Séance du 18 février 1999
M. le président. La parole est à M. Carle.
M. Jean-Claude Carle. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Monsieur le ministre, le 5 novembre dernier, je vous interrogeais sur la réalité des réformes que vous annonciez depuis votre arrivée au ministère de l'éducation nationale à grands coups de déclarations médiatiques.
Il y a quatre mois, je constatais déjà le décalage entre vos intentions - certaines nécessitent une concrétisation - et la réalité des décisions. Je concluais en m'inquiétant de voir éventuellement le Gouvernement céder au corporatisme des syndicats, qui constituent l'essentiel de la base électorale de la gauche plurielle. (Exclamations sur les travées socialistes.)
M. Lionel Jospin, Premier ministre. On a quand même gagné !
M. Jean-Claude Carle. Dans votre réponse, monsieur le ministre, vous affirmiez : « Monsieur le sénateur, vous êtes probablement le seul à vous demander si je vais cédez au corporatisme. Je crois, à la lecture des journaux, que personne n'a de doute à ce sujet. Soyez donc sans crainte. »
Or force est de constater aujourd'hui que les mêmes « journaux », pour reprendre votre expression, titrent certains sur « l'échec », d'autres sur le « recul » du Gouvernement face aux syndicats, échec pour résorber l'insécurité dans les établissements, recul sur les projets de réforme des lycées et des collèges. Même les 4 milliards de francs promis aux collectivités dans le cadre du « plan Allègre » ne sont toujours pas débloqués !
Malgré votre bonne volonté, monsieur le ministre, cela montre le manque de courage politique du Gouvernement face aux syndicats et son impuissance à prendre les mesures nécessaires pour améliorer le service éducatif de notre pays. C'est au point, monsieur le ministre, que, ce matin encore, la presse s'est fait l'écho de rumeurs sur votre départ, sous la pression de vos propres amis ! (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)
Monsieur le ministre, quand le Gouvernement va-t-il enfin passer du discours aux actes ? (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur le sénateur, je vous remercie de votre question. Elle est pour moi l'occasion de délivrer devant la représentation nationale un message très clair : nous ne changerons pas de cap ! (Bravo ! sur les travées des Républicains et Indépendants.)
Un récent sondage de la SOFRES indique que 98 % des Français souhaitent le recentrage de l'école primaire sur les apprentissages fondamentaux. C'est ce que nous faisons !
Quatre-vingt-dix pour cent des Français souhaitent que les professeurs d'école consacrent deux heures par semaine à des cours particuliers pour les élèves en difficulté à l'école. C'est que nous faisons ! (Bravo ! sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Soixante-dix-neuf pour cent des Français souhaitent la prise en charge des activités artistiques et sportives et de l'initiation aux nouvelles technologies par des aides-éducateurs, sous la responsabilité des professeurs d'école. C'est ce que nous faisons !
M. Henri de Richemont. Pas à la campagne !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale de la recherche et de la technologie. Quatre-vingt-seize pour cent des Français souhaitent la mise en place de deux heures par semaine d'aide individualisée aux élèves en difficulté au lycée. C'est ce que nous faisons ! (Non ! sur les mêmes travées.)
M. Dominique Braye. Tout va bien !
M. Jean-Pierre Raffarin. C'est la SOFRES qui gouverne ?
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Soixante-trois pour cent des Français jugent les programmes mal adaptés à la société d'aujourd'hui. Nous avons pris le problème à bras le corps, même si c'est difficile ! Quatre-vingt-cinq pour cent des Français souhaitent l'introduction de travaux personnels encadrés ou de dossiers préparés par les élèves tout au long de l'année. C'est ce que nous faisons dans la réforme des lycées.
Soixante-treize pour cent des Français souhaitent que la lutte contre la violence soit une priorité du ministère de l'éducation nationale. C'est ce que nous faisons, et 80 % des Français le pensent ! ( Exclamations sur les travées du RPR.)
Et je pourrais continuer !
M. le président. S'il vous plaît, écoutez M. le ministre de l'éducation nationale !
Veuillez poursuivre, monsieur le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Quant au fond de quatre milliards de francs, monsieur le sénateur, il est mis en place !
Les Français veulent que le système éducatif soit réformé dans le dialogue, la concertation et la fermeté. Nous le ferons ! (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Guy Lemaire. Tout va bien !
MISE EN PLACE
D'UNE COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE