SEANCE DU 19 OCTOBRE 2000


M. le président. Par amendement n° 228, MM. Raffarin, Garrec, Humbert et de Rohan proposent d'insérer, avant l'article 52, un article additionnel rédigé comme suit :
« Six mois après la promulgation de la présente loi, l'Etat remet à chaque région un rapport présentant l'état des comptes de la Société nationale des chemins de fer français pour l'année 2000, sur la base duquel sera notamment calculée la compensation du transfert de compétences mentionné à l'article 52.
« Dix-huit mois après la promulgation de la présente loi, l'Etat remet à chaque région un rapport présentant l'état des comptes de la Société nationale des chemins de fer français pour l'année 2001, prenant en compte les nouvelles règles comptables mises en oeuvre par la SNCF, aux fins de révision de la dotation de transfert de compétence telle qu'elle est prévue à l'article 52 pour l'année 2003. »
La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin. Cet amendement impose à la SNCF de remettre, par l'intermédiaire de l'Etat à chaque région, après la promulgation de la présente loi, un rapport présentant l'état de ses comptes pour l'année 2000, d'une part, et pour l'année 2001, d'autre part. Il s'agit là d'un point clé du débat.
Je rappelle au Gouvernement notre position sur ce point : nous acceptons le principe de la régionalisation des transports ferroviaires régionaux de voyageurs, car c'est une bonne initiative, mais nous considérons toujours qu'aujourd'hui les conditions financières de ce transfert ne sont pas assurées. L'objet de cet amendement est précisément de les assurer en retenant une date de référence qui nous permette d'apprécier la nature de ce transfert.
Je regrette profondément qu'une grande entreprise nationale comme la SNCF, qui compte tant de polytechniciens, tant d'ingénieurs, tant de spécialistes de très haut niveau, loués partout dans le monde, ne soit pas capable de tenir une comptabilité analytique région par région ! Comment se fait-il, alors que M. Gallois s'était engagé à ce que nous disposions de comptes attestés au premier semestre 2001, que nous ne les ayons toujours pas et que nous soyons obligés d'opérer ce transfert dans l'opacité financière ? (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.) M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Louis Althapé, rapporteur. Bien évidemment, je suis très favorable à l'amendement de notre collègue M. Raffarin.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement car la production de rapports par l'Etat n'offre aucune garantie supplémentaire s'agissant de la qualité des données comptables de la SNCF.
Je suis d'accord avec M. Raffarin : la SNCF doit fournir ses éléments comptables. Elle s'y est d'ailleurs engagée et elle y travaille. Mais cela semble demander plus de temps que prévu.
Je salue l'appréciation que vous portez sur les personnels de haute qualité de la SNCF, monsieur le sénateur. Je vous rappelle cependant que pendant de longues, de trop longues années, les problèmes de trésorerie et de financement n'ont pas toujours été considérés comme prioritaires dans cette entreprise. En 1996, l'endettement de la SNCF s'élevait à 200 milliards de francs !
Nous sommes aujourd'hui en train de sortir de cette situation, pour le bien non seulement de la SNCF mais aussi de l'intérêt général.
J'ajoute pour conclure que mettre en place un système de comptabilité analytique région par région est pour la SNCF une véritable révolution culturelle et que c'est techniquement compliqué.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 228, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 52.

Article 52