SEANCE DU 17 OCTOBRE 2000
M. le président.
« Art. 43. - L'article 50 de la même ordonnance est complété par un alinéa
ainsi rédigé :
« Un décret précise les conditions dans lesquelles, à la demande motivée du
président du Conseil de la concurrence, l'autorité dont dépendent les agents
visés à l'article 45 met, pour une durée déterminée, à disposition du
rapporteur général du Conseil de la concurrence, des enquêteurs pour effectuer
certaines enquêtes, conformément aux orientations définies par les rapporteurs.
»
Par amendement n° 507, le Gouvernement propose :
I. - De rédiger comme suit le premier alinéa de cet article :
« L'article L. 450-6 du code de commerce est complété par un alinéa ainsi
rédigé : »
II. - Dans le second alinéa de cet article, de remplacer les mots : « à
l'article 45 » par les mots « à l'article L. 450-1 ».
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit, là encore, d'un amendement de
codification.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 507, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements présentés par M. Marini, au nom de la
commission des finances.
L'amendement n° 224 vise à rédiger ainsi le second alinéa de l'article 43 :
« Les agents visés à l'article L. 450-1 sont mis, en tant que de besoin, à la
disposition du rapporteur général pour effectuer certaines enquêtes
conformément aux orientations définies par les rapporteurs. »
L'amendement n° 225 est ainsi rédigé :
« A. - Compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« II. - La première phrase du premier alinéa de l'article L. 450-6 du code de
commerce est ainsi rédigé :
« Pour l'examen de chaque affaire, l'autorité dont dépendent les agents visés
à l'article L. 450-1 désigne, à la demande du rapporteur général, les
enquêteurs et fait procéder sans délai à toute enquête nécessaire.
« B. - En conséquence, faire précéder cet article de la mention : "I -". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Marini,
rapporteur.
L'article 43 prévoit la mise à disposition du rapporteur
général du Conseil de la concurrence d'enquêteurs des services du ministère de
l'économie. Nous voulons progresser dans le sens de l'indépendance du Conseil
de la concurrence, et c'est pourquoi nous souhaitons, par l'amendement n° 224,
que figure dans la loi la mise à disposition du Conseil d'agents de la
direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression
des fraudes, en plus de leur participation à des enquêtes ponctuelles. La
définition de ce droit pour le Conseil de la concurrence doit être affirmé par
la loi et son exercice ne saurait être limité par un décret. C'est donc une
question de principe.
Il appartient au rapporteur général du Conseil de solliciter les agents
susceptibles d'effectuer lesdites enquêtes conformément aux orientations
définies par les rapporteurs, et ce sans que des considérations
administratives, si respectables soient-elles, puissent limiter les moyens mis
à la disposition du Conseil pour s'acquitter de ses missions.
S'agissant de l'amendement n° 225, nous observons que, au nom de la séparation
entre l'instruction et le jugement, la codification de l'ancien article 50 de
l'ordonnance de 1986 n'a pas été faite à droit constant. Ainsi, les demandes de
mise à disposition d'enquêteurs ne passent plus par le président du Conseil
mais sont adressées directement au ministre par le ou les rapporteurs désignés.
Il paraît plus naturel que ces demandes transitent par le rapporteur général du
Conseil en raison de l'expérience variable, c'est-à-dire plus ou moins grande,
de nombre de rapporteurs et afin de pouvoir mener une politique cohérente.
Madame le secrétaire d'Etat, il s'agit également d'une mesure de bonne
administration du Conseil, lui permettant de progresser sur la voie d'une plus
grande indépendance.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 224 et 225 ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
L'amendement n° 224 peut difficilement être
accepté.
Les enquêteurs de la DGCCRF agissent en effet dans le cadre d'une organisation
structurée et en fonction de la politique de la concurrence du Gouvernement,
pour effectuer bon nombre d'investigations, y compris d'investigations à
réaliser en urgence, et pas seulement pour réaliser des enquêtes à la demande
du Conseil.
Pour la bonne utilisation de ces moyens d'enquête, qui sont, il faut le
rappeler, limités, il est important de préciser la durée de mise à disposition
nécessaire pour la réalisation des enquêtes. La durée initiale pourra bien
entendu être réduite ou prolongée selon les caractéristiques particulières de
chaque enquête, mais il est nécessaire de connaître au départ, comme le propose
le Gouvernement, les conditions précises de ces mises à disposition.
Il est important de rappeler qu'en tout état de cause les enquêtes demandées
par le Conseil sont réalisées en priorité et dans les meilleurs délais, mais il
convient de conserver en l'état le texte qui prévoit de définir par décret les
conditions exactes de mise à disposition des enquêteurs auprès du conseil de la
concurrence.
On peut imaginer que, sur plusieurs affaires, le conseil ait besoin rapidement
d'enquêteurs et que tous les fonctionnaires soient mobilisés pour répondre à
d'autres besoins. Je conçois mal l'organisation, au mois de mai ou au mois de
juin, d'une séance budgétaire extraordinaire pour créer des postes. Votre
démarche, même si on la comprend, se heurte donc à une impossibilité technique.
C'est pourquoi la rédaction que nous proposons semble plus respectueuse de
l'organisation générale de ce service. Je vous demande donc, monsieur le
rapporteur, de retirer cet amendement.
L'amendement n° 225 est plus recevable ; il repose sur une argumentation juste
mais il pose un problème rédactionnel que je ne sais comment résoudre.
L'examen de chaque affaire ne donne pas nécessairement lieu à une demande
d'enquête. Le rapporteur peut décider de procéder seul à l'instruction. C'est
le rapporteur, et non le rapporteur général, qui décide qu'une enquête est
utile.
La rédaction proposée ne peut donc convenir. Toutefois, cet amendement
mériterait que nous essayions de trouver ensemble une meilleure rédaction. De
toute façon, il nous est difficile de l'accepter en l'état.
M. Philippe Marini,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Marini,
rapporteur.
Mes chers collègues, s'agissant de l'amendement n° 224, il y
a une question de principe et il y a la situation actuelle.
La question de principe repose sur le fait que l'interpénétration des moyens
du ministère et ceux du Conseil ne peut pas durer. Pourquoi ? Parce que, même
s'il y a beaucoup de bonne volonté de part et d'autre, il règne une certaine
confusion de responsabilités.
Je m'explique : l'affectation des personnels de manière plus ou moins
prioritaire à telle ou telle tâche prend en compte des considérations
techniques, mais il est permis de s'interroger sur l'existence de
considérations autres que techniques. Donc, même si ce sentiment est plus ou
moins fondé, on peut éprouver des doutes sur l'indépendance du Conseil au vu de
ce partage indivis de moyens entre le Gouvernement et le Conseil. Cette
ambiguïté est préjudiciable à l'image du Conseil de la concurrence. Pour la
lever, il faudrait que le Conseil dispose de ses moyens propres, donc, qu'il se
voie affecter des enquêteurs lui permettant, au moins pour un noyau
d'activités, de répondre aux sollicitations de ses rapporteurs, du rapporteur
général et du président.
Nous savons bien que telle n'est pas aujourd'hui la situation et que le
Gouvernement, même s'il nous a affirmé tout à l'heure vouloir accroître les
moyens financiers et en personnel, n'a pas l'intention de créer deux services
distincts, l'un d'enquêteurs totalement dédiés au Conseil de la concurrence et
l'autre d'enquêteurs dédiés à l'exercice des autres responsabilités, celles qui
dépendent directement de l'Etat dans le cadre de la DGCCRF.
Je suis donc tenté, pour des raisons de principe, de maintenir l'amendement n°
224 pour affirmer le souhait de la commission des finances de voir le Conseil
de la concurrence évoluer vers une plus grande indépendance.
S'agissant de l'amendement n° 225, qui contient une disposition purement
technique, il serait regrettable que nous ne parvenions pas à élaborer un texte
qui puisse nous satisfaire les uns et les autres.
Je demande la réserve de l'article 43 pour qu'une version rectifiée de
l'amendement n° 225 puisse être soumise ultérieurement au Sénat.
M. le président.
Madame le secrétaire d'Etat, quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande
de réserve ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
En ce qui concerne l'amendement n° 224, en fait, je prends acte de
l'affirmation de principe à laquelle a souhaité procéder le Sénat.
M. Philippe Marini,
rapporteur.
Absolument.
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
En tout cas, je le prends comme tel, sinon ce serait
difficile à accepter.
M. le président.
La réserve est ordonnée.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 224, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Le vote de l'article 43 est réservé.
Article 44 (priorité)