B. Les options privilégiées par le Secrétaire général de l'UEO
M.
CUTILEIRO, Secrétaire général de l'UEO, a demandé
aux Etats membres de ne pas se plaindre d'une présence américaine
en Europe et les a incités à davantage montrer leur
volonté de s'engager, d'être plus opérationnels pour
pouvoir disposer de la capacité de régler par eux-mêmes une
crise en l'absence d'une implication directe des Etats-Unis : l'UEO reste
justement là pour répondre à une telle situation. La
question n'étant pas de s'interroger sur la définition du
rôle de l'UEO, mais plutôt de savoir si les Européens ont la
volonté d'utiliser l'instrument de gestion des crises que les Etats
membres ont progressivement mis en place et qui est prêt à
fonctionner. M. CUTILEIRO a également noté que l'UEO pouvait
offrir " un cadre juridique aux efforts déjà entrepris par
les Européens dans le domaine de l'armement " en citant l'Organisme
conjoint de coopération en matière d'armement (OCCAR),
créé par la France, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Allemagne.
Dans le cadre du débat ouvert au terme de cette intervention,
M. Jacques BAUMEL, député (RPR), Président de la
commission politique, a interrogé le Secrétaire
général sur le déroulement du
Conseil de Rhodes
et
plus particulièrement sur l'éventuel rejet d'une proposition
belge de création d'un " Comité des sages " qui aurait
pu mener à une réflexion approfondie sur les problèmes de
l'UEO. Puis, il a tenu à préciser que la défense
européenne existait non pas dans le cadre uniforme de l'OTAN, mais
" à l'OTAN et à l'UEO " et qu'il lui paraissait injuste
d'imputer au seul Secrétaire général de l'UEO la
responsabilité de certaines hésitations alors que par fonction
" ...
vous êtes tout simplement le notaire des décisions
du Conseil des Ministres au sein duquel comme par hasard, deux ou trois
membres, toujours les mêmes, s'opposent à tout
". M.
BAUMEL a conclu son propos sur la mise en cause de "
cette fiction
d'un consensus fondé sur l'accord de tous les membres "
en
souhaitant sortir de cette impasse avec une sorte d'abstention constructive qui
constitue un premier pas allant dans le bon sens.
En réponse, M. CUTILEIRO a confirmé l'existence d'une
proposition belge relative à un " Comité des sages ",
mais dont le mandat était insuffisamment clair pour aboutir à une
adoption ; il importe donc à la Belgique de reformuler une
proposition de cette nature au Conseil. S'agissant des mécanismes de
décision, le Secrétaire général a convenu du
problème tout en défendant le principe du consensus pour une
organisation militaire susceptible d'engager des opérations difficiles
et dangereuses, mais sans exclure cependant des aménagements à un
tel principe qui d'ailleurs est également celui qui prévaut au
sein de l'OTAN. Selon M. CUTILEIRO, "
le problème est plus
profond : d'une part, il y a une certaine résistance à
travailler ensemble sur les questions
difficiles ; d'autre part,
n'oublions pas que l'UEO n'est pas bien connue. On commence à
connaître notre Organisation et j'espère que les choses vont
s'améliorer. "
M. BAUMEL a toutefois tenu à préciser que les perspectives
tracées par le Secrétaire général lui paraissaient
contraires à l'article V du Traité fondateur de l'UEO, qui ne
limite pas l'action de l'UEO à une gestion prudente des crises, car il
est plus contraignant que l'article 5 du Traité de Washington instituant
l'OTAN. En tout état de cause, il a récusé l'idée
de limiter les interventions de l'UEO "
à un travail de basse
police
" et a contesté toute valeur à l'argument de la
" duplication " par rapport à l'OTAN, qui rendrait l'UEO
totalement inutile.
Puis, M. Jean VALLEIX a insisté sur le rôle du Centre satellitaire
de Torrejon dont il a regretté un certain sous-emploi, en appelant de
ses voeux une plus grande réflexion stratégique et tactique au
sein de l'UEO.