans le secondaire, le SNES est largement représenté ;
l'ancien SNC représentait de nombreux PEGC et le CNCL regroupe 50 %
des syndiqués.
•
La part des enseignants d'origine métropolitaine
Sur les quelque 3.200 enseignants du 1
er
degré, on ne
dénombre que 150 maîtres d'origine
métropolitaine ; la proportion est plus importante dans le
secondaire, notamment dans l'enseignement technologique qui rassemble un tiers
de métropolitains et chez les agrégés.
La plus grande part de ces enseignants est d'origine antillaise et traduit un
réel phénomène de promotion sociale par l'école.
•
Les formations post-bac
L'académie offre une hypokhâgne et une " taupe " mais
ses lycées sont moins prisés que ceux de la Martinique. Il en
résulte que les meilleurs élèves des disciplines
scientifiques s'expatrient. La Guadeloupe devrait disposer prochainement de
classes préparatoires en biochimie afin de compléter le
dispositif post-bac existant : sciences, 1
ère
année de médecine, DUT d'agrobiologie, formations
d'infirmières.
•
La fusion MAFPEN-IUFM
L'académie disposait de douze emplois à temps partiel, soit
24 personnes, affectés en MAFPEN ; l'intégration dans
l'IUFM ne s'est pas faite aisément, faute de préparation. Les
besoins de formation continue sont importants notamment pour mettre à
niveau les PEGC, les moyens de formation ayant par ailleurs été
mutualisés avec ceux de la Martinique.
Sur un plan plus général, la création d'une
académie en Guadeloupe appellerait une parité de moyens avec la
Martinique, la mutualisation de certains de ces moyens et un renforcement du
nombre des inspecteurs pédagogiques régionaux (quatre en
Guadeloupe contre huit en Martinique).
•
La gestion des personnels : un refus de quitter la
Guadeloupe
Les absences de plus de 15 jours font l'objet d'un remplacement tandis que les
autres sont traitées au sein de l'établissement par utilisation
des heures supplémentaires.
Le réemploi massif des maîtres auxiliaires a privé le
rectorat de tout élément de souplesse et s'est traduit par une
inadéquation disciplinaire : le recteur a donc dû recourir
à des vacataires sur les postes vacants financés sur le chapitre
31-93.
L'académie de Guadeloupe utilise ainsi 400 maîtres auxiliaires,
90 contractuels et 75 vacataires : la durée moyenne des
contrats est de 50 heures, leur durée maximum étant
limitée en tout état de cause à 200 heures pour les
vacataires.
Les
personnels vacataires
sont recrutés parmi les demandeurs
d'emploi et possèdent au moins une licence et les vacations sont
contingentées au total à 11.400 heures pour l'année
scolaire.
Les nouveaux titulaires sont normalement replacés dans le mouvement
national, ce qui a un effet dissuasif pour les maîtres auxiliaires qui
souhaitent rester dans l'académie ; en fait ces nouveaux titulaires
se refusent à partir et bénéficient de bonifications au
barème.
L'académie a accueilli une part des surnombres envoyés par le
ministère : elle compte ainsi 80 surnombres qui sont principalement
affectés aux remplacements.
Dans la réalité, tous les admis aux concours sont restés
en Guadeloupe, soit 72 lauréats sur 500 candidats.
L'utilisation de contractuels
permet de remplacer les enseignants qui
partent en retraite et leur recrutement a été
développé après le réemploi massif des
maîtres auxiliaires.
Alors que la durée d'emploi des vacataires est normalement
limitée à 200 heures, les contractuels sont recrutés pour
des périodes plus longues sur des postes vacants ; si leur contrat
n'est pas renouvelé, ils sont pris en charge par l'assurance
chômage. Les stagiaires effectuent leur stage dans leur académie
d'origine.
Une certaine
bivalence
peut se constater chez les maîtres
auxiliaires, par exemple français et histoire-géographie, anglais
et lettres, physique et technologie ; ce type de bivalence est
plutôt bien accepté et n'a pas entraîné de
conséquences pédagogiques négatives.
Les syndicats s'opposent à ce que ces personnels soient
" affectables " dans l'ensemble du département et les chefs
d'établissement protestent contre l'affectation de " leurs "
surnombres dans des établissements voisins.
En dépit de ces résistances, certains surnombres peuvent
néanmoins être affectés à des remplacements.
Ceux qui restent en surnombre dans un établissement sont utilisés
pour dédoubler des classes ou parfois en qualité de conseillers
principaux d'éducation, le rectorat veillant à ce qu'ils soient
réellement utilisés par les chefs d'établissement.
Le réemploi des maîtres auxiliaires a posé de graves
problèmes de gestion compte tenu de leur implantation irrationnelle dans
les établissements.
Ce réemploi a fait l'objet d'une enquête menée par les
corps d'inspection auprès des chefs d'établissement : elle a fait
apparaître 40 surnombres en technologie, le ministère en
ayant par ailleurs envoyé dix de plus lors de la dernière
rentrée afin de les répartir sur l'ensemble des académies.
S'agissant des 400 maîtres auxiliaires, le rectorat a reçu 100
demandes de congé formation destinées à permettre aux
intéressés de se réorienter dans une autre discipline. Cet
effort traduit leur souci de rester en Guadeloupe.
S'agissant du 1
er
degré
, le ministère ayant
bloqué le recrutement sur liste complémentaire, l'académie
n'a plus la possibilité depuis 10 ans d'utiliser des suppléants
éventuels : 5 postes vacants peuvent être constatés
sur un total de 3 057 postes.
Les classes non pourvues font l'objet de solutions " en interne "
préconisées par les inspecteurs de l'éducation nationale.
L'absentéisme peut être évalué à 5 %
pour les congés de maladie maternité et à 3 % pour la
formation continue.
Les moyens de remplacement consistent en 152 titulaires académiques dont
54 sont en surnombre.
L'académie compte 657 PEGC pour un corps qui est en voie d'extinction,
sur un total de 1 650 professeurs de collège ; la bivalence
disciplinaire et la classe exceptionnelle apportent de la souplesse au
système.
Enfin, sur un total de 3.000 enseignants du 1
er
degré, 600
appartiennent au corps des professeurs des écoles.
L'enseignement privé
est dispensé dans 19
établissements, notamment dans le 1
er
degré à
Saint Barthélémy et à Marie-Galante.
Les enseignants se partagent entre plusieurs établissements,
collèges, lycées professionnels et lycées d'enseignement
général, dans le cadre de cités scolaires qui accueillent
parfois jusqu'à 5 000 élèves, notamment à
Pointe-à-Pitre et à Basse-Terre.
Un système de suppléants choisis sur une liste permet d'assurer
les remplacements à partir de 15 jours d'absence ; ces
suppléants ont la possibilité de préparer leur concours
dans des conditions satisfaisantes.
Le taux d'absentéisme apparaît moins élevé que dans
le public (3,47 %) et se caractérise par sa courte durée.
S'agissant du public, les fermetures de collèges sont exceptionnelles et
résultent surtout de regroupements : la plupart de ces
établissements accueillent plus de 1.000 élèves
(1 300 au Moule contre 60 aux Saintes) et ne disposent pas d'internat,
à la différence des lycées.
La surrémunération joue aussi sans doute un rôle dans le
souhait des enseignants de rester dans l'académie.
La Guadeloupe se situe à la 5
e
place pour l'encadrement en
personnels ATOS et l'académie apparaît convenablement dotée
en personnels de santé.
En revanche, le problème des internats reste non résolu et la
restauration scolaire est délaissée par les familles en raison de
son coût.
Le système des options au lycée
est utilisé, comme
en métropole, pour tourner la sectorisation et se révèle
coûteux en emplois.
La Guadeloupe est défavorisée par rapport à la Martinique
en matière d'enseignement technologique et professionnel (bac pro,
BTS) : certaines sections dépourvues de tout lien avec les besoins
des bassins d'emploi sont cependant maintenues pour préserver
l'activité des enseignants.
Les fonds sociaux des établissements sont insuffisamment
mobilisés. L'usage de la drogue et la violence tendent à se
développer surtout aux abords des collèges et des lycées
alors que ces phénomènes sont encore maîtrisés
à l'intérieur des établissements.
Les chefs d'établissement
qui sont tous titulaires se
caractérisent par une stabilité peut-être excessive et
l'académie est " exportatrice " en ce domaine.
S'agissant des formations proposées, leur carte fait actuellement
l'objet d'un réexamen afin de répondre aux besoins du
département : ouverture de classes après la 4
e
pour les élèves en difficulté, augmentation des
capacités d'accueil de la filière CAP, réduction des
sorties du système éducatif sans qualification, notamment pour
les élèves de SES, rééquilibrage de la carte BEP
vers les sections hôtelières, sociales et de santé,
développement des baccalauréats professionnels et des BTS.
Les centres d'information et d'orientation n'assurent pas le suivi de
l'insertion des élèves qui est rendue difficile du fait de
l'inexistence de branches industrielles et de la prédominance des
activités tertiaires : certaines formations tertiaires de type BEP
n'offrent pas non plus de débouchés et le développement de
diplômes tels que les baccalauréats professionnels, utilisables
dans la Caraïbe, la métropole ou à l'étranger, serait
de nature à réduire l'exclusion sociale.
Le contrôle financier sera sans doute une contrainte
supplémentaire pour le rectorat mais il apparaît comme la
contrepartie nécessaire de la déconcentration.
Visite du collège à Moule
Ce
collège de dimension importante accueille 1.300 élèves et
en a reçu jusqu'à 1.800 dans le passé. Il fonctionne avec
22 ATOS et 10 aides éducateurs.
Cet établissement est situé dans une zone rurale touchée
par le chômage et ses élèves sont fréquemment issus
de familles monoparentales ; 25 % d'entre eux sont en
difficulté même s'ils satisfont à l'obligation scolaire.
Des enseignements de latin, d'anglais renforcé, d'espagnol en
2
e
langue sont proposés aux élèves mais ceux-ci
pâtissent de la difficulté des déplacements vers
Pointe-à-Pitre pour les activités culturelles.
L'équipe enseignante compte 90 professeurs, dont 28 PEGC qui
introduisent une souplesse de gestion, 43 certifiés et un
agrégé ; 73 élèves sont scolarisés en
SEGPA et n'ont que peu de chances de poursuivre une scolarité et
d'accéder au CAP.
Si certains emplois sont susceptibles d'être créés dans le
secteur de l'agriculture et de l'environnement, le caractère trop
académique des études générales et la disparition
des classes préprofessionnelles ne permettent pas d'accueillir des
jeunes en difficulté scolaire : ces derniers sont confiés
à des adultes dans le cadre de contrats d'insertion, les
capacités d'apprentissage étant limitées.
Les enseignants du collège se caractérisent par une grande
stabilité et participent à des mécanismes de soutien,
notamment par le biais des études dirigées.
Certaines disciplines, comme la technologie, connaissent des surnombres.
Les surnombres sont utilisés partiellement en SEGPA, après
utilisation de la dotation horaire globale.
Une plus grande autonomie du chef d'établissement est souhaitée
sur le plan financier mais pas pour le fonctionnement pédagogique du
collège.
Le collège est confronté aux difficultés de fonctionnement
des transports scolaires en milieu rural et à la longueur des trajets
qui oblige les élèves à se lever très tôt le
matin pour être à 7 heures au collège.
Un projet de nouveau collège au Moule est à l'étude,
l'actuel ayant été construit pour 1.200 élèves,
mais ses capacités d'accueil ont été augmentées
avec des annexes normalement provisoires qui ont été en fait
pérennisées après le retour des populations
évacuées de la Soufrière.
Visite du lycée professionnel à Moule
Ce
lycée accueille 900 élèves et propose des formations dans
les secteurs du tertiaire, du bois, de la construction métallique ainsi
que des BEP électronique et matériels de bureau.
Il enregistre des résultats satisfaisants à l'examen (93 %
au bac de comptabilité).
Ce lycée est situé en zone sensible et n'est pas
épargné par les violences extérieures.
Le corps enseignant est constitué d'abord de moniteurs qui sont
recrutés sans CAP mais qui justifient d'une expérience
professionnelle, et de 45 PLP.
Cinq formations sont dispensées en alternance, tous les
élèves bénéficiant de stages.
Les professeurs d'enseignement général sont en
général plus jeunes et se caractérisent par une certaine
stabilité.
Dix maîtres auxiliaires ont passé les concours
réservés pour être titularisés et des contractuels
sont utilisés dans certaines sections industrielles.
Les diplômés des sections tertiaires connaissent des
difficultés d'insertion et sont parfois contraints de chercher un emploi
en métropole alors que les diplômés dans certaines sections
industrielles ont l'opportunité de créer leur entreprise.
Les entreprises acceptent de prendre les élèves en stage
plutôt qu'en alternance, les tuteurs, les référentiels et
les connaissances faisant l'objet d'un contrôle.
Les heures supplémentaires sont peu utilisées dans
l'établissement.
Le lycée dispose de six aides éducateurs chargés notamment
des technologies nouvelles, de l'animation, de l'éducation sportive, de
la documentation et du soutien, notamment en mathématiques ; leur
collaboration avec les enseignants est satisfaisante.
Il est classé en zone sensible et accueille de nombreux " cas
sociaux " qui échappent à tout système de
restauration scolaire ; du fait de l'absence d'internat, de nombreux
élèves logent " chez l'habitant ".
Enfin, l'absentéisme des enseignants est évalué à
5 %.
Mardi 2 mars 1999
Visite du collège Germain Saint Ruff Capesterre-Belle-Eau
Construit dans les années 70, ce collège
accueille
1.300 élèves au sein de 54 divisions encadrés par une
centaine d'enseignants ; il comportait à l'origine une section
d'enseignement spécialisé transformée depuis en SEGPA et
bénéficie depuis 1998 de 14 aides éducateurs dont 9 sont
affectés aux actions de soutien pour les élèves en
difficulté.
Les nouvelles technologies y ont été développées,
notamment avec Internet.
Le collège a accueilli jusqu'à 2 000 élèves il
y a quelques années.
Les enseignants se ventilent entre 43 PEGC, 53 certifiés, 4 PLP en
SEGPA, 4 institutrices affectées en classes de 6
e
et de
5
e
, 4 suppléants.
Trois surnombres existent en technologie : ils sont affectés
notamment à la formation de leurs collègues, aux nouvelles
technologies et aux options de technologique.
L'absentéisme des élèves est préoccupant et
résulte surtout des dysfonctionnements constatés dans les
transports scolaires qui sont financés par le conseil
général, de l'éloignement du domicile des
élèves, voire de réveils " tardifs ".
Un réfectoire municipal accueille moins de 10 % des
élèves ; le collège ne possède pas de cantine
et le fonds social collégien accorde des aides qui sont versées
directement à la caisse des écoles, et non aux familles. Un
projet est à l'étude pour accueillir les élèves
entre 12 et 14 heures et le soir. La demande d'une cantine n'apparaît pas
prioritaire compte tenu des habitudes et de la proximité du
réfectoire municipal. Il existe cependant une véritable demande
des familles quant à la prise en charge des élèves entre
les cours du matin et de l'après-midi.
Le collège bénéficie également de cinq CES et de
17 contrats d'insertion.
La SEGPA accueille 63 élèves qui se dirigent ensuite vers
l'apprentissage, le LP, les maisons familiales rurales ou de petites
entreprises.
S'agissant des enseignants, 30 % sont d'origine métropolitaine et
on constate parmi les Guadeloupéens peu de demandes de mutation en
métropole, ce manque de mobilité nuisant sans doute à la
maîtrise des technologies nouvelles dans l'établissement.
Le collège est confronté aux difficultés de gestion d'un
public hétérogène ; les aides éducateurs, qui
sont le plus souvent diplômés à bac + 4 sont
affectés aussi à la surveillance de l'établissement et
à la prise en charge des élèves. Ils complètent
aussi les tâches de surveillance des 9 surveillants d'externat et des
20 ATOS.
La seconde génération des aides éducateurs apparaît
moins diplômée que la première et la plupart d'entre eux
ont l'intention de passer des concours de CPE ou de professeurs des
écoles.
La collaboration est désormais satisfaisante entre les enseignants et
les aides éducateurs qui ont fait la preuve de leur efficacité,
tandis que le partage des tâches est aujourd'hui bien
précisé.
L'équipe de direction s'efforce de définir et d'harmoniser un
projet pédagogique avec les enseignants.
Les relations avec les parents d'élèves sont difficiles à
établir ; le collège s'efforce de motiver les parents qui
sont souvent illettrés et qui appréhendent l'institution
scolaire. Ils participent pourtant en nombre aux réunions
organisées par le collège, via les parents
délégués qui tentent de les sensibiliser à la
nécessité d'une assiduité des élèves.
La liaison école-collège (CM2-6
e
) est
privilégiée, notamment en français et en
mathématiques afin de développer les apprentissages fondamentaux
qui ne sont pas acquis, ou avec retard, pour la moitié des
élèves à l'entrée au collège.
Les études surveillées sont difficiles à organiser en
raison du refus des professeurs d'effectuer des heures
supplémentaires ; celles-ci sont encadrées en fait par les
surveillants d'externat.
En moyenne, la moitié des élèves du collège
accèdent au BEP et les plus brillants d'entre eux au lycée mais
l'école élémentaire ne semble plus remplir son rôle
d'éveil des élèves.
Le collège ne dispose pas de 6
e
de consolidation mais de
dispositifs intégrés s'efforçant d'éviter la
constitution de classes de niveau : le taux de redoublement en classe de
6
e
est de 6 %. Les classes de 4
e
technologique ont
été supprimées et l'inspecteur d'académie s'efforce
de ne pas conserver des élèves trop âgés en classes
élémentaires.
Les remplacements de courte durée devraient s'effectuer " en
interne " mais les rigidités statutaires et l'obligation de service
des enseignants se traduisent fréquemment par un refus de leur part
d'assurer les remplacements.
Visite du lycée professionnel de Capesterre
Ce
lycée de 700 élèves comporte une section technologique
mais surtout une division de CAP, 23 divisions de BEP, 4 divisions de
" bac pro " principalement centrées sur les filières
industrielles (mécanique, couture, charpente...) et tertiaires
(comptabilité, vente...).
La voie technologique est en sous-effectifs et souffre de l'absence de classe
de seconde.
Le lycée accueille 72 % de garçons et est encadré par
80 enseignants, 35 pour l'enseignement général et 44 pour
l'enseignement professionnel.
Il dispose de 13 personnels ATOS, de 10 CES, de 6 " emplois ville ",
de 7 emplois jeunes, de deux CPE, de 5 surveillants d'externat, d'un
documentaliste et d'un chef de travaux.
Les enseignants " professionnels " sont pour 85 % des PLP2 qui
sont tous titulaires, à l'exception de deux maîtres auxiliaires
" spécialisés ", 10 maîtres auxiliaires
étant par ailleurs affectés à la section technologique.
La liaison entre ces formations et les emplois proposés par les
entreprises est variable, y compris pour les filières
industrielles : les jeunes sont souvent recrutés par cooptation.
La grande majorité des enseignants est en place depuis plus de vingt
ans ; les demandes de mutation sont rares, le corps enseignant ne comporte
que peu de métropolitains et apparaît peu demandeur en
matière de formation continue.
L'absentéisme des enseignants a représenté une quinzaine
de jours pour l'année 1998, une part de cet absentéisme
résultant de mouvements de grève et de barrages de routes
fréquents à Capesterre qui est un site à " culture de
contestation ".
L'absentéisme des élèves est important et
préoccupant (20 jours par an en moyenne) : il résulte de
l'éloignement du domicile des élèves, d'une motivation
scolaire inégale et des insuffisances des transports scolaires.
Le lycée ne comporte ni internat, ni demi-pension : les frais de
cantine sont supportés éventuellement par le fonds social du
lycée, mais peu de familles osent formuler cette demande et les
élèves préfèrent des formules de restauration
rapide à l'intérieur ou à l'extérieur de
l'établissement.
Des locaux seraient nécessaires pour accueillir les élèves
entre midi et 14 heures, les clubs existants restant peu
fréquentés.
Les taux de réussite au " bac pro " sont variables (87 %
en électrotechnique, 71 % en réparation automobile,
58 % en STI).
Les résultats du BEP sont en progression et approchent aujourd'hui les
60 % .
L'insertion professionnelle des diplômés est
décevante : 15 % des bacheliers professionnels obtiennent un
emploi dans les six mois suivant leur diplôme. Les stages restent trop
peu nombreux en raison du faible nombre d'entreprises qui sont susceptibles
d'accueillir les stagiaires, et de leur capacité à apporter une
qualification dans des conditions pédagogiques et de
sécurité satisfaisantes.
Le lycée ne propose pas de STS et l'idée d'une filière
intégrée du CAP au BTS apparaît prématurée.
Enfin, même si 3,5 milliards de francs sont consacrés par la
région aux constructions scolaires, le lycée a aujourd'hui des
locaux trop exigus pour ses besoins.
Visite du lycée Gerville-Réache à Basse-Terre
Construit sur l'emplacement de l'ancien hôpital militaire
Saint-Louis, ce lycée accueille aussi le GRETA de la Basse-Terre.
Il comporte une annexe aux Saintes, à Terre-de-Haut, qui accueille
90 élèves.
Son recrutement s'effectue dans l'ensemble de la Guadeloupe. Il accueille 145
élèves internes, les externes étant contraints de se lever
très tôt pour arriver à 7 heures et ne rentrent chez eux
qu'à 21 heures du fait de transports scolaires trop peu fréquents.
450 élèves sont inscrits en demi-pension : 1.000 repas sont
servis chaque jour, y compris aux élèves du collège
voisin. Le lycée héberge aussi des élèves d'un
lycée professionnel proche.
Il comporte 15 divisions pour chaque année de seconde, de 1
re
et de terminale, des BTS (commerce, assistance de direction, communication des
entreprises), des options de théâtre, d'informatique et
d'électronique, de sports.
Le lycée présente une dominante littéraire, propose le
portugais, l'espagnol et l'allemand en langues vivantes, et tente de
revitaliser l'étude du grec et du latin.
Dix maîtres auxiliaires sont affectés au lycée : ils
assurent les suppléances et sont incités à se
présenter aux concours. Deux d'entre eux sont en surnombre, du fait du
réemploi massif intervenu en 1997 : l'un effectue du soutien en
mathématiques et l'autre de l'initiation à la philosophie en
classe de première.
Les neuf aides éducateurs sont chargés de l'aide et du soutien
scolaires, de la surveillance, entre midi et 14 heures, et des nouvelles
technologies.
Le GRETA est concurrencé par une pléthore de centres de formation
et fonctionne grâce à des mises à disposition
d'enseignants.
Le lycée dispose de 216 heures
supplémentaires-année ; ces heures sont
généralement assurées sans réticences par les
enseignants sauf refus de certains syndiqués.
Les remplacements sont assurés par des vacataires et, en interne, par
les enseignants du lycée.
Le grand nombre de divisions en classe de seconde permet de donner leur chance
aux élèves et d'autoriser des redoublements.
Les options proposées répondent à la demande des
élèves, notamment l'informatique de gestion en terminale. Alors
que l'anglais est massivement étudié en LV1, le portugais en LV3
est suivi par 280 élèves.
Les élèves en difficulté bénéficient de
groupes de soutien et d'une aide méthodologique.
Les parents d'élèves peuvent suivre des séminaires
organisés par le lycée et les enseignants effectuent une
pré-rentrée pour préparer la rentrée officielle.
Les résultats de l'évaluation des élèves de seconde
restent préoccupants : une certaine déperdition est
constatée en fin de seconde et 24 élèves sur 450 sont
réorientés en BEP. Des heures supplémentaires effectives
sont affectées aux actions de soutien et aux actions de
remédiation.
Trois MI-SE sont affectés à l'internat et le fonds social, qui
est doté de 116.000 francs, est utilisé pour la demi-pension par
les élèves de familles défavorisées.
Les relations avec les syndicats doivent être entretenues à
l'occasion de nombreuses négociations.
L'amélioration des transports scolaires est évoquée
régulièrement avec les parents d'élèves et le
conseil général.
Enfin, une journée contre la violence a été
organisée récemment au lycée.
Entretiens à la maison des maires de
Basse-Terre
avec
le Président de l'association des maires
Le
département de la Guadeloupe compte 480.000 habitants
répartis sur 34 communes qui sont confrontées à des
difficultés financières, du fait de la crise économique et
d'un fort taux du chômage.
Il en résulte que les communes ne sont pas toujours en mesure de
répondre à leurs obligations en matière scolaire, qu'il
s'agisse de l'équipement des écoles en nouvelles technologies ou
de la mise en sécurité des locaux.
Les écoles sont aujourd'hui confrontées à un
développement de la violence, des intrusions dans les locaux scolaires
et des cambriolages visant notamment les matériels informatiques.
Un plan de rattrapage de quatre ans a été élaboré
pour la Guadeloupe qui a " raté " il y a quelques
années le virage des ZEP et qui est en retard en ce domaine sur la
Martinique.
En revanche, l'académie reste sous-dotée en postes de personnels
ATOS.
Sur le plan qualitatif, les évaluations effectuées en CE2 font
apparaître un retard de 20 % pour la Guadeloupe par rapport à
la moyenne nationale, cet écart atteignant 30 % à
Saint-Martin.
En application de la charte pour l'école du XXIe siècle, les
nouvelles technologies mises en oeuvre avec l'aide des emplois jeunes sont
appelées à s'implanter avec succès dans les écoles,
à la différence du plan informatique pour tous de 1985 qui s'est
soldé par un échec.
Les intervenants extérieurs et les emplois jeunes ont vocation à
apporter une aide aux élèves en grande difficulté,
à l'intérieur et à l'extérieur du temps scolaire,
via les comités locaux éducatifs qui ne sont pas encore
suffisamment implantés dans l'académie. Ces actions passent aussi
par une véritable " structuration morale " des
élèves car le système éducatif apparaît
largement étranger à nombre d'entre eux.
Les autorités académiques ont pris des initiatives
pédagogiques pour adopter l'école à la diversité
des publics scolaires, notamment pour l'enseignement des SVT, l'étude
des auteurs antillais, la prise en compte de la langue maternelle lorsque
celle-ci n'est pas le français, une expérience étant
engagée en ce sens à Saint-Martin et devant être
étendue à toute l'académie.
Au total, si la Guadeloupe n'apparaît pas tragiquement sous-dotée,
elle est confrontée à un problème qualitatif pour son
enseignement primaire, la question étant moins de transmettre des
savoirs que de structurer leur acquisition chez les élèves.
*
* *
MARTINIQUE
Présentation du système éducatif de la Martinique
1.
Description
Le système éducatif en Martinique comprend 349
établissements ainsi répartis :
|
Public |
Privé |
Total |
Ecole maternelle |
82 |
2 |
84 |
Ecole élémentaire |
176 |
12 |
188 |
Collège |
40 |
5 |
45 |
Lycée général et technologique |
11 |
6 |
17 |
Lycée professionnel |
9 |
6 |
15 |
TOTAL |
318 |
31 |
349 |
L'effectif moyen est de 23,5 élèves par classe
à l'école élémentaire contre 22,8 en
métropole.
Dans le second degré cet effectif moyen est le suivant :
- collège : 24,4 (métropole : 24,4)
- LP : 25,2 (métropole : 21,7)
- LGT : 29 (métropole : 28,4)
2. L'encadrement pédagogique
• Pour le 1
er
degré, 2 580 enseignants exercent dans
les classes préélémentaires et élémentaires.
Leur niveau de recrutement est le suivant :
- inférieur au bac : 36 %
- égal au bac : 36 %
- licence ou plus : 28 %
Les modalités d'accès au corps des professeurs des écoles
a permis une rapide élévation du niveau de recrutement ainsi
qu'un rajeunissement des personnels. En effet, tous les enseignants du
1
er
degré de moins de 30 ans sont professeurs des
écoles et titulaires d'un diplôme d'au moins bac + 3.
La pyramide des âges des enseignants du premier degré dans
laquelle on peut identifier les + de 50 ans : (38 %)
et les - de 30 ans (7,4 %) conduit à envisager dans
les cinq à dix ans à venir un renouvellement important des
effectifs.
• Pour le second degré, 3 467 enseignants sont en position
d'activité et sont répartis en sept corps :
- 1.350 professeurs certifiés
- 29 adjoints d'enseignement (corps en voie d'extinction)
- 167 professeurs agrégés
- 85 chargés d'enseignement d'EPS (corps en voie d'extinction)
- 138 professeurs d'EPS
- 829 professeurs de collège (PEGC) ; (corps en voie d'extinction)
- 869 professeurs de lycée professionnel.
Le taux des agrégés (4,8 %) est inférieur à la
moyenne nationale (9 %)
257 maîtres auxiliaires sont employés à ce jour. La
décision de réemployer systématiquement les MA (250
à la rentrée 1998) prise en 1997, a posé un certain nombre
de problèmes dans la mesure où leur profil ne coïncidait pas
nécessairement aux besoins.
3. L'évolution de la démographie scolaire
L'évolution de la démographie scolaire s'est traduite au cours
des six dernières années par une croissance de 2 % des
effectifs.
Cette croissance a été particulièrement sensible au
lycée général et technologique, avec un taux de
progression de 18 %.
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1 er degré |
51 824 |
52 269 |
52 653 |
52 374 |
52 436 |
51 980 |
Collège |
26 692 |
26 696 |
26 725 |
26 684 |
26 672 |
26 920 |
LP |
7 075 |
6 959 |
6 687 |
6 886 |
6 958 |
7 101 |
LEGT |
8 755 |
8 915 |
9 411 |
9 693 |
10 025 |
10 322 |
TOTAL |
94 346 |
94 839 |
95 476 |
95 637 |
96 091 |
96 323 |
Mercredi 3 mars 1999
Réunions de travail au rectorat
•
La présentation de l'académie
Les problèmes de majorité politique rencontrés au conseil
régional depuis la fin des années 80 se sont traduits par un
retard préoccupant dans la construction des lycées, retard que
l'on constate aussi dans l'équipement informatique des
établissements.
Le statut départemental de 1945 n'a pas permis de développer
l'autonomie économique de l'île et un fort courant
indépendantiste, représenté à l'assemblée
régionale, tient en fait un discours ambivalent à l'égard
de la métropole.
Les difficultés économiques se traduisent par un taux de
chômage de 30 % et par un développement du RMI qui constitue
en fait le " salaire " le plus élevé de la zone
caraïbe.
Le rectorat a embauché 932 emplois jeunes parmi 3.000 candidats et
apparaît ainsi comme le principal employeur pour les jeunes
diplômés, la difficulté étant d'assurer une
formation à ces aides éducateurs soit au sein de
l'université, soit par les GRETA et d'éviter que ces jeunes se
retrouvent dans la fonction publique à l'expiration de leur contrat.
L'université accueille environ 5.000 étudiants. Le recteur, n'est
qu'en théorie le chancelier coordinateur des trois universités
des Antilles, surtout pour celle de la Guyane que le recteur de la Martinique
estime non viable du fait d'un nombre trop faible d'étudiants. La
réalisation du plan de construction universitaire U3M est
subordonnée à l'aide des fonds européens.
La moitié des diplômés de l'enseignement supérieur
se dirige vers la métropole et ne rentre en Martinique que tardivement.
La création souhaitable de 20.000 emplois suppose que l'on
remédie aux retards scolaires constatés dans l'île.
70 % des bacheliers voudraient accéder à des filières
courtes de type IUT et BTS et sont en fait obligés de s'orienter vers
des formations longues ou des DEUG qui fabriquent des chômeurs.
Afin de remédier à cette situation, deux IUT vont être
ouverts dans l'académie et les neuf classes préparatoires qui ont
été créées depuis cinq ans devraient être
développées.
Un second campus universitaire devrait être ouvert en 2007 et permettrait
de compléter les formations existantes dans les disciplines
scientifiques, de santé, de pharmacie, de médecine et pour les
deuxième cycles. Il reste que le développement des classes
préparatoires est entraîné par l'absence de centres
d'examen des grandes écoles.
Le plan de rattrapage décidé pour l'outremer a permis de
renforcer l'encadrement des établissements : la Martinique est la
troisième académie après celle de Paris et de la Corse
pour la dotation en personnels ATOS mais le rectorat manque de cadres de
catégorie A.
S'agissant des enseignants, le problème est moins quantitatif que
qualitatif : 28 % ont un diplôme à bac + 3
complété par une formation en IUFM, mais 36 % n'ont pas le
baccalauréat dans le premier degré.
L'absentéisme des enseignants est préoccupant et les
académies des Antilles et de la Guyane apparaissent comme les
championnes en matière de " journées
banalisées ".
Le niveau des élèves de collège reste faible et le
rectorat s'est efforcé de récupérer un mois pour allonger
la durée effective de l'année scolaire.
S'agissant des retards scolaires, les évaluations révèlent
un retard de 5 % par rapport à la moyenne nationale en CE2 et de
10 % en classe de 6
e
, les épreuves du brevet traduisent
une faible maîtrise des élèves, surtout en
mathématiques, et les résultats au baccalauréat font
apparaître un retard de 10 points par rapport à la moyenne
nationale.
L'enseignement pré-élementaire souffre d'un
sous-développement dû à une insuffisance d'enseignants
formés, aux habitudes culturelles et à la mauvaise organisation
des transports scolaires ; les collectivités locales ont la
tentation de se désengager en matière de restauration scolaire et
le fonds social pour les cantines est peu sollicité en raison de la
démarche personnelle qu'il implique.
Les personnels de la MAFPEN ont été principalement
réaffectés au rectorat, leur réemploi en IUFM étant
aléatoire.
Enfin, les inspecteurs pédagogiques régionaux sont communs aux
trois académies des Antilles et de la Guyane.
•
La gestion des personnels dans l'académie de la
Martinique
Les
surnombres
budgétaires dans l'académie, qui ont
légèrement augmenté depuis la dernière
rentrée seraient de l'ordre de 40 et les contractuels en surnombre
s'élèveraient à une trentaine.
Trois enseignants ont été récemment mis à la
disposition de la MGEN et de la Ligue de l'enseignement dans le cadre de
décharges nationales.
Les surnombres se constatent surtout en technologie et chez les PLP
chargés de disciplines générales. Ils sont utilisés
dans les établissements pour occuper les postes vacants d'enseignants,
pour effectuer des tâches de suppléance, de soutien et de
documentation.
Comme l'ensemble des surnombres budgétaires sont répartis par le
ministère sur l'ensemble du territoire national, l'académie devra
accueillir 10 professeurs de technologie à la rentrée 1999
alors que certaines disciplines, comme l'espagnol, restent déficitaires.
Ces surnombres en technologie restent affectés en collège pour
des activités de suppléance car leur spécialisation
disciplinaire ne permet pas de les utiliser pour des remplacements.
Les lycées proposent des options
diversifiées et
attractives mais la demande des élèves est faible pour les
langues anciennes et pour des langues vivantes jugées difficiles comme
l'allemand.
A partir de la définition de bassins d'éducation, la carte des
options a été refondue mais les élèves des petits
établissements restent défavorisés au regard des options
proposées.
Le grec est proposé dans les classes des deux plus grands lycées
et les options " clandestines " créées dans les
établissements sans l'aval du rectorat peuvent être maintenues ou
supprimées.
Le nombre des zones de
remplacement
a été réduit de
trois à deux. Le taux d'absentéisme des enseignants est de
l'ordre de 7 % et tient pour une part importante à l'organisation
des examens (15 %) et aux stages de formation continue (10 % ). Les
absences de courte durée inférieures à 15 jours font
l'objet de remplacements " en interne ".
Le rectorat dispose d'une brigade de remplacement de dix emplois, de
14 contractuels, de 170 maîtres auxiliaires et de quelques
vacataires qui ne peuvent pas être utilisés plus de 200 heures par
année scolaire.
La plan de rattrapage de l'outremer a permis de " mettre "
135 postes d'enseignants au mouvement et de dégager 18 postes de
CPE et de chefs d'établissement, cet effort ayant permis d'assurer la
dernière rentrée dans de meilleures conditions.
Quinze postes de remplacements sont attendus pour améliorer le taux de
remplacement qui n'est que de 86 % ; dans le premier degré, le
délai de remplacement est d'une demi-journée.
Parmi les 250
maîtres auxiliaires
, 190 sont affectés sur
des postes vacants à l'année et 60 sont utilisés comme
suppléants.
En dépit d'une interdiction de principe, 12 maîtres auxiliaires
ont été recrutés à la dernière
rentrée, notamment en lettres modernes, en anglais, en espagnol et en
SVT.
Ceux qui réussissent les concours restent dans l'académie pour la
première année suivant leur titularisation.
La politique menée en matière de
formation continue
s'efforce de prendre en compte les besoins.
La MAFPEN a aujourd'hui disparu et le rectorat s'efforce de contrôler
l'assiduité des enseignants en stages de formation continue, qui doivent
être autorisés par les chefs d'établissement même si
cette notion de contrôle apparaît étrangère à
la culture de l'éducation nationale.
Ces stages restent fondés sur le volontariat des enseignants et sont
sources de "déperdition " ; afin d'y remédier le
rectorat s'efforce de développer les stages sur sites, dans les
établissements afin de susciter l'intérêt des enseignants
peu motivés.
L'IUFM est éclaté sur trois sites et n'entretient que des
liaisons de principe avec l'université, des enseignants venant de
métropole pour renforcer les équipes pédagogiques.
Le rectorat n'a pas connaissance de mises à disposition qui seraient
décidées à Paris et dont les bénéficiaires
percevraient en outre des heures supplémentaires.
Les aides éducateurs
sont satisfaits de leur situation et bien
acceptés dans les établissements ; recrutés en
général à bac + 2, avec une majorité de filles, ils
font l'objet d'un suivi par les IEN. La difficulté est de leur assurer
une formation complémentaire et de les faire sortir de ce dispositif
à l'expiration de leur contrat de cinq ans. Le tiers de cette formation
est effectué à l'université et les emplois jeunes
bénéficient en outre de facilités dans les
établissements pour préparer leur examen.
Enfin, l'académie utilise 800 contrats emplois solidarité et une
douzaine de " faisant fonction " pour les chefs
d'établissement.
Entretien avec M. Dominique Bellion,
préfet de la
Martinique
La
Martinique présente la particularité de comporter un conseil de
la culture, de l'éducation et de l'environnement.
La Préfecture est peu concernée par les questions relatives
à l'éducation ; des retards peuvent être
constatés dans la programmation du contrat de plan.
Du fait de la situation financière fragile des collectivités
locales, il leur est difficile d'apporter les contreparties aux fonds
européens : si la situation financière de la région
apparaît satisfaisante, celle du département est plus tendue alors
que celle des communes est souvent difficile en raison d'un personnel parfois
pléthorique, des charges dues au titre de la
surrémunération des titulaires et des plans de titularisation.
Le budget du département s'élève à 9,2 milliards de
francs pour une population de 400.000 habitants et n'est pas
épargné par les problèmes de trésorerie : les
dépenses sociales représentent 52 % de ce budget et
100 millions de francs sont consacrés à la participation
obligatoire au financement du RMI.
Si le taux de chômage général est de 30 %, le
chômage de longue durée est le plus préoccupant alors que
celui des jeunes s'est réduit avec la création des emplois jeunes.
Alors que le département était jusqu'alors
préservé, la délinquance économique, la violence et
la drogue connaissent une progression inquiétante.
Jeudi 4 mars 1999
Entretien avec M. Aimé Césaire,
maire de la ville de
Fort-de-France
La ville
de Fort-de-France dispose de 69 écoles qui accueillent
13.800 élèves dont 25 écoles maternelles qui
reçoivent les enfants à partir de trois ans et 25 % des
enfants de moins de trois ans. Par ailleurs, 13 crèches
gérées par la caisse des écoles s'efforcent de
répondre à une forte demande des familles.
Les écoles sont créées en fonction des besoins et de la
création spontanée de quartiers ; elles accueillent une
proportion non négligeable d'enfants n'habitant pas Fort-de-France. La
commune abrite deux ZEP et un réseau d'éducation prioritaire
devrait être créé à la rentrée prochaine.
Les écoles ne sont plus épargnées par la montée de
la violence et de la délinquance, notamment dans les quartiers
difficiles ; leur ouverture sur les quartiers, si elle est
nécessaire, devra être maîtrisée notamment dans le
cadre du prochain contrat de ville.
Les dégradations touchent particulièrement les équipements
informatiques qui doivent être protégés.
La ville de Fort-de-France a embauché 200 emplois jeunes et les
écoles 20 aides éducateurs.
Visite
du lycée d'enseignement général et technologique agricole
de la Croix-Mirail
Le
lycée de la Croix-Mirail, créé en 1979, reçoit 250
élèves dont 93 internes et dispose de 57 enseignants et de
20 non enseignants ; l'établissement comporte 10 classes, dont une
seconde générale.
Il est entouré d'une exploitation agricole et de terres couvrant
35 hectares.
Ses filières sont très diversifiées (BEP, " bac
pro ", BTS, baccalauréats technologiques, bac " S ", CFA,
...)
Une coopération est engagée avec Haïti dans la
filière BTS.
Les personnels non enseignants sont pour moitié des contractuels en
situation précaire qui aspirent à être titularisés.
Les enseignants sont de bon niveau : ( professeurs certifiés en
majorité, ingénieurs, mais aussi vacataires de l'éducation
nationale payés sur heures supplémentaires), mais la
stabilité de ces personnels est peut-être excessive.
L'insertion professionnelle des élèves est satisfaisante et ne
passe pas exclusivement par les débouchés agricoles. Il convient
de noter que l'activité agricole reste fortement marquée par le
souvenir de l'esclavage et souffre d'une certaine désaffection des
familles et des élèves.
Il en résulte que les élèves recrutés ne sont pas
les meilleurs, et que le lycée s'efforce d'informer les familles pour
améliorer son recrutement.
L'installation des jeunes constitue un objectif pour la direction de
l'agriculture mais les contraintes de cette installation sont nombreuses :
terres éloignées et à forte déclivité,
rareté de l'eau, concurrence des produits de la Caraïbe,
préoccupations en matière d'environnement...
Les installations de jeunes agriculteurs sont de l'ordre d'une vingtaine chaque
année.
Visite du lycée Bellevue à Fort-de-France
Ce
lycée " de tradition ", concurrent du lycée de
Schoelcher accueille 2.000 élèves répartis dans 70
divisions, dont 340 dans des classes supérieures, soit en internat soit
en demi-pension.
Ces divisions se ventilent entre les classes de seconde (21), de
première (19), de terminale (16) et supérieures (14), dont trois
pour les BTS.
Les résultats au baccalauréat sont supérieurs à la
moyenne de l'académie.
Le lycée accueille des élèves de l'ensemble du
département grâce à son internat (70 élèves)
dont les locaux sont cependant à réhabiliter et dispose de deux
pôles " sports de compétition " pour l'athlétisme
et la voile.
Il propose un large
éventail d'options
dès la seconde
(musique, arts plastiques, EPS, allemand en LV1, LV2 et LV3, portugais,
économie, latin, grec, informatique, audiovisuel, ...) dans la
perspective de la poursuite d'études post-bac plutôt
orientées dans le domaine littéraire.
Cet éventail paraît suffisamment large mais pose des
problèmes de gestion importants qui ont conduit le rectorat à
envisager une réduction et un regroupement des options : la classe
de grec rassemble en effet moins de cinq élèves en seconde.
Les
enseignants
sont au nombre de 185 et se caractérisent par
leur stabilité.
Le
corps enseignant est constitué de 133 certifiés, de 44
agrégés, de 7 maîtres auxiliaires, d'un adjoint
d'enseignement, de 4 CPE et d'un PLP affecté sur un poste en biochimie.
Un maître auxiliaire est en surnombre et est utilisé dans une
préparation des BTS de tourisme.
Les classes ont un effectif moyen de 31 élèves en seconde, de 28
en première et en terminale et deux divisions supplémentaires
sont prévues en terminale pour la rentrée 1999.
La
dotation horaire globale
est de 3 087 heures, 250 heures
étant consacrées aux classes supérieures et à la
décharge dite de 1
re
chaire ; les heures
supplémentaires représentent 13 % de la dotation horaire
globale.
Le proviseur éprouve des difficultés pour imposer quatre heures
supplémentaires aux enseignants, les refus observés étant
source de tensions : la moyenne actuelle acceptée est de 2 h 30
pour chaque professeur.
Certains enseignants contestent même leur emploi du temps, même
s'ils ne refusent pas d'effectuer les deux heures supplémentaires
obligatoires ; ces réactions tiennent à des positions
syndicales de principe, des arguments personnels notamment pour le personnel
féminin, et plus généralement à la charge que
représentent les obligations de service " normales ".
Les classes préparatoires littéraires accueillent 27
élèves en première année et 20 élèves
en seconde année. Le lycée a passé une convention avec
l'université de Provence et avec celles des Antilles et de la Guyane
pour valider ces années préparatoires sur dossier, mais n'a pas
encore la prétention de présenter avec succès ses
élèves au concours de l'Ecole normale supérieure.
Les sections de STT en seconde sont très demandées et les bons
résultats au bac (mentions) ainsi que les classes supérieures
(CPGE et BTS) ont permis au lycée de se positionner sur un
créneau élitaire.
Celui-ci doit cependant composer avec des retards scolaires préoccupants
en seconde et envisager des actions spécifiques de rattrapage. La
politique d'établissement pourrait ainsi avoir pour priorité de
renforcer le soutien aux élèves de seconde.
La dotation budgétaire annuelle apparaît insuffisante pour
construire de nouveaux locaux ou rénover les anciens, notamment
l'internat.
S'agissant des personnels non enseignants, le lycée utilise 39 ATOS
et 36 CES, mais la dotation apparaît insuffisante pour certaines
catégories de ces personnels.
En particulier, l'agence comptable est saturée car elle doit assurer la
gestion du GRETA et du collège voisin.
Le lycée bénéficie de 7 aides éducateurs qui sont
affectés plutôt aux tâches éducatives et à
l'aide aux élèves qu'à la sécurité qui
relève des surveillants d'externat et des CES.
Si le calme est assuré à l'intérieur du lycée -la
police n'intervenant en moyenne qu'une fois par mois- des " dealers "
proposent de la drogue aux abords du lycée qui ne peut être
complètement " sanctuarisé ".
Entretiens à la mairie de Schoelcher
avec M.
Almont,
maire de Schoelcher
La
commune de Schoelcher compte 25.000 habitants et dispose d'un budget de 250
millions de francs. Elle est la troisième collectivité locale de
la Martinique.
S'agissant de sa politique en matière d'éducation,
2,5 millions de francs sont affectés à l'aménagement
des rythmes scolaires mais la scolarisation des enfants de moins de trois ans
se heurte pour le moment à un manque d'enseignants qualifiés.
La commune de Schoelcher constitue ainsi un site-pilote pour
l'expérimentation des comités locaux d'éducation.
L'aménagement des rythmes scolaires concerne
500 élèves et représente un coût de
2.000 F par enfant ; sur un plan général, il est
regrettable que les communes ne connaissent pas encore les moyens dont elles
pourront disposer au titre des CLE, les caisses d'allocations familiales ne
finançant que certaines activités périscolaires.
Les tarifs des cantines sont modulés selon les ressources des familles.
Les transports scolaires sont financés à hauteur de 40 % par
la commune.
Certains des collaborateurs du maire ont évoqué le
nécessaire rétablissement de l'autorité et de la
discipline dans les établissements, la nécessité
d'éviter des regroupements d'élèves dans des
établissements trop importants, favorisant une promiscuité
dommageable entre des élèves d'âge très divers, et
l'institution d'une certaine sélection dans les établissements.
Réunion de travail à la chambre de commerce et d'industrie de la Martinique avec M. Jean-Claude Lubin, président
Le
Président de la CCI de la Martinique a d'abord souligné qu'il
convenait de renforcer la procédure d'agrément des quelque 400
organismes de formation professionnelle existant dans l'île, certaines
formations ne correspondant pas aux besoins.
Les formations proposées par le GRETA et l'AFPA apparaissent en revanche
satisfaisantes.
Il existe un CFA relevant de la chambre des métiers, la
difficulté étant de trouver des maîtres d'apprentissage.
Par ailleurs, une centaine d'apprentis sont accueillis dans un centre de
formation d'apprentis relevant de la CCI.
Les formations sont surtout proposées en matière commerciale
(BEP, " bac pro ", BTS...) et en techniques de vente.
Les étudiants diplômés dans ces disciplines à
bac + 3 trouvent un emploi en quelques mois, mais sont
concurrencés par les étudiants guadeloupéens
présentant le même profil.
Les formations relevant de la chambre de commerce sont particulièrement
sélectives et assurées par des enseignants de l'éducation
nationale, des contractuels et des professionnels.
Alors que le taux de chômage s'élève à 30 %,
les jeunes diplômés de BTS sont embauchés à
17.000 F par mois mais réclament une rémunération
supérieure de 60 %.
Les personnels de l'aéroport relèvent de la CCI et sont
susceptibles de paralyser son activité sous la pression des syndicats ou
de mouvements plus ou moins spontanés.
Le Président de la chambre de commerce a précisé que les
personnels sous statut CCI ne bénéficiaient pas de la
surrémunération des fonctionnaires titulaires et a fait observer
que l'éducation nationale n'était pas en mesure d'imposer des
heures supplémentaires à ses enseignants.
Il a enfin déploré le manque de relations entre le rectorat et la
CCI et a regretté que le recteur de la Martinique n'ait pas pris
l'initiative d'établir des contacts en ce sens.
Réunion de travail à la Chambre des
métiers
de la Martinique avec
M. Christian Cayol, président
Au cours
d'un débat approfondi engagé avec les membres de la
délégation, le Président de la chambre des métiers
a d'abord souligné le caractère essentiel de la formation
professionnelle pour les artisans de la Martinique.
Sur un plan général, il a insisté sur la qualité du
partenariat existant entre les établissements scolaires et les
artisans ; il a précisé que certains diplômes de type
CAP et BEP pouvaient être obtenus par la voie de l'apprentissage, le
développement de passerelles devant être encouragé entre
les filières, ainsi que le recrutement d'enseignants en technologie dans
les formations professionnelles.
Il a ajouté que le secteur de l'artisanat était tout
particulièrement touché aujourd'hui par une évolution
accélérée des métiers : certains disparaissent
comme ceux de l'imprimerie alors que des activités comme la
réparation automobile, ou celle des charpentiers-couvreurs, offrent de
larges débouchés.
Il a regretté que les maîtres d'apprentissage ne soient pas en
nombre suffisant (8.000), leur effectif tendant même à se
réduire.
Le Président de la Chambre des métiers a par ailleurs
estimé que les emplois jeunes contrevenaient aux principes de la
formation professionnelle et a appelé de ses voeux un
développement des formules de pré-apprentissage.
Soulignant l'efficacité de ce type de formation en alternance, il a
précisé que le taux d'embauche des diplômés
après apprentissage était de l'ordre de 66 %, mais que cette
embauche n'intervenait pas nécessairement dans leur
spécialité.
Il a fait observer que les formations proposées par l'éducation
nationale et les ouvertures de sections professionnelles devaient d'abord
répondre à la demande formulée par les chefs d'entreprise
et qu'un soin tout particulier devait être apporté à la
formation des formateurs.
Il a enfin constaté, en le déplorant, que le coût de
fonctionnement des CFA était excessivement élevé et a
attribué la responsabilité de cette situation à la baisse
préoccupante des effectifs d'apprentis.
Réunion de travail avec M. Michel
Stecker
Trésorier payeur général de la Martinique
La
Martinique a mis en place tardivement un contrôle financier des emplois.
Ce contrôle nécessite en effet d'élaborer des outils
informatiques permettant de vérifier l'adéquation entre
l'autorisation budgétaire et le nombre d'emplois locaux.
Pour l'instant, la trésorerie générale n'a pas reçu
la notification des délégations d'emplois, à l'exclusion
d'un " listage " ne permettant pas de distinguer les diverses
catégories concernées.
Le contrôle financier régional a été mis en place en
1998 avec un décalage d'un an : la trésorerie
générale effectue 39.000 paies, la moitié des emplois
étant payés par l'Etat. Le rôle du TPG est de liquider
chaque paie, le contrôle financier permettant de s'assurer de l'existence
du fonctionnaire bénéficiaire.
Le contrôle financier permet de vérifier que le
bénéficiaire est enseignant dans le 1
er
ou le second
degré, s'il est certifié ou agrégé, et de
connaître son indice ; le délai de " prise en
charge " pour un nouvel enseignant est variable selon le calendrier, la
trésorerie générale avançant 90 % du
traitement de base.
Le contrôle local permettra d'abord d'effectuer un comptage des emplois,
de faire remonter l'information, de mieux appréhender les visas et de
mesurer de manière plus satisfaisante le volume des crédits
d'heures supplémentaires.
Le recours aux variables d'ajustement permet d'éviter la lourde
procédure de recrutement par concours.
Le contrôle local ne sera efficace que si les certifications des emplois
sont exactes, ce qui implique notamment un contrôle véritable des
recteurs sur les décharges de service.
Réunion de travail au siège de l'association
des
maires,
avec notamment M. Anicet Turinay, président
Les
écoles préélémentaires ont de plus en plus besoin
de personnels spécialisés bien formés et recrutés
hors tout " clientélisme ", afin d'assurer les tâches
d'encadrement qui étaient autrefois assurées par les enseignants.
La préscolarisation se développe à partir de trois ans,
les parents d'élèves souhaitant un abaissement de l'âge
minimum à deux ans et demi.
Plutôt que le manque de personnels, c'est l'absence de locaux qui entrave
le développement de cette préscolarisation.
Il convient ensuite de souligner le développement des activités
de soutien scolaire, hors temps scolaire, dans le cadre des comités
locaux d'éducation, et qui se substituent aux études
surveillées.
S'agissant des collèges, ceux-ci ne disposent pas de surveillants
d'externat en nombre suffisant et de personnels de restauration.
Les personnels à temps-plein concernés effectuent de 6 à 8
heures par jour, mais ne bénéficient pas de la
surrémunération des titulaires, ni de la sécurité
de l'emploi.
De nombreux bâtiments scolaires de la Martinique sont vétustes et
doivent, en raison d'un vieillissement accéléré par le
climat, être restaurés ou reconstruits.
Les subventions ne représentent que 10 % du coût d'une classe
et l'association des maires a tenté d'intégrer ces
dépenses dans les contrats Etat-régions.
Enfin, le dossier de la surrémunération des fonctionnaires devra
être mis à plat et analysé en fonction du véritable
coût de la vie en Martinique, le surcoût de 40 %
entraîné par cette surrémunération empêchant
en fait la titularisation des personnels communaux qui sont, en règle
générale, recrutés sur des contrats de travail de trois
mois renouvelables.
*
* *
GUYANE
•
Les principales caractéristiques de l'académie de la
Guyane
A la rentrée 1998,
la
population scolaire
s'élevait
à 50.000 élèves et était en augmentation de
10 % par rapport à 1996.
Elle peut être ventilée ainsi qu'il suit :
- 30.000 élèves dans le premier degré, dont 8 % dans
l'enseignement privé ; seuls les deux tiers des enfants de trois
ans sont scolarisés et les élèves d'origine
étrangère représentent près du tiers des effectifs
dans le premier degré ;
- près de 20.000 élèves dans le second degré public
et privé.
-
Les établissements
consistent pour le public, en
18 collèges, quatre lycées, trois lycées
professionnels et pour le privé en deux collèges et deux
lycées.
Les SEGPA accueillent près de 450 élèves.
-
Les enseignants
:
• les 120 écoles de la Guyane bénéficient d'un peu
moins de 1 500 emplois de personnels enseignants du premier
degré ;
• le second degré bénéficie de 1 250 postes
budgétaires ;
-
Les personnels non enseignants
: l'académie est
dotée de 420 postes ATOS et a recruté plus de 400 aides
éducateurs au titre des emplois jeunes au cours des deux
dernières années scolaires.
•
Le plan de rattrapage mis en place après le mouvement
lycéen de l'automne 1996
Ce plan de rattrapage de deux ans a été proposé à
la suite des violentes manifestations lycéennes du mois de novembre 1996
dénonçant des conditions d'enseignement peu satisfaisantes. Ses
principales mesures peuvent être ainsi résumées :
- la création d'un rectorat et d'une académie de plein exercice
en Guyane ;
- un programme de constructions scolaires financé par une dotation de
plus de 60 millions de francs permettant notamment de financer une
centaine de classes nouvelles dans le premier degré et de construire des
logements pour les enseignants ;
- un taux de subvention majoré pour les communes dans le cadre de ce
programme, pouvant atteindre 100 % pour les communes dépourvues de
toutes ressources ;
- un renforcement des moyens de la DDE ;
- une enveloppe de 200 millions de francs de prêts à taux
réduit pour les programmes d'investissement réservés aux
collèges et aux lycées ;
- une mise en place de postes d'enseignants correspondants.
Ce plan de rattrapage est venu compléter le précédent
contrat de plan Etat-région qui a privilégié le
financement d'écoles, notamment dans les communes de l'intérieur
et du fleuve, ainsi que les aides accordées par le Fonds européen
de développement régional qui ont contribué au financement
des collèges.
Vendredi 5 mars 1999
Réunion de travail au rectorat
•
Présentation générale de l'académie
Créée à la fin de 1996, l'académie de la Guyane
souffre d'un déficit structurel de personnels ; d'après les
indications fournies par son dynamique recteur, M. Christian Duverger, il
manquait à l'époque à la Guyane le tiers de ses
enseignants qui exerçaient en fait en Martinique et les deux tiers de
ses personnels ATOS, ces dysfonctionnements ayant été pour une
large part à l'origine des manifestations lycéennes qui ont
secoué récemment le département.
Depuis, ces problèmes ont été réglés,
notamment pour les enseignants et les dernières rentrées se sont
effectuées dans des conditions satisfaisantes ; en revanche, les
personnels administratifs sont en nombre insuffisant dans les
établissements, et surtout les services du rectorat restent
sous-dotés.
En dépit de la mise en oeuvre du plan de rattrapage de 1996, qui a
bénéficié de 82 millions de francs, l'effort de
constructions scolaires reste insuffisant.
Le taux de scolarisation
est le plus bas de toutes les académies
métropolitaines et d'outre-mer, notamment en matière de
préscolarisation, même si des actions importantes ont
été engagées en faveur des enfants de 4-5 ans et des
jeunes de plus de 16 ans.
Le taux d'accès d'une classe d'âge au niveau du
baccalauréat n'est que de 33 %, soit un taux inférieur
à la moitié de la moyenne nationale.
Dans le second degré, la moitié des élèves ne sont
pas francophones et l'académie est contrainte d'accueillir des
primo-arrivants de tous âges, et notamment de mettre en place des classes
d'alphabétisation dans tous les collèges.
La population scolaire devrait ainsi passer de 50.000 à
100.000 élèves d'ici 2012, ce qui implique de faire passer
le nombre des écoles de 130 à 230 et celui des lycées de
sept à quatorze.
Si ces efforts, commandés par le principe de la continuité
territoriale, peuvent apparaître considérables, ils doivent
être appréciés en fonction des perspectives de
développement du Centre spatial guyanais qui est d'ores et
déjà le premier employeur du département.
Les comparaisons effectuées avec l'académie de la Martinique
montrent que cette dernière est surdotée puisqu'elle dispose de
834 postes pour 100.000 élèves alors que la Guyane n'a que
310 postes pour 50.000 élèves, cette " prime aux
riches " s'expliquant pour partie par la présence d'internats.
Le rectorat de la Guyane réclame ainsi 60 postes académiques
nécessaires à son fonctionnement mais aussi les locaux de
l'ancien hôpital J. Martial qui seraient indispensables à son
développement.
S'agissant des
effectifs enseignants
, l'académie comporte
1.239 titulaires dont 715 certifiés, 209 PLP, 60
agrégés, 75 PEGC, 34 adjoints d'enseignement...
Pour les personnels précaires, elle utilise 315 maîtres
auxiliaires, 68 contractuels, 91 surveillants d'externat et maîtres
d'internat et 20 vacataires.
Il convient de remarquer que
la moitié des postes mis au mouvement ne
sont pas pourvus
, ce qui conduit à recruter des enseignants à
partir d'un vivier local existant. L'interdiction de recruter de nouveaux
maîtres auxiliaires, à la suite du réemploi massif de 1997,
oblige à recourir à de nouveaux contractuels qui sont bien
rémunérés, mais pour une période limitée
à dix mois.
D'une manière générale, l'académie ne connaît
pas de disciplines excédentaires, à l'exception de la technologie.
Les contractuels
sont rémunérés sur des supports
budgétaires de titulaires disponibles alors que les maîtres
auxiliaires ne peuvent normalement pas être rétribués sur
ce type de support.
La Guyane est ainsi la seule académie déficitaire en titulaires
et comporte en conséquence une proportion anormalement
élevée de personnels à statut précaire ; on
constate le même phénomène pour les personnels ATOS, non
par manque de candidats, mais en raison des retards constatés dans
l'organisation des concours.
Les contractuels embauchés à la rentrée 1998 seront pour
le plus grand nombre d'entre eux repris à la rentrée 1999,
même s'ils n'ont pas un droit à réemploi au terme de leur
contrat de dix mois ; on constate ainsi une forte pression pour allonger
la durée de ces contrats.
Par ailleurs, afin de pourvoir les postes vacants de PLP, le rectorat recrute
des demandeurs d'emploi de métropole.
L'enseignement du 1
er
degré
bénéficie de
1.531 postes occupés par 1.487 titulaires et 44 maîtres
auxiliaires. Il se décompose notamment en 1.191 classes
préélementaires et élémentaires, et en 106 classes
d'enseignement spécialisé, auxquelles s'ajoutent des actions de
soutien ; 109 postes sont prévus pour les remplacements dont 13
postes pour la formation continue.
Depuis 25 ans, les effectifs d'élèves du premier degré ont
été multipliés par quatre, ce mouvement
s'accélérant depuis quelques années du fait de la
croissance démographique naturelle et surtout d'une immigration non
contrôlée qui est source de difficultés pédagogiques.
Les communes ne disposent pas des ressources financières
nécessaires pour mener à bien un programme de constructions
scolaires et le premier degré éprouve des problèmes pour
recruter des enseignants justifiant au moins d'une licence, et disposés
à rester en Guyane.
Sur les 1.530 postes de l'académie, 120 sont affectés en
IUFM ; les stages de formation continue aggravent les besoins de
remplacement qui résultent aussi de l'absentéisme, d'un
recrutement féminisé, et donc des congés de
maternité, et la brigade forte de 109 titulaires n'est pas en mesure de
remplacer tous les enseignants absents.
Le taux d'absentéisme dépasse 10 %, connaît des
pointes selon certaines périodes de l'année et a des effets
" dévastateurs " ; l'absentéisme résulte de
congés pour longue maladie demandés fréquemment par les
nouveaux arrivants qui sont souvent peu motivés et mal
préparés pour enseigner dans des conditions aussi
particulières ; dans ces conditions, les élèves sont
souvent pris en charge par les aides éducateurs, ce qui suscite des
protestations syndicales.
Le nombre des élèves primo-arrivants a augmenté de
6,7 % au cours de la dernière année : afin de les
accueillir, le rectorat dispose de 39 classes d'initiation et s'efforce de
ne pas les regrouper pour obtenir une meilleure insertion.
En théorie, les enseignants du 1
er
degré sont
recrutés selon les règles de droit commun, mais en pratique, la
Guyane ne dispose que d'un " pseudopode d'IUFM " qui est
contrôlé par l'académie de la Martinique ; le corps
enseignant est constitué de 65 % de Martiniquais et
également de métropolitains " recalés " au
concours.
L'académie de Guyane a le souci de reprendre le contrôle de l'IUFM
afin de réserver la place qui leur revient aux enseignants d'origine
guyanaise.
Par ailleurs, un grand nombre de professeurs des écoles, martiniquais ou
guadeloupéens, qui ont été affectés en Guyane
souhaitent leur retour rapide aux Antilles : un mouvement de grève
soutenu par les syndicats s'est développé au début de 1997
dans les deux départements à la suite de la réservation de
postes vacants au profit de ces enseignants et de la présentation d'un
plan de retour au pays, prévoyant 35 retours annuels pendant quatre ans.
Ce plan prévoyait, en échange, l'emploi pour le 1
er
degré d'enseignants auxiliaires guyanais, justifiant d'une formation
à bac + 3 ou bac + 2 et ayant suivi un cycle de
préparation en IUFM, soit une trentaine de personnes représentant
le tiers de la promotion d'origine guyanaise.
Enfin,
l'enseignement privé
est dispensé dans trois
établissements du second degré et dans dix écoles
scolarisant moins de 10 % de la population scolaire.
Cet enseignement connaît les mêmes problèmes de recrutement
que l'enseignement public dans certaines disciplines.
L'enseignement catholique conserve une bonne image acquise depuis 1831,
c'est-à-dire depuis qu'il a décidé d'ouvrir la
première école pour les esclaves noirs ; il participe
également aujourd'hui à des actions d'alphabétisation dans
le premier degré.
Réunion de travail avec M. Dominique
Vian,
Préfet de la Guyane
Le
fonctionnement du système éducatif guyanais est encore
affecté par la transformation récente de l'ancienne
académie Antilles-Guyane et par la création des trois rectorats.
Laissée pour compte pendant longtemps en matière de
développement scolaire, la Guyane a accumulé un retard
considérable pour les équipements et le recrutement d'enseignants
locaux.
Après la création du rectorat, celui-ci a été vite
reconnu, notamment par les parents d'élèves, mais a
rencontré des difficultés administratives non négligeables
pour la réorganisation de l'enseignement scolaire.
Par ailleurs, la mise en oeuvre du dispositif universitaire prévu
à l'origine s'est révélée plus complexe que
prévu puisque la chancellerie collégiale qui devait être
déconcentrée sur les trois campus universitaires des Antilles et
de la Guyane est restée à l'état de projet en raison
d'antagonismes irréductibles entre les trois académies.
S'agissant de l'application du plan de rattrapage de l'outre-mer, celle-ci a
été décevante et n'a pas été en mesure
d'accompagner l'action engagée au titre du contrat de plan
Etat-Région.
Il convient également de souligner que l'appareil statistique est
défaillant, notamment dans le domaine démographique ;
l'INSEE évalue ainsi la population réelle de la Guyane à
160.000 habitants, alors que celle-ci était évaluée
à 117.000 par le dernier recensement. L'application du ratio
métropolitain nombre d'enfants/population totale permettrait en fait
d'estimer la population totale à 271.000 habitants.
Dans la réalité, la population actuelle doit se situer autour de
200.000 personnes et la population d'âge scolaire devrait atteindre
100.000 élèves en 2010, soit le double du chiffre d'aujourd'hui.
Le taux de croissance de la population scolaire dans le second degré est
de 6 à 7 % par an, un tel accroissement étant manifestement
incompatible avec les ressources des collectivités locales et le niveau
des dotations de décentralisation.
Cette vague démographique devrait normalement entraîner la
construction de deux nouveaux collèges par an, soit 20
établissements jusqu'en 2010, ainsi que la construction
différée de quelques années de lycées
supplémentaires.
Si le corps enseignant est relativement remuant, la situation des
établissements reste calme.
En revanche, des difficultés se manifestent dans les écoles et
les établissements implantés sur le fleuve et à
l'intérieur du département qui ne disposent pas d'enseignants
adaptés à ces conditions particulières ; si les
écoles et établissements situés sur la côte
connaissent une situation analogue à celle des Antilles et de la
métropole, certaines communes isolées de l'intérieur,
comme Maripasoula, rencontrent des problèmes de scolarisation
spécifiques qui tiennent à un défaut de sélection
et de formation des candidats enseignants pour exercer dans un tel contexte de
" déséducation ".
Enfin, si le partenariat avec les collectivités locales est
satisfaisant, les besoins de scolarisation excèdent les capacités
financières du département et de la région, l'Etat se
refusant à prendre intégralement en charge tout l'effort de
construction.
Réunion de travail au conseil régional
et
rencontre avec M. Dédé, vice-président
La
région est compétente pour neuf lycées, dont trois
lycées d'enseignement général, trois lycées
professionnels et un lycée agricole.
La vague démographique concerne pour l'instant les seuls collèges
et n'a pas encore atteint les lycées : si aucune action n'est
entreprise aujourd'hui, les lycées connaîtront dans quelques
années les difficultés aujourd'hui rencontrées par les
collèges.
Dans cette perspective, la région est associée à la
préparation du contrat de plan afin de prendre en compte aussi bien les
besoins universitaires dans le cadre du plan U3M, que ceux des lycées.
S'agissant de ces établissements, le manque de terrain dans l'île
de Cayenne constitue le principal obstacle d'une politique de construction
scolaire pour la région.
Cette situation paradoxale s'explique par le fait que l'Etat est
propriétaire de 90 % du territoire en Guyane et que les
propriétaires privés, qui ont souvent acquis les terres restantes
à titre gratuit (c'est le cas pour France Télévision)
n'ont nulle envie de les mettre en vente.
Cependant, la progression des effectifs scolaires dans le second degré
risque de se traduire par une augmentation de 10.000 élèves d'ici
2003, ce qui nécessitera de construire un nouveau lycée
polyvalent dans trois ans, conformément au contrat de plan, avec l'aide
des fonds européens.
Le problème de l'assiette foncière apparaît donc plus
préoccupant que celui du financement d'un tel établissement dont
le coût est de l'ordre de 100 millions de francs.
S'agissant des types de formation à développer, les lycées
d'enseignement général accueillent la majorité des
élèves mais il conviendrait à l'avenir de
privilégier des filières professionnelles évolutives
prenant en compte les besoins de l'économie (bois, bâtiment,
climatisation...).
Le système éducatif guyanais doit donc s'adapter en
échappant à tout corporatisme et en développant de
nouvelles filières autour d'un schéma actualisé des
formations, sans tenir compte à l'excès des positions
exprimées par les syndicats qui ont trop tendance à relayer les
mots d'ordre métropolitains.
La région doit également financer les travaux de mise en
sécurité des bâtiments existant, prévenir les
intrusions et supporter des coût de construction trois fois plus
élevés qu'en métropole, du fait notamment des facteurs
climatiques. Si la formation initiale est une priorité, la formation
continue doit aussi être développée ainsi que
l'enseignement professionnel dont le coût est plus important en
matière d'équipement.
Les crédits de l'éducation représentent 17 % du
budget régional, soit 100 millions de francs, et il importe
d'étaler le financement des opérations à mener pour les
lycées.
Enfin la région participe à l'effort des communes en
matière d'éducation en fournissant des contreparties
financières nécessaires pour que celles-ci puissent
bénéficier des aides des fonds européens.
Réunion de travail au conseil général,
et rencontre avec M. Leconte, président
Le
dernier recensement de 1990 a fait apparaître une proportion de 30 %
de ressortissants étrangers en Guyane dont les enfants sont accueillis
par le système éducatif au titre de l'obligation scolaire.
A côté de la protection sociale et du système hospitalier,
l'école constitue donc une structure d'appel pour ces familles
étrangères et leurs enfants, les classes construites pour les
accueillir étant souvent " remplies avant d'être
terminées ".
La Guyane expulse pourtant davantage que la France entière, mais en pure
perte : la population a été ainsi multipliée par
trois en vingt ans et a augmenté de 50 % au cours des dix
dernières années malgré une pause conjoncturelle
constatée récemment dans le nombre des naissances d'origine
guyanaise.
Dans ces conditions, faut-il construire toujours plus d'écoles sans
avoir la certitude de pouvoir les entretenir dans l'avenir ?
Le budget départemental est consacré à hauteur de 10
à 15 % aux dépenses scolaires, les effectifs
scolarisés ayant été multipliés par deux depuis dix
ans et le coût des transports scolaires s'étant
parallèlement développé.
Dans ces conditions, le conseil général est obligé de
construire un collège chaque année et fait appel à une
trentaine d'entreprises dont deux de métropole.
Les personnels de l'éducation relevaient jadis de l'académie de
Bordeaux avant d'être rattachés à celle de la Martinique.
La déconcentration a permis d'assurer la dernière rentrée
sans heurts majeurs et devrait permettre de renforcer le rectorat de la Guyane.
Le département utilise 1.600 employés qui devraient être
titularisés pour la moitié d'entre eux.
Sur un budget départemental d'un milliard de francs, 800 millions
sont consacrés aux dépenses de fonctionnement dont
76 millions de francs aux dépenses scolaires ; parmi
celles-ci, 58 millions de francs sont affectés aux transports
scolaires, notamment fluviaux par pirogues.
On peut regretter à cet égard que les transports scolaires
fluviaux ne soient pas intégrés dans une politique
d'ensemble : les " canotiers-motoristes " qui remplacent les
piroguiers de jadis, appartenant pour leur grande majorité à
l'ethnie des " Noirs Marrons " ne maîtrisent que de
manière imparfaite la langue française mais sont invités
à se présenter à un concours de niveau baccalauréat
qui ne privilégie pas leurs qualités de navigateur, pourtant
essentielles pour la sécurité des élèves. Sauf
à les intégrer dans les personnels ATOS, il conviendrait pour le
moins que ces piroguiers puissent bénéficier d'un statut bien
défini dans le cadre de la fonction publique territoriale.
Il convient également de noter que les internats, qui sont inexistants
et pourtant nécessaires dans les établissements situés aux
abords du fleuve et dans les communes de l'intérieur, sont
remplacés par des formules d'accueil dans des familles,
rémunérées illégalement au titre de l'aide sociale,
comme à Maripasoula.
Enfin, le problème foncier apparaît moins préoccupant pour
le département que pour les communes, lequel s'est vu
rétrocéder des parcelles de l'Etat à titre gracieux en
application d'un décret foncier de 1996.
Réunion de travail à la mairie de Cayenne avec
l'association des maires
et M. Roumillac, président
Le
département de la Guyane compte 22 communes. Celles-ci ne sont
propriétaires que d'une très faible part du territoire guyanais,
l'Etat détenant 90 % du domaine public et privé et le reste
étant détenu par des propriétaires privés, dont le
Centre spatial guyanais.
Le problème foncier constitue ainsi une contrainte permanente pour les
communes et entrave leur développement, notamment en matière
scolaire.
La ville de Cayenne ne dispose d'aucune réserve foncière et
éprouve des difficultés pour construire de nouvelles
écoles.
S'agissant des communes enclavées, celles-ci sont contraintes
d'accueillir des élèves qui viennent grossir les effectifs des
écoles, comme celles de Maripasoula à l'intérieur ou
d'Apatou, le long du fleuve Maroni.
Le plan de rattrapage engagé depuis deux ans a pour objectif de
réhabiliter le patrimoine scolaire et de construire des logements pour
les enseignants dont la qualité apparaît déterminante pour
retenir ces derniers dans les communes enclavées et isolées.
Réunion de travail au rectorat
avec des chefs
d'établissement
La
proviseur du lycée Félix Eboué de Cayenne a indiqué
que son établissement était encadré par 106
enseignants ; à l'exception d'un noyau stable, les deux-tiers des
enseignants connaissent un taux de rotation extrêmement rapide et
demandent leur affectation dans d'autres départements d'outre-mer pour
des raisons personnelles de nature diverse.
Les moyens de remplacement sont insuffisants car la plus grande partie des
maîtres auxiliaires sont déjà affectés sur des
postes vacants à l'année.
Dans leur majorité, les enseignants ne sont pas originaires de la Guyane
et ont souvent effectué des séjours dans des pays d'Afrique au
titre de la coopération ; sans être opposés à
l'arrivée d'enseignants venus d'ailleurs, les responsables des
établissements souhaitent le maintien d'un noyau stable d'enseignants
guyanais.
D'après ces responsables, certains enseignants demanderaient leur
mutation avant même leur affectation en Guyane, qui apparaît comme
un passage obligé de courte durée permettant
d' " accumuler des points ", avant de rejoindre un lycée
français à l'étranger ou de bénéficier d'une
affectation jugée plus confortable aux Antilles.
Outre ces personnels de passage qui sont peu motivés, l'éducation
nationale affecte aussi en Guyane un trop grand nombre d'enseignants
" à problèmes ", psychologiquement fragiles, s'adonnant
parfois à des consommations, ou ayant des comportements condamnables.
S'il ne peut être demandé à tous les enseignants d'avoir
une vocation d'aventurier ou de père missionnaire, il conviendrait
toutefois que les procédures d'affectation permettent de s'assurer de la
motivation de ces personnels et de leur capacité à
répondre aux besoins spécifiques d'élèves
placés dans des conditions particulièrement difficiles.
Samedi 6 mars 1999
Visite du collège I de
Saint Laurent-du-Maroni
La
commune de Saint-Laurent possède deux collèges qui doivent
répondre à une forte poussée démographique ;
celle-ci nécessitera à moyen terme la construction d'un
troisième établissement.
Pour 20.000 habitants, l'hôpital de Saint-Laurent enregistre en effet
1.500 naissances par an.
Les deux collèges existants accueillent plus de 40 %
d'élèves d'origine étrangère et sont dans
l'obligation de mettre en place des classes d'alphabétisation pour des
adolescents qui n'ont jamais été scolarisés :
18 élèves sont dans cette situation et une centaine sont
considérés comme étant en difficulté en classe de
6
e
.
A l'exception de quelques intrusions, ces établissements connaissent peu
de problèmes de violence.
Les élèves du collège I sont originaires de plusieurs
pays : 31 % viennent du Surinam, 6 % d'Haïti, 1,5 % du
Brésil, 1,5 % du Guyana et pour une grande partie d'entre eux de
villages implantés sur le fleuve.
Les enseignants sont au nombre de 68, dont 56 certifiés et PEGC, un peu
plus de la moitié étant titulaires.
Leur taux de rotation est important et certains enseignants ne passent que
quelques mois dans le collège avant d'être affectés dans un
poste plus attractif d'une académie d'outre-mer ou à
l'étranger.
La Guyane accueille ainsi des enseignants de passage qui désorganisent
le fonctionnement des établissements ; par ailleurs, un certain
nombre de maîtres auxiliaires qui y sont affectés ne rejoindraient
jamais leur poste.
Certains enseignants présentent des profils très particuliers
(manque d'implication, congés de maladie anticipés...) et
demandent leur mutation dès leur arrivée au collège.
S'agissant des personnels non enseignants, le collège dispose de trois
aides éducateurs, de deux CPE, d'un CES et d'un agent comptable,
c'est-à-dire d'un encadrement jugé satisfaisant.
Réunion de travail à la mairie d'Apatou
et
rencontre avec le maire, M. Fati
La
commune d'Apatou, située à deux heures de pirogue de
Saint-Laurent-du-Maroni compte officiellement 2.452 habitants mais abrite un
grand nombre de clandestins dépourvus de titre de séjour.
Une importante manifestation des parents d'élèves a
été organisée lors de la dernière rentrée
pour faire prendre en charge par le conseil général le transport
des enfants par pirogue, 80 % des familles ne vivant que de minima sociaux.
L'inspecteur d'académie souhaite réduire la taille des
écoles et le nombre de classes et appelle de ses voeux une plus grande
stabilité des enseignants qui est liée à leurs conditions
de logement.
Dimanche 7 mars 1999
Entretien avec le trésorier-payeur général de la Guyane
La
Guyane bénéficie de 150 millions de francs de l'Etat
destinés à apporter une aide aux collectivités locales
dans le domaine de leurs compétences et 200 millions sont prévus
à ce titre en 1999 pour les projets d'écoles et de
collèges.
La Martinique assure la paie de l'ensemble des fonctionnaires et
l'environnement administratif " approximatif " de la Guyane n'est pas
de nature à faciliter le contrôle local des emplois qui devrait
compléter le contrôle financier.
Cependant la mise en place du contrôle local des emplois, qui
apparaît nécessaire en Guyane, n'implique pas d'y
transférer le contrôle de la dépense publique qui peut
être assurée de métropole.
L'Etat joue par ailleurs un rôle essentiel pour aider les
collectivités locales maîtres d'ouvrages.
La ville de Cayenne perçoit 30 millions de francs de subventions
d'équilibre et les communes ne payent pas la TVA mais peuvent la
récupérer.
*
* *
COMPTE RENDU DU DÉPLACEMENT
ILE DE LA RÉUNION
10-11 mars
1999
Participants
M. Francis Grignon, rapporteur, Mme Hélène Luc et M. Claude Domeizel
Programme
11
mars 1999
13 h 00 : réunion de travail au rectorat
15 h 00 : lancement de la campagne de valorisation de l'enseignement
professionnel
visite du lycée professionnel Amiral Lacaze
17 h 00 : rencontre avec M. J. Daubigny, préfet de La Réunion
18 h 30 : réunion avec les chefs d'établissements des
lycée Leconte de Lisle, Lislet Geoffroy et Rontaunay
12 mars 1999
8 h 30 : rendez-vous avec le Trésorier-payeur-général
10 h 00 : rendez-vous avec M. Jean-Louis Lagourgue, président de
l'association des maires
11 h 00 : réunion avec MM. Jean-Luc Proudoux, président du
conseil général, René Paul,
vice-président, et Michel Vignon
15 h 00 : rendez-vous avec M. Paul Vergès, président du
conseil régional
Réunion au rectorat
•
Les caractéristiques de l'académie
L'académie de La Réunion présente des
caractéristiques très spécifiques par rapport aux autres
académies. Créée en 1984, c'est une académie jeune
à l'image de la population de l'Ile de La Réunion : 38
% de la population a moins de 20 ans.
L'économie de l'île, malgré un développement
économique important, reste caractérisée par la
monoculture de la canne à sucre qui couvre 50 % de la surface
agricole utile et un tissu industriel peu développé,
composé exclusivement de PME, travaillant dans l'import substitution
surtout l'agro-alimentaire.
Malgré la croissance économique, -le PIB à la
Réunion progresse plus rapidement qu'en métropole- le taux de
chômage s'élève à 39 % de la population active.
L'économie réunionnaise crée globalement 2.000 emplois
chaque année mais 7.000 jeunes sortent annuellement du système
éducatif et sont à la recherche d'un emploi.
Dans ce contexte, les défis posés au système
éducatif réunionnais sont considérables. Il s'est agi en
deux décennies de rattraper un retard important en matière de
scolarisation, d'améliorer les performances de l'école
comparées à celles de métropole, de développer les
infrastructures et d'avoir les enseignants en nombre suffisant pour
répondre à la croissance forte des effectifs.
Actuellement, le retard n'est pas entièrement comblé, même
si des résultats non négligeables ont été
obtenus :
- en 1982, seulement la moitié des enfants âgés de 16 ans
étaient scolarisés, en 1997, ils étaient plus de
95 % ;
- en 1980, seulement un tiers des jeunes âgés de 16 à 19
ans étaient scolarisés, ils sont plus de 60 %
aujourd'hui ;
- en 1980, moins de 15 % des jeunes d'une classe d'âge
accédaient au niveau du baccalauréat, ; ils sont aujourd'hui
plus de la moitié ;
- le pourcentage d'une génération titulaire du
baccalauréat est passé de 24 % en 1990 à 46 % en
1997.
La Réunion compte 640 établissements scolaires dont 529
écoles, 71 collèges, 24 lycées d'enseignement
général et technologique et 16 lycées professionnels.
•
Les effectifs d'élèves
216.196 élèves sont scolarisés dans le premier et second
degré, dont 14 587 relèvent de l'enseignement privé
sous contrat.
Le premier degré
accueille
121.113 élèves,
dont 9.221 relèvent du privé. Contrairement à la situation
de la métropole, les effectifs scolarisés continuent de
progresser, même si la transition démographique est
amorcée, en raison de la jeunesse de la population. Le taux de
fécondité est passé de 6 à 2,3, mais l'inertie
démographique va jouer sur une période de 10 à 15 ans.
Ramenés à une base 100 en 1990-1991, les effectifs
scolarisés seraient en 1998-1999 de 95,5 en métropole et de 105
à La Réunion. Pendant cette même période, le taux de
scolarisation des enfants de 2 ans s'est cependant dégradé,
en passant de 16 à 13 % contre 35 % en métropole.
Les effectifs par classe sont de 24,6 élèves en moyenne pour le
public et 26,8 dans les établissements privés.
Dans le second degré,
95.132 élèves sont
scolarisés, dont 5.415 dans l'enseignement privé. Pour les
mêmes raisons démographiques, la différence
d'évolution par rapport à la métropole est importante.
Ramenés à une base 100 en 1990-1991, les effectifs
scolarisés en 1998-1999 seraient de 99,5 en métropole et de 119,5
à La Réunion.
Les effectifs par classe sont en moyenne de 25,1 pour les collèges, de
30 pour les lycées d'enseignement général et technologique
et de 25,5 dans les lycées professionnels.
Depuis dix ans, 36 collèges et lycées ont été
ouverts mais leurs capacités sont absorbées par la croissance
démographique et l'allongement de la durée des études.
La taille moyenne d'un collège est de 475 élèves en
métropole contre 980 à La Réunion et celle d'un
lycée est de 1 100, et certains comptent 1.400
élèves. Le ratio " équipes de direction/nombre
d'élèves " est particulièrement faible.
•
Les enseignants
Dans le premier degré
, le nombre d'enseignants titulaires
s'élève à 5.747 et celui d'enseignants non titulaires
à 91. Le corps est très féminisé. Depuis 1994, le
recrutement des maîtres auxiliaires a fortement diminué : 56
en 1996-1997 : 28 en 1997-1998 : 19 en 1998-1999.
Compte tenu des intégrations par concours, il ne reste que 91
maîtres auxiliaires dans le premier degré contre 450 en 1994.
Le taux d'absentéisme est évalué à 6,76 % et
les remplacements sont effectués en moyenne après un délai
de carence de trois jours. Ils sont assurés par 205 titulaires
remplaçants répartis par zones de remplacement.
Par ailleurs 85 titulaires remplaçants constituent une brigade
d'intervention pour remplacer les enseignants en cas de stage de formation
continue, qui concernent 0,72 % des instituteurs, cette brigade
étant également appelée à renforcer les moyens de
remplacement prévus sur zone.
La politique de l'académie est d'encourager la politique de formation
continue, d'autant plus que pour répondre aux besoins, de nombreux
enseignants ont été recrutés à un niveau
inférieur au baccalauréat. Dans le premier degré, 9.638
journées de stage ont été effectuées en 1998.
Le second degré
compte 6.726 enseignants titulaires et 651 non
titulaires, dont 632 bénéficient d'une garantie de
réemploi.
Les titulaires se ventilent entre 480 professeurs agrégés, 3.393
certifiés, 781 PEGC et 1.337 professeurs de lycées
professionnels.
Le nombre de contractuels est de 98 et celui des vacataires (moins de
200 heures) est de 65.
Le nombre d'enseignants en surnombre est de 85 et les moyens de remplacement
s'élèvent à 65 enseignants, dont 12 en lettres modernes, 5
en anglais, 1 en allemand, 12 en mathématiques, 14 en physique-chimie, 4
en sciences de la vie et de la terre et 12 en éducation physique et
sportive.
Le pourcentage d'enseignants exerçant à temps partiel est faible
(3,23 % ).
Enfin, le nombre d'heures supplémentaires dont dispose l'académie
s'élevait à 12.663 en 1998.
*
* *
Dans le
premier degré, 9 enseignants sont
mis à disposition
dont 4
à la MGEN et 2 à la Ligue de l'enseignement.
Les décharges syndicales
concernent, dans le premier
degré, 7 enseignants à temps complet et 17 à temps
partiel et dans le second degré, 4 enseignants à temps
complet et 38 à temps partiel, ce qui représente
11 équivalents temps plein.
L'académie souffre d'un déficit important en ce qui concerne
les personnels ATOS
. En 1993, il manquait au moins 140 postes et ce
phénomène s'est aggravé depuis, compte tenu de l'ouverture
de nouveaux établissements et de l'augmentation du nombre des
demi-pensionnaires (+ 17 % en 1997).
Les établissements ont très peu recours à la
sous-traitance et doivent faire face à un programme important de
rénovation des bâtiments et des cuisines. Dans le cadre d'un plan
de développement élaboré en 1998 pour quatre ans, 1.800
postes supplémentaires (enseignants et non enseignants) ont
été prévus pour l'académie, mais les dotations en
personnel ATOS s'avèrent insuffisantes.
Le nombre
d'aides éducateurs
est relativement important puisqu'il
s'élève à 2 011, soit 4 % de l'enveloppe
nationale, dont 876 implantés dans les écoles, 577 en
collèges, 225 en lycées et 142 en lycées professionnels.
En outre, on compte 760 contrats emplois-solidarité.
Enfin, les ZEP regroupent 25 % des élèves dans le premier
degré et 20 % dans le second degré, soit 48 écoles
maternelles, 83 écoles élémentaires,
16 collèges et 2 lycées professionnels, et au total, 1.126
enseignants.
Visite du lycée professionnel Amiral Lacaze
Le
lycée accueille 430 élèves dans différentes
spécialités industrielles :
- BEP : productique (usinage, décolletage) ; maintenance des
systèmes mécaniques et automatisés ;
- baccalauréats professionnels : productique mécanique
option usinage ; définition de produits industriels ;
équipement et installation électrique ; maintenance des
systèmes mécaniques automatisés.
Les formations dans les domaines de l'électricité et la
maintenance offrent aux élèves des débouchés sur le
marché local : ils peuvent devenir artisans électriciens ou
travailler dans les PMI/PME spécialisées.
Les formations en électrotechnique et en maintenance des systèmes
mécaniques automatisés trouvent des débouchés
à La Réunion mais également en métropole.
La productique, le décolletage et l'usinage permettent aux
diplômés de trouver assez sûrement un emploi en
métropole.
Actuellement, environ 50 % des élèves formés en
lycée dans le domaine du décolletage travaillent dans des
industries spécialisées en métropole. Ils réalisent
les pièces mécaniques en petites et grandes séries,
utilisées dans de nombreux domaines : automobile,
aéronautique, électroménager, informatique. Ce
métier d'avenir très spécialisé, est accessible aux
jeunes filles.
Le lycée professionnel Amiral Lacaze a été retenu pour le
lancement de la campagne de promotion de l'enseignement professionnel. Cette
campagne a pour objet de valoriser l'image de la voie professionnelle en
mettant en avant ses réussites et d'améliorer les choix
d'orientation des élèves par une meilleure information.
Ce souci d'orientation est d'autant plus important que la sélection est
très forte pour entrer dans les lycées d'enseignement
général et technologique -en 1997, à peine un
élève sur deux accède en seconde de LEGT. De ce fait, plus
de la moitié des collégiens entrent dans la voie professionnelle
en ayant souvent une connaissance peu précise des aptitudes
exigées, ce qui entraîne des abandons importants en cours
d'études.
Dans le but d'améliorer l'information des élèves en classe
de troisième, le lycée Amiral Lacaze a signé une
convention avec le collège Deux-Canons afin de développer une
collaboration entre les deux établissements pour faire découvrir
les métiers à travers la formation professionnelle,
compléter les connaissances des élèves dans les domaines
technologiques, favoriser les échanges entre les professeurs des deux
établissements, établir une liaison entre la troisième et
la seconde.
De la mi-novembre à la mi-avril, il est prévu d'accueillir 20
élèves de 3
ème
pour un stage d'une semaine se
déroulant au sein d'un groupe d'élèves de seconde
professionnelle avec mise en place d'un parrainage.
Entretien avec M. Jean Daubigny,
préfet de La
Réunion
La
Réunion, compte tenu de ses spécificités
démographiques a d'importants besoins en matière scolaire. Elle
est confrontée, comme en métropole, à des situations de
violence scolaire. Les frustrations engendrées par le chômage sont
fortes, compte tenu d'un modèle de société de consommation
omniprésent.
S'agissant de l'emploi des jeunes, le marché ne peut absorber que les
deux-tiers de ceux qui sortent chaque année du système
éducatif. Pour suppléer le marché du travail, les
collectivités territoriales se sont fortement impliquées dans les
emplois jeunes.
Cependant, dans le contexte régional environnant, La Réunion
présente des atouts importants. Le niveau d'éducation et de
formation continue est satisfaisant et ses équipements sont de
qualité.
De plus, les investisseurs bénéficient d'un régime fiscal
privilégié notamment dans le secteur industriel.
La Réunion offre un accès aisé au marché de l'Union
européenne et dispose de capacités de transports maritimes
importantes. Les investissements dans les niches technologiques à forte
valeur ajoutée devraient être encouragés pour compenser le
niveau élevé des salaires et des charges.
En matière de formation, l'île souffre cependant d'un grave
problème de mobilité. Malgré les encouragements -en
particulier des collectivités territoriales-, les possibilités de
formations à l'extérieur ne sont pas encore assez nombreuses,
alors même que toutes les formations ne peuvent être
développées sur place.
Réunion avec les proviseurs des lycées Leconte
de
Lisle,
Lislet Geoffroy et Rontaunay-Saint-Denis
Ces
trois établissements sont regroupés au sein d'une cité
scolaire, et accueillent 4.000 élèves. Leur autonomie de gestion
est complète sauf une mise en commun de moyens en ce qui concerne la
sécurité.
Dans le lycée Leconte de Lisle, ont été ouvertes, il y a
deux ans, deux classes préparatoires scientifiques. Compte tenu de
l'augmentation du nombre des élèves, l'une de ces classes devrait
être dédoublée.
Le lycée professionnel Rontaunay-Saint-Denis entretient d'excellentes
relations avec le milieu industriel et la qualité des formations
dispensées lui vaut de recevoir des offres d'emploi de la
métropole.
La professionnalisation des formations nécessite de développer
des enseignements par petits groupes, solution nécessairement plus
coûteuse en personnels.
Par ailleurs, du fait de son caractère insulaire, il est très
difficile d'organiser dans l'académie de La Réunion un programme
complet de formation continue à l'intention des enseignants. Or celle-ci
est particulièrement indispensable dans les matières
professionnelles, où les avancées technologiques sont
importantes, l'autoformation n'étant pas suffisante pour suivre ces
évolutions. Dans d'autres matières enseignées, comme le
commerce international, il faut également encourager la mobilité
des enseignants, à travers des plans de formation qui se
déroulent en métropole ou dans des pays voisins.
S'agissant des personnels non enseignants, leur rôle est fondamental,
d'autant plus que le public des élèves a changé et s'est
considérablement diversifié. De nombreux élèves
proviennent de milieux défavorisés et doivent apprendre à
respecter un code de conduite et des règles de comportement qui leur
sont étrangers. Les personnels non enseignants contribuent à cet
apprentissage, de même que les aides éducateurs qui participent
à leur accompagnement scolaire.
Entretien avec M. Burc, trésorier payeur général
Dans les
départements d'outre-mer, il existe actuellement deux types de
contrôle :
- le contrôle administratif de la paye qui permet de vérifier les
droits des personnels à être payés, à partir de la
production de pièces justificatives ;
- le contrôle du respect de l'enveloppe des crédits
budgétaires, afin de vérifier que le montant de cette enveloppe
n'est pas dépassé. La vérification est faite a posteriori
chaque mois, et le calcul d'une pré-paye de décembre permet de
vérifier que le montant annuel de l'enveloppe ne sera pas
dépassé.
Si le calcul de cette pré-paye indique qu'il y aura un
dépassement, une décision doit être prise entre le 25
novembre et le 5 décembre pour trouver les crédits
supplémentaires à partir notamment d'un redéploiement
entre chapitres budgétaires.
Le principal inconvénient de ce dispositif est qu'il ne permet aucun
contrôle a priori, d'où la mise en place d'un contrôle
financier des emplois, à compter de l'an 2000 pour l'académie de
La Réunion et qui suppose l'affectation de personnels
supplémentaires. Ce contrôle est d'autant plus nécessaire
que 26.000 fonctionnaires sont en poste à La Réunion, dont 17.000
relèvent de l'éducation nationale.
Réunion avec M. Jean-Louis Lagourgue, président de l'Union des Maires
Les
communes mettent, à disposition des écoles, du personnel
complémentaire. Il s'agit notamment des agents spécialisés
des écoles maternelles (ASEM) ou d'agents chargés de tâches
administratives auprès des directeurs d'école. Les communes
interviennent donc pour compenser l'insuffisance des personnels ATOS dans le
premier degré. Les écoles bénéficient
également d'un certain nombre de contrats d'insertion et d'emplois
jeunes.
La finalité parfois sociale de ces embauches induit un besoin de
formation ultérieure pour les adapter aux besoins des écoles et
leur permettre d'être au contact des élèves.
Les communes de La Réunion sont également confrontées
à un retard important en matière de constructions scolaires et de
rénovation, alors que les effets de la croissance démographique
vont se faire sentir pendant encore vingt ans.
Elles doivent y consacrer une grosse partie de leur budget et ne
bénéficient plus de l'aide de l'Etat si leur population
dépasse 30.000 habitants. Pour les aider, la région et le
département leur consentent une aide exceptionnelle.
De plus, les communes sont confrontées à un
phénomène de transfert de populations difficilement
prévisible qui peut fausser l'estimation des besoins en bâtiments
scolaires. Ainsi, les communes de Saint-Denis, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne
doivent s'attendre à une augmentation d'environ 100.000 habitants d'ici
à 2010.
Il convient de rappeler qu'une partie importante des personnels communaux, dont
certains sont mis à la disposition des écoles, ne sont pas des
fonctionnaires territoriaux mais des journaliers communaux.
Leur intégration dans les corps des fonctionnaires territoriaux est
rendue très difficile compte tenu du coefficient multiplicateur
appliqué au traitement des fonctionnaires, y compris territoriaux, qui
atteint 53 % à La Réunion.
Réunion avec M. Jean-Luc Proudoux,
président du
conseil général
L'engagement du département est très fort en
matière scolaire pour répondre aux besoins nés de la forte
croissance démographique. Dans le cadre du XIIe plan, la construction de
onze collèges est programmée pour diminuer le nombre de classes
surchargées et s'adapter aux transferts de population, qui se
concentrent sur les grosses agglomérations.
L'insuffisance du nombre des personnels ATOS ne permet pas d'assurer
l'entretien courant des bâtiments scolaires -nouveaux ou existants- qui
se dégradent très rapidement. Il est ainsi demandé au
conseil général de participer au financement d'équipes
mobiles de maintenance.
Le conseil général encourage également la mobilité
des élèves, et consacre 36 millions de francs au financement
de bourses et d'aides aux déplacements vers la métropole dans le
cadre des stages.
Compte tenu de la progression du nombre d'élèves, le taux
d'encadrement par les enseignants est jugé encore insuffisant, d'autant
plus que le rectorat a eu recours à des enseignants du premier et du
second degrés pour assurer son fonctionnement administratif.
Les caractéristiques géographiques de La Réunion rendent
plus difficile la généralisation des réseaux d'aides pour
les enfants en difficulté. Ainsi dans les zones de montagne, ces
réseaux ne peuvent intervenir qu'une fois par mois, ce qui est
très insuffisant pour aider de façon satisfaisante les
élèves en situation d'échec scolaire.
Le taux des enfants illettrés en classe de 6
ème
est
évalué à 20 %. Le rectorat a développé
les 6
ème
d'accueil ou de consolidation, qui comportent entre
12 et 18 élèves.
Entretien avec M. Paul Vergès,
président du
conseil régional
Si La
Réunion constitue un véritable laboratoire social et
économique, son taux de croissance de 5 à 6 % par an est
insuffisant pour absorber les 10.000 jeunes arrivant chaque année sur le
marché du travail.
En outre, la situation sociale reste cahotique avec des explosions
contestataires qu'il faut canaliser afin d'éviter leur contagion.
Dans un contexte démographique en forte croissance (600.000 habitants en
1990, 1 million en 2025) les efforts financiers consentis en matière
d'éducation sont considérables.
La région construit un lycée par an qui est immédiatement
à saturation et elle s'engage également auprès des
communes à travers un plan de rénovation des écoles
primaires. Néanmoins, malgré un taux de subvention du conseil
régional de 70 %, la moitié des communes n'ont pas les
moyens d'engager ces travaux.
Dans un environnement régional très anglophone, La Réunion
a une carte importante à jouer pour conforter l'usage du français
à Madagascar et à l'Ile Maurice.
A travers le contrat de plan Etat-région, elle doit devenir une
plate-forme en matière de recherche et d'enseignement pour
l'Océan Indien.
*
* *
Compte rendu du déplacement
dans l'académie de Rennes,
9
mars 1999
Participants
MM. Jean-Claude Carle, rapporteur-adjoint, et Jean Bernadaux.
Programme
9 heures 30 : réunion avec le recteur, M. William Marois, le
secrétaire général, l'inspecteur d'académie
d'Ille-et-Vilaine, et les chefs de service du rectorat.
11 heures 15 : réunion avec le trésorier-payeur
général, M. Jean-Pierre Thiolon, et le contrôleur
financier.
12 heures 30 : rencontre avec la presse au lycée professionnel Louis
Guilloux.
12 heures 45 : déjeuner au lycée professionnel élargi aux
élus locaux.
14 heures 30 : visite du lycée professionnel, en compagnie de
l'inspecteur d'académie et du proviseur.
15 heures 30 : visite du collège Martin Luther King de Liffré, en
compagnie du principal.
Réunion de travail au rectorat
L'académie de Rennes compte environ 600.000
élèves dans l'enseignement scolaire, dont 312.000 écoliers
et 277.000 collégiens et lycéens.
Dans le premier degré, 191.500 écoliers sont scolarisés
dans l'enseignement public, et 120.300 dans l'enseignement privé.
Dans le second degré, l'enseignement public compte 90.400
élèves dans les collèges et 70.000 dans les lycées,
tandis que l'enseignement privé scolarise 64.900 élèves
dans les collèges et 51.100 dans les lycées.
L'académie de Rennes se caractérise donc par le
poids
important de l'enseignement privé
.
42.700 personnes travaillent pour l'enseignement public, dont 29.300
enseignants, 3.800 personnels de direction et d'inspection et 9.600 personnels
ATOS, et 16.000 personnes dans l'enseignement privé. Le taux
d'encadrement est similaire dans le public et dans le privé.
L'académie de Rennes compte 3.473 établissements (2.197 publics
et 1276 privés), dont 2.880 écoles, 396 collèges, 131
lycées et 66 lycées professionnels.
Les contractuels étaient 1.134 au 1
er
janvier 1999, 2.085 en
1994 et 711 en 1989, dont une très grande majorité de
maîtres auxiliaires
. Leur recrutement a diminué depuis
quelques années : 167 en 1995-96, 116 en 1996-97, 15 en
1997-98 ; toutefois, il a de nouveau progressé lors de la
dernière rentrée, s'établissant à 94. Le ministre a
donné pour instruction de ne plus recruter de nouveaux maîtres
auxiliaires, mais les responsables de l'académie voient dans cette
interdiction une source de rigidité. Du reste, des besoins apparus dans
certaines disciplines, notamment professionnelles, ont conduit à
embaucher de nouveaux contractuels.
L'académie de Rennes compte 855 emplois équivalents temps plein
en
surnombre
, 300 étant gagés sur des heures
supplémentaires. Les 550 autres surnombres sont essentiellement
affectés au remplacement, mais également à des
activités pédagogiques ponctuelles comme les dédoublements
de classe.
Le phénomène des surnombres est apparu il y a une dizaines
d'années mais s'est considérablement accru depuis environ 5 ans.
Cela tient essentiellement au surcalibrage des concours destiné à
anticiper l'importance des départs à la retraite - 30 à 40
% des enseignants d'ici une dizaine d'années - mais aussi à
prendre en compte les effectifs étudiants. Ainsi, le nombre d'emplois
attribués à l'académie de Rennes est manifestement
surévalué, même si certains de ses besoins d'enseignement
sont mal couverts, notamment en sciences et vie de la terre et en physique. La
résorption programmée des surnombres en 2001 rendra
délicate l'adaptation du système éducatif aux alentours
des années 2002-2005, les surnombres ayant longtemps servi à
donner de la souplesse au fonctionnement des établissements.
Paradoxalement, les responsables de l'académie estiment que les
surnombres sont nécessaires pour couvrir l'ensemble des besoins.
L'académie ne compte que quatre enseignants du second degré mis
à disposition et ne donnant pas lieu à un remboursement. Le
nombre des personnels détachés a évolué. En 1989,
il était de 161 et de 279 en 1994, dont 113 au titre de l'enseignement
à l'étranger. Suite à une modification des règles
de gestion des détachés qui rend délicate toute
comparaison, leur nombre ne s'élève plus qu'à 25 en 1999.
Enfin, 118 enseignants du second degré public bénéficient
de décharges syndicales à temps partiel, et 8 à temps
plein.
S'agissant du
remplacement
, les besoins de remplacement de
l'académie de Rennes représentent 6 % de son potentiel
d'enseignement, soit un niveau identique à la moyenne nationale
déterminée par le rapport Bloch. Le suivi des remplacements est
assuré par discipline. Le problème le plus délicat
à gérer est celui des " pics " d'absences, lors d'une
épidémie de grippe par exemple.
Des différences existent entre l'enseignement privé et
l'enseignement public en matière de remplacement. Le système est
plus souple dans le premier que dans le second, l'enseignement privé
bénéficiant de manière immédiate de moyens de
remplacement tandis que l'enseignement public, dans le second degré, est
soumis à un délai de carence de 15 jours.
L'académie de Rennes compte un certain nombre d'établissements
scolaires en
zone rurale
. Elle n'a cependant, notamment en
Ille-et-Vilaine, que peu d'écoles à classe unique mais
plutôt des petites écoles à 2 ou 3 classes. La
difficulté à opérer des regroupements pédagogiques
expliquant aussi le poids de l'enseignement privé.
L'académie de Rennes présente une autre
spécificité, celle de compter un enseignement privé non
confessionnel " Diwan ", en langue bretonne, dont le contrat
d'association avec l'Etat a été signé lors de
l'année scolaire 1994-95. Cet enseignement
" régionaliste " connaît actuellement un fort
développement.
Réunion à la trésorerie générale
Environ
98.000 fonctionnaires sont payés chaque mois dans l'ensemble de la
région Bretagne, la moitié d'entre eux relevant de
l'éducation nationale.
Les dotations inscrites en loi de finances font l'objet d'une
répartition par décret, les crédits du titre III
étant attribués à l'enseignement public et ceux du titre
IV l'étant à l'enseignement privé sous contrat. Les
rectorats reçoivent ensuite une délégation d'emploi et de
crédits. Au cours de ces opérations, le trésorier-payeur
général n'intervient pas.
La paye est effectuée sans ordonnancement préalable.
Traditionnellement, l'ordonnateur gère les ordres de paiement ainsi que
la liquidation. Depuis 1967, le comptable assure la liquidation des
dépenses réalisées pour payer les fonctionnaires. Puis les
rémunérations sont calculées directement sans mandat ni
ordre de paiement, à partir d'informations transmises par le rectorat.
Cette transmission peut être effectuée selon deux
procédures : soit des échanges par fichiers informatiques
opérés avec les rectorats, soit une procédure
" dématérialisée " qui devrait recevoir l'accord
de la Cour des comptes, permettant de ne plus transmettre l'ensemble des
pièces justificatives. Le contrôle de l'utilisation des
crédits est ainsi effectué en permanence, tout au long du mois.
Il existe également un contrôle a posteriori, avec la
possibilité de régulariser une situation individuelle
après réception des pièces justificatives
éventuellement manquantes. Des contrôles ponctuels et
ciblés peuvent être réalisés au moment de la
liquidation.
La trésorerie générale adresse ensuite au rectorat une
situation de la dépense réalisée au cours du mois, ce qui
permet aussi à ce dernier de mettre régulièrement à
jour ses informations.
Les crédits de dépenses sont limitatifs : la
trésorerie générale s'assure donc que l'enveloppe
budgétaire est respectée et que la ventilation de la
dépense est correctement réalisée. Toutefois, elle ne
suspend pas le paiement lorsqu'apparaît en cours d'année un
dépassement de crédits sur tel ou tel chapitre. Il ne s'agit pas
de bloquer le bon fonctionnement du service public. D'ailleurs, le comptable
n'exerce jamais de contrôle d'opportunité.
Le trésorier-payeur général a estimé que la
procédure de la paye était tout à fait satisfaisante.
En revanche, le contrôle financier des emplois est mis en place depuis
peu de temps. Jusqu'à présent, en effet, les gestionnaires de
l'éducation nationale, paradoxalement, ne portaient guère
d'attention aux effectifs.
Le contrôle national des emplois doit intervenir par étape,
l'étape comptable d'abord, l'étape juridique ensuite. La
région Bretagne en est pour l'instant à la première
étape, celle du contrôle comptable. Il s'agit de vérifier
les emplois implantés sur le terrain par rapport aux informations
reçues du contrôleur financier central. Un rapprochement est
effectué entre le contrôle portant sur les masses
budgétaires et le contrôle des emplois.
L'opération de " comptage " a porté, dans un premier
temps, sur les personnels administratifs et les enseignants du premier
degré.
Un décalage est apparu entre les délégations d'emplois
reçues de l'administration centrale, d'une part, et les effectifs
réellement payés au niveau des académies, d'autre part. Ce
fut le cas, par exemple, des personnels infirmiers scolaires. Ce
décalage a toutefois, le plus souvent, une origine juridique à
rechercher dans une nomenclature mal définie. Le temps partiel, par
exemple, n'est pas pris en compte de manière satisfaisante.
La mise en place du contrôle comptable pour les enseignants du second
degré a permis d'identifier 700 surnombres qui sont
rémunérés sur des crédits existants. Il convient
cependant de préciser qu'il n'a pas encore été possible de
localiser ces surnombres au niveau géographique.
Depuis quelques mois, le rectorat a désigné à la
trésorerie générale un correspondant qui devrait disposer
d'une information globalisée.
*
* *
Compte rendu du déplacement
dans l'académie de
Créteil,
18 mars 1999
Participants
M. Adrien Gouteyron, président, MM. Jean-Léonce Dupont,
vice-président, Francis Grignon, rapporteur, Jean-Claude Carle,
rapporteur-adjoint, Mme Hélène Luc, MM. Serge Lagauche et
Christian Demuynck.
Programme
8 heures 30 : réunion avec M. Claude Charpentier,
trésorier-payeur général.
9 heures 30 : réunion de travail au rectorat.
13 heures : déjeuner au lycée Louise Michel de Bobigny,
suivie d'une réunion de travail.
16 heures : visite et réunion au collège République
à Bobigny.
Réunion avec le trésorier-payeur général
S'agissant du contrôle financier des emplois mis en
place par
le décret du 16 juillet 1996 et l'arrêté du
29 juillet 1996, il est précisé que ces textes
définissent le champ et la méthode du contrôle : les
" actes de recrutement et de gestion des agents de l'Etat soumis au statut
général de la fonction publique font l'objet d'un visa individuel
préalable ou d'un contrôle sur compte rendu. Les actes de
recrutement et de gestion des personnels contractuels sont soumis au visa
individuel préalable ".
Dans la réalité, le contrôle devant être mis en place
sera global. Il s'agit de rapprocher les effectifs déclarés par
les ordonnateurs avec les délégations d'emplois visées par
le contrôleur financier central placé près du ministre
concerné. Afin d'assurer l'exactitude des déclarations, ces
effectifs sont rapprochés de ceux issus des fichiers paye.
Ce contrôle incluant la prise en compte des agents travaillant à
temps partiel doit permettre de déterminer s'il existe des vacances
d'emplois ou si l'administration concernée est en surnombre.
Le second volet du contrôle porte sur les actes de gestion et de
recrutement. Il s'agit de viser, entre autres, toutes les décisions de
recrutement. Ce visa n'est accordé que si des emplois sont vacants pour
accueillir l'agent recruté.
La sanction de l'absence de visa est l'impossibilité de
rémunérer l'agent pour lequel l'emploi est refusé.
Aucun autre contrôle ne peut être effectué sur l'utilisation
des agents dans leur administration (gestion des moyens de remplacement,
décharges), et encore moins sur les questions d'opportunité.
En pratique, et en raison du nombre d'agents concernés, le
contrôle financier des emplois a commencé dans la région
Ile-de-France sur les personnels déconcentrés du ministère
de l'équipement, où il est désormais opérationnel.
Depuis quelques mois, des contacts ont été pris avec les trois
recteurs de Paris, Versailles et Créteil et des tests sont en cours sur
des échantillons réduits d'emplois déconcentrés du
ministère de l'éducation nationale.
La connaissance du stock des effectifs à contrôler n'est pas
encore complète et le contrôle des mouvements ne pourra pas
intervenir avant plusieurs mois. C'est à l'issue de ce travail que l'on
pourra se prononcer sur l'existence de surnombres, la gestion de
" réserves " ou de régularisations éventuelles.
L'importance des effectifs de l'éducation nationale (50 % des
personnels payés par la Trésorerie), la multiplicité des
statuts et l'importance des mouvements rend particulièrement
délicate la mise en oeuvre du contrôle des emplois. On peut
également s'interroger sur les moyens en personnel et les moyens
informatiques dont dispose le rectorat pour appliquer cette réforme.
Pour éviter une trop grande rigidité des procédures, il
pourrait être envisagé, surtout en région parisienne, que
le principe du visa a priori délivré par le contrôleur
financier soit remplacé, dans des conditions strictement
définies, par un contrôle a posteriori.
Réunion de travail au rectorat
L'académie de Créteil est une académie
issue de
la réorganisation de la région Ile-de-France intervenue il y a 26
ans. Elle regroupe trois départements dont deux fortement
urbanisés -la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne- qui connaissent une
évolution économique particulièrement difficile. La Seine
et Marne connaît pour sa part des évolutions très
rapides : sa population augmente fortement du fait de l'arrivée de
populations venant de Seine-Saint-Denis, ce mouvement illustrant le
phénomène de " rurbanisation " avec un
déplacement des grandes villes vers les petites communes. On y rencontre
ainsi des difficultés venant des cités installées autour
de ces petites communes. Les trois départements sont divisés en
" zone de formation et d'insertion "
Par sa population et ses
effectifs d'élèves
,
l'académie arrive en troisième position au plan national. Elle
comptait, à la rentrée 1998-1999,
926.700 élèves et étudiants ainsi
répartis : 468.321 élèves en primaire et en
élémentaire (dont 28.277 dans le privé) ; 222.814
élèves en collège (dont 26.916 dans le privé) et
159.720 élèves en lycée (dont 20.173 dans le privé).
Depuis 1989, ces effectifs ont tendance à diminuer en maternelle
(166.639 en 1998 contre 172.397) mais ils restent sensiblement identiques pour
le primaire.
Quant aux effectifs des collèges et des lycées, ils ont tendance
à augmenter (334.234 en 1998 contre 312.045 en 1989) avec une
évolution contrastée selon le type d'établissement. Les
interlocuteurs de la délégation ont exprimé leur souci de
requalifier la filière professionnelle, qui était
interprétée comme une voie sans issue et donc porteuse
d'échec.
Les élèves sont scolarisés dans 3048 écoles et
établissements publics et 280 établissements privés,
dont les effectifs varient en moyenne de 145 élèves en
maternelle, à 194 en primaire, 587 en collège, 998 en
lycée et 452 en lycée professionnel.
S'agissant des
effectifs par classe
, on note une diminution du nombre
d'élèves depuis 1989 en maternelle (26,04 contre 28,51), en
lycée professionnel (20,8 contre 23,02) et surtout en lycée
général (26,84 contre 33,67). En revanche, les chiffres
évoluent peu s'agissant des effectifs en classes de primaire (23,93) ou
de collège (23,66).
Dans le second degré, avec un nombre d'enseignants estimé
à 7,6 pour 100 élèves, l'académie de Créteil
offre un relativement mauvais taux d'encadrement. Le ratio moyen en France
métropolitaine est de 8 enseignants pour 100 élèves et
pour l'atteindre, il faudrait créer 1.100 postes dans l'académie.
S'agissant des personnels administratifs, la situation est
hypothéquée par un déficit initial qui est devenu
structurel. On estime qu'il manque 400 personnels ATOS, et tout
particulièrement en Seine-et-Marne.
En ce qui concerne la
répartition des enseignants
, sur un total
de 262,2 ETP (équivalent temps plein), 24.911,7 ETP étaient
recensées comme enseignants, 343 ETP constituaient le potentiel de
remplacement, 323 ETP exerçaient des activités autres que
d'enseignement (70 ETP en réadaptation, 115 ETP en formation et
56,7 ETP en position de mise à disposition). Enfin, 4.684,5 ETP
remplissent des fonctions diverses (direction, chefs de travaux,
éducation, documentation, orientation, surveillance...).
Le potentiel de
remplacement
, qui globalement représente
343 ETP est constitué de titulaires remplaçants, de
titulaires académiques en surnombre et de maîtres-auxiliaires. En
réalité, 1.127 enseignants effectuent des remplacements, mais
tous ne remplissent pas des services complets ; certains, jugés
fragiles parmi les titulaires académiques, ne peuvent effectuer des
remplacements, et quelques-uns (5 ETP) n'exercent pas du fait de situations
particulières, comme par exemple l'éloignement
géographique de l'établissement.
Le tableau ci-après retrace l'évolution des effectifs des
maîtres-auxiliaires
depuis 1994.
1994-1995 |
3.717 MA |
dont
3.129 sur postes vacants
|
1995-1996 |
3.501 MA |
dont
2.828 postes vacants
|
1996-1997 |
2.806 MA |
dont
2.157 sur postes vacants
|
1997-1998 |
2.711
MA
|
dont
2.054 sur postes vacants
|
1998-1999 |
2.330
MA
|
dont
1.930,5 sur postes vacants
|
Durant
ces deux dernières années, 180 maîtres auxiliaires
ainsi que des vacataires effectuant 200 heures par an ont
été recrutés sur des disciplines déficitaires,
où se posaient des problèmes de recrutement.
Au 5 mars 1999, la répartition des maîtres auxiliaires
et des contractuels était la suivante :
- dans l'enseignement général, 1.278 MA et
507 contractuels étaient affectés, pour 1.362,5 d'entre eux
sur des postes vacants, 314,5 sur suppléances, 55 affectés
à de l'aide dans les établissements, 10 constituaient des cas
médicaux et pédagogiques et 43 étaient
répertoriés en position de non activité, ce qui recouvre
notamment les congés pour grave maladie, le congé parental pour
convenance personnelle et le congé formation.
S'agissant des dotations horaires attribuées aux collèges
situés en ZEP, et malgré la baisse enregistrée des
effectifs, le
plan de rattrapage en Seine-Saint-Denis
a permis
d'affecter 810 emplois supplémentaires en septembre 1998, qui se
répartissent ainsi ; 11 emplois en documentation,
319 emplois d'enseignants au niveau des collèges et 122 au
niveau des lycées et lycées professionnels. Les prévisions
retenues pour les rentrées 1999-2000 et 2000-2001 sont respectivement de
1.000 et 1.100 emplois supplémentaires pour ce département.
Sans remettre en cause le bien fondé de ce plan de rattrapage, il faut
se demander si certaines des difficultés ressenties dans les autres
départements de l'académie ne sont pas moins bien prises en
compte, compte tenu de cet effort particulier consenti pour la
Seine-Saint-Denis.
L'académie de Créteil est également confrontée
à un déficit chronique de personnels évalué
à 15 % pour remplir les
postes de direction et de conseillers
principaux d'orientation
. On fait appel à des personnels
" faisant fonction " qui sont recrutés principalement parmi
les conseillers principaux d'éducation. Pour remplacer ces CPE, on a
recours aux maîtres auxiliaires dans des disciplines en surnombre
(histoire-géographie, technologie), ce qui pèse sur le potentiel
de remplacement.
L'académie accuse également un déficit important en
personnel de maintenance informatique et en personnels qualifiés en
informatique.
En ce qui concerne les personnels médico-sociaux, si le recrutement
d'infirmières est satisfaisant, la situation n'est pas
équivalente pour les assistantes sociales et les médecins.
Concernant le nombre
d'options proposées dans les lycées
,
la répartition des dotations horaires globales a permis de faire
disparaître les options suivies par de trop faibles effectifs. Mais, il
convient de veiller à ce que la carte des options soit homogène
à l'intérieur d'un district afin d'empêcher les
" stratégies d'évitement " menées depuis la
6
ème
et freiner autant que faire se peut la fuite des
meilleurs élèves de l'académie vers Paris.
Le dispositif mis en place fonctionne en coordination avec les trois rectorats
d'Ile-de-France, notamment avec l'obligation d'obtenir un exeat
délivré par l'académie de départ. On estime
à 13.000 le nombre d'élèves relevant de l'académie
et scolarisés sur Paris, dont 5.793 domiciliés en
Seine-Saint-Denis.
Réunion au lycée Louise Michel de Bobigny
Le
lycée Louise Michel compte 850 élèves répartis sur
31 divisions et prépare au baccalauréat général
ainsi qu'aux séries sciences et technologies tertiaires et sciences
médico-sociales du baccalauréat technologique. Cet
établissement est classé sensible depuis 1992, et il recrute sa
population sur un secteur très difficile qui connaît de
très grandes difficultés socio-économiques : le taux
de ces catégories défavorisés, qui dépasse 57 %
pour l'établissement, est de plus de 25 points supérieur à
la moyenne nationale et académique. Ce taux dépasse 70 % dans
certaines classes.
L'établissement est le lieu de tensions et de conflits souvent
très forts, qui nécessitent des rappels au règlement
très fréquents et des sanctions décidées par le
chef d'établissement.
Le niveau des élèves entrant en seconde est faible mais leur
âge est en moyenne identique à la moyenne nationale. Les
résultats au baccalauréat général sont très
inférieurs aux moyennes départementales et
académiques : le taux de réussite varie de 42 % pour le bac
S à 62,2 % pour le bac ES.
L'équipe pédagogique est expérimentée, stable,
fortement motivée et soudée autour d'une véritable culture
d'établissement mais elle réclame plus de moyens pour relancer
une dynamique pédagogique.
Les objectifs prioritaires du projet d'établissement sont, de
développer chez les élèves des stratégies de
réussite sur des projets d'études ambitieux et réalistes.
Il s'agit de lutter contre une conception minimaliste que développent
trop de parents et d'élèves issus de ces milieux
défavorisés.
Cet objectif passe par un dispositif de sauvegarde des filières
préparant au baccalauréat général tout en
préservant les taux de réussite dans la voie technologique. Le
choix des options illustre ce parti pris de la réussite pour tous, avec
notamment une option en LV 3 et une option latin en seconde.
Le lycée développe aussi une approche individualisée de
l'élève avec des heures de vie de classe, une prise en charge par
des actions de tutorat, des ateliers d'information et un club santé. Ces
actions ont été autorisées par les abondements successifs
de la dotation horaire globale, qui est passée de 1.283,25 heures en
janvier 1998 à 1.323,25 heures à la rentrée 1998-99.
Le taux des heures supplémentaires demandé aux enseignants a
été maintenu à 11,2 %, ce qui est contraignant compte tenu
des caractéristiques de l'établissement mais a permis de
dédoubler certains cours.
Réunion au collège République de Bobigny
Les
effectifs du collège sont très importants puisqu'ils
s'élèvent à 1.000 élèves, ceux-ci ne
diminuant que très lentement depuis sept ans, en dépit d'un
réaménagement de la sectorisation.
Les élèves proviennent de milieux socioprofessionnels
défavorisés et, de ce fait, le collège concentre en un
seul lieu l'ensemble des difficultés (forte présence de non
francophones, SEGPA, classes de soutien). Les performances de ces
élèves sont en conséquence très inférieures
aux moyennes départementales et académiques, comme en
témoignent les évaluations effectuées en classe de
6ème. Tous les indicateurs d'environnement économiques sont au
" rouge " et continuent de se dégrader ; il est difficile
dans ces conditions d'évaluer les progrès réalisés.
L'équipe pédagogique est composée de 72 enseignants, 20
ATOS et 7 aides éducateurs. Le taux de rotation des enseignants est
assez important, y compris chez les titulaires, et en moyenne les enseignants
restent entre 3 et 4 ans dans l'établissement. Le taux de rotation est
également important parmi les personnels non enseignants : les
trois quart de l'équipe vie scolaire ont changé à la
rentrée 1998.
L'établissement souhaiterait s'investir dans une politique d'orientation
plus dynamique et ambitieuse mais l'équipe pédagogique est sans
cesse sollicitée par l'urgence ou un incident grave,
révélateur d'un dysfonctionnement.
Le projet de l'établissement est également défendu par des
représentants de parents d'élèves très militants et
les institutions s'y investissent également fortement en
développant de multiples partenariats : justice, police, RATP,
conseil général...
Les dotations supplémentaires, au titre du plan de relance, ont
représenté 90 heures en 1998, sur une dotation horaire globale de
1.150 heures soit une hausse de 10 %. Elles ont permis de dédoubler des
classes aux effectifs trop importants et de mettre en place des actions
individualisées pour les élèves en très grande
difficulté.
1
L'article 5 du décret
n° 50-583 prévoyait 3 heures hebdomadaires
décomptées pour 2 heures dans le service des enseignants d'EPS
consacrées aux séances de plein air. Ces séances ont
été remplacées par les activités organisées
dans le cadre de l'Union nationale du sport scolaire (UNSS). Les notes des
services 81-246 du 6 juillet 1981 et 84-309 du 7 août 1984
précisent que les personnels enseignants d'EPS participent à
l'animation des activités organisées dans le cadre de l'UNSS
à raison de 3 heures forfaitaires comprises dans le service hebdomadaire.
2
Voir annexes
3
L'article 10 du décret du 3 avril 1962 prévoyait un
licenciement sans préavis. De plus, aucune indemnité ne pouvait
être allouée aux intéressés. Le décret
n°86-83 du 1
er
janvier 1986 prévoit de mieux
protéger les salariés, qui doivent être informés des
motifs du licenciement et de la durée du préavis.