M. le président. La parole est à M. Courteau.
M. Roland Courteau. Les graves difficultés que rencontrent de trop nombreux jeunes depuis quelques années vous sont parfaitement connues, mesdames, messieurs les ministres. Elles l'étaient aussi des gouvernements précédents, qui avaient largement consulté ces jeunes, mais sans suite.
Quant à vous, madame le ministre de la jeunesse et des sports, vous avez lancé une consultation nationale, mais sans tapage médiatique, car vous avez bien compris ce qu'attendent ces jeunes de quinze à trente ans : non pas des discours, mais des mesures très concrètes.
MM. Raymond Courrière et Marcel Vidal. Très bien !
M. Roland Courteau. Les quelques centaines de débats qui ont eu lieu à travers la France se sont conclus récemment par les rencontres nationales de la jeunesse, en présence de M. le Premier ministre. Ce dernier a, à cette occasion, affirmé qu'il ne fallait pas d'annonces qui ne soient suivies d'effets. Il est d'ailleurs à l'honneur de ce gouvernement d'agir ainsi et d'avoir, en l'espace de six mois, permis l'adoption de dispositions telles que l'instauration des emplois-jeunes ou l'inscription automatique des jeunes sur les listes électorales.
Quelles sont les difficultés rencontrées par ces jeunes ?
Certes, l'emploi reste leur préoccupation prioritaire. En effet, les conditions d'insertion professionnelle et sociale se sont largement dégradées ces dernières années, avec, comme on le sait, des risques très graves de marginalisation.
Mais d'autres difficultés sont également apparues, notamment en matière d'accès au logement - faute de moyens financiers ou de garanties à apporter aux bailleurs - à la santé - 160 000 jeunes sont dépourvus de toute protection sociale - à la culture, au sport, aux loisirs, trop coûteux, ou encore à la formation.
Je n'ignore pas, madame le ministre, que vous avez la ferme volonté de simplifier la vie de ces jeunes en difficulté et de prendre en compte leurs problèmes, et je vous en félicite. Par conséquent, au-delà de simples effets d'annonce ou de déclarations d'intention, qui n'ont été que trop fréquents dans un passé récent, quelles actions concrètes le Gouvernement entend-il engager en faveur de ces jeunes, auxquels il est de notre devoir de tendre la main ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.) M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur, les rencontres locales de la jeunesse, qui ont réuni près de 100 000 jeunes à travers toute la France, n'avaient effectivement pas pour objet de permettre un « coup » médiatique ou d'aboutir à des promesses démagogiques.
Elles ont débuté, le 21 juin dernier, par une réunion avec quatre-vingts jeunes assumant des responsabilités au sein d'associations nationales ou de proximité.
Très vite, ces jeunes nous ont dit ne pas vouloir participer à une énième consultation au terme de laquelle seraient prises des décisions qui ne correspondraient pas à leurs attentes ; ils ne voulaient pas non plus raconter une fois encore leurs difficultés. S'ils acceptaient, en dépit d'un certain scepticisme, de jouer le jeu, c'était pour que soient élaborées des mesures concrètes permettant de répondre à leurs problèmes.
C'est la responsabilité que nous avons prise, et plus de 1 500 rencontres ont eu lieu. Nous avons accompli un travail interministériel extrêmement important, car si mon département est l'interlocuteur naturel des jeunes, il doit cependant oeuvrer avec l'ensemble du Gouvernement pour répondre à leurs attentes. La présence de M. le Premier ministre et de sept ministres lors de la rencontre nationale témoignait de l'engagement du Gouvernement tout entier dans cette démarche.
Au cours des rencontres locales, environ cinquante mesures ont été adoptées, avant qu'elles soient confirmées lors de la rencontre nationale.
Ces mesures tendent notamment à faciliter l'accès aux transports, aux loisirs, à la culture et au sport, par la revalorisation de la carte jeune, ainsi qu'à la formation. A ce titre, nous avons décidé de créer des bourses pour les candidats aux formations « jeunesse et sport », dont le coût est extrêmement élevé, qu'il s'agisse du domaine sportif ou de celui de l'animation culturelle.
Les mesures adoptées portent également sur les études en général. Ainsi, la question des conditions de vie des étudiants a été abordée, et M. Allègre a évoqué le plan social pour l'étudiant, qui doit être examiné en 1998.
D'autres mesures concernent l'accès au logement. L'espoir de trouver un emploi renaissant, le souhait de vivre de façon autonome et de fonder un foyer a été exprimé avec une grande force, et M. Louis Besson a pu proposer plusieurs solutions, dont la mobilisation du 1 % logement pour favoriser l'accès des jeunes au logement...
M. Raymond Courrière. Très bien !
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. ... et l'aide aux associations susceptibles de se porter caution pour les jeunes candidats à un logement.
Je ne citerai pas toutes les mesures retenues, mais le problème de l'accès à la santé a également été souligné avec beaucoup de force. La création de lieux d'écoute et d'aide a été demandée par les jeunes, qui souhaitent être conseillés sur toutes les questions concernant la sexualité et la santé. S'agissant de la couverture sociale universelle, M. Kouchner a annoncé le dépôt d'un projet de loi contre l'exclusion, qui concernera plus de 160 000 jeunes aujourd'hui dépourvus de couverture sociale.
Une seconde série de mesures concerne la citoyenneté.
J'ai parlé tout à l'heure des droits des lycéens, mais il faut également évoquer la « revitalisation » des droits des étudiants et la représentation de ceux-ci, notamment auprès des institutions.
Sur ce point, le ministère de la jeunesse et des sports a décidé de mettre en place, avant le 31 janvier 1998, des commissions départementales des jeunes assurant des responsabilités associatives et une commission nationale chargée de suivre la mise en oeuvre des mesures arrêtées et, bien sûr, d'avancer d'autres propositions.
« Nous avons vraiment envie de vous faire confiance, continuons à marcher ensemble, à construire ensemble, et nous pourrons faire des choses extrêmement importantes », nous ont dit les jeunes, à M. le Premier ministre et à moi-même, à l'issue de la rencontre nationale.
C'est une lourde responsabilité qu'a prise le Gouvernement, mais soyez certains, mesdames, messieurs les sénateurs, de ma détermination et de celle de l'ensemble des ministres, nettement affirmée par M. le Premier ministre, à mettre en oeuvre les mesures annoncées, en 1998 pour la plupart d'entre elles et d'ici à 1999 pour les dernières. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen et sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Mme Hélène Luc. Très bien !
DANGEROSITÉ DE LA RN 10 EN CHARENTE