10. Crise au Kosovo et situation en République fédérale de Yougoslavie - Intervention de M. Jacques BAUMEL, député (RPR) (Jeudi 24 septembre)
Le
rapporteur espère que l'Assemblée enverra un signal fort aux
populations de la région durement touchées par une guerre qui
frise le terrorisme.
Outre un débat général, l'Assemblée a
déjà consacré trois débats d'urgence au Kosovo,
celui d'aujourd'hui est donc le quatrième. Les faits et la cause
étant déjà bien connus, le rapport se contente de formuler
quelques brèves recommandations ayant essentiellement pour objet
d'inviter les quarante Etats membres à agir immédiatement, ce de
façon unanime.
Depuis que ce conflit a éclaté, de nombreuses idées ont
été formulées en vue de sa résolution, mais,
jusqu'à présent, aucune d'entre elles n'a fait l'unanimité
et l'Europe hésite toujours sur la voie à suivre pour y mettre
fin.
Les recommandations portent sur trois points essentiels. En premier lieu, ce
rapport appelle à un cessez-le-feu immédiat. En deuxième
lieu, il demande le retrait de l'armée et des forces de
sécurité serbes ainsi que le désarmement des groupes
armés illégaux. En troisième lieu, enfin il réclame
l'ouverture immédiate de négociations, de véritables
négociations qui porteront sur l'avenir du Kosovo, qui devront englober
la question du statut d'autonomie, ainsi que celles des droits de l'homme et de
l'identité culturelle.
Selon le rapporteur, il ne suffit plus de parler. A présent, il faut
agir pour conjurer une catastrophe qui risque d'avoir des conséquences
encore plus dramatiques que celles de Bosnie et Herzégovine. En
conclusion, il invite instamment les membres de l'Assemblée à
prendre part à ce débat et à exiger des gouvernements
membres qu'ils agissent immédiatement et de façon unanime.
M. Jacques BAUMEL, député (RPR)
, intervient dans le
débat en ces termes :
" J'ai sous les yeux quelques documents intéressants : d'une
part, le compte rendu de la séance du Conseil de sécurité
des Nations unies d'hier qui a adopté un texte d'une très grande
importance et sur lequel nous devrions réfléchir, d'autre part,
un grand quotidien dont le gros titre est : " La communauté
internationale lance un nouvel avertissement à Slobodan Milosevic "
et le sous-titre : " Les forces serbes poursuivent leurs
opérations au Kosovo ".
Ces deux phrases résument parfaitement la situation. Toutes les larmes
de crocodile répandues par certains de nos amis dans cette enceinte ou
les appels plus ou moins théoriques n'ont malheureusement guère
beaucoup d'efficacité. Face à cette situation, que devons-nous
faire ?
Je tiens avant tout à féliciter l'auteur du rapport ainsi que le
président de notre commission politique qui, avec une grande justesse de
ton et une grande impartialité, présentent la situation et
proposent les solutions possibles.
Nous sommes confrontés à une tragédie humanitaire. Et
là, il ne suffit pas de pleurnicher ! Il faut le savoir aucun de
nos Etats, à deux exceptions près, ne prend de dispositions pour
aider les 280.000 réfugiés du Kosovo. Je dis bien : aucun de
nos Etats ! Commençons donc par balayer devant notre porte en
essayant d'apporter des solutions.
Nous sommes aussi dans une impasse politique. Il faut en sortir par des moyens
pacifiques, en apportant des solutions politiques, et non par le maintien de la
violence. Il ne faut donc pas ressortir, comme certains de nos collègues
russes, la vieille histoire du Kosovo " terre sacrée de la
Serbie ". Pourquoi ne pas reparler aussi de la Lotharingie
créée par le petit-fils de Charlemagne et du duché de
Bourgogne qui fut l'un des éléments fondamentaux de l'histoire de
France ? Est-ce que nous ressortons ces vieux pans de l'Histoire ?
Aujourd'hui, le Kosovo est composé à 92 % de Kosovars et
à quelque 5 ou 6 % de Serbes !
C'est clair. Aucun nettoyage ethnique ne peut changer cette situation, aucune
violence, malgré les dégâts humanitaires, ne peut apporter
une solution.
Je pense qu'il faut se montrer extrêmement ferme. Le Conseil de l'Europe
a le devoir non seulement de voter quelques textes, mais aussi d'affirmer plus
que jamais ses responsabilités européennes. C'est l'impuissance
de l'Europe, ce sont ses divisions qui font qu'aujourd'hui pour le Kosovo,
comme hier pour la Bosnie et demain ailleurs, nous sommes incapables de
régler les problèmes sans faire appel à quelque puissance
non européenne. Inutile de critiquer les Américains pour,
quelques années plus tard, leur courir après pour régler
des problèmes que nous aurons été incapables de
régler nous-mêmes ?
Ce débat est important. Le rapport de notre ami le président de
la commission politique, est un excellent document. L'ensemble de notre
Assemblée doit l'approuver et le soutenir. Dans ce concert
international, le Conseil de l'Europe doit marquer sa volonté de faire
prévaloir une solution politique pour régler enfin pacifiquement
le drame du Kosovo ".
Au terme du débat,
la recommandation 1384, amendée, contenue
dans le rapport 8204 est adoptée.