ELOGE FUNÈBRE DE FRANÇOIS MATHIEU,
SÉNATEUR DE LA LOIRE

M. le président. Mes chers collègues, François Mathieu, sénateur de la Loire, s'est éteint le 17 novembre dernier, vaincu par une longue maladie qu'il avait affrontée avec courage. (Mme le garde des sceaux, Mmes et MM. les sénateurs se lèvent.) Son état de santé le tenait éloigné de nos travaux depuis plusieurs mois. Mais nous avions eu le temps d'apprécier ce collègue discret, d'une grande simplicité et d'une profonde humanité.
François Mathieu était l'exemple d'une ascension réussie jusqu'aux plus hautes fonctions représentatives de la République.
Né en juin 1934 dans la cité du Puy, en Haute-Loire, au sein d'une famille d'instituteurs et d'agriculteurs, il restera profondément attaché à cette terre pittoresque du Velay, irriguée par la Loire encore tortueuse et dominée par les volcans.
Son expérience professionnelle au Crédit agricole forgera sa connaissance du monde rural et des hommes.
La volonté de servir ses concitoyens et la foi dans les idées républicaines auxquelles il restera toujours fidèle nourrissent l'engagement politique de François Mathieu. En 1979, il est élu conseiller général du canton de Saint-Héand, dans la région du Forez où il s'est installé. Proche de ses électeurs et apprécié pour sa disponibilité, il est régulièrement reconduit dans son mandat auquel il se consacre sans compter ni son temps ni son énergie. Il entre en 1983 au conseil municipal de Saint-Etienne, dont il sera maire-adjoint puis conseiller municipal délégué. Elu vice-président de l'assemblée départementale de la Loire en 1994, il est plus particulièrement chargé de l'assistance aux communes. Il préside aussi la fédération départementale du parti radical.
C'est en 1988 que François Mathieu fait son entrée au Sénat, à l'occasion d'une élection partielle. Il remplace M. Michel Durafour nommé membre du Gouvernement. Il rejoint alors le groupe de l'Union centriste. Membre de la commission des affaires économiques et du Plan, puis de la commission des affaires culturelles, ses centres d'intérêt portent tout particulièrement sur l'action économique des collectivités territoriales. Il se préoccupe notamment du remboursement de la TVA aux collectivités locales et de l'indexation de la dotation globale de fonctionnement.
Le prestige et les honneurs associés à la représentation nationale n'avaient pas transformé François Mathieu. Très présent dans son département, son attention aux problèmes de chacun lui valait l'estime et l'affection de tous. Il aimait à s'entretenir avec les habitants de son canton, qu'il connaissait bien. Sa modestie allait de pair avec un altruisme sincère et une grande sympathie pour les personnes en difficulté, qui lui avaient inspiré au Sénat le dépôt de propositions de loi, notamment en faveur des veuves.
Homme de consensus, François Mathieu savait écouter et rassembler avec un souci constant de justice sociale.
Homme du terroir, il savait faire partager son amour de la nature, de la chasse et de la pêche, et avait noué ainsi de solides amitiés dans l'observation silencieuse de la Loire dont il appréciait tant les rivages.
Il laissera le souvenir d'un républicain sincère, attaché au service de ses concitoyens et dédaigneux des honneurs.
Au nom du Sénat tout entier, j'assure de ma profonde sympathie ses collègues de la commission des affaires culturelles et du groupe de l'Union centriste, sa fille et tous les siens.
Mme Elisabeth Guigou, garde des sceaux, ministre de la justice. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le garde des sceaux.
Mme Elisabeth Guigou, garde des sceaux. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, le Gouvernement s'associe à l'hommage rendu à M. François Mathieu.
Fidèle à ses engagements, François Mathieu a tout d'abord conduit une carrière brillante au sein d'un grand groupe bancaire. Son attachement au territoire - vous l'avez souligné, monsieur le président - et à ses habitants l'a ensuite poussé à occuper, de 1970 à 1979, d'importances fonctions au sein de la chambre d'agriculture de la Loire.
Sa fidélité et sa ténacité se caractérisent par la durée de ses mandats : il a été conseiller municipal de Saint-Etienne pendant vingt-six ans et conseiller général pendant vingt et un ans.
Agé d'à peine plus de soixante-trois ans, François Mathieu accomplissait son second mandat au sein de la Haute Assemblée, où il avait su la faire apprécier par sa connaissance du monde rural et par sa capacité d'écoute et de dialogue.
Au nom du Gouvernement et en mon nom propre, j'adresse à sa famille et à ses proches toutes mes condoléances.
M. le président. Mes chers collègues, selon la tradition, nous allons interrompre nos travaux en signe de deuil. Nous les reprendrons, à la demande d'un président de groupe, vers seize heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à quinze heures dix, est reprise à quinze heures cinquante-cinq.)