Séance du 6 avril 2000
M. le président. La parole est à M. Vissac.
M. Guy Vissac. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.
Mardi, à l'Assemblée nationale, vous déclariez : « Il est étrange de voir à quel point notre réussite suscite l'impatience et la colère de la droite ! ».
Mais ce n'est pas le sujet, monsieur le ministre. (Rires sur les travées du RPR.)
Colère et impatience se sont manifestées dans la rue, portées par des milliers d'enseignants.
Vous faites diversion. Le mot à employer n'est pas « réussite » mais « échec » : échec de la réforme, échec auprès des enseignants, échec du Gouvernement.
Le 16 mars dernier, le Premier ministre annonçait en urgence l'octroi d'un milliard de francs pour l'éducation. Comment servira-t-il la réforme ?
Vous-même, mercredi, vous annonciez un effort supplémentaire de 600 millions de francs pour les lycées professionnels, dont 350 millions de francs pour la prochaine rentrée. Ces millions de francs sont-ils à déduire du milliard de francs annoncé ?
Après « la boulimie transformatrice » de votre prédécesseur, qu'évoquait récemment le secrétaire général de la Fédération de l'éducation nationale, subsistent les nombreux problèmes dont le traitement n'a été, jusque-là, que différé. Je pense, par exemple, au problème de la carte scolaire, qui n'a toujours pas été revue.
Qu'il s'agisse de l'échec scolaire, des postes à pourvoir ou de la violence au sein des établissements, le corps enseignant attend autre chose que des solutions quantitatives et d'interminables tergiversations.
Après la méthode qui consistait à agir sans écouter, monsieur le ministre, n'êtes-vous pas condamné à écouter sans agir, à vous porter au chevet d'un malade qui n'a reçu, en guise de traitements, que de coûteux placebos ?
Pouvez-vous, monsieur le ministre, nous exposer les grandes lignes de votre action à venir pour que ce grand ministère ne devienne pas, d'échec en échec, celui du renoncement ? (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Monsieur le sénateur, « écouter sans agir », voilà une formule qui, je crois, convient mal à ce qui a été entrepris depuis quelques jours par le ministère dont j'ai la charge avec votre ancien collègue, M. Mélenchon.
A peine installés rue de Grenelle, nous avons souhaité, en effet, écouter...
M. Alain Lambert. Il était donc temps que cela change ?
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Je suis interrogé sur le présent et sur le futur !
Nous avons donc rencontré les uns et les autres, et engagé avec les différentes organisations, les professeurs et les différents responsables le dialogue nécessaire au sujet des lycées professionnels. Après quelques jours, nous avons agi.
La réforme engagée ne se limite pas seulement à la décision que vous rappelez d'attribuer les moyens matériels qui manquaient en effet à ces lycées professionnels. Cette réforme, c'est aussi un statut donnant pleine dignité à ces professeurs, qui méritent la reconnaissance de la nation. C'est l'engagement d'une série de modifications pédagogiques dans l'organisation des stages, dans la mise au point de filières pluridisciplinaires, dans la nomination de chefs de travaux dans les filières tertiaires, dans la mise en place, dès la rentrée prochaine, d'un programme de modernisation des équipements, qui avait trop tardé. Ce sont des actions !
Au cours des prochaines semaines, je serai amené à annoncer ou à confirmer devant vous des mesures concernant la rentrée prochaine et les autres réformes à entreprendre.
Je n'ai nulle intention de me croiser les bras et de me contenter d'écouter ! Mais, dans une démocratie digne de ce nom, on prend le temps de rencontrer les uns et les autres : les parlementaires, naturellement, les organisations, les professeurs.
Aujourd'hui même, je profite de cette séance de questions pour vous répondre ; je réunirai ensuite l'ensemble des recteurs de France. Demain, ce sera le tour des parents d'élèves, puis, dans quelques jours, celui des organisations d'étudiants. Ces consultations sont destinées à déterminer l'ensemble des dispositions que le Gouvernement sera appelé à prendre.
M. Adrien Gouteyron. C'est une critique en règle de votre prédécesseur !
M. Alain Gournac. Ce n'est pas gentil pour lui.
M. le président. Veuillez terminer, monsieur le ministre !
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Monsieur le sénateur, mon programme d'action ne repose ni sur l'immobilisme ni sur l'improvisation. Ce gouvernement sera, plus que jamais, un gouvernement du dialogue et de l'action. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Serge Vinçon. Plus qu'avant ?
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