Séance du 20 mai 1999
M. le président. La parole est à M. About.
M. Nicolas About. Nous ne sommes pas dans un stade !... mais cette dernière question s'adresse à Mme le ministre de la jeunesse et des sports. (Sourires.)
Madame le ministre, en tant que médecin, je sais votre volonté de combattre le dopage dans le sport. Mais votre combat va-t-il aujourd'hui s'arrêter sous la pression du pouvoir de l'argent ?
Compte tenu de l'opacité actuelle et de la généralisation du dopage dans le sport, en particulier dans le cyclisme, le Tour de France peut-il prendre un départ serein ?
Assisterons-nous à une parodie de dépistage, comme lors du Tour d'Italie ? Deux coureurs n'ayant aucune chance ont été interdits au départ en raison d'un hématocrite dépassant 50 %, alors que les meilleurs coureurs, qui font usage des mêmes drogues, voire de drogues plus actives et de susbstances masquantes, sont toujours dans la course, et ce en toute impunité.
Madame le ministre, êtes-vous pour annuler le Tour de France 1999 ou préférez-vous assister à une manifestation qu'on ne peut plus qualifier de sportive mais plutôt de « physiologiquement stupéfiante » mettant en danger la santé des coureurs et offrant, au travers de performances truquées, une image déplorable du monde sportif ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Mesdames, messieurs les sénateurs, je vous invite toutes et tous à participer à la grande opération « Laissez-nous jouer » qui est destinée à lutter contre la violence dans les stades.
Ce week-end, je serai donc sur un stade, comme vous tous, je l'espère. En effet, les élus ont, selon moi, un rôle à jouer pour faire reculer ce type de violence.
Mais revenons à votre question, monsieur About. Je souhaite profondément, réellement, que le Tour de France 1999 ait lieu et se tienne dans de bonnes conditions. C'est en effet l'événement sportif le plus populaire dans notre pays, le seul qui soit accessible sans billet ni réservation,...
M. Michel Barnier. C'est vrai !
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. ... le seul auquel des familles entières peuvent assister au bord des routes.
Faudrait-il pour autant céder à certaines pressions et arrêter la lutte contre le dopage afin de permettre au Tour de France de se dérouler dans les mêmes conditions que les années précédentes ? Non ! Absolument pas !
La lutte contre le dopage sera longue et difficile. Une loi a été votée à ce sujet à l'unanimité par le Sénat et l'Assemblée nationale. Nous allons inscrire les moyens financiers nécessaires à la prévention. Par ailleurs, les ministères de l'intérieur et de la justice agissent contre les pourvoyeurs.
L'actualité d'aujourd'hui nous l'a démontré, cette lutte doit être poursuivie.
Si j'avais le moindre doute, à cet égard, les statistiques du service « Ecoute dopage » me l'ôteraient immédiatement. La moitié des appels proviennent de mineurs, dont certains sont inscrits en centre de formation. Ces appels concernent 74 disciplines sportives.
Certains prétendent que tous les sportifs se dopent. Je réfute cette analyse. Certains champions et championnes obtiennent des résultats et des médailles grâce à leurs efforts ; des équipes gagnent grâce à leur entraînement.
C'est une raison supplémentaire de lever la suspicion, de lutter contre le dopage.
Mme Odette Terrade. Absolument !
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Le Tour de France est une organisation privée. J'ai rencontré son directeur, M. Leblanc. Comme la Fédération française de cyclisme, il veut que le Tour de France 1999 retrouve toute sa signification et toute sa beauté grâce à la lutte contre le dopage.
Il a posé certaines conditions à la participation des équipes. Si certaines d'entre elles ne veulent pas se plier à ces conditions, elles ne participeront pas au Tour de France...
Mais je me dois d'ajouter, monsieur le sénateur, que, si les quinze pays de l'Union européenne ont adopté une résolution en faveur de la lutte contre le dopage, pour l'instant, je ne perçois pas que chaque pays fasse preuve de la même détermination que la nôtre.
J'évoquerai à nouveau cette question le 1er juin, lors de la réunion des ministres chargés des sports. (Applaudissements.)
M. Emmanuel Hamel. Applaudissements sur tous les bancs !
M. Nicolas About. Sauvez le Tour de France !
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