RAPPEL AU RÈGLEMENT
Mme Hélène Luc.
Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président.
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, mon
intervention se fonde sur l'article 36 de notre règlement.
Le Parlement de la France ne peut ignorer les décisions extrêmement graves
prises par la direction de Renault concernant, d'une part, la fermeture de
l'usine de Vilvorde, en Belgique, et le licenciement de ce fait de 3 100
salariés, et, d'autre part, l'annonce de près de 3 000 licenciements en France
même.
Nous sommes bien loin des promesses d'une Europe sociale avancées par les
partisans du traité de Maastricht. C'est l'Europe de l'ultralibéralisme qui
apparaît au grand jour à Vilvorde.
La précipitation pour la mise en place de la monnaie unique masque mal la
priorité absolue qui est donnée par la Commission de Bruxelles à la finance,
contre l'emploi, contre l'homme. La volonté de fermer l'usine de Vilvorde
relève d'une stratégie économique qui privilégie en effet la recherche du
profit au détriment de l'épanouissement des populations européennes.
La décision de Renault, entreprise récemment privatisée mais dont
l'actionnaire majoritaire demeure l'Etat, accompagne les décisions européennes
qui dirigent l'argent vers la spéculation et non pas vers la production.
C'est le choix de donner la primauté au secteur privé sur le public, à la
libre concurrence sur la coopération qui est à l'origine de cette situation.
Pour notre part, nous proposons avec force la renationalisation de
l'entreprise Renault pour permettre aux pouvoirs publics de peser sur les
décisions.
M. Hubert Falco.
Le Crédit lyonnais, le GAN et compagnie... On va combler les déficits !
Mme Hélène Luc.
Comment croire que le Gouvernement n'a pas été informé au préalable de cette
mesure inique qui, si elle était appliquée, jetterait dans le malheur des
milliers de nouvelles familles ? Qui sont ces technocrates acquis à la loi de
l'argent qui décident aussi froidement de l'avenir de milliers d'individus ?
Heureusement, nous nous en félicitons vivement, la réaction des salariés et de
l'opinion publique dans toute l'Europe est à la hauteur de l'enjeu.
Les salariés n'acceptent plus d'être des pions déshumanisés sur l'échiquier du
capitalisme.
Nous soutenons sans réserve les multiples initiatives sans frontières qui sont
prises,...
M. Hubert Falco.
Monsieur le président, ce n'est pas la séance des questions d'actualité !
M. Ivan Renar.
Un peu de patience !
Mme Hélène Luc.
... à commencer par l'organisation d'une grève d'une heure le 7 mars sur
différents sites européens. C'est cela la véritable Europe !
(Murmures sur les travées du RPR.)
L'émotion est grande chez les travailleurs, leurs familles, la
population. Je le ressens particulièrement dans ma ville de Choisy-le-Roi, où
des emplois sont menacés et où, je vous l'assure, l'angoisse grandit, comme le
ressentent aussi mes amis Michelle Demessine et Ivan Renar, à Douai et à
Maubeuge, Robert Pagès, à Cléon et Sandouville, Guy Fischer - sans même parler
de Flins - à Vénissieux.
Ils n'acceptent pas le déclin industriel imposé par les grands argentiers
européens, d'autant que dans le même temps, à Douai, on demande aux ouvriers de
faire des heures supplémentaires ! C'est inadmissible.
Renault doit choisir la voie du développement et de la modernité, symbolisée
par la Mégane Scenic - dont la production n'est d'ailleurs pas assurée au
niveau nécessaire - car, quant à nous, nous sommes fiers, nous le réaffirmons
comme nous l'avons fait lors du débat sur la privatisation, de la production
Renault, qui est et doit rester le fleuron de l'automobile française.
Or, la voie du développement implique l'arrêt immédiat du « plan de casse »
annoncé. Il appartient au Gouvernement français d'agir en ce sens.
Notre groupe, conjointement avec les députés communistes, exige donc que soit
organisé d'urgence, aujourd'hui même, un débat à l'Assemblée nationale et au
Sénat sur la situation de Renault, et, avec mon ami Alain Boquet, nous avons
demandé une entrevue immédiate au Premier ministre.
Vous l'aurez compris, nous faisons nôtre le beau titre de
l'Humanité
d'aujourd'hui : « Renault de tous les pays, unissez-vous ! »
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe communiste
républicain et citoyen.)
M. le président.
Je vous ferai respectueusement remarquer, madame Luc, que votre intervention
n'a pas grand rapport avec le règlement !
(Sourires sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et
Indépendants et du RPR.)
Mme Hélène Luc.
Mais si !
M. Ivan Renar.
Cela concerne la vie des gens de notre pays !
Mme Hélène Luc.
Oui ! Et vendredi, nous serons à Bruxelles !
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