QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Avenir des classes technologiques
241.
- 10 avril 1998. -
M. Christian Demuynck
attire l'attention de
M. le ministre de l'éducation nationale
sur les conséquences de la suppression des classes de quatrième technologie des
collèges à la fin de l'année scolaire 1997-1998 et des troisièmes
technologiques pour l'année suivante. Ces classes sont une chance donnée aux
jeunes qui veulent réussir, mais qui rencontrent des difficultés scolaires, de
suivre une formation ouverte sur le monde du travail. Elles débouchent sur un
brevet des collèges série technologie et permettent une orientation dans un
lycée professionnel ou un centre de formation d'apprentis. En les supprimant,
ces jeunes collégiens vont se retrouver dans des classes d'enseignement
général, sans être en mesure de suivre les cours. Une circulaire du ministère
de l'éducation nationale engage cependant les collèges qui le souhaitent à
maintenir des classes de technologie, autour d'un projet pédagogique, mais sans
que leur soient donnés les moyens, ni la dotation correspondante en heures.
Dans ces conditions, il leur sera difficile, voire impossible de les mettre en
place. Il lui demande s'il peut revenir sur le principe de cette suppression et
s'il peut redonner aux collèges les moyens de remettre en place de véritables
quatrièmes technologiques.
Réforme de la sécurité sociale
242.
- 10 avril 1998. -
M. Jacques Oudin
appelle l'attention de
Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité
sur l'urgence de certaines décisions relatives à la réforme en cours de la
sécurité sociale. En ce qui concerne la branche vieillesse, il est
indispensable de compléter les mesures d'ajustement qui ont été prises en 1993
pour le régime général de retraite, et de prendre enfin des mesures comparables
pour les régimes spéciaux de retraite. A elle seule, la gravité de la situation
financière de la caisse nationale de retraite des agents des collectivités
locales (CNRACL) justifie des mesures immédiates. En ce qui concerne la branche
famille, il est indispensable de clarifier les charges financières imputées à
la caisse nationale des allocations familiales (CNAF). Il est également urgent
de faire savoir aux Français si l'actuelle majorité a l'intention de pérenniser
la mise sous condition de ressources des allocations familiales. Cette mesure
votée l'an dernier, à titre provisoire selon la déclaration d'intention du
Gouvernement, est en effet manifestement contraire aux principes d'universalité
et de solidarité fondateurs de la sécurité sociale. En ce qui concerne la
branche maladie, il est urgent de mettre à jour la nomenclature des actes
professionnels, de publier le règlement conventionnel minimal des médecins,
d'adresser des directives claires aux directeurs des agences régionales de
l'hospitalisation, et de donner à l'agence nationale d'évaluation et
d'accréditation en santé (ANAES) les moyens de ses missions. Chacun des neuf
points précédents est particulièrement urgent et nécessite une prise de
position dépourvue d'ambiguïté de la part du Gouvernement. C'est pourquoi il
lui serait reconnaissant de bien vouloir éclairer le Sénat sur ces sujets qui
intéressent très directement tous les Français.
Situation de la compagnie générale d'électrolyse
du Palais-sur-Vienne (CGEP)
243.
- 10 avril 1998. -
M. Jean-Pierre Demerliat
attire l'attention de
M. le secrétaire d'Etat à l'industrie
sur la situation de la Compagnie générale d'électrolyse du Palais-sur-Vienne
(CGEP), société du groupe Pechiney, dont celui-ci veut supprimer les activités
de raffinage, entraînant par là la suppression de 200 emplois sur les 250 que
compte cette usine. La CGEP est à l'heure actuelle la seule raffinerie de
cuivre par électrolyse existant en France dont l'expérience et le savoir-faire
sont reconnus au niveau national et européen. Pour faire face à ses difficultés
d'approvisionnement, l'entreprise a réalisé en 1992 un investissement de 60 MF,
dont 10 MF de fonds publics, pour pouvoir traiter des déchets cuivreux à basse
teneur. Cet investissement devait permettre la pérennisation de l'usine du
Palais. Or, aujourd'hui ce nouveau four est arrêté, faute de rentabilité selon
la direction. Cette entreprise possède des atouts non négligeables méritant
d'être développés, c'est pourquoi il importe que toutes les études nécessaires
soient menées à bien, que ce soit en matière de recyclage au sens large ou
concernant les approvisionnements en déchets cuivreux. Il lui demande donc de
veiller à ce qu'aucune piste ne soit négligée pour permettre la pérennité de ce
site industriel.
Dopage à la nandrolone
240.
- 20 avril 1998. -
M. Franck Sérusclat
souhaite interroger
M. le secrétaire d'Etat à la santé
sur les informations qui sont en sa possession concernant une possible
sécrétion endogène de la nandrolone par l'homme. Une controverse actuelle
concerne la nécessité, ou non, de réviser le seuil de nandrolone au-delà duquel
un sportif est puni, parce que jugé positif. Or, certains travaux scientifiques
tendent à montrer que l'organisme humain, dans certaines conditions de stress
particulières, ou en fonction de la saison climatique, pourrait sécréter ces
métabolites. Pour l'instant, on ne dispose pas encore de données scientifiques
suffisantes permettant de porter un jugement sur cette présence normale ou non
de nandrolone. Sa présence dans les urines du cheval ou d'autres animaux ne
permet pas une extrapolation de l'animal à l'homme. Il aimerait connaître son
avis sur la question.
Politique agricole commune et élevage extensif
246.
- 20 avril 1998. -
M. René-Pierre Signé
interroge
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche
sur l'évolution de la politique agricole commune (PAC) en ce qui concerne
l'élevage bovin extensif. Parmi les arguments qui militent en défaveur du
projet élaboré par la Commission de Bruxelles pour la réforme de la PAC, il
considère comme lui que, sans même évoquer la question du coût social, la
baisse des prix garantis n'est pas adaptée à l'agriculture européenne, car
notre ambition économique n'est pas d'exporter toujours plus de matière
première agricole à travers le vaste monde. Elle est, bien plus, de favoriser
la production de valeur ajoutée, au travers de produits transformés exprimant
le savoir-faire des hommes et des territoires. D'ailleurs, les chiffres de
notre balance commerciale parlent d'eux-mêmes à cet égard. Il lui rappelle que,
lors du Conseil des ministres européens de l'agriculture, le 31 mars à
Bruxelles, il a fortement exprimé son opposition au paquet Santer, et a réitéré
la demande française d'un découplage entre les aides et la production. Cette
proposition permettrait de rémunérer enfin en tant que telles les contributions
non directement productives des agriculteurs à la société. Mais, au rang des
ambitions, une « politique permettant une meilleure valorisation des produits
de l'élevage bovin européen » a aussi été évoquée. En tant qu'élu d'une des
principales et plus prestigieuses zones d'élevage allaitant extensif, il a
particulièrement retenu cette phrase, cohérente avec la démonstration selon
laquelle la production de produits à forte valeur ajoutée doit être privilégiée
face à l'exportation simple de matières premières. Si la maîtrise de la
production de viande bovine apparaît comme inéluctable y compris pour les
éleveurs allaitants, il est d'autant plus nécessaire que cette maîtrise soit
envisagée dynamiquement, sans se contenter de réduire mécaniquement les aides
afin de réduire la production. Car maîtriser, cela veut dire aussi produire ce
que demande le consommateur. Et, face à une demande aussi diversifiée que celle
que l'on peut obverver dans le domaine de la viande bovine, face également à
une filière qui est parmi les moins organisées, la maîtrise de la production
pourrait d'abord consister à mettre le bon produit en relation avec le bon
consommateur. C'est le travail des filières. Mais l'importance des sommes
consacrées par la puissance publique à l'élevage lui donne le devoir d'orienter
plus efficacement ces filières. Il souhaite donc savoir si vos services ont
défini des propositions susceptibles d'être reprises par la Commission, afin
d'encourager les éleveurs bovins extensifs à mieux valoriser leur production.
Il pense en particulier aux signes de qualité, mais aussi au renouvellement des
filières de distribution : la future PAC pourrra-t-elle jouer un rôle quant à
ces enjeux ?
Politique des médicaments génériques
245.
- 20 avril 1998. -
M. Dominique Leclerc
souhaite attirer l'attention de
M. le secrétaire d'Etat à la santé
sur l'urgente nécessité de mettre en place une politique efficace des
médicaments génériques. A l'heure actuelle, ces derniers sont désignés par les
laboratoires par des noms de fantaisie ou des dénominations communes ou
spécifiques usuelles suivies du nom de la marque ou du nom de fabricant. Cette
pratique, purement française, entraîne des confusions graves pour la santé
publique. C'est pourquoi il lui demande s'il envisage de soumettre au Parlement
des mesures qui permettraient de modifier le code de santé publique et le code
de la propriété intellectuelle afin que les génériques ne puissent plus être
mis sur le marché que sous DCI associés au nom du fabricant ou à sa marque. En
effet seules la transparence et la rigueur rendront possible le succès du «
générique ».
Application des 35 heures
aux personnels de nuit dans les hôpitaux
247. - 21 avril 1998. - Mme Nicole Borvo attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé sur l'application des 35 heures pour les personnels de nuit hospitaliers. Dans une note en date du 13 mars 1997, la direction de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) s'était engagée à appliquer le protocole Durieux. Quelques semaines plus tard, le 5 mai 1997, une note annulait ces engagements. Ce revirement, ainsi que le manque de moyens, sont au centre du conflit aux hôpitaux Saint-Louis, Saint-Antoine, Bicêtre, Mondor, Rothschild, Jean-Verdier, Corentin-Celton et Bichat notamment. Les personnels de Broca et d'Emile-Roux ont, suite à des mouvements, obtenu des engagements sur les effectifs. Il faudrait d'ailleurs étendre les créations de postes pour toutes les équipes de nuit, afin d'avoir immédiatement les 35 heures sans annualisation du temps de travail, et d'engager la préparation d'une nouvelle baisse du temps de travail pour la nuit dans le cadre de l'extention des 35 heures annoncée par Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité le 30 mars 1998 à Hôpital-Expo. Pour toutes ces raisons, elle lui demande, à l'heure où la réussite des 35 heures devrait traduire un progrès de civilisation, ce qu'il compte faire afin de rétablir un véritable dialogue avec les personnels et leurs organisations syndicales. Ce dialogue aurait pour objet d'appliquer enfin les 35 heures pour ce personnel en contact permanent avec la population et de mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour répondre aux besoins des personnels et des patients.