ACCORD INTERNATIONAL DE 1995
SUR LE CAOUTCHOUC NATUREL

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 305, 1997-1998), adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord international de 1995 sur le caoutchouc naturel (ensemble trois annexes). (Rapport n° 316, 1997-1998.)
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Pierre Moscovici, ministre délégué chargé des affaires européennes. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, la conférence des Nations unies sur le caoutchouc naturel a établi, le 17 février 1995, le texte de l'accord international sur le caoutchouc naturel qui succède aux accords internationaux de 1979 et de 1987.
La France a signé, le 28 décembre 1995, le texte déposé à New York auprès du secrétaire général de l'Organisation des Nation unies et a transmis, le 1er octobre 1996, sa notification d'application provisoire de l'accord à partir de sa date d'entrée en vigueur.
Celle-ci est intervenue le 6 février 1997. A l'heure actuelle, la Thaïlande, l'Indonésie, la Malaisie, le Sri Lanka, le Nigeria et la Côte-d'Ivoire, qui représentent 99 % des exportations mondiales de caoutchouc naturel, sont membres du nouvel accord au sein du collège des pays exportateurs. Les pays de l'Union européenne - hormis, pour l'instant, le Portugal - les Etats-Unis, le Japon et la Chine sont, pour leur part, membres en tant que pays importateurs et représentent environ 86 % des importations mondiales.
L'accord international de 1995 sur le caoutchouc naturel est le seul accord de produit de base qui comporte encore de véritables clauses économiques. En effet, il conserve la disposition essentielle des accords précédents, l'instauration d'un système de stock régulateur qui vise à stabiliser les prix du caoutchouc naturel et à assurer une croissance équilibrée de l'offre et de la demande.
Le fonctionnement du système est assez complexe : l'instrument unique d'intervention sur le marché est un stock régulateur international de 550 000 tonnes de caoutchouc naturel, soit près de 10 % de la production mondiale annuelle.
Ce stock est activé en fonction d'une fourchette de prix qui est constituée de sept prix différents. Au centre de la fourchette se situe le prix de référence, qui est révisé tous les ans en fonction de l'évolution des cours. Sont également institués un prix d'intervention supérieur et un prix d'intervention inférieur, qui s'établissent respectivement à plus et moins 15 % du prix de référence.
Si le prix du caoutchouc naturel sur les marchés mondiaux dépasse ces niveaux, le directeur du stock régulateur de l'Organisation internationale du caoutchouc naturel peut intervenir sur le marché, même s'il n'y est pas formellement tenu. En revanche, si les cours dépassent le prix de déclenchement supérieur ou s'ils passent en dessous du prix de déclenchement inférieur, situés à plus ou moins 20 % du prix de référence, le directeur du stock est cette fois-ci obligé d'intervenir pour tenter de les stabiliser. Enfin, au-dessus et en dessous de ces niveaux, mais sans lien spécifique avec le prix de référence, l'accord fixe un prix indicatif supérieur et un prix indicatif inférieur, qui constituent des limites qui ne peuvent être franchies par les prix de déclenchement lorsque le prix de référence est révisé à la hausse ou à la baisse. Le prix indicatif inférieur, en particulier, constitue une espèce de prix plancher garanti aux producteurs.
L'accord du 17 février 1995 a pour objectif fondamental d'assurer une croissance équilibrée de l'offre et de la demande de caoutchouc naturel. Il vise aussi, plus généralement, à fournir un cadre approprié à la coopération internationale pour toutes les questions relatives au caoutchouc naturel, à améliorer la compétitivité de ce produit en favorisant la diffusion des progrès réalisés dans son traitement, sa commercialisation et sa distribution, en encourageant la recherche-développement. Cet accord prévoit le maintien de l'Organisation internationale du caoutchouc naturel, dont le siège se trouve à Kuala Lumpur, en Malaisie.
La participation de la France au nouvel accord international sur le caoutchouc naturel traduit en premier lieu notre attachement à une coopération approfondie entre pays producteurs et pays consommateurs de matières premières.
Elle se justifie aussi par l'importance de ce produit pour notre industrie, qui voit dans l'accord de 1995 un facteur de garantie de la sécurité de ses approvisionnements à moyen terme. Le caoutchouc naturel est en effet indispensable non seulement à l'industrie du pneumatique - qui est forte en France - mais aussi aux secteurs de la pharmacie, de la chaussure et du jouet, pour lesquels notre pays est également extrêmement bien placé.
L'accord a été conclu pour une durée de quatre ans et peut être prorogé pour deux années supplémentaires.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle l'accord international de 1995 sur le caoutchouc naturel, qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui proposé à votre approbation. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. André Rouvière, en remplacement de M. Pierre Biarnès, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, c'est en effet au nom de mon collègue Pierre Biarnès, empêché, que je rapporte cet accord international sur le caoutchouc naturel.
Dans le monde, le caoutchouc connaît une double évolution.
D'une part, la consommation augmente, ce qui n'était pas évident voilà quelques années. En effet, les spécialistes, les cultivateurs, pensaient que le caoutchouc synthétique allait faire disparaître quasiment le caoutchouc naturel. Il n'en est rien.
D'abord, l'industrie du pneumatique utilise des mélanges nécessitant beaucoup de caoutchouc naturel pour fabriquer certains pneumatiques. Ensuite, le développement de certaines maladies est à l'origine d'une utilisation accrue du caoutchouc naturel dans la production notamment de gants ou de préservatifs.
D'autre part, alors que de nouveaux pays utilisent cette matière première, on constate en même temps que la production a tendance à stagner, voire à régresser, et cela pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, la culture de l'hévéa requiert des conditions climatiques particulières.
Ensuite, l'exploitation de l'hévéa exigeant un travail difficile et pénible, beaucoup de planteurs se sont reconvertis dans la plantation de palmiers à huile. Si cette culture du palmier se révèle rentable, le cultivateur ne revient pas aux plantations d'hévéas, d'autant qu'on ne change pas de type de culture tous les ans.
En outre, les prix ont parfois subi de fortes fluctuations, d'où l'accord international qui est, vous l'avez dit, monsieur le ministre, très particulier.
En vigueur depuis plusieurs années déjà, il a fait ses preuves et s'est révélé efficace. Son objectif est de rechercher moins le soutien des prix que la limitation, si je puis dire, de l'amplitude entre les prix les plus faibles et les prix les plus hauts. L'organisme qui est chargé de cette régulation, vous l'avez dit, monsieur le ministre, achète du caoutchouc lorsque les prix baissent, le stocke, et le vend lorsque les prix montent, ce qui a naturellement tendance à réguler le marché.
Cet organisme est financé en premier lieu par les bénéfices qu'il tire de cette opération, en second lieu, soit par les pays utilisateurs membres, soit par les pays producteurs membres qui cotisent en fonction de leurs productions ou de leurs achats.
Puisque cet organisme fonctionne bien, il nous est logiquement proposé d'autoriser la ratification de cet accord. Il faut le faire au moins pour deux raisons : d'abord parce qu'il participe à la stabilité de l'approvisionnement à long terme et, en outre, parce que notre diplomatie a toujours appuyé les accords de produits qui permettent d'aider les pays en voie de développement en imposant quelques principes aux marchés régis par la seule loi de l'offre et de la demande.
Au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, votre rapporteur, M. Biarnès, vous invite donc à donner un avis favorable au présent projet de loi.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de l'accord international de 1995 sur le caoutchouc naturel (ensemble trois annexes) fait à Genève le 17 février 1995, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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