Séance du 15 octobre 1998
M. le président. La parole est à Mme Boyer.
Mme Yolande Boyer. Madame la ministre, voilà quelques jours, et ce pour la première fois, le Collège de France a organisé un colloque consacré à la contraception.
Voilà quelques jours également vous avez présenté, madame la ministre, le rapport, préparé par l'INED, sur la démographie en France.
Celui-ci consacre sa deuxième partie à la contraception en France, entre autres chez les jeunes. Il dresse un bilan de trente ans d'application de la loi Neuwirth.
Permettez-moi de rappeler que, pour les femmes de ma génération, et les autres par la suite, cette loi a élargi le champ des libertés individuelles.
Les chiffres du rapport sont intéressants, car ils traduisent une généralisation de la pratique contraceptive, mais ils ne doivent pas faire oublier que la pratique de l'interruption volontaire de grossesse existe, même si c'est, certes, un dernier recours. Elle concerne très souvent les jeunes de moins de vingt ans par manque d'information.
Je sais, madame la ministre, votre intérêt pour ce sujet. Je sais également l'attention particulière que vous portez aux jeunes. C'est pourquoi je souhaiterais connaître les orientations générales de la campagne d'information sur la contraception que vous préparez et avoir des éléments quant à sa programmation. (Applaudissements sur les travées socialistes ainsi que sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Madame Boyer, je vous remercie : par sa concision, votre intervention est exemplaire. (Applaudissements.)
La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Madame la sénatrice, je vous remercie de me poser cette question sur la contraception.
Il faut dire les choses telles qu'elles sont : la contraception, en particulier chez les jeunes, a reculé, notamment parce que, peut-être, certains jeunes ont confondu l'utilisation du préservatif et la contraception. Il est vrai que nous constatons aujourd'hui une recrudescence des interruptions volontaires de grossesse chez les jeunes, ce que nous ne pouvons évidemment que regretter.
Aussi, dès mon arrivée, ai-je pris le dossier de la contraception, en agissant sur trois points.
Premier point, nous discutons aujourd'hui avec les fabricants de la pilule de la troisième génération, qui a moins d'effets pervers sur la santé, si je puis m'exprimer ainsi, afin qu'ils baissent leurs prix.
Deuxième point, nous avons travaillé avec l'industrie pharmaceutique sur la pilule du lendemain. C'est chose faite aujourd'hui ; elle sera dans quelques jours sur le marché, positionnée à des prix que je qualifierai de corrects.
Troisièmement, enfin, nous devons faire en sorte de mieux faire connaître la contraception auprès des jeunes.
Je rappelle qu'il n'y a pas eu de campagne de contraception depuis celle qui a été organisée en 1992 par Mme Neiertz. Une campagne aura lieu au début de l'année 1999 ; 20 millions de francs ont été inscrits au budget à cet effet. Certes, c'est beaucoup d'argent, mais il importe de mener cette campagne si nous voulons éviter de telles interruptions volontaires de grossesse. Des brochures d'information, des guides d'adresses seront distribués sur les sites d'information ; des affiches seront mises à la disposition des jeunes dans des lieux publics et privés, dans les établissements scolaires, dans les pharmacies, dans les centres de PMI. Une grande campagne sera menée sur les différents médias.
J'espère que cette campagne permettra de faire régresser le nombre des situations extrêmement douloureuses que connaissent un certain nombre de jeunes de notre pays. Nous pourrons, en un an, faire avancer les moyens de contraception et, je l'espère, la connaissance de ces moyens par les jeunes concernés. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
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